39-
— Hyung !
J'ouvris les yeux, la chaleur suffocante de la pièce me faisant prendre une grande inspiration pour combattre ce sentiment d'étouffement.
J'avais atrocement chaud et je transpirais abondamment.
Les yeux flous, fatigués, je sentis mes paupières se refermer sans aucune volonté de ma part de les garder ouvertes.
— Hyung !
Je rouvris les yeux, un peu secoué et je sentis un poids près de moi qui fit légèrement s'affaisser le matelas. Une main froide vint se poser sur mon front et je soupirai de soulagement.
Je me sentais tellement mal.
— Hyung, tu es malade, tu as une sacrée fièvre...
Je fermai les yeux en grognant à moitié :
— Pas hôpital... m'emmène ... pas là-bas.
J'étais tellement fatigué, tellement las. Mon corps pesait une tonne.
— Je ne t'y emmènerai pas mais je vais aller chercher des médicaments.
J'ouvris encore les yeux, papillonnant des paupières hagardes alors que le poids à côté de moi s'enlevait et je me mis à paniquer, inquiet et complètement perturbé :
— Ne me laisse pas, ne t'en va pas...
J'avais peur tout d'un coup de me retrouver tout seul dans le noir, la main glaciale revint prendre la mienne et je m'arrêtai de crier.
Je sentis qu'on me soulevait et j'échappai un geignement d'inconfort en m'agrippant à Jungkook.
J'étais malade et cet état me rendait inquiet, triste, paniqué.
— Jung...kook...
— Tout va bien hyung, je ne vais nulle part. Calme-toi.
Il me reposa de sorte à ce que je sois assis et je le sentis m'appliquer un gant de toilette froid qui me fit soupirer de bien-être.
— Tu as vraiment beaucoup de fièvre, j'ai mis du temps à te réveiller...
Je sentais son inquiétude mais je ne parvenais pas à bien parler, ma gorge me paraissait douloureuse, serrée.
Je ne savais ni quelle heure il était, ni quel jour on était. Il me fit boire de l'eau et un médicament et je retournai sous la couette en frissonnant.
— Ne pars pas, balbutiai-je, ne m'abandonne pas...
— Ça n'arrivera pas, hyung.
— Plus jamais ?
— Plus jamais.
C'était tout ce que j'avais besoin de savoir.
Rassuré, je refermai les yeux, m'enfonçant dans un sommeil sans rêve.
En les rouvrant je sus, irrémédiablement, que ce n'était pas le même jour. Les rideaux épais de ma chambre laissaient passer la lumière du soleil. Je me sentais complètement perdu, amorphe.
Mais surtout, j'avais faim et très soif.
Je sortis du lit, constatant que j'étais complètement nu et avançai comme je le pouvais jusqu'au placard à vêtements. J'avais froid mais mes jambes semblaient prêtes à se casser à tout moment.
La porte s'ouvrit d'un coup alors que j'essayais d'enfiler un caleçon. Jungkook fronça les sourcils :
— Hyung tu es encore malade, va te recoucher !
— Mais j'ai froid...
Il me tira doucement jusqu'à la couette et m'enroula dedans avant de poser sa main sur mon front :
— Ta fièvre a un peu baissé, comment tu te sens ?
— Fatigué, quel jour on est ?
— Mardi.
— Mardi ?
Je me relevai mais il me repoussa, légèrement agacé.
— Repose toi, j'ai dit.
— Mais toi... toi qu'est-ce que tu fais là ? Tu... tu es resté t'occuper de moi.... et l'université et...
— Hyung, soupira-t-il. Rendors-toi, il faut que tu récupères.
— Mon devoir ! Mon devoir pour Mr Do ! m'écriai-je en me relevant.
— Ne t'inquiète pas, je l'ai donné à Jin hyung, m'expliqua-t-il en me repoussant contre le matelas. Je sais que c'était important pour toi alors il le fera passer.
Soudain rassuré, je me détendis alors qu'il remontait les couvertures. Je tournai la tête, cherchant à tâtons mon téléphone.
— Il est de l'autre côté, je l'ai laissé sur la table haute, m'informa Jungkook.
— Ah... commentai-je en me sentant m'assoupir à nouveau. Tu... Jimin est...
— Prévenu.
— D'acc...ord...
J'essayai de lutter mais je me sentais encore désespérément mal en point.
— Tu ne ... dois pas attraper mes microbes..., va en cours... ne t'occupe pas de moi.
Je l'entendis rire un peu avant qu'il ne chuchote :
— Tu ne te souviens pas alors ?
— De... de quoi ?
J'arrivais à peine à rester éveillé :
— Tu as passé ton temps à m'appeler et à pleurer dès que je te quittais... comme un enfant. T'es trop mignon hyung, je crois que tu vas avoir ma peau.
— Ah...
La couette me réchauffait et les caresses de Jungkook dans mes cheveux et ma nuque me faisaient un bien fou. Son ton fut un peu plus contrarié quand il prononça :
— Même si tu es mignon ça n'empêchera pas qu'il va falloir qu'on parle...
Je ne comprenais pas un mot de ce qu'il disait et mon cerveau était incapable d'en saisir le sens, retournant dans le sommeil.
En me réveillant, une troisième fois, je sentis que j'étais guéri.
Ça allait beaucoup mieux. J'avais encore de légères courbatures mais plus de fièvre. Mes pensées étaient donc claires, bruyantes et nombreuses dans ma tête, mais elles n'étaient surtout pas bridées par la maladie.
Je m'étirai et passai ma langue sur mes lèvres gercées avant de ressentir la désagréable sensation de faim.
Je finis par me lever, m'emmitouflant dans la couette et jetai un coup d'œil à la pièce de l'autre côté.
Jungkook manqua de s'étouffer avec la boisson qu'il buvait en me voyant et il toussa avant de balbutier :
— Hyung, tu es réveillé ? Comment tu te sens ?
— Ça va.
Mes yeux ne pouvaient lâcher du regard la boîte de cuisses de poulet braisées posée sur la table et je me mis à déglutir.
— Elles viennent juste d'arriver mais je pensais que tu allais dormir jusqu'à ce soir au moins...
— J'ai faim.
Jungkook pouffa et afficha un petit sourire avant de boire à nouveau :
— Tu ne veux pas te doucher avant ou tu comptes rester comme ça ?
— Comme ça.
— Tu es vraiment mignon comme ça, me fit-il remarquer.
J'avais vraiment, vraiment, vraiment faim.
Je m'assis précipitamment devant la table basse et mordis férocement dans la première cuisse de poulet venue.
Grands dieux, c'était une tuerie !
Jungkook me regardait avec un sourire, un beau sourire, que je ne lui avais jamais vu d'ailleurs. Il ajouta :
— Ne mange pas trop vite, tu vas être malade.
— Oui, maman.
Il claqua sa langue sur son palais alors que je me dépêchais de mâcher pour manger plus vite.
— Tu viens de sortir d'une sacrée grippe...
— Ne me traite pas comme un bébé.
— Tu as pourtant été un sacré bébé, me fit-il remarquer, ces quatre derniers jours.
— Non.
— Si.
— Non.
— Si.
Il posa sa tasse et releva le menton avant que du bout des doigts il ne fasse glisser mon téléphone vers moi. Je fronçai les sourcils, les lèvres luisantes de gras et la bouche pleine.
— Quoi ?
— Tu as reçu des messages pendant ta grippe...
Le ton de sa voix me fit froncer les sourcils.
— Et ?
— Bah je te le dis.
Je mangeais là, j'avais les doigts sales. Pourquoi voulait-il que je regarde mon téléphone ?
— Il faut que j'appelle Jimin, confiai-je après avoir avalé ce que contenait ma bouche. Hyung aussi... oh non, je vais avoir encore beaucoup de cours à rattraper. Le devoir de Mr Do...
— On en parlera après. Regarde ton foutu téléphone.
Pourquoi il avait l'air contrarié ?
Je m'essuyai les doigts avec l'essuie-tout sur la table et ouvris mon téléphone. Jungkook me critiquait souvent mais je n'avais toujours pas mis de code de sécurité dessus.
À quoi ça me servirait ?
J'appuyai sur l'application et plissai les yeux.
Comment ça se faisait que j'avais reçu autant de messages ?
C'était des numéros qui n'étaient pas enregistrés dans mon répertoire. Chose peu difficile sachant qu'il y avait très peu de personnes enregistrées comme contacts.
Je relevai la tête en direction du visage de Jungkook dont la mâchoire se contractait. Il faisait exprès de garder un visage neutre mais je savais que ce n'était pas le cas.
— Je ne comprends pas, admis-je.
— Lis-les.
J'abdiquai et consultai les messages reçus. Beaucoup me saluaient, me disant qu'ils avaient eu mon numéro par un contact à eux et qu'ils se permettaient de m'écrire. C'était surtout des demandes pour sortir, aller boire un verre, se rencontrer et même pour...
Je relâchai l'appareil qui retomba sur la table et fis une mine dégoûtée qui réussit à arracher un demi sourire à mon vis-à-vis.
Il y avait des gens sans culot, quand même.
— Je ne comprends toujours pas, avouai-je.
Jungkook soupira :
— Sur le moment j'ai cru que tu l'avais fait exprès pour te venger...
— Hein ?
— Hyung, tu as filé ton numéro à quelqu'un !
Je refermai la bouche et fronçai les sourcils :
— Bien sûr que non.
— Alors qui est cette Solbin, qui te dit...
Il reprit mon téléphone et fit défiler les messages d'un geste expert pour trouver exactement ce qu'il cherchait, comme s'il avait déjà lu ce passage cent fois.
— « ... trop heureuse de pouvoir passer du temps avec toi lors de cette soirée. Oppa, tu étais vraiment magnifique dans ce costume. Je te remercie de m'avoir donné ton numéro. Je suis vraiment intéressée par toi, voudrais-tu me rejoindre au café à la sortie des cours ? »
Il dirigea vers moi son regard de tueur et je restai un peu coi.
— Je te jure que je ne... ah ! Sakura !
— Sakura ?
— La fille au déguisement Sakura, elle... m'a eu !
— Sois plus clair, grinça-t-il.
— Elle m'a fait croire qu'elle avait un pari à gagner mais je crois que je me suis fait avoir...
Jungkook me tendit mon téléphone brusquement, pointant l'écran en face de mes yeux :
— Non, sans blague !
— Ne sois pas jaloux de ça, soufflai-je en levant les yeux au ciel et en rapprochant la boîte aux cuisses de poulet juteuses.
Mais la fameuse boite se fit tirer en arrière par mon voisin au sommet de sa mauvaise humeur.
— Puni.
— Quoi ?
— Pas de cuisses de poulet.
— J'ai faim ! Rends-moi ça !
— Non. Tu n'avais qu'à pas donner ton numéro à cette connasse de Sakura !
— Tu adores Sakura...
— J'adore le personnage, argua-t-il, pas la fille qui essaye de t'avoir dans son lit !
Je roulai des yeux :
— Je sors d'une grippe et tu me fais une scène ?
— Oh, tu voulais que j'attende la fin de la semaine ? ironisa-t-il.
— Rends-moi le poulet !
— Non.
— Si.
— Non.
— Jungkook, geignis-je.
— Tu es trop naïf, hyung, s'énerva-t-il. Tu ne vois rien !
— Mais pourquoi tu t'énerves tout d'un coup ? Je viens de me réveiller...
Il s'arrêta et se mordit la lèvre avant de soupirer, de se relever et de s'assoir à côté de moi, posant sa main sur mon front.
— Tu n'es plus malade, murmura-t-il d'une voix plus calme.
— J'avais remarqué. Je n'ai pas fait exprès de donner mon numéro, je ne pensais pas que Sakura allait le filer à d'autres personnes...
— Y a aussi des mecs.
— Hein ?
— Il y a aussi des mecs qui t'ont écrit.
Je baissai les épaules et tirai la boîte, de nouveau libre, vers moi.
— Jungkook, je m'en fiche.
— Pas moi.
— S'il te plait, ne m'ennuie pas avec ça. Je suis encore fatigué...
Je sentis sa tête se poser sur mon épaule recouverte par la couette.
— J'étais inquiet, tu as dormi trois jours sans t'arrêter, souffla-t-il.
— Et tu es resté à me veiller ? m'inquiétai-je.
— Tu pleurais dès que tu te réveillais et tu me cherchais...
— Je ne m'en souviens pas, je suis désolé...
Je sursautai alors :
— Tu as loupé les cours ! Oh mon dieu ! Comment tu vas faire et comment... pour les entraînements et si...
Ses lèvres coupèrent ma litanie et je fermai les yeux en l'embrassant en retour.
Il lécha et suçota ma lèvre, qui devait avoir un goût de poulet, en souriant avant de m'enfermer dans ses bras mais il eut du mal à cause de la couette qui m'entourait.
— Ne t'inquiète pas pour les entraînements.
— Mais...
— Ne t'inquiète pas j'ai dit.
Je savais que je devais insister, Jungkook fuyait beaucoup trop ce sujet ces derniers temps.
— Hyung ?
— Hum ?
J'avais repris ma dégustation, les doigts luisants de gras.
— Ne t'approche pas de Yeri et Sehun.
Je m'arrêtai et tournai la tête vers lui :
— Hein ? Pourquoi ?
— Parce que.
— Yeri est dans la même promotion que moi, tu sais.
— Je sais, mais quand même.
Il avait l'air affreusement sérieux avant de poursuivre :
— Ni de Yoongi hyung, ni de Hoseok hyung, ni de Umji, ni de Hayoung, ni de...
— Oui, de tout le monde, j'ai compris.
— Ni de Bambam.
Soudain, un souvenir me revint et je restai la bouche semi ouverte ce qui fit tiquer mon vis-à-vis :
— Quoi ? demanda-t-il avec agacement.
— A propos de Bambam...
Je me mordis la lèvre et il prit une grande inspiration, l'air un peu réfractaire à ce que j'allais dire :
— Je sens que ça ne va pas me plaire.
— Je n'ai encore rien dit.
— Tu vas me dire qu'il t'a avoué ses sentiments, c'est ça ?
Je rouvris la bouche, surpris, et Jungkook roula des yeux :
— Tellement prévisible.
— Mais enfin ? Comment tu l'as su ? m'exclamai-je.
Il me donna une pichenette sur le front qui me fit grimacer de douleur :
— Parce que tu es naïf ! C'était évident !
Je lui racontai comment s'était passée la déclaration et la suite jusqu'à ce que Yoongi hyung ne me trouve. Dans le fond j'avais complètement oublié Bambam et l'état dans lequel il était resté.
Je culpabilisais un peu vis-à-vis de ça.
— Tu lui as dit, à Yoongi hyung, pour nous.
Ce n'était pas une question, plus une constatation. À présent que mon cerveau était rallumé, je pouvais enfin débriefer sur cette soirée chargée. Même si c'était il y a trois jours.
Jungkook blêmit et je secouai la tête, affligé.
— Il le savait, ça ne compte pas ! riposta-t-il. Il me l'a demandé directement et j'ai dit oui.
— On avait promis de ne le dire à personne !
— Yoongi hyung n'est pas personne.
— Dans ce cas-là, arguai-je, je veux le dire à Jimin !
Jungkook pâlit davantage et secoua la tête :
— Non.
— Si.
— Non !
— Jungkook, ton meilleur ami le sait, le mien mérite de le savoir. Ça me tue à chaque fois de ne rien pouvoir lui dire...
— Non.
— Si ! insistai-je. Pourquoi tu ne veux pas ?
Il ne répondit pas.
— Tu as peur de sa réaction envers toi ?
Il ne répondit pas non plus et je secouai un peu la tête :
— Pourquoi tu le crains ? Jimin est gentil.
— Il est très protecteur avec toi, ça ne va pas lui plaire et je ne veux pas que quelqu'un sache...
— Yoongi hyung le sait...
— Ce n'est pas pareil.
— Si.
— Non !
Ça pouvait durer des heures comme ça.
Pourquoi étions-nous toujours comme ça ?
— Je ne le dirai pas à Jimin, abdiquai-je.
Il soupira mais j'ajoutai, mesquin :
— Par contre, je veux que la prochaine fois tu sois en dessous.
Sa tête pivota à toute vitesse et il s'énerva d'un coup :
— Pas question !
— Mais pourquoi ? m'écriai-je, désespéré.
— Parce que !
— Ce n'est pas une réponse ça.
— Si.
— Non !
Dans le fond je pense que je savais pourquoi.
Jungkook avait beaucoup trop de fierté et une image bien précise de ce que devait être la virilité, la masculinité. De ce fait, devenir soumis et donc celui qui jouait « la fille » lui était inconcevable. Il refusait d'être à cette place-là, comme s'il avait honte de ne plus être le grand, beau et fort dominant qu'il voulait être. Mais moi j'étais non seulement curieux d'être à sa place mais surtout j'avais envie de le voir prendre du plaisir, j'avais envie de lui en donner autant que lui m'en donnait.
Moi, je ne voyais pas ce côté dominant et non dominant, seulement l'acte en lui-même.
Je soupirai en me levant :
— Je vais me laver, faut qu'on fasse une machine aussi...
— Hum...
Je m'avançai vers la salle de bain mais une main m'arrêta et je me retournai. Ses lèvres vinrent caresser les miennes un moment mais au moment où j'allais prolonger le baiser, Jungkook se recula, sa bouche se tordant :
— Désolé hyung, je suis un peu à cran, je n'ai pas beaucoup dormi... Je ne voulais pas m'énerver.
— Je sais. Tu devrais te reposer, merci d'avoir veillé sur moi.
— Ne le dis pas à Jimin hyung, s'il te plaît, insista-t-il d'un air un peu désespéré. Je...je... ne préfère pas, pas tout de suite.
— D'accord.
Je l'embrassai à nouveau alors que la couette tombait à mes pieds. Il la ramassa et lança:
— Va te laver, je vais m'occuper du linge.
— Merci.
— Hyung...
Je m'arrêtai à nouveau et le regardai.
Mais il ne prononça pas un mot, semblant soudain gêné et secoua la tête avant de me faire signe de partir en direction de la salle de bain. Je penchai un peu la tête sur le côté, surpris, avant de quitter la pièce.
Une fois dans la salle de bain, j'allumai la douche et soupirai d'impatience à l'idée de me débarrasser de toute la saleté que j'avais accumulée. J'étais en train de me savonner quand la porte de la salle de bain s'ouvrit d'un coup et que le rideau de douche fut tiré par Jungkook. Je me figeai, surpris, et sa bouche se tordit encore :
— Hyung ?
— Qu'est-ce qu'il y a ? m'inquiétai-je.
— Tu... on ... ne va plus faire de pause hein ?
Je battis des paupières et répondis simplement :
— Non.
— D'accord.
Et il repartit, comme ça.
Qu'est-ce qu'il se passait ?
Je refermai le rideau et commençai à me rincer mais la porte se rouvrit encore et le rideau fut de nouveau tiré, je soupirai :
— Bon qu'est-ce qu'il y a cette fois ?
— Je... veux juste m'assurer que le problème est réglé entre nous...
Mes yeux se plissèrent alors que je relevais mes cheveux trempés qui me tombaient sur les yeux.
Soudain, je compris ce qui n'allait pas. Après tout moi j'avais dormi, grippé comme j'étais, ces trois derniers jours mais Jungkook avait, lui, eu le temps de cogiter.
Peut-être même un peu trop.
— Jungkook, soufflai-je. Ne t'inquiète pas. Je... ne te cache pas que je suis encore un peu perdu avec tout ça mais on est toujours ensemble. Je veux qu'on reste ensemble.
Il hocha la tête mais ne sembla pas soulagé.
Je finis par tendre les bras et attraper sa nuque alors que je dégoulinais encore d'eau et de savon pour l'embrasser. Avec cette cabine de douche à quelques centimètres au-dessus du sol, j'étais maintenant plus grand que lui et je me surpris à sourire en me penchant pour atteindre ses lèvres. C'était assez plaisant comme sensation.
Je soufflai alors :
— Rappelle-toi que je suis amoureux de toi.
Ses épaules retombèrent et il m'agrippa. Sa fragilité me fit mal au cœur. Je me rendis compte que j'avais passé tout mon temps perdu dans mes problèmes et que j'en oubliais ce que mon partenaire ressentait. Il avait été si brusque, si en colère, si puéril avec cette fille mais il fallait que je me souvienne que Yoongi hyung avait quand même voulu nous aider.
Même si ce n'était pas vraiment l'aide qu'on comptait recevoir, à la base. Si ça n'avait pas été grave, s'il n'avait pas été inquiet, hyung n'aurait sûrement pas agi.
— Je suis désolé d'avoir dit que je voulais faire une pause ou prendre du recul... je ne connaissais pas la portée de ces mots.
Et c'était vrai, j'avais bêtement repris ce que Jimin avait dit. J'avais stupidement comparé son histoire et la mienne, pensant qu'il s'agissait de la même chose.
— Quoi qu'il arrive ?
Sa voix étouffée par mon torse m'envoya une décharge et ses mots firent accélérer les battements de mon cœur.
— Je t'aimerai, quoi qu'il arrive, soufflai-je en lui faisant face.
Je sentis une émotion le traverser et passer sur son visage malgré sa tentative de contrôle. On échangea un regard qui valait un millier de mots et je savais qu'il n'arriverait pas à me le dire en retour, mais ça ne m'importait pas.
Je le savais, c'est tout.
Je me mis à reculer et le jet brûlant me frappa le dos alors que les vêtements de Jungkook se trempèrent et que ses lèvres se posèrent sur les miennes. Avec lui, je me sentais normal même si notre relation ne l'était pas.
Pourtant, je n'ignorais pas que nous aurions d'autres problèmes à l'avenir et que nous resterions maladroits, mais je crois que c'était pour cela aussi, que je l'aimais. Le dire me paraissait tellement évident maintenant que je n'arrêtais pas de le lui répéter entre chaque baiser. Je crois que je pouvais distinguer ses larmes entre les gouttes d'eau qui pleuvaient sur son visage. Ces mots avaient une telle portée, je me délectais de le dire car c'était ma vérité et celle qui me permettait d'accorder ma tête et mon corps ensemble.
Parfois, comme maintenant, je sentais ce lien inexplicable qui se créait entre lui et moi, comme si nous nous fondions l'un dans l'autre. Je sentais mes émotions et mes sentiments si clairement que je savais qu'il pouvait les ressentir. Nous n'avions plus besoin de parler pour comprendre et savoir.
Est-ce que tous les gens s'aimaient comme ça sur Terre ?
Je l'ignorais et je m'en fichais, car je savais qu'il en serait toujours ainsi.
C'était une promesse.
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