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33-

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Je retirai mes chaussures avec appréhension. Nous venions de rentrer et Jungkook ouvrait le chemin alors qu'apparaissait, au fond du couloir de l'appartement, la présence d'un homme de haute stature.

Je m'avançai timidement tandis que Jungkook saluait son père avec formalité, me présentant ensuite.

— Bonjour, jeune homme.

Je m'inclinai respectueusement et, en observant son visage, je me rendis compte à quel point Jungkook ressemblait à sa mère. Il n'avait récupéré de lui que sa taille, son nez et sa stature.

— J'ai cru devoir vous attendre, fit remarquer le paternel, Minha a cuisiné, passons à table sans attendre.

C'était direct, simple, sans appel, pas forcément sec ni désagréable mais plutôt directif. Comme la parole d'un homme habitué à commander. Maladroitement, je les suivis jusqu'à la salle à manger où je m'installai alors que la petite femme s'activait aux fourneaux. Le père de Jungkook, dont je ne connaissais pas le nom, déboucha une bouteille de vin avant de s'asseoir face à nous.

Il devait avoir une cinquantaine d'années, les cheveux commençant à blanchir au-dessus de ses tempes, le teint fatigué sans être trop ridé, cerné par des heures de travail. Mais par sa stature et sa présence, il semblait à l'aise, actif, dégageant une autorité et un certain statut social rien que par ses mouvements.

— Alors Taehyung, m'apostropha-t-il en humant le liquide rouge dans son verre à pied, Jungkook m'a dit que tu étudies en médecine à l'université de Séoul et que tu es major de ta promotion.

J'acquiesçai en le regardant verser l'alcool dans mon verre sans me demander si j'en buvais ou non, contre toute attente Jungkook me versa l'eau dans le verre juste à côté.

— Tu comptes devenir pédiatre d'après ce qu'il m'a dit ?

— Oui.

L'homme acquiesça, buvant un peu :

— C'est un métier difficile, et bien moins coté que chirurgien par exemple. Pourquoi se tourner vers les enfants ? Je suppose que quand on est major de promotion on peut se permettre de choisir la discipline de son choix.

— J'aime les enfants.

Il semblait attendre autre chose mais je n'avais rien à ajouter. J'avais la désagréable sensation qu'il me jugeait, attendant sûrement une remarque intelligente mais je n'avais rien en stock.

— Je vois, finit-il par dire. Que font tes parents ?

— Papa, ne l'interview pas, on dirait un interrogatoire ! Coupa Jungkook.

— Je parle avec ton ami, trancha son père, si tu l'as invité tu t'attendais bien à ce que je le fasse, non ?

Ok. Je ne le sentais pas ce dîner, tout d'un coup.

— J'ai vécu avec mes grands-parents, éludai-je.

— Ça ne répond pas à ma question.

Son regard perçant me fixait et j'essuyai mes mains moites sur mon pantalon.

— Ils sont décédés.

— Je vois.

Les plats furent servis et je remerciai mentalement la vieille femme d'arriver au bon moment.

— Tu t'intéresses au sport, Taehyung ?

— Pas du tout, avouai-je honnêtement.

Il parut étonné :

— Dans ce cas-là, quel genre de choses as-tu en commun avec mon fils ?

— Euh... nous sommes voisins, alors un appartement, je dirais.

Je sentis Jungkook se retenir de pouffer à côté de moi. Pourquoi il riait ? J'avais répondu à la question, non ?

— Oui, évidemment, reprit son père, les étudiants méritants possèdent le logement à la hauteur de leurs résultats. J'ai moi-même vécu ça à la faculté.

— Vous avez étudié à Séoul ?

— Oui, à Yonsei.

Ah, je vois, la meilleure université du pays.

— Je voulais que Jungkook suive mes traces mais sa mère l'a convaincu d'aller à l'université générale de Séoul.

Il y avait beaucoup de reproches dans sa voix.

— L'université générale de Séoul est tout aussi bien cotée que celle de Yonsei, se défendit Jungkook.

Son père claqua sa langue contre son palais et je me dépêchai de prendre mes couverts pour déguster le dîner et remplir ce silence pesant par des bruits de couverts.

— C'est un repas français, me fit-il remarquer, d'où le vin. Bois-tu du vin Taehyung ?

— Euh non, monsieur, jamais, je ne suis pas amateur d'alcool.

Il leva un sourcil avant de regarder son fils :

— Tu devrais probablement prendre exemple sur ton ami. Ça éviterait de nombreuses photos compromettantes sur les réseaux sociaux, tu ne crois pas ?

Wow. Est-ce que je devais compter les piques que son père balançait dans la soirée ? Fallait-il faire un score final ?

Et ça faisait seulement dix minutes que nous étions arrivés...

Jungkook poussa sa joue avec sa langue avant de sourire un peu nerveusement :

— J'y réfléchis sérieusement.

— Bien. Avant qu'ils ne décèdent, que faisaient tes parents ?

— Papa !

— Quoi encore ?

— Laisse le tranquille avec ça.

— Ses parents sont morts, pas des criminels, je ne vois pas ce qu'il y a de mal à parler de ces gens.

Je relevai la tête en avalant la viande dont la sauce était un pur délice.

— Eh bien, mon père travaillait dans une banque...

— Quelle banque ?

— La banque centrale, à Busan.

— À quel poste était-il ?

— Je... je ne me rappelle pas, avouai-je.

— Et ta mère ?

— Elle était fleuriste.

— Fleuriste ? Répéta-t-il avec une surprise non feinte.

— Euh oui, elle possédait un magasin, près de la tour de Busan.

— Je vois.

— Et vous, que faites-vous dans la vie, monsieur Jeon ? Demandai-je poliment mais surtout pour mettre fin à cet interrogatoire gênant.

— Jungkook ne t'a rien dit ?

Il y avait de nouveau du reproche dans sa voix.

— Je suis avocat, je dirige un cabinet sur Busan.

Je hochai la tête par politesse et il but une autre gorgée de vin. Le silence s'installa, on entendait les couverts sur les assiettes en porcelaine avant, qu'enfin, il ne s'intéresse à son fils.

— Tes résultats ?

— J'ai eu mon année.

— Ça ne répond pas à ma question, dans combien de sports as-tu validé tes notes ?

— Sept.

— Seulement sept ?

J'écarquillai légèrement les yeux, m'interrompant un court instant dans le repas.

Comment ça, seulement sept ?

— Que disent les professeurs ?

— Qu'il faut que je me spécialise dans un domaine dès la rentrée prochaine...

— Ça peut attendre, ils n'y comprennent rien de toute façon.

Il y avait du mépris dans cette phrase-là.

— Les autres ont commencé à se spécialiser dès cette année, leur niveau a augmenté, tenta Jungkook.

— Les autres m'importent peu, trancha son père. Tu dois être bon partout, Jungkook. C'est comme ça qu'ils te recruteront, ils prendront quelqu'un de doué dans tous les sports, ça fera la différence.

— Je ne pourrai pas être doué dans tous les sports jusqu'au bout, je manque de temps. Quand je m'efforce de faire plusieurs sports, les autres ne se concentrent que sur un seul et leur niveau augmente...

— C'est que tu ne travailles pas assez dur.

Il y eut un silence et Jungkook sembla longuement réfléchir avant de répondre :

— Je travaille dur, mais sur sept sports je n'y arriverai pas, c'est impossible, papa.

— Si ça devient trop compliqué pour toi, diminue donc le nombre. Ne garde que le football, le basketball, l'athlétisme et le tennis.

— Et le Taekwondo et le Baseball ?

Son père claqua encore sa langue contre son palais :

— Vas-tu cesser de considérer ces activités comme du sport ? Je suis déjà suffisamment déçu de savoir que tu ne m'as pas écouté.

— Nous avions un accord ! S'écria Jungkook.

— Tu devais réussir dans dix sports et à chaque fois avec une lettre de recommandation d'un de tes professeurs, sept ce n'est pas dix.

— Mais...

— Ce ne sont pas des activités sportives ! Ces deux-là ne peuvent ouvrir à l'international, tu le sais. Je veux que tu ne te concentres que sur le foot, le basket, l'athlétisme et le tennis. Avec ces sports-là, tu as une chance de faire partie d'une équipe multijoueur, internationale, de décrocher des millions de dollars. Je ne veux plus jamais entendre parler de ces activités des gens du peuple. Tu as compris ?

Jungkook ne répondit pas alors la voix de son paternel prit une tournure plus agressive et dure :

— Tu as compris ?

— Oui.

— Tu fais toujours tes entraînements quotidiens ?

Jungkook mit un léger temps avant de parler, les yeux baissés sur son assiette.

En fait il n'avait pas relevé la tête depuis un moment.

— Oui, le plus souvent possible.

— Qu'as-tu fait cette semaine pour être aussi bronzé de la tête aux pieds ?

Jungkook se mordit la lèvre :

— Je suis allé aider les grands-parents de Taehyung à Daegu.

Par-dessus son verre de vin, Mr Jeon tourna son regard d'aigle vers moi :

— Que font tes grands-parents, Taehyung ?

— Euh... ils sont agriculteurs.

Il y eut un silence dévastateur et l'homme regarda son fils, le dégoût peignait son visage :

— Tu es allé t'amuser dans une ferme plutôt que de t'entraîner ?

— Hyung m'a invité, rétorqua Jungkook en relevant la tête cette fois, je n'allais pas les laisser travailler sans les aider, non ?

Mais son visage reprit sa position face à l'assiette devant la mine sombre de son paternel sous mes yeux sidérés.

— Je vois que ta capacité à travailler dur et à faire des efforts est toujours aussi pathétique. Je ne suis pas surpris que tu aies échoué dans notre accord avec si peu de motivation, pas étonnant que tu n'aies pas réussi dans tous les sports que je t'avais conseillés.

— Ça n'a pas de rapport, ça n'a duré que quelques jours...

— Pendant que tu te tournes les pouces, certains rencontrent des recruteurs !

— Je sais, papa.

— Non tu ne sais pas ! Ce n'est pas suffisant, Jungkook !

Je n'avais plus faim, en fait.

Plus du tout.

— J'ai eu beaucoup de lettres de recommandation par mes professeurs cette année, si tu avais regardé mon bulletin que je t'ai envoyé par mail tu l'aurais vu...

— Je n'ai pas le temps de regarder des choses aussi médiocres. Tu n'es pas assez bon, voilà tout ce que je sais. Tu n'es pas indispensable ! Tu gâches tes capacités ! Tu dois arrêter de te reposer sur tes lauriers !

— Je ne me repose pas sur mes lauriers, souffla Jungkook.

— Cesse de me prendre pour un imbécile ! Vociféra son père. Je ne suis pas ta mère, je ne ferme pas les yeux sur ce que je ne veux pas voir. Crois-tu que parce que je suis plus vieux que toi, je n'utilise pas la technologie ? Cesse de me faire honte à te faire photographier toutes les nuits sur Twitter et Facebook, alcoolisé et le nez dans les seins de filles différentes chaque samedi soir, voire plusieurs fois par semaine !

Jungkook baissa encore plus la tête si c'était possible, le poing serré sur ses cuisses, froissant son short.

— Jamais Jungsin n'a fait de choses aussi ridicules ! Tu devrais avoir honte de toi !

Ma main trembla sur ma cuisse, je sentais l'angoisse me prendre la gorge, manquant de m'asphyxier.

Comme si j'allais faire une crise.

J'essayai de me ressaisir, en vain. C'était comme si j'aspirais tout ce que Jungkook à côté de moi ressentait.

— Que tu t'envoies en l'air avec n'importe quelle fille peu m'importe, que tu boives aussi, mais te donner en spectacle certainement pas. As-tu oublié ton objectif principal ?

— Non...

— Lequel est-il ?

— Être le meilleur...

— Je ne t'entends pas.

— Être le meilleur, répéta Jungkook plus fort.

Son père acquiesça, continuant son repas comme si de rien n'était alors que je gardais la gorge serrée, la nausée au bord des lèvres.

Jungkook ne bougeait plus, les épaules crispées, les poings sur ses cuisses, la mâchoire serrée.

J'avais l'impression que son comportement me hurlait « à l'aide ».

— Pourquoi êtes-vous comme ça ?

Mr Jeon releva la tête :

— C'est à dire ?

— Pourquoi vous êtes comme ça ? Pourquoi vous lui dites des choses comme ça ?

— Il ne me semble pas t'avoir demandé ton avis, Kim Taehyung.

La main de Jungkook s'aplatit sur la mienne, ses yeux me lançaient des signaux de détresse :

— Hyung, laisse tomber.

Laisser tomber ?

Pourquoi me suppliait-il de faire ça alors que tout son corps me hurlait l'inverse ?

— Vous...

Ma poitrine me faisait tellement mal que je n'arrivais pas à calmer le tremblement de mon corps. J'étais choqué, scié, je me sentais oppressé, presque en danger.

— Jungkook ne se repose pas sur ses lauriers, le défendis-je, il s'entraîne dur, il fait beaucoup de matchs et d'entraînements...

Mr Jeon se mit à agir comme si ce que je disais était aussi agaçant que le bourdonnement d'une mouche.

— Pourquoi vous ne l'encouragez pas ?

— Je vois, Jungkook, que tu t'es trouvé un défenseur aux bons sentiments..., soupira son père.

— Hyung, supplia le dénommé d'une petite voix.

— Évidemment, il faut bien l'encourager à votre place !

Mes mains agrippèrent le rebord de la table comme pour me contenir dans les émotions que je ressentais. Mr Jeon soupira bruyamment, d'un air arrogant, avant de reposer son verre de vin vide :

— Visiblement tu as l'air de vouloir dire des choses, alors parle, j'écoute ce que tu as à dire.

— Peut-être feriez-vous mieux d'entendre ce que votre fils a à dire, rétorquai-je.

Je ne savais pas d'où me venait ce courage, ou ce culot. Je savais juste que ma poitrine me faisait horriblement mal et que j'avais la sensation de faire une crise à tout moment.

— Son bonheur devrait être plus important que votre réputation.

Cette fois les yeux noirs du père du maknae se braquèrent dans ma direction de façon incisive, avant qu'il ne siffle :

— Tu m'as encore ramené un de ces gosses insupportables, qui se croient moralisateurs et supérieurs... Comment s'appelait l'autre, déjà ? Yunji ? Yoongi ? Celui-là n'est pas si différent.

Je tiquai à ce prénom et Mr Jeon attrapa de nouveau la bouteille pour remplir son verre :

— C'est une déception de ne pas te voir te lié d'amitié avec des gens responsables et dignes de toi. Ce gamin était pourtant bien parti, major de promo de médecine mais...

— Je suis toujours là, vous savez.

Mr Jeon s'arracha un rictus, ses yeux froids se reportant sur ma personne :

— Je n'ai aucune leçon à recevoir d'un gamin. La façon dont j'éduque mon fils ne te regarde pas et si ça ne te convient pas tu peux toujours t'en aller.

Mon corps réagit alors par réflexe, sur l'instant je ne me compris pas moi-même mais ma chaise fit un sacré bruit quand je me levai dans un bond. Jungkook avait sursauté et jetait des regards en panique allant de son père à moi.

Je me tournai vers lui, tremblant, la respiration saccadée et difficile et lâchai :

— Je m'en vais.

Mais le regard épouvanté de mon vis-à-vis augmenta le désordre qui s'agitait dans mon corps. Il semblait terrorisé à cette idée. L'espace d'une seconde, il reposa la serviette en tissu sur la table comme tout d'un coup prêt à me suivre.

— Nous n'avons pas fini le dîner, Jungkook. Si ton ami veut se donner en spectacle, qu'il sorte.

Je me tournai vers le paternel, le repas me remontant au bord des lèvres, à deux doigts de la nausée.

— Je ne me donne pas en spectacle !

— Cet agissement puéril le prouve, pourtant.

Je me raccrochai au bord de la table, j'avais envie de hurler, de lui faire du mal.

De me faire du mal.

Je ne savais pas comment j'allais évacuer tout ça.

— C'est peut-être puéril, mais même si j'avais les mots vous ne les entendriez pas, n'est-ce pas ? Vous êtes persuadé d'avoir raison et c'est ce qui vous rend aussi abominable. Vous devriez penser à aimer votre fils comme il est et non comme vous voudriez qu'il soit.

La moquerie qui se peignit sur le visage de Mr Jeon me marqua de consternation, il ne m'écoutait pas. Incapable de supporter ça plus longtemps, je lâchai la table et quittai la salle à manger.

Il fallait que je m'en aille, que je quitte cet endroit, j'avais l'impression que les murs m'étouffaient. Je regardai Jungkook et la panique dans ses yeux me fit mal. J'aurais voulu le tirer avec moi, loin de tout ça, mais non seulement il avait peur de me suivre mais en plus j'étais incapable de l'y forcer, insuffisamment fort pour nous deux.

On échangea un dernier regard où il me supplia de rester et mon cœur se serra à m'en faire hurler.

Encore une fois, j'étais égoïste.

Mais je n'avais pas le choix, j'allais imploser.

Le claquement de la porte d'entrée et la vision du hall me fut salvatrice, m'autorisant à respirer un peu, de manière bruyante et anormale. Mes pas martelèrent le sol dans une course contre l'angoisse. L'air nocturne frais, aux relents marins, ne me soulagea qu'à peine.

La mer.

Il fallait que j'aille à la mer.

— HYUNG !

L'air rentra d'un coup, me faisant mal et je me retournai, des taches apparurent devant mes yeux mais je vis le visage de Jungkook en panique, foncer vers moi.

Il avait l'air désespéré.

Comme désespéré que je l'abandonne et que je le laisse derrière moi. Des picotements dans ma main me firent tendre le bras dans sa direction et j'entrelaçai nos doigts aveuglément, avant de reprendre ma course. On se mit à courir à toute allure en se tenant maladroitement l'un à l'autre, chacun de nous fuyant quelque chose, et lorsque enfin la mer et le bruit de ses vagues furent en vue, on se mit à ralentir.

Je me courbai en deux, la nausée me reprenant et me donnant affreusement envie de vomir. Mon cœur battait bien trop vite et me faisait bien trop mal. J'essayai de respirer, me retenant à cette main froide comme seul point de concentration.

Ce n'est que l'éclat d'un sanglot contenu qui me fit me redresser d'un coup, me tournant vers Jungkook qui avait plaqué une main sur sa bouche. Mon corps réagit alors instinctivement et je l'attirai dans mes bras avant que ses jambes ne le lâchent, faisant plonger sa tête sur mon torse.

Il pleura un long moment, murmurant par instants « il va tellement me tuer d'être parti » et je caressai sa nuque et ses cheveux en tremblant.

On resta ainsi un temps indéfiniment long, jusqu'à ce que chacun de nous se calme. Lorsqu'il releva la tête, j'eus envie de pleurer à mon tour. J'avais l'impression que tout prenait un sens : son comportement cliché, son côté arrogant, ses sautes d'humeur, son manque d'affection, sa façon d'imposer les choses, ses failles, ses coups bas, sa tendance à se vautrer dans l'alcool et sa nervosité depuis qu'on avait mis les pieds à Busan.

Je sentais toute l'importance de son père dans sa vie, de son poids sur ses choix, sa carrière, ses études.

Je sentais tout son désarroi, ses émotions refoulées, sa colère et sa peur.

Je sentais tout et j'absorbais tout. Et je devenais conscient du feu que j'avais mis aux poudres rien que par mon comportement.

— Je suis tellement désolé, Jungkook.

Mon égoïsme me donnait envie de me faire du mal.

Il agrippa mon visage brusquement, plaquant ses lèvres sur les miennes dans un baiser désespéré, angoissé, perdu, sombre mais ardent. Ses émotions m'envahirent, me donnant l'impression de me noyer dans un flot de ressentis que je ne pouvais pas gérer. Je me détachai de lui, au bord de la panique, son front se collant au mien.

— Pardon, pardon, pardon..., marmonnai-je.

— Hyung.

— Pardon, pardon, pardon...

J'avais tout gâché.

J'avais voulu l'aider mais je n'avais été qu'émotif, désespéré et égocentrique.

— Hyung, merci.

Un sanglot me resta dans la gorge dans un drôle de bruit et je levai les yeux vers lui. Il me caressait le visage de manière mélancolique.

— Merci de quoi ? J'ai tout gâché...

— Merci de m'avoir défendu, merci d'avoir essayé...

Je me mis à pleurer d'un coup, ses mains me bloquant la tête alors que je voulais baisser mon visage vers le sable pour qu'il ne me voie pas ainsi.

— Ne me remercie pas, hoquetai-je, j'ai surréagi, je ne voulais pas te causer de problèmes... c'était trop dur pour moi de voir, d'écouter ça...

— Hyung.

Il embrassa mes joues et mes larmes et je l'embrassai sur les lèvres désespérément.

Il n'y avait que ça qui me calmait vraiment.

On resta ainsi, l'un dans les bras de l'autre, à genoux sur le sable froid avec la mer en fond sonore sous la nuit sans étoiles, chargée de nuages lourds, moite, sans vent.

— C'est de ma faute, chuchota Jungkook, je n'aurais pas dû t'emmener...c'était égoïste de ma part de te faire assister à ça alors que je savais que tu n'arriverais pas à rester calme.

— Pourquoi tu l'as fait alors ?

— Parce que je ne voulais pas être seul.

On se regarda et je secouai la tête, contrarié :

— Je ne comprends pas pourquoi tu écoutes ton père ainsi, pourquoi tu ne te rebelles pas, pourquoi tu n'essayes pas de lui expliquer les choses comme tu veux qu'elles soient...

— Parce que.

Jungkook se recula, créant de la distance entre nous, me faisant frissonner d'un froid inexistant. Il s'assit avant de se mordre la lèvre en regardant l'océan :

— Parce qu'il y a quatre ans, j'ai fait quelque chose de mal et...c'est le prix que je dois lui payer pour m'avoir fait sortir de là.

Je m'assis à mon tour, sourcils froncés, prudent :

— Quoi, comme chose de mal ?

Le visage de Jungkook se tordit dans une grimace douloureuse et triste, les jambes relevées, les coudes sur ses genoux, il baissa la tête vers le sable.

— Hyung, sanglota-t-il, si je te raconte ça, jamais tu ne voudras rester avec moi...

Mes mains agrippèrent mon short dans un mouvement paniqué, par réflexe, comme pour me protéger. Mon cœur bien trop rempli, presque inondé d'émotions que je ne savais pas gérer semblait être prêt à déborder.

Tout d'un coup, j'eus vraiment peur de ce qui allait suivre.

Je m'assis exactement dans la même position que lui, comme le reflet d'un miroir. Nos épaules se touchant. J'attendais la suite avec appréhension, les yeux concentrés sur les vagues dans le noir que je distinguais. La mer semblait si belle et si effrayante, ainsi.

— Quand j'étais au lycée... j'étais vraiment un petit con.

Cette phrase me détendit, m'arrachant presque un sourire. Ce n'était pas une nouveauté, j'étais sûr que tout le monde s'en était douté.

— J'étais dans un établissement privé, continua Jungkook, et je traînais avec des garçons d'un certain degré social. Mon père connaissait leurs pères... tu vois ?

Ça aussi, ce n'était pas une nouveauté en soi. Je revoyais presque distinctement les uniformes du lycée privé de Busan dans ma tête alors qu'on rentrait, Jimin et moi, en direction de la mer des années auparavant. Dans une autre vie, presque.

— Tu vois, ces gars-là... ils aimaient bien martyriser les autres élèves.

Cette fois je fronçai un peu les sourcils tout en tâchant de me concentrer sur les vagues qui s'écrasaient au loin, devant moi.

— Rien de bien méchant finalement, car c'était un lycée privé quand même, mais ça ressemblait vraiment à du harcèlement. Ils prenaient des élèves pour cible, garçons, filles et ils faisaient tout pour l'emmerder, à coup de moqueries, de représailles, de rumeurs, jusqu'à ce qu'elle craque.

Jungkook prit une grande inspiration :

— À l'époque j'étais en première année, mes parents commençaient déjà à ne plus s'entendre. Mon frère, cet abruti de trois ans de plus que moi, était le portrait craché de mon père, son favori, on ne s'entendait pas du tout. Il était devenu horriblement arrogant en finissant le lycée, préparant ses études d'avocat... Je me sentais mal pour ma mère, parce que Jungsin était vraiment méchant avec elle, alors, moi, je voulais lui faire plaisir. Je me suis inscrit au club de dessin et de musique. Ça l'enchantait. Mon père haïssait cette idée, il voulait me voir faire du sport comme avant.

Il secoua la tête :

— Ma mère n'aimait pas me voir traîner avec ces gars-là, elle se disputait souvent avec mon père à propos de ça. Elle n'était pas dupe, elle se doutait bien de quelque chose et puis à cette époque-là, je ne pouvais rien lui cacher. Mon père ne voulait rien entendre, ces mecs-là étaient des fils de ministres, de patrons de très grandes entreprises, je devais bien m'entendre avec eux alors je me contentais de les suivre sans prendre part dans leurs trucs. Dans le fond je fermais les yeux, je tolérais ce qu'ils faisaient.

Il commença à jouer avec le sable, en saisissant une poignée dans sa main pour laisser filer les grains entre ses doigts.

— Puis lors de ma deuxième année, ma mère a demandé le divorce et ça m'a fait un choc. Je savais qu'ils ne s'entendaient plus mais j'étais naïf de croire que c'était une passade, que mes parents ne se sépareraient pas. Sauf que ma mère est allé voir un cabinet d'avocat concurrent pour ça, elle me l'a dit, m'a tout expliqué correctement et m'a dit qu'à un moment je devrais choisir avec qui j'irais vivre. Elle ne m'a rien imposé, elle a décidé de partir à Séoul mais ça m'a complètement ébranlé. Mon père est rentré dans une colère noire, reprochant à ma mère de mettre un cabinet concurrent là-dedans, il craignait pour sa réputation... J'étais un ado, j'étais en colère, je me sentais seul et mal. Mon frère n'en avait rien à faire et se mettait directement du côté de mon père.

Il reprit une nouvelle poignée de sable et je regardai, presque hypnotisé, ses doigts qui enfermaient les grains, qui s'échappaient de toutes les failles.

— J'étais mal et en colère alors j'ai fait des choses stupides comme participer aux conneries des autres gars. Je prenais un peu part à leurs méchancetés. C'était des choses puériles dans l'unique but de promouvoir notre supériorité et de nous rendre populaires. Moi, je voulais juste évacuer ce que je ressentais même si pour ça quelqu'un devait en pâtir. C'est là que tout a dérapé.

Cette fois-ci il lâcha le sable d'un coup et je relevai la tête vers son visage dont sa mâchoire se crispait.

— Il y avait un élève en particulier qui était leur tête de turc cette année-là. C'était le genre de cible facile. Un pauvre garçon, complexé, portant d'énormes lunettes, naïf, gentil mais stupide, incapable de répondre, de se défendre, facilement manipulable. C'était presque un cliché de s'en prendre à un type comme lui. Les gars s'amusaient à le martyriser, parce qu'il était « bizarre ».

Je me tendis d'un coup, mes bras serrés sur mes genoux, sur lesquels j'avais posé ma tête, m'en tombèrent et je relevai mon visage vers l'horizon.

— Il était bizarre, il était en dehors de la norme instaurée par notre école, il était boursier, bon élève du coup et rejeté des autres. Les lycées privés sont abominables pour ça, il fallait forcément qu'on stigmatise les boursiers.

Jungkook mit un temps avant de reprendre son histoire et je sentais mon ventre se comprimer quant à la suite.

— Je n'ai jamais touché à ce type, mais j'étais dans le groupe, je ne prenais pas part mais je ne le défendais pas non plus, je les laissais faire, me cachant derrière un masque froid et arrogant pour paraître intouchable. Parfois je l'insultais avec les autres. C'était minable de ma part. Ça a duré un long moment, ce n'était pas tous les jours, mais une fois par semaine ce pauvre gosse en prenait pour son grade devant tout le monde.

Cette fois j'entendis l'émotion distinctement dans ses mots :

— Puis le divorce a été validé et ma mère a définitivement emménagé à Séoul, elle avait trouvé une maison, un nouveau poste et m'a demandé ce que je voulais faire. Mais moi, je ne savais pas quoi faire... Je ne voulais pas que mon père me déteste, je voulais qu'il m'aime autant que Jungsin alors j'ai refusé d'y aller. Et puis... et puis...

Cette fois-ci il se tendit et ma main se posa d'elle-même sur les siennes.

— Et puis, ce mec s'est suicidé.

Mon cœur rata un battement alors que les larmes se remettaient à couler sur les joues de Jungkook.

— Il a sauté du toit de l'école, de toute façon il avait ingurgité tellement de médocs avant que si sa chute n'avait pas été fatale, il serait mort empoisonné. Il a sauté pendant que tout le monde était en classe. On l'a tous vu. Mais le pire, c'est qu'il a laissé une lettre où il racontait tout ce qu'on lui faisait subir, nommant chaque personne qui était responsable de sa mort.

Je me tournai complètement, soudainement paniqué, et Jungkook s'arracha la vérité dans un souffle :

— J'étais nommé dans cette lettre.

Son visage plongea dans ses mains, rejetant la mienne et il trembla un moment avant de reprendre son histoire :

— Ce gamin, son père le battait chez lui, et nous, les connards du lycée, on le martyrisait. Il avait déjà essayé de se tuer avant, de porter plainte contre nous mais personne de l'établissement, ni même les profs ou le directeur n'avaient daigné l'écouter. On était des fils de riches, influents, nos parents payaient l'école et contribuaient à sa réputation. Il n'avait aucune chance alors il s'est tué. Il avait quinze ans, tu imagines ? La police est venue faire une enquête et ce jour-là, j'ai vu toute la haine que me vouait mon père dans ses yeux.

"Il m'a regardé avec horreur parce qu'il avait honte, tu comprends. Pas que je sois responsable de la mort d'un autre gamin, non ça il s'en foutait, mais que je fasse de l'ombre à sa réputation de grand avocat de la ville, c'était impardonnable. L'affaire a été étouffée, aucun de nous n'a eu de représailles mais moi... moi je devais vivre avec cette idée que j'avais participé au suicide de ce mec. J'ai tout raconté à ma mère et elle était presque prête à revenir sur Busan. Mon père m'a reproché d'avoir sali sa réputation, il m'a fait culpabiliser. Ma mère est finalement descendue sur Busan pour me récupérer et ils ont eu la pire dispute de tous les temps. Au final mon père m'a autorisé à aller à Séoul mais m'a imposé de faire un lycée spécialisé dans le sport, comme gage de tout l'argent qu'il avait déboursé pour moi, pour m'assurer un futur non entaché par cette histoire... Je ne voulais pas que mon père me haïsse. Pas comme il détestait ma mère. Je ne savais pas quoi faire alors j'ai accepté. J'ai tenu notre accord, je suis parti à Séoul finir mon lycée et je n'ai fait que du sport, encore et encore... Au final j'aimais ça et c'était la seule chose qui faisait plaisir à mon père. La seule chose pour laquelle il avait l'air de s'intéresser un tant soit peu à moi."

Je restai silencieux alors qu'il continuait de sangloter, évitant mon regard.

— Jungkook...

Il secoua la tête avant de dire sans me laisser le temps de parler :

— Tu sais hyung, quand je t'ai rencontré j'ai pensé que tu lui ressemblais, à ce type...

J'eus un sursaut et Jungkook se mordit la lèvre, tremblant.

— Je me suis dit que la vie me mettait à l'épreuve et qu'on m'envoyait quelqu'un pour me faire pardonner...

— C'est pour ça que tu as autant insisté pour devenir mon ami ?

— Oui.

Il y eut un silence jusqu'à ce qu'il tente un coup d'œil :

— Hyung, si tu ne veux plus de moi je...

— Qu'est-ce que tu racontes ?

Il sursauta, surpris, et je soupirai :

— Je ne dis pas que tu n'as rien fait de mal, non plus. Mais même si tu as fait des erreurs, pourquoi une seule erreur devrait te définir en tant que personne ?

Ses yeux rencontrèrent enfin les miens :

— Je pense qu'une personne qui décide de se suicider fait un choix. Un choix désespéré certes, mais même les personnes aimées et entourées se suicident, on ne peut pas toujours l'empêcher. Dans ton cas, c'est un acte de vengeance. A quoi bon se venger si en étant mort il ne peut pas profiter ? Peut-être que la vraie vengeance aurait été de vivre et de prouver à tous ceux qui lui ont fait du tort, qu'ils s'étaient trompés ?

Je me tournai vers la mer :

— Moi aussi j'ai voulu mourir, plus d'une fois, mais ça reste une solution définitive pour des problèmes qui sont temporaires, c'est ce que le psychiatre m'avait dit et ça m'avait fait réfléchir. Je crois que personne ne veut vraiment mourir, mais en se donnant la mort on pense trouver une solution, on croit que ça résoudra tous nos problèmes et qu'on se réveillera et que tous nos malheurs auront disparu. Mais en se suicidant on ne se réveille pas, jamais. Une personne qui choisit de mourir est perdue, dans le noir, incapable de voir une solution, ni d'écouter ce qu'on lui dit. Tout devient si négatif, si sombre et même les bonnes choses ne sont vues que sous cet angle. J'étais ce genre de personnes mais après un long travail avec le psychiatre, j'ai réussi à me raccrocher à la vie, à construire un monde pour moi, avec moi, pour que ce soit moins pénible. Ce n'est pas facile, pas du tout même, mais je ne veux plus mourir. Et puis si j'étais mort je n'aurais pas pu vivre ce que je vis ces derniers mois et maintenant, je sais que ça valait la peine de survivre. Tu dois accepter ce qui est arrivé, apprendre, prendre du recul et avancer. Te morfondre pour lui ne le fera pas revenir et il t'entendra encore moins maintenant qu'il n'est plus là.

— Hyung...

— Mais ton père n'a pas à utiliser cette histoire contre toi. Tu es toi, Jungkook, tu devrais être ce que tu as envie d'être. Crois-tu que si tu devenais comme Jungsin, les choses changeraient entre ton père et toi ?

Il baissa la tête et la secoua :

— Non, je ne crois pas. Ce ne sera jamais suffisamment bien, pour lui.

— Alors ne perds pas ton temps, non ?

Jungkook s'arracha un sourire avant de se remordre la lèvre :

— Oui, tu as sûrement raison... mais c'est tellement difficile.

— Je m'en doute.

— Mer...merci hyung. Merci d'être là.

On resta silencieux un moment, perdus dans nos pensées, les yeux face à l'océan avant que Jungkook ne souffle :

— Tu ne m'en veux pas ? Je veux dire... de t'avoir utilisé au début de notre amitié...

— Utilisé ?

— Je... je n'étais pas très honnête, parce que tu étais « bizarre » à ton tour je... je me suis dit que si je devenais ami avec toi et que je te protégeais, que je t'évitais des problèmes, alors je serais pardonné...

— Et ?

— Et, poursuivit Jungkook en soupirant, et ça n'a pas marché... J'ai compris assez vite que tu n'étais pas comme lui...mais avant de revenir en arrière je me suis rendu compte que je m'étais attaché à toi.

J'eus un rapide sourire avant de me racler la gorge :

— Je ne t'en veux pas...

— Merci hyung.

— Ne me remercie pas trop vite...

— Pourquoi ? S'étonna-t-il.

— Il se peut que moi non plus, je n'ai pas été honnête avec toi au début de notre amitié...

Jungkook se redressa, surpris.

— Ah bon ? Comment ça ?

L'heure était venue et je me triturai les doigts, nerveusement.

— Tu ne t'ai pas demandé pourquoi j'étais aussi froid et distant au début, pourquoi je ne voulais pas que tu t'approches de moi ?

— Si... mais j'ai mis ça sur le compte que tu ne m'aimais pas et que tu étais un solitaire...

— Oui et non. C'est en partie vrai...

— Qu'est ce qui était faux alors ? Demanda le gamin.

— Je te stalkais.

Les yeux de Jungkook s'ouvrirent et son corps entier se tourna vers moi, choqué.

— Pardon ? Tu... quoi ?

Ma gorge libéra de l'air et je balançai avec une rapidité angoissante :

— Je ne te stalkais pas, je t'observais de mon appartement, un peu tout le temps, tu étais comme un épisode de drama, je te voyais dans tout ce que tu faisais, à des heures précises, je te connaissais, je savais tout et c'est comme ça que j'ai su pour le cambriolage et j'avais peur que tu le découvres alors je...

— Ouh là, stop, hyung, tu parles trop vite.

Je m'arrêtai, le rouge me montant aux joues et le visage confus de Jungkook se fondit dans un sourire un peu moqueur :

— Attends... toi... tu me stalkais ?

Il rigola et je le fixai, sidéré :

— Ne rigole pas ce n'est pas drôle !

— J'essaye de t'imaginer et je n'y arrive pas, se moqua-t-il.

— Je n'étais pas un stalker, seulement... un voyeur.

— Un voyeur ? Oh avec les jumelles et tout ! Comme dans les dramas et les types qui observent les femmes dans les bains publics ?

Il se marrait comme une baleine, l'imbécile.

— J'essaye de te confier le secret le plus honteux de ma vie et tu rigoles ! M'écriai-je.

— Pardon, pardon...

Mais il se remit à rigoler nerveusement.

— Tu ne devrais pas rire, fis-je sombrement, je te rappelle que tu ne fermes jamais les rideaux de chez toi, donc imagine un peu tout ce que j'ai pu voir...

Cette fois son rire s'étrangla et il ouvrit la bouche avant de la refermer :

— Attends... attends. Ça m'arrive de les fermer.

— Jamais.

— Si...

— Non. Jamais.

Il fronça les sourcils :

—T u n'étais quand même pas tout le temps collé à ta fenêtre à m'observer quand même ?

Mon silence fut équivoque et il écarquilla les yeux :

— Oh mon dieu. Ma vie t'intéressait tant que ça ?

— Ça égayait mon quotidien, me défendis-je sans trop comprendre pourquoi sa réaction m'irritait.

— Ça égayait ton quotidien ? Répéta-t-il avec ce foutu sourire.

— Oui, comme un épisode de drama, ta vie était tellement clichée, remplie, amusante que je l'observais, protégé dans mon appartement.

Jungkook fronça les sourcils avant de dire :

— Tu connaissais tout de moi alors, même les filles avec qui je couchais ?

— Ferme tes rideaux aussi !

Cette fois-ci il se remit à rire avant de dire :

— Oh, je comprends pourquoi tu n'arrivais pas à me regarder dans les yeux les premières fois où on s'est parlé.

— Je m'en voulais !

— Et moi qui trouvais ça mignon... Oh.

— Oh, quoi ?

—Tu m'as bien eu en fait, ironisa-t-il. A tous les coups tu m'aimes depuis toujours, depuis que tu m'observes, et tu as fait le mec inaccessible pour que je tombe dans tes filets et...

— Arrête ton char ! M'écriai-je en lui balançant du sable.

Il se mit à rire comme un bienheureux :

— Ça fait trop drama !

Mais après un silence il se mit à sourire :

— On fait une drôle d'équipe quand même.

— Tu l'as dit.

Son sourire me réchauffa le cœur et je demandai, la gorge sèche :

— Tu ne me trouves pas horrible... d'avoir été ton voyeur ?

— Non...non pas vraiment, avoua-t-il. Te connaissant ça devait être assez innocent comme observation, tu es loin d'être un pervers hyung. Et puis...

Il souffla :

— ... Et puis, c'est plutôt à moi de te demander si tu ne me trouves pas horrible.

— À cause de cette histoire dans ton lycée ?

— Oui....

— Je ne te trouve pas horrible, Jungkook. Je n'ai jamais pensé ça de toi et je ne le penserai jamais.

On resta silencieux l'un en face de l'autre jusqu'à ce qu'il se penche un peu et que je me rapproche pour l'embrasser délicatement.

— On ne peut plus dormir chez ton père, hein..., soufflai-je après un moment.

— Si... De toute façon il part tôt demain matin et comme je t'ai dit, il ne vérifie jamais les chambres. Si on cache nos chaussures, il ne saura même pas qu'on est là.

— Je me vois mal revenir chez lui, après ce que j'ai dit.

Jungkook soupira :

— Mon père ne se remettra pas en question malgré ce que tu lui as dit. Même si tu as raison.

— Je préfère encore dormir dehors...plutôt que de revenir chez lui en rampant, m'agaçai-je.

Jungkook ne répondit pas et je me laissai tomber, dos dans le sable.

— Tu aimes vraiment faire du sport ou tu souhaiterais faire autre chose ?

— Je voulais être chanteur, me confia-t-il, j'aimais chanter. C'est un hobby maintenant mais j'aime vraiment faire du sport, j'en suis devenu accro avec le temps...

— Quel sport tu aimerais vraiment faire, alors ?

Il s'allongea à côté de moi avant de souffler :

— Baseball.

— Joue au baseball alors.

— Facile à dire...

— Pourquoi facile à dire ?

— Parce que mon père hait le baseball...

— Et alors ?

— Il n'acceptera jamais.

— Alors deviens le meilleur joueur de baseball de Corée du Sud, il n'aura pas le choix.

Jungkook se mit légèrement à rire.

— Moi, je crois en toi, peu importe le sport que tu choisiras.

Il bascula presque sur moi, son visage se rapprocha.

— Hyung, tu dois être l'une des meilleures choses qui me soit arrivée, tu sais.

Je me mis à sourire :

— Peut-être bien que toi aussi.

— On a l'air niais à dire des trucs comme ça, hein ?

— Complètement.

On se mit à rire comme des imbéciles avant de s'embrasser. Nos corps se rapprochant, nos mains s'accrochaient, nos lèvres dansant les unes avec les autres. On roula dans le sable.

Mais on se garda dans les bras l'un de l'autre, se serrant fort comme si on avait peur de disparaître.

On parla longtemps ainsi, de choses qu'on avait déjà dites juste avant, d'autres choses. Mon cœur s'apaisa, mon angoisse disparaissant au fur et à mesure de mes mots, des siens.

Quand le jour pointa son nez, alors qu'on sommeillait, bâillant et papillonnant des yeux pour regarder le soleil se lever, j'avais la sensation d'être encore plus lié à lui.

Mélangé à lui.

Comme si je lui avais donné toutes les rênes de ma vie.

Mais la chaleur dans ma poitrine me donnait cette impression que c'était aussi ce qu'il m'avait fait. Ce qu'il m'avait donné. Et là, sur cette plage, dans les heures les plus matinales de cette journée du mois de juillet, sous cette mousson désagréable, je savais ce que je ressentais.

Pour la première fois, tout me paraissait clair et limpide.

Il souriait, sortant son téléphone, les cheveux en vrac pleins de sable, la mine fatiguée mais éblouissante. Sa bouille de gamin, sa mâchoire d'homme, son grain de beauté, sa peau mordorée par le soleil, les muscles de ses bras visibles sous son tee-shirt blanc.

Je l'aimais.

Et j'allais l'aimer le reste de mon existence.

Je le savais.

Je ne savais pas comment.

Mais je le savais.

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