– Hé, entendis-je indistinctement. Hé, je te parle. Oh hé, réveilles-toi !

  Je levai ma tête en clignant mes yeux rapidement et vis un homme me secouer.

  – Allez, viens avec moi, jeune « recrue », dit-il en me prenant la main et en m'emmenant en dehors de la classe.

  Il claqua la porte derrière lui et me lança un regard furieux. Il attendait patiemment, alors que moi, j'étais encore dans un état semi-conscient, entre l'éveil et le sommeil.

  – Tu sais qu'il est interdit de dormir en classe, n'est-ce pas ?

  – Oui, Monsieur, répondis-je d'un ton servile.

  – Alors, dis-moi bien ce que tu foutais bien à dormir à ton bureau ! me cria-t-il à quelques centimètres de mon visage.

  Je restai muet. De toute façon, avec les postillons qu'il venait de m'envoyer au visage, il me donnait encore moins envie de lui parler.

  – Peut-être que tu pouvais t'endormir dans tes classes au secondaire et t'en sortir indemne parce que tes professeurs ne te remarquaient pas, mais ce n'est pas pareil ici. T'es désormais professeur, jeune homme, alors prouves-moi que tu l'es vraiment en montrant l'exemple aux élèves !

  Son voix tonitruante et accusatrice avaient fini par me réveiller complètement. En pensant à ses paroles, je me sentais un peu mal au fond, parce que, tout chose considérée, moi-même je n'aurais probablement pas toléré qu'un prof s'endorme en classe.

  – Alors si je te revois encore en train de somnoler pendant le cours que tu donnes, j'en aviserai le directeur, enverrai une plainte formelle au Ministère de l'Éducation et tu pourras dire adieu à ton petit job, est-ce bien compris ?

  Je hochai la tête et il m'ouvrit la porte afin que je puisse regagner ma classe. À l'intérieur, les yeux des élèves semblaient m'envoyaient des éclairs. Je ne m'avais jamais senti intimidé par le regard de quelqu'un d'autre de toute ma vie. Je compris alors que j'avais fait une bêtise et que ça ne devait pas se reproduire.

  Je me rassis à mon bureau en espérant plus qu'une chose : que ce cours de merde se termine au plus vite.