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📚 Au-delà de l'encre

Monsieur Loyal tira une moue écœurée en arrivant dans les locaux du Watt Club.

— Mais qu'est-ce que c'est que cette odeur ?

— De la fleur d'oranger.

— Mais enfin, pourquoi ?

Le technicien de surface haussa les épaules.

— Qu'est-ce que j'en sais, m'sieur ? C'pas moi qui choisis les parfums des produits ménagers...

— Des produits ména... Non, stop ! Arrêtez ce massacre ! Vous allez enlever toute la crasse !

— Ben, c'est le b...

Une table volante interrompit la phrase du technicien, ainsi qu'un coup d'échasse et un seau de mousse parfumée à l'orange renversé. En un clin d'œil, le Watt Club retrouva la familiarité du chaos et de l'infect.



elenwe

Avancement de lecture : Terminée !

Avertissements : Violence, sexe, prostitution, usage de drogues, langage cru et grossier.

Les spoilers seront annoncés par une balise.

Laissez tomber les peluches licornes, aujourd'hui, nous pénétrons le royaume du stupre, du crasseux, du poisseux et du sombre. Aujourd'hui, je vais vous parler de Au-delà de l'encre.

Je rassure quand même les lecteurs que les TW ci-dessus effraieraient : le récit reste abordable pour les personnes majeures (il n'enfreint aucune règle de Wattpad), il ne tombe pas dans l'horreur gratuite ou les descriptions graphiques au-delà du nécessaire.

Résumé : La Zone n'est pas vraiment une destination de vacances idéale. Au sein de ce microcosme calfeutré et laissé pour compte, règne la loi du plus fort. Et celle des clans. Promis chacun à des destins peu enviables, Kale et Tom tâchent de survivre. L'un en tant qu'assassin, l'autre comme dealeur de drogue. Leur rencontre apportera-t-elle un peu d'espoir au cœur de ce monde sans pitié ?

J'ai bien aimé cette lecture. Voilà, c'est posé d'emblée. J'ai passé un bon moment à suivre les aventures de Kale et Tom, et nonobstant la qualité de livre ou ses défauts, je pense que c'est pas mal de rappeler que le plaisir personnel compte.

La forme

L'histoire fonctionne sur une alternance de point de vue à la première personne, mais là où c'est intéressant, c'est qu'on suit deux personnages analphabètes et dont la culture se cantonne à la violence et à la survie.

Comment traduire ça dans l'écriture ?

Tout un challenge. Elenwe a donc opté pour une narration très prosaïque et... je suis partagé. Car j'en comprends totalement la raison (c'est sûr que Kale et Tom ne vont pas parler comme Cyrano de Bergerac) mais ça a parfois rendu ma lecture compliquée.

J'ai noté de belles tournures (« J'ai une envie folle de courage en poudre ») et une efficacité certaine dans les dialogues :

Le ton sans pincette et direct nous immerge avec brio dans un univers sans concession.

Mais le rythme « sujet-verbe-complément » m'a paru lassant à la longue. Est-ce que tu lis ce que tu écris à voix haute ? J'ai remarqué que ça pouvait vraiment aider à prendre conscience de l'importance du rythme, de la métrique, de la musicalité, de la variation des tournures ; d'autant plus dans le cadre d'une narration très orale. Je prends l'exemple du rap : on peut employer un registre très familier, pas forcément riche lexicalement, et avoir un rendu qui claque grâce au rythme des phrases. Je dis pas que Au-delà de l'encre doit se transformer en prose poétique, mais peut-être qu'explorer d'autres paramètres pourrait casser cette impression de monotonie.

Je pense aussi que l'écriture peut gagner en spécificité : on est plongé dans un monde de clans qui se tapent sur la gueule, c'est la Zone, la merde à chaque coin de rue... Pourquoi ne pas carrément opter pour un registre argotique ? Peut-être pas au point de Burgess avec Orange Mécanique, mais ça peut être une source d'inspiration. Damasio aussi fait un peu ça dans la Zone du Dehors ou les Furtifs (et il y a sûrement pleins d'autres exemples d'œuvres qui arrivent à faire des merveilles avec du parler familier, n'hésitez pas à les partager). Personnellement, j'aime bien le site dictionnairedelazone.fr pour chercher de l'argot.

Je vais aussi faire la même remarque que pour Alter Ego, qui utilisait aussi une alternance de points de vue : il est dommage que les voix de Tom et de Kale ne se distinguent pas l'une de l'autre. Tu me retires les noms, je ne sais plus qui est « je ». Ça peut être intéressant de leur donner des tics de langage ou des manies. On l'a un peu avec Kale qui tend vers la maniaquerie et la paranoïa, là où Tom est plus intrépide, mais je pense qu'il y a moyen de renforcer ça par le biais de l'écriture.

Il y avait parfois des constructions de phrases un peu lourdes (j'ai vu des cascades de relatives, mais j'ai pas pensé à relever) ou des passages qui manquent en fluidité à cause d'un trop explicatif.

On retrouvait ça aussi dans certains combats (avec beaucoup de mentions « anatomiques ») :

On n'a pas besoin de tout savoir, notre imagination de lecteur peut combler les trous. Je sais qu'il y aura toujours un lecteur chiant (moi le premier) pour dire « mais enfin, tu n'as pas dit que ton personnage s'est relevé, comment peut-il donc attraper le pot de confiture en haut de l'étagère ! » Certes. Mais justement, je pense que la sur-description, c'est s'enfermer dans l'impératif de TOUT dire, alors que si tu t'embêtes pas à décrire avec détails comment il s'est assis, l'action de se relever peut-être supposée. (Mon exemple est complètement brumeux xD je suis désolé).

J'arrête la torture (ouf). N'oublie pas que je pinaille BEAUCOUP (trop). Dans l'ensemble, ça reste très fluide et très prenant. Il y a des scènes qui ont su m'embarquer, justement grâce à ce style simple. Donc ce n'est pas à bannir (juste à temporiser).

Passons maintenant à des remarques plus cools :

Dallas, ton univers impitoyable

Ce qui ressort de Au-delà de l'encre, c'est une ambiance. Froide, malsaine, sordide, et qui prend aux tripes.

Je vais refaire une comparaison avec Alter Ego : l'autrice avait opté pour un environnement très chaleureux, mignon et accueillant pour jouer sur le contraste avec la souffrance intérieure des personnages. Là, Elenwe fait l'inverse : un monde abominable pour qu'émergent de la fange une pureté et une innocence touchantes entre Kale et Tom. Et, à mon sens, ça fonctionnait nickel.

J'ai adoré les particularités, les détails qui fabriquaient la Zone.

Il y a un tout un truc autour des tatouages qui marquent l'appartenance à un clan. Après, ça me fait poser des questions cons : autant je comprends que la plupart des clans aient besoin de pouvoir afficher leur identité, autant pour les Rédempteurs qui doivent sans arrêt agir sous couverture et risquent gros à être découvert, je me dis qu'ils auraient pu se passer de tatouages. Quant à Kale : son intérêt à se recouvrir des tatouages des autres clans m'a paru assez moindre par rapport au risque encouru, mais soit x)

En tout cas, le fait qu'ils ne soient visibles qu'à la lumière noire permet d'imager des ambiances fascinantes entre le bleu et le vert fluo. Sur ce point, il y aurait moyen d'améliorer quelques descriptions (les rendre moins « informatives » et plus « imagées », pourquoi pas en usant de métaphores et autres figures de style ?) afin de nous immerger davantage dans cette atmosphère originale.

J'ai en tout cas apprécié que l'ambiance se construise autour d'autres sens (comme les odeurs de fosses crématoires).

Au global, il ressort de cette histoire une impression de crasse, de souillure et de poisse retranscrite avec soin à chaque occasion. On a le sentiment qu'on veut vraiment nous montrer la lie de l'humanité et à quel point tous subissent ce système.

L'intrigue

Je l'ai trouvé bien construite. Elenwe a su tirer parti des éléments de son univers pour tisser une romance entre ses protagonistes.

Ça, c'est pour la remarque générale, maintenant, si on doit rentrer dans les détails, je suis obligé de spoiler :

🚨 ATTENTION SPOILERS 🚨

Deux choix que j'ai trouvés pertinents pour l'histoire :

1 - La romance met du temps à se construire dans un univers où le sexe est normé et sans tabou. Un paradoxe voulu et intéressant ; une manière de montrer que leurs sentiments valent plus qu'un acte physique et sans âme dans le recoin des chiottes (me regardez pas comme ça, c'est l'histoire, pas moi !)

2 - Il n'y a pas réellement de « méchant », j'entends par là quelqu'un qui profiterait du système. Peut-être le chef des Oubliés, mais comme on le cite sans qu'il soit introduit comme personnage, ça renforce l'idée que le seul vrai méchant de l'histoire, et ben, c'est ce monde pourri.

Parti pris à la fois cool... et un chouya décevant. Quand Tom a parlé du chef des Oubliés pour la première fois, j'y voyais une perche tendue, en me disant « ah, ça va être l'antagoniste ! » Et au final, cette info n'a servie qu'à pouvoir désigner la cible à Kale, laquelle meurt comme un caca pendant que la caméra était braquée ailleurs xD

Parlant de caméra (je vais faire une analogie foireuse pour qui ne connaît pas les jeux vidéo), mais j'avais une impression de jeu PS1. C'était le début de la 3D et les devs ne savaient pas encore comment gérer la caméra à la troisième personne, celle-ci avait donc tendance à s'emballer et à te montrer tout, sauf ce que tu voulais voir.

C'est un peu l'effet que m'a fait cette histoire par moments.

Des temps morts longs versus des moments pivots de l'histoire ellipsés ou passés à vitesse grand V. J'ai fait ma petite liste...

Chapitre 5 et 6 : Deux chapitres « Kale », pour moi il manque un chapitre « Tom ». Déjà pour « respecter » l'alternance, mais surtout parce qu'on a l'impression que Tom s'est téléporté dans la bagarre (d'ailleurs, je me suis demandé pourquoi Kale était intervenu dans la bagarre en question alors qu'il débutait tout juste son enquête dans le club. Par la suite, on le voit agir avec plus de discernement et de préparation). En plus, la manière d'agir très impulsive de Tom (se shooter à la coke jusqu'à blackout) ne m'a pas paru en adéquation avec son comportement plutôt prudent (certes, il est moins prudent que Kale, mais suffisamment pour connaître les limites à ne pas dépasser, sinon comment aurait-il survécu jusque-là ?). Peut-être un passage à étoffer, donc ? Surtout que c'est un moment clé de l'histoire qui bouleverse leurs deux vies.

Chapitre 7 à 12 : Pour donner la sensation de temps qui passe pendant le sevrage, sans que le lecteur ressente ce passage comme long : user d'ellipses et de flashbacks ? (comment Kale est tombé dans la drogue, comment Tom a lutté pour ne pas finir dans la prostitution... > on le dit, mais on pourrait le montrer ?). Je pense que ça permettrait de tordre la perception du temps et d'insuffler un peu de pep's à ce temps mort de l'histoire.

Chapitre 13 : Je me dis que ça aurait pu être intéressant de montrer l'intégration de Tom aux Rédempteurs au lieu d'avoir une ellipse qui le transporte directement dans son appart (d'ailleurs comment se fait-il qu'il créchait dans une coloc miteuse au début au lieu de cet appart ?). Par exemple, montrer les réticences du clan quand Tom va se faire tatouer permettrait de marquer une continuité lorsque Kale est mis sur la sellette, chapitre 24, à cause de cette intégration imposée ?

● J'ai l'impression que l'arc avec Mina n'est pas achevé, les échafaudages sont posés, mais l'intrigue est restée en chantier. Peut-être pour un tome 2 ?

Chapitre 40 : J'ai trouvé un peu dommage de ne pas avoir vu la première attaque chez les Oubliés en direct. Surtout qu'on sort de 3 chapitres tranquilles, où Kale et Tom surveillent le Hangar.

À part ça, encore deux petits trucs que j'avais notés :

● Pourquoi ne pas inventer une nouvelle drogue à la place de la cocaïne ? On est dans le tur-fu, la dystopie assumée, donc autant se lâcher, non ? Puis comme ça, pu besoin de se demander si les symptômes de sevrage au chapitre 7 sont crédibles ou pas : tu pourras faire ce que tu veux !

● La logique des Rédempteurs me fait me demander comment leur organisation peut tenir xD T'as l'impression qu'à chaque fois qu'ils envoient quelqu'un en mission, ils cherchent à tester la personne en lui laissant 0 chance de survie (genre Tom qui est envoyé chez les Justes pour tuer Mina : s'il échoue et se fait choper, non seulement ça renforce les soupçons envers Mina, mais en plus ça fait deux personnes, au lieu d'une, susceptibles de cracher le morceau). Idem quand ils passent à tabac Kale pour lui donner un avertissement, j'ai tellement eu l'impression que c'était « gratuit ». Peut-être qu'ils auraient pu énumérer ses crimes exacts pendant le simulacre de procès, parce que leurs reproches m'ont semblé très flous.

Un truc très positif pour finir (il y en a beaucoup plus que 1, je te rassure, mais je vais pas pouvoir tout relever non plus) : j'ai vraiment trouvé la tension au point dans la scène de fin (la fuite du club des Oubliés). J'étais embarqué dans ma lecture, les muscles crispés en attendant de savoir s'ils allaient s'en sortir.

🚨 FIN DES SPOILERS 🚨

Je m'excuse pour la flopée de remarques. Ça reste les impressions à chaud d'un seul lecteur (chiant) qui est potentiellement passé à côté de plein de trucs.

Conclusion :

Au-delà de l'encre fut pour moi une lecture prenante, un roman que j'ai adoré dévorer. L'ambiance est sordide, mais diablement immersive, et l'attente autour des sentiments de Kale et Tom sait nous tenir en haleine. Cela dit, j'ai plus apprécié lire l'histoire pour les missions des Rédempteurs que pour la romance.

Pour moi, il reste des voies d'amélioration sur l'écriture et sur la structure de l'intrigue. À toi de voir si tu veux reprendre cette histoire. Elle se tient bien en l'état.

Je recommande ce livre aux amateurs de dystopie, qui n'ont pas peur de se salir les bottes, et aux fans de romance MxM (même si je pense que c'est totalement optionnel pour apprécier ce livre).

Merci Elenwe de l'avoir partagé !


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