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58-

Warning trigger : Ce chapitre peut contenir des scènes et des propos difficiles psychologiquement.

Je vous rappelle que cette histoire est inscrite avec un contenu mature. N'hésitez pas à interrompre votre lecture et changer de chapitre.

*******

J'ouvris les yeux légèrement en sentant une caresse sur mon front.

Je reconnaissais cette sensation entre mille et je bougeais lentement pour la sentir le plus longtemps possible.

Tout mon corps était lourd et me faisait mal, mais je me sentais étrangement bien, à moitié encore ensommeillé.

L'odeur de Jungkook me parvenait alors qu'il m'embrassait délicatement sur les lèvres avant de se lever du lit sur lequel j'étais allongé pour quitter la chambre.

Mon esprit fut de nouveau emporté par le sommeil et je me laissais aller complètement dans la chaleur de ces couvertures qui m'emmitouflaient.

Malgré tout, un éclat de conscience me fit froncer les sourcils.

Les événements précédents mon évanouissement me revinrent et j'ouvris les paupières d'un coup. La pièce était sombre, seulement éclairée par une lampe de chevet en forme d'ananas. Je fixais le décor, perturbé de ne pas le reconnaître.

Je tentais de me relever mais une grimace et une sensation de courbatures me terrassa. Mes doigts bougèrent, palpant mon corps et mon visage, et je m'aperçus qu'on avait nettoyé mes plaies et posé des pansements.

Mon esprit se reconnecta d'un coup, pourtant toujours assailli par le sommeil. Je fixais la couette dans laquelle j'étais emmitouflé, le lit deux places, la décoration ethnique de la chambre.

J'étais sûrement chez Sehun et Yeri.

Dans un effort qui me parut titanesque, je réussis à me relever sur mes coudes. J'entendais du bruit dans la pièce d'à côté et lentement et en vacillant, je quittais le lit, m'emmitouflant dans la couverture en laine posée par-dessus la couette et m'approchais de la porte.

Le couloir qui jouxtait la chambre était sombre mais la porte menant au salon était entrouverte.

Je m'approchais lentement pour apercevoir dans l'entrebâillement les silhouettes de Sehun et Yeri. Le couple était dans le salon, Yeri s'occupait de mettre des pansements sur les plaies de Jimin notamment son nez et Sehun s'était posé sur le bras du gros fauteuil où Jungkook, l'air tourmenté, était assis.

Yoongi fumait debout, adossé à la porte fenêtre qu'il avait entrouverte pour ne pas enfumer toute la pièce.

Je m'apprêtais à ouvrir la porte, me précipiter parmi eux et embrasser Jungkook, le serrer dans mes bras, chasser de son visage cet air torturé mais je me figeais, la main sur la poignée, au moment où Yeri se releva, refermant la boite à pharmacie et que Jungkook lâcha, d'un sérieux sans précédent :

— Il est temps que tu nous expliques, que tu m'expliques, hyung. Qu'est ce qui s'est passé ce soir ?

Mais Jimin soupira seulement, enfoncé dans le canapé que je voyais de dos, sa touffe de cheveux coloré dépassant quelque peu du dossier.

— Ce n'est pas à moi de te parler de lui, c'est à Tae.

— Hyung ne m'a jamais parlé de lui, lâcha Jungkook abruptement. Jamais. Ce type, ce Youngjae déboule d'un coup et... non mais tu ne vas pas me laisser dans cet état-là ! Tu as vu dans quel état il l'a mis ! Dans quel état il vous a mis !

— Calme toi, intima Yoongi hyung d'un air affable et pourtant très concentré sur la discussion qui suivait.

Yeri se cala tout près de Sehun qui la serra dans ses bras, embrassant sa tempe. Je voyais son visage de là où j'étais et un élan de culpabilité m'ébranla. Elle avait l'air d'avoir pleuré et semblait littéralement inquiète.

Mais mes yeux ne pouvaient se détacher de la figure contrariée et dans tous ses états de Jungkook.

— Jimin, prononça Sehun. Rien que pour toi, pour te soulager de ce que tu ressens tu devrais tout évacuer et nous dire de quoi il en retourne.

Ma main retomba, quittant la poignée et je restais là, tel un espion, figé devant cette porte entrebâillée.

Mon meilleur ami sembla hésiter puis d'une voix qui trembla, il lâcha :

— Au départ, Tae, n'était pas mon meilleur ami... il... je me le suis approprié alors qu'il était celui de quelqu'un d'autre.

— Tu veux dire que ce connard, cracha Jungkook alors que Yoongi hyung retirait une nouvelle cigarette de son paquet, était le meilleur ami de Taehyung hyung ?

— Oui, avoua Jimin.

Je reculais dans la pénombre, m'éloignant de la porte, et pourtant malgré la douleur dans mon corps je ne bougeais pas, je restais debout, les pieds ancrés dans le sol.

J'avais peur de ce qui allait suivre.

Ou peut-être que j'avais besoin d'entendre ce qui allait se dire.

Je ne savais pas.

Je savais juste que je ne pouvais pas partir.

— Youngjae était le meilleur ami de Taehyung. Ils se connaissent depuis toujours. Je suis arrivé sur Busan quand j'avais onze ans et je ne les ai connus qu'à ce moment-là mais eux, ils se connaissaient depuis la maternelle. Ils étaient voisins de quartier, ils avaient toujours été dans la même école, ils étaient inséparables. Le jour de l'emménagement, la famille Kim est venue nous souhaiter la bienvenue car nous étions la maison juste à côté de la leur. C'est ce jour-là que j'ai fait la connaissance de Taehyung.

La voix de Jimin était presque un murmure mais personne ne semblait vouloir l'interrompre pour lui demander de parler plus fort. Yoongi fumait toujours, sans regarder les autres, pourtant il écoutait sans rien dire. Jungkook était concentré, les coudes sur ses cuisses à l'affût de toutes informations et Yeri et Sehun, fidèles à eux-mêmes, étaient bienveillants et focalisés sur leur interlocuteur.

— Vous savez, le Taehyung de l'époque... était différent du Tae d'aujourd'hui. C'était un garçon extrêmement sociable, chaleureux, avenant et extraverti. Tout le monde le connaissait dans le quartier parce que c'était un sacré garnement au visage d'ange. Il était turbulent mais on ne pouvait pas réellement lui en vouloir. Moi, je me sentais seul et j'allais entrer au collège, j'avais désespérément besoin d'avoir un ami, alors le jour de l'emménagement quand Taehyung s'est présenté à moi, je me suis accroché à lui. Au collège il était très populaire autant auprès des garçons que des filles. Il était serviable et fort. Il n'hésitait pas à dire ce qu'il pensait, à être un leader, à prendre des initiatives, à défendre les plus faibles... Moi, j'étais un garçon rondouillet de la campagne de Busan, qui ne connaissait rien à la ville et ça me rendait heureux que quelqu'un comme lui puisse m'aider et m'accompagner dans mes premiers jours de collège. Je le trouvais trop cool, je voulais être son ami mais tout le monde le voulait. Mais il y avait quelqu'un qui nous empêchait d'être proche de Taehyung. Seo Youngjae.

— Dès que Taehyung me l'a présenté, poursuivit Jimin, j'ai tout de suite su qu'on ne s'entendrait jamais. Youngjae était encore plus turbulent que Taehyung. Mais contrairement à lui, il n'était pas apprécié. Dans le voisinage il habitait la dernière maison dans la rue d'en face. C'était la maison la plus laide, la plus vieille et la moins bien entretenue de tout le quartier. Les parents de Youngjae étaient les seuls à ne pas venir nous souhaiter la bienvenue à notre emménagement. En réalité, la famille de Youngjae avait mauvaise réputation, son père avait un sérieux problème avec l'alcool et sa mère portait souvent des coquards et des bleus sur son visage. Le plus triste, c'est qu'avec le recul aujourd'hui, je me rends compte que tout le monde savait que Mr Seo tapait sur son épouse et probablement sur son fils mais que personne ne faisait rien. Moi, j'avais onze ans, et tout ce que je savais c'est que Taehyung tenait plus à Youngjae qu'à moi. C'était désagréable de se sentir être la troisième roue du carrosse.

- Je ne comprenais pas comment Taehyung faisait pour être ami avec lui, au collège personne ne comprenait. Taehyung était adorable et savait s'excuser quand il était en tort mais Youngjae ne le faisait jamais. Il était méchant et intenable. C'était une petite brute insupportable qui prenait du plaisir à effrayer les autres élèves au collège. Youngjae n'avait aucun ami à part Taehyung, c'était parce qu'il faisait en sorte de mettre tout le monde à distance, soit par des menaces soit par des coups. Évidemment il me haïssait car même si j'avais la trouille de lui, je m'accrochais. Et parce qu'on était voisins de quartier je voyais Taehyung souvent, nos mères s'entendaient vraiment bien. Il me brutalisait déjà, et nous n'avions que onze ans. Jamais je ne l'ai dit à Taehyung car j'avais peur qu'il se retrouve à faire un choix entre nous deux et que ce ne soit pas moi qu'il choisisse. Alors je me taisais, j'encaissais. »

Jimin souffla de manière fébrile avant de reprendre :

— Lorsque la deuxième année de collège a débuté, tout le monde avait vraiment peur de Youngjae. Il se faisait renvoyer pour plusieurs jours, il avait des heures incalculables de retenues et de punitions. C'était la bête noire de nos professeurs. Il n'était pas seulement méchant avec les garçons mais il l'était aussi avec des filles. Plus les mois passaient et pire il devenait. Je pense que ce qui empirait le problème c'était qu'il voyait Taehyung s'attacher à moi et me considérer au-delà d'un simple camarade de classe ou d'un voisin. Taehyung et moi on se voyait souvent sans Youngjae car son père l'interdisait de sortir parfois, on jouait à la console, je lui prêtais des livres, on parlait de musique et de manga. On avait beaucoup de choses en commun et ça me rendait fier parce que ces choses-là, Taehyung ne pouvait pas les partager avec Youngjae qui était complétement insensible à tout ça. Alors lui, il devenait vraiment agressif. Je me souviens de la fois où il nous vu revenir du centre commercial avec nos mères et que pour se venger, il a crevé les pneus de la voiture de mes parents dans la nuit. Mais sa plus grande vengeance a été de propager sur moi des rumeurs et des mensonges.

Jimin soupira, je le vis bouger et passer une main désabusée dans ses cheveux. Mon cœur battait à la chamade et mes yeux me piquaient de larmes que je retenais.

— J'en ai développé des complexes. Je savais que c'était lui mais je ne parvenais pas à me défendre. Pourtant ça n'avait rien de grave comme mensonge, c'était puéril. Il s'amusait à se moquer de mon apparence mais aussi à dire que j'avais insulté telle ou telle personne, que j'avais triché aux examens. Tout était faux, mais nous sommes tous allés à l'école et nous savons tous comment se propagent des rumeurs, comment des clans se forment, comment l'opinion générale peut être renversée... J'ai énormément souffert de ça. Puis est arrivé le lycée, et là ça a encore empiré. Avec l'âge, les mentalités, les hormones, Youngjae devenait complètement incontrôlable même pour Taehyung. Avant, Youngjae était obsédé à l'idée que son meilleur ami fasse les mêmes choses que lui. Il possédait une main mise sur le côté turbulent de Taehyung mais avec le lycée, les choses changeaient. Taehyung ne s'intéressait pas à tout ça. Et ça, il avait du mal à le supporter. Youngjae devenait obsédé par la sexualité et la violence. Sur Busan il y avait des gangs qui recrutaient des lycéens pour faire leur sale boulot et Taehyung le suspectait de les rejoindre. J'avais l'impression que plus il revenait couvert de coups au milieu de la nuit, plus il devenait violent. Et plus il sombrait, plus Taehyung se désintéressait de moi pour ne se consacrer qu'à lui.

— Youngjae se prenait régulièrement des retenues, des avertissements et des menaces de renvoi pour la méchanceté gratuite qu'il distribuait aux filles. Il avait une sorte de hargne à s'en prendre aux filles. De mon côté je commençais à m'interroger sur ma propre sexualité et... parce que Taehyung était mon seul ami et le plus cher, je lui ai fait part de mes doutes, concernant le fait que les filles n'étaient pas mon truc. Sauf que Youngjae est entré dans la chambre de Taehyung à ce moment-là. J'ai cru qu'il n'avait pas entendu mais deux jours plus tard, il m'a coincé à la sortie des cours, il s'est mis dans une colère noire et il m'a tabassé.

— Je suis resté deux jours à l'hôpital à cause des blessures. Je n'ai osé le dire à personne même si ma mère me suppliait, je n'osais pas le dire à Taehyung non plus car j'avais toujours cette crainte qu'il me laisse et qu'il choisisse de prendre parti pour lui. Mais Taehyung était caractériel et il n'a pas lâché l'affaire alors j'ai fini par tout lui avouer. Lui et Youngjae ont eu une dispute horrible. Pour Youngjae, mon homosexualité était insupportable. En fait, il avait peur. Peur que je sois amoureux de son meilleur ami, que je le « contamine », il répétait ça souvent. Il n'avait aucune idée de ce qu'était l'amour ou la tendresse. Pour lui l'homosexualité était une tare, une maladie. Il ne faisait que répéter ce que son alcoolique de père disait, lorsque complètement bourré il hurlait dans les rues du quartier à deux heures du matin. Mais j'avais l'impression que l'idée même qu'un homme pouvait « s'approprier » Taehyung le rendait complètement fou. Et c'est là que tout à foiré. Parce l'idée même que Taehyung puisse me défendre, m'accepter comme j'étais, ça revenait pour Youngjae à se dire qu'il m'avait choisi moi et pas lui.

Sa voix vacilla et il dût s'arrêter quelques secondes pour souffler, encore :

— Taehyung était fâché contre Youngjae sans comprendre l'ampleur de ce que ça impliquait. Et le lendemain de cette dispute, Youngjae a violé une fille dans le lycée.

Il marqua une pause et le visage de ses interlocuteurs se barra d'une expression d'horreur figée dans la surprise.

— La nouvelle a choqué tout le monde. Ça a eu une ampleur considérable sur le lycée. Youngjae a été envoyé au centre pénitencier pour mineur jusqu'à ce que la fille en question revienne sur sa parole quelques mois plus tard. Mais moi, comme l'égoïste que j'étais, j'étais bien content d'être débarrassé de lui. Taehyung était bien mieux quand Youngjae n'était pas là. De mon côté, j'avais terriblement besoin de lui pour me soutenir dans ma découverte de l'homosexualité. Mais parce que cette fille est revenue sur sa parole, Youngjae est revenu lui aussi mais dans un autre lycée cette fois. Il séchait et zonait toujours près du notre et ce qui m'énervait le plus, c'était que Taehyung le croyait innocent, il s'inquiétait pour lui, il le défendait alors que moi j'étais persuadé qu'il avait vraiment fait du mal à cette fille. Ils se sont réconciliés et Taehyung a fait promettre à Youngjae de ne pas s'en prendre à moi. Étrangement, les choses se sont tassées, mais ce n'était que le calme avant la tempête.

Le débit de voix de Jimin était plus rapide, plus sec et haché comme s'il s'emballait, comme si maintenant il ne pouvait plus s'arrêter de parler.

— Un mois après son retour du centre pénitencier, le père de Youngjae est mort. C'est son épouse qui l'a tué, elle a plaidé la légitime défense face à la police mais parce qu'elle n'a jamais avoué où elle avait caché le corps, elle a été envoyée en prison. Elle y est toujours. Youngjae a été envoyé en famille d'accueil mais il n'y allait jamais, il passait sa vie dehors et il revenait dans le quartier, squattait son ancienne maison alors qu'il n'avait plus le droit de s'y rendre. Pour les rares fois où je l'ai vu à cette époque-là, j'avais l'impression qu'il était devenu complètement fou. Il était calme et je pense que ça, c'était bien plus effrayant que de le voir hyperactif. Puis, le mois d'après, il a tabassé un de ses professeurs et il a été envoyé dans un centre de redressement pendant six mois. Taehyung n'allait pas bien à cette époque-là mais il ne m'en parlait pas. Moi j'étais en colère, je voyais bien que les agissements de Youngjae avaient un impact sur Taehyung et que j'avais beau être là, lui remonter le moral, ça ne marchait pas complètement. Et deux mois après les faits, il y a eu l'accident de voiture dans lequel les parents de Taehyung ont trouvé la mort.

La voix de Jimin mourut dans un sanglot et je m'accrochai au mur derrière moi en tremblant pour rester debout.

— Ses parents sont morts sur le coup, lui il a eu beau s'en sortir presque indemne physiquement, il était littéralement et complètement traumatisé. Il a été hospitalisé à l'hôpital de Busan et j'allais le voir tous les jours avant et après les cours. Ça a duré quatre mois et durant ce temps-là, il n'a pas dit un mot. Il était comme un fantôme, amaigri, figé. C'était horrible.

Jimin pleurait maintenant, il pleurait vraiment fort et Yeri avait commencé à sangloter contre l'épaule de son petit ami. Jungkook tremblait légèrement, Sehun avait la mâchoire serrée et Yoongi était dans la même position qu'auparavant, sa clope se consumant entre ses doigts sans qu'il ne bouge.

— Il avait de la rééducation mais il n'avait aucune motivation. Rien ne le faisait réagir et pourtant on était nombreux à essayer, il y avait moi qui venait tout le temps mais aussi d'autres camarades de sa classe, les habitants du quartier. Tout le monde aimait Taehyung alors il était entouré, apprécié, il était couvert de cadeaux. Il était vu par un psychiatre mais il n'y avait pas beaucoup de résultats malgré les traitements et la thérapie. Moi, j'étais dépossédé, déprimé, je ne savais pas quoi faire pour lui alors que je le voulais à tout prix. Taehyung était éteint, en fait. Et puis, les six mois étant terminé, Youngjae est revenu. Quand je l'ai vu traîner autour de mon lycée, probablement pour attendre Tae, j'ai compris qu'il ne savait rien, que personne ne l'avait informé. Je ne sais pas ce qui m'a pris mais je suis allé lui dire, ce qui était arrivé pendant son absence.

Il souffla après une grande inspiration tremblante :

— Je me souviendrais toute ma vie de sa réaction quand je lui ai annoncé en premier lieu que les parents de Taehyung étaient morts. « Et alors ? » m'a-t-il répondu « qu'est-ce que ça peut me foutre ? ». J'étais choqué, je savais qu'il n'avait aucune empathie mais pas à ce point-là. Alors je lui ai dit que Taehyung était aussi dans la voiture avec eux. Là, il a eu une réaction. Je ne sais pas ce qui lui ai passé à travers la tête, je n'ai pas compris mais il m'a menacé de lui révéler dans quel hôpital il était.

Jimin se recroquevilla, secoué de sanglots :

— Ce jour-là, jamais je n'aurais dû lui dire, jamais je n'aurais dû avoir de la pitié pour lui. Jamais je n'aurais dû l'emmener à l'hôpital... mais Youngjae l'a vu et ça... ça l'a complètement déglingué. Il ne comprenait pas, il ne pouvait pas comprendre, il n'a jamais rien compris... Il est venu tous les jours et il me faisait sortir de la chambre à chaque fois alors on se disputait. En réalité il était en train de perdre complètement la boule. Il ne comprenait pas pourquoi Tae ne réagissait plus comme avant, pourquoi il était ainsi, traumatisé, pourquoi il ne serait plus jamais comme avant. Il ne voyait pas le rapport avec la mort de ses parents. Que Tae ne lui réponde pas, qu'il ne réagisse pas à lui, à ce qu'il lui disait, ça le mettait dans une colère démentielle. Alors il a commencé à devenir agressif même avec Tae. Chose que jamais, au grand jamais il n'avait fait. Les infirmiers venaient le sortir violemment de la chambre quand il se mettait à hurler sur Tae, à le secouer et à le gifler. Tae a réagi ce jour-là. Il a réagi comme n'importe quelle personne, il a pleuré, il a crié parce qu'il avait mal. Après cela, Youngjae a été interdit de visite mais moi je craignais quand même qu'il se pointe. Taehyung réagissait par moment mais j'avais l'impression que ce qui se passait lui avait fait encore plus de mal. Il semblait faire des crises de larmes et d'angoisse. J'ai insisté auprès du psychiatre qui m'a dit que ça prendrait du temps pour qu'il se reconstruise et qu'ils allaient encore le garder six mois de plus. Et puis... il y a eu ce jour-là...

Je me laissais glisser contre le mur, la tête entre les mains.

— J'avais séché le dernier cours de sport, j'étais démotivé par cette fin de deuxième année de lycée que je passais tout seul. J'avais du mal à me faire des amis et tout le quartier faisait son deuil de la famille Kim. Je suis allé directement à la clinique, la veille Tae avait semblé légèrement réagir quand je lui avais dit que j'avais eu l'autorisation de ramener la console pour la brancher sur la télé d'hôpital. Mais quand je suis arrivé, Youngjae était déjà là...

Je serrais mes poings à m'en faire mal, tremblant de tout mon corps.

Jimin marqua un temps assez long comme si ce qu'il allait dire lui demandait un effort titanesque. Sa voix vibra quand il articula :

— Je... je ne sais pas ce qu'il se serait passé si j'étais arrivé plus tard. Longtemps je me suis interrogé pour comprendre ses agissements. Ce que Youngjae voulait plus que tout, c'était que Tae réagisse, qu'il se « réveille », que « tout redevienne comme avant ». Comme si Taehyung avait été remplacé par un usurpateur. Il était prêt à tout pour que Taehyung ait une réaction, même à aller plus loin que ce qu'il ne s'était jamais permis de faire sur lui. Après tout si... si Tae avait réagi aux coups et aux cris alors... dans sa logique, je suppose, qu'il se disait que si... il allait plus loin... il obtiendrait de meilleurs résultats....

— Il l'a violé ?

La question de Yoongi, posée directement sans fortiori, jeta un froid palpable et une angoisse terrible sur la pièce et mon souffle se coupa.

— Non, admit Jimin d'une voix faible, mais il l'a touché... il l'a...

Jimin pleura encore, semblant incapable de parler et Yeri l'accompagna, se calant contre le torse de Sehun.

— Ne dites jamais à Tae que je vous ai dit ça ! Ne lui dites jamais ! répéta Jimin en hoquetant.

— Dis-moi, intima Jungkook dont les yeux écarquillés montraient toute son horreur. Dis-le-moi quand même.

— Qu... quand je suis arrivé, il l'avait... déshabillé... il l'empêchait de bouger, il le touchait... il l'embrassait de force... Et moi, moi... j'ai été si choqué que je n'ai pas réagi sur le coup. Je ne suis pas rentré dans la chambre... je n'ai pas bougé, je n'y arrivais pas ! Tae va tellement me haïr... je n'ai jamais pu lui dire je... regrette tellement. Je n'arrivais pas à bouger. Le... le pire c'est... que... ça a marché comme il le voulait parce que Tae... réagissait. Il réagissait réellement et c'était horrible...c'était tellement horrible de l'entendre crier et pleurer mais Youngjae lui mordait les lèvres jusqu'au sang. Il appelait sa mère... il n'arrêtait pas de l'appeler et quand Youngjae... a grimpé sur le lit, au-dessus de lui pour...

Jungkook se leva d'un bond, complètement bouleversé, mais Yoongi lui posa une main sur l'épaule et le força à se rasseoir en prononçant :

— Et après ça ?

Jimin pleurait bruyamment avant de poursuivre d'une voix hachée :

— J'ai fini par réagir... je suis rentré dans la chambre et j'ai hurlé, c'est... la seule chose que je pouvais faire. Je me souviens de l'arrivée du personnel, que l'infirmière a appelé la police et la vision de Tae, déshabillé, recroquevillé dans ce lit, les lèvres coupées et pleines de sang. Quand on m'a demandé d'expliquer ce que j'avais vu, j'ai tout dis mais je n'ai... pas osé dire que j'étais resté sans bouger pendant quelques secondes... mais pendant qu'on m'interrogeait, Tae a fait sa première crise de panique. Ça a été horrible... j'ai cru qu'il allait mourir. Dans la semaine qui a suivi il en faisait presque quatre fois par jour et pendant la nuit. C'était atroce de se dire que Youngjae avait réussi son coup... qu'il avait réussi à sortir Tae de son apathie sauf que c'était de la pire manière qui soit... Pourtant le psychiatre lui apprenait des techniques pour se contrôler mais ce n'était pas suffisant sans traitement... Et puis, j'ai appris que Youngjae était en liberté sur Busan, qu'il zonait près de notre quartier et je me suis mis à flipper, j'étais terrorisé qu'il revienne le chercher ou qu'il continue ce qu'il avait commencé alors... alors...

Il se figea :

— Alors j'ai appelé ses grands-parents et je leur ai tout raconté.

Mes yeux s'écarquillèrent sous le choc.

— Je ne lui ai jamais dit à Tae, jamais je n'oserais. Je savais que ses grands-parents n'avaient pas les moyens de vivre sur Busan ni d'avoir un enfant à charge, ils sont... tellement pauvres... mais j'étais terrorisé alors je les ai supplié de venir le chercher, de le prendre avec eux à Daegu. Sa grand-mère a pleuré au téléphone mais une semaine plus tard, Tae quittait Busan pour la campagne de Daegu. Les médecins s'y sont opposés, le psychiatre aussi. Il n'était pas prêt... vous comprenez... il lui fallait des aides, il lui fallait une thérapie et l'aide financière de l'assurance de ses parents ne marcherait pas s'il quittait Busan... Mais Tae est quand même parti. À cause de moi. Il a continué de prendre son traitement sans jamais être revu par un psychiatre, il a fait des crises alors que ses grands-parents n'avaient jamais été formés pour l'aider dans ce genre de moment...C'était moi qui avais provoqué ça, parce que je refusais que Youngjae le retrouve, parce que je m'en voulais... que ce soit moi qui l'ai amené à l'hôpital... Parce que je me sentais coupable de ne pas avoir réagi assez vite... Je n'ai fait que lui mentir, pendant toutes ces années....

Jungkook pleurait au milieu de salon, Sehun tentait de rester impassible mais sa silhouette tressautait. Aucune expression ne se voyait sur le visage de Yoongi hyung mais c'est Yeri, au visage ravagé de larmes qui s'avança et s'agenouilla devant le canapé, lui prenant la main en murmurant :

— Tu as fait ce qu'il fallait, Jimin. N'en doute jamais, tu as fait ce que tu devais faire à ce moment-là. Tu as protégé Taehyung, tu l'as éloigné de la perversion de ce type. Ce Youngjae aurait pu apprendre par n'importe qui qu'il était à l'hôpital et tu n'aurais peut-être pas pu te rendre compte de ce qu'il allait faire. Tu as été choqué, c'est pour ça que tu n'as pas réagi tout de suite, l'état de choc est une réaction normale. Tu te reproches des choses que tu ne devrais pas te reprocher. Taehyung mériterait de savoir tout ce que tu nous as dit ce soir. Tu es un bon ami, Jimin. Tu l'as toujours été et tu le seras toujours, pas parce que tu culpabilises mais parce c'est dans ta nature d'être ainsi. Tu lui as apporté ces dernières années plus de joie et d'amour que tu ne le crois. Il n'a peut-être jamais fini sa thérapie mais il a réussi à se reconstruire parce que tu étais là pour le soutenir. Il n'était pas seul. Tu étais là pour lui apporter toute ta bienveillance. Tu es digne d'être son meilleur ami.

Je voyais trouble mais c'était parce que je n'arrivais pas à chasser mes larmes.

Le discours de Jimin et les dernières phrases de Yeri enveloppaient mon cœur d'une torture douloureuse et d'une chaleur bienfaitrice.

Je me relevai de ma position en vacillant et en tremblant, j'avais froid malgré la couverture sur moi, et je poussai la porte du salon. Les yeux noirs de Yoongi furent les premiers à se tourner vers moi avant ceux de Jungkook. Ses pupilles s'écarquillèrent et Sehun et Yeri relevèrent la tête, surpris, en même temps.

J'étais embrouillé, confus et incapable de réfléchir mais ça m'importait peu. Je pouvais ressentir.

Et c'était ça qui me poussait, le cœur palpitant, à prendre Jimin dans mes bras par-dessus le canapé.

— Merci.

Il sursauta et lorsqu'il comprit qu'il s'agissait de moi, ses sanglots empirèrent.

— Oh Tae, je suis désolé, je suis tellement désolé...

On pleura l'un contre l'autre pendant ce qui me sembla une éternité jusqu'à ce que je vacille et que Jungkook ne me rattrape. Il me souleva et je me recroquevillai contre lui.

Jimin somnolait dans le canapé, complètement épuisé et ce fut Sehun qui le couvrit d'une couverture.

Jungkook nous entraîna sur le gros fauteuil et je me calai contre son torse.

J'avais encore l'impression d'être dans un rêve mais ce n'était plus un cauchemar.

On resta ainsi, dans notre cocon. Jungkook caressait mes cheveux et ma nuque avec douceur et tendresse.

— Je suis désolé, chuchotai-je d'une voix abîmée.

— C'est moi qui suis désolé hyung, murmura-t-il. Ce type je vais le tuer, je vais le massacrer...

La fatigue me prenait au fur et à mesure que les minutes s'écoulaient mais je ne voulais pas dormir. Je ne savais pas ce que faisaient les autres, je n'arrivais pas à tourner la tête, je ne savais pas non plus quelle heure il était.

— Tu dois dormir, balbutiai-je. Le match est...

— Je n'y arriverais pas. Je me fiche de perdre ou de gagner maintenant, je veux juste prendre ma batte de baseball et l'éclater sur sa gueule...

— Jungkook, s'il te plait, suppliai-je.

Il me serra contre lui avec force et Yeri s'avança vers nous en murmurant d'une petite voix :

— Jungkook, je dois refaire les pansements, je suis désolée, tu peux l'asseoir dans le canapé.

Il acquiesça en reniflant et me déposa à la place indiquée.

— Où est Jimin ?

— Sehun est parti le coucher dans notre chambre. Il dort, il va rester avec nous pour cette nuit, ne t'inquiète pas.

Je fixai d'un œil curieux Yoongi hyung dans un coin de la pièce avec son air affable et impassible. Lorsque Sehun revint dans le salon il cingla :

— C'est bon, ta curiosité malsaine est satisfaite ? Il reste avec nous, je ne vais pas te laisser alors tu peux partir.

— Je n'allais pas le récupérer de toute façon, fut sa seule réponse.

Le pâle se tourna vers Jungkook avant de lui faire un signe de tête comme s'il voulait discuter seul à seul sans que le couple n'intervienne.

Jungkook m'embrassa plusieurs fois avant de s'éloigner.

Yeri tacha de recoller les pansements et je grimaçais dès qu'elle désinfectait mes plaies.

— Je suis désolé, balbutiai-je.

— Tu n'as pas à t'excuser, répondit-elle immédiatement. Ce n'est pas de ta faute, Taehyung.

— Tout est de ma faute pourtant...

Elle me fit face avec sérieux ce qui me fit tressaillir :

— Ce qui est arrivé n'est pas de ta faute, ça ne le sera jamais.

— Avant... on était tellement heureux, balbutiai-je en sentant les larmes venir.

— Avant quand ?

— Quand on était enfants, Youngjae et moi...

Elle me fit un petit sourire.

— Tu peux chérir ces souvenirs mais ne pas t'y accrocher, ce qui est arrivé dans le passé reste dans le passé. Tu as d'autres pages à tourner, Taehyung. Les gens changent en bien et en mal mais tu n'es pas responsable de tous les développements personnels des autres autour de toi. Tu peux avoir pitié de ce Youngjae, mais tu ne peux pas le défendre. Ce qu'il a fait et ce qu'il fait est mal, tu ne peux pas l'excuser. Tu es plus fort que ça Taehyung, ne le laisse pas détruire tout ce que tu as construit jusqu'à maintenant parce qu'il ne supporte pas que tu sois heureux et lui non.

Mais yeux s'écarquillèrent et je me remis à trembler :

— Yeri, il... il a menacé Jungkook, il a menacé de tout révéler, pour lui et moi...

Elle sembla choquée et je la pris dans mes bras sans réussir à me contrôler, elle me serra avec son petit corps et je sentis rapidement l'étreinte de Sehun nous englober tous les deux. On resta comme ça et je me sentis protégé, rassuré.

— Il faut l'empêcher de faire ça, marmonna Sehun en nous libérant. Ce type est un fléau, il ne peut pas continuer à tout détruire autour de toi.

— Rentrer dans son jeu est une mauvaise idée, répliqua Yeri en mettant de la pommade sur mon cou meurtri. S'il est comme Jimin nous l'a dit, rien ne le fera flancher, il se pense bien trop supérieur. C'est un manipulateur violent et égocentrique, il n'a pas de limite.

— Il a bien une faille qu'on peut pouvoir exploiter pour le maintenir à distance, insista Sehun.

Une faille.

Mes yeux se fermèrent sur un souvenir et mon cœur s'emballa légèrement avant de ralentir.

*******

Je me réveillais doucement et me rendit compte que j'étais chez moi. A ma droite, encore habillé et endormi contre moi se tenait Jungkook. Je l'observais dormir, suivant la courbe de son visage à la fois juvénile et masculin. La fatigue et les larmes avaient tirés ses traits.

Il me fit de la peine mais je me résolus à ne pas pleurer, pas encore.

Je pivotais et observai le réveil en lettres vertes avant de me rappeler que Jungkook ne jouait son match que ce soir.

Il était presque seize heures.

Mes doigts tâtèrent mon corps et je grimaçai en touchant mon cou. Il était douloureux et j'avais mal à la gorge.

Le téléphone de Jungkook vibra, posé sur la couette entre nous et je m'aperçus qu'il avait dû s'assoupir il y a un moment car il avait pas mal d'appel manqué, notamment des membres de son équipe.

Un message de Yeri, apparaissait en prévisualisation :

« J'ai emmené Jimin à l'hôpital, son nez n'est pas cassé. Il restera chez nous le temps qu'il faudra, Yoongi est-il... »

Je ramenais la couette pour la poser sur son corps mais il bougea dans son sommeil avant d'ouvrir les yeux. Il ne lui fallut que quelques secondes pour que ses iris marrons au-dessus de ses cernes marquées ne se tournent vers moi et qu'il ne se relève d'un coup pour me prendre dans ses bras.

— Je suis là, marmonnais-je d'une voix cassée, je suis là.

Il me serra très fort, plongeant son visage sur mon torse et je fermais mes bras autour de lui.

Je le sentis pleurer et trembler contre moi, ses mains serraient mon tee-shirt avec toute sa peine et toute son inquiétude.

Ça avait été une nuit horrible, apocalyptique.

Il releva son visage et m'embrassa, m'emportant dans un baiser désespéré mais fougueux.

Lentement très lentement il embrassa mon cou, ses yeux tremblèrent en le regardant et je chuchotai :

— Il est si horrible que ça ?

— Il est noir et violet, avoua-t-il.

Au-dessus de moi, mes mains accrochées à ses épaules, ses yeux parcouraient mon corps et il finit par dire ce qui le brûlait de dire depuis des heures :

— Pourquoi tu ne m'as jamais parlé de lui ?

— Je... ne sais pas...

— Tu te souviens, quand je t'ai embrassé la première fois et que tu as fait une crise de panique ensuite ?

Comment ne pas m'en rappeler ?

— Tu croyais que j'étais lui, souffla-t-il.

Je fermai les yeux de douleur.

— Je... ne me souvenais pas de ça. Je suis désolé.

— J'ai toujours su que ce type t'avait fait du mal, Jimin hyung refusait de m'en parler alors j'attendais. J'attendais que toi tu m'en parles.

Puis il rajouta d'une voix éteinte :

— J'avais peur de te poser la question directement, j'avais peur de ta réaction, de remuer le couteau dans la plaie alors que tout allait si bien... J'avais peur d'entendre la vérité et de... ne pas savoir quoi faire pour toi..

Je caressai tendrement son visage le trouvant quand même magnifique avec ses traits fatigués et stressés.

Il embrassa le dos de ma main et mes doigts se perdirent dans les mèches de ses cheveux noirs.

— En réalité... avouai-je, ce n'est pas comme si ça m'avait hanté. Pas comme l'accident. Ça me revenait de temps en temps mais je ne me souvenais pas de tout... Mais quand j'ai écouté l'histoire de Jimin des choses me sont revenues...

Ma gorge se noua et fut plus douloureuse encore. J'eus du mal à faire rentrer l'air, les doigts de Jungkook se glissèrent dans les miens comme s'il sentait mon désarroi.

— Tout est très flou dans ma tête. Il y a des événements que j'ai totalement oubliés, cette histoire avec la fille dans le lycée par exemple et la violence qu'il avait envers Jimin. Peut-être que je ne m'en rendais pas compte à l'époque... J'ai... j'ai du mal à me visualiser avant. C'est comme si je regardais la vie de quelqu'un d'autre ou que j'essayais de me souvenir de toutes les scènes d'un film... Concernant le... le moment à l'hôpital...

Mes doigts serrèrent les siens et je fermai les paupières.

— Je ne me souviens pas de ma période d'hospitalisation, un peu de la rééducation et du psychiatre mais sinon... c'est vide. Ce jour-là... il ne me reste que les émotions que j'ai ressenties, par forcément les images. J'ai mis ça dans le tiroir avec l'accident de mes parents, je crois. Ça n'a ressurgi que quand tu m'as embrassé la première fois et ça n'est pas revenu ensuite. Je ne veux pas que tu t'inquiètes de ça, s'il te plaît.

— Je l'affronte ce soir.

Mes yeux s'écarquillèrent et la mâchoire de Jungkook se serra.

— Il va être sur le même terrain que moi. Je ne peux pas faire semblant de ne pas m'inquiéter, hyung. Je ne peux pas faire semblant de ne pas être en colère. Pas après ce qu'il t'a fait subir...

— Jungkook.

Je pris son visage en coupe, tenant ses joues à deux mains :

— Je sais que je te demande l'impossible. Mais tu ne peux pas régler mes comptes sur un terrain de baseball. Sur ton terrain de baseball. Le sport n'a rien à voir avec tout ça. Ce soir tu joues pour ton équipe, pas uniquement contre lui.

— Son équipe a l'air d'une belle bande d'enfoirés, grinça-t-il.

— Peut-être mais garde ton sang-froid, je t'en prie, suppliais-je. Ne le laisse pas te manipuler, t'atteindre.

— Hyung, trembla-t-il de colère et de peur, si je perds... si je perds contre lui...

Je le fixais dans les yeux :

— Ce ne sera pas Jeon Jungkook qui perd contre Seo Youngjae, mais Séoul contre Busan ! N'oublie pas, tu es dans une équipe. Ce match tu l'attendais tant. Ce soir c'est la finale, tu as confiance en toi, en tes coéquipiers. Vous êtes arrivés jusque-là parce que vous le méritez, parce que vous êtes forts. Ils ne sont pas des dieux, ils ne sont pas des monstres, ce sont des humains aussi. Ils vont faire des erreurs, ils peuvent être battus et s'ils doivent l'être ce sera par ton équipe.

Il eut un léger sourire et je glissai ma main à nouveau dans ses cheveux jusqu'à sa nuque.

— Mais je suis prêt, m'informa-t-il. Prêt à assumer peu importe ce qu'il dira.

— Je ne te demande pas ça, chuchotais-je.

— Je le ferais quand même, insista-t-il.

— Ça n'arrivera pas, je ne le laisserai pas faire ça, clamai-je de ma voix douloureuse.

— Je ne te laisserai pas le revoir ! s'écria-t-il.

Il plongea son visage sur mon torse et je remis mes bras autour de lui. On resta ainsi longtemps.

Mon cerveau réfléchissait à toute vitesse, je faisais des connexions étranges comme si je peinais à me rendre compte que la nuit dernière avait été réelle.

Tout semblait sortir d'un cauchemar mais il fallait que j'arrête de réfléchir ainsi.

Il fallait que j'arrête de mettre à distance les choses de cette manière.

J'avais laissé les événements se répéter encore sans même me battre, par lâcheté, par peur, par frayeur.

Je me sentais pourtant bien mieux dans ma vie, je me sentais différent mais j'avais eu les mêmes agissements, celui de le laisser faire, de me laisser emporter, de subir.

Une faille.

Youngjae n'avait pas de faille, il n'y avait pas moyen d'échapper à ce qu'il s'apprêtait à faire.

Jamais il ne lâcherait prise. Ils avaient raison, il était un fléau. Je ne devais plus m'accrocher à son souvenir, à celui de l'enfant au crâne rasé avec qui je mangeais des glaces, avec qui je faisais du vélo.

Le téléphone de Jungkook sonna une demi-heure plus tard alors qu'on somnolait l'un contre l'autre et en raccrochant, il lâcha sombrement.

— Je dois y aller.

Il m'embrassa longtemps et on prit notre douche ensemble. Je sentais qu'il avait peur de me laisser seul, de me quitter même une minute.

Seul dans la chambre, en peignoir, encore ankylosé de partout, j'attendis, mon cerveau ne cessait de réfléchir c'en était insupportable.

Yeri, Sehun devaient venir me chercher d'ici vingt minutes avec Jimin. Bambam et Jin hyung nous rejoignaient au stade dans une heure et demi.

J'étais perdu, confus, au milieu de ma chambre.

Ce soir Jungkook jouait le match qui déciderait de sa carrière. Un match contre l'équipe, championne depuis six ans, dont faisait partie mon ancien meilleur ami.

Il avait fini de s'habiller et revint vers moi.

Sa nervosité était palpable, je ne l'avais jamais vu ainsi.

Que devrais-je lui dire ?

— Je t'aime.

Il se mit à sourire, un peu, en me caressant le visage, ses lèvres tremblèrent.

— Je sais.

— Je t'aime Jungkook, répétai-je, n'en doute jamais, car je t'aimerais toujours quoi qu'il arrive.

Je pris ses mains et les serrais. Ma gorge me faisait vraiment mal et je sentais que ma voix s'éteignait mais pourtant j'insistais :

— Tu es Jeon Jungkook, le Golden Maknae, tu cours plus vite que n'importe lequel d'entre eux. Mets-leur-en plein la face. Montre-leur qui tu es, que tu n'as pas peur, que tu es fort, que tu es fait pour le baseball.

Il me fixa avec un vrai sourire, le premier depuis notre réveil.

— Massacre-les, fais trembler le stade sous les acclamations du public, montre-leur ce que c'est que d'avoir du talent. Gagne ce match et reviens moi.

— Quoi qu'il arrive, chuchota-t-il contre mes lèvres.

Je rompis la distance et il agrippa mes hanches, sa langue vint titiller la mienne dans un ballet qui me coupa le souffle mais en se détachant, essoufflé, il me paraissait avoir meilleure mine.

— Ne regarde que moi.

— Évidemment.

Il sortit de l'appartement et je restais un moment à fixer la porte qu'il avait refermé.

Une faille.

Et puis soudain, mon esprit fit enfin la connexion, celle que j'avais eu juste avant de m'assoupir quelques heures auparavant.

Youngjae avait bel et bien une faille.







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