67-
Je me sentais mourir.
Mourir de stress.
Le jour J était arrivé et j'étais là, assis sur cette chaise dans cette salle de conférence beaucoup trop immense pour ma personne.
Mon souffle se montrait chaotique et la transpiration de mon corps déréglée. J'avais froid, j'avais chaud, j'avais mal au ventre. Mon cœur subissait des palpitations et ma gorge était comme étranglée.
J'avais l'impression que mon corps conspirait contre moi car tandis que j'essayais de m'auto-calmer, il ne faisait que trembler davantage sur le siège.
Devant moi, il y avait un écran d'ordinateur de grande taille relié à une ribambelle de fils. Une page internet était ouverte et la webcam dernier cri était braquée dans ma direction.
J'attendais cet appel vidéo depuis dix minutes déjà et je croyais mourir à petit feu.
J'avais la gorge sèche et j'avais eu le malheur de boire la petite bouteille d'eau disposée à côté de moi. À présent je serrais les cuisses avec une forte envie d'uriner. Une terrible torture alors que je ne pouvais même pas me lever, ni me rendre aux toilettes.
J'attendais, j'attendais encore.
J'avais l'impression d'imploser tant les secondes duraient une éternité. Mes doigts pianotaient nerveusement sur mon carnet de note et je ne cessais de fermer les yeux et de respirer par la bouche.
L'heure indiquée par l'horloge accrochée au mur de la salle affichait vingt et une heures passées.
Mes recruteurs appelaient des États-Unis et je me demandais quelle heure il devait être là-bas, avec le décalage horaire.
Mes doigts étaient glacés et je répétais diverses phrases en anglais pour me rassurer sur mon accent et ma capacité à tenir un échange vidéo dans cette langue.
Je savais que je jouais ma vie, ma carrière en cet instant, et vu l'état de mon corps je ne pouvais que le ressentir.
Mon portable était en silencieux et je ne voulais pas le sortir pour voir si on m'avait envoyé des messages. Je n'osais pas le faire, trouvant cela déplacé dans ce contexte professionnel.
J'attendais ceux de Jimin qui ne venaient pas. Se souvenait-il de la soirée ? De ce qu'il m'avait dit ?
N'empêche que ça me restait dans un coin de la tête.
Je devais faire quelque chose pour lui. Je ne l'avais jamais vu aller aussi mal depuis que je le connaissais.
Ces quatre derniers jours m'avaient permis de me sentir rassuré et soutenu par Jungkook et ça m'avait fait du bien. Nous étions maladroits et je savais qu'il me cachait sa déception et son angoisse autour de cet entretien que j'allais passer dans quelques secondes. Néanmoins, j'avais besoin de le voir être avec moi, de l'entendre me soutenir. Je n'aurais pas pu supporter, au fur et à mesure que le stress avait augmenté ces dernières journées, de le sentir à l'écart de moi, éloigné, dans le rejet comme il avait pu l'être.
C'était égoïste, j'en étais conscient. Comme si je lui demandais de renier ce qu'il éprouvait pour jouer un rôle factice destiné à me rassurer. Il s'y pliait plutôt bien et sans se plaindre alors je me noyais dans un certain déni, prêt à avaler la vérité que j'avais préfabriquée.
Yeri faisait la gueule à Sehun, et ce depuis quatre jours. Elle était restée dans mon appartement et semblait commencer à prendre un peu trop l'habitude de traverser notre ruelle d'écart pour s'incruster dans le logement de Jungkook.
Bien sûr, nous étions contents de l'accueillir et encore plus heureux lorsqu'elle prenait le temps de cuisiner.
Mais je m'inquiétais de voir cette situation traîner.
Yeri m'avait paru prête à pardonner à sa moitié et pourtant elle restait dans la colère et la rancœur tandis que Jungkook et moi devions faire tampon entre elle et Sehun.
Elle aussi semblait jouer un rôle, comme si elle le devait, et Sehun appliquait les règles en s'épanchant de toutes les manières imaginables pour se faire pardonner. Mon amie jouait ce jeu, même si elle savait qu'elle lui pardonnerait, elle se devait de lui faire payer.
Certes.
Sauf que cette situation durait et nos appartements étaient devenus des lieux de passage et de visite de notre couple d'ami, à des moments différents, et cette situation commençait à agacer Jungkook. Clairement, il allait se lasser très vite de leur comportement et du fait que nous soyons pris entre deux feux.
Mais moi j'étais bien incapable de prendre parti et je voulais les aider tous les deux.
Mais de la même façon que pour Jimin, je me sentais complètement inutile et démuni.
Clairement, je n'étais bon à rien dans toutes ces histoires. Comme si je n'étais pas capable de me sortir de mes propres tourments pour aider ceux des autres.
Je crois que j'essayais de maintenir un château de sable en forme et que je refusais de voir que la mer montait à mes pieds.
Une sonnerie me fit littéralement bondir de mon siège et mon cœur s'emballa de panique en constatant que je recevais l'appel tant attendu.
Je me repris, respirant deux fois profondément.
Il était l'heure.
Je me redressai, décrispant mes épaules et formant un sourire sur mon visage tandis qu'une sueur froide me coulait le long du dos.
Ça allait aller.
Ça allait aller.
Je cliquai pour décrocher et mon visage apparut en premier dans un coin à droite de l'écran alors que devant moi pas moins de cinq individus étaient assis devant une table. Ils avaient tous des allures différentes et je comptais deux femmes.
Aucun d'entre eux n'était asiatique et j'eus du mal à déglutir.
Le son sortit des enceintes car chacun semblait tenir un micro et je m'inclinai un peu sur mon siège en me présentant en anglais.
Mes yeux ne se focalisèrent plus que sur l'écran et le son qui sortait, résonnant dans la grande salle.
Mon rythme cardiaque s'emballa grandement et je crispai mes doigts sur mes genoux pour garder contenance.
L'entretien le plus important de ma vie, commençait.
*******
— Hyung ?
Je papillonnai des yeux en grognant.
Je me sentais bien pourtant, complètement ensommeillé, à peine conscient, allongé sur ce matelas confortable.
Il faisait chaud, la couette était douce et mon corps totalement reposé.
— Hyung ?
Je rouvris les paupières qui n'étaient pas demeurées actives longtemps et bougeai un peu. Je sentais le sommeil s'échapper, me plongeant dans la réalité tandis qu'une main se faufila dans ma tignasse.
— Tu vas avoir beaucoup d'épis, gloussa Jungkook.
Je battis des paupières, encore. Je me sentais groggy et incapable de répondre.
— Hyung, m'informa-t-il en continuant ses caresses sur mon cuir chevelu, il est midi quinze.
Mes sourcils se levèrent, un peu, sur le coup de la surprise et je bougeai, remontant la couette.
— J'ai essayé de te réveiller trois fois mais tu dormais trop profondément, j'ai cru que tu avais de nouveau de la fièvre mais ce n'est pas le cas...
Il retira sa main et je geignis, mécontent de l'absence de caresses.
Mon corps, dans un effort titanesque parvint à se hisser en position demi assise et je sentais mes propres mèches de cheveux rester suspendues autour de mon visage.
Ma main accrocha l'avant-bras de Jungkook, mon corps retomba sur le matelas et je la lui posai sur ma tête.
Je le sentis s'allonger près de moi, au-dessus de l'amas de couverture en vrac.
— Tu as beaucoup bougé cette nuit...
— D'solé...
Il embrassa ma tempe et je soupirai de bien être en sentant son autre main chaude se poser sur mon ventre. Mon corps entier se tourna vers lui.
— Tu as beaucoup dormi, chuchota-t-il.
— Hum...
Je n'avais pas encore toutes les capacités pour réfléchir correctement mais mon sommeil avait sûrement été lourd et profond. J'avais accumulé tellement de stress la veille qu'en rentrant je m'étais senti à bout de force.
Mon nez caressa la peau tendre du cou de Jungkook et mes mains se posèrent sur ses hanches.
— Hyung...
Mes yeux se rouvrirent encore et je laissai mes mains passer sous son tee-shirt.
— Tu te souviens, j'espère, que Yeri arrive dans cinq minutes pour le déjeuner ? m'informa-t-il avec un sourire moqueur.
Ah.
Zut.
Je fis la moue en me décalant, cherchant plutôt les couvertures, mais il me stoppa.
— Debout, hyung.
Je finis, après un long moment à me remettre en position demi assise, par essuyer un bâillement et me laisser glisser hors du lit.
Je me sentais fatigué et pourtant j'avais beaucoup dormi. Ce n'était pas compréhensible.
D'un pas lent et absolument pas gracieux, je me dirigeai vers la salle de bain avant de m'arrêter, pivoter et revenir vers la chambre.
Je bloquai devant l'armoire tandis que la sonnette retentissait dans l'appartement.
Trop de choix.
Trop de possibilités.
Pas assez de couleurs.
Vous avais-je déjà parlé de l'obsession de Jungkook pour les tee-shirts blancs ?
Eh bien il avait la même, en noir.
Je fronçai les sourcils en me demandant ce qu'il avait fait de mes affaires. Avait-il dérangé toute l'organisation sous prétexte que sa façon de trier le linge était mieux que la mienne ?
Ça allait barder si c'était le cas.
Je refermai la porte sans rien toucher, la tête lourde, et un nouveau bâillement étira mes lèvres.
Je refis le chemin jusqu'à la salle de bain avant de me figer dans le salon où trois paires d'yeux pivotèrent vers moi.
Le sourire de Yeri me fit plisser des yeux et Sehun plaisanta :
— Sympa le pyjama, très joli caleçon soit dit en passant.
Jungkook me fixa, un peu contrarié :
— Hyung, pourquoi tu n'es pas dans la salle de bain au juste ?
— Laisse, souffla Yeri nonchalante, on en a vu d'autres des caleçons.
— Et des mecs à moitié à poil, surenchérit Sehun en souriant de manière taquine.
Jungkook les toisa :
— Je suis très heureux de vous voir rabibochés mais continuez de le mater comme ça et je vous dégage de chez moi.
— Rooh, tu entends ça, Sehun ? C'est qu'il devient susceptible le gamin, se moqua-t-elle.
— Il se prend pour un bonhomme et tout.
Attendez.
Pause.
Mes yeux s'ouvrirent et je refermai mes bras sur mon corps avant que de ma voix grave et rocailleuse du matin je ne lâche :
— Vous... Qu'est-ce que vous faites là ? Vous vous êtes réconciliés ?
Ils me firent un grand sourire en montrant leurs mains liées ensemble et Jungkook roula des yeux :
— C'était bien la peine d'en faire tout un patacaisse ces cinq derniers jours...
— Mec, grogna Sehun, ne fais pas le malin. Tu devrais compatir, après tout tu t'es déjà retrouvé dans cette situation, non ? Tu sais... une dispute... une fille... tout ça, tout ça...
Jungkook se retourna, furibond, vers moi :
— Tu leur as dit !
— Je vais aller dans la salle de bain... répondis-je rapidement.
Fuir.
Ouais, fuir semblait être une bonne idée tout d'un coup.
Quelques minutes plus tard, plus frais et habillé mais avec toujours des épis imparables sur le haut du crâne, je retournais dans le salon.
Le couple de nouveau réuni semblait au sommet de sa forme et Yeri me sauta quasiment dessus, radieuse, avant de dire :
— On a trouvé un super resto pour aller déjeuner !
Donc à présent nous allions jouer le jeu de « il ne s'est rien passé, n'en parlons plus » ?
Puis elle fit la moue :
— Mais Jungkook ne veut pas y aller.
— Je n'ai pas dit ça, c'est juste que je ne suis pas emballé pour bouffer végétarien, c'est tout ! se défendit le concerné.
Il se tourna vers Sehun qui leva les mains en l'air :
— On vient de se réconcilier, je suivrai tout ce que Yeri dira.
— Excellente réponse, mon cœur, gloussa-t-elle.
— Ne nous entrainez pas dans vos galères, alors ! s'écria Jungkook, faussement irrité.
Donc tout le monde semblait particulièrement en forme. Yeri lâcha soudainement :
— Et ton entretien, Taehyung ?
— Oh et bien...
Je me passai une main dans mes cheveux redevenus bien noirs depuis quelques temps et en cet instant, complètement désordonnés.
— Ça s'est bien passé ? s'enquit-elle en se rasseyant dans le canapé, Sehun passant son bras autour de ses épaules.
J'acquiesçai avant de hausser les sourcils :
— Oui, non, je ne sais pas...
Je m'assis à mon tour avant de souffler :
— Je n'en sais rien du tout. Ça a été très stressant et ils m'ont posé beaucoup de questions, certains avaient un accent et je me suis senti mal de les faire répéter quand je ne comprenais pas. J'ai eu l'impression de répondre bêtement à des questions et de bafouiller les trois quarts du temps...
Je soufflai :
— J'ai fait de mon mieux mais je n'ai aucune idée de ce que ça vaut.
— Ils ont été plus spécifiques sur le poste, les conditions et le reste ? demanda Sehun.
— Oui, il semblerait qu'ils prendront trois internes au total et qu'il y a cinq médecins dans l'équipe. L'équipe est postée à un endroit en particulier dans un pays et certains médecins se voient attitrer différentes missions. Ils m'ont parlé de l'organisation, du temps, des congés, des missions en lien avec l'armée, les casques bleus, etc.... Certains m'ont posé des questions particulières sur des cas réel. On aurait dit à la fois un examen et un entretien d'embauche, c'était très désagréable. Ça a duré plus d'une heure et demie.
Yeri acquiesça :
— Le principal, c'est que tu l'aies fait. C'est déjà un grand pas en soi. Mon référent de stage m'a dit que c'est assez rare que des grands organismes recrutent des internes et des médecins asiatiques, mais rien que le fait qu'ils sachent que nous avons d'aussi bons professionnels dans nos pays permettra d'attirer leur attention dans les prochains recrutements internationaux.
J'acquiesçai doucement. Puis le nouveau couple s'entre-regarda avant de se lever :
— Aller, en route, on a faim, pas vous ?
Jungkook me fixa et je finis par hausser les épaules :
— J'ai tellement faim que je mangerais n'importe quoi de toute façon...
— Je veux bien manger végétarien si on s'arrête au stand de viandes grillées sur le retour, quémanda Jungkook.
— Adjugé, scanda Yeri.
Sur le trajet, ces deux-là se chamaillèrent puérilement sur divers sujets. Le futur tatoueur, lui, m'expliqua rapidement, alors qu'on sortait du métro, la manière dont il s'y était pris pour s'excuser auprès de Yeri et faire en sorte qu'elle lui parle.
J'attendis qu'on soit éloignés de la principale concernée pour lui demander :
— Et Jimin ? Tu as des nouvelles ?
Il secoua la tête, piteusement :
— Aucune, j'ai essayé de le joindre aussi mais sans réponse. Bambam m'a dit qu'il était au dortoir sans me donner d'autres nouvelles. Je suppose qu'il n'a pas envie de se confronter ni à toi, ni à moi.
Je soupirai bruyamment et il marmonna :
— N'en parle pas à Yeri, c'est trop frais, elle est encore contrariée à propos de lui.
— Je sais...
— Moi aussi je suis inquiet, me confia-t-il. Mais il est borné et caractériel, il n'écoute rien ni personne.
— On ne peut pas le laisser dans cet état ! J'ai l'impression que ça pourrait empirer...
Mais il me regarda tristement :
— J'aimerais t'aider, Taehyung, vraiment, parce que je tiens à Jimin en dehors de... enfin de tout ce qu'il s'est passé mais je tiens bien plus à Yeri alors je dois prendre mes distances avec lui, avec toute cette histoire....
J'acquiesçai seulement.
— Je suis content que vous soyez réconciliés.
— Merci d'avoir pris soin d'elle, me murmura-t-il en tapotant mon épaule.
— Qu'est-ce que vous faites ? demanda Jungkook, les sourcils froncés en arrivant à notre hauteur.
Il fixa la main de Sehun sur mon épaule avec mauvaise humeur et ce dernier se moqua doucement :
— Mec, quelqu'un t'a déjà dit que c'était maladif ta manière de te comporter ?
— Je ne vois pas du tout de quoi tu parles.
Je me détournai de leur querelle à demi sérieuse et soufflai de soulagement, content que ce problème entre Sehun et Yeri soit réglé.
Une bonne chose de faite.
Et puis j'avais aussi passé cet entretien qui me pesait mais je me sentais encore groggy et fatigué.
C'était fait, ça aussi.
Maintenant je devais attendre les résultats mais l'un des recruteurs m'avait prévenu que ça prendrait presque vingt jours avant qu'une réponse ne vienne.
Mais pourtant ça n'empêchait pas la mer de monter et je me demandais quand mon château de sable allait s'effondrer. Je me retrouvais seul avec tout ça et je n'arrivais pas à faire quelque chose.
Cet entretien aurait dû être un soulagement. Mais où était-il, ce soulagement ?
On s'attabla dans ce petit restaurant design aux tons clairs et modernes pourvu de beaucoup de plantes.
Je participai aux échanges durant lequel Sehun et Yeri se montrèrent intéressants et de très bons conseils concernant la situation de Jungkook.
Il ne lui restait plus qu'une semaine avant de faire un choix et de signer ou non les contrats.
Le déjeuner fut délicieux, bien mieux que ce à quoi je m'attendais et Yeri sembla très fière, presque orgueilleuse de nous prouver que nous nous étions trompés sur la cuisine végétarienne.
Ça n'empêcha pas Jungkook, pour la contrer, d'aller acheter ses brochettes de viande grillée sur un stand de rue dès la fin du repas.
Il les mangea devant elle et je levai les yeux au ciel devant leurs gamineries.
Emporté par cette journée ensoleillée et par le couple qui ne voulait pas nous laisser partir, on loua des vélos pour se promener aux abords de la rivière Han.
Le vent dans les cheveux, je me sentis soudain réveillé alors que l'après-midi était déjà très avancé. Évidemment, j'étais bon dernier et Jungkook devait régulièrement freiner et descendre de son vélo pour m'attendre.
Il finit par se caler sur mon rythme et pédaler lentement pour apprécier la vue de la rivière, entendre les oiseaux, tout en observant le paysage.
— Tu aurais dû emmener ton appareil photo, lui soufflai-je.
Il acquiesça et alors que Sehun et Yeri avaient pris de l'avance sur nous, il finit par me dire :
— Je m'inquiète pour Yoongi hyung.
Je tournai la tête, m'arrachant du paysage pour le regarder.
— Je suis inquiet par rapport à ce que tu m'as dit, sur leur conversation entre Hoseok hyung et lui.
Il fronça les sourcils :
— Ça ne leur ressemble pas, cette manière de se parler. Hoseok hyung est un chic type, très brillant et très intelligent. Même si Yoongi hyung n'a presque jamais parlé de lui, je sais qu'ils ont eu une histoire, qu'ils sont proches...
— Jungkook... tentai-je.
— Hoseok hyung ne se comporterait pas comme ça avec lui, comme si... comme s'il pouvait le commander, le menacer, lui dire ce qu'il doit faire...
Il semblait contrarié en reprenant :
— Et pourtant c'est ce qui a l'air de se passer. Yugyeom m'a appelé ce matin, parce qu'on doit se voir à propos des contrats... Il a dit qu'il était sorti encore hier soir et qu'il avait entendu des personnes se plaindre qu'elles n'avaient rien à « se mettre sous la dent ».
Je fronçai les sourcils et le visage de Jungkook se ferma :
— Ils parlaient de drogue. Yugyeom m'en a parlé parce que la fille avec qui il traîne est une fumeuse. Elle a cherché Yoongi hyung toute la soirée pour acheter ce qu'il lui fallait, sauf qu'il n'était pas là. Ce n'est pas normal, Yoongi fournit tout le temps à tous ses clients réguliers. Il n'a jamais été absent...
Il releva la tête en pédalant d'un coup sec avant de freiner :
— Ce n'est pas dans les habitudes de hyung...
— Peut-être qu'Hoseok hyung est revenu sur sa parole, proposai-je, et qu'il lui a demandé de ne plus en vendre comme il l'a fait à la soirée déguisée...
— Peut-être, mais pourquoi Yoongi hyung l'écouterait ?
Excellente question à laquelle je n'avais pas de réponse.
On finit par s'arrêter dans un parc sur un bord de pelouse à l'abri d'un grand peuplier et on fit un pierre-feuille-ciseaux pour savoir qui devait aller chercher les glaces.
Jungkook perdit et il râla beaucoup alors Sehun se proposa de l'accompagner. Tandis qu'ils s'éloignaient, Yeri s'allongea sur l'herbe et je me laissai tomber à côté d'elle.
On resta ainsi à écouter le vent et voir passer les nuages.
— Oh, tu ne trouves pas que celui-là ressemble à Mr Do ? plaisanta-t-elle en montrant du doigt un gros nuage à la forme amusante.
Je penchai la tête avant de dire :
— Avec son air agacé et son ton condescendant, carrément !
On se mit à pouffer de rire avant de jouer à ce jeu pendant plusieurs minutes. Mais il y avait peu de nuages pour ce temps de printemps où les températures frôlaient celles de la saison estivale.
— Taehyung, tu sais....
Elle se releva à demi, changeant tout d'un coup d'humeur comme si quelque chose d'imperceptible avait fait son chemin dans sa tête. Étonné, je la suivis dans son mouvement.
— On a eu une longue conversation avec Sehun dans la nuit. À propos de l'internat...
Je me tendis et elle se tourna vers moi :
— On va vraiment partir. On va commencer les démarches dès demain. J'avais déjà commencé à m'informer mais il faut remplir tout un dossier...
J'acquiesçai doucement, me mordillant la lèvre.
— C'est bien, si tu veux faire ton internat en Europe, je suis content pour toi.
Elle me fit un petit sourire attendri :
— Tu vas aussi beaucoup nous manquer...
Je soupirai bruyamment en faisant retomber mon corps dans l'herbe. Je sentais la caresse du soleil sur mon visage et mon cou et j'avais la certitude que d'ici ce soir ma peau allait déjà paraître plus bronzée qu'à l'accoutumée.
— Je suis déjà soulagé que vous vous soyez réconciliés...
— On ne se dispute jamais longtemps, avoua-t-elle en se rallongeant. Je sais qu'on a dû être pénibles mais on en avait besoin...
— Le principal c'est le résultat.
Je sentis qu'elle se rallongeait aussi sur le dos avant de tourner la tête vers moi :
— Tu sais Taehyung, toi aussi tu devrais t'envoler...
Je rouvris les yeux brusquement et lui envoyai un regard en coin.
— Tu es brillant, talentueux, très intelligent, rester uniquement en Corée serait du gâchis. Si tu n'es pas pris à ce poste international tu peux toujours, comme moi, faire envoyer ton dossier dans des universités étrangères. On peut faire notre internat partout.
Je ne répondis pas tout de suite mais je finis par murmurer :
— Je ne suis pas aussi ambitieux que ça et puis... Cette offre s'est présentée à moi, je n'ai rien demandé. Et d'une certaine manière ça me convient. C'est déjà pénible d'avoir à affronter ça, de faire ce choix, d'en comprendre les conséquences et tout ce que ça implique. Alors, prendre cette décision de moi-même, d'aller là-bas, non... je n'y arriverais pas.
— Parce que tu penses que Jungkook le prendrait mal ?
— C'est différent pour toi, Sehun va te suivre. Il te suivra partout, il s'adapte, il en la possibilité, déclarai-je me relevant à nouveau, le dos plein d'herbes accrochées. Mais partir de moi-même c'est laisser Jungkook ici, de l'avoir voulu et j'aurais trop peur que ça nous brise. Que ça détruise tout, qu'il m'en veuille.
— On dirait que tu as peur de lui, parfois ou que tu as peur de toi...
Je me figeai et elle chuchota, comme un secret confié au coin de l'oreille :
— Tu as peur de sa réaction ?
— J'ai peur de la douleur qu'il ressentira à cause de moi, admis-je.
Elle acquiesça doucement et je tirai sur l'herbe entre mes doigts.
On resta silencieux mais je n'aimais pas ce silence, cette latence, cette impression qu'elle se taisait et je finis par basculer sur le côté.
— Dis-moi.
— Qui te dit que j'ai envie de te dire quelque chose ?
— Je te connais et je n'aime pas ça, que tu te taises alors que tu meurs d'envie de me faire part d'un truc.
Elle me regarda en coin avec un petit sourire contrit avant de basculer sur le côté pour me faire face, sa tête reposant sur sa main.
— Je me faisais une réflexion bizarre...
— Balance.
Elle gloussa un peu avant de reprendre son sérieux.
— Je devrais trouver ça dommage et terriblement triste que vous soyez séparés mais en même temps, je crois qu'une partie de moi serait soulagée et c'est terriblement égoïste de penser ça.
— Soulagée ? répétai-je sans comprendre. Soulagée de quoi ?
Elle se mordit la lèvre en hésitant :
— Je t'ai dit que c'était bizarre...
— Dis-le quand même, insistai-je, soudain nerveux.
— Je ne pense pas que ça va te plaire...
— Yeri... l'avertis-je.
— J'ai l'impression que vous devriez vous éloigner.
J'ouvris la bouche mais elle m'arrêta d'un geste de la main :
— Attends, attends laisse-moi t'expliquer... Ce n'est pas un jugement, c'est une impression, j'ai dit « éloigner » pas « séparer »... Je sais que si vous ne vous étiez jamais rencontrés vous n'en seriez pas là aujourd'hui et que clairement ça aurait été une mauvaise chose mais... quand on fait l'inventaire de toute votre vie en un an, vous avez cumulé plus de péripéties que n'importe quel couple ! Bien sûr, ça s'est toujours terminé par une note positive et ça n'a fait que renforcer vos sentiments... mais justement.
Elle se releva à moitié :
— Justement. Vous êtes tout le temps avec l'autre comme une entité à part entière. Ce n'est pas une mauvaise chose... mais c'est comme si vous ne pouviez plus être l'un sans l'autre. Or, Taehyung, tu existes, toi et toi uniquement et tu sembles culpabiliser d'avoir des envies, des désirs, des rêves sans lui. Comme si tu refusais d'être un individu à part entière. Comme si tu t'effaçais vis-à-vis de lui. Et plus tu as envie d'autre chose, plus ça a l'air de faire l'effet d'un aimant, ça vous rapproche, ça vous éloigne et ça vous détruit, non ? Comme si tu ne pouvais pas être toi et être avec Jungkook. Comme si tu ne semblais pas capable de faire les deux.
Je la fixai, hébété, la bouche ouverte, les yeux écarquillés sans savoir quoi dire. Mon cœur avait commencé à battre rapidement dans ma poitrine mais c'était l'effet que ça avait produit dans ma tête qui était effrayant.
Comme un grand blanc, un grand vide, un grand néant.
Comme si tout avait été englouti.
Elle poursuivit, dans son idée, ses yeux fixant un point invisible.
— Le plus impressionnant reste Jungkook, lui qui était si individualiste n'en est absolument plus capable maintenant.
— On s'aime...bégayai-je.
C'était tout ce que j'avais trouvé à dire devant sa tirade qui m'avait coupé le souffle comme si elle avait appuyé sur l'interrupteur qui déclenchait l'angoisse. Je la sentais se répandre dans ma poitrine et faire trembler mes mains.
— Bien sûr que vous vous aimez, reprit-elle d'une voix douce, faudrait vraiment être aveugle pour ne pas le voir. Mais tu sais j'en ai vu des couples, je le suis moi-même, j'ai toujours cru que ma manière d'aimer Sehun était de trop, déréglée, étrange et presque folle.
Elle se mordit encore la lèvre avant de dire :
— Mais quand je vous vois, je me rends compte qu'il s'agit d'un autre level. Comme si vous étiez des couleurs qui se mélangeaient. Comme si vous vous fondiez pour devenir qu'un seul être. C'est à la fois impressionnant et... flippant...
— Tu dis ça comme si c'était anormal.
Ma voix était pleine de reproches et elle secoua la tête :
— Non, ce n'est pas anormal, ce n'est pas ce que je dis. C'est juste que je m'inquiète, tu sais. Sehun et moi, on s'inquiète pour vous deux.
Elle fit un geste de la main mais je reculai, perturbé, et elle soupira :
— Je me suis mal exprimée. Ce que je veux dire c'est que cette opportunité de l'étranger tombe à point nommé, comme si c'était une porte de sortie. Sans ça, que crois-tu qu'il arriverait ?
— Rien, il ne m'arriverait pas tous ces tourments...
— Justement, insista-t-elle. Vous continueriez de vivre uniquement l'un pour l'autre, pour l'un et l'autre, non ? Ça donne l'image que vous vous enfermez dans une bulle à vous donner du bonheur mais aussi à vous faire du mal où tout tourne en rond, non ?
Je me levai d'un coup et elle me suivit, je me sentais faire une crise d'angoisse, mon souffle se coupant, mes mains s'agitant :
— Taehyung, essaya-t-elle encore, c'est juste que... Je sais que vous vous aimez et n'importe qui voudrait être aimé comme vous l'êtes l'un pour l'autre, sauf que d'un point de vue extérieur ça paraît... dangereux.
— Ce n'est pas dangereux !
Elle baissa les yeux tandis qu'autour de moi les gens qui languissaient sur l'herbe bougeaient pour savoir qui venait de hurler.
Je me sentis pris d'un vertige et elle marmonna :
— Taehyung, réponds seulement à ma question et après j'arrêterai de parler de ça. Dis-moi, si Jungkook mourrait demain ? D'un accident, ou de n'importe quoi ? Qu'est-ce que tu ferais ?
« Je mourrais aussi. »
La violence de ma propre pensée m'effraya et Yeri agrippa mes mains, caressant mes paumes.
— Respire, respire, ça va aller.
Je tombai à genoux, mon cœur me faisait un mal de chien et je n'arrivais pas à reprendre mon souffle.
Si Jungkook mourrait, je voudrais mourir aussi, violemment. C'était une certitude terrible, presque folle.
Une certitude que j'avais déjà eue à la mort de mes parents et que je répétais à nouveau comme si rien n'avait changé. Comme si je ne pouvais jamais quitter les gens que j'aimais le plus dans ma vie.
Je mourrais aussi, je me jetterais d'un pont, je passerais sous les roues d'une voiture, je me prendrais un train en pleine face, je me pendrais, je me couperais les veines, j'avalerais tout un tas de médicament, je...
Je ne me poserais même pas de question.
Je n'aurais aucune hésitation.
Je m'arrachai un cri silencieux en sentant l'horrible torture au fond de moi. Le lien qui s'étirait jusqu'à se briser, se tendait à nouveau comme s'il me coupait en deux.
Yeri me fixait, m'intimant de respirer, peu surprise par ma réaction.
Comment avait-elle réussi à lire autant en moi ?
De mes désirs les plus fous, de cette impression de ne faire qu'Un avec Jungkook, de me fondre en lui, de mourir avec lui, pour lui...
Et le fait qu'elle m'en parle, qu'elle me fasse part de son avis sur ce versant aussi intime de ma vie, me mettait dans un état de panique.
Car il n'y avait rien de pire que de savoir qu'on avait un problème, de nager dans le déni jusqu'à ce qu'on nous le claque en pleine figure.
Je réussis à me calmer et je m'allongeai à nouveau sur le dos, la respiration erratique, tout en observant le ciel superbe, les quelques nuages où la forme du terrible visage de Mr Do devenait presque démoniaque.
La main de Yeri serrait la mienne. Je n'arrivais pas à pleurer, je restais juste secoué, flottant entre deux eaux.
La mer envahissait les douves de mon château de sable.
Puis elle se rallongea et me chuchota :
— Tu peux vivre pour toi et par toi Taehyung, tu as le droit. Tu peux aussi t'aimer toi et aimer Jungkook, ce n'est pas impossible, tu peux t'envoler, réaliser tes rêves et ça ne te rendra pas coupable de délaisser ta moitié. Un jour, des chemins doivent se séparer pour se sauver, pour mieux se retrouver.
Je fermai les yeux, accrochant l'herbe sous mon corps, le lien fragile à l'intérieur de moi se détendit.
Yeri avait mis des mots sur cette dissonance en moi, sur les divergences de mon désir. Je me sentais presque à deux doigts de créer un autre double de moi-même tant la force de mes pensées était divisée.
Je voulais aller à l'étranger et je voulais rester avec Jungkook. Je voulais une vie à Séoul avec lui et un avenir professionnel à l'étranger.
J'aurais voulu être deux et vivre ces deux vies-là pour ne jamais avoir à faire un choix.
Je ne voulais pas encore le faire, je préférais encore rester dans mon déni de croire que tout allait bien.
Je voulais qu'on continue de jouer à ce jeu factice.
Yeri me répéta encore ces mêmes mots comme si elle m'autorisait à m'aimer moi, mes rêves et mes désirs, comme si elle m'en donnait le droit.
Mais je m'y refusais.
*******
Le soir, à la tombée du jour tandis qu'un coucher de soleil orangé embrasait la ville, Jungkook et moi étions arrivés dans mon appartement.
Pendant qu'il prenait sa douche, je n'avais pas pu m'empêcher de faire le ménage. Comme s'il fallait que j'ordonne mon espace pour ordonner mon esprit.
Après ma discussion avec Yeri, Sehun et Jungkook étaient revenus avec nos glaces et j'avais dû faire semblant que tout allait bien tandis qu'à l'intérieur de moi j'enfermais toutes mes pensées dans un nouveau tiroir.
L'après-midi et le début de soirée s'étaient passés, malgré tout. Faire du vélo m'avait détendu et lorsque Yeri m'avait pris dans ses bras, j'avais su que je serais incapable de lui en vouloir pour son honnêteté. Je ne pouvais pas lui en porter rigueur.
Telle avait toujours été sa place à mes côtés.
Quand ce fut mon tour d'aller dans la salle de bain, j'observai mon reflet en grimaçant.
Super, j'étais complètement bronzé maintenant.
Deux rayons de soleil dans une journée et mon teint virait en trois minutes top chrono.
Il fallait que j'adopte une crème solaire, une amie éternelle que je devais emmener partout avec moi. Si je devais choisir entre bronzé naturellement ou être plâtré, la face tartinée d'écran solaire, je choisissais le plâtre, ça m'évitait les démarcations hideuses de mes vêtements.
Je relevai la manche de mon tee-shirt.
Attention suspense, mesdames et messieurs...
Et voilà, bingo, bronzage agricole.
Grande classe.
Il y eut un petit rire et j'envoyai à Jungkook un regard faussement meurtrier :
— On ne rit pas.
— Je ne ris pas, j'admire.
— C'est ça... persiflai-je.
Il se cala contre l'embrasure de la porte, les bras croisés sur son torse nu, uniquement vêtu d'un short.
Mes yeux parcoururent sa peau aux nuances plus claires que la mienne.
J'allais dire un truc bien niais mais je m'en fichais : quelle créature de rêve.
Il y avait des gens dans ce monde, dotés d'un physique naturellement beau et bien fichu, Jungkook faisait partie de ces personnes-là.
— Hyung, je vais signer chez les Nexen.
Je me mis à sourire, amusé.
— Je le sais.
Il fit un peu la moue avant de poursuivre :
— Je vois Yugyeom demain et je sais qu'il a aussi pris sa décision.
Puis il soupira :
— Ça nous retire tous les deux de la compétition de l'été maintenant qu'on sera sous contrat, je me demande comment le reste de l'équipe va réagir.
— Ils doivent s'en douter, non ? Après tout votre formation doit aboutir à un recrutement, ils seront sûrement contents pour vous...
Il sembla hésiter avant de hocher la tête. On se fixa et je m'approchai, tirant sur ma tignasse :
— Ils sont longs, on retourne chez le coiffeur bientôt ?
— C'est que tu prendrais presque goût à ça...
— Je peux aussi les laisser pousser et les avoir longs, puisque tu as l'air de me trouver magnifique avec une queue de cheval, chuchotai-je moqueusement.
Jungkook rosit un peu avant de me donner une tape sur le bras :
— Ça suffit, tu vas me le ressortir souvent ça ?
— À chaque fois qu'on parlera de mes cheveux...
Il m'attrapa par le menton et me claqua un baiser sur les lèvres. Un baiser qu'il reprit, picorant ma bouche avant de migrer vers mon cou. Je reculai doucement et il marmonna :
— Quelque chose s'est passé cet après-midi, hein ?
— Pourquoi tu dis ça ? réagis-je en perdant mon sourire.
— Quand on est revenus avec les glaces il y avait une drôle d'ambiance entre toi et Yeri...
— Rien d'important.
Il encercla mes épaules et nos regards s'accrochèrent dans le reflet du miroir. Il savait que j'éludais la question. Et je savais qu'il voulait creuser.
Mais ce regard entre nous était comme un signal d'alerte.
Alors il se dégagea en embrassant ma joue :
— Bonne douche.
Je souris en refermant la porte.
Nous devions garder la face, rester en superficialité, entretenir ces comportements factices. Car la dernière tentative d'exploser un abcès bien trop installé avait failli nous briser.
J'étais effrayé de ça et je savais que lui aussi.
Alors on ne parlait pas, on ne parlait plus.
On continuait d'entretenir les apparences pour s'accrocher encore un peu.
Avant que la mer ne monte et n'engloutisse le château de sable.
*******
Mon esprit se réveilla brusquement et je papillonnai des yeux, le cœur tambourinant soudainement à la chamade. Quelque chose venait de briser mon rêve, de me tirer du sommeil.
Je me sentis faire un geste paniqué vers mon téléphone qui brillait dans le noir avant de me frotter les yeux.
Qu'est-ce qu'il se passait ?
Le réveil m'indiquait 4h28 et je me concentrai pour apercevoir la photo de Jimin sur mon écran.
Jimin.
Mon esprit fonctionna à vive allure, alerté par l'heure, la situation et tout le reste.
Quelque chose venait.
Quelque chose arrivait, ravageant et tempétueux. Quelque chose pour lequel on n'était pas prêts.
Comme les prémices d'une catastrophe.
Je décrochai, inquiet, la voix enrouée :
— Ji...Jimin ? Qu'est-ce qu'il y a ?
« Tae... »
Un mot, un sanglot.
Mon corps se redressa de sa position avachie, subitement.
La panique se mit à courir au galop dans mes veines.
— Jimin, qu'est-ce qu'il y a ? Où es-tu ?
« Tae... c'est... »
Je ne comprenais pas ce qu'il disait et je sentis Jungkook remuer dans le lit et ouvrir un œil, réveillé et alerté par la situation.
— Jimin, paniquai-je en criant à présent, qu'est-ce qu'il se passe ?
« Tae... il... hyung a... »
Puis une idée, une angoisse, un pressentiment, mon regard croisa celui de Jungkook qui se releva et alluma la lampe de chevet.
La voix de Jimin éclata alors dans l'appareil, chargée d'émotion et de terreur :
« Yoon...Yoongi hyung a fait une overdose... »
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