Le cube de dieu
Égypte, de nos jours.
Une Jeep file à toute allure sur les dunes sablonneuses. Frédérique Maslow s'accroche tant bien que mal à l'armature métallique du véhicule. Il a fait des milliers de kilomètres depuis les États-Unies où il devrait encore enseigner la mythologie grec et le latin des temps anciens si on ne l'avait pas arraché un beau matin. Il se souvient encore de la surprise de cette visite plus que mystérieuse, lui demandant d'analyser une découverte en Égypte. Il ne voit pas encore comment il peut aider, et ne se retrouve qu'avec des questions et des hypothèses. Il n'a encore rien obtenu de ceux qui sont venu pour lui et qui l'emmène dans cette découverte inconnue. Juste le silence, le bruit des cliquetis des armes de ceux qui l'entoure, et surtout le bruit d'un moteur à bout de souffle sous cette chaleur à mourir. Elle y est suffocante, Fred se réhydrate un peu par une gourde plastique, même s'il a déjà l'impression que ce qu'il vient de boire s'est évaporé à l'instant où le liquide lui a touché la langue. Les vêtements légers et blancs, et son turban de la même couleur mis à la hâte, tentent bien que mal de le protéger du soleil omniprésent et pressant, mais il sent qu'une heure de plus dans ce pays sera une heure de trop. Tout autour de lui n'est que sable et illusion d'étang d'eau, que le cerveau surchauffé du professeur imagine vite comme une eau d'une pureté divine.
Au bout d'un moment, il aperçoit des infrastructures pousser dans le sables jaune et blanchâtres du sables. Des tentes, de tailles différentes, mais aux toits d'une couleur uniforme blanche ouvertes ou fermées, se massent autour d'un point précis du désert. La voiture s'arrête, et le professeur descend de son carrosse qui le brule rien qu'en l'effleurant. Un homme à l'accent anglais s'approche, avec un chapeau colonial sur la tête.
« Vous devez être le Professeur Masslow je présume. Désolé de ce voyage si désagréable. Je suis Eric Smithsons.
- Ce n'est rien, répond éreinté ce dernier. Ravi de faire votre connaissance, au moins vous devez être dans votre élément en tant d'Egyptologue renommé.
- Vous me flattez cher confrère, esquive Eric en commençant à avancer.
- J'espère juste que je serais utile en plein Égypte que vous.
- Nous l'espérons tous vu les circonstances... »
Tous deux avancent dans la rue formée par les tentes de part et d'autre. Dans les tentes, des professeurs, des spécialistes, des machines, et surtout, des hommes en arme, sans doute la police égyptienne. Tout un régiment attend même dans l'une d'entre elle, prêt à intervenir ou à faire la guerre contre quelconques ennemis. Frédérique suit son collègue, toujours entourés de ceux qui l'ont emmené ici, se demandant encore ce qu'il peut faire ici, pourquoi autant de secret, pourquoi autant de précaution. Il s'essuie du plat de la main pour récolter la sueur abondante sur son front dégarnit. En voyant sa main mouillée, il a l'idée une seconde de lécher tellement la soif le prend, mais se ressaisit.
« Dites-moi où je peux trouver de l'eau avant tout, sinon ça sera moi que vous devrez analyser.
- Évidemment, tenez, servez-vous ! »
Il montre, une tente plus, loin un frigo. Ce dernier déborde de bouteilles d'eau, un peu moins débordante au passage du professeur. Il boit de longues gorgés d'eau tempérée, mais plus fraîche que l'atmosphère étouffante qu'il subit depuis des heures. Au coin d'une énième tente sur sa gauche, il tombe sur un immense puit ouvert.
« C'est une découverte inespérée, explique Eric. Il y a un mois, un satellite européen a photographié un trou qui n'était pas naturel, et effectivement, il y a un puit sous des tonnes de sables. Et sous ce puit... vous verrez ! »
Il n'en dit pas plus, mais prie le professeur à le suivre à un ascenseur archaïque. Il n'y a la place que pour deux personnes, les gardes restent alors là, à surveiller l'entrée de ce puit d'une profondeur inconnue. Le bruit métallique inquiète Fred pendant leur descente, comme si l'ascenseur allait se coincer à tout moment, ou pire, tomber sur des centaines de mètres. La chaleur étouffante et sèche fait place doucement à une fraîcheur humide, ce qui le fait éternuer.
« Faites attention à ne pas attraper un rhume, plaisante Eric. »
L'ascenseur s'arrête brutalement. Les portes étroites s'ouvrent sur un long couloirs tortueux muré de pierre. En s'approchant, il s'aperçoit comme la texture est resté lisse, et garde en elle les peintures et les sculptures dégradés par le temps. Les lumières artificielles viennent justes donner un éclat sombre aux murs. Fred a beau regarder, il n'y a rien qu'il puisse aider ici.
« Ces murs ne sont pas interessant en soi, réagit Éric devant un Fred dubitatif. Cela mentionne juste les personnes qui sont venue ici creuser ce puit, et les personnes qui l'ont visité après, avec leur rang.
- Ce n'est pas rien tout de même.
- Par rapport à ce pourquoi ce puit a été creusé, je peux vous affirmer que si. »
Ils arrivent devant un mur, mais ce dernier n'est pas naturel. C'est une large paroi métallique faites de plaques de métal et possiblement épaisses, qui se scellent les unes sur les autres telle un Légo géant par de gros rivets. Le bloc ainsi formé s'ancre sur les murs en pierre, rendant le tout impénétrable, ou juste par une large porte. Quatre gardes la surveillent, armé jusqu'au dent, et qui deviennent nerveux à notre approche.
« Tout doux, tous doux, il est avec moi, tenez ! »
Avec ces mots, Éric sort de sa poche de pantalon une feuille. L'un des gardes vient alors, lit le papier, et annonce à sa radio :
« Ouvrez la porte, deux personnes. »
Quelques secondes de silence font place à un bruit strident. La porte s'ouvre, et Frédérique peut constater alors qu'il était loin d'imaginer l'épaisseur de la porte, digne d'un coffre fort de banque. Le professeur a un moment d'hésitation, comme s'il n'a pas le droit de pénétrer dans ce lieu, mais Éric le ramène à la raison.
« L'installation peut être exagéré et dissuasif, mais ce qu'il y a à l'intérieur le vaut largement. Allez-y ! »
Fred avance alors, sous le regard soupçonneux des gardes, et suivi de son collègue. La lumière qui le submerge d'un coup l'éblouie. Elle est plus blanche, plus vives, plus puissante. Il se retourne alors dans une salle ronde. Les murs, derrière une épaisse et uniforme vitre, reflètent un lisse presque contemporain, comme si c'était nous, nos machines et nos méthodes de ce siècle qui avait construit cette salle entière. Ces derniers sont recouvertes de fresques, de dessins, de symboles et d'écritures, plus ou moins conservée, même plus dégradé que les murs d'avant, d'où cette protection artificielle. Le plafond s'est formé, d'une manière aussi hors de son temps, par des hexagones de mousses de champignons fluorescentes qui diffusent une lumière uniforme et suffisante. Cela n'empêche pas les scientifiques d'y avoir ajouté des spots pour éclairer d'avantage le moindre recoin de la pièce, enlevant une partie de la beauté et du mystère qui rayonne de ce plafond. Le sol est quand à lui pavé de triangles équilatéraux, dont tous leurs côtés sont de mêmes longueurs. Et au centre, ce qui attire la plupart des faisceaux des spots, monté sur une estrade de pierre, un grand cube impressionnant fait le tiers de la taille de la salle. Il est composé d'une matière argenté, d'un lisse exceptionnelle.
« Je vais vous décevoir, c'est de l'argent, pur certes, mais de l'argent bien terrien, précise Éric comme s'il aurait préféré un métal extraterrestre.
- C'est tout de même incroyable d'avoir un si énorme cube d'argent, aussi lisse que les murs.
- Lisse ? Vous avez tort de penser cela, venez ! »
Il se laisse suivre par son collègue, observé encore par les quelques scientifiques autorisés à travailler ici.
« Regardez un peu mieux, regardez les faces par le coté. »
Frédérique s'avance, plisse les yeux, et aussi incroyable que cela puisse paraître, un mot y apparaît, usé par le temps, mais bien là, caché par une illusion d'optique.
« L'anamorphose Professeur, continu Éric, l'art de cacher par une illusion d'optique.
- Je n'ai jamais vu une anamorphose pareille. C'est incroyable.
- Oui, et nous l'avons décrypté. Le mot, gravé sur chaque face du cube, est "Nihil"
- Nihil ?
- Oui professeur, ça veut dire "Rien", je ne vous l'apprend pas.
- C'est à n'y rien comprendre. »
Spontanément, Frédérique se rapproche des murs protégés par les vitres.
« Nous avons dû protéger les murs très vite au vue de leurs états dégradés. Et c'est sans doute la clé pour tout comprendre. »
Les deux se retournent et se dirigent vers l'entrée de la pièce. Éric poursuit en montrant le mur qui débute sur la droite de la porte :
« Tout ce qu'on a pu en déduire, c'est que le mur raconte une histoire, et que l'histoire commence ici, pour finir de l'autre côté de la porte, en faisant tout le tour de la pièce. »
Frédérique plisse les yeux pour percevoir le moindre bout de fresque qu'il puisse accrocher. il lit et traduit en même temps :
« Nihil.... Dieu... créa....Infini et Fini a moins que ce soit le nom d'autres dieux, ils ont une majuscule.
- C'est ce que nous avons pensé aussi. Nous avons lu plusieurs mots en majuscules qu'on a déduit comme le nom d'une entité nommée. Poursuivez s'il vous plait. »
Les deux suivent la courbure du mur, coloré de noir, jusqu'à ce que des points blancs viennent accrocher le professeur.
« Imper....Imperium ?... et... Orbis... La puissance et le Monde
- Cela se tient. »
Ils continuent encore, jusqu'à voir un éclat blanc, et une forme d'être humain caché par la dégradation du mur.
« Je n'arrive pas à lire...Visib....Mort....Le Visible et la Mort ? Et là... ux ? Et il doit y avoir un quatrième encore, un emplacement est vide.
- Vous en pensez quoi ?
- Pour l'instant rien... malheureusement. »
Éric prend note sur un carnet bien usé par des voyages et des expéditions. En poursuivant, ils arrivent à revenir sur leurs pas.
« C'est de pire en pire... Lo... Nu... Ord... Alea... à part "Aléatoire", je n'arrive pas à comprendre le reste. A moins que... »
Son regard se pose sur les quelques dessins autour des noms.
« Avez-vous interprétez les dessins au murs, poursuit Fred.
- Non, malheureusement, les dessins sont trop dégradés pour pouvoir faire une hypothèse fiable. On passe de noir, à des taches blanches, puis du blanc, et ça fini par des équations mathématiques. Mais je ne pense pas que ces équations soient pertinentes, cela doit être un reste de calcul pour construire la salle ou le cube. »
Frédérique regarde encore et résume :
« Alors, nous avons Nihil... Infini et Fini... Puissance et Monde... Visible, Mort, ux, ux... pour Lux, lumière...
- il y a une certaine logique, interrompe Éric par une respiration éclairée. L'infini et le fini, le visible et la lumière...
- Visible qu'on pourrait traduire par Matière.
- Et donc...
- Et donc, poursuit excité Frédérique, si nous avons la mort, nous devrions avoir la vie, le morceau d'être humain pourrait faire penser cela.
- Exact ! Et ensuite nous avons juste certaines lettres pour finir le tableau. J'ai bien fais de vous avoir fait venir, nous avançons comme jamais nous avons réussi à avancer. »
Il reste figé sur le dernier bout de mur indéchiffrable. Ils restent ainsi une dizaine de minutes, sous l'œil moins suspect, mais plus amusé, des autres scientifiques. Éric lâche au bout d'un moment :
« Bon, ce n'est pas grave si nous n'y arrivons pas aujourd'hui. Nous avons déchiffré les trois-quarts de cette salle, mais imaginez ! Nous avons découvert une nouvelle croyance m, nous avons découvert de nouveaux Dieu, nous avons encore retrouvé un texte latin en Égypte ! Nous n'avions aucune trace de cela avant de découvrir ce trou. C'est une découverte magnifique ! »
Frédérique se laisse amener par Éric à l'extérieur, l'esprit encore plus embrumé qu'en y rentrant. Il est amené vers une tente libre .
Sa nuit est très troublée. Il délire dans son rêve. Il rêve d'être dans la salle, il rêve de ce cube d'argent, il rêve de cette endroit, mais d'un moment inconnu, passé depuis des siècles. Il voit une forme sortir du cube. Sans bouche, cet être lui parle, d'une voix inhumaine :
« Je suis Nombre, le dieu Algorithmique, celui qui enseigne notre langue à nos créations. »
Frédérique, même dans son rêve, est pétrifié d'effroi. Et du Dieu de reprendre :
« Depuis la nuit des temps, nous avons donné notre langage au Homme pour qu'ils arrivent à une meilleure compréhension de leurs mondes, et qu'ils puissent évoluer.
- Comment cela, ose Fred, Les maths... sont votre langage ?
- C'est exact. Une connaissance totale aux langage de Nihil, que vous appelez "Mathématique" est une source inépuisable de puissance.
- Alors Dieu... c'est Rien ?
- Nous avons reçu des noms des premiers hommes a qui nous avons enseigné notre langage nous ont donné ces noms. L'Être Nihil, qui a toujours vécu et qui vivra toujours, à enfanté Infinitae, créateur de l'Infini, et Terminus, contrôle de l'Infini. Ils naquirent de leurs union Orbi, modeleur de l'univers, et Imperium, créateur de l'énergie. Les Dieux de lumière Lux, de matière Visibilis, de vie Vitae et de mort Mortem, engendrés par Orbi et Imperium, féconda Logicae, qui fait que toute chose soit lié, Ordo, qui fait que toutes chose engendre causes et conséquence, Alea, qui rend le monde incertain, et moi-même, Numérus, l'envoyé venu donné aux Hommes.
- Mais... pourquoi moi...
- Car Alea l'a décidé, car Ordo vous a guidé, et Logicae vous a fait comprendre.
- Et ce lieu... ce cube...
- Les Hommes aiment honorer leurs Dieux, de tout temps nous avons été honoré. Mais nous avons été perdu dans l'oublie, tel est le sort de ceux qui reçoivent le langage des Dieux.
- Cela veut dire... que je ne me souviendrai de rien ?
- Cela veut dire que ce rêve n'existera plus au moment où vos yeux s'ouvriront, vous serez remplie d'une intuition que vous ne vous expliquerai pas, et vous ferez tout votre possible pour enseigner ce que vous aurez appris de notre bouche. Quant à ce temps... il est temps de refermer le trou. »
Il s'approche de Fred, et lui parle dans l'oreille comme pour lui divulguer un secret...
Depuis ce jour, Frédérique Maslow quitte le campement. Le trou qui avait apparu avait disparu comme il est apparu dans la même nuit, ne faisant aucune victime, et toutes les notes et les photos ont été perdu, laissé comme par hasard dans le trou. Par un pur hasard encore, une expédition est faite plus loin au sud de l'Égypte, arrêtant d'un coup toutes les futures fouilles que pourrait faire Eric Smithsons, et lui donnant de quoi réfléchir à autre chose pendant plusieurs années. Frédérique arrêta ces études de Grec et de latin ancien pour se diriger vers la physique quantique, où ses fulgurances et ses déductions d'une nuit qu'il ne se souvient plus montrera la voie à une nouvelle manière de voyager dans l'espace.
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