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Le vide entre les vagues

[Je n'avais jamais écrit avec un personnage principal d'âge mur. D'habitude, mes persos sont de jeunes adultes... Je voulais raconter l'histoire de cette femme, qui a besoin d'aimer, très fort, et qui a l'impression que la vie se referme sur elle, noire. Je voulais raconter l'histoire de cette femme qui ne voit plus que le vide entre les vagues.

J'espère qu'elle vous plaira. xx]






C'est une femme, qui, lentement, monte jusqu'au sommet de la dune blanche. Tout autour d'elle, un ciel qui tombe, s'affaisse au milieu de la chaleur accumulée de la journée. Une pluie d'étoiles, presque transparentes encore au milieu des nuages et sur son visage des tâches de rousseur, brunes.

Elle porte un pantalon fluide noir, une chemise de la même couleur. Elle a ôté ses escarpins pour marcher dans le sable. Elle regarde ses pieds en marchant, elle ne pense à rien d'autre que ça, avancer sans s'arrêter, jusqu'au sommet. Autour d'elle, les joncs verts dansent lentement entre les mains du crépuscule, mais elle ne les voit pas. Elle ne voit rien.

Au sommet de la dune, elle s'immobilise. Son pantalon fluide est secoué par le vent qui monte des vagues. Elle plisse un peu les yeux. La plage est blanche dans le début de la nuit, la mer énorme gronde, sombre. Au milieu du sable, elle aperçoit deux formes qui bougent, déplient ce qui lui semble être des sacs de couchage. Elle se pince un peu les lèvres. Son corps hésite à présent. Redescendre, revenir un autre soir quand il n'y aura personne ? Ou y aller quand même, quitte à marcher plus loin, le long de l'océan, là où le sable est mouillé et dur ?

Le vent la pousse vers l'avant. Elle se laisse aller, dévale la dune.

C'est une femme, d'environ cinquante ans. Elle est encore belle. Elle le sait. Quand elle passe devant un homme, il se retourne. Immanquablement. Elle a les cheveux qui tendent vers le gris, mais elle les teint en roux depuis quelques mois. C'était la couleur de ses cheveux avant, avant la vieillesse qui a creusé des rides minuscules autour de ses yeux cendres. Elle n'aime plus son corps nu dans le reflet du miroir. Elle est triste. Elle l'a toujours été, au fond d'elle, très profondément. Maintenant sa bouche le dit, je suis triste. Elle ignore pourquoi. Elle n'arrive plus à s'en empêcher. Depuis huit mois maintenant, son mari ne la touche plus. Elle se caresse seule, parfois. Elle a honte.

Elle s'arrête en bas de la dune. A nouveau, elle regarde longtemps devant elle, se laisse engloutir par le vent lourd. Les adolescents, à quelques mètres d'elle, sont en train d'essayer d'allumer un feu. Ils semblent rire. Elle tourne la tête. A droite, il y a une espèce de cabane en bois. Un homme est en train de balayer devant le ponton en bois. C'est le bar de la plage. Elle se souvient y avoir acheté des paninis l'année dernière, pour elle et Pierre. Il avait dit qu'il y avait trop de mayonnaise. Elle décide de marcher dans cette direction. Ses pieds s'enfoncent dans le sable mou. Ses cheveux se défont lentement.

Une fois, au bureau, elle a couché avec Sarah, sa secrétaire. Sarah a les yeux bruns et des cils longs, qu'elle maquille trop. Sarah lui a dit qu'elle avait envie d'elle. C'était le soir. Elles ont bu un peu pour fêter un contrat. Il n'y avait personne. Sarah l'a embrassé en collant sa poitrine à la sienne. Puis elle a mis sa main sous sa robe. Depuis deux mois son mari ne la touchait plus, elle a eu un orgasme. Elle a eu très honte. Puis elle a découvert que son mari la trompait, et elle n'a plus eu honte de rien. Elle a encore couché avec Sarah. Plusieurs fois. Puis Sarah est partie, embauchée ailleurs. Elle n'a pas donné de nouvelles.

Il y a de la musique. Du blues. Une voix lancinante sur un piano. Elle n'y connait rien en musique. Elle monte sur le ponton, s'assoit sur une chaise rouge en plastique. Elle se penche pour s'essuyer les pieds. Ils sont pleins de sable. Elle remet ses escarpins. Elle ne sait pas trop pourquoi, mais sans eux elle se sent démunie.

L'homme qui balayait ressort de la cabane. Il est un peu plus vieux qu'elle, des cheveux gris épais et bouclés. Un regard sec et noir, une peau tannée. Il ressemble à un marin, avec des doigts forts et un ancre marine tatouée sur le poignet.

Il lui demande si elle cherche quelque chose. Elle dit qu'elle ne sait pas. Il lui propose de lui servir à manger, ou à boire. Elle hésite un peu. Il dit qu'il va boire avec elle. Elle accepte. La mer est épaisse et noire à l'horizon, seules les vagues glissent et se fendent en une mousse blanche à intervalle irrégulier. Elle ferme un instant les yeux, pour écouter le bruit du vent et celui de l'eau qui bouillonne. Quand elle les ouvre à nouveau, l'homme est en train de tirer une chaise. Il s'installe près d'elle, une bouteille de rosé à la main. Il pose deux verres en plastique sur la table, et s'excuse parce qu'il n'a que ça. Elle rit un peu.

En septembre, sa fille est partie en Australie. Avec un garçon qu'elle ne connaît pas. Elle l'appelle sur Skype parfois, mais la connexion se brouille régulièrement. Sa fille est un tas de pixels qu'elle ne reconnaît pas. Sa fille ne sait pas que son père est un salaud. C'est avec la voisine qu'il couche. La voisine a une trentaine d'années. Son mari est riche. La voisine a une petite poitrine, elle l'a vu au bord de la piscine. La voisine a un chien. C'est un caniche. Le caniche de la voisine fait toujours la fête à son mari lorsqu'il le voit rentrer du travail. Son mari prend un air gêné et il dit qu'il ne comprend pas pourquoi le chien l'aime à ce point.

Elle ment, en regardant l'homme dans les yeux. Elle lui dit qu'elle est venue pour le week-end, qu'elle a pris une chambre dans un hôtel du coin. Elle lui dit qu'elle fait souvent de l'insomnie et qu'elle a eu l'idée de venir voir la mer de nuit. L'homme hoche la tête. Il s'appelle Tom. Il a repris la bar de la plage il y a quelques années, parce qu'il a du vendre son bateau de pêche. Faillite. Elle lui dit qu'elle est désolée pour lui. Il rit un peu, hausse les épaules. Il dit que ce n'est pas grave, qu'il a un voilier. Il va sur la mer souvent. Et puis il continue d'aider des potes sur le marché. Il ramasse des coquillages le dimanche, il pêche aussi. Il dit, dans mes veines c'est l'océan qui coule. Elle le croit.

Un jour, elle est rentrée plus tôt du travail. Elle a surpris son mari avec la voisine, dans leur chambre. Son mari ne l'a pas vu. Elle n'a jamais rien dit. Elle s'est contentée de changer les draps. Le soir, son mari a ouvert une bouteille de champagne. Il l'a regardé et il a dit, avec un sourire chaleureux, à notre amour. Elle a bu presque toute la bouteille. Le lendemain, elle l'a invité pour un week-end à la mer. Il n'avait pas l'air emballé. Elle non plus ne l'était pas. La veille du départ, elle a pretexté être malade et n'a pas voulu l'accompagner. Elle lui a dit d'y aller tout seul, que ce n'était pas grave, que ça lui ferait des vacances. Il est parti. La voisine n'a pas été là du week-end. Elle a passé deux jours enfermée dans sa maison. Elle a bu. Elle a regardé un film porno. Elle a trouvé ça horrible. Elle s'est masturbée dans son lit, en imaginant les doigts de Sarah. Elle a pleuré. Elle a regardé des albums photos de vacances, elle a jeté celui de son mariage et jeté sa bague dans les toilettes. Quand son mari est rentré, elle l'a embrassé. Puis, quelques jours plus tard, elle a dit : au fait, j'ai perdu mon alliance. Son mari a dit que c'était dommage vu le prix du diamant, puis ils n'en n'ont plus reparlé.

Ils boivent en silence, enveloppés dans le bruit de la mer. Elle regarde Tom du coin de l'oeil. Elle le trouve beau. Son visage est ridé, traversé par le temps, par les vagues, le vent. Il a une bague au doigt. Elle lui demande s'il est marié. Il dit que sa femme est morte il y a quelques années, qu'il n'y a eu personne d'autre depuis. Elle ment encore, elle dit, je suis divorcée. A quelques mètres sur la plage, les deux adolescents ont allumé leur feu. Les flammes ne montent pas très haut, elles dansent, rouges jaunes et blanches. Tom secoue la tête, un petit sourire aux lèvres. Il explique que ces deux gosses viennent presque tous les soirs dormir dans le sable, qu'ils sont là le matin aussi, le visage recouvert par les embruns. Il dit qu'ils dorment dans le même sac de couchage, blottis l'un contre l'autre. Tom les réveille vers six heures lorsqu'il vient ouvrir la boutique. Ils se baignent nus dans l'océan et l'aube, puis ils repartent en emportant leurs sacs de couchage. Il ne les voit jamais sur la plage pendant l'après-midi. Elle se resserre un verre, fixe les ombres des garçons. Elle demande si ce n'est pas interdit, d'allumer un feu sur la plage comme ça. Tom hausse les épaules. Il a l'air de s'en foutre. Elle s'enfonce un peu plus dans sa chaise en plastique et dans la chaleur langoureuse de l'alcool sur sa langue.

Elle a rencontré Pierre il y a trente ans, après la fac. Ils se sont mariés très vite. Pierre est riche. Il est banquier. Elle ne manque jamais de rien. Quand elle était petite, elle vivait à la campagne. Elle adorait courir pieds nus. Elle ne se coiffait jamais. Elle avait des rires simples. Ses amis pêchaient les têtards avec elle dans les flaques après l'orage. Elle ne se souvient plus de ce temps facile. Maintenant elle s'englue dans un monde où il faut faire semblant, porter des robes chères fabriquées par des enfants en Chine, conduire une BMW en écoutant France Culture et mettre ses enfants en école privée. Maintenant Pierre la trompe, elle est toujours belle mais plus personne ne désire son corps dans la douceur de l'amour.

Ils parlent longtemps. Tom lui explique comment vider un poisson. Il lui parle d'une tempête en mer, une nuit où il a cru mourir. Il lui parle de son grand-père qui était gardin de phare et qui est mort là-bas, en haut de sa tour. Il raconte des anecdotes de marin. Il a vu tant de choses au milieu du vide de l'océan. Elle se sent terriblement fade lorsqu'il lui demande ce qu'elle fait dans la vie et qu'elle doit répondre qu'elle travaillait dans une agence de publicité. Elle lui explique un peu en quoi consistait son travail, Tom écoute. Il est réellement attentif. Il pose des questions. Y répondre l'ennui. Elle ne veut pas vraiment en parler. Elle finit par dire, je détestais mon travail. D'une voix lasse. Tom dit que ça se voit. Elle se met à rire. Un rire un peu hystérique, qui finit en crise de larmes. Ses épaules se secouent. Elle ne sait plus si elle a mal au cœur ou au corps entier. Tom se penche, il pose sa grande main rassurante sur sa cuisse. Il dit que ça va aller. Elle le regarde, son mascara a un peu coulé sur ses joues, elle dit, vous auriez envie, vous, de moi ? Tom dit que oui, qu'elle est très belle. Mais qu'il n'est pas un homme comme ça. Elle pleure encore. Il lui sert un verre. Il lui met entre les mains. Elle boit.

Quand Sarah lui annonce qu'elle va quitter l'entreprise, elle a envie de lui jeter tout ce qu'il se trouve sur son bureau à la figure. Mais Sarah a l'air réellement heureuse. Et ce n'était pas sérieux, comme histoire. Alors elle sourit, et elle dit qu'elle est contente pour elle. A sa pause déjeuner, elle s'enferme dans son bureau et baisse les stores qui donnent sur le couloir. Elle se déshabille, méthodiquement. Elle pose ses habits partout dans la pièce. Elle s'allonge sur la moquette grise. Elle résiste à l'envie terriblement absurde de sortir comme ça dans les couloirs puis dans la rue. Elle se dit qu'elle est folle. C'est la première fois que cela lui vient à l'esprit. Elle se dit qu'elle n'a pas peur d'être folle, de le devenir, de l'avoir toujours été peut-être. Elle pense à son mari qui pense sûrement à la voisine. Elle pense à son mari et elle le déteste. Elle voudrait le voir mort. Elle voudrait que la voisine meurt aussi. Elle le pense si fort qu'elle l'écrit sous son bureau, au stylo noir. Ensuite elle se rhabille. L'après-midi, elle rencontre des clients. Elle leur sourit. Ils ne savent pas qu'elle est folle, qu'elle aime cette folie. Ils ne savent pas qu'elle veut la mort de deux êtres humains. Ils ne savent pas qu'elle a fait jouir une femme sur la chaise même où ils sont assis. Elle se sent terriblement heureuse.

La nuit est totalement tombée sur l'océan. La plage est grise. Le sable chaud de l'après-midi devient froid. La bouteille est vide sur la table. Elle a trop pleuré. Tom est un peu gêné. Elle s'excuse. Il dit que ce n'est rien, que ça arrive à tout le monde. Elle se relève. Un peu chancellante sur ses escarpins. Tom a l'air inquiet. Il demande si elle compte rentrer en voiture. Elle dit qu'elle va marcher le long de la plage, pour se remettre les idées en place, et qu'elle dormira dans la BM. Il y a un bon chauffage, quand même. Il hoche la tête. Il dit qu'il va rentrer chez lui, mais que si elle a besoin de quoi que ce soit elle peut toujours venir le voir. Il lui note son adresse sur un bout de papier. Elle le remercie. Il ferme la porte du bar de la plage et descend les marches. Elle descend après lui, plus lentement. Il se retourne, sourit un peu, dit qu'elle ferait mieux d'enlever ses chaussures pour marcher dans le sable. Elle rit. Elle les enlève et puis les lui les tend. Elle dit, mettez-les à la poubelle. Tom hoche la tête. Il prend les chaussures, lui souhaite une bonne nuit. Puis il va monter la dune qui semble gigantesque sous le ciel noir. Elle le voit jeter les chaussures dans les poubelles en plastique. Sa silhouette disparaît peu à peu.

Elle est en dépression. C'est son médecin qui le lui a dit. Il lui a donné des médicaments à avaler tous les soirs et l'adresse d'un psy. Elle a tout jeté à la poubelle en rentrant chez elle. Son mari ne sait pas. Elle prend des bains bouillants en rentrant du travail, et elle se fait des masques à la noix de coco. Elle s'invente des amant.e.s qui la trouve séduisante. Elle se fait belle pour eux. Elle va à la salle de sport, se teint les cheveux. Son mari ne la regarde plus. Elle se balade nue dans la maison. Il lui dit qu'elle a les seins qui commencent à tomber.

Elle se met à marcher le long de la plage. Des vagues gelées viennent lui lécher les pieds. Elle fixe le point rouge du feu que les deux garçons ont allumé. Elle ne voit plus leurs silhouettes, elle s'approche. A quelques mètres, elle les aperçoit emmêlés dans l'un des deux sacs de couchage. La lumière douce des flammes éclairent un visage. Elle s'arrête. Ils font l'amour. Enlacés l'un en l'autre, les mains qui s'enfoncent dans la peau du dos, un pendentif qui se balance entre leurs deux corps, les yeux dans les yeux. Des gémissements qui ne se cachent pas, qui se disent tout. Les corps lents, moites, le feu l'amour. Elle regarde. Elle n'arrive pas à détourner le regard. Même quand le corps du garçon au-dessus s'affaisse, même que son visage disparaît sous la couverture, elle regarde. Lentement, elle s'assoit dans le sable. Les corps bougent au rythme des vagues, presque immobiles, perdus dans un temps séparé du sien, plus lent. Les corps glissent dans le sable, serpents affamés d'une deuxième peau.

Elle a quitté son travail, il y a quelques jours. Il faisait chaud. La climatisation tournait au-dessus de sa tête, brassant un air moite. Sur l'ordinateur, un fichier de cent pages l'attendait. Elle a regardé par la fenêtre dehors. Le ciel était bleu. Un oiseau posé sur un fil électrique a pris son envol et a disparu dans l'immensité du monde. Elle s'est levée, a rassémblée ses affaires. Elle a claqué la porte derrière elle, les os de sa cage thoracique lui ont semblé s'entrouvrir, laissant respirer le cœur. Elle a été jusqu'au bureau de son patron. Elle a ouvert la porte sans frapper. Il était seul, en train de griffonner quelque chose dans son agenda. Il a levé un sourcil interrogateur et pris son air pincé et mécontent. Elle lui a dit toutes les choses qu'elle n'avait jamais dites, les choses qui l'avaient blessés, elle lui a dit tout ce qu'il se disait autour de la machine à café, sur lui et ses méthodes, elle lui a dit pour le jour où il lui avait fait une remarque sur son décolleté un peu trop plongeant, elle lui a dit pour le dossier qu'il lui avait refusé parce qu' « elle était une femme et qu'une marque de bricolage serait sans doute mieux cernée par un homme », elle lui a dit pour Sarah et elle, allongée sur les banquettes de son salon privé, un soir où elles étaient les dernières dans l'entreprise, elle lui a dit pour l'oiseau sur le fil électrique, elle lui a dit tout ça puis elle a repris sa malette et elle a tourné les talons. A son mari, elle n'a parlé de rien. Depuis cinq jours, elle ment. Elle prend la voiture le matin pour aller au travail. Elle fait des kilomètres en une journée. Elle a visité un château. Elle est allée au musée. Elle a fait du shopping. Elle s'est ennuyée à mourir au volant de sa BM. Elle a eu envie de rentrer, que quelqu'un l'attende derrière la porte d'entrée et la prenne dans ses bras. Mais le soir, la maison était vide.

Elle n'entend pas le bruit de leur orgasme. Les vagues couvrent tout. Elle se sent vide et brûlée par l'amour à quelques mètres d'elle. Elle veut marcher, loin très loin. Mais elle n'est plus capable de se lever. Quelque chose lui intime de rester immobile sur le sable humide, près de ces deux adolescents qui s'aiment à la lumière des étoiles. Quelque chose lui semble vrai dans cet instant. Une voix la fait sursauter. Un des deux garçons marche vers elle. Il a mis un caleçon. Sa peau brille encore. Elle lui sourit un peu, lui a l'air gêné. Il s'excuse. Il dit qu'ils n'avaient pas vu qu'elle était là, que quand le vieux Tom a monté la dune ils pensaient être tout seul. Il bafouille un peu. Ses joues sont rouges et ses cheveux emmêlés de sable et des mains d'un autre. Elle secoue lentement la tête. Elle voudrait lui dire qu'elle le trouve magnifique, elle ne sait pas pourquoi, c'est une pensée qui vient de lui sauter à l'esprit, que ce gamin qui doit avoir dix-neuf ans est beau à en mourir. Elle murmure seulement qu'elle s'en fiche, que c'est elle qui est désolée d'être restée, que c'est bizarre maintenant qu'elle y repense, et qu'elle va les laisser. Le garçon hésite un peu. Il voit bien qu'elle peine à se relever, qu'elle a froid. Il lui tend la main et lui propose de venir près du feu. Elle accepte.

Elle réfléchit à la façon dont elle va divorcer, souvent. Elle suppose que c'est son mari qui va faire le premier pas. Qui va lui dire quelque chose comme, écoute, j'ai l'impression que nous ne nous aimons plus assez. Peut-être qu'elle s'amusera à faire semblant, à pleurer, à le supplier, si elle en a le courage. Il prendra cet air très embêté qu'il a lorsqu'un gamin met ses doigts sur la carosserie de sa voiture, air qui l'énerve, elle, prodigieusement. Mais ensuite elle se redressera, elle sera sublime et terrifiante. Elle dira qu'elle sait, elle dira, je ne t'aime plus non plus tu sais, je ne sais même pas pourquoi je suis encore avec toi, si c'est par habitude ou par idiotie, je n'aime même pas ce luxe dans lequel nous nous vautrons. Elle dira, prends la voisine, je m'en fiche, je m'en fous, je veux seulement la maison de vacances du bassin d'Arcachon, que ça, tu vois, je suis conciliante. Il acceptera. Il a toujours été comme ça, à redevenir un petit garçon lorsqu'elle se dresse face à lui, lorsque ses yeux gris cendres s'allument et étincellent.

Elle s'installe dans le sable, elle met les mains face au feu. Ses mains sont longues et traversées de veines épaisses autour des phalanges. Elle voit en transparence la marque déjà presque oubliée de son alliance. Le deuxième garçon est assis dans le sac de couchage, qui couvre sa taille. Sa peau nue est rouge de flammes. Celui qui est venue la voir près de la mer lui propose une crêpe. Il dit avec un sourire de gosse, c'est nous qui les avons faites avant de venir, il y a du nutella ou de la confiture. Elle prend du nutella. Elle se présente vaguement, je suis Emma. Le garçon lui tend la crêpe il dit, je suis Louis et c'est Harry. Elle rit en mangeant sa crêpe, la dernière fois qu'elle en a fait c'était pour sa fille et maintenant sa fille est en Australie, c'est étrange la vie non ? Louis hoche la tête. Harry les regarde étrangement, il a l'air de ne pas tout comprendre. Elle lui sourit un peu, elle s'excuse pour lui aussi. Elle dit qu'en ce moment elle se sent un peu seule et folle, qu'elle n'est pas une voyeuse, qu'elle se trouvait là par hasard. C'est encore Louis qui hoche la tête, il répond, ce n'est pas grave, ça ne nous gêne pas, on a qu'à pas le faire dans un lieu public de toute façon. Puis il se tourne vers Harry et il lui répète ce qu'Emma vient de dire, avec les mains. Emma se sent un peu bête. Le gamin est sourd. Il rit un peu, ses yeux brillent. Il dit que c'est vrai, ils s'en fichent. Des êtres humains qui font l'amour sur cette terre il y en a des tas. Il dit aussi qu'il y a assez de crêpes pour trois. Emma le trouve magnifique, lui aussi.

Ce matin elle a décidé d'aller jusqu'à l'océan. Elle a roulé fenêtres ouvertes. Elle a fumé dans la voiture, et elle a jeté la clope sur l'autoroute. Elle a mis ses lunettes de soleil. Elle a chanté sur un tube de Céline Dion. Elle s'est arrêtée sur une aire de repos, des gosses couraient partout dans les rayons en agitant une bouteille de jus d'orange. Elle s'en est mis sur les pieds. Elle a été aux toilettes et elle s'est mise à pleurer devant le lavabo. Une femme a posé sa main sur son épaule, c'était une espagnole, elle lui a dit quelque chose qu'elle n'a pas compris puis elle lui a tendu du sopalin pour s'essuyer le visage. Elle a repris la route ensuite, fenêtres fermées. Son mari a appelé trois fois, elle n'a pas décroché. L'océan n'était plus si loin et la nuit tombait bleue et violette à l'horizon. En se regardant dans le rétroviseur de la voiture, elle a dit, j'ai envie de mourir parfois de mourir de l'amour qui n'existe plus.

Harry laisse tomber le sac de couchage. Il va se baigner nu dans la mer. Son corps est sec et long. Louis le regarde sauter dans les vagues, un sourire doux sur le visage. Elle se racle un peu la gorge et puis elle demande, il est juste sourd, pas muet ? Louis hoche la tête, il explique que Harry a eu un accident qui lui a fait perdre l'ouïe, qu'il se fait soigner pour ça mais que c'est très long et cher et que peut-être ça ne reviendra jamais. Il dit aussi que Harry entend le grondement de l'océan lorsqu'il nage au milieu des vagues, et le bruit de son cœur qui bat lorsqu'il pose la tête sur sa poitrine. Alors ça va, c'est suffisant. Emma pose des questions sur Harry, Louis répond toujours de la même voix égale, amoureuse et lente, une voix qui se pose sur tous les mots, les enrobent, une voix qui suit Harry du regard dans la mer, qui ne quitte pas un instant son corps blanc des yeux.

Il a rencontré Harry il y a trois ans, à un festival. Ils ont passé les cinq jours de festival ensemble, à crier les paroles des chansons et à boire de la bière. Ils se sont perdu de vue ensuite, et puis quand Louis a retrouvé Harry, par hasard, lors d'une fête avec des amis en commun, Harry avait perdu l'audition. Louis est tombé amoureux d'Harry très vite. Harry aussi. Il a appris la langue des signes pour lui. Ils ont fait l'amour. Depuis un an, ils partagent un studio. Harry apprend le métier d'ébéniste et Louis fait des études de vétérinaire. Ils ont un chat. Plus tard, ils auront une maison en bois sur une falaise, ils recueilleront les animaux blessés et Harry construira des meubles qu'il vendra sur les marchés.

Louis fume. Il tend sa cigarette à Emma, elle fume aussi. Louis dit que Harry déteste l'odeur de la cigarette alors il en profite pendant qu'il n'est pas là. Il pose des questions à son tour, à Emma. Elle reste vague. Elle ne ment pas. Louis lui dit qu'elle a un visage triste. Qu'elle ressemble à sa mère, un peu. Qu'elle a les mêmes yeux qui ne savent pas dire autre chose qu'une vérité nue et tranchante. Emma sourit. Elle murmure, quand je vous ai vu faire l'amour, j'ai été comme hypnotisé par la façon dont vos corps semblaient se connaître par cœur, semblaient fait l'un pour l'autre, j'ai eu envie d'aimer moi aussi, avec mon âme entière, d'y laisser ma peau, de m'éventrer d'amour. Louis hoche la tête. Il comprend. Avant Harry, il y avait des choses du monde qu'il ignorait. Maintenant il a l'impression d'être les racines d'un arbre immense respirant pour le reste de l'univers. D'être un tout indivisible d'Harry et de la terre et du ciel et de l'océan.

Il se lève, enlève son caleçon. Il se tourne vers Emma qui reste là, cigarette au bord des lèvres. Vous venez ? Elle hésite. Elle dit qu'elle ne veut pas les embêter. Louis éclate de rire. Il s'enfuit dans le sable, il court jusqu'aux vagues. Harry lui tend la main. Emma se relève, lentement. Harry et Louis lui font signe. Elle ferme les yeux. Ses mains tremblent un peu, elle enlève ses vêtements sans y penser. Elle se souvient, dans ce mouvement :

C'est l'aube, la lumière pâle éclaire à peine le sommet de la porte blanche de la chambre, et la poignée de laiton. Pierre n'est pas là, il est à un séminaire. Elle est en chemise de nuit, une chemise transparente, qui colle à la peau de son ventre et de ses seins. Elle n'a pas dormi de la nuit. Elle va ouvrir la fenêtre, le jardin est encore dans la nuit dans la pâleur de la rosée dans le bruit endormi des premiers oiseaux. Elle se tourne. Face à elle, le grand miroir de son dressing. Elle s'observe. Ses cheveux roux tombent souplement autour de ses épaules. Elle se sourit. Elle tire un peu sur le bas de sa robe. Ses seins apparaissent clairement sous le tissu. Elle se trouve belle, elle se trouve encore jeune, elle se désire seule. Elle laisse tomber sa chemise de nuit. Son corps n'est plus aussi parfait, plongé dans sa nudité. Rien n'est caché. Elle se tourne, touche ses seins. Est-ce qu'ils tombent vraiment ? Elle n'arrive pas à le voir. Elle les a toujours connu comme ça. Ses cuisses ont grossi, elles. Elles sont striées de minuscules marques de vergetures. Elle ne sait pas pourquoi mais elle aime ces marques, elle les aime comme les autres cicatrices qui parsèment sa peau, sur le genou, le dessous de son nombril, sur le bras en diagonale. Elle va jusqu'à sa commode, elle sort un rouge à lèvres. Le plus rouge. Elle s'en étale sur les lèvres, soigneusement. Puis elle retourne devant la glace. Elle n'est plus tout à fait nue maintenant. Elle se regarde, se sourit. Elle dit, tu es belle je crois que je t'aime depuis toujours.

L'océan est froid. Les deux garçons s'amusent dans les vagues. Elle a peur du remous incessant. Harry vient la chercher. Il lui prend la main. Il dit, il ne faut pas avoir peur, la mer n'est pas méchante dans la nuit. Elle le croit. Sa peau se couvre de frissons. Louis les rejoint en nageant maladroitement. Il y a trop de courant, trop de vagues qui balancent le corps dans tous les sens. Il ne peut pas s'arrêter de rire quand Harry qui semble si maladroit sur ses jambes se laisse emporter par un rouleau un peu trop fort. Emma tente de se tenir debout comme elle peut. Elle grelotte. Elle dit, vous faites ça tous les soirs ? Louis hoche la tête. Son corps frissonne aussi, ses lèvres semblent bleues. Il se laisse retomber dans l'eau, il nage jusqu'à Harry qui n'arrive plus à se relever. Emma les regarde se redresser ensemble, s'embrasser en riant. L'écume vole autour d'eux. Elle voudrait photographier ce moment, où le peindre. L'avoir toujours avec elle. Leurs corps asymétriques qui paraissent transparents dans l'eau noire, leur corps qui s'enlacent même loin l'un de l'autre.

Ils retournent sur la plage, trempés. Harry et Louis se partagent un sac de couchage et donnent l'autre à Emma. Ils sortent un thermos de leur sac à dos. C'est du chocolat chaud. Emma en boit une longue gorgée, puis elle dit, les lèvres un peu engourdies, c'est vous l'Amour. Louis se met à rire. Il fait quelques signes à Harry, qui lui ne rit pas. Ses yeux semblent s'allumer. Il répète, c'est nous l'Amour et puis il enfouit son visage dans le cou de Louis.

Le feu s'éteint lentement. Emma se fait un oreiller avec le sable. Elle s'allonge, les flammes languissantes au-dessus du visage. Louis somnolle déjà, seul Harry remue encore les braises. Il a enfilé un t-shirt gris. Ses cheveux bouclés sont enroulés dans un bandana en tissu noir. Emma lui sourit. Les ombres du feu dansent sur son visage encore rond de l'adolescence. Elle murmure, je ne sais pas si c'est parce que tu n'entends pas mais j'ai envie de te dire que je suis folle de plus en plus chaque jour, que j'ai peur de moi-même parfois mais que cette folie qui m'attrape me donne plutôt l'impression d'être immensément libre, de posséder un corps pour la première fois de ma vie et d'avoir envie d'aimer plus fort jusqu'à en mourir. Harry s'arrête d'attiser les braises. Il s'accroupit légèrement. Il dit, vous avez l'air si triste, dans vos yeux, dans votre façon de bouger et pourtant je vous trouve belle, merveilleusement belle. Il pose sa main sur la bouche d'Emma, très légèrement. Il demande, en la regardant dans les yeux, pourquoi êtes-vous venu ici ce soir ? Emma ne peut pas décrocher ses yeux de son regard vert, immense, brillant, elle ne peut pas mentir à des yeux comme les siens alors elle dit contre sa bouche, je suis venue dans l'idée de me noyer. Harry retire sa main. Lentement, il enlace Emma. Il pose sa tête sur sa poitrine. Il la serre fort, très fort. Elle se met à pleurer, des larmes qui secouent son corps, qui le vide entièrement. Elle ne raconte rien, parce qu'elle sait que Harry entendra le bruit de son cœur, qu'il comprendra dans ce bruit des choses que les mots ne diront jamais.

Elle ne raconte pas cette idée qu'elle a eu au volant de la voiture, cette idée écrasante et terrifiante que peut-être seul mourir était une chose à faire. Elle ne raconte pas non plus qu'en arrivant sur la plage, le bruit de vague a terrassé lentement cette idée, qu'elle s'est trouvée très bête. Que l'immensité même de l'océan l'a mis face à sa propre vie. Que son corps dans le poids du sable a retrouvé ses proportions humaines. Que la folie lui a semblé préférable au néant. Que l'amour émanant des corps de Louis et Harry a tout brûlé entre elle et la mort. Elle ne raconte pas qu'elle ne prendra pas ses médicaments en rentrant, elle ne les prendra jamais. Elle habitera dans cette maison d'Arcachon, près du port. Elle se mettra à la peinture, à l'écriture, elle vendra des bijoux ou elle crèvera de faim. Rien n'aura plus d'importance que d'écouter les battements du sang dans ses veines, rien n'aura plus d'importance que d'observer son cœur vieillir et se métamorphoser dans le reflet du miroir. Mourir, elle n'en est pas capable. Mais vivre elle peut essayer encore, vraiment. Elle peut trouver quelqu'un à aimer. Elle peut s'aimer elle, seule.

Elle enfouit sa main dans les boucles sauvages d'Harry. Elle dit pardon pardon excuse moi je ne sais pas pourquoi c'est si difficile parfois et pourquoi tout semble évident et clair à la fois, pourquoi le monde n'est pas une longue ligne bleue légère et trempée pourquoi il faut que tout soit si mordant si long si terrifiant, pourquoi j'ai cette envie qui ne part pas d'aimer et d'être aimé, pourquoi il faut que ce soit mon seul désir au monde alors qu'il pourrait y en avoir tant d'autres, l'amour c'est si futile l'amour et pourtant rien d'autre ne semble valoir la peine d'être vécu, rien

Le corps d'Harry est lourd sur le sien. Son odeur de sel et de feu l'enveloppe tout entière. Et puis le corps de Louis se rajoute sur le côté. Elle ne respire plus qu'à travers eux, elle pleure et les larmes s'enfoncent dans le sable, elle pleure en serrant ces deux garçons qu'elle ne connaît pas et qui semblent tout savoir pourtant tout comprendre.

Ils s'endorment par intermittence. Louis et Harry se tiennent la main dans le sommeil. Emma respire le nez dans leurs cheveux mouillés, les yeux grands ouverts sur la nuit noire.

Demain matin elle rentrera chez elle, encore poisseuse de l'embrun et du sable. Elle aura sur son visage toute l'odeur du feu. Elle n'attendra pas que son mari lui parle du divorce, elle dira, je pars. Tant pis pour la maison d'Arcachon s'il ne veut pas la lui donner. Elle ira voyager, elle fera le tour de la terre. De chaque pays qu'elle visitera, elle enverra une carte postale à Louis et Harry. Elle ne cessera jamais d'avancer, de s'étourdir d'humains aux peaux et cultures différentes. Elle aimera des paysages, des âmes, des ciels, des mers tour à tour vertes et bleues. Elle respirera pour mille, elle sera folle dans le monde entier. Elle n'oubliera jamais le vieux Tom et les deux adolescents de la plage, elle n'oubliera jamais cette nuit de mort et d'amour où il lui a semblé pour la première fois entendre sa propre voix dans l'océan.

L'aube est grise autour d'elle. Les vagues semblent s'être calmées, plus lentes, fatiguées. Le ciel s'ouvre dans les premiers rayons pâles du soleil. Doucement, elle se glisse hors du sac de couchage. Harry dort paisiblement, dans la lumière presque transparente de l'aube, elle découvre sur son visage de minuscules tâches de rousseur déposées sur son nez. Elle sourit. Il fait plus jeune qu'au milieu de la nuit. Elle le recouvre avec une couverture, puis elle se retourne vers Louis. Lui aussi, possède un visage encore doux de l'enfance mais plus marqué, ciselé. Des joues coupantes, des cheveux emmêlés, une barbe mal rasée. Elle s'assoit un moment, les regarde. Elle se dit qu'ils pourraient être ses enfants. Qu'elle va les laisser là, sur le sable froid dans le début de l'aube, qu'ils vont l'oublier et qu'elle pensera toujours à eux. Elle se dit que la vie est une chose merveilleuse qui ne cessera jamais de l'émerveiller. Elle se relève, rassemble ses affaires, se coiffe comme elle peut avec ses doigts. Elle a faim mais elle ne veut pas ouvrir le sac d'Harry où sont les crêpes, de peur de les réveiller. Elle regarde une dernière fois l'océan. L'aube est plus haute. La mer est d'un bleu très clair, presque gris, froid. La journée va être belle, elle le sent.

La femme se détourne, remonte la plage. Elle ne se retourne pas, jamais. Ses pieds sont plus légers qu'à son arrivée. Elle semble presque voler dans le petit matin. Sa silhouette grimpe jusqu'au sommet de la dune. Elle est minuscule et très nette, elle est belle, les premiers rayons dorés du soleil sont pour elle. Louis sourit. Elle disparaît tout à fait, il n'y a plus rien, mais il sent encore l'odeur de sa peau, une odeur de savon au lait d'ânesse. Une odeur douce. Harry remue près de lui. Ses yeux s'entrouvrent, un vert tendre, le vert des vagues qui se retournent avant d'exploser. Il cligne plusieurs fois des paupières avant de se redresser. Il dit, Emma n'est plus là ? Louis secoue la tête. Elle est partie, elle avait peur de dire au-revoir je crois, elle avait peur de nous parler dans la blancheur du petit matin, elle voulait que la nuit soit son unique souvenir, elle voulait que ces quelques heures demeurent comme un long rêve dans son esprit. Harry fixe un moment la dune. Il a l'air déçu mais il ne le dit pas. Il finit par sourire. Ils mangent des crêpes assis l'un à côté de l'autre. Ils ne parlent pas. Ils repensent à la femme aux cheveux roux et aux yeux gris de cendre. Ils repensent aux mots qu'elle n'a pas dit. Harry prend la main de Louis, il le regarde et il murmure, allons dans les vagues.

Alors ils se lèvent et courent, sautent dans les vagues blanches, tout habillés, rient. Ils s'enlacent, s'embrassent jusqu'à ce qu'une vague trop forte les fassent basculer. Alors ils tombent dans le remous, les mains liées.

Tom descend la dune de son pas lourd. Il secoue la tête, les yeux qui ne peuvent s'empêcher de sourire. Il s'arrête un moment, observe Louis et Harry qui se courent après dans les vagues.

Puis à l'océan, il dit, c'est toi qui nous rends tous fous, n'est-ce pas ?

Les vagues dansent à l'horizon, éternelles.





fin



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[Update du 27 août 2021] : Vous pouvez maintenant retrouver cette nouvelle dans un recueil en format papier ! Il est disponible juste ici, sur le site Lulu (https://www.lulu.com/en/en/shop/grison-juliette/ellipses/paperback/product-v2eyw2.html?page=1&pageSize=4). Le recueil contient aussi 9 autres nouvelles (Afire Love ; Un seul soleil et cet amour d'avant la fin ; Regarde Moi ; Bisogna Morire ; Hey Angel ; Just Hold On ; Neige ; Du bout des lèvres ; Ancora ; Le vide entre les vagues).

Merci d'avoir lu, n'hésitez pas à me laisser votre impression !

Le premier chapitre de Sous la peau arrive mercredi ! :D

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