Mes compagnons de voyage ouvrirent la porte, et descendirent. L'homme au chapeau à plumes me sourit une dernière fois, plissant les yeux et dévoilant ses dents, il murmura :

- À vous l'honneur, Monsieur.

La lumière entra dans l'enceinte de la calèche, blanche, éclatante.

Je souris au Soleil qui venait éclairer mon chemin vers le triomphe.

Les cris résonnaient dans tout mon crâne.

Je descendis les deux petites marches, le pas tremblant, réceptionné par mes soutiens.

À ma vue, les cris s'élevèrent encore plus haut.

J'aperçus les étincelles dans les yeux de tous ces gens qui venaient me voir triompher.

On me soutint par les bras, m'aidant dans mon avancée vers l'estrade où le maître de cérémonie m'attendait.

Les cris devinrent assourdissants et je n'entendis pas l'homme au chapeau à plumes faire mon éloge.

Je m'agenouillai à l'endroit qu'il m'indiqua, prêt à recevoir la marque de mon succès. Depuis tout ce temps que je le soutenais, le roi m'offrait enfin quelque chose.

Emporté par la ferveur de mon triomphe, l'homme qui allait le signer n'avait pas placé le seau.

Durant les quelques centièmes de seconde qui suivirent le son de la guillotine claquant dans l'air, je pus apercevoir une dernière fois le Soleil venu me saluer.