Chapitre 5
L’ambiance a radicalement changé depuis quelques dizaines de minutes, à présent. La piste centrale a été entièrement dégagée pour laisser la place aux danseurs. Le DJ a remplacé sa musique de fond, ses enceintes crachant un mélange de pop et de rock.
Pas la peine de préciser qu’Aurore est sur la piste depuis les premières notes, et que je la regarde sagement, accoudée à l’une des tables hautes.
Je ne suis pas comme ma meilleure amie, lâchant prise facilement et faisant preuve de tellement de confiance.
J’aimerais, tellement.
La dernière fois que j’ai voulu être moi-même, sans retenue, me donnant entièrement à corps perdu dans une danse endiablée… Je me suis pris une gifle magistrale. Chris n’avait pas apprécié, sans doute. J’en avais payé les frais, salement.
Alors, même si j’ai extrêmement envie de rejoindre mon amie, je reste à ma place, une peur sourde cachée dans l’ombre, proche de moi.
Doucement, ma tête descend de haut en bas, sur le rythme des basses. Mon sourire s’agrandit devant l’air enjoué d’Aurore, appréciant sans aucun doute la musique.
– Comment se fait-il qu’une si jolie femme, comme vous, soit seule dans son coin ?
Je tourne ma tête sur la gauche, et tombe sur les prunelles du beau gosse au regard sombre et perçant. Mains dans les poches de son costume, il s’approche d’un nouveau pas pour frôler la nappe, me fixant avec un air de prédateur.
Je détourne le regard vers la piste de danse, peinant à retenir mon haussement de sourcils moqueurs.
– Vous en avez d’autres, des disquettes comme celle-là ?
– Pas terrible, c’est vrai, ricane-t-il en baissant la tête. Je perds légèrement mes moyens devant vous. Exactement comme au mariage de votre cousine Jade, murmure-t-il en approchant sa bouche vers mon oreille, instaurant une illusion de confidence.
Deuxième disquette. Pathétique.
Cependant, mes sourcils se froncent lorsqu’il parle de ma cousine, qui s’est effectivement mariée il y a maintenant plus de six ans. Cela expliquerait pourquoi son visage m’est familier. Doucement, de brefs souvenirs me reviennent, me rappelant que nous avions été placés côte à côté lors de ce mariage. Nous avions bien discutés, ris et même dansé. Malheureusement, en fin de soirée, nous nous étions perdus de vu et j’avais dû partir précipitamment. Je n’ai jamais demandé à ma cousine ses coordonnées, et lui non plus. Cette soirée était restée sans suite.
C’était le bon temps, à cette époque. C’était avant Chris : quand j’étais trop insouciante pour appréhender les horreurs de ce monde.
A présent, tout est différent…
Ce genre d’homme, séduisant, avec un égo plus gros qu’une porte de prison, des muscles moulés dans son costume hors de prix, ça ne m’intéresse pas. Trop dangereux. Plus ils sont craquants et le savent, plus ils auront du pouvoir sur vous. Comme Chris. J’ai déjà donné.
Je souffle doucement.
– Vous feriez mieux de tenter votre manège vers une autre femme.
– Je pourrai, mais ce ne sont pas les autres femmes qui ont retenu mon attention. C’est vous.
– Écoutez, soufflé-je en me tournant vers lui. Vous perdez votre temps. Je ne suis pas d’humeur ce soir.
– Je ne perds jamais mon temps, répond-il avec arrogance.
Je lève les yeux au ciel. Pitié, que quelqu’un me vienne en aide. Ce mec ne veut vraiment pas me lâcher avec ses phrases préfaites à la noix.
– Apparemment, il faut une première fois à tout, insisté-je, en braquant mon regard dans le sien, posant mes mains sur mes hanches pour me donner de l’assurance. Je vous conseille vraiment d’aller vers d’autres femmes, comme celles-là, à droite.
D’un signe de tête, je pointe le groupe de jeunes femmes. Elles sont séduisantes, sûrement riches au vu de leur élégante robe, et attendant sans aucun doute qu’un homme les aborde. Parfaites pour lui.
Il suit la direction indiquée, avant de rapidement se retourner une nouvelle fois vers moi. Son sourire s’agrandit, devenant plus naturel, et indéniablement craquant.
Malgré moi, mon corps réagit. Mes joues se teintent doucement de rouge. Mon corps est un traitre. Je me racle la gorge et avale difficilement ma salive.
– Non, définitivement pas.
– Vous ne lâchez pas facilement l’affaire, n’est-ce pas ?
Il fait un autre pas vers moi, son épaule frôlant délicieusement ma peau frissonnante à son contact. Mon souffle se bloque dans ma poitrine.
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