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36-

Demain se transforma en quatre jours plus tard.

Pas un message, pas un appel, même pas de visite.

Ça faisait quatre jours que je n'avais pas vu Jungkook.

Et si j'avais cru, bêtement, que revenir à l'état auquel j'étais avant me ferait du bien, me permettrait de me concentrer, de réviser calmement, ce n'était pas le cas.

Il me manquait tout le temps.

Je ne pensais qu'à lui sans cesse.

La nuit je me tournais et me retournais sans réussir à dormir, essayant de l'appeler, de lui envoyer des messages.

Rien.

Comme d'habitude il s'était braqué et comme d'habitude il faisait la gueule.

C'était cette dépendance à lui qui m'angoissait, cette sensation d'encore sentir ses mains ou ses lèvres sur moi. C'était comme si j'avais des sensations fantômes et c'était déstabilisant.

J'avais l'air possédé.

Dans le fond peut-être que j'avais vraiment un problème psychologique, car la frustration sexuelle me tuait à petit feu.

Mon plan était un échec mais, au bout de quatre jours, à vivre l'enfer entendons-nous bien, ça allait un peu mieux.

Un peu.

Hier soir j'avais enfin réussi à commencer ce devoir et en me relisant j'étais assez content de moi. Il fallait dire qu'avant, j'arrivais à séparer dans ma tête les différentes catégories de ma vie. Tout était comme un mur rempli de tiroirs que j'ouvrais et refermais à ma guise. Mais là en ce moment, des tas de tiroirs étaient ouverts en même temps et c'était un joyeux bordel.

Je ne savais pas comment tout ranger, je n'y arrivais plus.

Je me sentais anormal et j'avais peur, je bloquais encore devant les miroirs et commençais de nouveau à m'observer.

À me comparer.

À m'angoisser.

Quand je regardais Jungkook, je me sentais vraiment passable à côté de lui.

Je n'arrêtais pas de me dire ça depuis quelques temps. Il était tellement beau, tellement sociable, tellement charismatique, entre l'homme et l'enfant, tellement que je m'effaçais près de lui. Je ne dégageais rien de spécial comparé à lui.

J'avais peur qu'il s'en rende compte.

Ça m'arrivait d'observer les hommes de la faculté et même si je savais que Jungkook m'avait toujours assuré n'avoir jamais été attiré par des hommes à part moi, quand je voyais tous ces physiques, je me sentais insignifiant.

Jin hyung en était le parfait exemple, je comprenais à présent pourquoi il avait autant de succès chez les filles. Il devait aussi en avoir chez les garçons, me rappelais-je, en pensant à l'histoire avec Namjoon hyung. Dans le crew de danse de Jimin il y avait aussi des beaux spécimens. En fait il y en avait partout et moi je ne faisais pas le poids.

Et puis qu'est-ce que j'avais de plus que les filles ?

Quand je me rappelais l'ex aux cheveux roses de Jungkook, je me trouvais affreusement différent d'elle. Elle était vraiment magnifique.

En regardant mon corps à la sortie de la douche, je me disais qu'il fallait que je fasse du sport, ou que j'arrête de manger du gras au risque de voir cette bedaine devenir un vrai bourrelet. Je n'arrivais plus du tout à faire abstraction du regard des autres sur ma personne. Moi-même j'observais les gens autour de moi. Moi aussi je faisais attention à ce que je disais, comment je m'habillais, me coiffais.

J'avais l'impression d'avoir basculé dans un tout nouveau monde et ça me faisait peur.

Vraiment peur.

Je me faisais peur.

Mon corps vivait indépendamment de ma pensée et c'était ça ma plus terrible angoisse.

Il ne faisait rien de ce que je lui disais de faire.

Peut-être que j'aurais dû en parler à Jungkook, mais comment le dire avec des mots, à l'oral ?

"Hey, j'ai l'impression que mon corps ne m'appartient pas, mais sinon ça va, tu veux des pancakes ?"

Non, définitivement pas.

C'était comme si mon esprit et mon corps ne fusionnaient pas bien, qu'il y avait des choses qui bloquaient. Je faisais des cauchemars, je me réveillais la nuit, paniqué d'effroi, mais excité comme jamais.

Je pensais encore à ça quand Bambam fit claquer ses doigts devant mes yeux :

— Hyung, t'es toujours là ?

— Non là il était clairement parti très loin... soupira Jimin.

— Désolé, repris-je, vous disiez ?

— Nous sommes arrivés, ça fait deux minutes, tu sais.

Je tournai la tête et observai la boutique de costumes avant de froncer les sourcils.

— Mais je n'ai jamais dit que j'irais à cette soirée.

— Si.

— Tout à l'heure, surenchérit Bambam.

— Hein ?

Je me tournai vers Jin hyung qui soupira :

— En même temps, il a même répondu « oui » quand vous lui avez demandé quelle sortie de métro fallait prendre.

— C'est un détail, balaya Jimin.

— Tout à fait, assura Bambam, hyung a dit oui, on ne peut pas revenir en arrière.

Traîtres.

Mon aîné se mit à pouffer avant de sourire à la vendeuse qui s'était approchée de notre petit groupe :

— On vient pour la soirée samedi soir, il vous reste des costumes ?

— Oui, répondit-elle en rosissant, on a eu un nouvel arrivage, tout à droite ce sont les costumes réservés mais il vous reste le fond du magasin et à gauche.

— Merci.

— On se sépare et on embarque tout, commanda Jimin avec un air de leader sur le visage, pas de quartier et si quelqu'un d'autre veut le même costume, battez-vous jusqu'à la mort.

— Bien capitaine ! s'écria Bambam en faisant une salutation militaire.

— À vos ordres, pouffa Jin.

— Tae, il faut que tu te réveilles. La situation est urgente, on a attendu trop longtemps pour se décider pour cette soirée, il ne doit plus rester beaucoup de costumes potables.

— Mais je ne veux pas y aller...

— Capitaine, on a un camarade qui veut quitter le champ de bataille !

— Ne vous en faites pas, soldat, je sais punir les tirs aux flancs ! Sus à l'ennemi !

Et les deux gamins se mirent à partir en hurlant jusqu'au fond du magasin.

Sérieusement ces gens étaient mes amis ?

Je déambulai sans grande conviction entre les rayons.

Le manque de nouvelles de Jungkook m'inquiétait. Même mes amis ne l'avaient pas vu de la semaine et il était hors de question que j'aille jusqu'à contacter Yoongi hyung pour savoir ce que le gamin fichait.

— Oh mon dieu, Tae !

Je me retournai, me rendant compte que j'étais figé au milieu des costumes depuis un moment et Jimin arrivait vers moi avec deux tenues, l'une blanche et l'autre rouge et noire. Ses yeux pétillaient et son sourire ne me disait rien qui vaille.

— Je t'ai trouvé le costume parfait ! Je vais me déguiser en démon et toi en ange !

— Certainement pas.

— Quoi ? Pardon, je n'ai pas bien entendu.

— J'ai dit...

— Oh tu as dit : « oui, que j'aille l'essayer tout de suite ! », pas de problème la cabine est là, Vas-y fonce !

Je me fis malmener et pousser dedans et mon meilleur ami rentra avec moi.

— Mais qu'est-ce que tu fais ?

— Il n'y a qu'une cabine de ce côté-là du magasin et elle est suffisamment grande pour nous deux, je me change là. Tu vas voir, toi et moi on va être d'enfer !

— Tu ne vas pas te changer avec moi ! m'écriai-je.

Il fronça les sourcils :

— Bah si pourquoi ?

— Pourquoi ? Mais on... tu...

Qu'est ce qui m'arrivait bon sang ?

Pourquoi ça me faisait tout d'un coup si bizarre ?

Parce que Jimin aimait les hommes, est-ce que je croyais qu'il allait me mater ?

J'eus envie de me frapper de penser ça. Jamais je n'avais pensé ça.

— Tae.

Je me pris la tête entre les mains alors qu'il avait lâché le costume et m'attrapait par les épaules.

— Tae, qu'est-ce que tu as ? Tu te sens mal ? s'inquiéta-t-il.

— Je crois qu'il y a quelque chose qui déconne chez moi, sanglotai-je.

J'avais mal à la poitrine et je me sentais tremblant, confus. Délirant.

— Si tu ne te sens pas bien, on va sortir, on reviendra demain, ne...

— Non c'est bon, repris-je en prenant une grande inspiration. Laisse, ça va passer.

Ça n'allait pas passer.

— Tu es sûr ?

— Oui, vas-y changeons-nous.

Jimin garda un regard inquiet sur moi alors qu'on se déshabillait et qu'on enfilait les costumes. J'eus un mal fou à le mettre et il dut m'aider. Lorsqu'on sortit de la cabine, Jin hyung et Bambam, respectueusement en cowboy pour le premier et en dinosaure pour le second, ouvrirent la bouche simultanément.

Jimin crâna en souriant :

— Alors ? Oh attendez, il faut que je mette les ailes à Tae...

On me fit enfiler un truc lourd et gênant par les épaules avant de me faire tourner sur moi-même.

— Sérieusement Taehyung, souffla Jin, tu es...

— Magnifique, termina Bambam.

Je rougis, un peu mal à l'aise et me tournai vers le miroir avant de me figer.

C'était moi ça ?

J'avais l'air ridicule.

— Tu n'as pas l'air ridicule du tout ! s'exclama Jimin.

Ah, j'avais pensé à voix haute.

Mon meilleur ami me regarda dans le reflet du miroir :

— Regarde-toi, ce costume blanc, long, avec ces lanières qui tombent et ces ailes, t'as l'air tout droit sorti d'un manga. Manquerait qu'une perruque blonde et des lentilles bleues et là tu serais sensationnel !

— Ne dis pas n'importe quoi...

— Mais je ne dis pas n'importe quoi !

Je le regardai à son tour et ouvris les yeux de surprise :

— Comment peux-tu dire ça alors que tu es incroyable dans ce costume de diable ?

— Carrément hyung, tu es super sexy ! admit Bambam en hochant la tête.

— Ce n'est pas un tout petit peu trop indécent ? s'inquiéta Jin hyung.

Le déguisement de Jimin était presque identique à mon propre costume, bien que le mien ne laissait pas voir la peau. Celui de Jimin était fait de résilles, de dentelles et de cuir, accompagné d'un collier ras le cou, rouge. Il avait mis des ailes aussi, des trucs ressemblant à celles des chauves-souris.

— Tu sais quoi, le plus incroyable ce serait que vous inversiez les costumes ! fit soudainement Bambam.

On pivota tous la tête vers lui, il y eut un silence et Jin hyung ouvrit la bouche :

— J'aimerais vraiment voir ça.

Jimin s'écria :

— Excellente idée ! Tae, re-rentre là-dedans !

— Hein ?

Enlever nos ailes dans une cabine aussi petite ne fut pas une mince affaire et c'est contre mon gré, quoi qu'un peu quand même, que je me rhabillais avec la tenue de Jimin. Lorsque j'enfilai le haut, je me mis à m'inquiéter :

— Non clairement pas, je ne peux pas m'afficher avec une tenue pareille... C'est beaucoup trop transparent et moulant...

— Ne t'inquiète pas, c'est juste pour rigoler !

Comment ça pour rigoler ?

Rigoler de quoi ? De qui ? De moi ?

— Jimin je ne le sens pas...

Mais il m'enfila les ailes et on ressortit. Jin hyung et Bambam s'étaient de nouveau changés et je constatai que notre aîné avait opté pour une combinaison molletonnée d'écureuil volant absolument adorable et extrêmement bizarre sur lui tandis que Bambam avait choisi d'être un jedi.

Leurs bouches s'ouvrirent encore et cette fois je me sentis si mal à l'aise que je retournai immédiatement dans la cabine.

À l'extérieur, Jimin faisait mine de danser en simulant le fait d'éparpiller des fleurs autour de nous, sous les rires des deux autres alors que je reculais pour me recroqueviller dans la cabine.

Je détestais cette journée.

— Tae, ressors de là et montre-toi.

— Non.

— Allez !

On me tira le bras et je me trouvais sous les yeux de mes amis, gêné. Jin lâcha un :

— Wahou !

Mais l'expression de Bambam fut étonnante, il pâlit puis rougit d'un coup et se mit à regarder partout sauf dans ma direction.

Je vois, j'étais si affreux que ça, n'est-ce pas ?

— Tae, regarde-toi, m'intima Jimin, enthousiaste, en me poussant devant le miroir. Tu es à tomber par terre, franchement... des deux costumes au final je ne sais pas lequel te va le plus parce que...

Je n'écoutais plus et fixais le type dans le miroir.

Il avait l'air maigre, vulgaire et sur son torse presque quasiment découvert apparaissaient quelques cicatrices. Le type dans ce miroir avait l'air dégingandé et affreusement obscène dans ce pantalon en cuir beaucoup trop moulant. Mais le pire était ce ras le cou rouge et cette dentelle affriolante de la même couleur.

Était-il une fille ou un garçon ? Avec des cheveux longs pareils on pourrait s'y méprendre.

Il avait l'air horriblement gêné.

Horrible tout court.

Ce type, est-ce que c'était moi ?

C'était vraiment... moi ?

— Tae ? s'inquiéta soudainement mon meilleur ami en apercevant mon expression.

— Sérieusement Taehyung, ce costume est incroyable sur toi... commença Jin hyung.

— Tae ? s'écria Jimin.

L'air me manquait et mes mains se mirent à trembler, mes genoux lâchèrent et Jimin se précipita sur moi alors que je tentai d'arracher le collier.

Il m'appela alors que je partais dans une crise et que Jin se laissait tomber en face de moi, en paniquant.

Les spasmes arrivèrent et j'attrapai ma gorge, incapable de respirer.

Cette personne dans le miroir c'était moi et en même temps ce n'était pas moi.

— Tae respire, regarde-moi, regarde-moi !

Pourquoi ça m'angoissait autant maintenant ?

Je sentis que mon meilleur ami s'était assis sur mes cuisses et me tenait le visage pour me forcer à le regarder :

— Tae, écoute-moi, respire, calme-toi, tout va bien...Hyung, bordel, enlève-lui le collier !

Une respiration.

Deux respirations.

Trois respirations.

J'essayai de m'arracher la peau et Jimin cria :

— Enlève-lui le costume bordel, Bambam bouge-toi !

— Oh mon dieu, j'appelle une ambulance ! cria une voix féminine.

— Ne faites pas ça, ça va aller, il va se calmer ! Tae regarde-moi, compte avec moi !

Un.

Deux.

Trois.

Je sentis les vêtements s'enlever et je gardai les yeux, larmoyants, dans ceux de Jimin jusqu'à ce qu'enfin ma voix parvienne à ressortir et je continuai de compter du mieux que je pouvais en calant ma respiration sur la sienne. On me couvrit d'une couverture et ma tête tomba contre l'épaule de mon meilleur ami. Je me mis à pleurer en sentant mon souffle rentrer à nouveau dans mes poumons de manière correcte et il me serra contre lui, en chuchotant des paroles réconfortantes.

Ça faisait longtemps, vraiment longtemps que je n'avais pas vécu ça.

— Tae, regarde-moi, parle-moi... tout va bien...

— Jimin, tu ne me vois pas, n'est-ce pas ? marmonnai-je d'une voix hachée, déformée. Ce n'est pas moi... ce n'est pas mon corps, je suis dedans, je suis bloqué dedans... mais ce n'est pas moi...

Il fronça les sourcils sans répondre.

— Je ne peux pas ressembler à ça, n'est-ce pas ? Ce n'est pas moi...tu as vu à quoi je ressemble ?

Il attrapa mes mains qui essayaient de palper mon visage et me fixa droit dans les yeux :

— Tae, tu as toujours ressemblé à ça.

Je me remis à paniquer mais il souffla :

— Tu n'étais juste pas capable de te voir, avant.

Mes mains serrèrent les siennes, mon corps entier tremblait.

— Je ne peux ressembler à ça... tu m'as vu... j'ai l'air mort...

— Non, Tae, tu es magnifique.

Je me remis à pleurer :

— Tu l'as toujours été mais maintenant que tu peux vraiment le voir, je comprends que ça te fasse peur...

— Je suis terrorisé, Jimin, ce corps il fait n'importe quoi si tu savais. Ces derniers temps, il ne m'écoute pas...

— Ce corps est à toi Tae, chuchota-t-il. Tu dois l'aimer et l'accepter comme il est... comme tout le monde.

— Même s'il réagit bizarrement ?

— Définis bizarrement.

— Même s'il...a des...envies...

Mon meilleur écarquilla un peu les yeux et je me mis à bafouiller dans mes sanglots.

— Évidemment, me sourit-il, c'est naturel, ça fait partie de tous les êtres humains d'avoir des désirs qu'ils soient hommes ou femmes.

— Mais...

— Ça prouve que tu es vivant et parfaitement normal, tu sais.

Tout s'arrêta, mes sanglots, mes tremblements et le froid qui courait sur toute ma peau.

Tout.

Tout d'un coup, l'orage dans ma tête se dissipa et les éclaircies apparurent.

— Tu peux te lever ?

J'acquiesçai mais il fallut qu'il m'aide. Je me tournai honteux vers mon ainé et Bambam resté en retrait mais Jin hyung me coupa :

— On va aller tous boire un chocolat chaud, d'accord ?

— Pardon de...

— Ne t'excuse pas Taehyung. Il ne s'est rien passé de grave. N'est-ce pas, Bambam ?

Ce dernier balbutia, comme sortant de ses pensées :

— Oui oui, bien sûr. Que... que pensez-vous du costume de jedi ?

— Franchement tu devrais prendre le dinosaure, assura Jimin.

— Je reviendrai demain, je vais demander à la vendeuse si on peut le mettre de côté.

Je retournai en cabine et me déshabillai lentement, Jimin resta avec moi tout le temps. Jin hyung continua d'agir comme s'il ne s'était rien passé et en sortant on se dirigea vers le café le plus proche. Je ne pus prononcer un mot pendant tout ce temps et Bambam semblait confus et étrangement silencieux.

Je ne me rendis pas compte du désarroi de mon ami de me voir ainsi tant j'étais déconnecté de la réalité. Encore. Je me sentais un peu mieux, Jimin avait su trouver les bons mots. Mais Jungkook me manquait terriblement, je m'inquiétais de son manque, de son absence à mes côtés. Il fallait que je lui parle.

Il fallait que je le voie.

Il fallait que je le touche.

Il fallait qu'il arrête de me manquer aussi douloureusement.

Je fixai ma main d'un air sombre.

Jimin avait raison : mon corps était vivant. Il respirait, se nourrissait, changeait, grandissait, s'épanouissait, désirait.

Mais ça me fichait les jetons.

Avant ce n'était qu'une coquille pour moi, une coquille imparfaite recouverte de cicatrices, mais aujourd'hui j'en venais à me rendre compte que c'était un tout, que ça faisait partie de moi.

En rentrant, Jin parla un peu avec Jimin, sur le chemin. Je n'étais pas suffisamment concentré pour savoir s'ils parlaient de moi. Mon hyung avait absolument tenu à me raccompagner.

Un peu plus tard, Jimin voulut avoir une discussion sur ce qui s'était passé. Je sentais qu'il voulait comprendre pourquoi je déclenchais tout ça maintenant mais en l'écoutant, sa théorie me parut plausible.

Après tout, je n'avais pas eu d'adolescence, le traumatisme avait tout fait déconner dans ma tête et aujourd'hui je vivais un développement physique normal mais avec du retard. Un développement qui aurait dû m'arriver il y quelques années.
La question de l'apparence, le problème de confiance dans mon physique, la découverte de la sexualité... Ainsi je comprenais mon hypersexualité avec Jungkook, mais ça n'expliquait pas tout.

Ça n'expliquait pas clairement le problème.

Quand Jimin fut parti, je finis par me décider à aller chez Jungkook. Cette fois il fallait que je lui dise comment je me sentais. Il allait sûrement encore me trouver bizarre mais j'avais désespérément besoin de lui, de sa présence. La crise m'avait exténué et j'essayai de garder les yeux ouverts en arrivant à son étage. Il était tard et en entendant le son qui traversait la porte, je fronçai les sourcils.

Une soirée en plein milieu de semaine ?

Ça faisait des mois que Jungkook n'avait pas fait ça.

Je rentrai et fus frappé par l'odeur de tabac, et d'autres substances étranges. Il y avait des gens partout qui s'entassaient, des bouteilles s'alignaient sur tout endroit potentiellement stable.

Je le cherchai des yeux, en toussant. Je finis par l'apercevoir dans la cuisine et m'avançai :

— Hey !

Ok, clairement, là, il avait déteint sur moi. C'était moi qui venais de dire ça ?

Oh malheur.

Il se retourna et se figea avant de prendre un air sombre :

— Hyung qu'est-ce que tu fais là ?

— Je voulais te parler, c'est important, on peut... aller ailleurs ?

La musique était trop forte et me donnait la migraine mais il croisa les bras avant de dire :

— Non, j'ai une soirée.

— On est mercredi.

— Et alors ?

— Je croyais que tu n'en faisais plus en semaine...

— Eh bien tu vois que tout est redevenu comme avant !

Je fronçai les sourcils sans comprendre et j'allais dire quelque chose quand une jeune fille arriva.

Elle était assez grande, élancée, des longs cheveux raides et bruns et une ligne parfaite.

Elle passa entre nous, une bière à la main pour prendre un bol de chips et me salua comme si nous nous connaissions depuis toujours.

— Je suis Haein !

— Taehyung.

— Oh le fameux voisin d'en face ! Kookie parle tout le temps de toi !

Kookie ?

— Tu veux boire un truc, une bière ?

— Non merci. Jungkook, on peut parler s'il te plaît je...

— Oh, je vais vous laisser alors, désolée d'avoir dérangé, lança-t-elle plein d'entrain avant de se retourner et de déposer ses lèvres sur celles de Jungkook.

Ce geste me figea, définitivement.

Mon mal de tête sembla empirer d'un coup.

Qu'est-ce qu'elle venait de faire ?

— A plus tard, bébé.

Elle sembla vouloir partir mais Jungkook la retint par les hanches avant de me regarder puis de la regarder avec un sourire :

— Non reste, hyung allait s'en aller.

— Tu es sûr ?

— Certain. Bonne nuit hyung, lâcha-t-il évasivement.

Je fixai la fille sans vraiment entendre ce qu'il disait. Elle était vraiment jolie, tout à fait son genre et probablement assez jeune par rapport à nous. Elle glissa sa main dans la sienne en se dandinant adorablement avant de me regarder comme si elle attendait quelque chose de moi.

Elle dut croire qu'en la regardant j'attendais qu'elle dise quelque chose parce que ses yeux s'ouvrirent et elle répondit :

— Oui, oppa, tu veux quelque chose ?

— C'est que...

Je refixai Jungkook qui me fit un sourire ignoble, un que je ne lui avais jamais vu :

— C'est ma petite amie.

J'eus un sursaut et j'entendis un verre se briser avant de me rendre compte que c'était dans la pièce d'à côté et non dans ma tête.

Et pourtant....

Haein soupira :

— Et voilà, ils ne savent pas se tenir. Reste, je vais chercher le balai.

Elle l'embrassa rapidement et s'en alla et je clignai des yeux.

— Tu voulais dire quelque chose hyung ? demanda Jungkook avec un certain sarcasme dans la voix et toujours son sourire abominable.

— Rien, avouai-je d'une voix qui m'était inconnue. Le moment est mal choisi, je vais rentrer, bonne nuit.

Je me secouai, j'avais l'impression d'être drogué en fait, cette journée ne me réussissait pas.

— Tu n'as rien à me dire ? grinça-t-il.

— A propos de quoi ?

— De ma petite amie.

Si j'avais quelque chose à dire ?

Une foule de mots me traversa l'esprit mais me rendit encore plus embrouillé que je ne l'étais déjà.

Beaucoup de choses me passèrent à travers la tête et la crise de l'après-midi n'avait pas du tout amélioré mon état.

Soudain la solution se pointa devant mon nez et je me rendis compte qu'elle était là depuis un moment.

Si dans mon esprit le chaos régnait parce que tout un tas de tiroirs étaient ouverts, il suffisait simplement que je les ferme tous, en fait.

Et lorsque ce fut fait, ce fut un étrange soulagement que je ressentis, j'étais de nouveau capable de catégoriser ma pensée.

— Non, rien du tout.

Il sembla contrarié :

— Très bien, donc ce soir je vais la baiser et j'espère que tu l'entendras crier jusqu'à chez toi.

Je pivotai et marmonnai platement :

— Si tu veux, pense à fermer les rideaux.

Son poing vint s'encastrer à deux centimètres de mon visage :

— Arrête de te foutre de ma gueule !

— Jungkook, répondis-je platement, ce secret doit être protégé sous toutes ses formes, avoir une petite amie rentre là-dedans, je n'ai rien à dire.

Une expression douloureuse passa sur son visage :

— Vraiment ?

— Vraiment, c'est tout à fait logique.

Il eut un ricanement désabusé et me poussa vers la sortie avant de crier :

— Dégage de chez moi !

Je retraversai les nuages de fumée et quittai l'atmosphère entêtante de sa soirée pour retourner dans mon appartement.

En me couchant quelques minutes plus tard je me surpris à visualiser les tiroirs. Tout était parfaitement en ordre, rangé, correct. Alors pourquoi certains tremblaient-ils autant, comme si quelque chose voulait en sortir ?

Non, il fallait tout garder fermé. Mieux, il fallait que je range cette journée dans une case, que je l'enferme, elle aussi.

Ainsi, tout irait bien.

En me tournant pour trouver le sommeil, je me fis l'étrange réflexion que tout d'un coup je ne ressentais plus rien.

Absolument plus rien.

Finalement, peut-être que c'était mieux comme ça.

Que je redevienne comme avant.

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