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Crépuscule


Un doux craquement presque inaudible émane du sol du petit chemin forestier. C'est le bruit des feuilles d'automne laissées sur la route, débris végétaux en fin de vie sous les pas hésitants d'un petit être, ancien manteau de l'arbre qu'il abandonne à l'approche du froid. Pourtant, ce vestige de l'été passé n'est pas dénué de beauté. Tout d'or et de rouge, il pare le brun de la terre mieux encore que les fleurs printanières associées à la vie qui renaît.

La petite fille qui piétine ce vestige végétal ne semble pas plus haut que trois pommes, du moins c'est ce qu'en disent les amateurs d'expressions passées. En vérité, les pommes, elle peut aisément les atteindre, surtout lors de cette période d'automne où les pommiers en sont chargés, les branches inclinées sous le poids du fruit. Mais même sans employer d'anciennes tournures, il est facile de dire que cette enfant n'est pas bien grande pour son âge. Elle doit sans cesse lever les yeux vers les branches pour repérer les fruits, ses cheveux d'un blond presque blanc lui tombant dans les yeux au moindre mouvement. Elle porte une robe d'un immaculé irréel, aussi blanche que son sourire qui brille sous le soleil couchant.

Orange, blanc, telles sont les couleurs qui l'entourent. L'orange du coucher de soleil, celui des feuilles au sol, le blanc de sa robe et celui des pierres du chemin. Elle sourit, son environnement semble lui plaire. Pourtant, elle ne s'arrête pas. Mue par ce qui paraît être un instinct ancestral, la petite fille continue à marcher, piétinant les feuilles, esquivant les branches, repoussant les débris qui la gênent sur son chemin tout tracé.

Elle est seule, personne ne la suit à part ses pensées. Mais elle ne veut pas penser. Elle ne veut qu'apprécier le vent qui lui souffle dans les cheveux, dérangeant sa coiffure simple à chaque mouvement qu'elle fait, la sensation des feuilles qui craquent sous ses pieds nus, le bruit qu'elle fait lorsque son pas sacrifie les végétaux qui ont le malheur de se trouver sur le chemin. Penser, c'est trop compliqué. Penser, c'est tourner la tête vers l'autre bout du chemin, où l'attend le noir et la désolation, l'absence de sensations et le silence, vide qui lui court après au fur et à mesure qu'elle s'éloigne. Elle veut semer le vide. Le vide dévore les arbres, détruit les feuilles mortes, absorbe le vent.

Devant elle, le blanc, derrière elle, le noir. Et elle a toujours préféré le blanc. Alors elle fuit le vide. Et le vide la suit.

Elle est belle quand elle court, les cheveux volant au vent, un rire s'échappant de sa gorge et brisant l'écho des feuilles mortes sous ses pas. Elle paraît si pressée et si relâchée à la fois, une fillette avide de jeux, solitaire et pourtant accompagnée. Elle le sent, la présence qui l'entoure depuis qu'elle court dans la forêt, qui l'aide parfois à courir, d'autres fois la ralentit. Elle se laisse guider vers son but. Est-ce l'orée de la forêt ? S'enfonce-t-elle plus profond ? Elle ne sait pas, elle se contente de courir et de rire, de marcher et d'observer. Et la douce lumière du couchant qui lui caresse la peau l'empêche de trop se concentrer sur son objectif. Car se concentrer, c'est penser. Et penser, c'est le vide.

Une lumière plus forte l'éblouit, et sous ses pieds, les feuilles cessent de craquer. Elle sent de la pierre, un peu de terre aussi. Le vent est tombé, des murmures le remplacent. Ils sont tous empreints d'une émotion qu'on nomme la tristesse. Du moins c'est ce qu'on lui a dit lorsqu'elle a demandé. Elle ne sait pas ce qu'ils disent, et ne veut pas s'y attarder. Le vide la guette. Et marcher est devenu bien plus difficile depuis qu'elle a posé les pieds sur la terre. Elle se sent poussée, tirée vers l'arrière, vers le noir et l'absence de tout, de tout ce qu'elle aime et refuse de quitter.

Sa vision se précise. Devant elle, des rangées et des rangées de pierres blanches, colorées par la lumière du soir. Le soleil se couche derrière elles, étendant leurs ombres sur elle, pourtant une douce brume blanche l'entoure, et lui permet d'y voir. Elle plisse les yeux. Oui, il y a bien des mots écrits sur ces pierres, et des chiffres aussi. Comment lui a-t-on dit que ça s'appelait ? Un cimetière. Oui, sans doute. Mais que fait un cimetière là ? Est-ce qu'il n'est pas censé être dans le vide ?

Les voix se lamentent toujours plus, la brume lui caresse les orteils. Elle se sent de plus en plus engourdie, et au loin, le soleil couchant paraît tellement apaisant, tellement accueillant... Elle ne se rend même plus compte qu'elle contourne les pierres, surprenant un nom ici ou là, parfois un nom qu'elle connaît. Mais elle ne s'y attarde pas. Réfléchir, c'est le vide, le vide qui dévore le cimetière, qui absorbe le vent et dévore la brume, qui semble redoubler d'efforts pour la rattraper, à la manière du vide.

Elle n'en fait plus, d'efforts, maintenant. Le soleil couchant l'appelle, elle le sent jusque dans ses orteils. La brume crie, fait écho aux voix. Un bourdonnement incessant remplace le bruit du vent. Ses pieds ne touchent même plus le sol. Elle galope, de plus en plus vite, de plus en plus loin, de plus en plus près. Loin du vide, près du soleil couchant. Il brille si fort, si jaune, presque trop brillant pour un soleil. Elle réfléchit de moins en moins, et court de plus en plus. Le vide perd du terrain. L'impatience l'envahit. Le soleil, le soleil est tout proche, elle va enfin se reposer. Enfin échapper au vide, être heureuse pour l'éternité.

Il n'y a plus que la lumière dans son champ de vision. Plus de pierres, plus de brume, plus de vent, plus de feuilles mortes. Plus de vide. Plus que le soleil. Et en même temps que sa vision, son esprit s'éclaire.

Ses yeux s'écarquillent. Elle voit son reflet dans un éclat qui passe à côté d'elle, la petite fille décharnée, dévorée de l'intérieur comme de l'extérieur, l'enfant qui n'a jamais pu grandir. Elle voit ses yeux verts figés et son visage tordu par une terreur endormie. Une expression qu'elle sait être sa dernière.

Ses lèvres s'entrouvrent, murmurent un mot, un nom, un nom qu'elle sent rouler sur sa langue, un nom qu'elle a chéri durant tellement d'années. Son corps s'arrête un moment alors que les syllabes résonnent dans son esprit. La lumière ne semble plus tant l'attirer, finalement. Elle amorce un mouvement pour se retourner. Elle ne veut plus avancer. Elle veut retrouver le nom.

Et sa dernière prise lâche, la projetant dans le soleil. Disparue à jamais, ne laissant derrière elle que lamentations et odeur douceâtre que tant associent à celle d'un corps dénué de vie.


Texte de Lina_love_leopardus (Lina_love_leopardus)

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