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47-

Le dos droit, les cuisses serrées, mains sur les genoux qui tapotaient nerveusement sans s'arrêter, assis à l'une des tables au Starbucks, j'attendais.

J'attendais depuis longtemps.

Impatiemment, je fixais avec appréhension l'entrée du café et la rue derrière les vitres pour tenter d'apercevoir le visage de mon meilleur ami, en vain.

Le doute s'insinuait au fur et à mesure des secondes.

D'abord ça avait été une faible inquiétude en constatant un retard de quelques minutes, complètement chassé par mon bon sens et des excuses abstraites que je lui attribuais, à savoir : il avait dû manger tard et ça l'avait mis en retard, il était dans les embouteillages, et ainsi de suite...

Puis le bon sens et la relativité compte tenu d'un léger retard, disparaissaient au fur et à mesure que l'aiguille poursuivait sa route sur le cadran de ma montre.

Bientôt l'inquiétude empira et ne trouvant plus d'excuses à donner, je restais là, impatient et incertain.

Devais-je m'en aller ou continuer d'attendre ?

Mon cappuccino était froid maintenant sur la table et je me triturais les doigts alors que mes jambes s'agitaient nerveusement. Je baissai la tête en me mordillant la lèvre.

Je ne voulais pas croire que Jimin me posait un lapin.

Ni même encore qu'il n'avait même pas daigné m'envoyer de message pour m'informer de son retard.

Je m'accrochais à cette idée que s'il ne m'avait pas prévenu, alors c'est qu'il allait venir.

Si d'ici vingt minutes il n'arrivait pas, je m'en irais.

Mais j'avais déjà dit ça, les vingt dernières minutes...

Peut-être que je devais directement aller le chercher à son dortoir, le confronter à notre discussion ?

Je ne savais pas et mes doigts s'enfoncèrent dans mes genoux. Pourquoi ça me prenait la tête comme ça ?

Soudain le raclement d'une chaise me fit relever les yeux, mon cœur tambourina de soulagement avant de s'arrêter aussi rapidement.

— On peut emprunter la chaise, s'il vous plait ? me demanda le voisin de gauche alors qu'un groupe entier investissait les fauteuils près de ma table.

— Oui... oui, bien sûr, balbutiai-je.

Était-ce de la pitié que cet inconnu avait dans les yeux en me voyant ainsi seul à cette table trop grande pour moi ?

— Non, elle est déjà attribuée, merci.

Ma tête pivota soudainement dans la direction de cette voix et Jimin rattrapa le dossier du fauteuil pour le remettre devant moi.

Un sourire ne put s'empêcher de s'étirer sur mes lèvres et il ne me donna qu'un coup d'œil rapide, agacé.

Il semblait sortir de la douche et il avait dû s'habiller en vitesse, ses mèches noires étaient trempées et sa tenue mal mise.

Il croisa les jambes, la mâchoire serrée et je repris le tapotement nerveux de mes doigts sur mes genoux.

Jimin n'avait pas l'air, du tout, ouvert à la discussion.

Il y eut un silence avant que je ne balbutie :

— Tu veux... boire quelque chose ? Je vais commander un autre truc.

— J'sais pas t'en as pour longtemps ? rétorqua-t-il sèchement.

Ma bouche s'ouvrit et je la refermai :

— Euh... enfin, je ne sais pas.

Il soupira, exaspéré, avant de lâcher :

— Va pour un café latte.

Je partis sans demander mon reste, serrant contre moi mon portefeuille et m'avançai pour commander au comptoir.

Une boule se forma dans mon estomac et quand je revins avec les boissons, Jimin avait pris ses aises, sa cheville droite posée sur son genou gauche, assis en travers du siège les yeux fixés sur l'écran de son téléphone.

Comme une personne n'ayant visiblement pas envie d'être là.

Je me raclai la gorge en me rasseyant mais mon meilleur ami, enfin du moins ce qu'il en restait, ne semblait pas me porter d'intérêt.

J'attendis calmement, même bêtement, qu'il s'arrête dans la lecture de son fil d'actualité.

Mes mains tremblantes de nervosité accrochèrent mon gobelet et enfin, mon interlocuteur leva les yeux avant de reposer brutalement son téléphone sur la table.

— Alors ?

C'était froid, incisif et clairement non motivé.

— Je voulais... m'excuser.

Il eut un ricanement sans joie, qui ne lui allait pas du tout, et j'eus déjà envie de pleurer.

J'avais souvent vu Jimin énervé au cours de ces dernières années.

Quand nous étions petits, il était déjà émotif. Jimin était optimiste, courageux et avait le cœur sur la main même s'il s'énervait souvent sur sa sœur, ou sur toute forme d'injustice. En réalité il prenait bien trop sérieusement certaines remarques et s'acharnait à prouver qu'il pouvait mieux faire.

En grandissant, il avait réussi à contrôler ce côté sanguin de sa personnalité mais agissait toujours avec beaucoup d'affection, parfois trop et se laissait prendre dans des situations douloureuses pour lesquelles il attachait trop d'importance.

Jimin prenait les choses trop à cœur.

Ainsi, il lui arrivait d'être énervé et il me fichait la trouille.

C'était comme s'il passait d'un extrême à l'autre. Dans le fond je savais que Jimin était une crème mais il pouvait être aussi méchant qu'il était gentil.

Et ça, ça voulait dire que ça ne sentait pas bon pour moi.

— Je voulais te le dire mais... j'avais promis de ne pas le faire, alors...

Il me toisa sans même avoir touché à sa boisson, le coude sur le rebord du dossier :

— Ça fait six mois, Taehyung.

Aïe, pas de "Tae".

Mauvais pour moi.

Je me mis à déglutir difficilement :

— Personne ne le savait, tu sais...

— Yoongi hyung le savait, lui.

Sa langue claqua contre son palais et son ton avait nettement augmenté en gravité.

— Il l'a appris de lui-même, on ne lui a jamais dit, répondis-je précipitamment.

Il eut un nouveau ricanement froid et déplia sa jambe. Ce ne fut que lorsque je le vis remettre sa veste que j'attrapai son avant-bras précipitamment.

— Je t'en prie... s'il te plait... laisse-moi t'expliquer.

— M'expliquer ?

Il me repoussa brutalement :

— M'expliquer quoi ? Que ça fait six mois que tu me prends pour un con ?

— Je ne t'ai jamais pris pour quoi que ce soit !

— Tu es mon meilleur ami, tu es en couple et je suis le seul à ne pas le savoir ? Ça, à tes yeux, ce n'est pas me prendre pour un con peut-être ? cracha-t-il.

— Je comptais te le dire !

— Ah oui ? Quand ?

Les autres personnes présentes dans le café avaient toutes tourné la tête vers nous et je pinçai les lèvres.

— Calme-toi s'il te plait, je...

— Va te faire foutre Taehyung !

Il se leva et ma chaise racla le sol alors que je lui courais après, désespérément. Je m'accrochai à son manteau comme un possédé.

— Jimin, je t'en prie, écoute-moi... Je suis désolé... je suis tellement désolé, je...

— Lâche-moi ! siffla-t-il.

Nous étions un vrai spectacle pour tous les individus qui nous regardaient curieusement en sirotant leurs boissons et ce fut pire lorsque je ne réussis pas à me contrôler et que je me mis à pleurer. Néanmoins, je sentis Jimin se tendre en m'entendant et s'arrêter dans sa fuite.

Mes sanglots arrivèrent, monstrueux et honteux et mon visage dégoulina de larmes.

— Je suis désolé... J'aurais dû t'en parler depuis le début... Jungkook avait tellement peur de toi et moi j'ai été tellement égoïste...

Il me toisa avant de prendre une grande inspiration bruyante.

— Arrête de chialer, tu veux. Te voir comme ça, ça me fait chier.

Contre toute attente cela me fit pleurer encore plus.

Il finit par s'agacer et me prit l'avant-bras pour me tirer de nouveau vers notre table où il me fit asseoir brutalement.

Il se laissa tomber en face de moi, toujours avec son manteau mal refermé et d'un œil mauvais, il lâcha :

— Tu as cinq minutes pour m'expliquer ce putain de bordel !

J'hoquetai, perdu et surpris.

— Je veux savoir quand, où et comment cette vaste blague a commencé et à quel moment tu t'es décidé à te foutre de ma gueule.

Ma bouche s'ouvrit, choqué, et il cria en me faisant sursauter :

— Maintenant, Tae ! Je n'ai pas que ça à faire ! Et ne t'avise même pas de me cacher des détails, je dois tout savoir et après j'estimerai si oui ou non tu mérites que je t'appelle encore mon « meilleur ami » !

Cela me fit l'effet d'une claque et je me mis à pleurer encore avant de prendre sur moi, de toutes mes forces.

Il fallait que je me fasse violence.

En reniflant bruyamment, je balbutiai :

— Tu... veux que je te raconte tout ?

Il ne me répondit pas, son regard parlait pour lui et je repris ma position dos droit, mains sur les genoux, me sentant comme étrangement puni par son aura.

— En fait, je ne sais pas trop quand tout a commencé... je... Tu te souviens que je le... enfin que je regardais dans son appart' ?

Il ne me répondit pas mais son silence sembla consentir à l'idée que je pouvais poursuivre.

Petit à petit, je me mis à m'arrêter de pleurer pour me concentrer sur mon récit.

C'était la première fois que j'évoquais, à voix haute, ma relation. C'était aussi la première fois que je faisais un retour à quelqu'un et que je prenais conscience de tous les tenants et aboutissants de ce qu'avait été notre histoire.

C'est aussi, ainsi, à l'oral, que je me rendis compte d'où avait commencé toute cette histoire. D'un simple voyeurisme, les choses avaient évolué avec ambiguïté au fur et à mesure des obstacles jusqu'à aboutir à une relation.

Mais surtout, j'en étais sorti grandi.

Jimin voulait entendre l'histoire en entier alors je ne lui cachais rien, ni mes crises, ni nos disputes, ni notre séparation momentanée, ni mes interrogations, mes peurs, mes doutes ni même encore mes sentiments, mon acharnement, l'hallucination, les urgences, le deuil, l'acceptation et l'amour.

Et ce fut à bout de souffle que je terminai mon histoire, éreinté, essoufflé et soulagé.

Comme si tout avait été dit cette fois.

Il y eut un silence équivoque.

Je ne savais pas combien de temps ça avait duré mais je me sentais exténué comme si j'avais couru un marathon entier.

Entre-temps, Jimin avait retiré son manteau, bu sa boisson, m'avait peu interrompu mais son regard si tranchant avait disparu.

Il me fixait d'un œil étrange, presque incertain, comme s'il n'arrivait pas à y croire.

Je le sentais partagé entre sa colère et quelque chose d'autre.

Il y eut un silence vraiment long durant lequel je me réhydratai, ma gorge étant sèche après avoir autant parlé.

Lui il semblait toujours contrarié mais bien moins en colère contre moi.

— Tu te rends compte, lança-t-il après s'être raclé la gorge, que si tu devais écrire tout ça, ça te prendrait... facilement, quarante-sept chapitres ?

Je m'arrachai un sourire de soulagement face à son ton léger et il se gratta la nuque avant de froncer les sourcils.

Son visage semblait alterner entre l'agacement et le soulagement.

— Je ne sais pas quoi te dire Tae, admit-il après un moment.

— C'est moi qui ne sais pas quoi dire, affirmai-je. Je n'ai pensé qu'à moi et je ne savais comment m'excuser de t'avoir tenu éloigné de tout ça.

Il lâcha une exclamation étouffée, presque désabusée :

— Non mais quand je pense que je n'ai rien vu, du tout !

Il reprit :

— Quand je pense que tu... enfin... Tu es en couple maintenant, et avec le gamin en plus !

Jimin avait l'air de prendre l'après coup de toutes les informations que je lui avais révélées.

— Il est hétéro ! J'en aurais mis ma main à couper !

Il se mit à ricaner mais pas aussi méchamment que tout à l'heure, seulement complètement bouleversé.

— Et bordel, je suis en train de me dire que tu as même une vie sexuelle maintenant...

Je rougis d'un coup, me cachant derrière ma boisson.

Puis sa soudaine hilarité s'arrêta et changea. Il resta ainsi figé, triste.

Alors que je m'apprêtais à le questionner devant ce revirement d'émotions, il finit par lâcher :

— Je crois que je suis jaloux de toi.

Mes yeux s'écarquillèrent et il reprit son rictus ironique en jouant avec son gobelet vide.

— Déjà que je me sentais mis de côté à cause du gosse, maintenant voilà qu'il a une place centrale dans ta vie...

— Jimin, le coupai-je.

— Tae, rétorqua-t-il sur le même ton que moi en me fixant dans les yeux. Laisse tomber. Inutile de trouver des excuses, on voit tous les deux très bien que notre amitié n'est qu'une vaste blague...

— Non mais ça va pas !

Il releva les yeux et je m'exclamai en me levant d'un bond :

— Je ne t'ai pas invité pour qu'on se sépare !

— Pourtant tu vois bien que tu n'as pas eu besoin de moi ces derniers mois, non ?

Il s'arracha un autre rictus mais je m'agaçai :

— Bien sûr que si, et peut-être que toutes ces galères ne seraient pas arrivées si je t'en avais parlé !

Il sembla surpris et un peu touché et je poursuivis :

— C'est de ma faute et je suis prêt à en prendre l'entière responsabilité ! Je ne me suis focalisé que sur moi, que sur Jungkook et je t'ai mis de côté. L'histoire de la promesse ce n'est qu'une excuse, j'avais peur de ton avis, aussi peur que Jungkook. Nous avions peur du regard des autres sur notre relation. Mais c'était une erreur Jimin ! J'aurais dû t'en parler depuis le début, j'ai perdu un temps considérable à faire des crises et à me poser des milliers de questions alors que depuis le début tu étais là pour m'aider, que tu l'aurais fait comme tu l'as toujours fait !

Je repris ma respiration et il détourna le regard, gêné par ma soudaine tirade.

— Je suis désolé, lâchai-je. Tu as le droit de m'en vouloir et même s'il faut que je galère pendant des mois, je ferai en sorte de me faire pardonner.

On resta silencieux jusqu'à ce qu'il murmure :

— Je t'en veux, Tae.

Mes doigts se resserrèrent sur mon gobelet.

— Je suis vexé que tu ne te sois pas confié à moi. Je suis gay, merde. S'il y avait bien quelqu'un pour te donner des conseils dans une relation avec quelqu'un du même sexe que toi, c'était bien moi, non ?

— Je sais, je suis désolé, chuchotai-je.

— Est-ce que tu te rends compte de tout ce que j'ai loupé en six mois ?

Il n'était pas en colère, du moins pas en disant cela, juste triste. Je sentis les larmes me revenir.

— Je suis vraiment désolé, balbutiai-je. Je te jure que je vais tout faire pour que tu me pardonnes...

On resta silencieux. Jimin évitait de me regarder, ses sourcils toujours froncés, le regard concentré sur quelque chose. Moi je ne regardais que son visage, attendant un signe, un changement.

— Je dois t'avouer, reprit-il doucement, que je n'ai pas cherché à me rendre disponible pour toi, moi non plus...

Je ne répondis pas, ne voyant pas ce qu'il voulait dire par là.

— Dans la catégorie égoïste, tu peux m'y faire une petite place, avoua-t-il en me regardant à nouveau. Je me suis plus préoccupé de mes affaires que de toi alors que depuis la crise dans la boutique de costumes je savais que tu n'allais pas bien.

— Tu es venu chez Jungkook, rectifiai-je, après ma très grosse crise quand Yeri et Sehun m'avaient ramené et...

— Oui... mais j'étais tellement en colère après ce que Jungkook m'avait appris, alors je t'ai laissé gérer ça tout seul.

Il me fixa, soudain gêné :

— Je suis désolé de ne pas avoir été là pour toi et je suis heureux que tu aies réussi à dépasser ça... Ça a dû être terrible pour toi.

Je sentis mes larmes remonter, encore, et je me mordis la lèvre.

— Oui, mais ça va mieux...

Le temps de latence augmenta jusqu'à ce qu'il reprenne.

— Je n'aurais jamais dû te laisser tout seul avec ça... J'ai été un parfait imbécile, l'ampleur de cette crise n'avait rien à voir avec les autres...

— C'est terminé maintenant, je ne t'en veux absolument pas.

Nous étions mal à l'aise, gênés par la proximité de l'autre et nos propres paroles.

Jimin fut celui qui reprit, encore, la parole en premier :

— En même temps, après tout ce que tu viens de me dire je me demande comment j'ai fait pour ne rien voir...

— On le cache bien, supposai-je.

— Tu crois ? ironisa-t-il. Vous n'avez pas l'air très doués pour ça.

— Hé.

Un léger rire passa ses lèvres et je le suivis, soulagé de le voir de nouveau tourné vers moi et enclin à la conversation.

— Je vous envie.

Je fronçai les sourcils :

— Pourquoi tu dis ça ?

— Parce que c'est ce que je ressens.

— Jimin tu ne...

— Je trouve votre histoire vraiment belle.

Je m'interrompis et le regardai, touché.

— Ça n'empêchera pas que Jungkook va passer à la casserole.

Il prit une mine si immature et si faussement sévère que je me mis à pouffer, soudain incroyablement soulagé de voir qu'il était redevenu l'ami à qui je tenais tant.

Je ne le méritais pas.

— Je vais le tester comme il se doit et s'il te fait du mal je lui arrache les cou...

— Jimin !

Il pouffa aussi avant de reprendre sa mine mélancolique :

— J'aimerais vivre une histoire comme ça...

— Je suis sûr que la tienne viendra, assurai-je.

Mais il fit la grimace face à ma remarque :

— Mouais, je n'y crois pas trop.

— Pourquoi tu dis ça ?

— Je suis réaliste, je pense qu'à peine 0, 01% de la population vit une histoire d'amour comme la tienne. Non mais tu imagines ? Si on t'avait dit à l'entrée de l'université que tu en serais là aujourd'hui, tu y aurais cru ?

— Non...

— Bah voilà !

— Ça ne veut pas dire que toi, tu ne mérites pas d'avoir une belle histoire d'amour ! insistai-je.

— Ce n'est pas une question de mérite, soupira-t-il. C'est comme ça. Quelqu'un comme moi n'aura pas cette chance de vivre un truc romantique, tout droit sorti d'un bouquin et qui ferait quarante-sept chapitres...

Je fronçai encore les sourcils en me mordant la lèvre.

— Pourquoi tu te dévalorises comme ça ?

Il haussa les épaules, nonchalamment :

— Parce que je vois la réalité en face.

— Jimin, intimai-je. Est-ce que tu es avec quelqu'un en ce moment ?

— Pas vraiment...

— Je repose ma question autrement : est-ce que tu couches avec quelqu'un en ce moment ?

— Peut-être bien...

— Une seule personne ?

— Pas forcément...

Je lâchai un soupir en croisant les bras mais il reprit d'un air nonchalant :

— Ne t'inquiète pas autant. Je ne fais que profiter, je me protège, et c'est tout. C'est ce à quoi sert la fac, non ?

— Tu disais détester les mecs qui couchaient à tout va... lui rappelai-je.

— Faut croire que j'ai changé.

— Et Yoongi hyung ?

Son regard changea et il soupira bruyamment :

— Arrête avec lui ! Pourquoi tu dois sans cesse me rappeler son existence à celui-là ?

— Parce qu'il y a quelque chose de pas clair !

— Tout est limpide, s'agaça-t-il. On a baisé, longtemps, on a commencé à ne plus pouvoir se blairer, on a arrêté de se voir et chacun a repris sa vie.

— Pourquoi tu ne peux plus le « blairer » ?

— Parce que c'est un connard narcissique, un égoïste, un drogué et un insensible de première. Clairement pas un type bien.

— Oui mais c'était déjà le cas au début, et tu as quand même continué de le voir, lui fis-je remarquer.

— On en a déjà parlé, souffla-t-il. Et puis c'est de toi qu'il est question d'aujourd'hui, pas de moi.

— Tu détournes la conversation !

— Je ne détourne rien ! Je recentre le sujet sur le vrai problème, à savoir ta relation secrète avec...

Je pris une grande inspiration.

Je m'apprêtais à lâcher une bombe, je le savais, je le sentais. Ce n'était clairement pas le bon moment mais ça me brûlait la langue de le dire.

— Est-ce que tu as des sentiments pour lui ?

Ses yeux s'écarquillèrent et il commença à rire très fort.

— Non mais t'es malade !

— Non ça va, je te remercie, le toisai-je, bras fermés contre ma poitrine.

— Tae, je le déteste ! Combien de fois je dois te le répéter ?

— Jusqu'à m'en convaincre et là ce n'est pas le cas !

Il ouvrit la bouche, choqué :

— Tu prends la confiance là, ou c'est moi ?

— Depuis que vous ne « baisez » plus, articulai-je en faisant des guillemets avec mes doigts, tu passes d'un type à l'autre....

— Là je t'arrête tout de suite, ça n'a pas de rapport avec Yoongi hyung !

— Peut-être que tu ne te rends pas compte de tes sentiments ? Tu agis comme si tu t'étais fait larguer...

— Oui mais je te rappelle que je me suis fait larguer par Namjoon hyung !

Je m'interrompis alors qu'il semblait à deux doigts de sortir de ses gonds.

— J'ai payé les pots cassés de cette histoire et je n'arrive pas à retrouver quelqu'un comme lui. T'es content ? Ça te va comme explication ? siffla-t-il.

— Yoongi hyung ne...

— Hyung n'était qu'un passe-temps qui visait à combler mon manque affectif, expliqua Jimin avec ironie. Lui comme tous les autres, d'ailleurs. Que veux-tu, j'ai besoin d'être une trainée pour effacer l'idée que l'homme parfait ne m'aimera jamais et que je n'étais que son plan B, depuis le début !

— Tu n'es pas une trainée ! m'écriai-je.

— C'est parce que tu ne sais pas ce que je fais de mes nuits...

— Alors arrête ! Pourquoi continuer si ça te rend malheureux ?

— Parce que j'ai envie qu'on m'aime ! Même si c'est pour mon corps !

Mon dos se recala contre le dossier, secoué, et Jimin, essoufflé, renifla en fuyant mon regard.

Je fus pris d'une vague d'émotion, mon nez me démangea preuve que j'allais de nouveau pleurer.

Je réussis à me contenir en chuchotant doucement :

— Pourquoi avez-vous commencé à vous disputer Yoongi hyung et toi ?

— Parce qu'il pense comme toi.

Il y eut un carambolage de pensées dans mon cerveau mais j'eus à peine le temps d'ouvrir la bouche que Jimin lâcha :

— Hyung s'est mis la même idée à la con, que toi. À savoir que j'allais « m'attacher » à lui et que j'allais avoir des « sentiments » pour lui.

Il eut un rire sans joie :

— J'ai eu beau lui répéter que ce n'était pas le cas, mais ni lui ni toi ne me croyez !

Il me fusilla du regard :

— Je sais quand même bien ce que je ressens, merde ! Je ne l'aime pas, je ne suis pas attaché à lui ! Pourquoi vous devez penser à ma place, hein ?

Je me ratatinai dans mon siège.

— Donc on a commencé à s'engueuler et à plus pouvoir se supporter.

Jimin ricana :

— Il m'a traité comme une merde, je suis sûr que les chiens sont mieux traités que ça. Alors ne me parle plus de ce type et arrête de penser à cette idée ridicule que je suis tombé amoureux d'un connard pareil !

Je ne répondis pas. Il fulmina encore, jurant à tout va et je le fixai.

J'entendais ce qu'il venait de dire, je ressentais son dégoût, sa fierté blessée.

Mais je ne le croyais pas.

En fait, je ne l'avais jamais vraiment cru, concernant cette histoire.

Mais j'avais tout gardé pour moi, caché dans un coin.

Et puis il y avait quelque chose que je ne pouvais pas enlever à hyung.

Malgré son caractère exécrable, son travail plus que douteux, sa manière de faire les choses, Yoongi avait au moins le mérite de cerner les gens.

Il savait.

Tout comme moi je savais.

Jimin l'aimait, mais il ne voulait pas l'avouer, à personne et surtout pas à lui-même. S'il était revenu vers Yoongi hyung aussi souvent, malgré tout ce qui les différenciait, malgré leurs caractères opposés et l'instabilité de leur relation, c'était que Jimin s'était attaché à lui d'une manière ou d'une autre.

— D'accord, désolé, chuchotai-je. Je ne t'embêterai plus avec ça.

— Tant mieux ! argua-t-il.

J'avais mal pour lui, je ressentais une peine immense.

Car si mes théories étaient correctes, Yoongi hyung avait aussi une relation avec Hoseok hyung et probablement des sentiments pour lui.

Tout ça n'était donc qu'un foutu triangle amoureux, mais sur les trois quelqu'un allait forcément souffrir de tout.

Si Jimin niait, s'il tournait la page et s'éloignait de sa relation toxique avec Yoongi hyung, peut-être qu'il pourrait passer à autre chose.

Je l'espérais.

Car, dans le fond, j'estimais que Yoongi hyung ne méritait pas Jimin et qu'il était réellement la pire personne pour être avec lui.

— On bouge ? J'ai un truc à faire, tu veux venir avec moi ?

J'acquiesçai, trop heureux qu'il me propose de faire quelque chose avec lui. Je m'étirai douloureusement en me levant de mon siège, je ne savais pas combien de temps nous étions restés dans le Starbucks mais la nuit était tombée dehors.

— Tu vas faire quoi demain ? me demanda-t-il alors qu'on déambulait dans les rues glaciales, les mains dans nos poches et de la condensation sortant de nos bouches.

— Je ne sais pas, Jungkook a bloqué ma journée.

— Comment ça ?

— Il fait ça parfois, il est têtu, soupirai-je. Il m'a juste dit « demain tu réserves ta journée que pour moi ».

— Tu veux dire que tu ne peux même pas voir d'autres personnes que lui ?

— Non, il se vexe si je décroche mon téléphone.

Jimin leva les yeux au ciel :

— Possessif, ce petit.

— Oui, acquiesçai-je, mais il est tellement mignon durant toute cette journée que je le laisse faire.

Il se mit à sourire dans le col remonté de son écharpe :

— Je vais éviter de trouver ça mignon et me dire que c'est un sacré emmerdeur.

Par la suite on fit les magasins, au début l'ambiance était un peu froide. Jimin semblait avoir une idée précise de ce qu'il voulait et malheureusement pour moi je servais de cobaye.

Nous ne savions plus vraiment quoi nous dire et, gênés, on déambulait dans les rayons.

Ce n'est qu'au bout d'un long moment alors qu'il commençait à s'enchanter de me faire porter des trucs hideux, que nos habitudes revinrent et que la gêne diminua.

Comme si tout rentrait doucement dans l'ordre.

Sauf qu'il me posa beaucoup de questions, parfois tellement intimes que je me mettais à rougir et balbutier tandis qu'il riait comme un imbécile de ma gêne.

— Si j'ai bien compris, il ne t'a jamais dit « je t'aime » ?

Je me tournai vers lui, le nez dans des coffrets à chaussettes en présentation.

Ça valait le coup, dix pour le prix de neuf.

Je n'avais plus de chaussettes, allez savoir pourquoi. Je me disais parfois qu'une fée aux idées mal intentionnées me volait mes chaussettes la nuit.

Si si, j'étais sûr que ça existait vraiment !

Ma mère m'avait lu un conte européen sur le sujet.

J'étais convaincu que c'était la même qui faisait disparaître les clefs, volait les sachets de gâteaux et vidait le gel douche.

Ce n'était pas possible autrement car dans le panier à linge, il y avait toujours des chaussettes solitaires sans leurs paires.

Et jamais je ne les retrouvais.

C'était forcément un coup de la fée voleuse de chaussettes.

Quand j'avais raconté ma théorie à Jungkook, il avait eu un fou rire. Ça m'avait profondément vexé, alors quand on triait notre linge j'essayais de lui prouver par A+B que j'avais bien mis une paire entière de chaussettes dans la machine et que s'il n'en ressortait qu'une c'était parce que j'avais raison.

Donc forcément, un coup de la fée voleuse de chaussettes.

Tout ce que Jungkook me répondait c'était que j'étais trop mignon.

Donc il ne me croyait pas.

Tant pis pour lui, la prochaine fois qu'il perdrait ses clefs, je le laisserais galérer à les chercher même si j'étais sûr que les fées les avaient planquées dans le canapé.

Na.

Bref, c'était l'instant chaussettes, reprenons.

— Il n'a pas besoin de me le dire, je le sais. Il me l'a suffisamment prouvé...

— Ce n'est pas pareil, contrecarra Jimin. Il doit le dire, c'est important.

— Pourquoi c'est si important ?

— Parce que toutes les preuves du monde ne seront jamais aussi importantes que ces trois petits mots.

Je haussai les épaules mais il prit le sujet très à cœur et on batailla sur le sujet, même quand je me changeai dans la cabine d'essayage.

Il passa uniquement sa tête dans le rideau avant de faire un drôle de sourire :

— Il a l'air d'être un bon coup quand même...

— Yah ! Jimin ! m'écriai-je, rouge de gêne.

Je l'entendis pouffer en sortant mais sa tête de pervers revint se glisser dans l'entrebâillement du rideau.

Il ne respectait pas du tout mon intimité là !

— Rassure-moi et dis-moi que tu prends ton pied ?

Je ne répondis pas, gêné, mais il insista et je finis par avouer à demi-mot :

— Oui...

— Genre vraiment ?

— Tu es au courant que je n'ai aucun moyen de comparaison ? m'insurgeai-je.

Il gloussa alors que je sortais habillé d'un nouveau pantalon taillé comme ceux d'un costume trois-pièces et d'une chemise noire.

Il valida la tenue avec un pouce en l'air et je retournai me changer.

Pourquoi j'étais là au fait ?

On n'était pas venus pour acheter un truc pour lui, à la base ?

Sa tête repassa dans le rideau et je m'agaçai :

— Bon, tu veux savoir quoi encore ? Combien de fois on le fait par jour ?

— Ah ! Parce que vous le faites plusieurs fois ?

Il se mit à rire devant mon expression incrédule avant de se figer :

— Je ne te croyais pas comme ça en fait, Tae...

— Sors de là !

Je me rhabillai, vexé, mais il passa un bras au-dessus de mon épaule, un énorme sourire sur le visage :

— Si tu veux j'ai plein de jouets, je ne les prête pas mais je peux te faire des cours explicatifs... maintenant que tu n'es plus aussi pur.

Il fit semblant de pleurer, dramatiquement :

— C'est un monde qui s'écroule... La fin d'une ère, la perte de l'innocence et...

— Arrête ton cinéma !

Mais je ne pouvais pas m'empêcher de sourire.

— Je plaisantais, je n'ai pas de jouets, ajouta-t-il en me prenant les tenues des mains. Enfin, pas beaucoup...

— De quelle sorte de jouet est-ce que tu parles, au juste ? l'interrogeai-je.

Il ouvrit la bouche avant de se pincer l'arête du nez, faisant encore mine d'être choqué :

— Tu as préservé ta pureté même dans la perversion ! C'est magnifique !

— Yah !

— Donc Jungkook remonte légèrement dans mon estime du coup... Ah moins... qu'il ne sache pas lui-même que ça existe ?

Je crois que j'avais perdu Jimin, tout d'un coup.

Mais de quels jouets est-ce qu'il parlait ?

Attendez.

Non, en fait je ne voulais pas savoir.

Il déposa les vêtements sur le comptoir avant de sortir son portefeuille.

Je résistai à cet achat avec virulence et on se chamailla comme des gosses devant le vendeur mi-amusé, mi-agacé.

Je finis par capituler.

Comme d'habitude.

Pour la peine, il dut me payer un coffret de chaussettes.

— Tiens, me lança-t-il en sortant du magasin et en me tendant le sac.

— Merci.

— Bon anniversaire, Tae.

Mes yeux s'ouvrirent et Jimin soupira.

— Si le gamin a récupéré ta journée de demain, ça veut dire qu'on ne se verra pas et... pourquoi tu pleures encore ?

J'essuyai mes larmes en reniflant et il me tapota le bras.

— Tu es à fleur de peau, hein ?

— Oui...

Je finis par marmonner :

— Merci.

— De rien, essaye de mettre la tenue demain.

— Non... enfin oui... mais merci pour aujourd'hui.

Je ne méritais clairement pas d'avoir un meilleur ami comme lui.

Il hocha la tête avant de lancer :

— Je suis toujours plus ou moins vexé, avoua-t-il, inutile de te mentir, je t'en veux encore. La pilule va avoir du mal à descendre mais...

Mais ?

Je le fixai, les yeux grands ouverts :

— Mais tu sais que je n'ai jamais réussi à te faire la tête longtemps, confessa-t-il à demi gêné.

— Un mois, cinq jours et trois heures, en dernière année de collège.

— Tout ça parce que tu ne m'avais pas choisi dans ton équipe de football en cours de sport, soupira-t-il.

— J'aurais dû te prendre en premier dans mon équipe...

Il fit un geste de la main évasif.

— Laisse, ma vengeance a été de vous voir perdre à cause de mon absence.

— Tu n'étais pas un si bon joueur que ça...

— Yah !

On se mit à rire en sortant à l'extérieur, un vent froid se glissa dans nos cous et on frissonna.

— Toujours amis ? hasardai-je, le cœur tambourinant.

— Évidemment... mais tu diras à Jungkook que je veux le voir.

Il prit une figure sadique agrémentée d'un sourire qui ne me disait rien qui vaille.

— Rends-le-moi en un seul morceau, hein ? m'inquiétai-je.

— Je vais essayer.

Puis en voyant que le bus arrivait non loin, il finit par me dire :

— Je suis content pour toi, vraiment.

— Merci Jimin. Tu es un meilleur ami en or.

— Je sais, crâna-t-il pour cacher sa gêne.

On se salua par une accolade amicale et je courus me précipiter dans le bus chauffé.

Sur le trajet, assis sur mon siège, mon sourire fana un peu. Cette journée avait été longue.

Dans le fond, je m'en voulais toujours un peu et je me rendais compte à quel point j'aurais mérité qu'il me fasse la tête un peu plus longtemps. Mais il avait réussi à prendre sur lui, sur sa colère pour me parler avec bienveillance comme il l'avait toujours fait. Le seul qui devait faire un effort dans notre amitié, c'était moi.

Ça avait toujours été moi.

Peu importe lorsqu'on était petits, ou qu'on était trois. J'étais celui le plus enclin à l'instabilité émotionnelle, le plus naïf et influençable. Mais j'avais tant changé que j'avais encore du mal à définir qui j'étais vraiment.

Jimin, lui, n'avait pas changé.

Voilà pourquoi j'étais persuadé qu'après tout, il aimait Yoongi hyung. Et cela me fit culpabiliser un peu encore car si Jimin avait été là, dans mes différents avec Jungkook, dans mes périodes de crise, peut-être que j'aurais compris plus vite, peut-être que j'aurais évité certaines catastrophes. Mais si moi, j'avais été là pour lui après sa rupture, pendant sa relation avec Namjoon hyung, peut-être qu'on aurait évité cette histoire avec Yoongi hyung.

Mais avec des si, j'aurais refait le monde...

La réalité était là, pourtant. Mi-amer, mi-douce.

En rentrant avec mon sac de marque dans l'appartement, je vis Jungkook en train de cuisiner, l'affreux tablier de ma grand-mère attaché autour de sa taille, se dandinant sur le son de la musique tonitruante qui résonnait dans le salon et je me mis à sourire, le cœur léger. Il cria mon nom et arriva en m'embrassant passionnément avant de m'embarquer dans une valse ridicule et endiablée. On fit les imbéciles en dansant sur la musique pendant un moment jusqu'à ce que je constate qu'il avait incroyablement cuisiné.

— Mais... d'où tu me cachais ce talent depuis tout ce temps ?

— Je suis passé voir Yoongi hyung et il m'a appris comment faire...

Yoongi hyung.

Dans le fond, je ne savais pas comment leur histoire entre lui et Jimin, si histoire il y avait, allait s'imbriquer avec la nôtre. Je ne savais toujours pas l'importance que ce hyung avait sur la vie de l'homme que j'aimais. Mais je savais, aussi naturellement que cette sauce bolognaise serait un délice, qu'un jour je devrai me confronter à Yoongi hyung.

J'en étais persuadé.

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