– Si tu le dis. Bon courage, dans ce cas, dis-je avant de sortir de la cuisine pour aller vers ma chambre. 

Je ne dois pas traîner. La visite qui a été annulée avant le week-end est programmée à ce matin. Je ne veux pas la rater, celle-là. L’appartement est une bombe, que peu de personnes avec les moyens ne veulent se refuser. Je suis sûr qu’il va plaire à mon client, un certain monsieur Da Silva.

– Minute papillon, crie Aurore dans mon dos, ses pas se précipitant pour me rejoindre. 

Elle me bloque contre le mur, pointant une nouvelle fois son index vers moi. Je fronce des sourcils devant son air malicieux. 

– Je ne vais pas être la seule à bousculer mes habitudes. 

Je fronce encore plus des sourcils, n’aimant pas le petit sourire qui fleurit sur ses lèvres.

– Tu as autant besoin que moi de changer. Si je suis capable de me trouver un petit-ami, toi, tu vas devoir trouver un homme pour prendre du bon temps.

– Ne me mêle pas à ça. C’est ton idée de changer, pas la mienne. 

– Mais c’est toi qui as commencé à aborder le sujet, je te signale. Allez, No’ ! Ça ne te fera pas de mal de prendre du bon temps, sans engagement ni conséquences. 

Je souffle doucement. Je la pousse pour commencer à me maquiller. Elle reste dans mon dos, me fixant à travers le miroir.

– Je ne vois pas en quoi coucher avec un homme peut m’être bénéfique. Ce n’est pas ça qui va me faire changer d’avis sur eux.

Elle râle dans mon dos, tapant ses mains sur ses cuisses de mécontentement. 

– Écoute, je ne te dis pas de coucher si ce n’est pas ce que tu veux. Seulement de prendre du bon temps avec un homme, t’amuser, penser à toi ! Si vraiment ça ne te plait pas, et bien tant pis. Tu auras essayé. Comme moi.

Je me mords la lèvre inférieure, réfléchissant sérieusement à sa proposition. Qu’est-ce que je risque, au pire des cas ? 

Ses mots résonnent en moi, surtout après ma réaction ce week-end. Je ne veux pas l’avouer, mais j’en envie de sentir des mains sur mon corps – autre que les miennes – le temps d’une soirée. Des fous, il n’y en a pas à tous les coins de rue. Il faut que j’arrête ma folie, et que j’ose enfin vivre ma vie, sans peur, sans regret. Et avec du sexe.

– Très bien. Je marche avec toi. 

Aurore sourit de toutes ses dents, s’avançant pour me prendre dans ses bras. Doucement, elle me murmure quelques mots :

– Je sais que c’est un pas énorme pour toi, mais je suis sûre que tu ne le regretteras pas. Fais-moi confiance. 

Elle me tape les fesses avant de sortir, son rire malicieux résonnant dans les murs de l’appartement. 

Je termine rapidement de me préparer. Je sors de mon placard une robe noire moulante. Elle ne possède ni décolleté plongeant ni strass tape-à-l’œil. Étrangement, elle me met élégamment en valeur. Elle fait ressortir mes formes, sans toucher à mon côté professionnel. 

– Canon ! Tu passes à l’action rapidement.

– Je vais surtout vendre un nouvel appartement. 

– Mouais. En tout cas, si le mec est mignon, n’hésite pas à lui faire visiter la chambre à coucher, ajoute-t-elle en me lançant un clin d’œil. 

Je ricane devant sa bêtise, et lui pose un bisou sonore sur la joue avant de partir.