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50-

Je m'étirai, levant les bras vers le haut en grimaçant. Être assis dans ces amphis inconfortables ne m'avait pas du tout manqué.

Voilà quatre heures que j'étais resté dans cette position, j'avais mal au dos et le fessier en compote.

Jin hyung m'imita à ma droite et je me laissai glisser contre le dossier dans une position avachie mais bien plus confortable.

Quand j'y pensais, on nous avait dit qu'au retour de nos stages nous aurions des cours plus basés sur la pratique ainsi que des débriefings des situations rencontrées. Sauf qu'on venait tout juste de se taper quatre heures de cours magistraux avec Mr Do au sommet de son arrogance, j'avais envie de crier au scandale.

— Pour ceux qui ne l'ont pas encore fait, la fiche des vœux est à donner au secrétariat ce soir, seize heures, dernier délai ! s'écria quelqu'un au pied de l'amphi.

Je fronçai les sourcils.

Si je me souvenais bien, ce type-là se trouvait dans le conseil des élèves...

Je détournai le regard alors que Yeri arrivait vers nous, venant juste de quitter son groupe d'amis pour venir nous rejoindre.

— Vous avez rendu votre fiche ? nous apostropha-t-elle.

— Ce matin, marmonnai-je en m'allongeant sur ma table, ma tête sur mes bras.

— Hier, admit notre aîné.

— Ah merde, jura-t-elle, j'ai cru qu'on avait jusqu'à demain, je l'ai laissée chez moi, faut que je fasse l'aller-retour pour retourner la chercher...

— Sehun ne peut pas te l'amener ? demandai-je.

— Non, il travaille toute la journée sans interruption...

— Ah, dommage.

Puis elle me fit un grand sourire, se penchant vers nous avec sa mine d'inspectrice qui ne me disait rien qui vaille.

— Tu as fait quoi comme vœux, Taehyung ?

— Pourquoi cette question, pédiatrie non ? supposa Jin hyung, surpris qu'on puisse douter de mon choix du prochain stage.

Je me mordis les lèvres.

— Je ne te le dirai pas.

— Mais ! Allez !

— Non.

— Pourquoi ça ? s'étonna notre ainé.

— Parce qu'elle, Sehun et Jimin font des paris sur moi...

Yeri leva les yeux au ciel :

— Même pas...

Je la toisai en levant un sourcil et elle retroussa son nez :

— Bon, ok.

— Merci de l'admettre, grognai-je.

— Mais de collègue à collègue, d'un point de vue purement professionnel, je te le demande, supplia-t-elle.

— Oh, la cagnotte est si grosse que ça ? plaisanta Jin hyung.

Je soupirai avant de me tourner vers mon aîné :

— Tu as choisi quelque chose au final ?

— Oui, secteur de médecine générale, répondit-il. Je reviens à mon choix de départ.

— Tant mieux.

— Allez Taehyung, geignit-elle en sautillant.

Fallait dire qu'habillée en vert, aujourd'hui, avec ses cheveux oranges, elle ressemblait à une mandarine.

Une mandarine sautillante.

Ou à un lutin de Noël, au choix.

— J'ai choisi le secteur de médecine générale aussi.

Leurs bouches s'ouvrirent simultanément.

— Mais... tu ne voulais pas être pédiatre ? s'étonna Jin hyung.

— Si, mais je me suis remis en question. Je ne supporte pas le rythme des urgences mais j'avais envie d'en connaitre plus et notamment sur un public plus large. C'est ce à quoi servent les stages après tout, non ? J'ai toujours envie d'être pédiatre, mais je veux découvrir et voir autre chose avant mon internat.

— On risque de se retrouver dans le même secteur ! s'enthousiasma notre aîné.

Yeri fit la moue et je la toisai, amusé :

— Tu n'avais pas fait ce pari-là ?

— Non, bouda-t-elle.

— Qui a gagné ? questionna Jin hyung.

— Jimin... Tu me jures que tu ne lui avais rien dit avant ?

— Rien.

Notre aîné se mit à rire avant de lui demander :

— Et toi alors ?

— Je vais en psychiatrie, comme je voulais, mais j'ai demandé le secteur des urgences psychiatriques...

Elle pencha légèrement la tête :

— Mon stage aux urgences a été plus bénéfique que je le croyais.

— N'empêche, souffla hyung, Mr Do ne s'est pas planté dans les désignations de stage... Beaucoup ont finalement changé d'avis sur leurs premiers choix.

— Je sais, souffla Yeri, c'est dingue hein ?

— J'espère que personne ne lui dira, soupirai-je.

Soudain, un raclement de gorge nous interrompit. On tourna simultanément la tête en direction du bruit et mes yeux s'écarquillèrent en voyant Bambam, hésitant, se tenir à un mètre de nous.

Il était blond maintenant et j'avais bien du mal à le reconnaitre avec cette teinture.

Il se racla encore la gorge avant de dire de manière stressée, mais se voulant enthousiaste :

— Salut.

— Salut Bambam, répondit simplement Yeri avec le sourire.

— Salut, répondit Jin hyung avec entrain comme à son habitude.

J'hésitai avant de doucement répondre :

— Salut.

— Bon, je dois aller chercher ma fiche, lança Yeri soudainement. Je vous laisse, on se rejoint après le déjeuner pour le cours du Dr Kim ?

— Je t'accompagne, lança soudain Jin hyung.

— Super alors, à plus tard Taehyung.

Attendez !

Est-ce qu'ils étaient en train de me lâcher ?

Je me relevai de ma position à demi avachie avec effarement.

Revenez !

J'entendis Bambam se rapprocher et me levai précipitamment pour prendre mes affaires.

— Hyung, tu vas déjeuner ? demanda-t-il d'une petite voix.

— Oui.

— On... on peut déjeuner ensemble ?

Je m'interrompis et lui envoyai un coup d'œil surpris, je le vis se tortiller les doigts avant de balbutier :

— J'au... j'aurais voulu te parler...

Je fus pris d'une hésitation soudaine.

Que devais-je faire ?

L'ignorer ? Mentir ? Trouver une excuse ?

Ou accepter ?

— Qu'est-ce que tu veux me dire ?

— Je préférerais qu'on soit..., il pivota la tête de droite à gauche... ailleurs.

Je suivis son regard, la plupart de nos camarades de promotion était toujours là et même si personne ne semblait faire attention à nous, ils étaient pourtant suffisamment près pour nous entendre.

— D'accord.

Cinq minutes plus tard, j'étais devant mon plateau-repas.

Bon.

Clairement.

Je n'avais pas envie d'être là.

Je regrettais d'avoir accepté, car depuis quelques minutes, on avait commencé à manger dans le plus grand des silences. Par chance, il ne s'était pas mis en face de moi, j'étais donc moins mal à l'aise.

Bon.

Clairement.

Qu'est-ce que je devais faire maintenant ?

Je mangeais sans vraiment d'appétit mais c'était aussi parce qu'à la pause de onze heures, je m'étais gavé de chips au vinaigre.

Jin hyung m'avait regardé bizarrement, ses yeux avaient eu l'air de dire mais comment tu peux manger ça ?

Vous rigolez, mais depuis que Jungkook en avait acheté j'en étais devenu carrément accroc.

J'adorais ça.

Oui, j'aimais bouffer du vinaigre en fait, mais là n'était pas le problème.

J'entendis un raclement de gorge et poussai un soupir inaudible.

Merci, enfin.

— Hyung... je... enfin, je voulais te voir aujourd'hui pour te parler.

— J'avais bien compris.

Je le sentis se tendre et bouger sur son siège, mal à l'aise, il n'avait pas du tout touché au sandwich français qu'il avait payé une fortune.

Personnellement, moi je n'aimais pas le pain, alors je ne mangeais pas de sandwich...

Mais d'après Jin hyung ou communément appelé Monsieur-j'ai-fait-beaucoup-de-tourisme-dans-ce-monde, le pain français et le pain coréen n'avaient rien à voir et qu'il fallait aller en France pour goûter d'excellents sandwichs.

Oui, bon je n'allais pas aller jusqu'en France pour ça quand même.

Si ?

Je soupirai silencieusement, Bambam et moi n'avions tellement rien à nous dire que je me prenais la tête pour des détails sur la nourriture sous mes yeux.

— Déjà, commença-t-il, je tenais à m'excuser.

Je tournai la tête et relevai les yeux vers lui.

— Merci, c'est déjà pas mal.

— J'aurais dû venir te voir beaucoup plus tôt, bafouilla-t-il. Je m'excuse pour mon comportement envers toi et pour ce qui s'est passé à la soirée et le reste.

Je hochai la tête en me mordant la lèvre.

Super, merci, mais ce n'était pas un peu tard ?

C'était il y a des mois, de l'eau avait coulé sous les ponts depuis ce jour-là, mais je gardai ça pour moi.

— J'ai vraiment été con, admit-il. Je me suis vexé tout seul pour rien. Je suis vraiment désolé, je te promets que je ne le referai plus.

Qu'il ne le referait plus ?

Attendez...

Je pivotai complètement vers lui et il prit une grande inspiration :

— Hyung, j'aimerais qu'on redevienne amis.

Ah.

Voilà.

On y était.

Je bougeai sur ma chaise, mal à l'aise, fuyant son regard pour le reporter sur mon bol de nouilles udon au porc.

Je pris le temps d'en avaler quelques-unes avant de répondre.

— Je ne sais pas.

Il pivota aussi vers son sandwich d'un coup, en hochant la tête.

— Je comprends.

Mais il avait l'air contrarié quand même.

— Écoute Bambam, tentai-je. J'avoue avoir été vexé de ton comportement mais c'était il y a des mois de ça... Aujourd'hui, je n'en sais rien. Et puis je ne suis même pas sûr de bien te connaitre en fin de compte.

— Oui, je comprends, après tout maintenant Yeri a pris ma place, ironisa-t-il.

Je fronçai les sourcils.

C'était quoi ce ton cynique ?

— Yeri n'a pris aucune place, la défendis-je.

— Non mais ne te justifie pas, répondit-il avec un ton où perçait une ironie certaine, j'ai vu que vous étiez soudain devenus les meilleurs amis du monde...

Un éclair d'agacement me perça la poitrine et je répliquai sèchement :

— Excuse-moi d'avoir été en stage avec elle. Yeri a été là pour moi, et toi où tu étais au juste ?

Il se rembrunit avant de marmonner :

— Désolé.

— Laisse Yeri tranquille !

Il n'y eut plus que le silence et je me décidai à manger rapidement avant de balbutier :

— Je m'en vais.

— Attends !

Je fixai sa main accrochée à mon bras qu'il retira vite et remontai mon visage sérieux vers lui. Il ferma les yeux avant de prendre une nouvelle et grande inspiration.

— Désolé, je... je suis maladroit, je ne sais... pas trop comment m'y prendre. Mais je suis sérieux hyung, j'ai envie que les choses redeviennent comme avant...

— Comme avant ? l'interrogeai-je d'un ton suspicieux et clairement peu confiant.

— Je n'ai plus de... sentiments pour toi, répondit-il précipitamment. Mais avec toi, Jin hyung, Jimin hyung, c'était cool, non ?

Oui, ça l'était.

— Je regrette tout ce qui est arrivé, je veux repartir du bon pied. Est-ce que tu peux me laisser ma chance ?

— Je ne sais pas, Bambam. Je te l'ai dit tout à l'heure, je ne sais plus...

Je le fixai avec sa mine de chien battu qui me fendrait presque le cœur, et je me sentis pris de pitié. En soupirant, je me rassis.

— Écoute, ça me gêne tout ça. J'aurais préféré que tu viennes t'excuser avant.

— Je suis désolé.

— Je pensais te connaître, révélai-je. Mais finalement je... je ne sais pas grand-chose de toi et depuis que... enfin que tu as... Bref, depuis ça, j'ai l'impression que je ne te connaissais pas du tout. Tes réactions m'ont surpris et vexé.

— Je peux tout te dire de moi ! s'exclama-t-il, une main sur le cœur. Tout ce que tu voudras savoir !

Mais je n'étais pas sûr d'avoir envie, en réalité. Voilà tout mon problème.

Soudain, mon esprit tiqua sur un détail.

— Tout ce que je veux ?

— Oui, insista-t-il. Je te dois bien ça.

Il s'assit en face de moi, soudain plein d'enthousiasme.

— Alors que s'est-il passé avec Jackson ?

Son visage se ferma brutalement et il recula un peu, comme si je l'avais frappé.

— Ça n'a pas de rapport ça !

— Tu as dit « tout ce que je voulais savoir », le repris-je.

— Pas ça ! s'agaça-t-il. Laisse Jackson où il est !

— C'est ça dont je te parlais... je ne te connaissais pas, avouai-je, je n'aurais jamais pu prévoir que tu allais faire ça.

— J'avais bu, rétorqua-t-il sèchement, ça arrive à tout le monde !

Ses yeux me foudroyèrent et sa mine prit une moue puérile et mesquine avant qu'il ne crache :

— Si tu ne m'avais pas fichu un râteau aussi, rien de tout ça ne serait arrivé !

Ok.

Bon.

Je me levai soudainement et repris mon manteau mais il sembla soudain revenir à lui, à croire qu'il était bipolaire ce gamin.

— Attends, non, je n'ai pas voulu dire ça comme ça ! m'arrêta-t-il.

— Il est hors de question que tu me refiles la responsabilité de tes actes ! crachai-je.

— Hyung, attends !

Je m'en allai, ramenant mon plateau, mais sa main m'arrêta, je rejetai son contact et j'eus soudain vraiment envie de m'énerver contre lui.

— Attends, m'implora-t-il les yeux embrumés. Laisse-moi t'expliquer, s'il te plait... Je... c'est juste que... tout le monde m'embête tellement avec cette histoire... Je...

Je fermai les yeux en soupirant bruyamment, plateau dans les mains, et le toisai.

Que devais-je faire avec lui ?

J'avais toujours autant pitié de lui mais il m'agaçait énormément.

Il me fit sa tête de chien battu, me poussant à me rasseoir à la place que je venais de quitter.

Il se tortilla les doigts avant de murmurer :

— Je m'en veux horriblement d'avoir couché avec lui.

Puis il reprit en voyant que je ne répondais pas :

— Je sais que l'alcool n'est pas une excuse, mais j'ai dérapé... Je... me sentais mal et j'étais vulnérable alors il en a profité.

— Mais pourquoi te filmer ? l'interrogeai-je.

— Je... je ne sais pas... Je n'ai pas réfléchi... Je pensais que c'est ce qu'il attendait de moi....

Il y eut un silence lourd durant lequel je m'aperçus que contrairement à sa moue contrariée de tout à l'heure, il avait l'air vraiment nerveux, presque désespéré. Il baissa la tête :

— Il a plaisanté avec la caméra et moi, je ne voulais pas lui montrer que j'avais peur et que je n'y connaissais rien... Je ne voulais pas qu'il me prenne encore pour un minable ou qu'il se moque de moi alors que lui se vante des dizaines de fois de ses conquêtes.

J'accueillis cette honnêteté avec empathie.

— Et après ? l'interrogeai-je.

Bambam sembla d'un coup trembler, comme s'il hésitait à répondre, et je fronçai les sourcils.

— Il s'est passé quelque chose ? Il a fait quelque chose ?

Il se mordit les lèvres en fuyant mon regard.

— Bambam, je ne vais pas te juger, affirmai-je.

— Hyung, souffla-t-il en me regardant. Si je te dis la vérité... tu me promets qu'on pourra redevenir amis ?

Mon esprit tiqua, balayant l'empathie que j'éprouvais pour lui pour faire revenir ma méfiance habituelle.

Est-ce que c'était du chantage ?

— Je ne peux pas promettre, admis-je honnêtement.

Il ne répondit pas et se pinça encore les lèvres.

Je voyais bien qu'il ne voulait pas cracher le morceau, si morceau il y avait.

— Tu sais, reprit-il en chuchotant, son regard observant notre environnement comme s'il craignait que quelqu'un nous entende, je me suis fait tellement pourrir à cause de cette vidéo, que je n'osais pas venir te voir. J'avais peur que tu me juges.

— Pourrir ? Comment ça, pourrir ? Je ne t'aurais pas jugé, Bambam, j'aurais été surpris, sûrement, mais sans te critiquer.

Il me fit un sourire froid avant de poursuivre :

— Je sais, mais j'avais peur.

— Qu'est-ce que tu entends par « pourrir » ?

— J'ai reçu des tas de messages d'insultes homophobes après ça.

Je vis ses yeux se remplir de larmes :

— Même à l'université, même en soirée, je n'arrêtais pas de me faire insulter. J'ai été bousculé aussi en rentrant au dortoir et on a détruit toutes mes affaires dans mon sac. C'était insupportable de vivre ça alors j'osais plus vraiment voir du monde ou sortir de l'appartement.

— Je suis désolé, avouai-je.

— Tu sais ce qui est le pire ? renifla-t-il d'une voix agacée, c'est que je suis le seul à m'être fait insulter comme ça. Jackson, lui, n'a rien eu. Tu veux savoir pourquoi ? Parce que j'étais celui qui était « en dessous ».

Je voyais bien qu'il se retenait de pleurer et je le fixai, sans savoir où me mettre.

En réalité, je n'avais pas du tout pensé à ça.

J'aurais dû.

— Tu sais hyung, continua-t-il. Quand on est étranger, c'est déjà difficile de s'insérer dans une autre culture, une autre société, alors on pense... on pense qu'il faut suivre les autres pour qu'on soit plus accepté.

Il eut un rire sans joie :

— J'ai voulu faire comme ça, je crois. Faire la fête comme tout le monde et montrer que je n'avais pas peur de coucher comme je voulais...

Il renifla bruyamment, ses larmes menaçant de déborder de ses yeux :

— Mais je regrette tellement, maintenant...

Il essuya ses yeux :

— J'ai cru qu'en faisant ça, les gens me trouveraient génial et non plus comme un étranger naïf et ignorant. Après tout, quand tu regardes les autres ils ont toujours l'air cool à avoir une vie de fête, de drogue et de sexe, non ?

Je ne répondis pas, je ne comprenais pas bien. Je n'avais jamais éprouvé ce désir de ressembler aux autres, notamment ceux qui se vautraient là-dedans. Je continuais de le fixer, peiné.

— Sauf que c'était la pire des idées, admit-il. Je n'aurais jamais cru vivre ça, j'ai presque eu envie de rentrer en Thaïlande...

— Je suis désolé pour toi, admis-je. Je ne pensais pas que ça irait jusqu'à te faire maltraiter pour ça.

Il haussa les épaules et je soupirai bruyamment :

— Et dire que tout ça est arrivé seulement parce que Jackson a posté cette vidéo...

— Jackson n'a rien fait.

J'eus un sursaut et mes yeux se calèrent sur les siens qui se fermèrent, faisant dégouliner les larmes qu'il avait tant essayé de retenir. Il les essuya rapidement, gêné, alors que mes yeux s'écarquillaient d'incompréhension totale.

— C'est moi qui ai envoyé la vidéo, confessa-t-il.

— Mais pourquoi tu as fait une chose pareille ? m'écriai-je soudainement.

— Je ne l'ai pas fait exprès, je... je me suis trompé de groupe... je...

La suite fut incompréhensible, noyée dans ses larmes. Gêné et un peu choqué, je cherchai au fond de mon sac un paquet de mouchoirs pour lui tendre. Il s'essuya les yeux en me remerciant du bout des lèvres.

Il eut un ricanement désabusé avant de se moucher :

— Minable, hein ? Franchement quand je me vois... je comprends mieux pourquoi tu n'as jamais eu de sentiments pour un type comme moi.

Je clignai des yeux :

— Ne dis pas ça comme ça. Ça n'a pas de rapport. Je ne comprends pas ton comportement, ça ne veut toujours pas dire que je te juge.

Il ne répondit pas, et je répétai :

— Pourquoi tu as fait ça ?

— Parce que je savais que c'était pour un pari, pour la liste à remplir de la compétition.

Il se mit faussement à rire encore, sa voix étranglée par la tristesse.

— Le pire c'est qu'il m'a fait croire que ce n'était pas du tout pour le pari. Tu n'imagines pas à quel point ça m'a blessé quand j'ai compris que je m'étais fait avoir comme un imbécile. Je ne voulais surtout pas lui montrer que j'étais blessé. Alors....

Il prit une grande inspiration.

— Alors j'ai voulu faire le malin, lui montrer que j'assumais totalement et que je n'étais pas comme les autres qu'il se tapait régulièrement. Je voulais lui prouver que ça ne me faisait aucun effet même si c'était un mensonge. Sauf que je me suis trompé, complètement trompé en l'envoyant.

Je passai une main dans mes cheveux en me redressant sur ma chaise.

Oh.

Mon.

Dieu.

Mon cerveau s'agitait d'un millier de questions et je fermai les yeux, excédé.

— Mais tu as menti, lui reprochai-je. Tu as dit que ce n'était pas toi !

— J'ai eu honte ! répondit-il brusquement. Ma merdique confiance en moi est retombée quand j'ai compris que tout le monde et même tout mon dortoir avait vu cette vidéo ! J'étais en colère...

Son ton montait.

— J'étais en colère contre lui. Il m'a menti en premier, il m'a baisé juste pour son pari alors...

— Alors tu as menti et tu lui as fait porter tout le chapeau, terminai-je.

Il y eut un silence dans lequel il me toisa, les yeux écarquillés. Je le sentais nerveux et il admit :

— Oui, mais je l'ai fait pour me protéger !

Non.

Mais.

Dans quoi je m'étais fourré moi ?

Je n'aurais jamais dû lui poser cette question.

— Bambam, commençai-je un peu dépité.

— C'est lui l'enfoiré, pas moi !

Je secouai la tête :

— Mais c'est toi qui vous as filmés.

— C'est ce qu'il voulait !

— C'est ce qu'il a dit ?

Il se tût et grimaça :

— Il ne l'a pas dit mais je le savais qu'il voulait me filmer puisque je te dis qu'il l'a fait pour son pari à la con !

— Mais c'est toi qui as envoyé la vidéo...

— C'est ce qu'il voulait.

— Il te l'a dit ?

Une nouvelle fois, il s'arrêta et je fronçai les sourcils :

— Tu as dit qu'il t'avait fait croire que ce n'était que pour le pari, comment ?

Il ne répondit pas et sembla s'agiter, contrarié :

— Il me l'a fait comprendre !

— Comment ?

— On s'en fout de comment ! rétorqua-t-il. Il s'agit de Jackson, ses motivations étaient claires. Pourquoi est-ce qu'il coucherait avec moi si ce n'était pas un pari, hein ?

— Je ne sais pas, parce qu'il pouvait avoir des sentiments pour toi ? hasardai-je.

Bambam eut un ricanement moqueur :

— Non mais n'importe quoi !

— C'est toi qui as filmé, c'est toi qui as posté la vidéo, il ne l'a jamais fait de lui-même, non ?

— Il l'aurait fait !

— Mais il ne l'a pas fait, insistai-je.

Sa mâchoire se contracta et ses yeux me foudroyèrent :

— Je rêve ou tu le défends ?

— Je ne le défends pas, je pense que Jackson n'est clairement pas du tout agréable comme personne, mais j'essaye de voir la situation avec du recul. J'ai l'impression que la situation est faussée par ton jugement.

Il ne répondit pas et on resta silencieux, je voyais qu'il était blessé, contrarié et encore émotif.

Mais peut-être que oui, que je défendais Jackson car j'étais rancunier envers Bambam ? Je ne savais pas...

— Je suis d'accord que Jackson n'avait pas à t'utiliser pour un pari, si pari il y avait sur toi, mais tu as menti à tout ton dortoir, à tout le monde.

— C'était légitime ! insista-t-il.

— Mais ils se sont tous retournés contre lui.

Il ne répondit pas.

— Il s'est fait virer de votre dortoir...

— Il l'avait cherché aussi...

— Bambam, insistai-je, Jimin me l'a dit, il a passé ces derniers mois à chercher un appart', à dormir sur des canapés, rares sont les personnes de votre dortoir qui lui parlent et...

— Et alors ?

— Et alors ? répétai-je, surpris.

Je clignai des yeux, la bouche ouverte, un peu interloqué par son comportement et sa moue détestable.

— Tu trouves que c'est dégueulasse ?

— Oui, admis-je honnêtement.

— Ce qui est dégueulasse c'est ce qu'il m'a fait à moi !

— Mais il ne t'a rien fait à toi, repris-je, tu étais consentant.

— J'étais un challenge, un pari pour sa foutue liste !

— Est-ce que c'est vraiment ce qu'il a dit, avec ces mots-là ?

Il se tût, serrant les poings.

— Tu fais ce que tu veux Bambam, admis-je, mais de mon point de vue je trouve cette histoire incompréhensible. J'ai l'impression que vous êtes tous les deux en tort pour avoir menti et c'est dommage car cette histoire a déchiré votre dortoir...

— Tu as fini ?

Son ton était sec et je papillonnai des yeux.

— Euh oui...

— Super. On retourne en cours alors, répondit-il sèchement.

Je l'avais de nouveau contrarié ?

Eh bah nous voilà bien.

On fit quelques pas et je le voyais ruminer, mais en sortant du réfectoire il prit une grande inspiration :

— Je pourrais m'installer à côté de toi pour le cours de Dr Kim ?

Surpris, je mis un certain temps à répondre :

— Euh oui...

— Bien.

— Je pensais que tu m'en voudrais à nouveau.

— Non, je te l'ai dit, je veux que ça redevienne comme avant.

Mais son ton m'avait l'air légèrement moins enthousiaste que tout à l'heure.

Je me fis la réflexion en le voyant marcher devant moi, que peut-être si Bambam insistait autant c'était qu'il se sentait seul ?

Qu'il avait besoin d'appartenir à un groupe à nouveau ?

Il pivota d'un coup, me faisant sursauter :

— C'est vraiment ce que tu penses ?

— Euh... oui, balbutiai-je.

Je me sentais secoué en tous sens par ses réactions changeantes et excessives.

— Tu crois que je devrais faire quoi ?

Il y avait toujours une touche d'agressivité dans ses questions, mais cette fois j'entendis aussi une vraie demande de sa part.

— Je ne sais pas... Je ne suis pas très bien placé pour te conseiller, avouai-je.

Il eut un ricanement désabusé :

— Tu voudrais que je rétablisse la vérité et que je m'excuse, c'est ça ?

— Je n'ai pas dit ça, rectifiai-je en fronçant les sourcils. Mais si cette histoire est vraiment un quiproquo entre toi et Jackson peut-être qu'il faudrait l'éclaircir, non ?

Il ne répondit pas et me tourna le dos, me permettant de voir ses épaules tendues. Il ne m'attendit pas pour repartir, prenant de l'avance sur moi en direction de l'amphithéâtre.

Quand Jin hyung nous vit arriver, son sourire s'agrandit avant de retomber quelque peu.

Il accueillit pourtant Bambam comme d'habitude, comme s'il ne s'était rien passé depuis tout ce temps et on s'installa en attendant notre professeur arriver.

Je sentais le malaise et la gêne émaner des quelques centimètres qui séparaient nos épaules.

Je fermai les yeux avant de les rouvrir en sentant mon téléphone vibrer dans ma poche. Jin hyung, pourtant à dix centimètres de moi, m'avait envoyé un message.

« Vous vous êtes disputés ou réconciliés ? »

Je ne répondis pas, lui jetant un regard d'incompréhension qui voulait signifier « Bah écoute, je n'en sais rien. ».

Même Yeri eut l'air mal à l'aise en nous regardant quelques mètres plus bas, comme si de là où elle était, elle voyait que quelque chose clochait.

Le cours eut beau commencer, des groupes de travail se former, Bambam eut beau avoir l'air de redevenir celui qu'il était, enthousiaste, plein de joie, une seule question ne cessait de tourner et se retourner dans ma tête.

Est-ce que Bambam et moi devrions vraiment redevenir amis ?

*******

Ce n'est qu'une semaine plus tard, alternant entre mes cours en option et la rédaction de mon rapport de stage à la bibliothèque, que j'entendis à nouveau parler de Bambam.

Malgré cette semaine en sa présence, c'était comme si les choses n'avaient aucunement bougé, pire, comme si ça nous avait éloignés. Je me sentais mal à l'aise dès que je me trouvais près de lui.

Jin hyung m'avait beaucoup questionné, semblant prendre très à cœur ce manque d'entente, mais je n'avais rien osé lui dire de concret.

À part que dans le fond, rien n'était réglé.

Et que je ne savais pas trop comment me situer par rapport à tout ça.

J'en avais parlé avec Jungkook.

Ça avait été une très mauvaise idée.

Déjà, j'avais dû user de tous mes arguments pour qu'il ne dise pas la vérité à tout le dortoir de Jimin et ensuite on s'était un peu disputés au sujet de mon collègue de promotion.

Jungkook était totalement contre l'idée que je puisse redevenir ami avec lui.

Évidemment, il n'allait pas sauter de joie, hein ?

Je m'étais douté que ça n'allait pas lui plaire.

Mais ce qui m'avait le plus fait réfléchir, c'était qu'il avait dépeint Bambam comme étant un menteur et un manipulateur.

« Il se moque de toi, hyung ! Il s'est vexé parce que tu l'as rejeté. Ensuite, il a couché avec Jackson et il s'est justifié comme s'il était innocent alors qu'il est coupable. Il a retourné tout son dortoir contre Jackson parce qu'il n'était pas capable d'assumer d'avoir couché avec lui. Tu te permets de douter d'une nouvelle amitié et il se braque ? Tu ne devrais pas lui pardonner aussi facilement. »

Dans le fond, je ne savais pas quoi penser.

Mais j'avais un doute, une partie de moi trouvait que ce que disait Jungkook était juste. Tête Jaune avait un sale caractère qu'il avait caché jusque-là. Comme un enfant faisant un caprice à chaque chose qu'on lui refusait.

Mais je comprenais plus ou moins le point de vue de Bambam, après tout Jackson n'était pas un enfant de chœur.

Que devais-je en penser ?

J'avais l'impression que le retour de Bambam avait révélé une vieille rancœur que j'avais gardée malgré tout envers lui, tout en partageant un très court instant de joie à l'idée du retour de mon jeune ami.

Mais surtout, j'avais un affreux pressentiment.

Je regrettais d'avoir lancé cette question, de lui avoir donné mon point de vue. Pas seulement de l'avoir vexé et contrarié mais je ressentais une inquiétude comme si j'avais jeté de l'huile sur un feu.

Est-ce que j'avais vraiment été si objectif ? En y repensant j'avais l'impression d'avoir insisté sur les torts de Bambam plus que sur ceux de Jackson, alors qu'ils étaient très clairement tous les deux coupables dans cette histoire.

Durant les jours qui suivirent, Jin hyung me révéla que Bambam était le fils d'un aristocrate thaïlandais, millionnaire. Qu'il était un élève brillant, ayant passé ses examens à l'international avec l'intention de vivre en Corée car il était mordu de dramas et passionné par la culture Coréenne.

Son père voulait qu'il soit chirurgien.

Il avait cinq sœurs toutes plus âgées que lui et en Thaïlande il possédait une armada de majordomes.

Tout ça, je l'ignorais.

En réalité, je me rendais compte que je n'étais pas très doué pour retenir des autres des informations personnelles. Je devais vraiment m'améliorer sur ce point.

C'est ainsi que, complètement perturbé par tout ça, une semaine après cette conversation avec Bambam au réfectoire, je reçus un coup de téléphone de Jimin.

Ça avait été compliqué pour moi de le tenir à l'écart de cette histoire, vu qu'il était un des principaux concernés du dortoir.

Mais en voyant son nom s'afficher sur mon écran aux alentours de vingt-deux heures, un jeudi soir, mon mauvais pressentiment empira.

Jungkook parut aussi surpris que moi que mon téléphone se mette à sonner alors que nous étions calés dans mon lit, l'écran de son ordinateur entre nous, en train de regarder un épisode de la saison deux de Stranger Things sur Netflix.

Je décrochai alors qu'il mettait l'épisode sur pause.

— Jimin ?

« Tae, qu'est-ce que tu es allé dire à Bambam exactement ? »

J'eus d'un coup une horrible montée de stress, si puissante que je sentis mon ventre se tordre douloureusement.

— Quoi ? glapis-je.

Je l'entendis soupirer, un poil agacé :

« Il m'a dit que c'était toi qui l'avais convaincu. Mais qu'est-ce qui t'a pris, bon sang ? »

— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Jungkook, soudain inquiet en me voyant prendre peur.

Alors contre toute attente, j'activai le haut-parleur en prévenant mon interlocuteur.

— Jimin, de quoi est-ce que tu parles ? demandai-je en connaissant déjà la réponse.

« Je te parle du fait que tu as convaincu Bambam de cracher la vérité sur ce qui s'était passé avec Jackson ! »

Il était de très mauvaise humeur.

— Je ne l'ai pas convaincu ! me défendis-je, soudain agité par cette nervosité qui me traversait le corps. Il... il m'a tout raconté et j'ai... j'ai juste donné mon avis.

Est-ce que j'avais merdé ?

Est-ce que Bambam s'était retourné contre moi ?

Est-ce qu'il m'avait manipulé ?

— Jimin hyung, coupa soudain Jungkook. Je te préviens, si tu le fais pleurer et ça a l'air bien parti... ça va très mal se passer pour toi. Bambam a merdé depuis le début, il a menti à tout le monde, pourquoi ça devrait être à Taehyung hyung d'en pâtir au juste ?

On entendit Jimin souffler avant de reprendre d'une voix plus calme :

« Oui... pardon. C'est juste que... ça a fait beaucoup de remue-ménage à nouveau. L'idée n'était pas mauvaise en soit, je suis d'accord que la vérité vaut mieux qu'un mensonge mais... maintenant ? »

Jungkook m'envoya un regard dans lequel je pouvais tout lire.

« Maintenant ? Des mois après les faits ! Il vient de retourner le couteau dans la plaie alors qu'elle venait de cicatriser ! »

— Elle n'était pas cicatrisée puisque tout était un mensonge, fit remarquer Jungkook.

« Peut-être », répliqua Jimin, « Mais en attendant de l'eau avait coulé sous les ponts. Lui conseiller la vérité a fait tout remerder comme pas possible. ».

Oh non.

— Qu'est ce qui s'est passé ? m'inquiétai-je.

« Bambam est allé voir Jackson, je ne sais pas trop pourquoi, c'était même carrément du suicide mais en tout cas il s'est fait casser la gueule. Il est rentré au dortoir dans un sale état, non seulement il pissait le sang mais il avait l'air complètement bouleversé. »

Mes yeux s'ouvrirent en grand.

Oh non.

C'est moi qui avais provoqué ça ? Mais qu'est-ce que j'avais fait ?

J'eus un sursaut en sentant la main de Jungkook serrer la mienne, ses pupilles sombres braquées sur moi et sa tête qui lentement bougeait comme pour me faire comprendre qu'il voyait très bien à quoi je pensais, et que ce n'était pas ma faute.

« Évidemment vu qu'on était tous là, on a tous voulu savoir qui était la personne qui lui avait fait ça et quand il a dit « Jackson » je ne vous explique même pas la haine que ça a déclenché... Sauf que là, Bambam a pleuré et il a craché le morceau. Il a dit qu'il avait menti, que c'était lui qui avait posté la vidéo et qu'il avait fait porter le chapeau à Jackson. »

Il y eut un silence et je me mordis la lèvre horriblement.

— Et ? demanda Jungkook.

« Jeabum hyung lui a demandé de quitter le dortoir. »

Nos regards se croisèrent simultanément par-dessus le téléphone déposé sur la couette et je me laissai tomber sur mes cuisses, choqué.

— Il a été viré ? répéta Jungkook, abasourdi.

« Oui. »

Mon corps bougea dans un sursaut.

Oh mon dieu, Bambam était dehors, en plein mois de mars, tout seul ?

Qu'est-ce qu'il fallait que je fasse ?

Où allait-il vivre ?

« Tae, je t'entends flipper de là », me fit remarquer Jimin, « il n'est pas encore dehors mais ça ne devrait pas tarder. Je n'avais jamais vu Jaebum hyung comme ça... ».

— Jackson et lui sont amis, non ? demanda Jungkook.

« Oui. »

— Et les autres ? m'enquis-je.

Jimin soupira :

« Ils ont été si abasourdis au début. Après ça a dégénéré, Yugyeom l'a très mal pris. En même temps, c'est lui qui l'a le plus défendu quand cette histoire avait eu lieu... »

— Je vais l'appeler, marmonna Jungkook en cherchant son téléphone.

— Et... et toi ? balbutiai-je.

« Moi, ça va. », assura-t-il.

Je fronçai les sourcils et me rapprochai de mon téléphone :

— Parce que tu le savais ?

« Oui. », confirma-t-il. « Tu te souviens du type avec qui je suis sorti, Jun ? Jackson squattait leur dortoir alors disons qu'un jour, alors qu'il était bien torché, je lui ai arraché les vers du nez.»

— Jackson n'a jamais voulu coucher avec Bambam pour le pari, supposai-je.

« Jamais, il le répétait haut et fort pour que personne ne vienne s'imaginer qu'il éprouvait un intérêt un peu trop grandissant pour le petit thaïlandais. »

Jungkook continuait de taper sur son téléphone une suite de messages que je devinais être pour Yugyeom.

« Ils ont merdé tous les deux. », reprit Jimin. « L'un aurait dû être honnête et ne pas faire croire à l'autre que c'était pour un pari, et l'autre aurait dû dire la vérité depuis le début et cesser de se prendre pour la personne qu'il n'était pas. ».

On entendit Jimin soupirer.

« De ce fait, même si ça a foutu la merde par deux fois, je trouve que c'est plus juste qu'ils soient tous les deux éjectés du dortoir. »

— Je suis désolé... bafouillai-je. Je ne savais pas qu'en donnant mon avis ça déclencherait tout ça...

« Tu n'y es pour rien. »

— Tu n'y es pour rien.

Ils avaient prononcé la même phrase en même temps et Jungkook se tût pour laisser Jimin parler :

« Désolé si tu as cru que je t'en voulais au début, c'est juste que ça m'a agacé sur le moment. Mais tu n'as rien à te reprocher. Bambam a pris sa décision tout seul. »

— Mais je n'aurais jamais dû lui dire de... de dire la vérité...

— Rétablir la vérité, d'accord, reprit Jungkook. Mais pourquoi être allé se faire casser la gueule par Jackson, il a des pulsions suicidaires ou quoi ?

Je pâlis avant de bégayer :

— Je... je lui ai dit qu'il devait aller mettre les choses au clair pour savoir ce qui s'était vraiment passé.

— Ah bah tout s'explique, répondit Jungkook d'une voix apathique.

« Bambam a morflé, mais pas d'un point de vue physique, il a compris que Jackson était sérieux en réalité. »

— Donc, Jackson est un gay refoulé, finit par lâcher Jungkook, surpris cette fois.

« C'est ce que je crois en tout cas. », admit Jimin.

— Je n'y crois pas...

Puis il plaisanta, sûrement pour détendre l'atmosphère :

— Je me sens moins seul, du coup...

Sa main caressa la mienne tendrement, mais Jimin gloussa :

« Je t'arrête tout de suite, Jackson est foncièrement attiré par des mecs mais carrément dans le déni alors que toi tu es attiré par un seul mec. C'est différent. Félicitations, tu es Taesexuel ! »

Il était quoi ?

Jungkook éclata de rire avant de me regarder, d'un regard vraiment aguicheur :

— Je suis Taesexuel.

Ce serait malsain si je vous disais que ça me faisait de l'effet qu'il me dise ça ?

— Je dois faire quoi ? repris-je en me reconcentrant sur la conversation.

« Rien. Vous vous verrez demain, il t'en parlera de toute façon. Il a beaucoup pleuré et là il dort, je pense que le fait de se faire virer l'a secoué... Jusqu'à maintenant, Jaebum hyung l'avait toujours défendu et avait toujours été gentil avec lui... »

— J'ai une question.

Je me tournai vers Jungkook dont les sourcils étaient froncés :

— Jimin hyung, je veux que tu me répondes très honnêtement.

« Je t'écoute. »

Jungkook inspira sans me regarder une seule seconde, la mine concentrée sur l'écran du téléphone qui indiquait la durée de notre conversation.

— Tu penses que Bambam a fait tout ça pour Taehyung hyung ? Qu'il a encore des sentiments pour lui ?

Ma bouche s'ouvrit de surprise d'un coup devant cette question et le ton sérieux et directif de mon voisin de lit.

Jimin ne répondit pas tout de suite mais il finit par soupirer :

« Oui. »

Mes épaules en tombèrent et la mine de Jungkook fut plus grave encore.

« Je pense que oui. Il a révélé tout ça parce Taehyung lui a dit. Il cherche à se faire pardonner mais je ne pense pas que ce soit purement amical. Tu m'as demandé d'être honnête alors je vais te le dire, Bambam fait une fixation sur Tae. »

Jungkook se leva d'un coup, semblant prêt à se rhabiller et je m'écriai :

— Mais qu'est-ce que tu fais ?

— Je vais lui casser la gueule.

— Rassieds-toi, m'écriai-je en le retenant.

La voix déformée de Jimin reprit :

« Jungkookie, Tae l'a déjà jeté une fois et Bambam ne fera pas la même erreur deux fois. Fais confiance à Tae sur ce coup, il n'arrivera rien. »

Il y eut un silence et je relevai le menton, toisant mon vis-à-vis qui se renfrogna.

— J'ai confiance en lui.

« Alors aie confiance en toi et en vous deux. Bambam n'est pas une menace pour votre couple. »

— Mais il va utiliser la situation actuelle pour faire pitié à hyung, je le vois déjà de là, tu verrais la tête qu'il fait...

« Tae a un cœur pur », plaisanta Jimin, « C'est pour ça que tu l'aimes, non ? ».

Jungkook rougit d'un coup et je me mis à ricaner.

« Tu ne pourras pas l'en empêcher, il voudra aider tous les chiots égarés du village. »

Jungkook se racla la gorge :

— Ok, super, pigé, va te coucher maintenant, on est occupés.

«Oh. À t'entendre on dirait que je te gêne. Tu rougis, Jungkookie ? »

— Mais pas du tout ! mentit-il.

— Bonne nuit Jimin, soufflai-je, amusé par la tête que faisait mon vis-à-vis.

« Roh allez, dis ! Un Jungkook qui rougit est un kookie tout mignon et bien cuit. »

Ah oui, j'avais oublié de vous dire que Jimin appelait parfois Jungkook « Kookie bien cuit » pour l'embêter. Je ne savais pas d'où était né ce délire mais je trouvais ça vraiment drôle de voir la tête que Jungkook tirait à chaque fois.

Il haïssait ce surnom.

— Je raccroche ! se vexa Jungkook.

Je me recalai dans le lit, l'esprit encore un peu embrouillé. Jungkook ronchonna un moment jusqu'à ce que son portable ne sonne.

— C'est Gyeomie, m'informa-t-il.

— Alors ? m'enquis-je.

— Il fulmine.

Je soupirai mais il me caressa la nuque avant d'embrasser ma tempe :

— Jimin hyung a raison, tu n'y es pour rien.

— Mais quand même...

— Non, pas de quand même qui tienne, hyung.

Je me calai sous la couette et finis par demander d'une petite voix :

— Je sais mais... je culpabilise. Je me sens concerné.

Il soupira bruyamment, contre toute attente.

— Je crois que j'ai envie d'aider Bambam, il va traverser une passe difficile maintenant... je ne peux pas le rejeter ou faire comme si je ne savais rien...

— Une passe difficile ? Hyung, c'est une passe dans laquelle il s'est lui-même foutu, répondit Jungkook avec sarcasme. Une passe qu'il a provoquée délibérément pour redevenir ami avec toi.

Puis il finit par soupirer encore, légèrement contrarié :

— De toute façon tu ne vas en faire qu'à ta tête...

Grillé.

Il soupira, passant une main dans mes cheveux dans un geste doux :

— Très bien. Occupe-toi de ce chiot égaré-là. Mais je veux que tu fasses attention à toi, d'accord ?

— D'accord.

— Tu n'as pas à être responsable de lui ou de quoi que ce soit en rapport avec lui. Je ne veux pas qu'il te blesse par caprice. Et si ce type commence à s'incruster, ou dépasser la limite, je te jure que je lui casse la gueule.

Je hochai la tête d'un air entendu et il se décala pour me surplomber un peu avant de m'embrasser tendrement :

— J'ai confiance en toi, hyung.

— Il faut que tu aies confiance en toi, je ne vais pas te quitter pour qui que ce soit.

Je l'embrassai en retour.

Je me calai dans le lit, perdu dans mes réflexions.

C'était étrange à dire mais j'avais l'impression que Bambam avait fait exactement ce que j'attendais de lui. Comme si à présent il méritait d'être de nouveau mon ami.

Étais-je horrible de penser ainsi ?

*******

Le lendemain, je n'avais pas pu m'empêcher de lâcher un cri en voyant le visage tuméfié du jeune thaïlandais.

Jin hyung et moi quittions la bibliothèque. Nous l'avions investie tôt le matin, pour éviter la foule d'étudiants avant de nous rendre à nos groupes de travail respectifs de réflexion autour de cas cliniques basés durant le précédent stage.

On s'était donnés rendez-vous pour boire une dernière boisson chaude, thé pour lui, chocolat pour moi avant de rentrer en cours. Bambam était arrivé en avance, le visage encore bouffi et violacé, l'air clairement en peine.

Mais contre toute attente, alors que j'attendais de Jin hyung une attitude fraternelle propre à sa personnalité, il nous avait embarqués tous les deux par le bras avant de nous pousser dans une salle de cours pas encore utilisée. Les mains sur les hanches, la mine sérieuse, il nous faisait face avec autorité et il se montrait légèrement intimidant, ainsi.

— Tu étais au courant ? me demanda-t-il d'un ton sans appel.

— Oui... hier soir, avouai-je, mais je ne pensais pas que ce serait si grave.

Jin hyung avait tourné son regard et sa mine s'était faite farouche et clairement colérique.

— Kunpimook Bhuwakul, tu vas poser tes fesses sur ce siège et tout me raconter !

Bambam avait pâli et secoué la tête, notre aîné s'était approché, hors de lui :

— Ça suffit vos secrets et vos cachotteries et autres histoires. Tu t'es fait clairement tabasser alors tu vas me dire, où, quand, comment et par qui avant que je ne m'énerve de bon contre vous deux !

Mais pourquoi moi ? Je n'avais rien fait, moi !

J'eus envie de répondre mais son regard me fusilla tant, que je baissai la tête.

Doucement alors, Bambam raconta ce qu'il s'était passé avec Jackson, l'accident de la vidéo postée puis les accusations portées, sa tentative de se faire pardonner auprès de moi et sa volonté de rétablir la vérité.

À la fin de son discours, Jin secoua la tête, affligé, avant de soupirer.

Bambam sanglota un peu, en nous disant que Jackson avait très mal pris le fait de le voir débarquer dans son appartement et qu'en s'expliquant avec lui, les choses lui étaient apparues sous un autre angle.

Il ne rentra pas dans les détails, mais à travers ses mots et ses blessures je pouvais voir toute la haine que Jackson avait dû emmagasiner ainsi que ses sentiments bafoués, tués dans l'œuf à l'encontre de Bambam.

En fait, leur histoire aurait pu se passer autrement si seulement ils avaient fait d'autres choix...

Le thaïlandais se pourfendait en excuses qui ne nous étaient pas dédiées et finalement Jin hyung sembla se calmer.

— Ce n'est quand même pas possible de se mettre dans des situations pareilles ! pesta-t-il quand même.

Il se tourna vers moi :

— Et toi, tu ne pouvais pas m'expliquer tout ça avant que je ne le découvre ainsi ?!

Ah si, le ton paternel était de retour et je bafouillai des excuses comme un gamin pris en faute.

— Où vas-tu aller maintenant, Bambam ?

Ce dernier se mordit la lèvre, passablement amochée d'ailleurs, avant de dire :

— Je... je crois que je vais rentrer en Thaïlande...

Mes yeux s'écarquillèrent et mon aîné gronda :

— Rentrer la queue entre les jambes, c'est ça ? Tu vas tout abandonner ?

Ma tête pivota, offusqué, vers notre aîné qui avait repris son ton agacé :

— Tu prends tes responsabilités Kunpimook Bhuwakul ! Tu t'es investi dans tes études, tu arrives au bout, ce n'est pas pour tout arrêter maintenant à cause d'une histoire de coucherie.

— Mais...

— Pas de mais, coupa Jin hyung. Je suis désolé pour toi et pour ce qu'il s'est passé et clairement je ne supporte pas que ce Jackson puisse avoir eu recours à la violence. Mais en attendant, les choses continuent. Tu vaux mieux que d'être un lâche qui abandonne maintenant. Avec le temps les choses s'arrangeront, alors accroche-toi !

Il soupira, croisant les bras :

— Tu peux venir habiter chez moi.

— Quoi ?

Ma bouche s'ouvrit et Jin me toisa, plein de reproches :

— Si tu m'avais appelé hier dès que t'avais su, j'aurais pu aller le chercher pour le ramener...

— Mais...

— Laisse tomber.

En clignant encore des yeux, je compris qu'en réalité notre aîné était vexé d'avoir été mis de côté. Gêné, je me raclai la gorge alors que Bambam secouait la tête :

— Non, hyung, je ne veux pas... je ne veux pas embêter ta famille et...

— Tu n'embêteras personne, ma maison est grande et mes parents ont l'habitude d'accueillir des étrangers chez nous. Ma mère est dans une association où elle propose la location d'une de nos chambres pour dépanner les étudiants internationaux lorsqu'ils arrivent en Corée. Donc tu peux vivre chez moi, lâcha Jin hyung.

Pour toute réponse, Bambam éclata en sanglots et Jin abandonna son côté moralisateur pour reprendre sa douceur naturelle et lui tapoter la tête.

— Ça va aller, tu as fait les choses comme il fallait. Il fallait beaucoup de courage pour rétablir la vérité et aller en parler au principal concerné. Maintenant il faut passer à autre chose et se concentrer sur l'important, d'accord ?

Je me réveillai de ma sidération pour sortir un paquet de mouchoirs de mon sac pour lui tendre.

Bambam me fixa, les yeux larmoyants, et je me sentis encore plus coupable.

Il avait l'air tellement mal de près, les coups reçus marquaient sa peau, déformant les contours de son visage.

— Hyung, geignit-il, on peut redevenir amis maintenant, hein ?

Puis, comme si je l'avais mise dans un coin de ma tête pour l'oublier, la phrase de Jimin me revint soudainement.

« Il a révélé tout ça parce Taehyung lui a dit. Il cherche à se faire pardonner mais je ne pense pas que ce soit purement amical. »

Quelque chose en moi prit peur.

Mais je ne pouvais pas lui refuser ce qu'il désirait tant, maintenant. Si je le rejetais dans cet état, ne serait-ce pas trop cruel ?

« Je veux que tu fasses attention à toi. », avait dit Jungkook.

Qu'est-ce qu'il fallait que je fasse ?

— D'accord... soufflai-je.

Son visage détruit se fendit d'un sourire et Jin argua :

— On va en cours, mais à la pause déjeuner je te traine dans une pharmacie. Il faut mettre quelque chose sur ce visage, des soins, des crèmes, des onguents, des...

Ça y est, Jin hyung était redevenu lui-même, mais moi je n'arrivais pas complètement à faire taire ma culpabilité et ma méfiance.

Pourtant, en retournant en cours alors que le visage de Bambam se déridait et qu'il parvenait à sourire tandis que Jin hyung lui sortait des blagues de vieux, je ne pus m'empêcher de frissonner.

Ce mauvais pressentiment ne partait pas.

Je sentais que ce n'était plus comme avant.

Moi je n'étais plus comme avant et ma vision de Bambam n'était plus la même non plus. Et puis j'avais l'impression d'avoir mis le pied sur quelque chose de nouveau, une nouvelle sensation qui m'effrayait un peu.

Comment devais-je me comporter avec le thaïlandais, maintenant ?

Et si... Et si j'étais trop naïf ?

Et s'il devenait une menace pour mon couple ?

Et si...

Je crois que je commençais à ressentir quelque chose de nouveau qui me faisait peur.

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