Je me déteste de réagir de cette manière, de rester faible et sans mots, alors que je devrais déjà me trouver loin de lui. 

– Je suis du genre à savoir ce que je veux. Et ce soir, ce que j’aimerais, c’est passé du temps avec une magnifique femme, qui se trouve être vous. Nous aurions dû nous revoir bien plus tôt.

Je souffle d’exaspération et de frustration. Son contact fait frissonner mon corps d’une envie rare, mais ses paroles me révulsent au plus haut point. Je me recule, lui adressant une dernière parole avant de rejoindre Aurore.

– Cette envie n’est pas partagée, malheureusement. Bonne soirée.

Je me retourne sans un regard en arrière. Arrivée à hauteur de mon amie, elle hausse les sourcils de manière suggestive.

– Je fais semblant de ne pas l’avoir vu te bouffer du regard ? 

– Exactement !

– Tu sais que tu ne vas t’en tirer aussi facilement ? insiste Aurore en attrapant mes mains pour me faire danser. 

Je ronchonne doucement, la forte musique couvrant mes plaintes. Aurore n’est pas dupe pour autant, et ricane. Elle m’attire vers elle et me fait tourner. Je secoue doucement la tête, mon sourire revenant. Je la suis dans ses mouvements, l’imitant et ondulant sur le rythme. Peu à peu, je me laisse aller, fermant doucement les yeux et oubliant même où je me trouve. 

Mes mains se posant dans mon cou, glissant vers ma poitrine puis mon bassin. Mes hanches forment des huit imaginaires, la chaleur de mon corps montant d’un cran. J’ouvre à nouveau les yeux, souriant à Aurore qui se trouve dans le même état que moi : en émoi. Je transpire légèrement, mon souffle saccadé. Doucement, je me mords la lèvre inférieure, me tournant légèrement pour coller mes épaules à celles de mon amie. 

Plusieurs personnes autour de nous, femmes et hommes confondus, nous regardent. Je me force à ne pas y prêter attention, me concentrant sur Aurore et notre danse endiablée. Nous nous faisons à nouveau face, ses mains se posant sur mes hanches pour me donner le mouvement. 

Elle m’adresse un clin d’œil, avant de se coller à moi, provoquant le regard brûlant des hommes présents.

– Je crois bien qu’on enflamme la piste de danse… et tous ceux autour. 

Je ris doucement, avant de jeter de rapides coups d’œil autour de moi. De nombreuses personnes dansent non loin de nous, mais les regards ne fixent qu’un seul endroit : le nôtre.

Mes joues se colorent adorablement, peu habituées à être le centre de l’attention. Je m’arrête de danser sans m’en rendre compte. Aurore m’attrape une nouvelle fois la main, me fait onduler avec elle, forçant mon regard à se poser dans le sien. 

– Oublie-les. Profite juste, ma chérie.

Je lui souris avant de fermer les yeux et de me laisser guider. Je la sens tourner autour de moi, sa main me frôlant les épaules pour se poser dans mon dos. 

Il n’y a jamais eu aucune ambigüité entre nous. Je crains que cela ne soit pas clair pour les personnes présentent autour de nous. Surtout avec les mains baladeuses d’Aurore sur mes hanches et la claque qu’elle pose ensuite sur mes fesses. 

Elle crie, chantant fortement les paroles du hit qui résonne contre les murs. Je me surprends lorsque je chante le deuxième couplet avec elle. Nous rions, dansons, profitons de cette soirée, sans prêter attention autour de nous. 

Et ça fait du bien.

La musique s’arrête pour laisser place à une nouvelle chanson plus caliente. Mes mains glissent dans mes cheveux, puis ma nuque. Je ne réfléchis plus. Mon corps ondule, ma poitrine et mes épaules suivant le mouvement parfaitement. Aurore se fait accoster par l’un des trois hommes qu’elle avait vus en début de soirée. Ils se bouffent carrément du regard, ces deux-là. Il pose ses mains sur ses hanches, la collant contre son torse.

Mon amie en rajoute une couche, en agrippant les cheveux au creux de sa nuque, approchant dangereusement son visage du sien. Je crois que je vais rentrer seule ce soir, Aurore a d’autres projets.

Je secoue la tête de droite à gauche, jetant un coup d’œil circulaire, avant de me stopper sur un regard. Le sien.

Il me déshabille du regard, sa main frottant sa barbe. Ses lèvres se pincent avant que sa langue ne les humidifie. Mon corps réagit à la seconde, une délicieuse envie se longeant entre mes cuisses devant son regard brûlant. J’avale difficilement ma salive, reculant d’un pas inconsciemment. 

Il faut que je parte. Je ne peux pas réagir comme ça devant le premier homme. En écho à mon envie subite de le dévorer, j’ai la peur sourde de mon passé qui refait surface. Et elle a le mérite de me faire revenir sur terre assez vite. Je me passe mes mains sur mon visage, me retournant pour arriver en deux enjambées vers Aurore. 

Je lui chuchote que je suis fatiguée et que je vais rentrer en taxi. Elle ne me questionne pas plus, m’adresse un signe de tête avant de se tourner à nouveau vers son partenaire. 

Je sens l’attention pesante de cet homme, mais je secoue la tête pour me dissuader de le regarder une dernière fois. 

Pourquoi est-ce que je réagis de cette manière avec lui ? 

Qu’a-t-il de différent ? 

Habituellement, les hommes me donnent plus des haut-le-cœur que l’envie ardente de sentir leur peau contre la mienne. Malgré son arrogance et ses techniques d’approches déplorables, je me sens attiré. Et ça me fait peur.