46-
— Bonjour, Dr Lee.
Je m'inclinai légèrement pour saluer le médecin légiste déjà arrivé dans son service, les manches relevées et sa tasse déjà remplie de café.
— Bonjour, Kim.
Puis il me fit un grand sourire avant de dire :
— Tu as meilleure mine.
J'acquiesçai sans répondre avant de me préparer un chocolat chaud.
En effet, j'allais beaucoup mieux.
Je ne savais pas trop comment l'expliquer mais c'était comme si on m'avait enlevé une écharde du pied. Je sentais encore une légère gêne, voire une plaie, mais la douleur avait disparu.
Ça m'avait demandé beaucoup de courage et beaucoup de temps mais j'avais fini par y arriver. J'avais incroyablement bien dormi pendant deux jours.
Mais à l'inverse, je me sentais un peu vide.
Ou du moins, j'avais un sentiment de vide. Que quelque chose était parti alors j'en étais soulagé certes, mais je n'étais pas encore habitué.
J'avais l'impression qu'il me manquait quelque chose alors que ce n'était pas vrai.
J'avais porté cette douleur et ce traumatisme pendant tellement longtemps que c'était difficile de me rendre compte, encore maintenant, qu'il était définitivement parti.
En venant travailler aujourd'hui, mon esprit n'avait été ni stressé, ni angoissé. J'avais arrêté de ruminer des idées et de m'inquiéter pour certaines choses.
C'était étrange d'être comme ça, maintenant.
C'était mieux.
J'avais l'impression d'être incroyablement léger.
— On s'y met ? s'enthousiasma mon réfèrent avant de lancer sa playlist de titres de hip-hop et de rap sur l'enceinte.
— Oui.
Et c'est ainsi que passa ma semaine.
Mon cerveau était bien plus concentré maintenant, et ce malgré une légère gêne, j'arrivais à rester près des corps pour les ausculter et aider le Dr Lee dans son travail.
Pour certains c'était difficile vu l'état dans lequel ils se trouvaient et les odeurs qui s'en dégageaient, mais j'avais moins de dégout, de rejet.
Je me sentais davantage comme un médecin et non plus comme un enfant effrayé par la mort.
Mon sommeil était reposant et ma routine commençait à bien s'instaurer. Je ne laissais plus Jungkook s'occuper de tout et je participais activement aux tâches ménagères. Nous avions même recommencé à faire l'amour et ça nous faisait un bien fou, à tous les deux d'être enfin sortis de la tempête. De pouvoir s'unir à nouveau sans que l'ombre de mes traumatismes ne vienne tout gâcher.
Je me sentais comblé et j'étais à présent capable de me rendre compte d'à quel point c'était bénéfique pour moi.
Ainsi le vendredi suivant, après m'avoir laissé prendre les devants durant l'autopsie, le Dr Lee m'avait informé d'une nouvelle :
— Il est temps que tu retournes au service des urgences, j'ai prévenu le Dr Anh.
— Déjà ?
Il pouffa avant d'acquiescer exagérément, les mains en avant :
— Je sais je sais, je suis tellement génial...
— Je pensais que je resterais plus longtemps dans votre service, marmonnai-je.
— C'était temporaire, j'ai vu le Dr Anh hier, nous avons parlé de toi et nous avons estimé que tu étais prêt à retourner au service des urgences. Après tout c'est là que tu es inscrit pour la validation de ton stage, pas chez moi.
Je ne pus m'empêcher d'être un peu déçu. Certes, je me sentais moi aussi prêt à revenir là-haut mais l'idée même de reprendre les nuits et le rythme des weekends, ne me donnait pas vraiment envie.
Surtout maintenant que Jungkook et moi avions retrouvé notre routine.
— Tu as du potentiel, Kim.
Je relevai la tête, surpris.
— Vous le pensez vraiment ou vous dites ça à tous vos stagiaires ?
— Oui, je le pense vraiment, gloussa-t-il. En général on me refourgue les stagiaires des autres, ceux qui ont des difficultés, qui sont un peu « naïfs » ou qui n'arrivent pas à sortir du champ théorique. Mes collègues adorent me les envoyer pour les secouer un peu...
— Oui, ça pour secouer vos stagiaires, vous êtes fort, ironisai-je.
— Arrête, tu vas me flatter, fit-il mine d'être gêné. En tout cas, certains n'ont jamais la chance de devenir médecin, ils restent bloqués sans réussir à dépasser leurs difficultés. Dommage pour eux. Mais toi tu fais partie du lot gagnant.
Je me mis doucement à sourire.
— Tu seras un bon médecin, Kim.
— Merci.
— Du coup demain retour aux Urgences. Désolé, je n'ai pas réussi à négocier, tu vas devoir faire le weekend.
Ah.
Je haussai les épaules :
— Tant pis. Vous allez vous ennuyer maintenant sans stagiaire, non ?
— Ne t'inquiète pas, j'en ai régulièrement.
Puis il fronça les sourcils :
— Dis, en parlant avec le Dr Anh il m'a dit que dans ton dossier était indiqué le secteur pédiatrique. Qu'est-ce que tu fiches aux Urgences, au juste ?
Je poussai un soupir audible :
— C'est notre professeur de médecine générale qui a décidé des stages, maugréai-je.
— Mr Do ?
Je levai les sourcils, surpris, avant que le Dr Lee ne fasse une grimace de dégoût :
— Oh l'enfer... il enseigne toujours...
— Vous le connaissez ?
— Il a aussi été mon prof à l'université. Il est toujours aussi infect ?
J'acquiesçai vivement.
— Mais il est intelligent, admit-il.
Je n'acquiesçai plus.
— À l'époque c'est lui qui m'a envoyé en médecine légale alors que je voulais faire de la cardiologie. Et finalement il a eu raison. Il ne t'a pas envoyé aux urgences par hasard.
— Il avait envie de nous mettre à l'épreuve, supposai-je.
— Oh oui, il adore faire ça, ironisa le Dr Lee.
— Vous pensez qu'on devrait le remercier ?
— Non, mauvaise idée, insista-t-il, ça ne ferait qu'enfler ses chevilles déjà horriblement grosses.
Je ris un peu puis il finit par lâcher :
— C'est un au revoir, Kim Taehyung. Si jamais tu as du temps, redescends me passer un bonjour au troisième sous-sol.
— Oui, avouai-je, je le ferai.
— Bonne continuation.
— Merci. Vous aussi.
Je serrai sa main mais la gardai quelques secondes de plus.
— Merci, Docteur Lee, vraiment.
— De rien, je n'ai fait que mon travail.
Dans l'ascenseur quelques minutes plus tard, je n'arrivais pas à me défaire de mon léger sourire.
J'avais la sensation de lui être vraiment redevable mais je me sentais fier, aussi.
J'étais rentré à la morgue d'une certaine manière, perdu, non confiant, dépassé et j'en ressortais nettement mieux.
En quittant l'hôpital, j'envoyai un message à Yeri pour l'informer de mon retour demain soir. Puis en faisant défiler mon répertoire, je m'aperçus que Jimin n'avait pas répondu à mon message depuis plusieurs jours.
Dans le bus, j'essayai de l'appeler, en vain.
C'était étrange qu'il ne me réponde pas.
Je laissai ma tête reposer contre la vitre.
Je n'arrivais pas à croire tout ce qui était arrivé depuis que j'avais commencé mon stage. J'avais l'impression que des années étaient passées alors que ça ne faisait qu'un mois.
À présent, il me restait encore deux mois avant de refaire mon choix pour mon prochain stage.
Devais-je retourner en pédiatrie ou continuer dans autre chose ?
Après tout, je m'étais toujours mis dans la tête que je serais pédiatre sans jamais prendre en considération d'autres alternatives.
Mais peut-être qu'il le fallait, à présent.
*******
— Un revenant !
Je me mis à sourire en quittant les vestiaires, Yeri m'attendait, prête dans sa blouse blanche.
— Regardez qui est remonté du troisième sous-sol !
— Je suis content de te revoir aussi.
Elle se mit à rire.
— Si le Dr Lee t'a libéré c'est qu'il a estimé que tu étais prêt à revenir dans le service ?
— Exact.
— Je suis contente de te revoir.
On fit un bout de chemin jusqu'au hall des urgences où elle me laissa, je me dirigeai donc seul, vers le bureau du Dr Anh.
Ce dernier voulut seulement s'assurer de ma motivation à continuer dans son service et de mes impressions concernant ma rupture de quinze jours au service de médecine légale.
Douze heures plus tard, je refermais la porte de mon casier en faisant rouler mes épaules douloureusement. J'avais mal aux cervicales.
Je n'étais plus habitué à ce rythme, moi.
En sortant, Yeri m'attendait :
— On prend le petit dej' ensemble ?
— Carrément.
On parla surtout du boulot et de nos collègues sur le trajet. Elle me donna des nouvelles des collègues de notre promotion dont je ne savais pas de qui il s'agissait et on commenta les situations rencontrées cette nuit.
Certes, le rythme était toujours difficile pour moi, ça allait trop vite, il fallait prendre des décisions sur le qui-vive, mais je m'étais senti moins dépassé, moins à la ramasse et paniqué comme j'avais pu l'être.
— Tu as changé, me confia-t-elle.
— Tu trouves ?
— Oui, tu as l'air plus posé.
On rentra dans notre restaurant familial habituel et la serveuse, une ahjumma d'une cinquantaine d'années, nous reconnut car on n'eut pas besoin de commander, elle semblait déjà savoir ce que nous allions prendre.
— Franchement, me confia Yeri sur le ton de la plainte, j'aurais voulu avoir le Dr Anh comme référent. Il est calme, modeste et très ouvert. Le Dr Jung est vraiment sévère avec moi et le pire c'est qu'il ne fait pas vraiment attention au travail que je fais. J'ai l'impression d'être en roue libre. Nous ne sommes que des stagiaires, certes on est jetés dans le grand bain mais sans attaches, sans quelqu'un pour nous diriger on peut faire des erreurs...
Je fronçai les sourcils :
— Pourquoi tu dis ça, tu as fait une erreur quelque part ?
— Des choses bêtes, grogna-t-elle. Je suis passée à côté d'un truc... J'ai eu un patient hémophile et j'ai fait sauter le traitement sans vérifier et il a eu un énorme risque d'hémorragie et... enfin, ça a été sans gravité, mais bon.
Elle souffla d'un coup comme relâchant la pression. Sur le coup je ne sus pas quoi lui dire, puis en y réfléchissant bien je me demandai si Yeri s'était confiée à quelqu'un ou si elle avait parlé de ses difficultés au travail à quelqu'un d'autre que moi, ces quinze derniers jours.
Visiblement pas.
C'était la première fois que je me rendais compte des difficultés des autres et non des miennes.
— Yeri, le principal c'est qu'il ne soit rien arrivé, affirmai-je.
— Oui mais quand même, je ne sais pas comment j'ai fait pour passer à côté de ça...
— En même temps, parfois on n'a pas beaucoup d'infos sur nos patients quand ils arrivent, et les personnes ne sont pas toujours en état de répondre aux questions, on fait avec ce qu'on a et comme on peut...
— Tu as raison.
Elle reposa ses baguettes après avoir dégusté son riz :
— Je suis contente que tu reviennes, ça a été terrible sans toi. Je n'imagine même pas ce que les autres doivent vivre quand ils sont seuls dans leur service, au moins nous on est deux...
— J'avoue, confiai-je en fronçant un peu les sourcils. C'est dommage qu'ils n'envoient pas les stagiaires deux par deux par service, c'est important de se confier et de parler du boulot...
— Je suis d'accord. Du point de vue de la charge psychologie c'est même vital, insista-elle.
— De toute façon on sera amenés à en parler en cours, en groupe de travail à la rentrée ?
— Oui mais ce n'est pas pareil, c'est trop formel... je pense que ce qui manque justement c'est le temps informel.
Dans le fond j'étais reconnaissant envers Yeri pour sa présence et ce qu'elle avait fait pour moi en l'espace d'un mois.
Elle avait raison. Le fait d'être ensemble avait été bénéfique pour nous deux, et ça l'était encore. Je n'imaginais même pas comment les choses auraient tourné si j'avais été seul aux services des Urgences.
Puis elle sembla soudain penser à quelque chose et changea de sujet :
— Demain midi, je vais cuisiner, je pensais faire un ragout de bœufs. Ça te dit de venir déjeuner à la maison ?
Ragout.
De.
Bœuf.
Les trois plus beaux mots de la langue coréenne.
— Mais évidemment !
Elle se mit à pouffer devant mon expression avant d'ajouter en attrapant un de ses plats :
— Tu peux emmener Jungkook avec toi.
Quelque chose, dans son ton de voix, me fit tiquer et d'une voix hésitante je demandai :
— Jungkook ? Pourquoi ça ?
Elle haussa les épaules :
— Parce que je doute qu'il soit confiant à l'idée de te laisser aller seul, chez nous. S'il veut venir il peut, au contraire, il y en aura bien assez pour tout le monde et puis Sehun sera au travail si ça peut le rassurer...
Attendez.
Cette phrase méritait d'être décortiquée, non ?
— Pourquoi il ne serait pas confiant de me laisser seul chez vous ?
— À cause de la dispute avec Sehun, répondit-elle simplement.
Mes sourcils se froncèrent.
— Quelle dispute ?
Pourquoi j'avais l'impression d'avoir loupé un épisode, moi ?
Ce fut au tour de Yeri de froncer les sourcils :
— Ça date du moment où Sehun et moi t'avons ramené chez Jungkook...
— Durant ma crise ?
— Oui... si on veut...
Mon cerveau se mit à réfléchir à toute vitesse mais Yeri se montra surprise.
— Tu n'es pas au courant de ça ?
— Non, avouai-je.
Elle prit une grande inspiration, un peu mal à l'aise.
— Ah.
— Raconte-moi, intimai-je.
Mon interlocutrice se mordit la lèvre avant de dire :
— Eh bien... tu te souviens du moment où Sehun et moi avons dû t'emmener chez Jungkook ?
— Je ne me souviens pas vraiment, lui confiai-je, mais je suis au courant.
— Eh bah... une fois que tu t'es calmé et endormi, Jungkook et Sehun se sont engueulés.
Elle soupira.
— Ce sont vraiment des gamins.
— Pourquoi ils se sont disputés ?
Les yeux de Yeri me fixèrent avant qu'elle ne cligne des paupières :
— Parce que Jungkook nous a caché qu'il sortait avec toi.
Pardon ?
What ?
Stop.
Pause.
Mayday, Mayday.
Erreur système.
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Je me mis à tousser fortement en tapant sur ma poitrine avant d'essayer de reprendre mon souffle. Yeri me fixa, les yeux écarquillés, avant de laisser place à un léger sourire amusé par ma réaction.
— Je... enfin... nous... on n'est pas... enfin...
— Inutile de le cacher, puisqu'il l'a confirmé.
Ma mâchoire se décrocha.
Non mais attendez.
Soudain, certains de mes neurones s'activèrent et firent un lien que je n'avais pas fait jusque-là.
— Yeri... ce jour-là, quand vous m'avez ramené... Est-ce que Jungkook était... seul dans son appartement ?
— Non.
Oh.
My.
God.
— Tu ne te souviens de rien du tout ? interrogea-t-elle.
— Non...
— Vous n'en avez pas reparlé ?
— On n'a pas eu l'occasion, on a été un peu... occupés, ces derniers temps...
Attendez.
Oui, ça faisait beaucoup de « attendez » là, mais je n'arrivais pas à me calmer.
— Tu veux dire que toi et Sehun vous... vous... vous savez pour... ?
— Vous deux ? Oui, admit-elle.
Elle sembla voir l'ampleur que cette réponse eut sur moi parce qu'elle ajouta précipitamment :
— Mais on gardera le secret, je t'assure !
Mes épaules retombèrent et je me laissai aller contre le dossier de la chaise.
— Mais pourquoi il ne m'a rien dit ?
Jeon Jungkook, tu allais m'entendre, crois-moi.
— Disons que je pense que la situation ne s'y prêtait pas, Jungkook était clairement paniqué et stressé même après que tu te sois calmé. Nous on est restés pour s'assurer que ça allait mieux et j'ai discuté avec lui pour lui expliquer ce qui était arrivé aux Urgences. Évidemment vu que vous vous étiez embrassés, Sehun a demandé des comptes à Jungkook et eh bien... ça a plus ou moins fait des étincelles avec lui et les autres.
Attendez...
— Les autres ?
Les sourcils de Yeri remontèrent et elle attrapa son verre pour mordiller sa paille.
— Quels autres ?
— Les autres personnes qui étaient dans le salon.
Oh.
Mon.
Dieu.
Bis.
— Qui ? paniquai-je.
— Min Yoongi, grinça Yeri.
Je revoyais le cendrier plein de cigarettes froides le lendemain sur la table basse et me frappai soudainement le front.
Mais pourquoi je n'avais pas fait le rapprochement avant ?
— Et Park Jimin, ajouta-t-elle.
Pardon ?
Et tout d'un coup tout s'éclaira.
Oh, bordel de merde.
Je sortis précipitamment mon téléphone et constatai que depuis ce jour-là, Jimin ne m'avait absolument pas envoyé de message, ni même appelé.
Si je me souvenais bien, à mon réveil Jungkook avait parlé de Jimin.
— Jimin nous a vus aussi, hein ? Lui et Yoongi hyung...
La blague.
Dites-moi que je rêve.
Je me passai une main déconfite sur le visage.
— Oui... confia-t-elle, et Jimin n'avait pas l'air... content, m'avoua-t-elle.
Mes yeux se fermèrent et je soufflai d'un coup.
— Il va me tuer...
Jimin savait.
Jimin savait que j'étais avec Jungkook.
Jimin savait que je lui avais caché la vérité.
Jimin savait.
Jimin faisait la gueule.
— Désolée, souffla Yeri, je pensais que c'était réglé tout ça...
Je pianotai sur mon téléphone pour envoyer un nouveau message à Jimin.
« Il faut qu'on parle, c'est très important. »
Je ne savais pas comment j'allais me sortir de ça.
C'était ma faute, notre faute. Jamais nous n'aurions dû garder ça secret pour nos meilleurs amis. Jamais nous n'aurions dû laisser Yoongi le savoir et garder Jimin dans l'ignorance.
Quels abrutis nous étions.
Le pire c'est que depuis ce jour, je n'avais absolument pas parlé avec Jimin. J'étais bien trop perturbé par mes propres problèmes.
— Pourquoi Sehun et Jungkook se sont engueulés ? demandai-je soudainement en me souvenant de ce qu'elle avait dit quelques secondes plus tôt.
Yeri ouvrit la bouche et la referma, soudain gênée.
— Disons qu'il n'a pas apprécié de ne pas le savoir...
Je plissai des yeux :
— Lui ou vous ?
— Disons que moi, de mon côté, j'avais un sérieux doute sur vous deux...
Ma bouche s'ouvrit sous la surprise et elle se mit à pouffer.
— Je vous trouvais étrangement bien assortis mais mon doute s'est confirmé quand tu as absolument voulu l'appeler pour qu'il vienne te chercher chez nous. C'était une réaction primaire et tu n'étais pas dans ton état normal. C'est le comportement de Jungkook qui vous a trahis quand il est arrivé, j'ai vu que c'était plus que de l'amitié qu'il y avait entre vous.
Donc, on s'était grillés en beauté ?
Ah ah.
Merde.
On était mal.
Très mal.
— Et tu n'as pas parlé de ta découverte à Sehun ? la questionnai-je.
— Si...
Elle parut un peu plus mal à l'aise et j'en fus d'autant plus interloqué :
— Mais il n'y croyait pas, mais quand il a vu la vérité en face, ça l'a un peu mis en rogne...
— Pourquoi ?
Pourquoi quelqu'un comme Sehun se mettrait en rogne pour ça ?
— Je ne savais pas que lui et Jungkook s'entendaient si bien pour....
— Ils ne s'entendent plus, me coupa-t-elle en soupirant. Ça fait un moment.
— Pourquoi ? répétai-je, interloqué. Avant vous alliez souvent en soirée ensemble et...
— À cause de toi.
Attendez.
Quoi ?
Deux secondes ?
On pouvait me la refaire, s'il vous plaît ?
— Pardon ?
— Taehyung, je...
Elle hésita avant de reprendre :
— Je sais qu'on est qu'au début de notre amitié, et que... c'est encore un peu fragile mais je peux t'expliquer si tu veux.
Eh bien oui, ça ne serait pas de refus.
— C'est juste que je veux que tu fasses preuve d'ouverture d'esprit...
Mes épaules retombèrent et je clignai des yeux plusieurs fois.
D'ouverture d'esprit ?
— Euh, d'accord.
J'avais une drôle d'impression. Étonnamment je me sentais dans le même état que quand Jin hyung m'avait confié l'histoire avec Namjoon ou que Jimin avait voulu me confier l'histoire entre Bambam et Jackson.
Un mélange d'appréhension et de curiosité mêlé à une inquiétude grandissante.
— Je t'ai dit que moi et Sehun nous avions eu un coup de foudre, tu te souviens ?
— Oui, je me souviens.
— Nous nous aimons vraiment, insista-t-elle, beaucoup même, mais on se sent tous les deux... incomplets.
Mes sourcils se froncèrent d'un coup.
— C'est-à-dire, expliqua-t-elle en jouant avec sa boisson vide sans me regarder, qu'on pense, tous les deux, que notre relation ne suffit pas. Comme si nous avions besoin d'un tiers, d'une autre personne pour que notre relation soit plus forte et plus équilibrée.
Oh.
Ah.
Ok.
— Tu veux dire, être à... trois ?
— Oui.
Ma bouche s'ouvrit d'un coup et elle sembla gênée.
— Je sais que c'est bizarre pour plein de gens et que c'est assez mal considéré mais c'est comme ça que nous, on fonctionne.
— C'est pour ça ! m'écriai-je, la faisant sursauter.
Tout s'expliquait maintenant.
Merci Sherlock Taehyung, je devrais dire.
Voilà pourquoi je l'avais vue embrasser d'autres types devant Sehun.
Tout était limpide maintenant.
Enfin limpide était un bien grand mot, quand même.
Attendez...
— Je ne m'attendais pas à cette réaction... me confia-t-elle en souriant légèrement.
— Ah pardon...
— Non, non c'est très bien. J'avais peur que tu prennes la porte.
— Ah bon ?
— Ça m'est déjà arrivé...
— Je ne vais pas le faire. Je t'avoue ne pas tout comprendre, mais ça ne me paraît pas si aberrant que ça.
Enfin, je n'y connaissais rien du tout, surtout.
— Donc vous êtes en couple avec une autre personne, reformulai-je.
— On le souhaiterait... enfin du moins on essaye, mais Sehun et moi on... ne s'accorde pas. Disons que les personnes qui l'intéressent ne m'intéressent pas et inversement.
Oh.
Ah.
Ok.
Non.
Attendez.
— Du coup quel rapport avec moi dans cette histoire ?
Yeri se pinça les lèvres :
— Eh bien... sache que tu es mon ami Taehyung et je ne te considérerai jamais autrement, il n'y a pas d'ambiguïté entre nous, même si je me sens proche de toi.
J'acquiesçai :
— Moi aussi je ressens ça.
Elle fit un léger sourire avant de poursuivre, hésitante :
— Mais Sehun aurait plutôt tendance à... ne pas vouloir que de l'amitié.
Attendez.
Oui, attendez encore.
Je savais que je n'étais pas doué pour repérer ce genre de choses mais là je me retrouvais encore béat devant la vérité.
J'étais toujours si aveugle, ça, ça n'avait pas changé.
— Tu lui plaisais, reprit-elle, beaucoup. Je sais qu'il a tendance à être un peu effrayant et froid mais c'est sa manière d'être... C'est sûrement pour ça que tu n'avais rien remarqué. Sehun voyait d'un très bon œil notre amitié et on s'est disputés plusieurs fois... Quand tu es finalement venu chez nous, je pense qu'il a vu ça comme un premier pas mais... quand tu n'allais pas bien je savais que c'était à Jungkook que je devais te ramener. Voilà pourquoi je te disais qu'on n'arrive pas à trouver notre « troisième ». À ce niveau, nos goûts divergent.
Ma bouche ne se refermait pas et elle ajouta rapidement :
— C'est du passé, il fait la gueule mais ça lui passera, il a tendance à bouder pour tout et rien de toute manière... Mais il est vexé que tu aies choisi Jungkook au final.
Elle se mit à rire un peu, avant de lever les yeux au ciel.
— Je te jure, ces deux-là et leur complexe de mâle dominant...
— Oh... euh d'accord.
Elle fit une petite moue :
— Ça va ? Pas trop choqué ?
— Non non... avouai-je, c'est juste que je... ne m'y attendais pas.
— Oui, tu n'as pas l'air très doué pour t'apercevoir de ce genre de choses...
— Hé !
Elle leva les mains en l'air comme pour se protéger en riant légèrement. Je finis par soupirer :
— Si vous pouviez ne pas l'ébruiter.... Ça peut paraitre puéril mais je n'ai pas envie de m'afficher ni que ça crée des problèmes.
— Ne t'inquiète pas, on ne le dira pas, assura-t-elle. Tu peux avoir confiance en nous, après tout on est mal placés pour parler de notre relation.
Il y eut un silence avant que je ne reprenne :
— J'espère que vous trouverez votre troisième personne.
Elle me fit un grand sourire :
— Merci Taehyung.
Je ressortis mon téléphone lorsque, quelques minutes plus tard, nous quittions le restaurant pour rentrer chez nous. Je maltraitai la touche « envoyer » de mon téléphone pour insister auprès de Jimin.
— Tu penses que le harcèlement ça va marcher ? demanda Yeri en fermant son manteau.
— Si ça ne marche pas, j'irai le chercher...
— Il habite avec Bambam, c'est ça ?
Je m'arrêtai dans mon mouvement en mettant mon bonnet.
Ah.
Je n'avais pas pensé à ça.
— Vous êtes toujours en froid vous deux ? demanda-t-elle alors que nous marchions vers l'arrêt de bus.
— Je crois bien.
— Il s'est passé quoi au juste ? Vous aviez l'air de bien vous entendre, pourtant.
En attendant l'arrivée du bus, dans le froid, je finis par lui conter la misérable déclaration de mon ancien ami et elle eut beaucoup pitié de lui.
— Le pauvre...
— Depuis, il y a un froid.
— C'est dommage mais c'est à lui de s'excuser.
Puis elle commença à pouffer alors que le véhicule se garait et que les portes s'ouvraient devant nous.
— Quoi ? l'interpellai-je.
— Jungkook n'est pas jaloux avec tout ça ?
Je lui envoyai un regard en coin qui la fit rire un peu plus.
— T'imagines même pas...
— En même temps, s'amusa-t-elle, tu as pas mal de succès.
— Lui aussi !
— Pas pareil...
— Pourquoi pas pareil ?
— Lui il a du succès avec les filles.... Enfin, il doit plaire à des hommes mais ces derniers ne l'approcheront pas car ils pensent qu'il est à cent pour cent hétéro.
— Tu veux dire que moi j'attire uniquement les hommes ?
— Pas seulement, reprit-elle alors que le bus poursuivait sa route. Mais sachant que tu ne t'affiches pas, beaucoup ne savent pas quelle est ton orientation sexuelle, de ce fait, ils tenteront davantage de t'approcher.
— Je ne comprends pas. À mes yeux, c'est pareil. Jungkook a un succès monstre avec les filles.
— Mais tu n'es pas jaloux.
— Pas vraiment. Mais lui, ça atteint des sommets parfois.
Elle secoua la tête :
— Il faut saisir la nuance, me fit-elle remarquer. Jungkook n'est pas confiant car il s'agit de sa première relation avec un homme et sachant que tu n'as jamais évoqué une préférence pour l'un ou l'autre sexe, il aurait tendance plutôt à croire qu'un type, plus fort et plus viril que lui, va réussir à t'avoir et du coup, il est jaloux.
J'ouvris la bouche et la refermai avant de dire.
— Tu l'as sacrément bien cerné.
— On a fait beaucoup de soirées, éluda-t-elle, on a appris à se connaître. Je l'ai détesté souvent parce qu'il me piquait mes plans.
— Avec des filles ?
— C'est ça.
Étonnamment, j'arrivais bien à les imaginer en soirée ces trois-là.
Ça devait être un sacré bordel à l'époque.
— Donc tu aimes les filles aussi ?
— Oui, avoua-t-elle, j'aimerais que notre tierce personne soit une fille mais Sehun préfère les hommes.
Elle soupira :
— On est mal barrés...
Décidément, plus jamais je ne me plaindrais de ma relation avec Jungkook.
Elle paraissait idyllique comparée à la leur.
En arrivant chez moi, je tentai à nouveau de joindre Jimin, en vain.
Ce ne fut que quelques minutes plus tard, alors que je sortais de la douche et que je séchais mes cheveux, que Jungkook arriva en ouvrant la porte de la salle de bain brusquement, il semblait à peine réveillé.
Je le saluai doucement, riant intérieurement en voyant un horrible épi sur son crâne.
— Bonjour hyung ! s'exclama-t-il soudain beaucoup plus réveillé.
Il souleva ma serviette et embrassa ma nuque découverte.
— Tu ne devineras jamais avec qui sort Yugyeom cette semaine...
— Qui ? demandai-je, contaminé par sa bonne humeur tout en le suivant alors qu'il semblait dévaliser les placards de sa cuisine à la recherche du petit déjeuner.
Il avait dû attendre toute la nuit pour me balancer l'info, ça avait l'air de le démanger.
— Non mais je te jure, j'ai essayé de le convaincre que ce n'était pas une bonne idée mais il ne m'a pas écouté...
— Qui ? répétai-je.
— Umji.
Qui ça ?
Ses épaules lui en tombèrent et il geignit :
— Hyung, fais un effort avec les prénoms !
— Je suis à mon maximum !
— Umji, la « pseudo » copine de Hoseok.
Ah.
Connais pas.
Attendez.
Si, ça me disait vaguement quelque chose.
Aaah...
— Pourquoi « pseudo » copine ? l'interrogeai-je brusquement.
— Parce que c'est une fausse relation.
J'ouvris la bouche avant de froncer les sourcils puis de retourner dans la salle de bain sortir le sèche-cheveux du placard.
— Elle est bien petite, blonde et... et...
— Canon ? supposa-t-il en s'attablant pour manger.
— Oui.
— C'est elle. Elle ressemble à une poupée.
Donc je voyais bien de qui il s'agissait.
À la soirée déguisée, elle avait été aux côtés d'Hoseok mais elle avait dit quelque chose qui m'avait marqué.
« Celle qu'il veut que je sois. »
Je racontai ça à Jungkook qui n'eut comme réaction que le soupir.
— Pas étonnant. Leur relation est un vrai drama, se moqua-t-il. Du coup dans l'épisode 196 de leur fausse relation, Umji est célibataire et donc à la recherche d'un valet pour exaucer tous ses caprices.
Il ricana :
— En gros Hoseok est trop occupé et elle s'ennuie. Et cet abruti de Yugyeom est tombé dans le panneau...
— Pourquoi ils ne seraient pas réellement ensemble ? demandai-je.
— Parce que je sais que c'est faux.
— Comment ?
Cette fois Jungkook s'interrompit avant de se gratter la tête.
— Parce que je suis au courant d'un truc.
Je m'approchai, les cheveux encore trempés mais trop concentré sur son histoire pour utiliser le sèche-cheveux.
— Et tu ne peux pas me le dire ?
— Si...
Il me menaça faussement de sa cuillère en commençant à manger son bol de céréales :
— Mais tu dois jurer de ne pas le dire. Hyung me tuerait.
— Quel hyung ?
— Yoongi hyung.
— Quel rapport ont-ils tous les deux ?
Jungkook soupira avant de lâcher :
— Il y a quelque chose entre eux.
Ma bouche s'ouvrit d'un coup sous le choc.
— Yoongi et Hoseok ?
— Oui...
— Depuis quand ?
— Depuis quelques années je pense.
— Je ne savais pas que Hoseok aimait les hommes, fis-je remarquer.
— Personne ne le sait, et personne ne doit le savoir. Ça nuirait à sa réputation.
Je fronçai les sourcils.
— Pourquoi ?
— Il est le président du conseil des élèves, le major de sa promotion, il a un réseau, il vise des postes à très hautes responsabilités et des apports financiers avec des politiciens et des PDG. Son ambition n'a pas de limite...
— Il a l'air effectivement brillant, avouai-je.
— Hoseok hyung a toujours été doué en tout et il a toujours été très ambitieux, ajouta Jungkook, mais son homosexualité lui ferait du tort dans une société comme la nôtre.
— Donc il se cache derrière Umji, c'est ça ? Elle y gagne quoi elle ?
— Va savoir... elle est un peu spéciale. Je pense qu'elle joue à la princesse parfaite. Ils seraient capables de se marier, tu sais.
— Hein ? Même s'ils ne s'aiment pas ?
— Bien sûr. Hoseok épouserait une merveilleuse et belle créature et elle, elle serait riche, côtoierait une certaine classe sociale. Beaucoup de filles pensent comme elle, choisir la sécurité financière plutôt que l'amour.
— Je ne comprends pas.
Il se mit à sourire avant de m'embrasser la tempe.
— Ça ne m'étonne pas, et heureusement d'ailleurs.
— Et cette histoire avec Yoongi hyung ?
— Je ne peux pas vraiment en parler, confia-t-il, tout ce que je sais c'est qu'ils ont eu une relation. C'est l'unique relation sérieuse que hyung a eu. Mais c'était le jour et la nuit. Hoseok était trop ambitieux pour hyung et Yoongi hyung trop paresseux pour Hoseok hyung. Ils ont fini par se séparer mais ils se revoient de temps en temps.
— Tu veux dire... qu'ils...
— Je suppose, mais je n'ai pas de preuve, Yoongi hyung ne m'en parle jamais.
Soudain une pièce de puzzle que je n'avais pas jusque-là me donna une drôle d'impression dans mon esprit.
Mais je n'arrivais pas à saisir l'ampleur du truc et en ruminant je finis par me sécher les cheveux au sèche-cheveux.
Mais je décidai de classer ça dans un coin de ma tête et d'y revenir une autre fois.
Prêt et sec, je refis face à Jungkook, toujours en train de manger :
— Dis.
— Hum ?
Il releva la tête et je lançai :
— Pourquoi tu ne m'as pas dit que le jour de ma crise, Jimin et Yoongi étaient dans l'appartement et qu'ils m'ont vu ?
L'enthousiasme de mon vis-à-vis retomba d'un coup.
— Ah.
— Ah ? répétai-je.
— Désolé, on n'a pas pris le temps d'en reparler...
— C'est vrai, acquiesçai-je.
Et je ne pouvais pas lui en vouloir. On avait eu tellement de mal à gérer mes crises qu'on n'avait pas réabordé le sujet.
— Sur le coup je me suis dit que je devais attendre, tu avais l'air déjà complètement tourmenté, je n'ai pas voulu en rajouter et après j'ai oublié...
— Sehun et Yeri savent pour nous.
Il se mordit les lèvres avant d'acquiescer :
— Oui.
— Et Jimin était là...
Cette fois-ci, il fut clairement mal à l'aise.
— Oui...
— Jungkook ! m'écriai-je. Il aurait fallu que je sache avant que mon meilleur ami était au courant pour nous ! Ça fait plus d'une semaine qu'il m'ignore et je ne comprenais pas pourquoi !
— Il t'ignore ? répéta-t-il.
Je soupirai.
— Explique-moi ce qui s'est passé, je veux ta version.
Jungkook acquiesça et on s'assit tous les deux dans le canapé.
— En réalité j'avais appelé Jimin hyung pour qu'il passe chez moi dans la soirée.
— Pourquoi ? m'étonnai-je.
— Parce que j'étais inquiet pour toi et lui aussi et on voulait en discuter pour savoir quoi faire.
Il prit une grande inspiration :
— Sauf qu'au moment où j'ai raccroché avec Jimin hyung, Yoongi hyung s'est pointé comme une fleur avec les bières et des sushis.
Jungkook se massa la nuque douloureusement.
— Évidemment, pire timing au monde. Du coup j'ai plus ou moins voulu dégager hyung avant l'arrivée de Jimin mais il l'a très mal pris. Il m'a engueulé comme du poisson pourri, prétendant, je cite « Taehyung et toi vous me sortez par le trou de balle avec vos conneries à l'eau de rose, je n'en ai rien à foutre de me coltiner le meilleur ami du gamin. Je suis là et je reste. »
Charmant.
Très Yoongiesque.
— Sauf que Jimin hyung est arrivé sur ces entre-faits et qu'il n'a pas du tout, mais alors pas du tout été content de voir Yoongi hyung. Du coup ils se sont engueulés.
Jungkook me fixa pour appuyer ses dires en répétant :
— Engueulés, hyung. Mais pas comme toi quand on se dispute pour un truc ou deux, non engueulés comme... deux cinglés. J'ai cru que Jimin hyung allait péter un câble et je n'avais jamais vu Yoongi hyung aussi énervé contre quelqu'un. J'ai cru qu'ils allaient se frapper. Bref... au moment où je me suis dit que ça ne pouvait pas être pire, Sehun et Yeri sont arrivés et la suite tu la connais...
— Comment ils ont compris pour toi et moi, j'ai dit quelque chose ?
— Tu m'as embrassé.
Mes yeux s'ouvrirent en grand.
J'avais fait quoi ?
— J'ai réussi à calmer ta crise, j'étais angoissé à mort... Je ne savais pas comment faire, je t'ai parlé d'un truc qui n'avait aucun rapport et ça a marché. Je pense pas que tu te rendais compte qu'il y avait du monde...
— Pas du tout, admis-je d'une petite voix. J'étais dans un état second.
— Tu m'as embrassé et après que tu te sois endormi, quand je suis revenu dans le salon j'ai eu le droit au combo Sehun/Jimin.
Il jura :
— Crois-moi, plus jamais je ne veux revivre ça.
— Ok pour Sehun, je suis au courant, ajoutai-je, mais Jimin il t'a dit quoi ?
— Comment ça, au courant ?
— Après ! ordonnai-je. Dis-moi.
— Il n'en revenait pas, soupira Jungkook. Genre il niait complètement la réalité, mais évidemment Yoongi hyung a ouvert sa grande bouche et tu te doutes que ça a été compliqué.
— Il a crié ?
— Non et crois-moi j'aurais préféré.
Ah.
Merde.
— Il n'a rien dit, mais ses yeux s'ils avaient pu me tuer... Il a voulu que je le dise moi-même, que nous étions ensemble. À haute voix, il voulait l'entendre de ma bouche.
— Tu l'as dit ?
Jungkook acquiesça avant de se tourner vers moi, la mine peinée.
— Hyung, je n'aurais jamais dû t'empêcher de le dire à Jimin hyung...
Je fermai les yeux.
— C'est trop tard maintenant, c'est fait. Il faut que je lui parle.
— J'avais la trouille de sa réaction, confia-t-il. Je savais qu'il le prendrait mal, je... j'avais peur qu'il ne me croie pas assez bien pour toi.
Je tournai soudainement mon visage vers lui, surpris.
— Comment ça ?
— Hyung m'associe à Yoongi hyung, expliqua-t-il. Il me voit comme un gamin arrogant et immature. Il ne voudrait pas de moi et j'ai... été égoïste, je voulais le garder en ami et te garder toi en même temps.
— Jungkook, l'arrêtai-je. Ce n'est pas grave, d'accord ? Je vais réparer ça. On va trouver un moyen.
Mais dans le fond je n'étais pas sûr de mes propres paroles. J'avais peur que Jimin ne me pardonne jamais de ne lui avoir rien dit.
Je passai le reste de la matinée à m'angoisser, sans parvenir à trouver le sommeil, jusqu'au message qui me fit pousser un demi-soupir de soulagement.
« Rendez-vous demain, Starbucks de mon quartier, quatorze heures. »
Froid, incisif, directif. Mon amitié avec lui était clairement en péril.
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