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Pisistrate

Vautré sur une nappe de pique-nique, Loïc tentait tant bien que mal de réviser son oral de grec. Il fallait reconnaître que la température caniculaire et l'approche des vacances n'aidaient pas à la concentration mais son taux de productivité était ridiculement bas. De plus, ces anciens avaient des noms à coucher dehors, un véritable enfer pour les retenir.

L'ado laissa retomber sa feuille et en piocha une autre au hasard dans le tas devant lui. Il entreprit d'en mémoriser le contenu, sans grande conviction.

− Pisistrate, Pisistrate, qui c'était déjà ? rouspéta-t-il en s'épongeant le front.

La chaleur était insupportable, Loïc piqua du nez.

Il se réveilla brusquement en ayant la sensation de tomber, il détestait ce genre de rêves. Il faisait infernalement chaud à présent, des cigales stridulaient avec obstination, les pavés miroitaient au soleil. Des cigales ? Des pavés ?

Le garçon se redressa brusquement, pris de panique. Il n'était plus dans son jardin, à l'ombre du pommier. Le décor autour de lui semblait être celui d'une ville et, au bout de la rue où il se trouvait, il apercevait une colline parsemée de temples. Le plus grand ressemblait étrangement au Parthénon, en plus neuf et plus coloré. Il se trouvait donc à Athènes ? Mais à quelle époque ? Et comment était-il arrivé là ?

Il devait essayer de réfléchir de manière rationnelle, c'était probablement un rêve après tout, rien ne pouvait lui arriver. Mais, dans l'infime possibilité qu'il s'agisse de la réalité, il devait se renseigner sur l'endroit où il se trouvait. D'abord, son short de pyjama Mickey Mouse ne faisait pas très Antiquité, il devait trouver une solution. Avisant la nappe brune sur laquelle il était encore assis, Loïc improvisa une tunique en nouant deux coins sur son épaule gauche et deux pans à la taille. Moche, mais il se fondait dans le décor.

Il ramassa ensuite sa feuille de révision, la lissa et entreprit de se renseigner sur l'époque où il avait possiblement atterri. Pisistrate a vécu entre 600 et 527 av. J.-C. C'était un homme politique Athénien, il s'empara du pouvoir en -561. Il instaura des réformes agricoles et économiques favorables aux plus pauvres. Ce Pisistrate semblait ne pas être un fou sanguinaire, tant mieux. Il mena une chasse féroce contre ses opposants en les exilant ou les faisant tuer. Ah bin non en fait, il était cinglé.

Des voix rudes tirèrent Loïc de sa lecture, il cacha vite la feuille dans l'élastique de son short et leva les mains en signe de paix. S'il ne comprenait pas la langue, il espérait que ce geste universel montrerait ses bonnes intentions. Deux individus à la mine patibulaire se dirigeaient vers lui, un gourdin à la main, ils précédaient un homme debout sur un char et repoussaient les passants sur les côtés. Les deux criaient dans une langue que Loïc supposa être du grec ancien, il reconnaissait un nom, Peisístratos. Serait-ce celui dont parlait la fiche de révision ? Dans ce cas, il allait avoir des ennuis.

Le char s'arrêta à la hauteur de l'adolescent, son occupant se pencha et l'examina d'un air suspicieux. D'un geste de la main, il fit signe à ses gardes du corps de le saisir, ceux-ci s'exécutèrent avec brusquerie. Ils le traînèrent devant le char, toujours en criant, jusqu'à une imposante villa de marbre peint. Le passager du véhicule descendit et entra dans un hall luxueux. Là, il s'assit sur un siège de bois précieux et fit signe à ses gardes de lâcher leur prisonnier puis de quitter la pièce.

Debout face à l'homme, le garçon tentait de ne pas laisser paraître sa peur mais ses genoux tremblants et sa mine défaite le trahirent assez rapidement. Il se trouvait face à un authentique Tyran d'Athènes, en chair, os et chiton, ça sentait le roussi pour lui. Pisistrate le fixa longuement avant d'ouvrir la bouche et poser une question incompréhensible.

Rassemblant les quelques mots de grec qui ne s'étaient pas enfuis de sa mémoire, Loïc bredouilla une réponse, espérant de toutes ses forces ne pas dire une connerie.

− Euh... eimí bárbaros... ouk enantíos...

Pisistrate plissa les yeux et repris plus lentement, comme s'il s'adressait à un demeuré. Le garçon repéra le mot nom et le mot patrie, il en déduit que son interlocuteur lui demandait de se présenter et d'où il venait. De mieux en mieux, il devait inventer un truc plus ou moins crédible en vitesse. Avec sa peau très blanche et ses cheveux roux, il ne pouvait prétendre être grec, au mieux celte ou quelque chose dans le genre.

Eimí Ouistitix, répondit-il en s'inspirant des prénoms d'une BD.

Le tyran ne réagit pas, se contentant de se frotter le menton d'un air pensif. Il devait certainement se demander quoi faire de ce drôle de ouistiti perdu. Finalement, il cria un ordre et un esclave surgit, portant une plaque de bois et une tige de fer. Pisistrate se saisit des objets et commença à dessiner sur le bois, ou plutôt sur la couche de cire qui recouvrait la planchette. Il la tendit ensuite à l'adolescent. Ce dernier fixa longuement les dessins pour tenter d'en comprendre le sens, ils représentaient un homme barbu, un nom inconnu gravé au dessus de la tête. Loïc secoua la tête en signe d'incompréhension, était-ce une question ? Le tyran pensait qu'il était un espion à la solde de ce type ? Il prit la tige de métal et entreprit de graver maladroitement une réponse, il se débrouillait évidemment mieux à l'écrit qu'à l'oral en grec ancien, la prononciation de cette langue étant inconnue à l'époque d'où il venait.

Pisistrate sembla surpris qu'il sache écrire, un étranger, pauvre selon toutes apparences, qui ne parlait pas la langue mais maîtrisait l'alphabet était une chose étonnante. Loïc se dit qu'il avait peut-être fait une bourde en montrant qu'il savait écrire. Il pouvait toujours prétendre être malentendant et ne pouvoir communiquer que par ce moyen mais il doutait que le mensonge passe. Il eut enfin une idée de génie pour tenter de rattraper la situation, il grava avec application les deux premiers vers de l'Iliade suivis du verbe apprendre. Le tyran était le premier à avoir fixé par écrit l'entier des épopées homériques, cela pouvait le flatter qu'un étranger vienne de si loin pour les lire. Il tendit ensuite la tablette à son interlocuteur en tremblant, il espérait de toutes ses forces que la tactique marche. Le visage de Pisistrate se radoucit vaguement en lisant l'inscription, ça avait l'air de fonctionner. Il reposa la planchette et cria un ordre, une esclave surgit d'entre les colonnes et fit signe à Loïc de la suivre.

Peu rassuré, il s'engagea dans un couloir bien moins luxueux que le hall. L'esclave le fit entrer dans une pièce qui semblait être une cuisine et lui tendit un bout de pain et de fromage ainsi qu'un verre de mauvais vin. Une fois le garçon rassasié, elle le guida vers une chambrette munie d'une natte et d'un escabeau, elle lui fit comprendre par geste qu'il devait attendre là qu'on vienne le chercher. Elle sortit et referma la porte, un bruit de loquet qu'on abaisse retentit derrière elle. Loïc sursauta et se jeta contre le battant de bois avec désespoir, rien ne bougea et il se fit mal à l'épaule.

Bien, il était prisonnier maintenant. Le garçon tentait de comprendre quelle menace il pouvait bien représenter pour un type aussi puissant, lui qui était taillé comme une crevette et ne maîtrisait même pas la langue... Ce Pisistrate n'avait pas volé sa réputation de paranoïaque, il enfermait même les ados gringalets. Il ne voulait pas être son ennemi dans ce cas.

Le temps passait plus lentement que jamais dans cette cellule étouffante, il n'y avait même pas d'eau pour se rafraîchir un peu. Loïc tournait en rond, il avait commencé par mémoriser l'intégralité de la fiche de révision sur son charmant hôte, Pisistrate, puis il avait compté le nombre de fissures dans les murs et récité les tables de multiplication une à douze, à l'endroit et à l'envers. Le soleil commençait à décliner, plongeant la petite pièce dans l'ombre, quand l'esclave revint avec un pichet de mauvais vin et une assiette de pain dur et fromage. Elle adressa un sourire navré au prisonnier et s'enfuit aussi vite, prenant garde à bien verrouiller la porte.

Le garçon grignota ce repas sommaire sans grande conviction, il réfléchissait à un moyen de rentrer chez lui. Déjà, comment était-il arrivé ? Il s'était endormi en révisant et, à son réveil, il était à Athènes. S'il était dans un rêve, il pouvait s'en sortir en se pinçant, sinon, et bien il préférait ne pas y penser. Posant son assiette, il se pinça vigoureusement le bras, avec pour seul résultat de se faire mal. Une marque rouge s'épanouissait sur son biceps et il était toujours dans cette chambre miteuse, il se trouvait bien dans la réalité.

Dépité, Loïc lança le pichet vide contre le mur, l'objet explosa en une pluie de fragments tranchants, ce n'était pas l'idée du siècle. La vue de tous ces tessons lui donna pourtant une idée, il s'était endormi sur la feuille mentionnant Pisistrate et plusieurs renseignements sur Athènes, s'il s'endormait sur un texte mentionnant la date en cours chez lui et son adresse, il pourrait peut-être rentrer !

Profitant des derniers rayons de soleil, il s'empressa de graver avec un bout de terre-cuite toutes les données importantes sur une surface à peu-près lisse, à savoir l'assiette. Il déblaya ensuite la natte des miettes tranchantes et il se coucha, la tête sur le plat. Profitant de la fraîcheur du soir, il s'imagina entrain de réviser à l'ombre du pommier, dans son jardin, dans sa ville. À force de patience, il finit par s'endormir.

Loïc se réveilla avec la sensation de trébucher, toujours aussi désagréable. Par peur, il garda les yeux hermétiquement fermés et écouta attentivement les bruits de son environnement. Des oiseaux pépiaient, une tondeuse à gazon pétaradait, un piano jouait, que des bruits familiers. Soulagé, l'adolescent ouvrit les paupières, la vue de sa maison lui fit chaud au cœur. Il se leva, ôta sa tunique improvisée, rangea ses feuilles de révision étalées par terre et se dirigea vers la cuisine pour prendre un goûté bien mérité. Si après cette aventure il n'avait pas une bonne note aux examens, il s'appelait Pisistrate.


Texte de UneZebreIncognito (UneZebreIncognito)

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