📚 Prince et Dragon - Tome 1 : Ixen
Avancement de lecture : Terminé
Avec Spoilers : En annexe
Genre : Fantasy YA
Résumé : Ixen est un dragon tout-puissant. Ou « était » ? Car depuis qu'il s'est réincarné dans le corps d'un garçon de dix ans, les biscotos, c'est plus trop ça. Qu'à cela ne tienne : il deviendra le larb... le mage ! du prince Erich de Velt, le temps pour lui de retrouver ses forces et son fragment d'âme...
...
Vous savez, ça fait un moment que je lis sur Wattpad. Et depuis le temps, je classe (dans ma tête) les histoires en 3 catégories : celles que je n'aime pas parce que je les trouve mauvaises ; celles que j'aime bof mais pour lesquelles je saisis l'emballement et vois le potentiel ; celles que j'aime.
Pour Ixen, je suis obligé de créer une quatrième catégorie : les histoires que j'aime, qui ont du potentiel, mais WTF qu'est-ce qui s'est passé ?!?
Je crois que je n'ai jamais lu une histoire qui m'a fait pousser autant de « Waouh ! Trop cool ! » et de « Hein ? Quoi ? Pardon ? » à intervalles aussi rapprochés. Vous dire que mon expérience de lecture a été contrastée relève de l'euphémisme.
Soyons transparents : j'ai passé un bon moment de lecture. Je ne personnaliserais pas autant cette chronique si je n'avais pas été réellement investi dans l'histoire. J'aurais été indifférent, je me serais contenté de faire un retour neutre et consensuel. Mais là, je suis frustré ! Extrêmement frustré. Parce que l'histoire est à un cheveu d'être géniale !
Alors qu'est-ce qui a coincé ?
Ce n'est pas l'écriture.
Je n'ai rien à reprocher à l'écriture. Le style est fluide, accrocheur, immersif. On a bien la sensation d'être dans un monde de médiéval fantasy. Ce fut pour moi très agréable à lire.
Au début, j'ai un peu buté sur certaines descriptions que je trouvais denses sans que ce soit indispensable (le château des Velt avec le détail de toute l'architecture et toutes les décorations...). Par contre, ce n'était qu'au début, la suite m'a paru plus avare de descriptions (parce que je m'y habituais ou parce qu'il en y avait effectivement moins ? Je n'ai pas étudié la question.)
Ce qui m'a le plus gêné finalement, ce sont les redites. Le narrateur, Ixen, ressent le besoin constant de répéter, entre autres, que « sa nature draconique lui permet de disposer de telle compétence, mais qu'il doit rester discret, parce que personne ne doit savoir... » Au bout de quelques millénaires, le dragon immortel radote un peu. ;)
Ce ne sont pas les personnages.
Je les ai trouvés dans l'ensemble bien caractérisés et très attachants. Je pense que ça s'est vu : Erich est mon chouchou. Comme absolument toutes les créatures magiques de ce livre, j'ai ressenti l'irrépressible et inexplicable besoin de le protéger des vilains de ce monde. Erich n'a pas de chance, mais alors qu'est-ce qu'il est soutenu ! Et je comprends : il est attendrissant avec sa maladresse pétrie de noblesse.
Erich est aussi chou qu'Ixen est détestable. Mais c'est une bonne chose. J'ai coutume de dire qu'il vaut mieux la détestation que l'indifférence et, pour le coup, Ixen ne m'a vraiment pas laissé indifférent. Je suppose que ça fait de lui un bon personnage ? (malgré son manque évident de logique et sa « sagesse » à deux vitesses). Nous sommes à la première personne et il apparaît logiquement qu'entre l'opinion qu'Ixen se fait de lui-même et la réalité, il y a un gouffre. C'est intéressant, du coup !
Sur les autres personnages masculins, je ne vais pas m'étendre. J'ai bien aimé Ahédan, Rian était caricatural au possible (mais rien qui ne soit involontaire, je pense)... C'était peut-être les relations entre les personnages qui me semblaient parfois un peu superficielles, mais noyées dans le reste du récit, ce n'était pas gênant.
Par contre, s'il y a sans doute un point améliorable, ce sont les personnages féminins. Elles sont peu nombreuses, souvent en arrière-plan. Il s'agit soit « d'une princesse capricieuse », soit d'une servante. Je m'en fiche que les filles soient rares dans une histoire de royauté où le contexte les relègue aux cuisines (hey ! J'y peux rien si vous aimez l'aristocratie médiévale, aussi xD), par contre le peu qu'elles sont mériterait probablement une personnalité moins caricaturale.
Ce n'est pas l'univers.
On est dans un monde de fantasy classique régi par des monarchies, les royaumes se font la guerre, il y a des créatures magiques, des intrigues de cour... Rien de révolutionnaire. Mais ça fonctionne ! Le world building n'était pas forcément toujours très habile (je me souviens d'un paragraphe aux allures de cours magistraux pour nous introduire la géopolitique avant la première ellipse, ce n'était pas forcément ce qu'il y avait de plus digeste). D'autres fois, certains éléments sur le fonctionnement de la magie me semblaient tomber un peu quand ça arrangeait l'intrigue. On pardonne parce que dans la frénésie des aventures, on arrive à s'adapter et à accepter malgré tout.
Notons la présence de magnifiques dessins entre les chapitres pour illustrer ce monde et les personnages !
Ce n'est même pas l'intrigue !
Je trouve que les idées étaient bonnes, qu'il y avait de l'imagination pour les péripéties. Ça m'a un peu gêné que l'histoire soit structurée en épisodes plutôt qu'en intrigue qui monte en puissance et où les fils finissent par se raccorder. Certes, il y a un fil rouge, mais la plupart des évènements surviennent et se résolvent aussitôt sans que les conséquences soient particulièrement marquantes.
Une fois que je m'étais mis dans le mind-set de « c'est comme regarder une série (ou un dessin animé, plutôt) » J'ai accepté de me laisser porter par l'histoire.
En fait, l'intrigue si on la résume en synopsis, je pense très franchement que tout se tient. En tout cas, que tout peut se tenir. Tout est dans le « peut ».
J'ai l'impression que tu avais l'intention de construire un magnifique château. Tu as rassemblé les meilleures pierres, bien taillées, polies, sans éraflures. Tu as choisi la plus belle colline pour t'installer, au sein d'une forêt verdoyante et d'une vallée fleurie... Hélas, le jour de la construction, l'architecte était bourré et le maçon s'est planté dans la recette du mortier. Du coup, on a un beau château, mais faut pas regarder de trop près sinon on verra qu'il penche à droite.
Mon problème avec cette histoire, c'est que j'ai voulu regarder de trop près. J'ai essayé de comprendre, j'ai essayé de réfléchir à la logique. Et je n'aurais pas dû. J'aurais simplement dû accepter ce qu'il passait avec les curseurs de la suspension d'incrédulité poussés à fond. Et j'aurais sans doute passé un excellent moment ainsi.
Malheureusement, je n'ai pas réussi à passer outre les transitions bizarres, les incohérences, les plot holes ou les décisions irrationnelles des personnages.
Histoire de ne pas balancer cela dans le vide, j'ai retracé mon expérience de lecture en détaillant les moments « Waouh ! Trop cool ! » et les moments « Hein ? Quoi ? Pardon ? » Du moins, si cela t'intéresse de savoir ce qui a fonctionné et ce qui a moins fonctionné sur moi.
Je ne le mets pas directement sur Wattpad parce que : c'est EXTRÊMEMENT spoilant (vraiment, ne lisez que si vous avez déjà lu l'histoire), c'est très long, et on plonge vraiment dans le détail. Donc je préfère ajouter cette partie en annexe (optionnelle).
[SPOILER] Lien pour l'annexe en commentaire [/SPOILER] >>>
C'est évident, mais je le redis quand même : ce n'est absolument pas une injonction à effectuer des changements. Si tu as voulu l'histoire comme elle est, je n'ai aucun problème avec ça. D'autant que je relativise tout ce qui relève des ressorts narratifs bancals dans la fantasy YA étant donné le succès que ça trouve auprès du public (coucou ACOTAR)... Peut-être qu'un lecteur plus acceptant ne remarquera même pas des choses qui m'ont — moi — sorti de l'histoire.
Conclusion :
C'est compliqué, parce que cette lecture a été un véritable tour de montagnes russes. Il y a eu des moments où j'étais pleinement dedans. Il y a vraiment une imagination fantastique pour porter cette aventure palpitante. On va d'émotions en surprises. J'ai adoré Erich, j'ai détesté Ixen. Leur complicité m'a beaucoup plu. Le pitch m'a plu. Le reste m'a plu. Mais certaines incohérences ou choix dans l'intrigue m'ont aussi sorti de cette lecture.
J'ai parlé de ma frustration, et en effet, j'ai la sensation (ou l'espoir) que le roman n'a pas atteint son plein potentiel, qu'il pourrait largement gagner en profondeur et prendre son envol, si les éléments futiles étaient évincés au profit d'un développement des péripéties majeures et de meilleurs liants dans l'intrigue.
À qui je conseille ce livre ?
Encore une fois aux amateurices de fantasy YA ? (Promis, la prochaine chronique ne sera pas sur un roman de fantasy YA !) Pour moi, c'était un peu léger, mais l'émotion était au rendez-vous, l'accroche était efficace. Donc si vous êtes capable de fermer les yeux sur les petites incongruités de l'intrigue et de vous laisser porter : cette histoire est faite pour vous !
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