
02. ~ Des esprits et un connard... mais dans le sens affectif du terme
Deuxième Chapitre : " Des esprits et un connard... mais dans le sens affectif du terme"
Comment, mais comment Chris avait-elle pu oublier que les cours optionnels commençaient aujourd'hui ? Des feuilles de rappel étaient placardées sur tous les murs du lycée, et Silver avait rappelé l'info aux petites annonces du matin. Chris l'avait même marqué au feutre rouge et en grosses majuscules dans son agenda. Mais qu'est-ce qui n'allait pas chez elle, bon sang ?
Les couloirs du lycée étaient complètement vides. À cette heure-ci, les élèves étaient soit coincés en cours, ou dégustaient leur repas à la cantine. On n'entendait aucune voix, aucun éclat de rire. Le son des semelles de la jeune fille contre le carrelage se retrouvait amplifié au milieu de tout ce silence, procurant à Chris un sentiment d'abandon. La jeune fille accéléra le pas, pressée de quitter ce silence pesant.
Chris arriva enfin devant son casier. Deux secondes plus tard, le corps de la jeune fille avait à moitié disparu dans le petit espace consacré à ses livres et cahiers, à la recherche de son emploi du temps. Cependant, Chris avait beau retourner encore et encore le bordel qui se trouvait dans son casier, il n'y avait pas moyen de mettre la main sur ce foutu bout de papier.
Mais où est-il ?
Elle allait sérieusement être en retard, plus qu'elle ne l'était déjà. Qu'importe qui allait être son prof, il allait sûrement la détester et Chris serait fichée comme étant « la fille qui était en retard dès le premier jour de cours ».
Chris lâcha un cri exaspéré, lorsqu'un courant d'air passa sur sa nuque. La jeune fille se raidit. Une étrange sensation s'installa doucement en elle, lui comprimant la poitrine. Un mauvais pressentiment s'empara d'elle, alors que ses sens identifiaient enfin la nature de ce courant d'air : un esprit.
Mais ce n'était pas Jane.
Au cours de sa vie, il était déjà arrivé que Chris tombe sur différents esprits par hasard, dans différents endroits. Tous dégageaient la même aura, cette impression de tristesse infinie qui flottait dans l'air. Au début, il avait été difficile pour Chris de toutes les différencier. Puis avec le temps, elle avait remarqué que Jane, contrairement aux autres esprits, projetait autour d'elle une aura dangereuse, telle un poison. C'était à ce moment que Chris avait compris que Jane n'était pas un esprit normal.
Mais là encore, c'était différent.
C'était la première fois que Chris percevait une aura pareille, qui ne ressemblait en rien à ce qu'elle avait connu avant. Elle sortit lentement la tête de son casier puis, de la même façon, elle referma la porte de son casier. Enfin, elle se tourna vers l'origine du courant d'air. Son cœur rata un battement et la jeune fille eut un mouvement de recul, surprise.
Une femme était plantée à quelques mètres d'elle et la fixait, sans bouger. Elle paraissait âgée d'une dizaine d'année de plus que Chris et son regard vide, qui ne s'était pas détourner à un seul moment de cette dernière, reflétait une expression hantée.
Aucune des deux filles ne fit un geste. Chris, pour sa part, était bien trop surprise pour avoir une quelconque réaction. Tétanisée, elle observa plus attentivement la jeune femme. Elle était dans un sale état, comme si elle venait de livrer bataille au cœur d'une forêt. Sa peau, mâte, était couverte d'entailles et de contusions sanguinolentes. Elle avait de longs cheveux châtains emmêlés, plein de terres et de feuilles mortes. Ses vêtements étaient des haillons de ce qui devait avoir été une robe de couleur noire, ressemblant à celles que portaient les femmes au XIXe siècle. De quelle époque débarquait-elle ? Malgré la saleté et les loques dont elle s'était vêtue, la femme était très belle. Elle avait également les yeux verts, d'un vert émeraude tellement perçant que son regard mettait mal à l'aise.
Ce fut ce regard qui décida Chris à tenter une approche plus ou moins maladroite :
– Excusez-moi..., balbutia Chris. Vous avez besoin d'aide ?
L'inconnue ne réagit pas tout de suite. Chris attendait, le souffle court, de recevoir une quelconque réponse : un mot, un geste, n'importe quoi. Mais la femme restait là, statique, le regard perdu dans le vague. Cette situation atteignait des niveaux astronomiques de bizarrerie. Et, le plus flippant, c'est que Chris ne pouvait rien faire à part attendre.
Finalement, la femme fit un geste de la main, presque imperceptible. Puis, lentement, elle pivota sur elle-même, et disparut à l'angle d'un couloir. Chris mit un certain temps à comprendre qu'elle lui demandait de la suivre. Comme hypnotisée, elle fit un pas en avant.
Alors qu'elle marchait doucement au milieu du couloir désert, Chris se rendit compte qu'elle tremblait. La jeune fille entoura sa poitrine de ses bras et, alors qu'elle expirait lentement, un nuage de buée se forma devant son visage. C'était comme si la température avait chuté de plusieurs degrés. Chris se mit à claquer des dents, frottant ses bras dans la maigre tentative de trouver un peu de chaleur. Son sac glissa de son épaule, mais c'était à peine si elle s'en rendit compte : elle continua d'avancer.
Elle tourna finalement, et se retrouva face à un cul-de-sac. La mystérieuse inconnue se trouvait contre le mur, accroupie et tassée sur elle-même. Sa tête était baissée, de sorte que Chris ne puisse voir l'expression de son visage. En la voyant dans cet état, quelque chose se déclencha dans l'esprit de l'adolescente. Une voix qui lui hurlait de prendre ses jambes à son cou, de s'éloigner avant qu'il ne se passe quelque chose qu'elle regrette par la suite.
Mais quoi ?
La jeune femme releva la tête, et son regard vert croisa celui de Chris ; elle pleurait. Des larmes transparentes comme du cristal glissaient le long de son visage, et s'écrasaient dans un bruit mouillé sur le carrelage du couloir du lycée. Chris n'arrivait pas à détourner ses yeux de cette expression de pure souffrance, de douleur qu'affichait la femme. Celle-ci leva la main et, la paume tendue vers Chris, se mit à murmurer des paroles inintelligibles :
– ... ils vont venir pour nous...
Chris était terrifiée. Face à elle, les yeux de la femme étaient écarquillés et son expression semblait lointaine. On aurait dit qu'elle avait une vision, ou qu'elle devenait folle.
– ... fais attention au cœur... le cœur aura nos vies... à tous...
Chris ne comprenait rien, mais elle s'en fichait. Tout ce qui lui importait pour le moment, était de ficher le camp d'ici, et vite. Très vite.
Elle fit volte-face, prête à fuir. Mais avant d'avoir pu faire un pas, la jeune femme ouvrit la bouche et poussa un hurlement terrifiant, comme si quelqu'un cherchait à lui arracher son âme. Chris eut l'impression que tout autour d'elle explosait. L'adolescente leva les bras devant son visage comme pour se protéger d'un coup, et ferma les yeux très fort. Cela dura deux secondes, puis plus rien.
La température retourna à la normale, et Chris sut à cet instant que c'était terminé.
L'adolescente baissa lentement les bras, le corps parcouru de tremblements. Ses yeux se posèrent à l'endroit où la jeune femme se tenait quelques instants plus tôt : or, il n'y avait plus personne. L'esprit s'était volatilisé. Chris crut halluciner. Cela avait lui avait semblé si... réel.
La jeune fille se frotta les yeux une fois, deux fois. Lorsqu'elle les rouvrit, il n'y avait toujours rien. Aucune trace de cette femme à la tenue d'une autre époque, couverte de sang et de blessure.
Mais mince, qui était cette fille ? En général, les esprits se manifestaient pour une raison précise. Alors, quel était le but de cette jeune femme ? Est-ce qu'elle était réellement un esprit, d'abord ?
Chris se mordilla doucement la lèvre inférieure, les sourcils froncés. Soit elle avait complètement imaginé toute cette scène et devenait complètement maboule, soit ce qu'elle venait de voir était vraiment arrivé... mais dans tous les cas, elle devenait quand même folle.
Quelque chose clochait avec cette apparition. Chris n'arrivait pas à savoir quoi, mais ce petit quelque chose la perturbait profondément, la titillait sans qu'elle puisse mettre le doigt dessus. Elle avait déjà vu des esprits aux âmes tourmentées, des fantômes qui n'arrivaient pas à passer dans l'au-delà car quelque chose les retenait sur Terre. Mais aucun ne lui avait laissé une telle impression, aucun ne lui avait laissé cette terreur incontrôlable qui s'emparait de Chris dès qu'elle repensait au visage de la jeune femme.
Chris était plantée au milieu du couloir, complètement absorbée par ses pensées. Si bien, que l'espace d'un instant, elle en oublia qu'elle était...
Qu'elle était...
– Je suis en retard, réalisa soudain Chris, les yeux écarquillés de stupeur.
La jeune fille vit volte-face et, attrapant son sac qu'elle avait abandonné sur le sol, se précipita vers les escaliers en direction du premier étage. Merde, elle était terriblement en retard. Elle allait se faire massacrer, laminer, tuer et re-tuer.
Alors qu'elle arrivait devant les salles de cours au premier étage, Chris se rendit soudainement compte qu'elle ignorait complètement en quelle salle avait lieu son cours optionnel. La jeune fille s'arrêta en plein milieu du couloir, complètement démoralisée. Elle fut tentée de se laisser tomber par terre, de fermer les yeux, et oublier : son retard, l'apparition de l'esprit, l'approche d'Halloween. Chris voulait tout oublier.
Chris ferma les yeux très forts, prenant une profonde inspiration. Elle devait se calmer, sinon elle n'arriverait à rien. Lorsqu'elle eut totalement vidé son esprit, elle fit un pas en avant, et...
– Attention !
... et percuta quelqu'un de plein fouet.
Le choc fut tellement violent que Chris perdit l'équilibre et repartit en arrière, trop sonnée pour songer à se rattraper à quelque chose. Elle eut tout de même le réflexe de tendre la main, et lâcha un petit cri de surprise en sentant quelqu'un saisir son poignet et la remettre sur ses pieds avec force.
Deux secondes plus tard, Chris se retrouvait nez à nez avec un garçon totalement inconnu qui, lui, était bien réel. Chris devinait qu'il devait avoir son âge. Les deux adolescents étaient si proches, que la jeune fille pouvait distinguer la lueur d'inquiétude qui dansait dans les yeux bruns du garçon, parsemés de petites paillettes dorées. L'adolescent recula de quelques pas et lâcha finalement la main de Chris, avant de passer sa propre main dans ses mèches brunes d'un air gêné :
– Je suis désolé, j'étais pressé et je ne faisais pas attention où j'allais... Rien de cassé ?
Chris cligna des yeux, essayant de se reconnecter à la réalité.
– Ça va, bredouilla finalement Chris. C'est ma faute, je ne regardais pas non plus devant moi.
– Non vraiment, je...
– Ça va, l'interrompit doucement Chris en voyant que le pauvre garçon était prêt à se confondre en excuse. Je survivrai.
Cela eut pour effet de calmer l'adolescent, qui se détendit immédiatement. Chris l'observa longuement, et siffla mentalement en regardant celui qui se trouvait devant elle. Le garçon avait un visage à l'air chaleureux, qui inspirait la gentillesse et la bonne humeur. Il était assez grand, et on devinait sous son t-shirt de larges épaules et un corps tonique.
Doux Jésus.
Avec un physique pareil, Chris fut un instant étonnée de ne jamais avoir remarqué ce garçon au lycée.
Les lèvres fines et roses de l'adolescent se fendirent en un sourire amusé, faisant frissonner Chris.
– Tu as l'air d'un petit animal apeuré et perdu, je te mentirais si je te disais que je ne trouve pas ça amusant. Je peux t'aider ?
Il fallut quelque seconde à Chris pour que son cerveau comprenne que l'inconnu cherchait à l'aider, tout en se moquant gentiment d'elle. Chris sentit le rouge lui monter aux joues, alors qu'elle gesticulait dans tous les sens pour s'expliquer :
– En fait, je me suis inscrite au cours optionnel « Histoire et Mythologie », sauf que j'avais complètement oublié que ça commençait aujourd'hui. Et il se trouve que j'ai perdu mon emploi du temps et que j'ignore complètement en quelle salle a lieu le cours, et...
– « Histoire et Mythologie » ? dit le garçon en fronçant les sourcils. Le cours optionnel de Mr Harrison ?
Chris lança à l'adolescent un regard complètement ahuri.
– Mr Harrison ? Le Coach Harrison ?
Alors là, Chris était dans la merde la plus profonde et boueuse ; elle venait de signer son arrêt de mort.
Si Devil's Creek était la ville où l'on trouvait toutes sortes de cas sociaux parmi les personnes les plus étranges qu'abritait cette planète, Mr Harrison était carrément le pompon. Plus communément appelé « Coach » en raison de son poste d'entraîneur de l'équipe de lacrosse du lycée, ce type avait la réputation d'être une personne extrêmement louche et... extravagante, trait de caractère d'ailleurs renforcé par son vocabulaire assez poussé lorsqu'il s'adressait aux élèves. Chris l'avait déjà eu en tant que prof de sport en première année, et gardait par ailleurs une très forte impression du Coach. Aujourd'hui, elle se demandait encore comme les gens arrivaient à voir en lui une personne qualifiée pour l'enseignement.
– Mr Harrison est le prof d'option en histoire ? redemanda Chris, complètement bloquée.
Avant que le brun n'ait pu lui répondre, le téléphone du jeune garçon se mit à vibrer. Il sorti rapidement le cellulaire de la poche de sa veste, juste à temps pour prendre l'appel entrant. Il eut à peine appuyé sur la touche du petit téléphone vert qu'un hurlement explosa aux oreilles des deux adolescents, les faisant sursauter.
– BROCKENHEART !
Chris et son interlocuteur restèrent un instant bouche bée, mettant un certain temps avant de percuter que la personne qui venait de les appeler n'était autre que...
– Coach ? risqua le brun d'un ton surpris. Comment vous avez eu mon numéro ?
– Tut-tut-tut ! Silence, BrockenHeart, tu la fermes ! J'espère que ton retard t'a au moins laissé le temps d'inventer une excuse crédible expliquant le fait que tu pointes ton corps d'Apollon à mon cours avec quarante minutes de retard, sinon je te promets que toi et ton sourire de tombeur allez faire des victimes en colle !
– Quoi ? Coach, vous allez bien ?
Chris ne put s'empêcher de pouffer lorsqu'elle perçut la légère note moqueuse dans la voix du garçon. À l'autre bout du fil, les deux adolescents entendirent nettement le hurlement de rage du Coach, ce qui eut pour effet de redoubler leur hilarité.
Leurs éclats de rires s'évanouirent cependant à l'instant où une des portes s'ouvrit à la volée. Avant qu'ils ne puissent comprendre, le Coach déboula dans le couloir tel un boulet de canon et s'arrêta à quelques mètres des deux jeunes gens, continuant de leur parler au téléphone tout en les fixant d'un regard haineux.
– Rigoles, rigoles, abruti. Je jure que je t'aurais un jour, BrockenHeart, cria le Coach dans le micro du téléphone. Toi et ta bande d'adolescents ingrats à la plastique parfaite, je vous aurai tous. Le proviseur et le Conseil des Elèves ne te protègeront pas toujours et, ce jour-là, je serais là pour te botter le cul, BrockenHeart ! Maintenant, JE VEUX VOIS VOIR TES FESSES SCOTCHEES A UNE CHAISE ET NE PLUS EN DECOLLER JUSQU'A LA FIN DE L'HEURE !
Le brun fit une grimace en entendant les dernières paroles, qui résonnaient à la fois dans le couloir et dans l'oreille du jeune homme. Celui-ci leva lentement les mains dans un signe de reddition feinte :
– Je vous entends très bien, Coach, ce n'est pas la peine de crier.
– AMMENE TON CUL IMMEDIATEMENT, BROCKENHEART !
Réprimant un nouveau fou rire, le dénommé « BrockenHeart » se décida finalement à rejoindre le professeur et entrer en cours, entraînant en même temps Chris avec lui. Ce fut ce moment que choisit le Coach pour faire volte-face vers la jeune fille. L'adolescente eut l'impression que son corps se liquéfia alors qu'elle passait devant le professeur, sentant le regard glacial du Coach sur elle. Elle et le garçon s'engouffrèrent dans la salle de cours, où une quinzaine d'élèves les regardaient avec des sourires clairement moqueurs. Mr Harrison les rejoignit quelques secondes plus tard, claquant la porte violement derrière lui. Son regard se posa de nouveau sur Chris, et il fronça les sourcils.
– Et toi, t'es qui ? lui balança-t-il en pleine figure.
– Vous ne connaissez pas le nom des élèves qui participent à vos cours ? s'enquit le brun, qui était resté debout à côté de Chris.
– Si, répliqua le Coach d'un ton tout à fait sérieux. Même que pendant mon temps libre, je les invite dans mon bureau pour me reconvertir en psychologue pour adolescents boutonneux, puis on débat sur la politique américaine devant une tasse de thé. Sérieusement BrockenHeart, tu crois que je n'ai que ça à faire ? Maintenant vous vous asseyez tous les deux, et vous la fermez !
– Vous ne nous punissez pas ? demanda le brun, ébahi.
– BrockenHeart, ne me fais pas regretter d'avoir fait preuve d'une extrême bonté envers vous. Vraiment.
Le Coach fit un vague geste de la main, qui signifiait manifestement « Ouste, hors de ma vue ». Avant que celui-ci ne revienne sur sa décision, Chris se pressa de s'installer à une table inoccupée au dernier rang, près de la fenêtre. Discrètement, elle commença à sortir ses affaires et à les installer sur la table : elle s'était déjà faite assez remarquée pour un premier cours, et c'était une chance incroyable qu'elle est réussi à s'en tirer sans qu'un type aussi louche que le Coach Harrison ne la foute en colle.
Chris essayait d'écouter le cours du Coach, lorsqu'elle entendit quelqu'un s'installer à la table juste à côté de la sienne. Du coin de l'œil, elle vit cette personne se pencher vers elle, et se mettre à la fixer avec plus ou moins de discrétion. Cela dura quelques minutes jusqu'à ce que Chris, n'y tenant plus, se tourna vers son observateur.
Elle se retrouva une nouvelle fois face au garçon qu'elle avait rencontré quelques minutes plus tôt. Un grand sourire éclairait son visage, et ses yeux brillaient d'un éclat rieur. Il se pencha un peu plus vers Chris :
– Au fait, je m'appelle...
Il fut coupé en plein milieu de sa phrase par le Coach, qui posa brutalement ses mains sur la table du perturbateur et se pencha vers lui d'un air menaçant. Chris ne put s'empêcher de sourire en voyant la grimace que faisait le brun.
– Tu t'appelles Aaron BrockenHeart, on sait, l'interrompit le Coach. Sauf qu'on s'en tape. Et je suis sûre que ta petite amie aussi s'en tape, et ce n'est certainement pas avec cette technique de flirt pitoyable que cette fille va s'intéresser à toi. Oh, et puis peut-être que si, en fait : les jeunes de votre époque sont tellement bizarres. J'ai une idée, et si on lui demandait directement ce qu'elle en pense ? Alors, euh...
– Chris... euh, Cristal Wonderland, Coach, souffla Chris en se tassant un peu plus sur elle-même.
Si Chris avait compris que ce petit jeu avait pour but de ridiculiser ce « Aaron », cela la mettait également mal à l'aise. À sa droite, elle put voir le brun prendre sa tête entre ses mains et la secouer, exaspéré par le comportement infantile du Coach. Celui-ci lança d'ailleurs un regard étrange à Chris, comme si la jeune fille venait de lui sortir la plus grosse des énormités.
– Tu t'appelles Wonderland ? C'est une blague, c'est ça ? Sérieusement, ça pourrait être considéré comme une forme de maltraitance...
– Attendez, vous êtes en train de vous moquer de mon nom de famille ? lança Chris, éberluée.
Mais dans quelle classe de fous est-ce qu'elle avait encore atterrit ?
Jamais je ne me permettrais une chose pareille, dit le Coach en portant une main à son cœur. Quant à vous, je ne veux plus entendre le moindre son sortir de vos bouches jusqu'à ce que cette cloche sonne, c'est clair ?
Le Coach s'était à peine éloigné de deux pas, qu'Aaron se repencha de nouveau vers Chris et chuchota en essayant d'être discret :
– Moi j'aime bien ton nom de famille : Chris Wonderland, je trouve que ça sonne bien. Et de toute façon, ce prof est un connard.
– Je t'ai entendu, BrockenHeart !
– Mais... je parle de « connard » dans le sens affectif du terme, Coach.
Le visage du Coach se fendit d'un sourire malveillant.
– T'es un petit rigolo BrockenHeart, c'est très drôle. OK, alors disons que toi et ta nouvelle copine irez développer votre sens de l'affection en colle, ça vous va ?
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