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51-

J'avais le souffle coupé, la poitrine serrée et l'air frais qui me giflait les oreilles.

Mes gestes étaient précipités et ma course nerveuse. Mes pieds martelaient le sol et mes cheveux, trop longs, me barraient la vue par instants.

Je courais à vive allure dans les couloirs de l'hôpital, les cheveux encore trempés de ma récente et très rapide douche, essayant à tout prix d'aller le plus vite possible tout en évitant les personnes qui rencontraient ma route.

Malheureusement, mon sac à dos, balloté dans ma main et mal refermé dans ma précipitation, s'ouvrit, répandant son contenu et je m'arrêtai brusquement avant de m'abaisser au sol et de refourguer tout à l'intérieur de manière saccadée et indélicate.

— Taehyung ? me héla Jin hyung au détour du couloir. C'est toi qui fais un boucan à courir comme ça ? Fais gaffe, tu vas encore te faire engueuler par la vieille infirmière en chef...

— Ce n'est pas grave, il faut que je file !

— Je croyais qu'on déjeunait ensemble ?

— Pas aujourd'hui, désolé hyung ! m'écriai-je en me remettant à courir.

Je continuai ma course, jetant un regard inquiet à l'heure sur ma montre et faillis me prendre Yeri en pleine face alors que j'atteignais le rez-de-chaussée et la porte de sortie du service. Elle poussa un cri avant de mettre la main sur son cœur.

— Mais ça va pas bien de débouler comme ça !

— Désolé.

Elle m'attrapa par l'avant-bras avant que je ne me remette à courir :

— Tu vas où comme ça ? On ne devait pas manger avec Jin oppa ?

— Si, mais non...

Je voulais lui expliquer mais déjà, parce que j'étais essoufflé ce n'était pas possible, et ensuite l'heure qu'affichait le cadrant de ma montre m'inquiétait.

— Je t'expliquerai plus tard ! J'ai pris une grande pause déjeuner, on se voit une autre fois !

Elle leva les sourcils, surprise, avant de plisser les yeux tandis que je poussais la porte de fer vers la sortie :

— Ce n'est pas aujourd'hui que Jungkook part pour... ?

— Si ! Plus tard Yeri !

— Profites-en bien, protégez-vous les enfants, cria-t-elle exagérément en me faisant un signe de la main alors que je traversais le parking.

Je me précipitai vers l'emplacement réservé aux taxis et poussai un petit cri, ridicule mais de soulagement, lorsque j'en aperçus un se garer pile devant moi.

Le karma était peut-être avec moi, aujourd'hui.

Ce serait bien la première fois.

Je rentrai dans la voiture et donnai l'adresse. Je finis par m'adosser au siège, la main sur le cœur, essoufflé...

Non, pas essoufflé. Au bout de ma vie serait plus réaliste.

J'avais l'impression que mes poumons allaient sortir de ma poitrine.

Vu ma pauvre capacité en matière de sport, ce n'était pas étonnant.

Ah, j'avais une pointe de côté maintenant...

Bon.

Je vous explique.

Le mois d'avril s'était passé très rapidement, aussi vite que les précédents mois du début d'année. Je n'arrivais pas à me rendre compte que tout allait si vite.

Après quelques semaines de cours et une batterie d'examens, j'avais de nouveau validé mon année.

Cette fois j'avais fait très fort, j'avais obtenu les notes maximales dans toutes les matières théoriques ainsi qu'à ma soutenance de stage.

Je revoyais encore la mâchoire de Jin hyung et Yeri se décrocher quand les résultats avaient été affichés sur les panneaux prévus à cet effet dans le bâtiment de médecine.

Moi-même je m'étais choqué avec mes propres résultats.

Ainsi et suite à ça, mon stage au département de médecine générale avait commencé au sein de l'hôpital de Séoul.

Celui-là durerait un an, il était rémunéré cette fois, pour nous préparer à l'internat.

Si les premiers jours j'avais eu du mal à reprendre le rythme, un peu effrayé de revivre les mêmes complications qu'au service des urgences, ce ne fut pas le cas.

J'étais assez content de mon choix, tout se passait pour le mieux.

Ça faisait donc trois semaines que j'y étais.

Non mais attendez, je rêve ou j'étais monté dans le taxi le plus lent de la décennie ?

J'étais censé avoir le karma de mon côté-là !

Allez, allez, allez, ça urgeait vraiment !

C'était urgence vitale !

— Excusez-moi, mais je suis assez pressé, fis-je remarquer au chauffeur alors que j'avais du mal à reprendre mon souffle.

— Je suis désolé monsieur, c'est l'heure du déjeuner, il y a beaucoup de monde sur la route...

Mais pourquoi il me faisait passer par le centre-ville, aussi ?

Je n'avais même pas mon permis, m'enfin ça coulait quand même de source de ne pas passer par le centre-ville aux horaires d'affluence !

Ne pas s'énerver, ne pas s'énerver....

Allez Taehyung, pense à des trucs positifs.

Galbi, kimchi, bulgogi, râgout de bœuf, hamburger, jajangmyeon, bibimpap, japchae...

Ah.

Merde.

J'avais faim maintenant.

Bref, reprenons.

J'avais donc commencé mon nouveau stage.

Jin hyung, lui, était heureux de se retrouver avec moi, dans le même service, à l'inverse de Yeri qui déprimait de ne plus m'avoir pour partager ses futures journées dans son secteur.

On déjeunait souvent tous ensemble pour partager nos anecdotes.

J'avais l'impression qu'un doux vent de renouveau commençait à souffler, comme si peu à peu j'étais capable d'observer les mutations de mon environnement et de mes nouveaux choix.

L'année précédente avait été incroyablement difficile, j'avais eu l'impression que tellement de choses s'étaient enclenchées et enchaînées que je n'avais pas eu le temps de respirer.

J'aspirais cette fois à une certaine tranquillité, quitte à retourner vers une routine douce même si elle semblait être ennuyante.

J'avais vraiment envie que les choses se tassent et se déroulent simplement, à présent.

Je le voulais, vraiment.

Mais une voix dans ma tête ne cessait de me dire que ça ne marcherait pas comme je l'entendrais.

Ça ne marchait jamais comme je le voulais.

Pourtant jusque-là tout s'était plutôt bien déroulé, à peu près.

À peu près.

Nous étions devenus un quatuor. Jin hyung, Yeri, Bambam et moi.

Enfin, du moins durant la période de cours.

Mais tout ne s'imbriquait pas aussi bien que tout le monde le voulait.

Bambam était en stage dans une clinique de chirurgie esthétique sur Gangnam et vivait à présent chez notre aîné, il semblait s'être incroyablement rapproché de lui depuis ce jour. C'était agréable de voir que Jin hyung apportait à Bambam une certaine stabilité.

Ça n'empêchait pas le thaïlandais de sortir un peu, notamment avec certains de ses amis étrangers, mais il était beaucoup moins dans l'excès qu'il ne l'avait été au dortoir de Jimin.

Sa relation avec ses anciens camarades de logement n'était toujours pas au beau fixe.

Jusqu'alors, seulement Jimin et Mark lui reparlaient. Les autres, notamment Yugyeom et Jaebum hyung, n'avaient pas fait la part des choses.

Mais le thaïlandais semblait avoir une rancœur refoulée à l'encontre de Yeri, et parfois il lui sortait des remarques acerbes comme si sa présence à elle, le gênait.

Remarques que Yeri ignorait complètement.

Fidèle à elle-même, elle avait suffisamment de recul pour comprendre clairement les intentions de Bambam. Consciente que Tête Brune (parce qu'il avait reteint ses cheveux en noir il y a une semaine), considérait qu'elle lui avait « pris sa place».

Lorsque j'étais allé dîner chez Yeri et Sehun, elle m'avait impressionné par sa circonspection et sa façon de voir la situation.

« Ce n'est que temporaire, il faut qu'il lâche la bride. Bambam est adorable, amusant et vraiment un agréable dongsaeng, mais il est très immature dans sa manière de penser. »

Puis elle avait ajouté : « Il se comporte comme un enfant trop gâté, mais ce n'est pas étonnant avec l'éducation qu'il a reçue. ».

J'enviais sa façon de penser et cette maturité, ce recul qu'elle avait sur les choses.

C'était des qualités que je peinais à avoir.

Pour Jungkook, ça allait très bien.

D'ailleurs, il y avait eu, le mois dernier, un événement inutile mais qui m'avait quand même rendu heureux.

En effet, avec la fin de cette année et le début de la nouvelle, cette fichue compétition ridicule de « Grand Maître de l'Université » avait touché à sa fin. Jackson avait été proche de la victoire, mais il avait semblé qu'après le dérapage avec Bambam il se soit arrêté. C'est un élève en département de Droit qui avait gagné. Un type inconnu au bataillon.

Mais au moins, la compétition était terminée et Jungkook s'était désinscrit de la liste de diffusion des « preuves en images » des missions.

Alléluia, nous étions débarrassés de ce truc.

Enfin, et pas des moindres, il avait enfin commencé sa grande compétition de baseball.

Je ne connaissais pas grand-chose au sport et encore moins aux compétitions semi-professionnelles universitaires, mais je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait autant d'équipes.

En soi, pour vous donner un chiffre, toutes les universités du pays avaient une équipe de baseball. Les éliminations allaient durer plusieurs semaines, le temps que tout le monde passe.

Ainsi, en trois semaines, l'équipe de Jungkook avait dû affronter d'autres universités de Séoul et ils avaient gagné.

Voilà donc le topo.

Tout allait très bien.

Parfaitement bien.

Super bien.

À merveille.

Nickel chrome.

No problemo.

Le bonheur total.

....

Non, ça n'allait pas vraiment bien en réalité.

Et c'était là, la raison de ma course contre la montre.

Car avec tous ces éléments associés, ma routine où tout s'était à peu près bien imbriqué, avait fini par changer. Jungkook et moi n'avions pas le temps de nous voir.

Ces trois dernières semaines avaient été un chassé-croisé chaotique.

Entre mes horaires de cinglés et ses entraînements suivis de ses matchs, nous arrivions à peine à nous voir. Et encore, nous étions chanceux puisque tous ses matchs s'étaient déroulés, jusque-là, dans la capitale.

Jusque-là.

Cette semaine, son équipe devait affronter celle de Daejon et s'ils gagnaient ils se déplaceraient encore la semaine prochaine car ils pouvaient potentiellement rencontrer les équipes de la ville de Joengju, Gwangju, Yeosu...

Enfin bref, des équipes dans des villes situées au minimum à deux heures de route de la capitale.

Minimum.

Pire encore.

Je n'avais pu assister à aucun de ses matchs. Ils étaient en journée et j'étais en stage, et impossible pour moi de demander une journée exceptionnelle dès les premières semaines.

Donc.

Aujourd'hui, on tentait le tout pour le tout.

On avait même monté un plan.

Ouais, un plan machiavélique.

Je vous rajouterais bien un effet sonore pour vous impressionner mais je crachais encore mes poumons, alors...

— C'est ici, vous pouvez me déposer là, hélai-je le conducteur alors que je sortais mes billets pour régler la somme.

Je sortis rapidement, regardant ma montre avant de claquer la portière et de courir vers l'immeuble.

Le karma était de retour car les portes d'ascenseur s'ouvrirent directement sans que je n'aie à trépigner dans le hall.

Mon téléphone m'indiqua par une notification que Jungkook venait tout juste d'arriver aussi et je consultai ma montre.

Ça allait être court niveau temps, mais ça devrait le faire.

Je sortis de la cage d'acier et me précipitai sur le digicode de son appartement avant d'ouvrir le battant et de le claquer derrière moi. Je défis mes chaussures à vive allure, les envoyant valser tout en enlevant ma veste.

J'entendis des pas arriver et une silhouette apparut dans mon champ de vision, je m'arrêtai une microseconde pour le regarder.

Il portait un de ses fameux tee-shirt blancs sur un jean, ses cheveux bruns avaient été recoupés ces derniers jours, dévoilant davantage son visage. J'observai, toujours avec autant d'émerveillement, la forme de sa mâchoire qui soulevait un visage viril mais juvénile.

Mon corps partit de lui-même et mon visage s'avança alors qu'il faisait de même et que nos bouches se rencontrèrent brusquement.

Un soupir m'échappa alors que mes mains agrippaient son dos et que son corps se fondait vers le mien.

Sa bouche dévorait la mienne de manière enflammée. C'était presque chaotique tant nous ne trouvions pas notre rythme, mais c'était surtout effréné car chacun de nous savait que le temps jouait contre nous.

Je voulais pouvoir profiter de son étreinte encore un peu. 

Malheureusement, très vite son téléphone se mit à sonner.

J'allais finir par détester la technologie.

Jungkook s'arracha à mon étreinte en m'embrassant une dernière fois, ses lèvres épousèrent les miennes avec gourmandise.

— Je dois vraiment partir, hyung...

— Je sais.

Il attrapa son téléphone qui vrombissait comme un insecte furieux, il assura à son interlocuteur qui vociférait dans le téléphone qu'il arriverait le plus vite possible.

Je gardais mon idée que cet entraineur devait être le jumeau de Mr Do. Impossible autrement.

Jungkook posa son front sur le mien et je murmurai :

— Gagne ces matchs.

— Compte sur moi, je vais tous les impressionner.

Il embrassa mon front et caressa ma nuque.

— Je t'appelle dès que j'arrive.

J'acquiesçai et après une nouvelle sonnerie abominable, il finit par se retourner, me saluer dans un dernier sourire craquant qui me fit étirer mes joues simultanément, et la porte claqua.

J'eus soudain le sentiment d'un grand vide à l'intérieur de moi.

Je secouai la tête pour me reprendre, avant d'entendre mon propre téléphone me rappeler son existence.

Décidément, la technologie nous en voulait aujourd'hui...

Je décrochai en apercevant que Jin hyung m'appelait.

« Taehyung, où es-tu ? », fit précipitamment la voix de mon aîné.

— Chez... moi, mentis-je.

Entre nous, chez Jungkook était un peu chez moi aussi. Mon appartement était un peu le sien aussi.

Oui, je chipotais sur des détails mais je les trouvais important.

— Pourquoi ? demandai-je en calant l'appareil contre mon épaule et mon oreille pour renfiler mon pantalon.

Très très mauvaise idée, je m'accrochai au mobilier, le bas du dos scié de douleur.

« Changement de plan, le chef du secteur fait une réunion de service, on a un cas urgent, il faut que tu reviennes à l'hôpital tout de suite ! »

Oh, merde.

— J'arrive !

Je raccrochai en consultant l'heure, la panique me reprenant, la course aussi.

Mon bas du dos me lançait atrocement alors que je me rhabillais à l'arrache, enfilant mes chaussures, reprenant mon manteau.

Donc, je rectifiais mes propos.

Le karma ne serait jamais, jamais de mon côté.

*******

Deux jours plus tard, le téléphone sonna à l'heure précise, ce qui m'arracha un petit rire et je décrochai en me calant plus confortablement dans le lit.

Il était pile à l'heure, comme nous l'avions convenu.

« Bonsoir hyung ! »

— Bonsoir Jungkook. Ce n'est pas trop tard pour toi de m'appeler à cette heure-là ?

« Non, il n'est pas si tard et j'ai trop d'adrénaline dans le sang pour dormir maintenant... »

Je gloussai, amusé.

— Félicitations pour ton match.

« C'était du gâteau ! Tu m'aurais vu, j'ai tout défoncé. Yugy a marqué des points aussi. On a pris une avance monstre dès le début de la partie et ils n'arrivaient pas à nous rattraper ensuite...»

— Qui est le prochain adversaire ?

« Gwangju. Dans trois jours. Ils sont réputés pour être assez hargneux, j'ai hâte ! »

Il n'y avait que lui pour être content de jouer contre des joueurs réputés pour leur mauvais comportement et leur sale caractère sur le terrain.

Je soufflai :

— Tu surcharges ton corps, ces éliminations sont vraiment compliquées, soit tu ne joues pas pendant deux semaines soit tu enchaines deux matchs dans la même semaine...

« C'est ainsi, ce sont les éliminations et les pools qui fonctionnent comme ça. »

— Je sais mais ça m'inquiète...

« Tu es trop mignon. »

J'entendis du bruit comme s'il sautait sur un lit et levai un sourcil amusé, en l'imaginant très bien faire cela.

« Tu fais quoi ? »

— Bah comme tu vois, du deltaplane là... ironisai-je.

Je l'entendis rire :

«Ah ah, très drôle. Non hyung, avant que je t'appelle... »

— Je suis dans ton lit, je regardais Netflix.

« Tu continues nos séries sans m'attendre ! », s'offusqua-t-il.

— Non, répondis-je amusé, j'en ai commencé d'autres.

Monsieur se vexait quand je continuais de regarder des épisodes de séries sans lui. Ça marchait aussi avec les dramas et certaines émissions télé.

« Tu es dans mon lit ? Tu pensais à moi ? »

Où voulait-il en venir au juste ?

— Parce que je suis dans ton lit je suis forcé de penser à toi ?

« Évidemment. »

— Et toi, tu pensais à moi ? marmonnai-je, amusé par notre échange.

« Sous la douche. »

— Tu penses à moi sous les douches ? m'exclamai-je en levant les sourcils.

« La douche de l'hôtel, pas des vestiaires... hein. »

— Quelle différence ?

« Hyung. », soupira-t-il. « Si je pense à toi dans les vestiaires collectifs je vais me mettre à bander, très mauvaise idée... ».

Je me mis à rire. Mais il enchaîna, un peu amusé :

« Tu portes mes fringues ? »

— Pas du tout !

« Je suis sûr que tu portes mon hoodie rouge... je t'imagine bien dedans. »

C'était quoi ce ton ?

— À quoi tu penses au juste là ?

« À toi, nu, dans mon hoddie rouge... »

Oh oh.

On va s'arrêter tout de suite, jeune homme.

« Tu t'es touché aujourd'hui en pensant à moi ? »

— Ça ne va pas bien de demander ça au téléphone ! m'écriai-je en me relevant du lit.

Mes joues me chauffèrent le visage et il éclata de rire dans le combiné.

« Hyung, le sexe par téléphone ça peut être très sympa, tu sais... »

— Pas question !

« Je suis super frustré sexuellement sans toi... », l'entendis-je gémir comme un enfant qui n'aurait pas eu son cadeau de Noël.

— Utilise ta main droite, abruti !

« Hyung ! »

Puis je l'entendis glousser comme un dindon avant de reprendre :

« Je te manque aussi, hein ? »

— Oui... C'est tellement douloureux... je... j'ai du mal à dormir et je squatte ton appartement depuis trois jours comme un fantôme.

Je lâchai un soupir en me passant une main sur le front.

« Hyung ? », s'inquiéta-t-il.

— C'est tellement insupportable d'être séparé de toi. J'aimerais tout foutre en l'air... mes études, mon stage et tout le reste... Tout arrêter maintenant.

« Ne dis pas ça. Je sais que c'est frustrant, c'est dur pour moi aussi, mais c'est temporaire. Je serai rentré bientôt sur Séoul. »

— Je sais. Désolé... pour le côté dramatique, je suis fatigué. J'aimerais vraiment te voir et venir te voir jouer...

« Moi aussi j'aimerais bien que tu sois là, mais je vais aider mon équipe à se hisser jusqu'à la finale pour que tu puisses venir m'admirer... »

Malgré ma légère mélancolie, je finis par pouffer de rire avant d'acquiescer :

— Il n'y a pas que moi qui pourrai t'admirer, Jimin m'a dit que la finale sera filmée par les chaînes de télévision locales.

« Oui, il paraît. Mais je m'en fous des autres, je préfère que ce soit toi qui m'admires. »

Je me mis à sourire comme un idiot en me tournant entre les oreillers :

— Je compte sur toi alors, pour y aller.

« Et puis dès qu'on aura gagné j'ai bien l'intention de te faire... »

J'entendis du bruit à travers le combiné et Jungkook crier « J'arrive ! ».

— Tu sors ?

« Oui, pour fêter la victoire ! »

— Je croyais que votre entraîneur ne l'autorisait pas...

« C'est pour ça qu'on attend qu'il pionce. », gloussa-t-il.

— Il va vous trucider... soupirai-je.

« Seulement s'il nous grille, mais on a besoin d'évacuer l'adrénaline. »

— Faites attention quand même, m'inquiétai-je.

« Ne t'inquiète pas, on ne fait pas d'excès. Notre Captain est beaucoup trop sérieux sur le sujet. On sort juste pour boire une bière et danser pour se lâcher, rien de plus. »

— Très bien, je te laisse.

« Bonne nuit hyung, je t'embrasse. »

— Moi aussi je t'embrasse, bonne soirée.

« Je t'aime. »

Mon visage se barra d'un sourire.

— Je t'aime aussi.

Je raccrochai, laissant le téléphone retomber contre le matelas et m'entortillai dans les couvertures, les yeux rivés vers le plafond dans la demi-obscurité.

Il était tard, il fallait vraiment que je dorme pour me lever aux aurores demain.

Mais je n'avais pas sommeil.

Le sentiment de vide était revenu.

Je détestais ce sentiment.

Il me collait à la peau depuis le début du mois et même avant. Dès que mon stage et les matchs éliminatoires de Jungkook avaient commencé.

Il me manquait atrocement. J'avais voulu minimiser la chose au téléphone mais c'était de plus en plus horriblement douloureux.

J'avais mal.

Mal de son absence.

Je ne comprenais pas trop ma réaction et elle me faisait peur.

Peur d'être devenu aussi dépendant de lui.

Avant j'étais tout l'inverse, j'avais du mal à comprendre mon propre comportement.

Mais surtout, quelque chose me rongeait.

Jusqu'alors je volais dans un ciel bleu, sans nuages, parfait. Un merveilleux ciel dans lequel je flottais dans ma petite bulle de bonheur que j'étais si heureux d'avoir.

Que j'avais mis si longtemps à construire.

Mais j'avais tenté d'ignorer les nuages noirs qui arrivaient à l'horizon.

Je ne pouvais plus les ignorer, je les voyais venir, chargés de pluie.

Temporaire, hein ? C'est ce qu'il avait dit.

Et si ça ne l'était pas ?

Si ce n'était que la préface de quelque chose d'autre ? Si c'était une vie comme ça qui nous attendait ?

Lui sans cesse à faire des matchs à travers le pays, ou pire à l'étranger, et moi, débordé, aux horaires interminables à l'hôpital, sans jamais avoir la possibilité de se voir.

Est-ce qu'on pouvait vivre comme ça ?

Est-ce qu'on allait pouvoir y arriver ou le manque allait me tuer avant ?

J'avais peur, de ces nuages.

Peur de ce qui allait arriver...

C'était le plus cynique, car on s'était jurés de s'aimer quoi qu'il arriverait, mais je n'avais jamais voulu qu'il arrive quoi que ce soit.

Et puis, quelque chose me disait que ces nuages cachaient pire.

Un orage venait.

*******

Une semaine supplémentaire s'ajouta au compteur d'absence de Jungkook.

Je comptais les jours comme un gamin devant son calendrier de l'avant.

Les appels ne suffisaient pas, les messages non plus.

Je voulais le voir en vrai, le toucher, humer son odeur, dévorer ses lèvres, le faire frissonner, tenir sa main, sentir son étreinte et ses caresses...

Il fallait que je me concentre.

Je pris une grande inspiration avant de finir la lecture du compte rendu de cardiologie pour une patiente et de revenir vers la salle de soins.

Là-bas, je croisai Jin hyung, il semblait me chercher parce qu'il s'exclama :

— J'ai vu avec le Dr Tuan, ce soir on échange, je prendrai ta place pour les transmissions et la réunion multidisciplinaire et tu me remplaceras la semaine prochaine.

Je le fixai, étonné de cette annonce :

— Pourquoi échanger pour ce soir ? Tu as un truc prévu la semaine prochaine ?

— Non, mais toi tu as une petite mine, j'ai l'impression que tu couves un truc...

— Ça va, éludai-je en détournant le regard, rangeant le document dans sa pochette dédiée sous le regard froncé de mon aîné.

— Écoute Taehyung, prends ta soirée et repose-toi, d'accord ?

Il n'insista pas mais je finis par le remercier du bout des lèvres avant de quitter la salle de soins alors qu'une infirmière m'appelait pour le patient de la chambre vingt-quatre.

Ça n'allait pas du tout.

Et je crois qu'une partie de moi en avait marre de me leurrer à propos de ça mais je repoussais sans cesse le moment pour en parler à Jimin et Yeri.

Déjà parce que j'avais peu de temps pour les voir, Yeri travaillait encore les nuits par moments et Jimin s'entraînait très dur pour ses différents projets de spectacles.

Mais aussi parce que j'étais toujours autant un trouillard et que j'étais toujours aussi nul pour parler de moi. Notamment pour avouer mes difficultés et mes faiblesses.

Mais je devais au moins être honnête avec moi-même, même si je ne l'avais dit à personne.

Ça n'allait pas du tout.

J'étais malheureux comme la pluie. Plus le temps passait loin de Jungkook, plus je régressais, redevenant celui d'avant.

Je crois que c'était le seul moyen que j'avais trouvé pour me protéger du manque douloureux de son absence.

Je prenais conscience de la place qu'il avait prise dans ma vie, dans mon cœur, du manque qu'il avait créé dans mon corps et de la faiblesse de mon esprit quand il venait à manquer.

J'étais accro à lui, peut-être de manière anormale.

Sûrement d'ailleurs.

J'avais tellement investi notre relation que sans lui, c'était comme si on m'avait arraché la moitié de mon cœur.

J'étais un pantin sans vie, incapable de fonctionner correctement.

Son absence mettait mon système d'exploitation au chômage technique.

Je ne pensais pas qu'il possédait autant de pouvoir sur moi mais je devais me rendre à l'évidence.

Sans lui, je n'étais plus rien.

Il avait été la béquille qui m'avait permis de traverser l'un des plus durs moments de mon existence, mais peut-être m'étais-je trop reposé sur lui ?

Je m'étais leurré dans un fantasme de conte de fées où tout irait bien pour toujours.

Mais le pire.

C'est que je supposais qu'il ne ressentait pas tout à fait ça.

Il me disait que je lui manquais et je le croyais, mais il avait ses matchs, son équipe, ses ambitions, sa volonté de gagner...

Où était passé tout ça, chez moi ?

Je suivais ma routine, mon stage sans presque aucune émotion, obnubilé par ma seule envie de le revoir et rien d'autre.

Je l'aimais.

Je l'aimais tellement que ça me faisait mal.

Et j'avais peur de ça, de cette addiction à lui et d'être condamné à vivre ainsi à tout jamais.

Je n'étais toujours pas assez fort, psychologiquement parlant.

Mais ça allait encore plus loin que ça, je recommençais à douter de moi, de nous, de notre relation, de lui.

Et s'il était recruté à l'étranger, que devrais-je faire ?

L'attendre dans cet appartement qu'il revienne en Corée l'espace d'un instant ?

Et s'il me quittait ?

Est-ce que je me briserais en mille morceaux ?

La journée se passa mais aux alentours de dix-sept heures, le Dr Cheong, mon médecin référent du secteur de médecine générale, s'adressa à moi après notre échange et mes questions concernant telle ou telle prise en charge médicamenteuse.

— Suis-moi, nous sommes attendus en salle de réunion au deuxième étage.

Je papillonnai des yeux avant d'acquiescer.

J'avais dû perdre l'information de cette réunion quelque part dans ma mémoire.

De toute façon, je ne retenais pas grand-chose ces derniers temps, j'avais même peu d'intérêt pour mon stage. Après être passé par les Urgences, tout me paraissait facile, fade, conventionnel.

Ou bien était-ce moi qui devenais fade, froid et conventionnel au fur et à mesure que Jungkook me manquait ?

Je soupirai silencieusement en le suivant dans les couloirs.

Je faisais vraiment ma Drama Queen.

Mais pourtant, je sentais physiquement l'angoisse me détruire à petit feu. J'avais l'impression que mes mots n'étaient pas assez proches de la réalité que je ressentais.

Quelque chose déconnait encore chez moi.

Le Dr Cheong s'arrêta et m'ouvrit la porte pour m'inviter à entrer mais mes sourcils se froncèrent immédiatement quand j'aperçus le nombre de personnes qui s'y trouvaient.

Dans la pièce se trouvaient, le Dr Young, le directeur de notre département de médecine à l'université, l'horrible Mr Do, divers de mes professeurs, le Dr Anh, mon ancien tuteur de stage, le Dr Lee avec ses tatouages et ses cheveux turquoise sirotant sa briquette de jus de pomme complètement décalé dans ce décor. Le médecin en chef de l'hôpital, le Dr Choi du service de pédiatrie et d'autres médecins que j'avais croisés sans connaitre leurs noms.

Deux autres étudiants se tournèrent vers moi et je crus distinguer le type de la promo sans cesse en compétition avec moi et une fille toujours toute seule.

— Ah, Mr Kim. Nous n'attendions plus que vous, s'enthousiasma le Dr Young.

Mes yeux croisèrent malheureusement le regard détestable de Mr Do et un frisson glacial me remonta le long de la colonne vertébrale.

J'avais un mauvais pressentiment, tout d'un coup.

— Installez-vous, assura le Dr Young alors que tout le monde prenait place, les discussions cessant alors que je restais statufié dans l'embrasure de la porte.

Le Dr Cheong fut obligé de me décaler pour pouvoir refermer la porte et je rentrai un peu maladroitement alors qu'une chaise m'attendait près de mes camarades de promotion devant l'assemblée de blouses blanches réunies.

Mais le cerveau en vrac, je peinais à reprendre mes esprits.

— Nous sommes fiers de vous recevoir tous les trois. Vous êtes nos trois premiers élèves du classement, vos parcours et vos notes sont excellents. Surtout vous, Mr Kim. Notre université est d'autant plus heureuse d'avoir parmi nous un élève brillant qui a explosé les records des notes des années précédentes.

Je fixai, interloqué, mes deux camarades. Donghae, Minyug, Dighul...

Rah ! Je ne me souviendrai jamais de son nom à lui. Bref, ce type me fit la grimace, tentant de me snober alors que la fille me fit un petit signe de tête.

Je m'installai gauchement sur la chaise, baissant le regard face à tous ces professionnels face à moi.

— Cette réunion va parler de vos avenirs respectifs et de ce que l'école peut vous promettre, vous aider et vous offrir selon vos souhaits en terme de projet pour les années à venir. Nous avons beaucoup d'attentes à votre égard.

Et soudain, je compris.

Les nuages noirs m'avaient rattrapé, la pluie était tombée mais surtout, l'orage était là.

Bruyant, menaçant, prêt à éclater.

Et la porte de la salle de réunion se referma sur mon désarroi.

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