Le chemin parcouru avait été long et pénible. J'avais marché durant plusieurs heures sans faire une seule pause. Le campement lui serait apprécié et nécessaire à mes jambes engourdies. Mais cependant dangereux ne connaissant pas la faune alentour. Mais j'étais bien trop fatiguée pour continuer mon périple et je décidais donc de prendre un repos bien mérité à mon goût.

Je choisis donc de monter à l'arbre au tronc plus épais et au ramage le plus dense possible. Je m'y attachai tant bien que mal avec des lianes solides pour ne pas tomber et dévorai la cuisse de mon lapin du haut de mon perchoir. La viande était sèche et sûrement à la limite du comestible mais c'était déjà ça et je n'allais pas faire la fine bouche.

Mon ami à poil avait été baptisé Paul, effectivement il était étrange de donner un nom à un animal mort qui plus est de mes propres mains. Mais après tout, au point où j'en étais rien ne pouvait me faire plus plaisir que d'avoir un nom à prononcer pour commencer une conversation à voix haute dont je n'aurai jamais de réponse.

Malheureusement je n'avais rien pour épancher ma soif après ce festin. Je dus m'endormir la bouche pâteuse en essayant d'imaginer à quoi pouvais ressembler un ailleurs lointain.

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C'est un bruit de buisson qui me réveilla. Un piétinement trop fort pour un lapin. L'arbre dans lequel j'étais perchée frémit sous un coup violent. La panique s'empara de moi. Je sursautais encore plus fort au deuxième coup qui fit tomber la fin de mes racines comestibles. Énervée de ne pas avoir fait assez attention à mes provisions, je laissais échapper un juron.
Je devais me ressaisir au plus vite, j'avais déjà fait face à des situations similaires. Me relevant tremblotante pour mieux m'agripper tout en pensant au bestiau qui se goinfrait à présent de ma cueillette. Je ne fis pas attention aux autres bruits se rapprochant. Un troisième choc me fit déraper de la branche où je me trouvais et je tombai, criant et me débattant, impuissante dans le vide.

Une branche arrêta ma chute vidant mes poumons et me coupant le souffle. Je ne pus me hisser plus haut. N'osant prendre plus de risques que de me mettre à califourchon, je t'entais de plus de reprendre un rythme cardiaque normal, peine perdue. Je décidais donc de rester là, ne me restant plus que le pouvoir d'écouter. J'avais mal partout, chaque mouvement étaient une véritable torture. Mais j'étais si fatiguée... mes pensées commençaient à se troubler. Je luttais, c'était difficile, ma tête se fesait de plus en plus lourde. Petit à petit dans les multiples bruits de la forêt je m'endormais...

Les bêtes durent partir quelques heures plus tard et quand je pus enfin descendre après m'être assoupie, je repris directement ma route. Le chemin serait encore plus pénible et plus dangereux, c'est sûr. De plus chaque pas m'arrachait un gémissement de douleur. Mais la sortie de cette forêt lugubre en valait toutes les peines.

Pendant le chemin je ne pouvais que penser et parler seule.

- Tu as une famille toi ? Demandais-je à se qui restait de mon ami à poil.
Je m'imaginais la réponse et prenant une voix légère je me répondit.

- Je ne m'en souvient pas, j'étais beaucoup trop jeune ! Et puis il fallait bien que je quitte le terrier à un moment où un autre ! Et toi ...

Je m'arrêtais là. J'aurais aimé ajouter un prénom à la fin de cette question. Mais même ça j'en étais incapable.

J'essayais chaque jour depuis mon réveil de me souvenir. Des milliers de questions se bousculaient dans ma tête et ajoutaient à mes blessures et à la fatigue un mal de crâne atroce. Où étais-je ? Qui étais-je ? Des questions simples mais au qu'elles j'étais incapable de répondre. Je me torturais ainsi vainement l'esprit pendant tout le voyage .