Chapitre 1
Johnny n'était pas resté très longtemps, il avait donné à Doyoung les informations qu'il avait réussi à se procurer, à savoir un nom et une adresse, et l'avait mis en garde.
- Honnêtement, ça m’a pas l’air d’être une super idée d’aller voir ce gars… marmonna l’aîné tandis que le noiraud le raccompagnait vers la sortie.
- Johnny, j’ai besoin de savoir.
- Je sais mais… t’as pas idée des endroits dans lesquels j’ai dû aller trainer pour te trouver ces infos. Y’a quelque chose de pas net dans cette histoire, c’est moi qui te le dit.
- Merci pour tout Johnny, je vais me débrouiller à partir de maintenant.
- C’est pas la peine que j’essaye de te faire changer d’avis ? demanda ce dernier sur un ton teinté de tristesse.
- Hum, ça fait trop longtemps que je vis dans l’ignorance, j’ai besoin de savoir, j’en ai besoin pour avancer.
Johnny tapota affectueusement l’épaule de son ami, il lui avait bien proposé de l’accompagner, mais Doyoung avait refusé, c’était son histoire, c’était à lui de se débrouiller, seul.
Une fois seul dans son minuscule appartement, Doyoung récupéra le morceau de papier que le blond avait laissé sur la table. Un nom et une adresse, adresse qui se situait accessoirement à l'autre bout du pays, nul doute qu’une partie des maigres économies du jeune homme allait passer dans un billet de train, il se contenterait d’un aller simple, le retour serait pour quand il aurait obtenu les informations qu’il cherchait. Peut-être même qu’il n’aurait jamais besoin de rentrer, après tout s’il ne trouvait pas de réponse à ses questions là-bas, il ne voyait pas trop comment il pourrait continuer à vivre.
“Le voleur de souvenirs”...
Avec un sobriquet pareil, il allait sûrement pouvoir aider Doyoung à retrouver la mémoire…
Doyoung s’était réveillé un matin avec une étrange sensation, il n’avait aucun souvenir des trois derniers jours mais pas seulement, il avait aussi eu l’impression d’avoir oublié différents éléments de sa vie, des détails mais qui l’avaient tout de même perturbé. Ses amis lui avaient dit qu’il se faisait des idées, mais il était certain d’avoir raison. Est-ce qu’on l’avait hypnotisé ? Est-ce qu’on lui avait fait un lavage de cerveau ? Il n’en savait rien mais il avait besoin de se souvenir pour aller de l’avant. Comment était-il supposé avancer dans la vie sans connaître tous les détails de son passé ?
Déterminé, Doyoung sortit un grand sac de son placard et commença à y fourrer quelques vêtements et effets personnels, il ne savait pas combien de temps il allait rester loin de chez lui alors il en mit le plus possible.
C’était la fin d’après-midi, avec un peu de chance il allait pouvoir prendre un train de nuit et payer son billet un peu moins cher. Le noiraud sortit une enveloppe du fin fond de son armoire dans laquelle il conservait des économies, c’était bien plus sûr que de les mettre à la banque, de toute façon, la plupart des banques s’étaient cassées la figure une bonne dizaine d'années auparavant. La crise qui avait eu lieu en 2020 avait laissé le pays dans un état catastrophique, il était devenu difficile de trouver du travail, l’immobilier s’était effondré. Il n’y avait que les fans de films à la MadMax qui pouvaient s’estimer heureux de pouvoir vivre dans une société qui finirait un jour dans le même état que celle de leur héros. Le gouvernement essayait de redresser le pays mais ça n’était certainement pas le genre de chose qui se faisait en un jour, il y travaillait depuis deux ans déjà, les efforts étaient peu visibles pour le moment mais Doyoung se rassurait en se disant que dans tous les cas, ça ne pouvait pas être pire que la situation actuelle et il essayait de se convaincre que les choses finiraient par s’arranger avec le temps.
Il quitta son appartement et ferma la porte à clé sans grande conviction et passa son gros sac sur son épaule avant de prendre les escaliers, l’ascenseur était hors service depuis quatre ans maintenant. Il sortit de l’immeuble et se dirigea vers la gare qui se trouvait à une bonne dizaine de minutes de marche, il n’allait pas se payer le luxe de prendre un taxi.
Le billet de train s'avéra moins cher que prévu et il put donc s’offrir un sandwich pour le trajet. Il monta dans le wagon le moins encombré -ce qui ne fut pas difficile- et s’installa contre une fenêtre pour observer le paysage. Il en avait pour presque quatre heures de voyage -si tout allait bien et que des attentats ne ralentissaient pas le trafic- et il soupira en fermant les yeux. Inconsciemment, il dirigea sa main vers la poche de son pantalon dans laquelle il avait plié le précieux morceau de papier. Une fois à l’autre bout du pays il n’aurait plus qu’à trouver l’adresse indiquée en espérant que ça ne soit pas trop compliqué.
“Le voleur de souvenirs”...
Il espérait vraiment que ce type allait pouvoir l’aider, qu’il allait accepter de l’aider. Doyoung n’avait pas grand-chose à lui proposer en échange alors si cet homme pouvait s’avérer particulièrement altruiste ça pourrait beaucoup l’arranger.
Le paysage était changeant, la ville disparaissait pour faire place à la campagne, puis à une autre ville, le train s’éloignait de la côte pour rejoindre l’opposée. Peut-être que la vie était moins difficile à l’autre bout du pays, peut-être que la vie y était meilleure…
Le noiraud réussit à dormir presque durant toute la durée du trajet, les journées à attendre des nouvelles de Johnny l’avaient épuisé et il se sentait plus paisible même s’il n’avait aucune idée de ce que la suite des événements allait donner.
Terminus, tout le monde descend.
Doyoung remit son gros sac sur son épaule et sortit du train, il se stoppa sur le quai et regarda autour de lui. Pas si différent de chez lui finalement, à part les couleurs… Contrairement aux bâtiments aux teintes rouillées de chez lui, ici c’était plutôt gris, le ciel était couvert et il faisait nuit noire. La lumière artificielle des lampadaires donnait aux rues une ambiance sordide, digne des thrillers les plus connus. Si quelqu’un lui sautait dessus depuis l’obscurité d’une ruelle, le noiraud n’en aurait été qu’à moitié étonné.
Il sortit le morceau de papier de sa poche et le consulta, l’adresse ne lui disait rien, en même temps il ne connaissait pas du tout la ville. Il se dirigea vers le centre de la gare, désert, pas âme qui vive qui pouvait l’orienter. Et puis un veilleur de nuit attira son attention depuis l’entrée du bâtiment.
- Bonsoir, le salua Doyoung d’une voix calme, est-ce que vous pourriez m’indiquer comment me rendre à cette adresse ?
Il tendit la feuille à l’homme en uniforme qui la consulta en l’éloignant de son visage, il devait avoir besoin de lunettes pour lire, ou alors Johnny écrivait particulièrement mal.
- C’est pas la porte à côté, lui dit le cinquantenaire en lui rendant son précieux papier, c’est à l’autre bout de la ville… En métro ça devrait prendre une demi-heure, avec un peu de chance tu n’as pas loupé le dernier.
Il lui donna le nom de l’arrêt auquel descendre et le nom d’un bâtiment qui devait se trouver à proximité de sa destination, heureusement pour lui, l’homme semblait connaître la ville comme sa poche.
Doyoung le remercia avant de sortir pour se diriger vers la station de métro la plus proche. Le métro de nuit… c’était peut-être encore plus angoissant que les ruelles… Il n’y avait pas grand monde et le noiraud profita du trajet pour réfléchir à ce qu’il allait bien pouvoir dire une fois face au voleur de souvenirs…
Il s’imaginait un vieillard, ou une espèce de mafieux dans le style du Parrain de Coppola, ou peut-être une sorte de magicien… Ou un savant fou peut-être ? Dans d’autres circonstances, Doyoung aurait pu en rire, mais la situation était sérieuse et ses attentes grandes…
À sa grande surprise, il trouva plutôt facilement le bâtiment indiqué sur le morceau de papier, il s’agissait d’un immeuble au style ancien, pas très haut, quatre ou cinq étages à tout casser, plutôt large, l’équivalent de deux fois celui dans lequel vivait Doyoung, et il tranchait un peu avec le quartier. La façade était noire et grise, les fenêtres en arc et le noiraud commençait à se demander s’il n’avait pas été téléporté dans un autre pays ou dans un autre monde.
Il monta les quelques marches jusqu’au perron, il n’y avait que quatre noms sur la porte qui s’avéra être ouverte. Doyoung entra, comment savoir à quel étage il devait se rendre ? Il parcourut le hall du regard, étrange, de la moquette noire et un tapis rouge couvraient le sol, un grand escalier en plein milieu semblait mener aux étages supérieurs. Quatre boîtes aux lettres au mur portaient les numéros des étages et le jeune homme s’en approcha.
Le quatrième étage, c’était là où il devait se rendre. Il monta lentement les escaliers bien qu’il était particulièrement impatient de rencontrer l’homme mystérieux. Les paliers étaient tous similaires, sombres, anciens, comme s’il se trouvait dans une maison du 19ème siècle.
Il arriva au quatrième et dernier étage sans vraiment s’en rendre compte et se stoppa devant la porte, il déposa son sac au sol et reprit son souffle. Une petite plaque dorée sur le mur lui confirma qu’il était au bon endroit.
En lettres calligraphiées, un nom était écrit :
“Jaehyun”
le fameux voleur de souvenirs...
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