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68-

C'est en courant qu'on arriva aux services des urgences de l'hôpital général de Seoul.

Totalement essoufflés par l'angoisse et la précipitation, seules les portes automatiques nous freinèrent dans notre course tandis qu'elles s'ouvraient lentement et sans un bruit.

Le service n'était pas plein, après tout on était en milieu de semaine, et tandis que Jungkook se trouvait dans une nervosité incroyable, j'observais les lieux. Je connaissais bien cet endroit et le tirait par la manche pour l'empêcher de s'affoler et s'époumoner sur l'infirmière d'orientation.

On bifurqua dans un couloir où un banc de sièges en plastique était installé. Le corps de Jimin était avachi sur un siège et demi, presque recroquevillé sur lui-même et je l'appelai soudainement.

Sa tête se releva et ses yeux rouges et ravagés par les larmes s'écarquillèrent tandis qu'il se levait, courant vers moi dans des gestes saccadés. J'ouvris les bras pour le réceptionner et il s'accrocha à moi douloureusement, en tremblant.

Ses sanglots remplirent le couloir, bien plus importants que ceux que j'avais pu entendre au téléphone, et Jungkook, le visage tiraillé par l'angoisse paniqua :

— Où est hyung ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Les médecins l'ont vu ? C'est quoi cette histoire ? Où et...

— Jungkook, calme-toi, s'il te plaît, intimai-je.

Jimin n'était clairement pas en état de répondre et tandis que je le serrais contre moi, caressant son dos, j'avais la désagréable sensation qu'il avait encore maigri. Et puis il sentait l'alcool.

Je le reculai après quelques minutes, essuyant ses larmes et l'invitai à retourner s'asseoir. Je craignais que son corps ne supporte pas le choc et qu'il s'écroule.

Jungkook ne tenait pas en place mais je finis par lui murmurer :

— Tu peux prendre soin de Jimin un instant ? Je vais aller me renseigner...

Il obtempéra abruptement et en m'éloignant je me demandais comment j'allais réussir à les gérer tous les deux en même temps.

Cet étrange sang-froid, qui était apparu après avoir eu Jimin au téléphone, me surprenait moi-même mais ce n'était pas si anormal que ça tant que j'y réfléchissais. Nous étions à l'hôpital, sur mon lieu de travail, je connaissais les urgences.

C'était comme si j'avais basculé sur un mode professionnel, inconsciemment.

Je m'approchai de la salle de soins avant de saluer l'infirmière en poste qui me fixa quelques secondes avant de s'arracher un petit sourire :

— Ça fait un bail, me fit-elle remarquer.

J'acquiesçai avant de dire :

— Je suis dans la salle d'attente, je viens pour l'hospitalisation en urgence de Min Yoongi, vous auriez des infos ?

Elle soupira devant son écran :

— Tu sais qu'on ne révèle rien, seulement à la famille et aux personnes de confiance indiquées sur le dossier médical du patient.

— Je sais.

J'avais envie d'ajouter sarcastiquement « mais je suis interne dans cet hôpital, je fais donc partie du secret professionnel ». Elle finit par me jeter un coup d'œil avant de dire :

— Le Dr Anh arrive, tu peux l'attendre et lui demander directement.

J'acquiesçai en croisant les bras.

Malgré tout, je me sentais envahi non seulement par la fatigue d'une nuit raccourcie mais par un effet de stress. Jimin avait réussi à me contaminer en se serrant contre moi.

Alors que je pensais revenir sur mes pas, mon ancien tuteur de stage fit son apparition. Il ne sembla pas réellement surpris de ma présence. Après tout, le Dr Anh avait toujours été d'un professionnalisme impressionnant et d'un sens de l'observation très précis.

— Je souhaiterais avoir des nouvelles de Min Yoongi, il est arrivé il y a une heure avec une ambulance.

Il acquiesça :

— On a prévenu la personne de confiance sur son dossier médical qui ne devrait pas tarder. Que veux-tu savoir ?

— Comment il va ?

— Ses jours ne sont plus en danger, il va s'en sortir. Il a été pris en charge rapidement par la personne qui a appelé les secours alors qu'il était inconscient. Il a eu des convulsions avec vomissements, il a été mis en position latérale de sécurité ce qui l'a probablement sauvé de l'étouffement avant que les pompiers ne le trouvent. On a utilisé le protocole de désintoxication, on lui a fait un lavage gastrique et une dialyse qui ont bien fonctionné. Il a clairement pris un cocktail extrême de différentes drogues mélangées. Il n'est pas passé loin...

Je soupirai.

— Un ami à toi, Kim ?

— Pas vraiment... avouai-je.

— On va le garder jusqu'à son réveil et voir les signes postérieurs à cette overdose. Il aura la visite d'un psy aussi, comme à chaque fois qu'on rencontre un cas de ce type, mais tu connais la procédure. Ensuite ce ne sera plus à notre service de gérer la situation.

J'acquiesçai en me courbant pour le remercier avant de revenir dans la salle d'attente. Je retrouvai Jimin, épuisé, allongé de tout son long, sa tête reposant sur la cuisse de Jungkook. La seconde cuisse de ce dernier tressautait de nervosité. En me voyant arriver, il bougea, réveillant mon meilleur ami assoupi qui se remit à paniquer.

— Alors ? Alors ? Ils ont dit quoi ? Il va s'en sortir ?

— Il va s'en sortir.

Le soulagement de Jungkook fut visible tant son corps retomba sur lui-même et Jimin se remit à sangloter.

— Il est inconscient pour l'instant, ils vont le garder mais on ne peut pas le voir avant ça.

— Quand est-ce qu'il va se réveiller ? s'emballa Jungkook, soudain redevenu nerveux.

— Difficile de savoir. Ce sera au réveil, avec les effets post overdose, que ça risque d'être plus compliqué pour lui. Il va rester quelques jours à l'hôpital, je prendrai des nouvelles pour t'appeler quand il aura le droit aux visites.

Le front de Jungkook se posa sur mon épaule et je glissai ma main sur sa nuque.

— Ça va aller, chuchotai-je.

Il acquiesça avant de se relever et je me tournai vers mon meilleur ami :

— Tu as eu les bons gestes avant que les secours n'arrivent, tu lui as sauvé la vie, sans ton intervention il se serait probablement étouffé.

Le visage de Jimin se barra d'une moue de chagrin et je lui pris la main tandis qu'il utilisait mon autre épaule pour y déposer ses larmes.

J'aurais voulu lui demander ce qu'il s'était passé mais je sentais qu'il était incapable de parler ou de dire quoi que ce soit pour le moment.

— On va rentrer, tous les trois, chuchotai-je, je vous ramène et vous allez retourner dormir. Dans la journée, dès que j'ai des infos, je vous appelle. D'accord ?

Mais alors que Jungkook allait me répondre, il se figea en voyant quelqu'un derrière moi et il balbutia alors :

— Ho... Hoseok hyung ?

Ma tête pivota brusquement tandis que Jimin se figeait à mes côtés. Notre aîné, président du conseil des élèves de l'université, se tenait là, dans la salle d'attente. Son visage tiré par la fatigue sembla très surpris de nous voir et il cligna des yeux à son tour.

— Jungkook ? Qu'est-ce que tu fais là ?

— Jimin hyung nous a appelés ! s'écria l'interpellé, Yoongi hyung a... Il a...

— Fait une overdose ? termina Hoseok à sa place. Ouais, je sais.

Ce qui me surpris, ce ne fut pas la simplicité qu'il eut de dire ce terme comme si c'était un événement courant mais la nonchalance et l'apathie totale d'émotions qui suivirent.

— Oui... bafouilla Jungkook qui semblait tout aussi surpris que moi. Pourquoi tu es là, hyung ?

Mais notre ainé soupira seulement, les mains dans les poches. Visiblement il semblait trop éreinté pour sourire et avoir l'air aimable. Ce qui renforça mon idée que c'était son vrai visage tout comme je l'avais vu la dernière fois, à la soirée déguisée.

— Parce qu'ils m'appellent toujours quand ce genre de truc arrive...

— Tu es la personne de confiance sur son dossier médical ? demandai-je.

Son regard chocolat se braqua dans ma direction avant de se poser sur Jimin, qui se cachait, le front sur mon épaule, puis sur Jungkook pour revenir vers moi comme s'il essayait de décrypter nos liens à tous les trois.

— Ouais, faut que j'aille signer ces maudits papiers...

Mon esprit tiqua sur ce détail. D'habitude la personne de confiance d'un patient était quelqu'un de la famille du patient, un parent, un frère, une sœur, voir même des grands-parents quand ce n'était pas le cas, il s'agissait alors d'un tuteur légal. Visiblement Hoseok n'était ni l'un ni l'autre et le fait qu'il soit inscrit sur le dossier médical de Yoongi hyung me paressait être un détail important, presque symbolique, qui n'expliquait en rien leur altercation dans la boîte de nuit ni l'allure désintéressée de cet aîné présent avec nous aux Urgences.

Ce qui m'inquiétait, ce n'était pas la véritable personnalité d'Hoseok cachée derrière le masque, mais la surprise dévastatrice qui s'imprimait sur le visage de Jungkook.

— On devrait rentrer, tentai-je alors que notre aîné nous avait lâchés au beau milieu du couloir pour se rendre à l'office infirmier.

Jimin était toujours accroché à moi, il ne dormait pas mais ne semblait pas du tout capable de croiser le regard de qui que ce soit.

Mais les narines frémissantes de Jungkook m'insufflaient déjà la réponse. Il n'allait pas partir, pas tant qu'il serait dans cet état de stress et dans ces questionnements agacés autour de notre aîné.

Il nous fallut attendre dix minutes avant qu'Hoseok ne revienne et il leva les sourcils en nous voyant encore là.

— Pourquoi vous n'êtes pas rentrés ? Il ne va pas s'envoler, hein...

— Tu as dit qu'ils t'appelaient toujours quand ce genre de « trucs » arrivent, comme si c'était arrivé d'autres fois, siffla Jungkook.

Hoseok le fixa :

— Kookie, c'est fou ce que tu es naïf...

— Je ne suis pas naïf !

— Alors inutile de t'emporter, soupira-t-il en sortant son téléphone. Yoongi a toujours eu l'art et la manière de vouloir se foutre en l'air, rien de nouveau sous les tropiques en fait...

— Tu t'entends parler ? fulmina Jungkook, tu dis ça comme si... comme si tu n'en avais rien à foutre !

— Et si c'était le cas ?

La réaction sur le visage de Jungkook fut violente et notre aîné roula des yeux :

— Mets-toi à ma place, ça arrive tous les quatre matins, je suis lassé de devoir me lever à cause de leurs appels, psychiatrie, centre de désintox, cure de désintox, clinique... J'ai une vie et elle ne peut pas tourner autour de lui, même s'il aimerait bien.

Je sentais que la conversation prenait un terrain glissant, l'air devenait aussi lourd que l'était le corps de Jimin contre moi que je maintenais par les épaules tandis que ses jambes tremblaient comme si elles allaient lâcher d'un instant à l'autre.

— Je te le dis, tu es naïf Kook, tu l'idolâtres trop et il te fait gober tout son baratin.

— Tu ne peux pas parler de lui comme ça...

La voix de Jungkook était chevrotante d'émotion.

— Je parle de lui comme je veux.

— Après tout ce que vous avez été et tout...

— Ne parle pas de ça !

La menace s'était faite sifflante et effrayante et le regard de notre aîné s'embrasa :

— Je t'interdis de le dire à haute voix !

— Mais pourtant c'est arrivé ! rétorqua Jungkook. Votre rela...

— Tu ne devrais même pas être au courant, personne ne devrait l'être ! Je t'interdis de dire quoi que ce soit !

Son regard noisette se braqua sur moi puis sur Jimin, comme s'il évaluait notre capacité à ne pas ébruiter ce qu'on entendait.

Ses yeux s'attardèrent sur mon meilleur ami avachi contre moi et dont il ne croisait pas le regard.

— D'accord, admit Jungkook d'une voix ferme, admettons qu'il n'y a rien eu mais ça n'enlève pas votre amitié, vous vous connaissez depuis des années et...

— Et alors ?

Il soupira d'agacement, comme soudain énervé :

— L'amitié ne fait pas tout, Kook, et je ne pardonne pas. Yoongi doit rester à sa place, comme toi et les deux autres, et tout ira pour le mieux pour tout le monde.

— Pas pour hyung, s'époumona Jungkook, il a fait une overdose, est-ce que tu te rends compte ?

— Ça n'ira jamais, de toute façon.

Sa voix était dure et Hoseok eut l'air soudainement blasé :

— Ça n'est jamais allé et ça n'ira jamais, c'est un cas désespéré.

— Comment oses-tu... s'emporta Jungkook.

— J'ose, rétorqua Hoseok abruptement, j'ose parce que je sais qu'il fait ça par vengeance uniquement pour me faire chier ! S'il allait si mal que ça, il se serait flingué depuis longtemps. Mais non, il parvient toujours à faire exprès de se rater. Un acte manqué dans l'unique but de m'emmerder, d'appeler « à l'aide » comme disent ces crétins de psy, de faire que sa vie tourne autour de la mienne ! Je suis lassé de ses manèges pour attirer mon attention ! Tu sais combien d'années ça fait ? Tu sais tout ce que j'ai essayé de faire pour lui, pour l'aider, avant de baisser les bras ? Des milliers de choses ! Toutes les thérapies inimaginables ! Mais Yoongi ne veut pas aller mieux ! Il sacque ses propres efforts, alors pourquoi je devrais continuer de l'aider, hein ?

— Il a besoin de toi...

La voix de Jungkook s'était faite faible, comme si le poids de son interlocuteur l'écrasait.

— Mais moi je n'ai plus besoin de lui.

Il nous toisa comme s'il nous défendait d'ajouter autre chose et je n'osais pas bouger, j'avais l'impression que Jimin avait arrêté de respirer.

Il partit d'un geste brusque et on resta coi, tous les trois, dans ce qui me paressait être un orage.

Jungkook était en état de choc et il le resta même après être rentré dans le taxi. Ce ne fut qu'une fois arrivés à notre destination qu'il se mit à fulminer, littéralement. Jimin semblait au bout du rouleau, il alternait des moments de somnolence et de chagrin sans transition et sans capacité de dire un mot.

Je ne pouvais pas les gérer tous les deux et je n'en avais pas envie. Cette histoire me dépassait depuis longtemps et il y avait tellement d'informations floues que je n'en comprenais pas le sens.

En arrivant dans mon appartement, je réussis à convaincre Jimin de passer sous la douche ce qu'il fit en hochant simplement la tête.

J'écoutai Jungkook déblatérer sa colère d'une oreille distraite alors que je me faisais la réflexion que mon appartement semblait être devenu une chambre pour amis depuis la visite de Yeri, puis de Sehun.

Il me restait trois heures avant d'embaucher et je n'arrivais pas à mettre mes idées au clair. Je finis par toquer contre la porte de la salle de bain, inquiet de ne pas voir Jimin en sortir. J'ouvris le battant pour le retrouver trempé, emmitouflé dans une serviette. Comme un enfant perdu.

L'état de son corps m'inquiéta. Il était amaigri, comme je l'avais pressenti, mais sa maigreur était inquiétante, je distinguais ses côtes, des griffures et des suçons plus ou moins anciens ornaient sa peau. Je m'avançai et il se remit à pleurer, me serrant contre lui.

— Ça va aller, chuchotai-je, je sais que tu as eu peur...

Je l'aidai à se sécher alors que le corps courbé, il ne disait pas un mot. Je lui fis enfiler un de mes pyjamas et lui pris la main pour l'emmener vers ma chambre.

Le visage colérique de Jungkook se calma en le voyant et on échangea un regard inquiet et triste.

Jimin se recroquevilla dans la couette et je restai allongé près de lui, Jungkook s'assit en tailleur au bout du lit sans oser intervenir.

— Jimin, chuchotai-je, est-ce tu peux me dire ce qu'il s'est passé ?

Ses cheveux étaient encore trempés et j'espérais qu'il n'allait pas tomber malade à cause de ça.

Il se crispa avant de marmonner d'une voix complètement cassée :

— J'ai... appelé hyung pendant ma soirée, je... j'étais sur Hongdae avec Jackson et les gars et... enfin, je voulais le voir... mais on s'est engueulés au téléphone... Ça... m'a tellement énervé... Je lui ai dit que je.. je viendrais quand même... Je l'ai harcelé... Je ne sais pas combien de fois je l'ai appelé... Il ne me répondait pas... Je déteste tellement quand il fait ça... Puis il a fini par m'envoyer un message en disant...« ok, viens ». Mais quand je suis arrivé il... il ne répondait pas à la sonnette... et quand je suis rentré... je... l'ai trouvé par terre... Il...

Il s'arrêta et je lui caressai le dos pour le rassurer.

— Il devait convulser et vomir, terminai-je à sa place. Ça arrive dans les cas d'overdose. Je sais que tu as eu peur...

Jimin renifla, les larmes dégoulinaient le long de ses joues creusées et son corps tremblait comme une feuille :

— ... J'ai cru qu'il était mort... et j'avais trop bu... alors je comprenais... rien... J'ai crié mais il répondait pas... Colocs absents et... tas de drogue... partout... Je... j'ai paniqué, je... ne sais pas ce qui m'a pris, je l'ai allongé sur le côté et... j'ai appelé les secours... J'ai filé l'adresse... Je crois que je suis devenu fou... Je ne me souviens pas du reste... Je crois qu'ils m'ont réveillé quand ils sont arrivés... Ils l'ont emmenés et... je t'ai appelé...

Il se remit à pleurer en se couvrant la bouche de sa main :

— Je suis désolé... Je suis tellement désolé...

— Tu n'as pas à t'excuser, répondis-je doucement, tu as eu la meilleure réaction, tu lui as sauvé la vie. Tu as bien agi, Jimin.

— Hyung, chuchota Jungkook en l'approchant, merci de l'avoir sauvé.

Et Jimin repleura pour de bon avant de se calmer et de s'assoupir d'épuisement. Il semblait pourtant lutter, comme s'il cherchait à rester obligatoirement réveillé mais je finis par lui dire :

— Dors Jimin, on reste là, avec toi.

J'attendis que sa respiration soit profonde pour le couvrir avec ma couette et on s'entre-regarda avec Jungkook avant de retourner vers le salon. Je refermai délicatement la porte avant de murmurer :

— Je vais aller travailler, il ne vaut mieux pas qu'il reste tout seul. Il est à bout de force et je crois que ça l'a traumatisé...

Jungkook acquiesça, à moitié calmé dans sa rancœur.

— Je vais rester avec lui, je vais reporter mon rendez-vous avec Yugyeom pour ne pas le laisser tout seul.

Je m'approchai et le pris dans mes bras, il se laissa aller avant de me serrer plus fort. Je sentais qu'il avait besoin de contact.

— Yoongi hyung est hors de danger, d'accord ? Je vous tiens au courant s'il y a du nouveau. Essaye de dormir toi aussi.

Il acquiesça avant de poser son front contre le mien, je le berçai un peu en caressant sa nuque. D'une certaine façon, j'essayais de lui communiquer du calme et de la confiance mais c'était étrange de me retrouver dans cette situation-là. Je me rassurais en me disant que parce que c'était une situation d'urgence médicale, j'avais su retrouver mon sang-froid propre à mon métier et j'espérais qu'il soit utile, pour les autres, pour les gens à qui je tenais le plus.

*******

— Il a quoi ?

Yeri releva la tête brusquement tandis que Jin hyung écarquillait les yeux.

— Min Yoongi est chez nous pour overdose ?

J'acquiesçai avant de leur rappeler qu'ils étaient tenus au secret professionnel.

— Oui oui, tempêta Yeri d'un mouvement de main un peu agacé, on ne doit pas ébruiter des infos sur des patients en dehors du service, on sait mais... et... Jimin, il va bien ?

Le fait qu'elle s'inquiète pour lui me stupéfia et je finis par avouer :

— Non, pas du tout même.

Elle se mordit la lèvre alors que Jin hyung secouait la tête.

— Ça devait bien finir par arriver, non ? Je ne voudrais pas généraliser ça à tous les dealers mais ça ne finit jamais bien leur situation...

— Hyung, marmonnai-je, tu connais Hoseok hyung depuis longtemps ?

Il parut surpris par ma question avant de hausser les épaules :

— Plus ou moins. Au début de ma première année de médecine, j'ai été intéressé par ce que faisait le bureau des élèves et le travail d'Hoseok. Du fait de nos personnalités, on s'entendait assez bien, je participais à pas mal de leurs soirées caritatives puis quand les études sont devenues trop intenses j'ai arrêté. Pourquoi tu me parles de lui ?

— Comme ça...

— Si ta question c'est « est-ce qu'il y a un rapport entre les deux, lui et Yoongi ? Est-ce qu'ils se connaissent ? », tout ce que je peux te dire c'est que je ne les ai jamais vus ensemble mais je sais qu'ils ont fait leur scolarité collège et lycée ensemble. Je le sais parce que je connais un des colocs de Yoongi qui a mon âge. Je n'ai pas d'autres infos.

Il plissa des yeux :

— Mais tu penses qu'il y a un rapport entre les deux ?

— C'est la personne de confiance sur son dossier médical.

Mes deux interlocuteurs parurent surpris.

— Hoseok ? insista Jin hyung.

— Ils sont mal assortis, fit seulement remarquer Yeri. À moins que Hoseok se drogue, ce qui expliquerait leur lien, mais sincèrement ça m'étonnerait.

— Qui mettrait son dealer sur son dossier médical ? interrogea Jin, hébété. Non, ils doivent être amis mais je l'ignorais.

Pas moi, fut ce que j'avais envie de leur répondre mais je n'avais pas forcément envie d'en dévoiler davantage. Je pensais peut-être récupérer des infos mais ce n'était pas le cas.

En dehors de moi, de Jimin et de Jungkook, j'avais l'impression que nous étions les seuls à savoir que Yoongi et Hoseok avaient une relation bien plus complexe qu'elle n'y paraissait.

D'où la menace de notre aîné, il y a quelques heures dans la nuit, de ne rien dire.

Bizarrement, je n'arrivais pas à comprendre. Je n'avais pas senti de la honte d'une relation homosexuelle ou quelque chose dans ce genre-là émaner d'Hoseok.

Et c'est justement parce qu'il y avait autre chose que ça piquait ma curiosité. J'avais aussi l'impression que ce n'était pas uniquement lié à cette affaire de drogue dans laquelle Hoseok tirait les ficelles sans que personne ne s'en rende compte. Non, il y avait autre chose...

On termina notre conversation avant de s'éloigner après avoir bu nos boissons à la machine à café, mais aux abords de l'ascenseur Yeri me rattrapa :

— Je regrette d'avoir dit ça...

— D'avoir dit quoi ?

— Que Jimin devait toucher le fond, sans quoi il ne comprendrait pas ses erreurs, souffla-t-elle en se mordillant la lèvre. J'étais en colère contre lui mais là je suis vraiment inquiète pour lui. D'après tout ce que tu as dit sur son comportement, j'ai peur qu'il...

— Qu'il ? répétai-je.

— Qu'il décompense.

Je tiquai devant ce terme psychiatrique et fronçai les sourcils :

— Tu veux dire qu'il est en train de péter un câble au point que sa personnalité s'effondre ? Tu ne vas pas un peu loin ?

— Je vais peut-être un peu loin mais je ne l'ai pas vu, répondit-elle. C'est juste que d'après ce que tu m'en dis, le fait qu'il soit complètement en état de choc, qu'il ne se souvienne plus de l'intervention des pompiers, son amaigrissement, ajoutés à toutes ces soirées alcoolisées, de drogue chaque soir qui provoque un certain nombre de tensions, ça pourrait être plus grave que prévu...

— Yeri, suppliai-je, s'il te plait... Ne me fais pas plus flipper que je ne le suis déjà...

Elle bafouilla alors :

— Désolée...

— Jungkook est avec lui, il m'a envoyé un message, Jimin dort. Ça ira sûrement mieux au réveil, espérai-je.

— Taehyung.

Elle me regarda droit dans les yeux :

— Qu'est-ce que tu vas faire ?

Elle bloquait l'ascenseur et les portes ne cessaient de vouloir se refermer. Je soupirai un peu avant d'avouer :

— Je compte parler à Yoongi hyung dès qu'il sera en mesure de tenir une conversation.

Elle acquiesça, ses sourcils étaient froncés et ses iris sérieuses :

— Bien.

— Je pense que je l'avais déjà prévu dans ma tête depuis un moment mais que je ne savais pas quand ce moment viendrait.

J'avais peut-être sûrement trop attendu, mais clairement je ne pouvais plus reculer. Il fallait que j'affronte Yoongi d'une manière ou d'une autre. Mais j'avais tout de même un très mauvais pressentiment concernant cette rencontre.

Il y avait un nœud, entre Yoongi, Hoseok et Jimin. Et ce qui arrivait aux uns semblait atteindre les autres puis Jungkook ensuite. Je craignais que l'un d'entre eux finisse vraiment très mal.

Yeri me salua et je retournai dans mon service, les poings serrés et l'esprit un peu trop braqué sur un type à la peau pâle encore inconscient quelques étages non loin de moi.

Je me frottai les yeux pour tâcher de me concentrer sur mon stage et mes patients.

Peu importe ce que je voulais faire ou dire, il fallait d'abord que Yoongi hyung se réveille.

*******


Voilà une semaine et demie que la situation durait.

Yoongi hyung s'était finalement réveillé dans un état assez lamentable. Peu surprenant vu la condition dans laquelle il était arrivé.

Il avait été transféré en psychiatrie pour gérer les effets de manque et pour qu'il puisse consulter un psychiatre et être suivi par des psychologues. Maintenant qu'il n'était plus maintenu en isolement, il refusait d'avoir de la visite.

Jungkook était furax et avait repoussé d'une semaine la signature de son contrat chez les Nexen, la tête trop ailleurs pour se concentrer. Le recruteur avait été assez conciliant mais s'il voulait vraiment faire partie de cette équipe, Jungkook ne pouvait pas repousser davantage sa prise de décision.

Jimin, lui, n'était pas resté chez moi bien longtemps. Jungkook m'avait appelé en disant que mon meilleur ami avait fini par partir sans qu'il ne parvienne à le retenir. Ce dernier m'avait envoyé un message avant-hier pour dire « Je vais bien, ne t'en fais pas, Tae. »

Ce n'était pas rassurant du tout mais Bambam m'envoyait des nouvelles de ce qu'il se passait au dortoir. Le thaïlandais avait été mis au courant par Jin et essayait de ne pas le lâcher d'une semelle, tout aussi angoissé que nous de son état plus qu'inquiétant. Visiblement cette garde rapprochée n'était pas du tout au goût de mon meilleur ami.

Et moi, même si mon sang-froid était toujours là, ma manière de gérer la situation commençait à déconner complètement.

Yoongi hyung était réveillé, et pourtant je n'avais pas le courage de l'affronter, pas encore.

Ce soir-là, alors qu'on était dans mon lit et qu'on n'allait pas tarder à se coucher, je finis par demander :

— Depuis quand tu le connais, Yoongi hyung ?

Jungkook était allongé près de moi, la tête reposant sur son avant-bras plié.

— Depuis ma dernière année de lycée. Quand j'ai rejoint ma mère ici, après l'altercation avec mon père et cette histoire de suicide sur Busan...

J'acquiesçai.

— Tu peux m'en dire plus ?

Jungkook reprit alors :

— Quand je suis arrivé dans le nouveau lycée à Séoul, je ne connaissais personne et j'étais... enfin... Je n'étais pas bien du tout. Il y avait tout qui me pesait. J'avais peur de me faire des amis, que les gens sachent qu'un type s'était suicidé dans mon ancienne école et que j'avais été inscrit sur sa liste.... Je me sentais mal, je n'arrivais pas à suivre le rythme, certains ont essayé d'être sympa avec moi mais j'étais complètement terrorisé. Je voulais que mon père soit fier de moi, même si je n'étais plus avec lui, je... voulais qu'il voie que je faisais des efforts pour suivre ses directives alors j'ai commencé à faire beaucoup de sport... J'en faisais déjà pas mal avant mais là, je passais au niveau supérieur. J'ai rejoint le club de basket du lycée mais je ne m'entendais pas du tout avec le capitaine de l'équipe. Ce dernier semblait être de ceux qui bizutaient les nouveaux et je n'étais pas en état, psychologiquement, pour subir ça. Alors j'allais faire du sport dans l'association du quartier et c'est là que je suis retombé sur Yoongi hyung.

Il souffla, amusé :

— J'avais déjà joué contre lui à l'époque où j'étais au collège, je savais qu'il avait vécu à Daegu et ça me faisait bizarre de le revoir. Il était vraiment doué quand j'étais gamin, et il nous avait fichu une raclée à l'époque. Le revoir des années plus tard m'avait fait bizarre parce qu'il n'avait pas grandi.

Il s'esclaffa et je m'arrachai un rire, amusé.

— Je ne l'aimais pas beaucoup au début, je me souvenais trop bien de l'humiliation et de la défaite que lui et son équipe nous avaient collé. Et puis, il était tellement froid et effrayant à la fois. Je ne comprenais pas ce qu'il faisait à venir nous voir jouer. On était qu'une petite équipe de basket de quartier, pas d'un grand niveau, et il était à la fac. Il avait d'autres chats à fouetter... On aurait dit un inspecteur des travaux finis mais il donnait de bons conseils.

Jungkook s'allongea sur le dos :

— Hyung a toujours eu un bon sens de l'observation et je pense qu'il a compris que je n'allais pas bien à cette époque-là. Ça ne s'est pas fait naturellement mais il a commencé à me parler, à me donner des conseils pour jouer. Il disait des trucs cassants parfois, c'était extrêmement vexant mais de cette manière je comprenais mieux ce qui clochait dans mon jeu ou les erreurs que j'avais faites dans un match. Il aimait vraiment le basket, mais la raison pour laquelle il n'y jouait plus était obscure. Parfois après l'entraînement, il me payait une canette de coca au distributeur. Et puis un jour, je ne sais pas trop ce qu'il m'a pris mais je lui ai tout raconté.

Jungkook bougea, jouant avec mes cheveux, les yeux bercés par ses souvenirs.

— Il m'a écouté, et il n'a rien dit de particulier. Moi ça m'a fait du bien de me confier à quelqu'un et les choses ont continué, les entraînements, le coca au distributeur... On échangeait un peu plus mais il ne parlait jamais de lui. Je le trouvais tellement mature et censé, sa vision du monde m'épatait. J'avais l'impression d'avoir un hyung, un vrai, qui veillait sur moi. Et plus on passait du temps ensemble, plus je découvrais plein de choses en terme de musique, d'art, de mœurs, de culture, de philo, de politique... En une année avec lui j'ai bien plus appris que tout ce que l'école enseignait. J'étais impressionné par lui, parce qu'il ne rentrait pas dans le moule.

Il se mit à glousser :

— Je me souviens quand on a parlé d'homosexualité la première fois, j'étais tellement conditionné par les propos de mon père et de la société que j'ai été totalement bouleversé quand il m'a dit tout naturellement qu'il couchait aussi avec des garçons. Il s'est moqué de moi quand il a vu que je ne m'en remettais pas au bout d'une semaine. Puis j'ai fini par l'accepter pour me rendre compte qu'en réalité c'était quelque chose de tout à fait normal.

Ses yeux m'avaient fixé avant qu'il ne dépose un baiser sur mon nez :

— Tu te rends compte, hyung, de tout ce par quoi je suis passé pour en arriver là...

— Je suis tout impressionné, répondis-je en souriant.

Jungkook poursuivit :

— J'ai rejoint la fac dans laquelle il était et hyung m'a présenté aux personnes qu'il connaissait comme son petit frère, son petit protégé et je t'avoue que ça me flattait. Aujourd'hui, je me rends compte que notre relation est déséquilibrée... Je ne sais pas grand-chose de lui. Il a toujours été très secret et il tenait vraiment à cette hiérarchie que les plus âgés doivent prendre soin des plus jeunes.

Il soupira :

— C'est comme s'il m'avait pris sous son aile. Hoseok hyung a raison, je suis naïf. Je savais que Yoongi hyung avait un côté sombre, qu'il semblait torturé parfois, qu'il traînait dans des affaires louches, mais quand il disait qu'il ne consommait pas ce qu'il vendait, je le croyais. Quand il disait qu'il n'aimait pas être dealer et qu'il le faisait que pour une raison précise, je le croyais. Je le croyais parce que le jour où j'ai voulu y toucher il m'a passé un savon tellement terrible que j'ai cru qu'il ne me pardonnerait jamais...

Il frissonna.

— Il m'a interdit de toucher à la drogue et il m'a fait promettre. La seule fois où il a accepté que je l'aide, j'ai été cambriolé et il a été très énervé. Pas pour ce qu'il avait perdu mais parce que j'étais impliqué. J'ai l'impression que hyung m'a aidé à grandir, il me surveillait toujours en soirée, lorsqu'il était là, pour ne pas que je boive trop. Il m'a aidé à avoir confiance en moi quand il a fallu que je fasse ma première fois...

Je me redressai un peu alors que la voix de mon vis-à-vis tressautait d'émotions.

— C'est un vrai hyung, un vrai grand frère, celui que je n'ai jamais eu. Je sais que beaucoup ne l'aiment pas et que tout le monde pense que c'est une mauvaise personne, mais il a toujours été une bonne personne pour moi.

Je ne répondis pas tout de suite, mais en voyant qu'il attendait une réponse je finis par murmurer :

— Même si c'est une bonne personne, c'est une personne compliquée, Jungkook...

— Je sais... murmura-t-il.

Puis il souffla :

— Je sais qu'il est compliqué et qu'il cache beaucoup de choses. Peut-être des choses que j'ai refusé de voir. Mais j'ai cru, bêtement, que ma simple présence lui permettait de garder les pieds sur terre, que je lui apportais quelque chose de positif dans sa vie... Je me rends compte à quel point j'ai été arrogant en pensant ça.

Puis il rebascula dans ma direction et murmura, comme un secret, comme quelque chose qu'il gardait à l'intérieur de lui, une interrogation qui piétinait son cœur :

— Ce qu'a dit Hoseok hyung, c'est comme s'il parlait de lui comme... comme d'un suicidaire...

Ma bouche s'ouvrit mais je la refermai, déglutissant un peu avant de me rapprocher pour qu'il pose sa tête sur mon torse.

Je n'en savais rien, mais moi aussi j'avais cru entendre ça parmi tout ce que Hoseok avait balancé cette nuit-là.

Nous n'en avions pas reparlé ensuite et il avait voulu que je lui caresse la nuque jusqu'à ce qu'il s'endorme.

Yoongi était une énigme, une personne que je ne comprenais pas, que je ne cernais pas.

Il y avait lui, Jimin, Hoseok, la drogue, la conversation dans la boite de nuit... Et maintenant je me demandais s'il n'y avait pas encore autre chose.

Il était compliqué et je n'avais pas confiance en lui.

Néanmoins je n'avais que trop repoussé mon échange avec lui. Je devais mettre des choses au clair et enrayer cette nouvelle boucle infernale dans laquelle Jungkook et dans laquelle Jimin étaient empêtrés jusqu'au cou.

En m'endormant, la chaleur de Jungkook se diffusant sur moi agréablement, je repensai à ce que Yeri m'avait dit le matin, alors qu'on s'était de nouveau rejoint devant notre machine à café habituelle :

« Ses résultats sont bons, il est plus ou moins stable et clairement pas poli avec le personnel. Il refuse toutes les visites et il est hyper désagréable avec moi. »

Puis elle avait ajouté :

« Ce qu'il n'a pas l'air de comprendre c'est qu'il peut refuser les visites mais pas les professionnels, et malheureusement pour sa petite gueule, nous sommes des professionnels... »

Elle sous-entendait que je pouvais le voir aisément sans qu'il ne me jette de sa chambre, mais à ce moment-là j'avais fait exprès de détourner la conversation.

Mais cette fois, ma décision était prise. Dès demain, j'irais le voir.

Parce que dans le fond, il était le seul à pouvoir faire en sorte que tout s'arrête.

*******

— Dégage !

Tel fut le mot que Yoongi hyung me sortit à peine avais-je ouvert la porte de sa chambre.

— Bonjour à toi aussi.

Et telle fut ma réponse.

Moi, au moins, j'étais aimable.

Je tirai l'unique chaise de la pièce pour l'approcher du lit, faisant exprès de ne pas me rendre compte qu'il me tuait du regard.

Ce qu'il pouvait être désagréable, n'empêche...

Il était dans son lit, portant encore des perfusions. Son état était stable, enfin du moins, pour quelqu'un qui avait fait une overdose. Son teint était maladif, ses traits tirés et j'avais une vague idée de ce que son corps lui faisait supporter en état de manque. Mais malgré tout, je n'arrivais pas ou très peu à avoir de l'empathie pour lui.

De toute manière, vu la tête qu'il tirait, il ne me laissait pas l'occasion ni de le cerner, ni de trop m'approcher.

— Je ne vais pas te demander comment tu vas... commençai-je.

— Non clairement pas, on ne va pas se faire la conversation non plus, cracha-t-il avec aigreur.

— Tu ne veux même pas savoir pourquoi je suis venu ? demandai-je en feignant la naïveté.

Son regard était glacial tandis qu'il me répondit ironiquement :

— À part te mêler des affaires qui ne te regardent en rien, tu veux dire ?

— C'est pas ton crédo, ça, hyung ? Te mêler des affaires des autres ?

Nos regards se croisèrent, électriques, et je serrai les poings. Je m'étais préparé mentalement à le voir seul à seul mais je devais faire un effort monumental pour ne pas tout abandonner, baisser la tête et m'enfuir.

Je ne voulais surtout pas le laisser dominer l'échange, j'avais beaucoup trop le pressentiment qu'il pouvait m'écraser.

Néanmoins, son regard sarcastique se barra de quelques éclats d'amusement avant qu'il ne lâche :

— Monsieur se rebelle à ce que je vois...

— Tu ne me laisses pas trop le choix.

Il roula des yeux avant de maugréer :

— Tu as fini ? Tu peux te barrer maintenant ?

— Non.

Je pris une grande inspiration par le nez avant de souffler.

— Tu ne crois pas qu'il faudrait qu'on parle ?

— Je crois pas non.

— Tu ne veux pas savoir comment va Jungkook ? l'interrogeai-je brusquement.

Il se tût, m'offrant un regard en coin tout sauf aimable.

— Parce qu'il est dévasté, figure-toi. D'autant plus maintenant que tu refuses ses visites.

— Je le verrai quand je sortirai. Ça ne sert à rien qu'il vienne me voir ici.

Puis il me fit un sourire froid et agressif :

— Mais je suppose que tu iras lui donner des nouvelles, c'est tellement pratique que tu sois en stage ici, hein, Taehyung ?

— Arrête ton cinéma, grondai-je.

Mais ça le fit sourire comme si m'agacer était sa priorité. Peut-être pensait-il qu'ainsi je partirais plus vite ?

Raté.

— J'essaye de te comprendre, hyung.

— N'essaye pas, ça ne sert à rien, grogna-t-il en redevenant désagréable.

— Pourquoi ?

Je me mordis la lèvre et repris avant qu'il ne m'interrompe :

— Pourquoi ? Je n'arrête pas de me demander ça. Pourquoi tu vends de la drogue pour Hoseok ? Pourquoi tu mets à distance Jungkook ? Pourquoi Jimin ? Pourquoi tu es comme ça avec lui ?

— J'ai dit, scanda-t-il plus violemment, laisse tomber ! Putain mais c'est quel mot que tu ne comprends pas ?

— Il me manque des infos, marmonnai-je en l'ignorant superbement. Je pensais avoir compris mais il me manque des données pour tout comprendre...

— Putain Taehyung, tu me fais chier ! Casse-toi, bordel !

Il appuya sur le bouton d'appel mais je levai les sourcils :

— J'ai prévenu l'équipe, ils ne viendront pas et c'est Yeri qui est en poste à la salle de soin. Elle va éteindre la sonnette.

Il poussa un juron d'une extrême violence et envoya valdinguer le matériel sur la table.

J'avais peut-être l'air d'être sûr de moi mais je n'en menais pas large.

Il avait ce quelque chose d'effrayant, de trop sombre, comme s'il pouvait nous aspirer dans un trou noir.

— Tu veux bien écouter mon raisonnement ? Qu'est-ce que ça te coûte de me parler ?

— Ça me coûte que ça me fait chier !

Je soupirai encore une fois, le laissant m'insulter de tout son soûl avant de murmurer :

— Quand est-ce que tout a commencé à foirer, hyung ?

Il s'interrompit en me jetant un regard sombre.

— Où est-ce que tout merdait avant mais que Jungkook ne le voyait pas, ou ne s'en rendait pas compte ?

Il se recala dans son lit, croisant les bras sur son torse, me fixant d'un air arrogant comme s'il m'invitait à poursuivre pour savoir si j'en valais la peine ou non.

— Est-ce que ça a empiré quand tu as mis ton nez dans le couple de Namjoon et Jimin ? m'interrogeai-je. Est-ce que tu l'as fait parce que tu étais frustré que Jimin ne se soit pas tourné vers toi alors que clairement tu le désirais ? Ou est-ce que tu avais envie de protéger Jimin ? Ou de protéger Namjoon ?

Cette fois-ci, il plissa des yeux.

— Je sais que Namjoon a longtemps stalké Jin hyung et je sais que tu le savais aussi.

Cette fois-ci il parut vraiment surpris, mais l'espace de quelques secondes. Pile le temps pour moi de sentir mon cœur tambouriner.

Je devais évacuer toutes mes pensées et parvenir à établir avec lui une communication, d'une manière ou d'une autre c'était peut-être le seul moyen, à mes yeux, pour le comprendre et intervenir pour protéger Jimin.

— Tu savais que Namjoon se fourvoyait et n'avait pas de sentiment pour Jimin et tu ne croyais sûrement pas à leur relation. Alors en tentant de draguer Jimin, tu espérais avoir raison, non ? Tu voulais prouver à Namjoon que ce n'était pas quelqu'un pour lui et que leur relation était vouée à l'échec... Ou était-ce Jimin à qui tu voulais prouver ça ? Est-ce que le jeu, de manipuler les uns et les autres te plaisait ? De voir si Jimin allait craquer ? Quand Jimin l'a réellement trompé avec toi, tu t'es empressé de le dire à Namjoon. Ça a dû être vexant, non ? Qu'ils ne fassent rien de cette info. Qu'ils sachent tous les deux mais que non seulement ils restaient passifs mais que rien ne changeait ?

Je croisai les bras devant son silence :

— Pendant ce temps tu devais aussi savoir que Jin hyung était mon camarade de promotion et que c'était le même que le Jin hyung par qui Namjoon était obnubilé depuis des années. Tu as dû découvrir dans la foulée que notre hyung sortait avec l'ex de Jungkook. Jungkook qui avait terriblement souffert de sa relation avec elle et qui était complètement perdu à cause de moi et ce qu'il éprouvait. Tu as dû savoir avant lui que quelque chose se passait mais étonnamment, à l'inverse de Jimin, tu m'as quand même poussé vers lui. Pourquoi cette confiance ?

Il ne répondit pas, semblant franchement peu intéressé par mon discours, et pourtant il ne m'interrompait pas, ses yeux braqués dans ma direction. Au fond de moi, je me mis à sauter de joie. C'était mieux que rien.

Son attention me flattait presque mais il fallait que je me reprenne.

— Puis il y a eu la soirée sur le balcon où tout a explosé et tu t'es servi de moi pour jeter de l'huile sur le feu. Mais tu as réussi ton coup. Jungkook et moi nous nous sommes rapprochés, Jimin s'est séparé de Namjoon et l'ex de Jin et de Jungkook a fini par disparaître. Alors pourquoi avoir continué de voir Jimin ?

Je le fixai droit dans les yeux, cherchant des réactions que son visage habituellement apathique n'offrait pas.

— Tu avais pitié de lui ? Et l'histoire a continué jusqu'à ce que tu te rendes compte que Jimin éprouvait des sentiments pour toi et tu as tout arrêté. C'est logique en te connaissant, un peu. Sauf que ça s'est transformé en « jeu », c'est Jimin qui me l'a dit, il a réussi à te faire craquer et vous avez repris votre soi-disant relation. Si tu ne l'aimais pas, pourquoi avoir fait ça ? Pourquoi être intervenu alors que j'étais avec Youngjae ? Tu lui envoies des signaux contradictoires et ça n'a fait qu'empirer les sentiments qu'il a pour toi.

— C'est bon, tu as fini ? me coupa-t-il en soupirant, comme soudain lassé par ce que je disais.

Puis il me toisa, sombrement :

— Park est un excellent coup pour ta gouverne, et j'ai bien eu pitié de lui lorsqu'il est venu pleurer sur moi après sa rupture. Pour le mec cinglé de l'hôtel, je suis intervenu parce que Jungkook était là et que ce type mettait clairement en péril sa carrière, pas pour la gueule de Park.

— Ne noie pas le poisson, tu ne réponds pas à la question, rétorquai-je. Pourquoi avoir repris le jeu avec Jimin alors que tu savais qu'il éprouvait des choses pour toi ?

Il roula des yeux, désintéressé.

— Park ne m'aime pas.

— Bien sûr que si ! m'époumonai-je. Faudrait être aveugle pour ne pas le voir ! Il a des sentiments pour toi et...

— Il ne m'aime pas, répéta-t-il plus fort pour me couper la parole. Il ne sait rien de moi, il ne fait que projeter ses fantasmes et ses envies sur ma personne.

Cette information me désarçonna.

— Son amour est complètement faux et instable, tout autant qu'il l'est parce que derrière sa belle gueule, Park a de sérieux problèmes d'attention et d'affection et déteste qu'on lui refuse quelque chose.

Je secouai la tête :

— Jimin n'est pas comme ça.

Il ricana froidement mais je poursuivis, plus sûr de moi :

— Il est instable parce que tu le rends comme ça ! Ses sentiments sont vrais et tu dois vraiment être aveugle pour ne pas remarquer qu'il tient à toi !

— Il était déjà instable avant de me rencontrer, c'est juste que tu ne t'en rendais pas compte.

Je grinçai :

— Je pense que ça te flatte.

Il s'arrêta et je repris sèchement :

— Ça te plaît qu'il puisse t'aimer, c'est réconfortant, hein ?

— C'est plus dérangeant qu'autre chose.

— Je ne te crois pas ! m'exclamai-je en me levant de mon siège.

Il sembla adorer ma réaction car son minuscule sourire satisfait manqua de me faire sortir de mes gonds.

— Tu sais ce que je crois ? lâchai-je.

— Non, mais vas-y que je rigole...

— Je pense que tu es amoureux d'Hoseok hyung.

Quelque chose passa dans son regard et les coins de son sourire descendirent légèrement. Les poings toujours autant serrés, je m'écriai :

— Mais lui il ne t'aime pas, il te manipule à sa guise, il se sert de toi. N'est-ce pas bizarre que tu fasses une overdose justement après qu'il t'ait interdit de continuer de vendre sa drogue ?

Je l'interrompis brusquement alors qu'il ouvrait la bouche :

— Oui, je sais que Hoseok hyung récupère l'argent que tu gagnes pour ses projets personnels et sa fameuse association étudiante... C'est lui qui tire les ficelles et visiblement qui t'a poussé à vendre de la drogue pour venir enrichir son ambition. C'est lui qui est sur ton dossier médical comme personne de confiance. Vous avez été ensemble selon Jungkook, mais moi je crois que vous ne vous êtes jamais séparés. Lui il ne l'avouera pas, il passera tout sous silence, tout ce qui est lié à toi comme si tu n'étais utile qu'à lui rendre service. Vous êtes dans une relation toxique et tu es malheureux. Tu es tellement mal et instable que tu consommes ta propre marchandise et c'est aussi pour ça que tu t'es attaché à Jimin. Tu as faibli et tu es revenu sur tes propos alors que tu savais qu'il t'aimait parce que ça te plaît que quelqu'un puisse t'aimer. Tu continues de lui envoyer des signaux contradictoires pour le dévouer un peu plus à toi, pour éviter d'être seul ! Tu le détruis dans l'unique but de passer ta frustration sur quelqu'un parce que tu n'es pas fichu d'être aimé par la personne que tu veux ! Tu n'es qu'un sale égoïste de merde ! Tu ne le mérites pas ! Tu ne mérites pas quelqu'un comme Jimin, qui est doux, bienveillant et qui sait prendre soin des autres. TU NE MÉRITES PAS QU'IL SE DÉTRUISE POUR TA SALE PETITE GUEULE !

J'étais à bout de souffle, ma gorge me faisait mal. J'essuyai mes larmes de rage alors que mes paroles résonnaient dans la chambre. Il ne prononça pas un mot et me fixait comme s'il était à la fois surpris et impressionné, comme quelqu'un de totalement détaché mais qui applaudissait silencieusement une prestation :

— Tu as fini ?

— Non.

J'essayai de calmer ma respiration et je finis par me rasseoir en me passant une main dans les cheveux. Je m'étais emporté. Il fallait que je me calme, que je me reprenne, je ne pouvais pas le laisser gagner.

— Je sais pourtant que tu n'es pas ce connard que tu prétends nous faire croire.

Je le fixai dans les yeux :

— Tu es un bon hyung pour Jungkook. C'est lui qui me l'a dit, et même si on s'est rarement vus je sais bien que tu ne lui feras jamais de mal. Mais imagine ce qu'il a éprouvé quand il a su, quand il a compris que ce n'était pas la première fois que cette situation t'arrivait...

— Ne...

— Je n'ai pas fini, le coupai-je. Jungkook mérite que tu continues de prendre soin de lui, n'est-ce pas ce que tu devrais faire ? Protéger ton dongsaeng, n'est-ce pas le rôle d'un hyung ?

Il me toisa avec cette même allure sans émotion qui ne m'inspirait pas confiance.

— Alors j'en appelle à ce hyung que Jungkook chérit tant. J'en appelle à ce que je crois être la bonne personne derrière ton masque. Tu dois arrêter de faire du mal à Jimin. Il a vu ton overdose, sais-tu dans quel état ça l'a mis ? Alors si tu as un cœur, hyung, je veux que tu choisisses. Hoseok ou Jimin.

Il sembla très surpris par ma phrase mais je continuai de le fixer :

— Tu dois faire un choix, hyung, un choix que tu dois tenir. Tu dois le faire pour eux, pour toi, pour tous les gens à qui tu tiens et qui tiennent à toi. Sois au moins une bonne personne, comme tu l'es pour Jungkook.

Je me levai cette fois avec l'intention de partir :

— Hoseok ou Jimin, tu choisis. Si tu choisis Jimin, tu auras intérêt à bien le traiter, à l'aimer comme il le mérite, mais si tu ne le choisis pas alors ce sera définitif. Plus de jeu, plus de relation ambiguë ou physique ou quelle qu'elle soit. Fais-le sortir de ta vie définitivement.

Je le toisai une fois debout et il ne cillait pas, ne répondait rien, ne semblait rien ressentir et pourtant j'avais l'infime perception d'avoir gagné cet échange.

— Tu es plus intelligent et meilleur que tu ne le crois, hyung. Je veux croire aux paroles de Jungkook quand il parle de toi, alors fais un choix et assume-le.

Je partis, sans me retourner, sans lui accorder un dernier regard, en refermant la porte derrière moi sans le saluer.




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J'aimerais faire une annonce et je suis désolée si ce pavé risque de gâcher le chapitre.

A partir de maintenant, tout les commentaires comportant des insultes, des propos agressifs, violents, malveillants seront supprimés.

Sachez que je suis très en colère. 

Lors du dernier chapitre en lisant les commentaires j'ai vu que certain(e)s c'étaient déchaînés contre le personnage de Yeri. J'ai dû supprimer les commentaires. Vous avez le droit de ne pas aimer un perso, de ne pas être d'accord avec ce qu'il dit et fait mais je ne tolère absolument pas à ce que vous les insultiez !

J'essaye de rendre cette histoire réaliste de vous montrer que les personnages ne sont pas tous blancs ou noirs, de leur donner une histoire, un passé, des raisons et j'aime lire les  avis, les débats et les désaccords entre les lecteurs dans les commentaires. 

Mais je ne tolère pas les insultes.

J'ai relu mon histoire depuis le début j'ai dû supprimer des centaines de commentaires ! J'ai lu des choses hyper vulgaires, hyper choquantes et j'ai été vraiment blessée !

Franchement vous vous rendez compte de ce que vous écrivez ?! 

Vous avez conscience que c'est moi que vous insultez à travers mes personnages ? Bien sûr que vous être pris dans l'histoire et emporter par vos émotions mais ça n'est pas une excuse ! 

Modérez vos propos, censurez-les si vous avez envie mais sachez que je ne supporte plus de lire des  :" Tg", "Fdp", "Mange tes morts", "Fils d'Hitler", "sale connard", "pute", "crève", "enfoiré", " NTM", etc... et ce à chaque chapitre !

Vous aimez cette histoire ?  Alors respectez-la.

Merci de votre compréhension.

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