Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

56-

— Je n'ai plus de briquettes de jus de pomme. Faut que tu m'en rapportes, Kim.

Je relevai la tête pour fixer le Dr Lee de mon regard le plus noir.

— Je ne suis toujours pas cultivateur de pommes...

— Tu m'as oublié, me reprocha-t-il avec une moue exagérément puérile. Tu as dit que tu en ramènerais de Daegu. Tu m'as rendu accro à ces trucs, prends tes responsabilités !

Je devais, en effet, récupérer un stock de briquettes de jus de pomme chez mes grands-parents car elles étaient fabriquées dans une ferme artisanale à quelques kilomètres de chez eux. Les pommes de Daegu étaient réputées dans le pays. J'avais promis d'en ramener au Dr Lee, sauf que j'avais complètement oublié.

Je le toisai froidement en mangeant mon kimchi :

— Vous n'avez pas de stagiaire en ce moment ?

— Non.

Donc il s'ennuyait.

Et que faisait-il quand il s'ennuyait ?

Bah il m'embêtait.

Nous étions au réfectoire de l'hôpital, il était assez tard et il n'y avait plus grand monde. Je devais manger seul car Jin hyung n'avait pas fini son entretien avec une famille de patient mais le Dr Lee était lui aussi en retard pour déjeuner. Et donc, tout naturellement, il était venu se poser à ma table. Ce n'était pas la première fois que ça arrivait. Parfois il venait se taper l'incruste entre Yeri, Jin hyung et moi, le plus naturellement possible.

Ils le trouvaient, je cite : « trop cool ».

Ouais.

Admettons.

Ça n'empêchait que le Dr Lee exigeait que je descende plus souvent au troisième sous-sol et que je lui rapporte des briquettes de jus de pomme.

Il disait ça tous les jours.

— Et le dernier stagiaire a cassé ma tasse Dobby, se plaignit-il en faisait une moue infiniment triste.

Cette moue ne lui allait pas du tout.

Avec ses cheveux turquoise, ses tatouages, ses piercings aux oreilles et cette coupe à la mode à l'effet gominé où quelques mèches lui tombaient dans le coin de l'œil, il faisait presque flipper avec cette moue faussement enfantine.

— J'en veux une autre, exigea-t-il.

— Je n'ai pas le temps d'aller vous acheter une tasse.

Donc il s'ennuyait à crever.

Pourquoi devait-il à chaque fois m'embêter ?

C'était typique du Dr Lee, depuis mon stage il semblait avoir été pris d'affection pour ma personne. Donc, dès qu'il n'avait pas de stagiaire à maltraiter, c'était vers moi qu'il se tournait.

Jimin fantasmait à fond sur lui dès que je lui en parlais pour me plaindre. Je ne me sentais pas du tout soutenu par mes amis quand il était question du Dr Lee.

— De quoi voulez-vous me parler au juste ? finis-je par demander, ma pause déjeuner étant bientôt terminée. Vous n'êtes pas venu juste faire votre liste de courses ?

— Si. Prends note, je veux aussi des trucs à Noël.

Je levai les yeux au ciel avant d'insister :

— Plus sérieusement ?

— Tu es tellement froid aujourd'hui, minauda-t-il.

— Je suis fatigué, clamai-je avec mauvaise humeur, c'est ma troisième journée de seize heures de boulot.

— Bienvenue dans la vie d'un médecin.

Un silence s'installa et il finit par caler son dos sur sa chaise, croisant ses bras couverts d'encre sur sa poitrine.

— J'ai rédigé ma lettre de recommandation pour toi.

J'arrêtai mes baguettes entre le bol et ma bouche avant de les reposer.

— Vous l'avez vraiment fait ou c'est un moyen de chantage pour que je vous achète une tasse ?

— Évidemment que je l'ai fait, j'ai été ton tuteur de stage, même si c'était pour deux petites semaines.

Je le remerciai d'un hochement de tête et il poursuivit, cette fois nettement plus sérieusement que tout à l'heure.

— Je n'ai pas l'impression que tu sautes de joie à cette idée d'internat à l'étranger.

Ça faisait quatre jours, jour pour jour, que j'avais parlé à Jimin de mon envie.

Deux jours plus tard, alors que Jungkook ne rentrait pas de Daegu à cause des différentes interviews pour des journaux et un match amical et d'entraînement avec l'équipe perdante de Jeju, je m'étais décidé à le lui dire au téléphone.

Il m'avait encouragé. Il n'avait pas sauté de joie non plus, mais il m'avait dit que je devais tenter cette opportunité car sinon j'allais le regretter.

J'avais rendu ma réponse au Dr Young, le directeur du département de médecine à l'université. Ainsi, mon dossier commençait à se construire. Le délai de dépôt des candidatures était pour le mois prochain.

Mes notes étaient triées sur le volet, même celles du lycée. Tout devait être noté, ma situation actuelle, celle de ma famille, mes lettres de recommandation, mes activités extra-scolaires - que je n'avais pas -, une lettre de motivation pour expliquer les raisons qui me poussaient à vouloir postuler à cet internat et ainsi de suite...

Je bloquai encore sur la lettre mais le Dr Young m'avait garanti qu'il m'aiderait à l'écrire.

— J'ai essayé de la rédiger en anglais, reprit le Dr Lee, mais je suis devenu une vraie quiche. Du coup, quelqu'un du département des langues va la traduire comme le reste de ton dossier. Ton niveau d'anglais est comment ?

— Très moyen.

— À mon avis, si tu passes la première phase de recrutement et que ton dossier est sélectionné parmi vingt autres, l'université va t'inscrire à un stage intensif en anglais et te faire passer le TOEIC. J'ai un ami à moi qui l'a fait quand on était ensemble à la fac, il a pleuré tellement c'était dur, aujourd'hui il est trilingue.

Je ne répondis pas.

Tout ça ce n'était que des détails, ce n'était pas ça qui m'inquiétait.

Le Dr Lee me fixait, m'analysant de ses yeux acérés et il demanda :

— Qu'est-ce qui te freine, Kim ? La peur de l'étranger ?

— Un peu...

— La difficulté ?

— Aussi...

Puis il me fit un sourire en coin :

— Ou un probable compagnon ou une compagne, qui va rester là à t'attendre ?

Mes yeux remontèrent vers les siens et il eut un drôle de sourire victorieux en voyant mon expression. Je me renfrognai :

— Vous allez me dire que c'est stupide ?

— Je vais te dire que c'est compliqué.

Étonnement, je ne m'attendais pas à ce qu'il dise cela comme ça, alors encore hébété, je le laissai reprendre :

— Je comprends que ça ne t'emballe pas, Kim. Les raisons du cœur et de l'esprit ne sont pas toujours d'accord.

— Vous êtes psy maintenant ?

— Tu me cherches ?

Mais son petit sourire en coin me montrait qu'il ne semblait pas fâché de mon manque de politesse.

— Réfléchis bien, Kim. Crois-tu vraiment que si tu ne postulais pas, tu n'allais pas le regretter ?

— Mais j'ai postulé !

— Pas encore, ton dossier est en cours, la décision finale te reviendra même si le Dr Young pense que c'est plié.

Je me mordis la lèvre.

— Tu as tes chances, tu le sais ça. On ne t'a pas choisi par hasard.

— Je n'ai pas forcément l'ambition de... d'avoir un super poste ou de partir à l'étranger ou...

Le Dr Lee soupira en souriant :

— Je vais te raconter l'histoire d'un type. Pas ambitieux pour un sou et doué sans se fouler. Un jour en arrivant à l'aube de son internat, on lui fit une proposition semblable pour un travail à l'étranger. Il était question de se former auprès d'un médecin américain, aux États-Unis, accrédité à un projet expérimental. Le truc c'est que ce type avait une personne qui l'aimait et cette personne l'aimait aussi. Alors il a choisi de refuser la proposition.

Je fronçai les sourcils :

— Votre histoire ressemble vachement à un scénario que vous venez juste d'inventer.

— Pas du tout, c'est une histoire réelle, fit-il mine de s'offusquer.

— Et que s'est-il passé ensuite ?

— Le type et la personne qu'il aimait eurent de belles années, un peu difficiles parfois mais très belles et puis un jour, la personne qu'il aimait eut à son tour une proposition de travail à l'étranger. Le couple s'est alors questionné. Le type s'attendait à ce que la personne qu'il aimait refuse l'offre comme lui l'avait refusée des années plus tôt, mais elle ne l'a pas fait. Elle avait envie de partir, envie de travailler ailleurs, envie d'accepter... Ça ne changeait rien à ses sentiments, mais son ambition et son désir se trouvaient ailleurs. Alors ce type lui a reproché ce qu'il n'avait pas pu avoir quelques années plus tôt, s'en voulant de ne pas avoir accepté l'offre quand c'était encore possible. Et avec les regrets et la rancœur, le couple s'est détruit et le type a fini tout seul.

Je le fixai avec méfiance.

— Elle est bien jolie votre histoire, mais un peu bateau.

Le Dr Lee ne répondit pas, la ressemblance de son visage avec celui d'un renard me frappa malgré ses cheveux turquoise.

Ainsi, il détonnait encore mais avec classe et charisme.

Il semblait jeune mais sa manière de parler était douce et presque trop mature pour son visage.

— Ce type, c'était moi.

Mes yeux s'ouvrirent et il reprit :

— Un jour, à ton âge, on m'a proposé une formation aux États-Unis en victimologie et criminologie pour travailler comme médecin légiste pour les Renseignements Américains.

Mes yeux s'ouvrirent davantage.

— C'est un poste...

— Oui, un poste inespéré. Travailler pour l'État avec à la clef la carte verte et naturalisation à l'américaine. On était plusieurs à postuler, dont un ami à moi, mexicain, qui était aussi mon adversaire le plus redoutable à la fac. Moi je bossais à peine, mais lui se donnait à fond. On a tous les deux passé l'entretien final mais je savais que ce serait moi qui serait choisi, tu verras, ce genre de chose-là se sent après un entretien.

— Et vous avez refusé ?

— La personne que j'aimais était très importante pour moi et j'étais jeune, je ne l'ai pas quittée.

— Et au final ?

— Mon ami a été recruté.

Le Dr Lee soupira, les yeux dans le vague :

— Je n'ai pas regretté, j'étais même super heureux pour lui. Je ne lui ai jamais dit qu'il n'était que le second choix. Et puis des années plus tard, la personne que j'aimais et avec qui je partageais ma vie s'est vue proposer un poste de consultante en art en Italie, et là tout a déconné.

— Elle est partie ? Cette personne ?

— Elle est partie, notre couple s'est déchiré sur nos désirs, nos exigences et ma rancœur. En réalité, je pense avec le recul que si je n'avais pas refusé un poste pour elle alors j'aurais vu les choses différemment quand son opportunité s'est présentée.

Il lâcha un soupir bruyant en s'affalant nonchalamment sur la table.

— Au final, mon ami a eu une carrière du feu de dieu, il a épousé la femme dont il est tombé amoureux là-bas et ils ont eu trois beaux enfants. Et la personne que j'ai aimée est restée vivre en Italie, a fait une incroyable carrière et a trouvé quelqu'un d'autre.

Il me fixa :

— Bien sûr, j'ai aussi eu d'autres opportunités, d'autres personnes à aimer... Je suis heureux de ma vie, Kim.

— Mais vous regrettez ? supposai-je.

— Je regretterai toujours. Il y aura toujours une part de moi qui se demandera « et si j'étais parti, qu'aurait été ma vie ? ». Peut-être que j'aurais été malheureux, peut-être pas. On ne peut pas savoir.

Il se releva et son regard me foudroya de sérieux :

— Si je pouvais revenir en arrière, je ne ferais pas ce choix-là. On ne sait pas comment la vie est faite, Kim. Ni ce qui va arriver. Je sais que c'est difficile à concevoir, notamment quand on est en couple, mais tu dois suivre tes désirs et les assumer pleinement même si tu pourrais penser que c'est de l'égoïsme.

Puis il me fit un sourire triste :

— Si la personne que tu aimes t'encourage à prendre cette décision d'aller à l'étranger, c'est que c'est une bonne personne. Ne laisse pas les autres décider pour toi.

— La personne que j'aime, avouai-je en chuchotant, conscient que je donnais à mon interlocuteur des éléments intimes de ma vie. Peut, elle aussi, avoir des opportunités à l'étranger.

— Et tu penses que cette personne serait capable de les refuser pour toi ?

— Je ne voudrais surtout pas qu'elle le fasse.

Le Dr Lee hocha la tête avec compréhension.

— C'est de mon côté que ça bloque.

— Kim, insista-t-il alors qu'il regardait l'heure à sa montre, prouvant que nous avions dépassé le temps du déjeuner. Une relation qui se brise sur des regrets et des reproches ne peut pas être réparée, mais une relation qui se met à distance et se laisse la chance de se retrouver plus tard, peut être récupérée.

Et ce fut cette phrase-là, plus que toutes les autres, plus que les paroles de Yeri, de Jimin ou de n'importe qui, qui fit battre mon cœur d'espoir.

Le Dr Lee se leva avec un sourire un peu goguenard, sans lien avec notre conversation, et il lâcha :

— Ça n'empêche, que je n'ai toujours plus de briquettes de jus de pomme.

*******

Jungkook rentra le lendemain matin.

J'avais ma matinée de repos et il se glissa dans le lit alors que je dormais encore pour m'embrasser dans le dos. Ce réveil adorable me rendit heureux toute la journée.

Lui, par contre, commençait à devenir nerveux. La finale avait lieu dans deux jours, au stade de baseball de Séoul. C'était presque un événement majeur pour l'université et le département sportif. Jin hyung était parti réserver nos tickets et heureusement qu'il y était allé tôt, car le stade était déjà presque plein.

Jungkook et moi avions un peu parlé, de brèves communications chuchotées tard le soir alors qu'on s'endormait ensemble. Nous avions toujours de la peine à ne pas détruire les moments entre nous mais je voulais aussi éviter de surcharger son esprit avant le match.

Sa tension devenait palpable et il s'était mis à s'entraîner encore plus. Il rentrait de ses footings assez tard et transpirant et faisait une série de pompes et d'abdos dans le salon. Parfois, lorsqu'on discutait de tout et de rien avant de s'endormir ou après avoir fait l'amour, il disait :

— Tu crois que mon père viendra me voir, pour la finale ?

Et évidemment, je ne savais pas quoi lui répondre. Parfois je l'espérais autant que lui, rien que pour le voir arrêter de souffrir, parfois je me retenais de lui dire à quel point cet homme était malveillant pour lui et qu'il devrait mieux rester loin de sa vie.

De mon côté, j'avais commencé ma lettre de motivation. Je n'avais écrit que trois phrases et je bloquais déjà. J'avais envoyé un mail au Dr Young avec espoir qu'il m'aide comme il l'avait promis mais il n'avait pas encore répondu.

Je supposais que quand on était directeur de département à l'université, on n'avait pas forcément le temps de regarder ses mails.

La veille du match, le soir, alors que je finissais mon service en me dépêchant de ramasser mes affaires et que Yeri m'attendait de l'autre côté du couloir, mon téléphone sonna.

En voyant son nom apparaître sur l'écran, je décrochai rapidement, calant l'appareil entre mon visage et mon épaule pour enfiler mes baskets.

— Oui Jungkook ?

« Hyung, tu as bientôt terminé ? »

— J'ai terminé là, je rentre avec Yeri. Je crois que c'est Sehun qui cuisine ce soir, tu veux venir manger avec nous ?

« Non, j'allais te proposer de venir plutôt manger avec les gars et moi ? C'est notre dernière soirée et il y a une compétition de mangeurs de viande au restaurant de barbecue d'Itaewon. ».

— Une compétition de mangeurs de viande ?

« Oui, ils font un burger géant sur plusieurs étages, un truc monstrueux et si tu le manges en entier tu ne payes pas. Les gars le font souvent mais là, c'est double burger géant ce soir, la grosse compétition... »

Son ton était ironique et je me mis à pouffer.

— Tu me mets au défi ?

« Non, personne ne peut manger un truc aussi gros tout seul mais vu la taille on le partage et on le mange à plusieurs comme ça on partage tous l'addition. »

— Je viens alors. Tu veux que j'invite Yeri et Sehun ?

« Oui, et même Jimin hyung ou Jin hyung, si tu veux."

— Je ne suis pas sûr que Jin Hyung pourra, vu que c'est lui qui me remplace demain mais je lui demanderai !

"J'ai invité Yoongi hyung et je pense que les gars vont ramener des amis et leurs copines. Les tables sont immenses, tu verras c'est sympa comme endroit. »

— Tu vas faire la compétition ?

« Non, je suis incapable d'en finir un entier, alors un double... »

Ah.

Donc ces burgers devaient vraiment être immenses.

— Ok, je leur propose, j'arrive. Tu m'envoies l'adresse ?

Je raccrochai à son affirmation et quittai le vestiaire, à l'extérieur Yeri m'attendait. Ces derniers jours elle avait reteint ses cheveux en noir et je l'aimais bien en brune.

— Quand on dit que c'est toujours les filles qu'on attend, j'ai bien envie de rigoler.

— Désolé, bafouillai-je, Jungkook m'a appelé.

Sur le chemin pour sortir sur le parking en direction de l'arrêt de bus, je lui proposais la compétition sur Itaewon et elle appela directement Sehun.

— Tu vas voir, m'informa-t-elle, si tu dis le mot « viande « et « repas gratuit », il va réagir au quart de tour.

Sehun décrocha et en haut-parleur je lui expliquai ce que Jungkook m'avait dit, sa réponse fut brève et directive :

« Où et quand ? »

— Bah maintenant, et c'est à...

Je lui transmis l'adresse et je l'entendis lâcher avant de raccrocher :

« On se retrouve là-bas. »

Yeri pouffa en raccrochant et alors que j'essayais de joindre Jimin, elle tentait de joindre Jin hyung. Ce dernier valida l'idée avec enthousiasme. Je n'aurais jamais cru qu'il serait intéressé par une compétition de « mangeurs de viande » notamment sur son jour de congé mais il annonça à ma collègue qu'il nous rejoindrait là-bas avec Bambam.

Au téléphone avec Jimin dans le bus, je finis par lui dire :

— Jungkook a invité Yoongi hyung.

J'entendis un silence et il finit par lâcher :

« Je finis mon entrainement dans une demi-heure, je vous rejoins là-bas après. »

Au final on arriva à peu près tous en même temps et en voyant la taille du restaurant j'ouvris la bouche stupidement.

C'était une cantine ou quoi ?

A une table ressemblant à un banquet, Jungkook nous fit signe de le rejoindre. Il y avait déjà pas mal de monde autour de la table. Notamment toute l'équipe de baseball. Le capitaine, Yugyeom, Chaneyol, Minjoon, un beau garçon au visage très fin presque féminin qui surprenait au début surtout à cause de son corps musclé, Seongwu, à la peau mate et au sourcil gauche coupé par une cicatrice ancienne lui donnant un étrange air de bad boy, il était assis près d'une fille que je supposais être sa copine. Puis venait Jinhwan, un hyung au visage juvénile et de petite taille, ChangKyun aussi grand que Chanyeol mais en plus large il semblait être venu avec un ami à lui ridiculement petit et maigre à ses côtés puis, enfin, venait Daejoon et ses cheveux rasés.

Oui, j'avais retenu tous les noms par je ne sais quel miracle. Je l'avais fait pour faire plaisir à Jungkook et pour pouvoir suivre lorsqu'il me parlait de l'un d'entre eux.

Ça avait pris trois plombes mais j'avais fini par réussir.

Applaudissements s'il vous plaît.

Évidemment Yeri et Sehun connaissaient tout le monde et tous les saluèrent avec entrain alors que je m'asseyais sur le banc entre Sehun et Daejoon. On était tous serrés sur cette table démesurée. Jin hyung arriva bon dernier, m'informant que Bambam ne viendrait pas car ses amis thaïlandais étaient chez eux pour une « soirée spécial Thaïlande » où il cuisinait des plats typiques de leur pays.

Lorsqu'on nous demanda qui participait au concours, Minjoon, Seongwu et Chang Kyun levèrent la main ainsi que Jin hyung et Sehun.

La serveuse arriva alors avec les plats les plus énormes et les plus gros que je n'avais jamais vus. C'était une monstruosité sans pareille, un déballage de viande à outrance, presque écœurant rien qu'à regarder. Un assemblage de steak juteux se superposait sur plus d'une trentaine de centimètres entrecoupés de pauvres tranches de fromages et de quelques cornichons et de tomates.

Jin hyung s'installa tranquillement et sortit de son sac ses propres couverts et sa propre serviette sous mes yeux hébétés.

Mais qu'est-ce qu'il faisait ?

— Un « Double Giant » terminé et la personne qui l'a dévoré ne paye pas le repas, annonça la serveuse. Pas d'aide, ni de triche sinon on vous en fait payer deux.

— Et nous ? demanda Yeri.

— On doit attendre s'il y en a un qui cale et qui ne finit pas sa viande on se le partage tous comme ça on divise l'addition, lui annonça le capitaine.

— Donc on va rester à les regarder manger sans rien faire, tiqua-t-elle. Taehyung et moi on vient de se taper quinze heures de boulot, les gars, j'ai la dalle...

— Patience, patience, assura Yugyeom alors que son expression et son regard montrait à tous qu'il ne serait pas capable d'attendre.

Jungkook acquiesça, empathique avant de pointer du pouce ses coéquipiers :

— Ne t'inquiète pas, Minjoon hyung et Changkyun n'y arriveront pas alors on aura bien assez à manger.

— Yah ! se plaignirent en chœur les deux concernés.

— Ce sale gamin, chuchota le dénommé Minjoon. Nous, au moins, on essaye on ne fait pas sa fillette à cause de la crise de foie de la dernière fois.

— Mais n'importe quoi ! se défendit Jungkook. Je n'ai pas fait de crise de foie.

Ah.

Donc quand il avait été malade il y a deux mois c'était à cause de ce truc ?

Je comprenais tout maintenant.

Je levai un sourcil moqueur dans sa direction, ce qui le vexa à demi et il se chamailla avec Minjoon.

— À vos marques ? prononça la serveuse.

Tous s'attablèrent avec appétit devant ces monstruosités et Yoongi hyung arriva pile à ce moment-là avec son air apathique et sa nonchalance complètement décalée. Il s'assit près des membres de l'équipe de baseball, après avoir salué Jungkook, avec une facilité déconcertante alors que la serveuse lançait le départ.

Et le repas, que dis-je, la grosse bouffe commença.

Près de notre tablée, de quinze personnes à peu près, les autres clients du restaurant semblaient curieux.

D'abord, Changkyung se précipita, suivi de Minjoon sous les encouragements de Jinwhan et du Capitaine. Jin hyung, lui, accrocha sa serviette autour de son cou et avec un calme olympien, commença à découper sa viande.

L'attente fut longue et regarder des gens manger comme des sauvages n'avaient rien de plaisant mais ça nous valut des rires lorsque Minhoon sembla s'étouffer et que Chanyeol lui donna un énorme coup dans le dos le faisant cracher sur toute la table.

Comme annoncé, Changkyun cala très rapidement et c'est tout hébété et au bord de l'overdose qu'il se fit éliminer.

Comme des hyènes affamées on se précipita sur les restes, il en restait presque la moitié et Yeri fit le partage.

Malgré l'image peu appétissante de ces « Double Giant », la viande était délicieuse.

Minjoon n'arriva pas jusqu'à la fin lui non plus, devant le sourire narquois de Jungkook, et il semblait au bord de l'implosion malgré les encouragements de son équipe. Ce fut, tout heureux que Jungkook et Yugyeom se partagèrent les restes de sa viande.

Sehun réussit, sans se faire remarquer, à finir entièrement son plat et Yeri l'embrassa sur la joue en criant :

— A nous le repas gratuit et bim dans les dents les joueurs de baseball !

ll ne restait plus que Seongwu qui arrivait au bout de son plat et Jin hyung qui était lent et prenait son temps alors, impatients, on commença à passer commande d'autres choses pour dîner. Sehun recommanda un Giant et on se le partagea à part égale entre nous tous.

L'ambiance était bonne et je devais avouer que je passais un très bon moment.

Mais alors que tout le monde l'avait oublié, Jin hyung annonça qu'il avait terminé son plat. Il fut applaudi avec respect comme nous l'avions fait pour Sehun mais toutes les mâchoires se décrochèrent quand il lâcha :

— J'ai encore faim. Emmenez-m'en un autre.

Sous nos yeux ébahis la serveuse revint quelques minutes plus tard avec de nouveau cette tour de viande superposée et tranquillement notre aîné recommença à manger comme s'il n'avait pas avalé tout rond sa semblable, quelques minutes plus tôt.

Jimin arriva très en retard et constata les dégâts sur la table avec frayeur avant de trouver une place, évitant soigneusement de regarder dans la direction de Yoongi hyung qui s'était légèrement figé à son arrivée, avant de reprendre son repas.

— C'est son deuxième plat, avouai-je en chuchotant alors que mon meilleur ami fixait notre aîné avec un air impressionné.

— Hyung tu ne commences pas à caler ? s'enquit-il.

— Non, ça va.

Il allait finir le second Giant sans problème.

C'était quoi son estomac, un puit sans fond ?

J'avais gardé une part du plat découpé par Yeri pour Jimin et il avala avec appétit en secouant la tête pour valider le goût délicieux de la viande.

Lorsque Yugyeom revint des toilettes quelques minutes plus tard, il était si excité qu'il se fit agréablement charrier par ses collègues mais il lâcha :

— Les gars, à l'étage il y a un autre groupe qui fait la compétition des Double Giant...

— Et ? s'étonna Seongwu, d'un air désintéressé. C'est le principe de la maison, évidemment qu'il y en a d'autres qui le font.

Mais Yugyeom semblait vraiment tout content, ce qui augmenta la curiosité de la tablée.

— Les gars je crois que c'est eux... c'est Busan. Ils sont là.

Il y eut un silence religieux dû à la surprise avant que Chanyeol ne se lève d'un bon suivi de Changkyun et de Daejoon. Yugyeom tout heureux ouvrit le chemin alors que leur Capitaine criait à travers la salle :

— N'allez pas les embêter ! On ne veut pas de problèmes avant le match de demain ! Entendu ?

Mais personne ne lui répondit.

Il quitta le banc pour les suivre en grognant dans sa barbe :

— Aish ces sales gosses...ils me fatiguent...

— Tu crois qu'ils sont vraiment là ? demanda Jinhwan à Jungkook. Je pensais qu'ils arriveraient en train demain matin, non ?

Mais mon voisin d'en face haussa les épaules sans avoir la réponse.

Les trois excités de service revinrent, quelques minutes plus tard, comme s'ils avaient vu le père Noël en personne :

— C'est eux !

— Sérieusement ? S'étonna Minjoon. Comment vous les avez repérés ?

— Ils ont des tenues, des vestons avec leurs couleurs et leurs noms. N'empêche leur équipe doit avoir un sacré budget, à tous les coups, ils dorment dans un hôtel de luxe et tout...

— On devrait aussi en avoir, se plaignit Yugyeom, des tenues stylées, des vestons de sport à mettre par-dessus pour sortir ... pourquoi on n'a pas le budget pour ça ?

— On a déjà des maillots neufs, c'est déjà bien, le réprimanda le Capitaine.

— Busan gagne depuis plus de six ans, fit remarquer Seongwu, ils doivent avoir des sponsors et un sacré budget n'empêche...

— Vous leur avez parlé ? S'enquit Jinwhan.

— Pas du tout, grogna Chaenyol en boudant, le Capitaine ne voulait pas.

— Parce que je te connais, rétorqua le concerné, tu vas les titiller et les emmerder, inutile d'attiser les tensions avant demain !

— En tout cas un de leur joueur est à son deuxième Double Giant, aussi, fit remarquer Daejoon.

Et là, dans un silence général Jin hyung lâcha :

— J'ai fini mais j'en veux bien un troisième.

— Oppa, tu vas exploser, s'inquiéta Yeri.

— Hyung, chuchota Sehun impressionné, comment tu fais ?

— Je ne sais pas, j'ai faim c'est tout. Il reste du riz ?

Il appela la serveuse et elle haussa les sourcils de stupéfaction :

— Personne n'a jamais fini trois Giant d'affiler mais si tu y arrives, la maison offre le repas gratuit à toute ta table.

Et là motivée par le gain de l'argent, l'équipe de baseball se mit à scander le nom de Jin dans tout le restaurant.

Jimin riait à gorge déployée et j'étais aussi emporté par le délire.

— Vous en faites vraiment trop, marmonna Jin hyung tout de même flatté...

— Qui est ce type ? s'écriait Minjoon choqué. Jungkook pourquoi tu ne l'as jamais ramené avant ! Tu te rends compte des plats qu'on aurait pu économiser !

— Mais parce que j'ignorais qu'il pouvait manger son poids en viande ! rétorqua l'interpellé.

La soirée continua de se passer de cette manière aussi chaotique et amusante.

Mes yeux regardaient parfois Yoongi hyung, assis dans son coin semblant complètement à part dans le décor et qui, pourtant, ne perdait pas une miette de ce qu'il se passait. Comme toujours il avait cette pose d'observateur fin et précis.

Mais parfois il regardait Jimin mais ce dernier, pris dans la ferveur du groupe l'ignorait complètement.

Si moi j'observais Yoongi hyung à la dérobée, je pouvais malheureusement sentir sur moi le regard de Chanyeol qui se voulait curieux et pernicieux sur ma personne.

Nous étions assez éloignés mais ça me mettait mal à l'aise, m'empêchant de vivre pleinement l'instant présent.

Jin hyung mangeait lentement sous les regards éperdus de Minjoon, Daejoon et Changkyun qui semblaient lui vouer un nouveau culte. En tout cas notre ainé avait l'air bien parti pour en manger trois et nous garantir le repas gratuit pour tous.

Yugyeom, lui, ne cessait d'aller espionner l'équipe de Busan en faisant des allers-retours.

Au bout d'une heure je sortis de la table, enjambant le banc alors que la fine équipe, motivée par Yeri et Sehun que j'avais rarement vus d'aussi bonne humeur, avait commandé des pichets de bière pour tout le monde. Le capitaine s'égosillait encore dans le chaos général pour demander à ses joueurs de boire avec modération pour être en forme pour demain.

Cette bande d'hurluberlus allaient peut-être être champions, demain...

Oui, quand on les voyait comme ça, on pouvait en douter.

Je me dirigeai vers les toilettes, montant par l'escalier alors que je croisais Yugyeom qui descendait pour faire son rapport sur son espionnage, il m'interpella en disant encore « Tae hyung » ce qui me fit grimacer.

Alors que j'avais fini ma petite affaire et que je me lavai les mains pour les sécher précautionneusement, on m'interpella.

— Tae ?

Surpris par ce ton et par cette voix, mon regard pivota vers la droite, rencontrant la silhouette de la personne qui venait d'entrer dans les toilettes pour hommes à travers le reflet du miroir.

Mes yeux furent attirés d'abord par le veston de sport de couleur blanche, sur lequel étaient cousues deux battes de baseball croisées et une balle en son centre.

Je me fis la réflexion qu'il s'agissait sûrement de quelqu'un de l'équipe de Busan, si réputée. Puis mes yeux remontèrent lentement jusqu'au visage de cet individu qui était figé, sans bouger.

Et là, mon cœur s'arrêta subitement, mon souffle aussi.

Et soudain le monde s'écroula.

Youngjae se tenait là. 

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro