Chapitre 3
Eden avait laissé de coté le confort et le dynamisme d'Ottawa pour se consacrer aux routes périlleuses menant aux États Unis. Les longues nuits qu'il avait passé sans dormir lui avaient servi à articuler une machine industrielle cérébrale qui par un audacieux système mécanique concluait chaque nouvelle pensée, chaque nouvelle idée par le même résultat : il voulais quitter Ottawa.
Sa répulsion envers ses congénères grandissante le poussait à trouver un moyen de s'échapper, de trouver une alternative au train de vie miséreux qu'il suivait depuis bon nombres de mois. Au fil du temps, ses pensée s'obscurcissaient, son énergie vitale diminuait de part son alimentation insuffisante de sucre et de protéines, se contentant de légumes riches en eau qui arrivaient à rassasier son faible appétit.
Le plafond de son appartement qu'il fixait du regard des heures durant lorsque les bras de Morphée le repoussaient lui devenait insupportable tout comme chaque élément de son lieu de vie. Il se décida à réellement quitter Ottawa lors d'une journée de grève générale où les trams et l'université étaient bloqués par des mouvement socialistes violents qui visaient à faire peur aux classes supérieure et à montrer la force des classes populaires du Canada. Eden était fatigué de cette recherche perpétuelle du conflit entre les hommes qui prenait source dans l'inconsidération des plus faibles et la jalousie.
Eden décida de partir avec le strict minimum : un couteau, un paquet d'allumettes et des accessoires permettant d'allumer un feu, quelques dollars, des conserves pour survivre et beaucoup d'appréhension.
Il prit un premier train traversant la frontière des États Unis pour se rendre dans l'état de New York, puis un second pour l'Arizona. Sa fuite perpétuelle de l'homme moderne le conduisait vers le remède à ses allergies anthropiques qui semblaient se situer dans les étendues morbides du Sonora.
Assis à même le sol sur le quai de la gare Benson et semblant ignorer les rayons ardents du soleil qui asséchaient chaque parcelles de son visage, Eden qui était jusqu'à présent seul aperçut un un homme qui s'avançait doucement vers lui. C'était un vagabond habillés de vieux vêtements déchirés et un chapeau noir poussiéreux dont les larges bords ne laissaient pas distinguer ses yeux. Arrivé à un mètre de Eden, il lui tendit un flacon de whisky que ce dernier attrapa et en bu quelque gorgées qui le firent grimacer.
"-Vagabond ? Demanda-t-il.
-Je dirais plutôt voyageur, le terme vagabond ne me plaît pas vraiment." Répondit l'homme avec un sourire qui laissait transparaître ses nombreuses dents cassées.
Il faisait tourner dans sa main droite une vieille montre à gousset dont le verre vieillit et irrité par le sable de ces régions avait fini par céder.
"-Je n't'effraie pas ? Continua-t-il avec le même rictus.
-Vous ne m'êtes pas très familier pour être honnête, rétorqua Eden qui n'avais jamais encore vu de son existence quelqu'un d'aussi peu soigné.
-Oh tu sais, ici tu es dans l'Arizona, personne n'est vraiment familier avec personne. C'est écris sur ton visage que t'es pas d'ici. Tu es sur la route de tous les dangers. Un homme seul comme toi ne fera pas long feu.
Le sourire provocateur du vagabond commençait à agacer Eden qui réfléchissait à un moyen de lui fausser compagnie.
-Mon but est de m'éloigner le plus possible de la civilisation, je ne cherche pas le danger imprudemment.
-Alors si tu comptes rester ici, attend toi à vivre ce qu'il y a de pire pour nous, les hommes civilisés.
-Qu'est ce qu'il y a de pire ?"
L'homme qui mesurait bien six pieds de long releva son chapeau et Eden pu enfin distinguer ses yeux noirs que le soleil de l'Arizona faisait rutiler.
"-Les Apaches, la région en est infesté. Ils sont plus vicieux que les financiers de Wall Street et plus cruels que la pire Canaille. Ici ils sont considérés comme une malédiction, un châtiment réservé aux pêcheurs".
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