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Trigger Warning : Ce chapitre peut contenir des scènes et des sujets qui peuvent être difficile à lire pour certains d'entre vous. Faites bien attention pendant votre lecture.
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Je n'eus pas d'appel de l'hôpital pendant plus de dix jours.
Et je me sentis déprimé tout ce temps.
La colère était revenue mais elle avait été remplacée par les regrets et la déprime.
J'avais cru réussir mon coup, avoir réussi à cerner Min Yoongi, mais il n'en était rien.
Il était imprévisible, inaccessible, comme de l'air. Et j'avais encore mal interprété les signes.
J'avais merdé, à nouveau.
Ça en devenait pénible d'être moi.
Je m'étais encore beaucoup trop investi émotionnellement dans une situation qui ne le méritait pas.
C'était donc ça, le choix de Yoongi hyung ?
Alors c'était ça mon éternel calvaire, de ne jamais, au grand jamais, être choisi par lui ?
La bonne blague.
J'essayai tant bien que mal de reprendre le cours normal de ma vie comme si tout ça n'était pas arrivé mais c'était déjà trop tard.
Au bout de quinze jours, je parvins à sentir un léger mieux. À rire de nouveau, à sortir avec mes amis aux bars, en boîte de nuit, à me donner à fond pour les auditions, à m'entraîner jusqu'à tard le soir avec Taemin hyung, à donner mes cours de danse aux enfants.
Durant mes jours de congés, je faisais du shopping, passais au bar irlandais, appelais Yeri et Sehun et les suppliais de me ramener des fringues de chez Dior en France maintenant qu'ils s'y étaient installés. J'écoutais Bambam me raconter ses peines de cœurs, toujours les mêmes, et réussissais une fois sur quatre à joindre Taehyung à l'autre bout du monde.
Je ne leur avais rien dit et je supposais qu'il serait inutile de leur parler de mes nouvelles erreurs.
Après tout, je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même.
Ce qui était le plus frustrant, c'était que dans le fond je savais que ma proposition était sa seule porte de sortie, que ma demande de l'accueillir comme mon nouveau colocataire, de l'aider, me paraissait être la seule chose capable de le sortir du gouffre.
Est-ce que j'avais été trop arrogant ?
Derrière moi, j'avais l'expérience des crises de Tae, de son morcellement, alors je me disais qu'avec un peu de soutien, de compassion, d'empathie, d'humanité et de bienveillance, on pouvait régler certaines choses, améliorer certaines conditions.
Non ?
En tout cas, ce dimanche 15 avril avait été ce que j'appelais : un bon dimanche.
Je m'étais réveillé frais et reposé, j'avais bien dormi pour une fois. J'avais passé ma matinée à la salle de danse pour m'entraîner en vue de ma prochaine audition. J'espérais vivement être sélectionné. Puis, j'avais déjeuné avec Kai et Teamin hyung comme à notre habitude avant de rentrer me faire couler un bain pour barboter comme un gamin dedans. Et c'était en pyjama que je m'étais calé devant une série, emmitouflé dans mon plaid molletonné bleu marine, avec l'intention d'y rester jusqu'au soir.
Mais j'avais à peine eu le temps d'allumer le premier épisode de mon anime My Hero Academia que mon téléphone sonna.
Ma douce, tranquille et agréable journée se brisa dès l'instant où je reconnus le numéro de téléphone de l'hôpital.
Je décrochai à la dernière seconde.
« Bonjour Mr Park, le patient de la chambre 3582 souhaiterait vous joindre, je vous le passe. »
Mon souffle se coupa alors que le téléphone changeait de main.
« Park. »
Sa voix, son intonation, le frisson qui me prit à son écoute me donna le sentiment que mon dimanche peinard venait de basculer.
Mes émotions, mes angoisses, mes intentions, mes colères, mes regrets, étaient sans cesse balayés et secoués par cette personne au ton de voix si caractéristique.
Le silence s'éternisait et il m'angoissait tout comme avant.
Au diable le nouveau Jimin, j'étais toujours le même, suspendu à ses lèvres, marchant sur un fil dangereux où tout pouvait basculer dans la seconde.
Puis, enfin, sa voix reprit :
« Entendu. Passons ce deal. »
Et il raccrocha aussi sec.
Il avait prononcé ses mots du bout des lèvres comme si ça lui coûtait de les dire.
Mais moi, ça m'avait coûté tout ce que j'avais.
Même plus que mon cœur.
Alors pourquoi je me mettais à sourire comme ça ?
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Je fixais la psychologue, un peu anxieux.
Elle avait absolument tenu à me rencontrer avant que je ne vienne chercher Yoongi pour sa sortie. Voilà une semaine que le deal était passé et aujourd'hui était le grand jour.
Ou le pire jour de ma vie.
Je ne savais pas lequel je devais choisir.
Assise en face de moi en blouse blanche, devant un petit bureau plutôt lumineux et agréable parsemé de plantes, la femme était assez jeune, une trentaine d'années tout au plus, et portait un sourire bienveillant. Malgré tout, je ne me sentais pas à l'aise dans ce face à face.
Comme si j'avais quelque chose à cacher, ou peur qu'elle puisse lire en moi.
C'était stupide de penser ainsi.
— Je souhaitais pouvoir vous rencontrer pour échanger sur la situation actuelle, je ne suis pas du tout opposée à ce que Mr Min sorte de l'hôpital pour aller vivre à votre domicile.
Je fus surpris par ses mots, ce qui augmenta son sourire.
— Vous pensiez que j'aurais été contre ?
— Oui... Tout le monde n'a pas arrêté de me dire que ce n'était pas une bonne idée, balbutiai-je.
Et encore, je ne faisais référence qu'à l'équipe de soignants du secteur où se trouvait la chambre de mon aîné. Je n'en avais parlé à personne d'autre, ni à Tae, ni même au reste de mes amis. Comme un lâche, j'avais agi dans le secret le plus total, incapable de supporter leur réaction que je supposais déjà mauvaise et virulente.
Je savais que personne ne comprendrait, parce que moi-même je ne me comprenais pas.
Mais je me doutais que tout le monde me trouverait faible, stupide et clairement masochiste de proposer à mon ex-amant, qui m'avait passablement bien détruit il y a quatre ans, de venir vivre chez moi. Je savais que mes amis supposeraient qu'il m'avait manipulé pour ça et que d'autres rouleraient des yeux en me rappelant que je devais toujours avoir des sentiments pour lui pour faire une connerie pareille.
Mais ce n'était ni l'un ni l'autre.
C'était autre chose, je n'arrivais pas à l'expliquer.
Yoongi hyung ne semblait pas du tout s'attendre à ma proposition et je n'avais plus de sentiments pour lui. À l'époque j'avais cru que je l'aimais, mais aujourd'hui, quatre ans plus tard, avec le recul et la maturité acquise, je me rendais compte que j'en étais loin du compte. Il m'était toujours difficile de savoir ce qu'était le véritable amour mais j'avais conscience que ce que j'avais éprouvé n'en était pas. Ça s'apparentait plus ou moins à une obsession malsaine et instable poussée par ma vision subjective de l'autre dans le but d'être aimé et désiré, peu importe la manière.
Néanmoins, tout ce qu'il restait de cette époque était mon empathie dont je n'arrivais pas à me défaire et la supposition que je pouvais l'aider.
Que je devais le faire.
C'était mon seul désir et ce, même si je ne maîtrisais pas l'entièreté de la situation.
— Il ne s'agit pas de savoir si c'est une bonne ou une mauvaise idée, reprit-elle, mais d'en comprendre les complications pour vous. Il est parfois très difficile d'être un aidant.
— Je sais que ça sera compliqué... éludai-je.
Je ne préférais pas trop y penser, pour l'instant.
— Je voulais vous voir aujourd'hui pour partager avec vous des éléments nécessaires pour comprendre et vivre avec Mr Min. Qu'est-ce que vous savez de sa maladie ? Est-ce que vous souhaitez que je vous explique certaines choses ?
— Je sais qu'il est maniaco-dépressif, admis-je, mais je ne pense savoir tout ce que ça veut dire.
Je trouvais ce terme effrayant.
Elle acquiesça avant de recroiser les jambes :
— Mr Min souffre d'une maladie psychologique qui a deux aspects. Le premier est une dépression sévère. Il a une vision extrêmement péjorative de lui-même, vit une très profonde tristesse et un mal-être qui lui est impossible à gérer. À ses yeux, sa vie est dénuée d'intérêt et de plaisir, elle est insupportable, il doit donc se faire du mal pour pouvoir la terminer. Le deuxième aspect est le côté maniaque de la pathologie. Dans cette phase-là Mr Min se sent trop exalté, trop valorisé à l'extrême, il est hyperactif, dans une recherche constante et extrême d'activité et de vie. Le problème c'est que cet aspect est trop intense. Il cherche donc un moyen de vivre avec et c'est par les substances qu'il le fait. Cet aspect maniaque entraîne beaucoup d'agressivité chez lui. L'image que je peux vous donner est celle d'un funambule sur une corde. Le funambule chancelle toujours, d'un côté et de l'autre de la corde. Mr Min a tendance à être beaucoup plus mélancolique que maniaque. Il y a ce côté d'un balancement certain entre la vie et la mort et il met donc continuellement sa vie en jeu.
J'acquiesçai en clignant des yeux.
— Il y a un mouvement en deux temps deux mesures si vous voulez, et il fonctionne ainsi sur cette ambivalence. Il peut passer de l'un à l'autre sans rien contrôler, le temps n'a pas de prise sur les différentes phases. Il passe des moments de sidération, de prostration et d'état de « déchet » comme il l'appelle et des moments où il est un peu plus dans la vie mais sans limites sur un versant agressif avec des conduites à risques. C'est un cycle, ça alterne entre les deux phases. Mr Min a donc souvent des périodes de crises, d'auto-agressivité et être dans sa sphère sociale peut s'avérer compliqué. Il rejette les autres même s'il en a besoin.
— Ça, j'avais remarqué... soufflai-je.
— Il ne peut pas supporter les autres car il est déjà difficile pour lui de se supporter lui-même.
Elle sembla hésiter avant de demander :
— Auparavant, il a avoué supporter mieux cette pathologie, mais ces dernières années, altérées par les drogues, les choses ont nettement empirées. Vous connaissez un peu sa vie, son enfance, sa famille, je présume ?
— Oui, mentis-je effrontément, je le connais depuis quelques années, je sais tout ça sur son histoire de vie personnelle... Mais il n'en parle pas beaucoup, je suis surpris qu'il soit ouvert avec vous.
Je ne voulais pas mentir mais je craignais qu'en disant la vérité sur mes véritables notions concernant la vie de Yoongi hyung et mon ancienne relation avec lui, cette autorisation de sortie soit rompue, nous ramenant au point de départ.
— Il s'exprime peu en ma présence mais suffisamment. À force de le voir passer dans le service j'ai appris à le cerner, c'est mon travail après tout.
Elle reprit doucement :
— Cette maladie a des origines de son enfance, puisque, comme vous le savez, son père s'est pendu et c'est lui qui l'a trouvé.
J'eus le réflexe de contrôler mon expression de surprise et de choc et elle continua :
— Entre la mort de son petit frère fauché par une voiture et sa mère paranoïaque, sa pathologie s'est déclenchée à l'âge adulte comme, peut-être, la seule réponse qu'il a trouvée pour faire face aux violences que la vie lui a infligé.
Elle décroisa les bras avant de prendre une expression plus sérieuse :
— Nous allons adapter le traitement, on devrait pouvoir stabiliser ses grands moments de mélancolie majeure et les aspects maniaques. La prise régulière du traitement est indispensable. Ça n'empêche qu'il essayera de se faire du mal d'une manière ou d'une autre, vous devez faire attention.
— Qu'est-ce que je dois faire dans ce genre de moment ? m'inquiétai-je.
— Ne surtout pas le brusquer mais le rassurer. Parlez-lui, rassurez-le. Essayez de détourner son attention, de trouver des choses autour de vous qui pourraient l'apaiser. Quand le traitement sera adapté, et avec la thérapie que je vais lui proposer, on parviendra à le stabiliser, j'en suis certaine. De cette manière il pourra se raccrocher aux choses de la vie quotidienne.
— Vous croyez ? supposai-je, plutôt incertain. Ça n'a pas l'air d'avoir beaucoup marché jusque-là...
— En effet, admit-elle doucement, mais jusque-là personne ne l'avait pris en charge.
Je fronçai soudainement les sourcils :
— Quelqu'un l'a fait avant, s'occuper de lui, s'occuper de sa vie pour le remettre sur les rails...
Hoseok.
Mais elle me fixa en secouant doucement la tête :
— Non, personne. Vivre avec vous va être une expérience pour vous comme pour lui, je ne dis pas que ça marchera mais je veux croire en l'idée que coupler des traitements médicamenteux, psycho-thérapeutiques et une présence bienveillante, soutenante à ses côtés, aura son effet.
Je l'espérais aussi, même si j'avais un affreux doute.
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Min Yoongi se tenait dans mon appartement.
Il se trouvait là, au milieu de mes meubles, de mes plantes, de mes photos de polaroïd accrochées partout, de ma déco colorée que j'avais, en partie, piquée à Sehun et Yeri quand ils avaient déménagé pour l'Allemagne il y avait presque quatre ans de cela.
Il se tenait au milieu de toute ma vie.
Il me fixait sans aucune émotion, semblant complètement abruti par les médicaments. On aurait dit une poupée sans vie.
— Fixons les règles de colocation, l'apostrophai-je en l'invitant à s'asseoir.
En sortant de l'hôpital, dans le taxi, il ne m'avait pas adressé un mot, rien.
Parmi ses affaires personnelles, il y avait quelques vêtements mal entretenus, un téléphone en état de fonctionnement malgré un écran éclaté, un peu de liquide, des clopes et surtout cette fameuse boîte noire que je n'avais jamais osé ouvrir.
Yoongi s'assit sur le canapé, il était amaigri, le teint cireux, les cernes gigantesques, flottant dans ses vêtements larges. Il faisait peine à voir.
— Ta chambre est en face de la mienne, il y a déjà un lit, un matelas, des draps et un petit meuble laissé par mon ancien colocataire.
Il n'eut pas la moindre réaction et je me demandai presque s'il comprenait ce que je lui disais.
— Tu dois voir ta psy deux fois par semaine et prendre ton traitement, entièrement, trois fois par jour. Ça fait partie du deal pour cette sortie. C'est l'hôpital qui enverra un taxi pour te rendre à tes rendez-vous avec la psychologue et le psychiatre. Si tu comptes te barrer sache que je serai obligé de faire un signalement aux flics.
Son regard se détourna comme s'il avait décroché et je me raclai encore la gorge :
— Tu as de l'argent sur toi ? Sur un compte ?
Il me fixa avant de fouiller dans son vieux sac à dos puis me tendit sa carte de crédit.
— Sers-toi.
Je levai les sourcils de stupéfaction :
— Tu veux que je prenne de l'argent sur ton compte ?
Il haussa seulement les épaules sans m'accorder réellement d'attention.
Je ne savais pas qui était cette personne mais ce n'était pas lui.
— Pour le premier mois, le loyer est déjà payé par mon ancien colocataire.
Et j'ajoutai doucement :
— On reverra d'ici un mois comment les choses se passent. Repose-toi et mange d'abord...
On aurait dit qu'il allait s'écrouler d'une minute à l'autre.
Je le vis sortir son paquet de clopes.
— Tu vas fumer dans le salon ?
Il se figea, le briquet dans ses mains :
— On ne m'a pas interdit de fumer...
Son ton était plat et rauque alors je répondis distraitement :
— Non c'est vrai, mais ouvre les fenêtres.
Il se leva docilement et je le fixai intensément. Les paroles de la psychologue me revenaient et mon empathie empira encore.
Le Min Yoongi que j'avais connu semblait mort en cet instant.
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Les premières semaines furent étranges.
Et encore le mot était faible.
D'abord, Yoongi hyung dormait énormément.
Il ne prenait pas loin d'une quinzaine de médicaments par jour, toujours devant moi pour que je vérifie qu'il avale bien les pilules. Ce traitement surchargé l'abrutissait complètement.
Il était stone. Je me faisais souvent cette réflexion.
Il était complètement shooté, du coup il ne percutait rien, ne parlait presque pas, mangeait à peine et il dormait.
Tout le temps.
La psychologue que j'avais parfois au téléphone disait que c'était « normal » :
« Nous allons réadapter le traitement et les doses mais vous savez, dormir peut être un moyen de défense pour lui. Ça le coupe de la réalité qu'il ne supporte pas, ça le met à distance avec ce qui l'effraie. »
Je supposais qu'elle devait avoir raison.
Vu qu'il était abruti par les médicaments, il semblait être quelqu'un d'autre, peu ressemblant avec le Yoongi hyung que j'avais connu, pas que ce dernier me manquait. Mais à mes yeux, vivre de cette manière n'était pas une vie. Et en soit, ce n'était pas très différent de ses consommations de drogues. C'était passer d'une addiction à une autre.
Mais en même temps, dans cet état-là, je parvenais à vivre ma vie quotidienne quasi normalement. Je me levais pour aller au travail, j'allais aussi m'entraîner en attendant de nouvelles auditions. J'avais l'impression d'avoir un colocataire mais il s'agissait plutôt de la belle au bois dormant à mon humble avis.
Bref, rien ne changeait vraiment à part cette poisseuse inquiétude qui me collait aux basques jour après jour, celle qui me faisait craindre qu'il lui arrive quelque chose.
Néanmoins, je me mis à m'inquiéter davantage lorsqu'au bout d'un mois, le médecin commença à diminuer les doses. Certes, Yoongi hyung allait peut-être enfin sortir de cet état vaseux de légume, mais quelles seraient les conséquences de tout ça ?
Qu'allait-il se passer quand il ne dormirait plus ? Quand il n'y aurait plus rien pour l'assommer ?
Pour l'instant il y avait peu d'effets sur lui et je supposais, naïvement, qu'il tolérait plutôt bien les choses.
J'avais dit à Teamin hyung que j'avais un nouveau colocataire. Il n'avait pas posé de question et je me demandais s'il avait fait le lien avec notre discussion dans le taxi. En tout cas, l'excuse avait été valable pour tout le monde mais j'évitais soigneusement que quiconque débarque chez moi.
Car une partie de moi avait honte.
Je savais que personne ne serait de mon côté. Je savais que personne n'appréciait Yoongi pour comprendre mes raisons. Et puis aussi, parfois je craignais qu'en entendant mes amis me donner leur avis, je me mette à regretter davantage ma décision.
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Ce soir-là, je sortais.
Nous cohabitions depuis quasiment deux mois et ce soir, je n'avais pas d'excuse à trouver à mes amis pour ne pas les rejoindre au bar. Et puis j'avais envie de sortir. Vraiment envie.
J'avais longuement hésité à prendre cette décision, néanmoins je me fiais à mes observations actuelles. Notre cohabitation était silencieuse, comme deux inconnus vivant dans le même logement. Nous n'avions quasiment aucune conversation.
C'était le calme plat.
Du coup, je l'avais prévenu il y a deux jours que j'allais partir en soirée et que j'allais rentrer assez tard, il ne m'avait rien répondu.
Seulement, dix minutes avant de quitter l'appartement, je me mis à craindre que pendant mon absence Yoongi s'en aille et qu'il ne revienne pas.
Comme si c'était un chat errant...
Certes, il n'avait pas mis un pied en dehors de l'appartement depuis son arrivée, ni même pour faire les courses ni quoi que ce soit, mais quand même. Là encore, la psy m'avait dit que c'était normal.
Normal, mon cul oui...
Est-ce que c'était vraiment une bonne idée de sortir ?
Je ne savais pas du tout quel comportement adopter vis-à-vis de lui.
Je finissais de m'habiller et de me coiffer en choisissant soigneusement le parfum que j'allais mettre quand Yoongi émergea de sa chambre en s'étirant.
Il mangeait peu mais il avait repris un peu de poids quand même.
Je sentis son regard sur moi mais il ne s'arrêta pas et continua sa route, semblant chercher de quoi grignoter dans le frigo.
Je finis de me préparer avant d'arriver dans la pièce principale.
— Ne laisse pas ta clef sur la porte en refermant derrière moi, pour que je puisse rentrer demain matin, lui précisai-je.
— Tu vas où ? demanda-t-il sans me regarder en buvant le lait à la brique directement.
Je détestais quand il faisait ça...
— Je te l'ai dit, je sors avec la bande. On risque d'aller en boîte, j'essayerai de ne pas rentrer tard.
Je fis volte-face jusqu'à la porte pour mettre mes chaussures, mais tandis que j'avais déjà enfilé l'une d'elle je l'entendis dire depuis le salon :
— Ta télé ne fonctionne pas...
Je lâchai un soupir bruyant en regardant l'heure avant de revenir. En effet, elle grésillait complètement.
J'eus un coup de flippe avant de lui prendre rapidement la télécommande des mains. En rappuyant sur quelques touches les chaînes réapparurent et je lui offris un coup d'œil désagréable.
Sérieusement, il ne savait pas se servir d'une télécommande ?
Je repartis mettre ma dernière chaussure mais je l'entendis se plaindre d'une voix morne :
— T'as pas racheté de café.
— J'en rachèterai la semaine prochaine.
Une fois debout, mes chaussures lacées, je l'entendis approcher de sa démarche traînante digne d'une personne âgée :
— On est quel jour ?
— Vendredi.
Je pris ma veste en cuir puis mes clefs mais en passant le seuil de la porte je vis qu'il me fixait. Nos regards se croisèrent et je tiquai.
Il avait sa mine affable habituelle, ses yeux mornes et son attitude complètement indifférente.
Pourtant...
— Est-ce que ça va aller ? m'enquis-je d'une petite voix.
Il haussa seulement les épaules de manière nonchalante et je pris ça pour une affirmation positive. Je pivotai, descendant l'escalier en entendant la porte se refermer derrière moi et chassai l'inquiétude de mon esprit.
En arrivant au bar plusieurs dizaines de minutes plus tard, je m'aperçus que toute la bande s'était réunie et m'installai entre Joshua et Ten, non sans me sentir mal à l'aise.
Je n'avais pas revu mon dongsaeng depuis ma cuite lamentable où je l'avais « sauvagement » embrassé, selon les dires de Kai. J'espérais vivement que Ten avait bu lui aussi, et qu'il ne se souvenait pas de cette soirée.
— Gros cul, ce pantalon est oufissime sur toi ! scanda Kai en déposant un pichet de bière sur la table.
— Qui dit encore le mot « oufissime » ? le toisa Momo d'un air moqueur.
— Les gens brillants avec un maximum de vocabulaire, figure-toi.
— Je crois que tu voulais dire « qui n'ont pas un maximum de vocabulaire », rectifia-t-elle avec un sourire taquin.
Je les entendis se chamailler alors que je me servais un verre et Ten engagea la conversation le plus naturellement du monde, me rassurant grandement par rapport aux événements précédents.
Ça s'annonçait être une bonne soirée.
J'étais heureux de tous les retrouver. Avec les années, notre trio entre Teamin hyung, Kai et moi-même s'était agrandi. Étaient venus s'ajouter nos dongsaeng des années inférieures, Momo et SoWon pour les filles puis Ten, Wonwu et Joshua pour les garçons. Jenny venait fraîchement d'arriver depuis qu'elle sortait avec Kai.
Je bus deux autres bières avant de commencer une partie de billard. On fit un Pierre-feuille-ciseaux pour choisir les équipes et j'eus le malheur de me retrouver avec Kai.
Il était incroyablement mauvais au billard même s'il se pensait champion du monde.
On passa autant de temps à se chamailler qu'à jouer, mon partenaire de jeu étant aussi mauvais joueur que ne l'était Momo et ces deux-là ne cessaient de chipoter sur des détails insignifiants.
Néanmoins, son hyperactivité me faisait toujours autant rire et il arrivait, rien qu'en sortant des trucs stupides, à générer une ambiance amusante et pleine de bonne humeur dans la bande.
— Hey, m'apostropha Jenny en arrivant assez tard après son boulot et en s'asseyant près de moi sur la banquette, tu n'es pas venu avec ton nouveau coloc' ? Kai s'enjaille déjà à l'idée de faire une pendaison de crémaillère.
— Non, il ne pouvait pas, mentis-je. Il n'est pas du genre à aimer les soirées...
— Dommage, soupira-t-elle.
Puis elle se pencha en montrant Momo du pouce :
— Elle est déprimée de son célibat alors je me suis dit...
— Je ne suis pas déprimée de mon célibat ! rétorqua la japonaise.
— Je t'arrête tout de suite, la coupai-je amusé, ça n'arrivera pas.
— Rabat-joie, tu veux le garder que pour toi.
Elle me fit un clin d'œil :
— Il est canon ou bien ?
— Pas du tout.
C'était un mensonge.
— Dommage, dommage, il aurait pu bien s'amuser, on aboie mais on ne mord pas... m'enfin pour Kai je me méfie parfois.
Je me mis à rire avec elle.
— Je vous ai entendus bande de biscuits ! s'écria le dénommé.
Il embrassa Jenny passionnément en arrivant à notre hauteur.
— Trouvez-vous une chambre, ironisai-je en faisant une grimace dégoûtée.
— Tu devrais plutôt t'en trouver une avec Ten, répondit-il en me faisant un clin d'œil tout sauf discret.
Je me rembrunis, me tournant vers Jenny :
— Il mord, fais-le euthanasier, il a la rage.
Elle éclata de rire et Kai, ayant déjà bien trop bu, se mit à aboyer pour toute réponse.
— Non sinon, vous parliez de moi ?
— On ne parlait pas de toi.
— Mais enfin ! Je suis le soleil, le centre de vos vies, l'univers entier tourne autour de moi, les astres se sont alignés pour....
Sa petite amie lui donna un coup dans l'estomac pour le faire taire.
— On parlait du coloc' de Jimin, reprit-elle.
— Ah oui ! Où est-il d'ailleurs ? Tu ne l'as quand même pas abandonné dans ton appart' un vendredi soir ? s'exclama Kai. Je veux le voir moi, il pourra devenir notre ami ? Nous payer des tournées ? Être notre témoin de mariage et...
Il se reprit un nouveau coup dans l'estomac.
— Comment il s'appelle déjà ? demanda Jenny sans aucune considération pour son petit ami qui se massait le ventre douloureusement.
J'eus un frisson avant de cligner des yeux.
Je revis le regard de Yoongi hyung alors que je partais quelques heures plus tôt. Puis soudain mon cerveau s'alluma et je reposai mon verre brusquement, faisant s'interrompre le couple.
Oh bordel.
Mes yeux s'écarquillèrent.
J'avais laissé un type maniaco-dépressif, deux mois après sa tentative de suicide, tout seul, chez moi.
Comment avais-je pu minimiser autant cette histoire ?
Quel genre d'égoïste est-ce que j'étais ?
Je remis ma veste rapidement alors que Taemin hyung revenait du bar avec un nouveau pichet, mais en me voyant il fronça les sourcils :
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Il faut que je rentre !
— Quoi ? Maintenant ? Mais...
— C'est important, désolé, je t'appelle plus tard.
Je leur laissai de la monnaie pour payer les verres que j'avais bus et sortis précipitamment du pub.
Dix minutes plus tard, après un trajet en taxi, je pris les escaliers de secours pour arriver plus vite au quatrième étage sans attendre l'ascenseur et sortis rapidement mes clefs.
Mais je fis le rapide constat qu'il n'avait pas fermé derrière moi. En rentrant, j'aperçus en premier lieu une lumière clignotante, chancelante dans la pénombre. Ce détail m'alerta. Je refermai la porte doucement, avançant timidement dans le salon sombre, sans prendre la peine d'enlever mes chaussures.
La lumière vacillante venait de ma lampe à pied renversée sur le sol et mes yeux s'écarquillèrent d'effroi en apercevant l'état de l'appartement.
C'était comme si une tornade était passée par là, tout était éventré, renversé, cassé et dans un coin, loin de tout, se trouvait la silhouette recroquevillée de Yoongi hyung.
Le hoquet de stupeur qui s'échappa de ma bouche sembla l'alerter, il releva la tête et mes yeux semblèrent sortir de leurs orbites.
Il tenait une paire de ciseaux et ses avant-bras et son ventre semblaient coupés, il saignait.
Je me précipitai vers lui mais ses yeux étaient comme fous, comme hors réalité, et il rejeta mon approche dans un mouvement de corps violent et craintif.
Mes jambes tremblèrent en m'agenouillant devant lui. Il fallait que je le soigne mais ses mains bloquèrent les miennes avec force et brutalité.
Il devint agressif, sa gorge lâcha des grognements et des cris terribles, presque désespérés, mais il semblait trop faible pour se relever. Il était comme possédé et je reculai subitement, ses mouvements amples me faisaient peur alors qu'il tenait les ciseaux comme une arme.
Lorsque je fus à une certaine distance il se calma, se recroquevillant en maintenant ses cuisses contre sa poitrine, il tremblait. Je n'avais jamais vu une telle expression de souffrance sur son visage.
Il ne m'avait jamais laissé le voir comme ça, avant.
Je tressaillis à mon tour mais de culpabilité, de peur, d'angoisse, d'empathie, de volonté de faire quelque chose tout en comprenant que si j'approchais j'allais le rendre plus fou.
J'avais peur.
Il me faisait peur.
J'étais tétanisé par la situation. J'avais minimisé les choses, je l'avais fait pour ne pas me retrouver confronté par la réalité, c'était comme une manière de ne pas prendre mes responsabilités. J'avais passé ce deal avec lui, mis les pieds dans quelque chose de trop grand pour moi, que je ne maîtrisais pas.
J'avais été un optimiste naïf.
Et maintenant, tout me revenait à la gueule, violemment.
— Hyung, marmonnai-je d'une voix incertaine. Hyung, c'est moi... je... je suis désolé...
Il ne réagit pas et mes yeux parcouraient ma pièce de vie ravagée. Si crise il y avait eue, elle avait été très violente et déchaînée.
— Hyung, c'est Jimin. Je... ne suis pas resté à la soirée, je suis désolé d'être sorti... je... je n'aurais pas dû. J'aurais dû rester avec toi...
Il ne répondit pas, mais au fur et à mesure des minutes il sembla se calmer et je parvins, toujours assis sur mes talons, à grappiller quelques centimètres.
Je lui parlais, exactement comme je le faisais lors des crises de panique de Tae, j'essayais d'être doux, conciliant, bienveillant et ça marchait lentement mais sûrement.
Je finis par lui retirer les ciseaux des doigts et par lui dire que j'allais chercher ma trousse à pharmacie.
Ma maigre boite ne contenait pas grand-chose, elle était davantage remplie d'articles pour les articulations dû à ma condition de danseur mais je trouvai un désinfectant et des bandelettes stérilisées.
Je mis énormément de temps à le convaincre de me laisser lui remonter son tee-shirt et grimaçai devant les traces rouge vif sur sa peau si claire.
Yoongi hyung avait toujours eu des cicatrices sur tout le corps et jamais il n'avait voulu m'en parler. Mais à la lueur de ma lampe renversée, je me rendis compte qu'en l'espace de quatre ans, il y en avait bien davantage qu'à l'époque.
Les ciseaux étant émoussés, je me sentis soulagé d'avoir suivi les conseils de la psychologue à son arrivée et d'avoir enlevé tous les couteaux tranchants, lames de rasoirs et autres matériels coupants de l'appartement.
Tout ce qui aurait pu lui causer des dégâts abominables.
J'avais juste oublié les ciseaux.
Sa main gauche entoura mon cou, me faisant sursauter. Je pris encore peur mais il ne serra pas ma gorge, le geste paraissait agressif au départ mais il semblait plutôt possessif avant que je ne comprenne que ses doigts étaient posés sur mon pouls. Comme s'il cherchait à savoir si j'étais vivant.
Écoutait-il le battement de mon cœur affolé ?
Je l'aidai à se relever, il chancela et toujours sans un mot on marcha jusqu'à la salle de bain. J'utilisai le rebord de la baignoire pour le faire asseoir et constatai les dégâts.
Sa peau était glacée.
Je pris un gant de toilette et nettoyai ses avant-bras calmement.
Puis soudain, son corps fut parcouru par une vague de spasmes et j'accrochai ses épaules de peur de le voir basculer en arrière.
C'était le manque.
J'avais eu raison, les médicaments n'avaient fait que remplacer la drogue, mais maintenant que le psychiatre avait diminué les doses, les effets se faisaient sentir.
J'avais vraiment été un optimisme naïf. Un véritable abruti.
Pourtant Yoongi ne se plaignit pas, il ne cria pas, ne pleura pas, ne me quémanda rien.
J'avais vu des gens souffrir du manque de drogue, dans la réalité, dans les films, dans les histoires, mais son comportement m'impressionnait tout autant qu'il m'effrayait.
Comme si toute sa crise se passait à l'intérieur de lui et qu'il ne laissait rien sortir.
Je l'aidai à respirer pour se contrôler et il sembla reproduire silencieusement mes mouvements de respiration.
Je finis par terminer les pansements et le guider vers sa chambre tout aussi dévastée que le reste de l'appartement. Je me demandai dans quel état serait la mienne.
Il se coucha tout habillé, se recroquevillant d'un coup sur lui-même.
Je reposai la couverture sur lui mais il m'agrippa, me tirant sans un mot mais avec une expression presque douloureuse qui passa sur son visage.
Je capitulai, terrifié à l'idée de le laisser.
Je m'allongeai près de lui et le laissai me serrer contre lui brutalement. C'était douloureux, sa poigne me faisait mal mais je ne prononçai pas un mot car je le sentais trembler tout contre moi. Je voulus lui caresser le dos dans un geste rassurant mais ça sembla empirer son état alors je restai contre lui, les bras ballants dans une inutilité totale.
On resta ainsi un long moment, jusqu'à ce que je murmure dans le silence :
— Je suis désolé hyung, je ne vais plus te laisser tout seul tant que tu ne seras pas prêt...
Son emprise se resserra autour de mon corps sans que je ne parvienne à comprendre le message qu'il voulait me faire passer.
J'avais été tellement stupide.
*******
Jamais Yoongi hyung ne me parla de ce qu'il s'était passé.
Jamais il n'avoua, ne se laissa aller aux paroles, aux confessions.
Jamais.
Pendant trois jours il ne parla pas, pas un mot.
Il dormit d'abord, beaucoup.
Il ne mangea pas.
Il ne me força pas à dormir avec lui non plus.
Et c'est là-dessus que s'enclencha notre troisième mois de cohabitation.
Ces six derniers jours, ses médicaments avaient encore été allégés et à présent il dormait moins, beaucoup moins. Comme s'il alternait entre l'hypersomnie et les insomnies sans transition. Il devait zoner comme un fantôme dans l'appartement la nuit. Sinon pourquoi, parfois, quand je me réveillais le matin, ma porte était ouverte ?
Le second effet du changement de traitement était le retour de son caractère de connard lunatique. Ce qui était rassurant, d'une certaine manière.
De ce fait, il se montrait désagréable à présent. Le funambule avait de nouveau basculé sur la corde tendue, de la mélancolie nous étions passés à l'agressivité.
Je ne savais pas lequel des côtés était le pire.
Parce qu'il se montrait malpoli, nous nous disputions souvent.
Lui se battait avec ses remarques acerbes, violentes et froides et moi avec ma colère qui avait du mal à se réguler. Tout ça me mettait dans différentes humeurs. La stabilité de ma vie commençait à se casser la figure.
C'était la psychologue et ses coups de téléphone qui me rassurait un peu en disant qu'il y avait du « mieux » et qu'il fallait continuer ainsi.
Et c'était sûrement parce qu'on commençait à s'envoyer des vacheries à la figure que j'avais ce besoin irrépressible de quitter l'appartement et me raccrocher à ma vie quotidienne, sans lui.
Comme un mécanisme de défense.
Ce troisième mois fut donc tout bonnement abominable.
Yoongi hyung était au bord du gouffre et n'arrivait pas à se calmer mais j'essayais au mieux de l'aider tout en me protégeant moi-même.
Depuis combien de temps ?
Depuis combien de temps était-il ainsi ?
L'avait-il toujours été et je ne l'avais pas vu ?
Est-ce que trop immature, trop jeune, trop à la recherche de quelque chose, d'un amour impossible, d'une obsession malsaine, noyé dans la relation toxique que j'entretenais avec lui, je n'avais pas su voir ?
Le Yoongi hyung d'il y a quatre ans était drogué, sans cesse dans le contrôle de tout, des autres, de lui-même. Toujours fier, supérieur, à l'ego surdimensionné et à la langue de vipère acérée. Maintenant il n'était que l'ombre de ça, qu'une épave.
Une épave agressive tout de même.
Est-ce que tout ce que je n'avais pas su voir ressurgissait ?
Ou tout ce que je ne voulais pas voir ?
Je me le demandais parfois, alors que devant mon regard sidéré il se mettait dans un état de rage à s'en détruire, à s'arracher les cheveux, à se faire du mal.
La drogue palliait ça, était-ce pour cela qu'il avait commencé à en prendre ?
Les médicaments, opiacés, neuroleptiques palliaient ça.
Maintenant qu'est ce qui pouvait l'aider ?
J'avais été trop naïf.
Encore.
Comment avais-je pu comparer Tae et Yoongi hyung ? Les crises de Tae étaient dues à l'angoisse et à la panique.
Les crises de Yoongi hyung n'avaient qu'un but, vouer son corps à la destruction, se briser, s'arracher la peau, cheveux, ongles, vider son corps des milliers de souffrances qui le saisissaient.
J'étais terrorisé.
Et pourtant j'essayais de l'aider, au mieux, mais je n'y arrivais pas. Pas toujours.
Parfois je trouvais les mots, parfois non.
Et mon ego, si égoïste, si fort, si rassuré à l'idée d'avoir fait le bon choix, d'être utile, d'être un héros, se mangeait une claque.
La psychologue n'avait qu'une chose à dire.
« Si ce n'est pas gérable, refaites-le hospitaliser. »
Et moi j'entendais « et il n'en reviendra jamais ».
Il n'en était pas question.
Alors je faisais de mon mieux même si moi aussi ça me faisait souffrir de le voir ainsi.
Si je parvenais à le calmer sans lui faire prendre un cachet alors je me réjouissais de ça.
S'il détruisait l'appartement ce n'était pas grave, seulement des pertes matérielles.
Je stockais tout ce qui était important dans ma chambre car c'était le seul endroit où Yoongi n'entrait pas. Je ne comprenais pas pourquoi.
Il avait deux sortes de crises : celle destructrice où je devais me protéger de lui car il ne contrôlait pas ses gestes. Et celle où il était envahi par des idées noires à pleurer, celle qui prenait un versant plus angoissant, plus paniqué et où il s'accrochait à moi pendant des heures avant de s'écrouler.
Mais il ne lâchait toujours rien.
Jamais.
Tout était à l'intérieur de lui, voulant sortir de la seule manière qu'il pouvait : en mettant son corps en jeu, en se faisant du mal.
Je voulais le faire parler, l'aider à évacuer d'une autre manière, mais il n'aimait pas que je fasse ça.
Ça le mettait en rogne directement.
Alors j'attendais, je restais là, à tenter tout ce que je pouvais en espérant que ça se calmerait.
Après tout, Yoongi hyung ne cherchait pas à s'enfuir, pas à se barrer. Je me disais alors, que dans le fond, il devait y trouver son compte, quelque part. Où ? Je ne sais pas, mais s'il restait c'est que je devais plutôt bien me débrouiller.
Évidemment, son comportement avait un impact sur moi et ça se reflétait dans mon quotidien.
Je devais me résoudre à le quitter pour travailler et m'entraîner et c'était toujours inquiétant. Mais ses crises venaient surtout la nuit, le soir, à la tombée du jour.
La journée, il dormait beaucoup et parvenait à mieux se contrôler.
Mes amis commençaient à s'inquiéter, même Tae s'en était rendu compte au téléphone, que quelque chose semblait étrange.
Mais je n'osais rien dire comme jamais je n'avais osé dire quoi que ce soit. Sa maladie m'emprisonnait aussi.
J'étais encore trop borné, aurait dit Yeri. Elle avait raison. Néanmoins j'avais pris la responsabilité de prendre Yoongi hyung comme coloc', de m'occuper de lui, d'être son garant, je n'allais pas abandonner.
Pas question.
Lors d'une crise au début du quatrième mois, je le forçai à prendre mes écouteurs pour écouter de la musique avant qu'il ne commence à s'enrager dans sa chambre.
Il s'agissait de la piste de piano sur laquelle je m'entraînais en danse contemporaine. Je voulais présenter ce morceau à ma prochaine audition.
Ça avait eu un effet inespéré.
Était-ce le piano ?
Je l'ignorais mais ça l'avait calmé. J'avais dévalisé Itunes en musique digitale, cherchant les sons les plus calmes et apaisants sans paroles avant de lui faire une playlist.
Ça ne marchait pas toujours, mais ça fonctionnait une fois sur deux.
Ainsi, mon quotidien était ballotté, j'avais l'impression de courir un marathon, de vivre deux vies. Celle où j'étais moi, Park Jimin, diplômé de l'université d'art et de musique, cherchant un travail en passant des auditions tout en donnant des cours de danse à des enfants, et Park Jimin, en présence de Min Yoongi, mon colocataire, dont j'étais l'aidant.
Ainsi, le cinquième mois arriva.
Son comportement était moins laborieux, il était toujours autant infect mais ses moments de crises s'espaçaient.
Est-ce parce que j'avais remis la musique dans sa vie ?
Est-ce parce que le traitement semblait plus adapté ?
J'avais l'impression de ne plus le connaître, de ne plus savoir qui était le Yoongi d'il y a quatre ans. Est-ce que je le découvrais derrière le masque ?
Les rares choses qui me paraissaient vraies sur lui, étaient son rapport à la musique. Remettre ça dans sa vie semblait avoir un effet positif, du moins j'y croyais.
À présent je savais quoi faire, comment gérer les crises, et lui aussi. Moins sur la défensive, il se laissait faire.
Nous avions trouvé un moyen d'y arriver sans même en parler.
Et pourtant il restait un mystère que je n'élucidais pas.
Hoseok.
J'avais tant envie de lui demander des milliers de choses mais il ne me disait rien à propos de l'ancien président du bureau des élèves.
— Ça ne te regarde pas, Park.
Telle était sa réponse, ça, ça n'avait pas changé.
Je mourais d'envie de savoir.
*******
— Salut Jimin, s'exclama une voix que j'aurais mieux voulu ignorer.
Je poussai un soupir silencieux et un juron inaudible.
Cette journée avait été particulièrement difficile, mais visiblement elle ne faisait qu'empirer. Je me retournai, un faux sourire sur le visage tandis que mes élèves, entre 7 et 10 ans saluaient le nouveau venu dans notre salle de classe :
— Bonjour, professeur Im, scandèrent-ils en s'inclinant.
Le dénommé les salua avec enthousiasme et je me tournai vers mes élèves :
— Le cours est fini pour aujourd'hui. À la semaine prochaine. Pensez à bien faire signer vos autorisations par vos parents pour le spectacle de fin d'année.
Il y eut beaucoup de bruit et les enfants saluèrent l'autre professeur, encore là, à squatter ma salle. Tandis que je vérifiais que personne n'avait rien oublié, le nouveau venu attendit que tous les enfants soient partis dans les vestiaires pour lâcher :
— Ce jogging te fait un cul d'enfer.
Je me retournai d'un coup en le fusillant du regard.
— Qu'est-ce que tu veux Chinhae ? le toisai-je avec mauvaise humeur.
— Te saluer.
Je l'ignorai superbement et il ajouta :
— Et savoir si tu voulais aller boire un verre ?
— Non, je rentre chez moi.
Je fermai mon sac, saisis mes clefs et accrochai la lanière à mon épaule mais il tenta quand même le tout pour le tout, me bloquant le passage jusqu'à la porte.
— Juste un verre, ça fait longtemps, non ?
— J'ai pas envie de baiser avec toi, rétorquai-je.
Il soupira en faisant un peu la moue et se décala pour que je puisse sortir.
Im Chinae était mon collègue. Il était professeur à temps plein dans la même petite école de danse du quartier. On avait deux autres collègues puisque les classes étaient coupées par âge. Je m'occupais des plus jeunes et lui, en l'occurrence, s'occupait des adultes.
Il y avait deux choses qui me faisaient chier chez lui.
D'abord, il était canon. Mais genre le type canon qui sortait d'une autre dimension, un véritable avion de chasse. De ce fait, son cours attirait surtout les femmes. Il ressemblait à la fois au cliché du coach sportif en marcel moulant et en short, et au cliché du surveillant de baignade, à la plastique parfaite.
Et deuxièmement, je me détestais de souvent coucher avec lui.
Il était bi mais clairement il semblait plus orienté vers les femmes. Quand il jetait son dévolu sur moi, c'était qu'il était frustré. Et parce qu'il était canon, eh bien je ne résistais pas toujours à sa plastique parfaite.
Le problème c'était que je regrettais directement après. Je ne m'aimais pas quand je faisais ça. Lui n'avait aucun mal à me dire à quel point il serait prêt à devenir un plan cul régulier. Mais je ne voulais pas de plans culs, ni avec lui, ni avec personne.
Coucher à droite et à gauche ne me ressemblait plus et ça me rendait plus malheureux qu'autre chose.
Dans le bus sur le chemin du retour, je fis une grimace. Depuis ce matin au réveil, je me sentais étrangement mal et courbaturé. J'avais pourtant bien dormi mais la fatigue tombait sur mon corps depuis ce matin et je n'avais pas réussi à m'en débarrasser. En rentrant dans l'appartement et en traversant le salon jusqu'à la cuisine pour me chercher un verre de jus de fruits, je m'aperçus que le frigo était vide.
Bordel.
Je fis claquer la porte du réfrigérateur et m'élançai d'un pas déterminé vers la porte close de mon colocataire pour la tambouriner violemment :
— Hyung ! Ne me dis pas que tu as vidé le frigo ! Pourquoi tu as bouffé les bibimpap ? J'avais dit que je les gardais pour ce soir !
La porte s'ouvrit d'un coup sur son visage pâle et apathique.
— Ne gueule pas !
— Tu as bouffé ce que j'avais gardé pour ce soir !
— J'ai bouffé ce qu'il y avait dans le frigo, rétorqua-t-il.
— Je te l'ai dit trois fois hier de ne pas toucher aux bibimpap, bordel !
Je poussai un autre juron en me passant une main dans les cheveux.
— Putain, tu fais chier, je dois descendre faire des courses !
Il haussa simplement les épaules mais je bloquai sa porte avant qu'il ne la ferme :
— Arrête de faire ta princesse et viens faire les courses avec moi, c'est de ta faute cette situation !
— J'ai pas faim, démerde-toi, répondit-il platement en refermant la porte.
On était tout le temps comme ça.
Je supposais que c'était notre manière de communiquer mais ce soir, en particulier, j'étais vraiment fatigué. J'abandonnai les armes avant de reprendre mon sac. Le supermarché n'était, de toute façon, pas très loin.
En rentrant plusieurs minutes plus tard, les sacs de courses pleins, je dus prendre mon courage à deux mains pour cuisiner quelque chose avant de réussir à m'enfoncer dans le canapé devant la télé.
Mes courbatures empiraient.
Bien plus tard, au beau milieu de la nuit, je fus réveillé par un bruit fort et violent.
Un bruit angoissant et caractéristique d'une catastrophe.
Une crise.
Je me tirai des draps rapidement, me sentant encore très fatigué par ma nuit écourtée. Je secouai la tête après un léger vertige car je m'étais levé trop vite, avant de me précipiter vers la chambre de mon colocataire.
Ça faisait un moment que ce n'était pas arrivé.
Ça ressurgissait vraiment à n'importe quel moment.
Yoongi hyung était debout dans la pièce seulement éclairée par une lampe de chevet, mon vieil ipod shuffle écrasé au sol comme s'il l'avait jeté violemment. Sur ce qui lui servait de bureau étaient étalées des notes que je n'avais jamais vues, des bouts de papier déchirés dans un carnet presque ravagé par l'écriture. La boîte noire était aussi ouverte et tout ce que je pouvais y voir n'étaient que des photos et des objets abîmés à l'intérieur.
Je ne pris pas le temps de regarder davantage et m'avançai vers lui.
Sa bouche relâcha des grognements semblables aux cris d'un animal blessé alors qu'il tenait le dossier de la chaise à l'en briser.
Il se retenait.
Il se retenait de toutes ses forces.
Je soufflai par la bouche en ramassant le lecteur multimédia mais au moment où j'allais le poser sur le bureau, il craqua.
C'était ce genre de crise agressive, défensive, dans lequel, complètement fou, il se mettait à tout détruire.
Cette fois, il m'arracha l'ipod des mains, me griffant au passage et alors que je tentais de l'arrêter, son poing partit et cogna ma joue, m'envoyant valser contre l'étagère et le coin du bureau.
D'habitude, j'évitais plutôt bien mais pas cette fois-ci, je me sentais trop fatigué, j'avais l'impression d'être noyé dans du coton depuis la veille.
Il agrippa mon col de pyjama, un énorme tee shirt xxl et ma tête cogna contre le mur alors que j'agrippais ses avant-bras. Ses yeux étaient fous, si sombres, si écarquillés.
Il ne me voyait pas. Il était complètement hors de lui-même.
— Hyung, c'est moi, je suis désolé, d'accord. Je suis désolé, ça va aller...
Mais il hurla sa rage, déversant une rancœur et une hargne toujours aussi impressionnantes et effrayantes. Il me lâcha et tandis qu'il s'éloignait, s'en prenant à son pauvre carnet d'écriture, à tout ce qu'il pouvait jeter, déchirer, maltraiter dans sa chambre, je restai dans mon coin contre le mur sans bouger, frigorifié, grelottant un peu.
D'habitude, j'avais bien plus de facilité que cette nuit pour enrayer ses crises et parvenir à le calmer, mais là je me sentais bizarre.
Malade.
Je le regardai d'un œil inquiet frapper des poings sur les murs à en réveiller les voisins jusqu'à ce que la crise retombe. Il avait les mains égratignées et le souffle coupé alors je me levai. Il tenta d'éviter mon approche mais à bout de force il se laissa faire. Je le pris par la main pour l'emmener jusqu'au lit.
Je pris la couette que je posai sur lui tandis qu'il tremblait.
— Tu veux que je reste ?
Il secoua la tête en signe de négation.
Lorsqu'il basculait dans des crises agressives, il ne voulait que rarement que je reste avec lui, dans les crises de mélancolie c'était l'inverse, il s'accrochait désespérément à ma présence mais je n'avais pas le droit de le toucher. Je finissais à présent par comprendre comme il fonctionnait.
Je m'éclipsai jusqu'à ma chambre. Une fois allongé, j'eus l'impression de me ré-enfoncer dans le sommeil comme si je ne l'avais jamais quitté.
Je fus réveillé par le jour et le froid aussi, je me sentais mal en ouvrant les yeux.
— Park ? Park ?
J'ouvris les paupières plusieurs fois, ma bouche était pâteuse et l'effort de me redresser fut pénible. Les sourcils froncés de mon colocataire apparurent à moitié clairement dans mon champ de vision.
— Tu ne vas pas travailler ?
— Hein ?
J'essayai de me lever, en vain, et m'effondrai contre le matelas.
— Quel heure il est ? balbutiai-je.
— L'heure où tu es en retard.
D'habitude, j'aurais répondu à cette voix pleine de sarcasme, fulminé contre elle mais là j'étais complètement déboussolé.
Mais sa figure changea quand il agrippa mon menton, ses yeux se posèrent sur ma joue que je sentais enflée sous ses doigts. Il eut un regard indéchiffrable avant que ses sourcils ne se froncent encore.
— Tu es brûlant, je crois que t'as de la fièvre.
Bravo Einstein.
Je roulai des yeux en m'arrachant à son contact avant de mettre toute ma force pour me lever.
— Ça va passer. Faut que j'aille travailler, j'ai une audition dans...
Mais mes jambes rompirent sous mon poids et tout devint noir brusquement.
*******
Je me réveillai beaucoup plus tard, trempé de sueur, frigorifié alors qu'on essayait de me réveiller.
Complètement hagard et faible, j'ouvris les yeux tandis que je voyais un homme d'un certain âge chercher à m'ausculter.
— Bonjour Mr Park, regardez par ici, s'il vous plaît.
Il m'envoya une lumière dans l'œil et me palpa la gorge.
— Comment vous vous sentez ? Décrivez-moi vos symptômes.
— Vous... êtes médecin ?
— Oui, votre colocataire a appelé. Je suis le Dr Lim du cabinet libéral sur Hongdae. Décrivez-moi comment vous vous sentez.
Yoongi hyung avait appelé un médecin ?
Je n'arrivais plus à penser correctement.
— Courbatures... froid... sommeil...
— Hum... vous avez une tension très basse. Vous êtes sujet au stress ces derniers temps ?
— Non pas vraiment... enfin... un peu...
— Vous vous nourrissez correctement ? demanda-t-il en palpant mon ventre.
— Oui... je crois...
— Vous avez chopé une bonne grippe, rien d'alarmant... mais votre tension est vraiment basse. Reposez-vous, je vais vous prescrire des médicaments.
Je retombai contre le matelas, apercevant en arrière-plan, les bras croisés contre la porte, Yoongi hyung, le visage fermé et les sourcils froncés.
— Vous pouvez aller me chercher un verre d'eau ? lui demanda le médecin, je vais lui administrer un médicament maintenant. Il faut faire tomber la fièvre, pensez à bien vous hydrater. Si les symptômes persistent durant plus de sept jours, rappelez-moi, on fera une prise de sang pour explorer.
— Oui...
Je n'arrivais pas à parler et encore moins quand Yoongi revint avec un verre d'eau et qu'on me fit avaler un médicament blanc. Le médecin prit congé et ils sortirent tous les deux de ma chambre. Néanmoins la porte fut mal refermée et j'entendis nettement leur conversation :
— Vous êtes sûr que c'est juste une grippe ? demanda Yoongi sèchement.
— Il en a tous les symptômes, il se peut qu'il y ait du stress et du surmenage vu sa petite tension mais rien de grave, je vous assure. Il doit surtout se reposer.
La porte d'entrée se referma en même temps que mes paupières.
Je crus qu'une décennie était passée quand je me réveillai. Yoongi était debout, au pied de mon lit, l'air toujours aussi apathique alors qu'il marmonnait :
— Il faut que tu manges et que tu boives un peu. J'ai fait de la bouillie de riz.
Je me relevai à demi, complètement groggy. J'avais moins froid mais je me sentais terriblement mal.
Je mangeai sans appétit mais ça me fit du bien. Il resta debout en attendant que je termine avant de reprendre le plateau. Je me renfonçai dans les couvertures et tombai rapidement dans un sommeil sans rêve.
Mon sommeil fut entrecoupé de rêves extrêmement étranges, sans queue ni tête où j'alternais des moments où je me réveillais et où je sombrais.
Mais je ne suis pas sûr de s'il s'agissait d'un de mes rêves, ou si la fièvre me faisait délirer. Je ne savais pas si je dormais ou si j'étais réveillé. Mais parfois j'entendais un « je suis désolé » avant que quelqu'un ne caresse mes cheveux.
C'était léger, c'était volatile, c'était agréable.
C'était doux.
Une nuit, je crus même que Yoongi dormait avec moi, mon corps était contre le sien et sa chaleur était agréable.
Je me remis de cette grippe au bout de quatre jours. Yoongi hyung me faisait à manger et je supposais qu'il avait enfin dû sortir faire les courses. Ce fut une période de cessez-le-feu entre nous car il ne prononça aucune parole sarcastique comme il faisait habituellement. Tout était trop étrange et silencieux, je n'étais pas habitué à ce traitement de sa part. Ça me rendit confus.
Je n'arrivais pas à m'adapter avec lui.
Néanmoins, quand je pus retourner au travail les choses reprirent comme elles étaient avant, à coup de mauvaises habitudes et de remarques moqueuses habituelles.
Rien n'avait changé.
Quoique...
********
Ce chapitre est particulier ( d'où l'avertissement au début) mais il est nécessaire. Promis, ça va aller mieux par la suite. Rappelez vous que mes persos ne souffrent jamais inutilement mais dans un souci de réalisme il ne fallait pas s'attendre à une cohabitation facile dés le début. Entre ces deux là ça avance lentement mais sûrement. On va enfin pouvoir passer aux choses sérieuses. x)
Je sais que beaucoup d'entre vous attendent surtout le retour du Taekook et sont inquiets que le temps file et que je ne vous dévoile rien. C'est fait exprès ;) (#jesuisunesadiquevousvoussouvenez), je veux vous concentrer au maximum dans la relation de ces deux-là qui est importante pour la suite.
Ps : Vous aurez des nouvelles de Taehyung, au chapitre prochain ;)
Merci de toujours lire cette histoire ( j'avais peur de perdre tout le monde en changeant le pdv pour celui de Jimin) et de l'aimez autant, à bientôt. <3
Artemis.
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