Voyeurisme : Le voyeurisme est un terme à connotation morale, qui décrit un comportement ou une tendance « voyeuriste », c'est-à-dire basé sur l'attirance à observer l'intimité ou la nudité d'une personne ou d'un groupe de personnes dans des conditions particulières en cherchant à y éprouver une jouissance et/ou une excitation (délectation voyeuriste). Les pratiques voyeuristes peuvent prendre plusieurs formes, mais leur caractéristique principale est que le voyeur n'interagit pas directement avec son sujet, celui-ci ignorant souvent qu'il est observé. Le « voyeur » est souvent représenté observant la situation de loin, en regardant par une ouverture, un trou de serrure ou en utilisant des moyens techniques comme des jumelles, un miroir, une caméra, etc.
Je fermai subitement les yeux, ma main se crispant sur les pages.
Ma vérité était là, écrite noir sur blanc. J'étais un voyeur.
La définition était illustrée par une image du siècle précédent, présentant un homme regardant les femmes aux bains publics.
Je remplissais tous les critères. J'étais un foutu voyeur.
Putain. Mais qu'est-ce que j'avais fait pour mériter ça ?
Qu'est ce qui n'allait pas chez moi ?
— Voyeurisme ? Demanda la voix à côté de moi d'un ton curieux.
Je refermai le livre d'un coup sec comme que si je cachais un secret et Seokjin hyung leva un sourcil inquisiteur :
— Dictionnaire de la psychiatrie de Jacques Postel, un classique, surprenant venant de toi. Je croyais que tu voulais être pédiatre ?
— Je le veux toujours, j'ai juste voulu vérifier quelque chose...par curiosité... Comment tu connais ce bouquin ? Tu n'as même pas vu la couverture...
Jin hyung se mit doucement à me sourire :
— Je pense me tourner vers la psychiatrie...
— Ah. Tu as encore changé d'avis.
Pour la cinquième fois en deux ans.
Jin souffla :
— Ne fais pas cette tête, j'explore tous les domaines, c'est tout.
— Je ne fais aucune tête.
— Si, tu as fait une tête blasée, comme si je changeais très souvent d'avis.
Il changeait très souvent d'avis.
Je rangeai le livre dans l'étagère indiquée et me rassis devant ma table à la bibliothèque. Nous étions dans une des petites salles isolées qui nous permettaient de parler au cœur des rayonnages sans gêner nos voisins.
Jin hyung était mon aîné, il avait trois ans de plus que moi mais nous nous trouvions dans la même année. Il avait repris ses études sur le tard, me disant que son père voulait qu'il travaille dans sa compagnie, comme ses frères, mais après plusieurs années d'essai et voyant bien que son fils peinait et n'était pas intéressé, il l'autorisa à faire ce qu'il voulait. A savoir la médecine.
Jin hyung n'était pas un boursier mais il avait de bonnes notes, il vivait chez ses parents non loin de l'université.
C'était la seule personne à qui je parlais de ma promotion et avec qui je travaillais. Pas que je n'étais pas sociable mais la plupart du temps j'intéressais peu les gens, ils s'éloignaient de moi. Hyung avait été le seul à rester près de moi, sans que je comprenne pourquoi.
— Tu as terminé l'exposé sur les maladies cardiovasculaires et leurs nouveaux protocoles de dépistage ?
— Pas encore, admis-je. Et toi et les inflammations respiratoires ?
— Je le peaufine, je veux bien que tu me relises ensuite...
— Entendu.
Jin hyung était quelqu'un de doux et gentil. Je le voyais bien devenir pédiatre aussi mais il n'arrivait pas vraiment à se décider sur son avenir, il avait pris des options plus générales alors que j'avais choisi des spécialités pédiatriques.
Nous avions l'habitude de travailler à la bibliothèque et toujours en silence. C'était ce que j'aimais le plus chez ce Hyung : il ne me déconcentrait pas.
Lui, il savait que j'avais des notes à maintenir si je voulais garder ma bourse alors il ne tentait pas de m'embarquer dans des sorties ou des soirées.
De toute manière, il savait que ce n'était pas mon genre.
En réalité, on ne se voyait presque jamais en dehors de l'université, il ne venait pas chez moi et je n'allais pas chez lui. Je savais qu'on pouvait penser de nous que nous n'étions pas proches mais ce genre d'amitié me convenait parfaitement. J'avais besoin d'avoir des distances avec les gens, et je me disais que ça devait lui convenir car il ne tentait pas d'aller plus loin.
Pourtant j'étais attaché à lui mais je n'aimais pas faire venir des gens chez moi. Comme je vous l'ai dit, j'étais un type ennuyant, très ennuyant.
Le portable de Jin sonna nous tirant de notre concentration, il marmonna une excuse et prit son téléphone avant de froncer encore plus les sourcils.
— Qu'y a-t-il ? M'inquiétais-je.
— Je viens de recevoir un message d'Hoseok.
— Qui est Hoseok ?
— Tu ne connais pas Hoseok ? S'étonna-t-il.
— Non.
— C'est probablement le type le plus connu de toute l'université.
— Ah bon ? M'étonnai-je.
— C'est le président du conseil des élèves.
Ah oui. Ça me disait quelque chose.
— Tu n'as pas reçu de message de lui ?
— Non, assurai-je, pourquoi j'en recevrais ?
— En général il distribue ses messages à tous les étudiants mais bon, si tu ne l'as jamais vu tu ne dois pas être dans sa base de données...
— Et ça dit quoi ?
— Ça dit qu'il y aura une soirée samedi, à Hongdae.
Je fronçai les sourcils :
— Et c'est le président du conseil des élèves qui envoie ça ?
— Il est particulier, admit Jin en souriant, il est pour le rapprochement entre les départements et il sait aussi que les soirées sont un très bon moyen de collecter des fonds.
— Ce n'est pas le grand type guindé, avec des lunettes l'air glacial et hautain qui se prend pour le directeur ?
— Ah non, lui c'est le vice-président du conseil des élèves, expliqua Jin, Hoseok c'est le rouquin qui crie tout le temps et qui saute partout.
Ah.
Je me souvenais avoir vu un énergumène de ce genre, le jour de l'admission. J'avais alors tout fait pour m'éloigner le plus loin possible de lui.
— Taehyung, soupira Jin, tout le monde sait qui est Hoseok. Il pourrait te vendre le truc le plus inutile du monde en te promettant monts et merveilles, que tu dirais oui. Il a un truc particulier, c'est vraiment un cas à part, mais c'est un excellent président il a mis plein de choses en place pour l'université depuis deux ans.
Je haussai les épaules, peu intéressé.
— Tu veux venir, à cette soirée ?
— Non, pas vraiment. Répondis-je platement, le nez sur mes notes.
— Je savais que tu dirais ça. Visiblement c'est le département de droit qui l'organise, ce n'est pas commun que ce soit eux...
— Ça ne me fait pas envie.
— D'accord.
Jin n'était pas déçu, il savait que je n'étais pas friand de ce genre de choses. Notre travail avait repris en silence suite à cette discussion jusqu'à ce que je m'aperçoive de l'heure. Je commençai à ramasser mes affaires quand mon hyung haussa les sourcils avant de sourire :
— Ah oui on est mercredi, tu pars toujours plus tôt.
Je fronçai les sourcils :
— Pas beaucoup plus tôt... tu dis ça comme si j'étais réglé comme du papier à musique.
— Taehyung, tu es réglé comme du papier à musique, concéda-t-il.
Je haussai les épaules mais il continua de plaisanter :
— Mais si tu n'avais pas tes habitudes tu ne serais pas Kim Taehyung. Ça me donne envie de t'embêter seulement...
— J'avais cru comprendre. Tu aimes bien m'embêter, hyung.
— C'est parce que tes réactions sont très drôles.
— Vraiment ?
— Je dirais surtout ton absence totale de réaction, précisa-t-il avec un sourire amusé.
— Je suppose, soupirai-je ce qui le fit pouffer. A demain ?
— A demain, bonne soirée.
Je le quittai rapidement, traversant ensuite la bibliothèque, le complexe universitaire jusqu'à la sortie, puis j'attendis le bus et descendis à mon arrêt quelques minutes plus tard. Je pris la direction du supermarché, achetai de quoi manger pour le dîner et je rentrai par la suite dans mon appartement.
J'installai mes affaires, préparai mes vêtements pour le lendemain, arrosai mes plantes. Je fis chauffer de l'eau pour les ramens et je finis, enfin, par lever les yeux vers vingt-et-une heures.
La lumière s'alluma quelques minutes plus tard chez mon voisin d'en face et il entra. Il portait son jogging rouge et noir. Il était souvent en jogging et en tee-shirt mais de tous ceux qu'il avait, celui-là était mon préféré sans que je ne sache trop pourquoi.
Je supposais que ces couleurs lui allaient bien.
Il y avait trois personnes avec lui, deux garçons et une fille. L'ami qui venait souvent à la peau pâle, il avait les cheveux vert fluo en ce moment, un autre qui venait rarement mais qui n'avait aucune particularité spécifique et une nouvelle fille.
Ce n'était pas la même que le mois dernier. Elle était grande celle-ci aussi et ça semblait être la première fois qu'elle venait chez lui. Je baissai la luminosité de mon appartement au minium et mis l'eau chaude dans mon bol de plastique puis je dégustai mes ramens à demi tourné vers le salon d'en face.
Le voisin avait fait du ménage, un peu. La fille devait vraiment lui plaire.
Il faisait toujours ça pour certaines, mais pas pour d'autres. J'aimais bien cette habitude, je trouvais ça mignon.
Ils s'installèrent dans le salon avec des bières et des pizzas. Tout le monde discutait, Monsieur-le-voisin-d'en-face était juste à côté de la fille, il n'était pas tactile mais il avait une bonne proximité avec elle.
Elle, elle riait, elle souriait et discutait avec tous. Elle n'avait encore aucune idée de ce qui risquait de lui arriver sur ce même canapé dans une heure ou deux.
Quoique, les filles n'étaient pas stupides, elles devaient bien se douter de quelque chose. Peut-être qu'elles venaient pour ça d'ailleurs.
De plus, c'était toujours sur le canapé, rares étaient les filles qui avaient le droit d'accéder à la chambre.
Et ça, ce n'était pas du tout mignon comme détail.
J'aspirai mes ramens bruyamment et allumai la télévision.
C'était souvent le mercredi qu'il y avait des filles. Je ne savais pas pourquoi c'était ce jour-là.
Le reste de la semaine il semblait trop occupé, à part le samedi où soit il y en avait une qui restait après la soirée, soit il en ramenait une chez lui.
En règle générale les filles du samedi soir avaient peu de chances de devenir des « petites amies ».
D'ailleurs parfois il avait une petite amie et pouvait avoir des rapports avec une autre fille le samedi soir.
Monsieur-le-voisin-d'en-face n'avait pas l'air de beaucoup respecter les filles en général mais de mon salon, et du point de vue où je me plaçais, il n'avait pas l'air méchant.
Juste joueur.
Ce gamin avait presque tout d'un cliché, en avait-il seulement conscience ?
Je n'enviais pas sa vie, j'étais seulement curieux. Moi je préférais le calme, la réserve, ma routine, ma solitude.
J'aimais être ainsi dans un environnement sans rien autour juste avec moi-même. C'est pour ça que je me trouvais souvent ennuyant. La plupart des gens n'étaient pas comme moi.
Il y avait toujours eu un décalage entre les autres et moi. J'avais parfois du mal à les comprendre comme j'avais du mal à saisir tous les comportements de mon voisin d'en face.
Et pourtant ça me rendait curieux.
Soudain mon téléphone sonna, me tirant de mon observation. J'aperçus le nom qui s'affichait sur l'écran et hésitai deux secondes avant de décrocher.
« Tae ? »
— Bonsoir Jimin.
La voix de mon meilleur ami était fluette et jolie à entendre dans le combiné.
« La forme ? »
— À merveille.
« Toujours à travailler comme un cinglé hein ? »
Son rire était musical mais déformé par le son de l'appareil.
— Toujours. Et toi ?
« Ça va. Je bosse à fond pour tenter les concours du mois prochain. »
— Oh, c'est déjà le mois prochain ?
Je continuais de manger, ne l'écoutant que d'une oreille. Le voisin d'en face et la fille discutaient en mangeant autour de la table basse près du canapé.
« Je suis vraiment stressé, mais cette fois je veux y arriver. Je dois remplir la paperasse pour les dossiers mais je préférerais me déplacer en personne, ça me permettra de visualiser où se dérouleront les auditions. Je t'appelle pour ça. Je serai surement à Séoul samedi. »
—Samedi ? Samedi de cette semaine-là ?
« Oui, je peux venir dormir chez toi ? »
— Bien entendu ! M'exclamai-je, sortant de mon observation.
« Merci Tae. Je serai de retour dans un mois et si tout va bien, et si je réussis, je serais pris dans une école de danse de Séoul et on se verra plus souvent ! ».
— J'espère vivement, Jimin.
L'année de notre bac, Jimin et moi nous nous étions promis de venir ensemble à la capitale une fois diplômés, moi dans le département de médecine lui dans celui des arts. Sauf que Jimin avait été recalé aux auditions, il avait déprimé sévèrement avant de se reprendre et de se jurer de réessayer l'année suivante. En attendant de pouvoir les repasser, il travaillait comme serveur pour mettre de l'argent de côté.
Cette promesse nous nous l'étions faite au collège avant que je ne quitte Busan pour Daegu, en nous promettant de garder contact. Une relation longue distance s'était ensuite créée mais n'avait jamais failli.
Et pourtant je savais, au fond de moi, qu'un jour on vivrait dans la même ville comme si c'était notre destinée.
Jimin et moi avions discuté encore un moment avant de se saluer et de raccrocher. Les restes de mes nouilles étaient froides mais je les mangeais quand même jetant un coup d'œil à la scène dans le salon d'en face.
Ils avaient aussi terminé leur repas depuis un moment et les bières étaient surement vides car les amis du voisin se levèrent et partirent, laissant la fille qui n'avait rien trouvé de mieux que de nettoyer la table.
Réelle politesse ou excuse pour rester ?
Le voisin proposa un film en montrant la télé et elle hocha la tête en souriant. Ils se calèrent dans le canapé, l'un à côté de l'autre.
C'était dingue comme il faisait tout le temps la même chose. Si moi j'étais routinier, lui l'était tout autant. Il s'y prenait toujours de la même manière.
Il lui mettait un film, il se rapprochait lentement, ils finissaient par discuter pendant le film et il la regardait longuement peu après, elle semblait gênée par ce regard et il réussissait à l'embrasser avant de lui sauter dessus à même le canapé.
Et moi, engouffré dans mon voyeurisme le plus louche, je le regardais faire alors que je connaissais cette scène par cœur.
Je jetai un coup d'œil à mon bol de ramens que je mis dans la poubelle, le pied sur la pédale, le couvercle ouvert.
J'eus un moment de latence. Perturbé par mes propres pensées. J'étais un pervers. Pourquoi je ne me sentais pas si mal à propos de ça ?
Je devais arrêter, si je me faisais prendre, s'il le découvrait, j'étais mal.
Pire que mal.
Je n'aimerais pas qu'on espionne ma vie, mais je le faisais à quelqu'un d'autre. C'était immoral, clairement. Je n'avais jamais eu de comportement aussi indigne de ma vie alors pourquoi maintenant ?
Je me rendis dans la salle de bain pour me doucher et me mettre en pyjama, lorsque je revins dans le salon en m'essuyant les cheveux, ils étaient en train de s'embrasser et je restais à les observer. Ça m'hypnotisait à chaque fois.
Je ne comprenais pas bien qu'on puisse embrasser quelqu'un et je me demandais comment on pouvait réussir à aimer ça, c'était étrange, même un peu dégoûtant sur les bords.
Pourtant il y avait quelque chose de beau, de sensuel, de charnel, de plaisant dans cette scène. J'étais comme envoûté par ce qui se tramait dans l'appartement d'en face.
J'étais fasciné par lui, par elle, par eux.
Il fallait que je ferme les rideaux, que j'arrête de les regarder mais c'était plus fort que moi.
Je restais stupéfait par cette espèce de mélopée physique que le voisin jouait à chaque fois.
Il composait toujours de la même manière et semblait toujours tirer les bonnes notes.
Moi, je n'étais pas du tout attiré par le sexuel.
J'avais vingt-deux ans et je n'avais jamais été attiré par personne. Ni par les filles, ni par les garçons.
Jimin en avait plaisanté une fois, me disant que mes hormones ne s'étaient jamais activées. Tout l'inverse de lui. Elles s'étaient tellement activées qu'il avait acquis pas mal d'expérience, garçons et filles et fini par comprendre qu'il préférait les hommes.
Je ne ressentais rien et je ne savais pas ce que je préférais et ça me déplaisait de faire partie d'une catégorie. Je trouvais des filles belles et des garçons beaux, et je trouvais des filles moches et des garçons moches. Je ne ressentais pas d'attirance physique, pour personne. Ni pour un sexe, ni pour l'autre.
Je n'avais jamais éprouvé l'envie d'avoir une petite amie ou un petit ami, ni de me mettre en couple.
Je n'avais jamais ressenti la moindre ambigüité avec qui que ce soit.
Jimin trouvait que c'était attirant comme manière de penser mais moi je me trouvais juste ennuyant.
Aujourd'hui presque tous les gens de mon âge se définissaient par leur sexualité, les soirées aboutissaient toujours à ça. Les relations aussi. Je n'avais rien contre le principe, je me gardais bien de juger qui que ce soit mais moi, ça ne m'attirait pas.
Enfin, je croyais n'avoir aucun désir jusqu'à voir ces couples en plein ébat chez mon voisin d'en face.
Je supposais comprendre le plaisir que ça procurait, je l'imaginais. Si je regardais du porno l'effet serait probablement identique, non ?
Mais dans cette situation, c'était purement visuel, juste du fantasme rien de plus. C'était une réaction physique face à un stimulus créé par le cerveau.
C'était basique.
Je voyais, je croyais ce que je voyais, je calais donc mes émotions vis à vis des émotions que je voyais être ressenties.
Mais ça ne voulait pas dire que j'avais envie d'éprouver ça dans la réalité. Ça ne restait que de l'imaginaire, le corps avait des pulsions, c'était simple.
Tout était simple dans mon existence. Ça devait l'être pour que je m'y sente vraiment bien.
Sauf qu'il y avait ce point particulièrement dégradant du voyeurisme que j'étais en train d'expérimenter maintenant.
Je savais que j'avais des défauts et pas des moindres, mais celui-là me posait problème, vraiment.
Mais je n'arrivais pas à trouver de solutions, pas du tout même.
Je crois que dans le fond j'avais besoin de voir la vie de mon voisin, j'avais besoin de voir cette réalité que je m'efforçais d'éloigner de mon quotidien.
J'avais besoin de voir comment les autres vivaient indépendamment de moi, pour comprendre l'existence que je n'aurais jamais.
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