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Chapitre 2

Mes paupières sont lourdes, elles rêvent de pouvoir se fermer alors qu'il est à peine l'heure du déjeuner. La récolte de ces tonnes de citrouilles, sans compter les autres butternuts, potirons, courges et compagnies, m'a lessivé. J'ai tellement forcé sur ma jambe défaillante qu'elle ne parvenait plus à supporter mon poids, malgré la canne, lorsque j'étais debout. Thomas, le plus âgé de mes trois frères, aurait préféré me voir rester à New York pour me reposer plutôt que d'aller crapahuter dans la campagne du New Hampshire. Cependant, il n'en était pas question. S'il y a une seule chose que je ne louperai pour rien au monde, c'est bien la fête des couleurs de Meredith.

Je sens ma tête tomber doucement sur le côté alors que je suis confortablement assis sur cette vieille chaise de camping que j'ai trouvé au bord d'une route. Elle était placée à l'entrée d'une propriété au milieu de babioles dont les gens ne voulaient plus. Moi-même je m'en serais débarrassé si elle n'était pas de ce vert si particulier me rappelant les incroyables iris d'Andra. C'est sans doute idiot de ramasser une pauvre chaise pliable sur un trottoir simplement parce qu'elle me rappelle une personne qui me manque durant trois cent cinquante-huit jours.

— Dors, je m'occupe du stand, me chuchote la brune alors que mes yeux sont déjà clos.

Sa douce voix se perd au fin fond de mon esprit, je me sens tomber dans les bras cotonneux de Morphée. Elle m'accueille d'un agréable rêve mélangeant fiction et réalité. Je me vois assis où je suis actuellement, des centaines de citrouilles m'entourant. Des familles viennent avec leurs enfants pour choisir celles qui orneront leur maison. Dans la foule, un couple m'interpelle, il s'agit de mes parents. Un immense sourire aux lèvres, ils me saluent en m'embrassant sur la tempe comme ils le faisaient lorsque j'étais jeune et manipulable. Mon père me félicite pour ma réussite, un « je suis fier de toi » s'échappe même de sa bouche surmontée de l'affreuse moustache qu'il arbore depuis toujours.

Nous passons l'après-midi ensemble à parler de mon travail. Nous prenons le temps de découper chacun notre citrouille afin de les rendre les plus monstrueuses possible. Comme d'habitude, celle de ma mère est la plus réussie. Elle a toujours été très attachée à la perfection, mettant tout en œuvre pour être la meilleure même s'il ne s'agissait que d'une activité avec ses enfants. L'excellence était son mot favori, et tous les moyens étaient bons pour y parvenir. Ce n'était pas comment y parvenir qui comptait, mais le but à atteindre.

C'est sur cette touche d'amertume, habituelle dès qu'il s'agit de mes parents, que je retrouve la lumière du jour. Le ciel est toujours aussi gris que mes iris, mais il ne pleut plus. Au loin, perdue entre les citrouilles, ce ne sont pas mes parents que je remarque, mais les longs cheveux ondulés d'Andra. Avec son chapeau noir et son long manteau rouge, elle ne passe pas inaperçue au milieu de tout cet orange. Rapidement, ses yeux trouvent les miens et aussitôt, elle se dirige dans ma direction.

— Regarde tout ce que j'ai réussi à gagner, s'enthousiasme-t-elle en me mettant sous le nez une liasse de billets. C'est fou !

— Bravo, tu as fait un super boulot.

— Merci, je me suis bien amusée.

— Ah oui ? demandé-je surpris.

— Oui, j'ai réussi à aller vers les gens sans être gênée. Tout était si naturel, ça m'a fait un peu bizarre au début, mais j'ai fini par adorer.

— Ça me fait plaisir de te voir fier de toi pour une fois.

Elle baisse les yeux et cache son butin derrière son dos, ses lèvres s'étirant dans un timide sourire. Sa réaction est tout simplement adorable, si j'étais un client, je lui achèterais des dizaines et des dizaines de citrouilles simplement pour la voir réagir de la sorte.

— Je sais que j'ai dit ne pas vouloir d'aide, mais est-ce que tu voudrais bien tenir le stand avec moi ?

— Vraiment ? me questionne-t-elle, les yeux pétillants.

— Oui, car je suis prêt à te faire une petite place pour voir ce sublime sourire tous les jours.

Mon naturel a pris le dessus, j'ai été un peu trop expressif pour Andra qui se crispe à mes propos. Elle joue nerveusement avec l'un des boutons de son manteau rouge et ne parvient plus à me regarder dans les yeux. Je sens qu'elle hésite à accepter ma proposition. J'ai été stupide de me montrer aussi direct avec elle. Même si j'aimerais voir notre relation changer cette année, je ne dois pas mettre la charrue avant les bœufs.

— Vu ce que tu as gagné durant ma sieste, tu attires bien plus les clients que moi alors ce serait une super opportunité que tu viennes m'aider, tenté-je de me rattraper après m'être raclé la gorge.

Son silence interminable répond à sa place, elle décline ma proposition. Quel idiot je suis de ne pas avoir eu la jugeote d'être plus subtile. Certes, elle m'a terriblement manqué, mais ce n'est pas une raison pour me précipiter. Avec Andra, j'ai très vite compris que tout était dans la finesse. Elle a si peu confiance en elle, que le moindre compliment la met mal à l'aise. J'essaie donc une nouvelle pirouette de rattrapage.

— Il est déjà quinze heures, remarqué-je sur ma montre. On devrait aller manger un morceau.

— Désolée, je ne t'ai pas attendu, avoue-t-elle honteuse. Mais je t'ai pris un menu !

Andra se précipite vers la table à ma gauche et sors une boîte en carton d'un sac en papier. Je reconnais le logo du restaurant de Cade, le meilleur de la ville en ce qui concerne les grillades. Malheureusement, avec la température extérieure assez fraîche, ma viande et mes frites ont refroidi.

— Je peux lui demander qu'il te réchauffe tout ça sur son barbecue, me propose la brune dans un débit de parole plus rapide qu'une fusée.

— Ça ira, Andra, ne t'en fais pas.

— Ce matin j'étais tellement excitée de venir au festival que je n'ai pas pris de petit déjeuner. Du coup j'avais vraiment très faim, mais je ne voulais pas te réveiller, tu as l'air si fatigué. Comme les clients se faisaient plus rares au stand, j'en ai profité pour aller nous prendre à manger avec l'espoir que tu serais réveillé à mon retour. Quand j'ai vu que ce n'était pas le cas, je t'ai laissé dormir et maintenant tout est froid, s'époumone-t-elle à en perdre le souffle.

Voir son corps gesticuler me donne le tournis. Mes yeux ne parviennent pas à se fixer sur quelque chose qui ne brouillerait pas ma vue. Je suis incapable de me concentrer pour lui répondre qu'elle n'a en aucun cas besoin de se justifier. Les mots se bousculent dans ma tête, je ne sais plus qui va avant ou après qui. Une bouffée d'angoisse me gagne, ne pas pouvoir faire une phrase correcte me terrifie. J'ai passé bien trop de temps de ma vie et usé assez d'énergie pour ne pas retomber dans ce gouffre infernal des problèmes d'élocution. Il faut simplement que je me calme, une aphasie ne peut pas revenir comme ça, le blocage actuel n'a rien de physiologique, il est psychologique. C'est la fatigue qui me perturbe, c'est tout.

— Andra, est-ce que tu peux te calmer s'il te plaît, parviens-je à murmurer.

Je passe plusieurs fois mes mains sur mon visage dans l'espoir de détendre les muscles qui s'y trouvent. Ma mâchoire carrée est si contractée que j'en ai mal aux dents.

— Désolée, s'excuse-t-elle tout bas.

Lorsque je rencontre son regard, mon cœur se serre. La tristesse et l'inquiétude dans ses yeux me font bondir de mon siège. Je suis à deux doigts de la prendre dans mes bras, mais trébuche dès le premier pas. Évidemment, sans canne pour m'aider à avancer je ne risque pas d'aller bien loin. Par chance, je me rattrape in extrémiste sur le rebord de la table. Néanmoins, mon repas n'a pas eu cette même bonne étoile. En voulant me rattraper, Andra a lâché la boîte en carton qui a inévitablement terminé sa course sur le sol pavé. À défaut d'avoir de la nourriture froide, j'ai désormais de la nourriture saupoudrée de terre et de petits cailloux.

— Flûte ! s'écrit-elle en se baissant pour ramasser ses bêtises.

Elle est la seule personne que je connaisse à ne pas jurer. Je ne l'ai jamais entendu dire « merde » ou « fait chier », et ce ne sont pourtant pas les occasions qui manquent. Andra est une vraie maladroite, c'est ce qui fait aussi son charme.

— Je suis une véritable catastrophe.

— Ce n'est pas moi qui vais te dire le contraire, réponds-je d'un ton plus léger pour lui signaler que tout va bien. Mais c'est amusant.

— Je ne crois pas que ce soit un compliment vu la façon dont s'est présenté, note-t-elle en fronçant les sourcils.

— Crois-moi, s'en est un. Un reproche c'est bien plus virulent.

Le steak et les frites froides de nouveau dans la boîte, Andra glisse cette dernière dans le sac en papier tandis que je me relève à l'aide de ma canne. Elle s'apprête à jeter la nourriture dans la poubelle, mais fait volte-face pour me regarder avec compassion.

— Tu en as eu beaucoup des reproches, je me trompe ?

Pour toute réponse, je hausse nonchalamment les épaules. Elle n'a pas besoin de savoir toutes les horreurs que mes parents m'ont dit. Cela ne lui apporterait rien hormis du dégoût envers des personnes qu'elle ne connaît même pas. Ils ont déjà tout mon mépris, cela me suffit. Je ne veux pas que d'autres personnes soient en colère contre eux parce qu'ils m'ont blessé, ce sentiment est bien trop puissant, trop destructeur, pour que je laisse quiconque y succomber avec moi.

— En tout cas moi, je n'ai rien à te reprocher.

Sur ses paroles qui font directement écho dans mon cœur, elle se dirige vers la poubelle la plus proche. Je contemple ses cheveux se balancer au vent, des feuilles cuivrées venant virevolter autour d'elle comme des planètes le feraient autour de leur étoile. Elle est magnifique.

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Voici le tout premier chapitre du point de vue de Theodore, j'espère qu'il vous a plu. Par la suite, il y aura une alternance des points de vue entre Andra et Theodore. C'est ma toute première histoire sous cette forme. J'ai plutôt l'habitude de me concentrer sur un seul personnage. 

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