J'ai arrêté de pleurer sur mon sort, au contraire, je l'ai accepté. Si le docteur voulait me tuer il l'aurait déjà fait.

J'ai compris ses intentions, il m'isole pour que je devienne un bon petit chien bien dressé. Le problème n'est pas que je le sache mais c'est le fait que je ne puisse rien y faire.

Et Constance ? Cette fille est une énigme à elle seule. Pourquoi m'aide-telle ? Comment est-elle parvenue ici ? Va t-elle à son tour jouer de ma confiance ?

Cette fille est devenue ma seule raison d'être. Je ne la connaissais pas et pourtant au beau milieu de ce tableau peint sombrement, il y a une fleur qui se démarque par sa couleur vive.

Je ne suis pas bête. Je me doute qu'elle n'est pas là par hasard. J'ai appris au dépend de la vie d'un homme que rien n'est fait pas hasard ici. Mais je m'en contente.

Peu importe quel est le plan du docteur, je me jette tête la première si c'est pour avoir la certitude qu'elle revient. Sa silhouette me hante.

Elle est peut-être là pour m'utiliser comme toutes les autres ?

J'ai beau écouté ma raison et me méfier de sa soudaine présence, mon coeur lui n'a besoin que d'un peu d'attention.

Et puis, ais-je le droit d'espérer qu'elle n'est ici que pour mon bien ? Puis-je espérer que tout mon entourage ne se résume pas qu'à un jeu de pouvoir incessant ?

Quelqu'un a écrit que l'amour rend aveugle. Rien qu'une fois, une seule fois, je souhaite espérer qu'on m'aime pour ce que je suis et non pour ce que je peux donner.

Rien qu'une fois, permettez-moi d'espérer.

Je repense à sa main remplie de chaleur.

Et quand bien même tout n'est qu'un stratagème du docteur, c'est la seule personne qui malgré mon état lamentable m'a aidé.

Je ne montre jamais mes faiblesses, jamais mes émotions mais elle... Elle a vu tout en même temps et pourtant elle revient chaque jour.

Ses yeux timides qui me procure des frissons à chaque fois que son regard croise le mien.

Même l'obscurité ne pourra pas me détacher d'elle quand elle est à côté de moi. C'est d'ailleurs cette même obscurité qui me permet de l'imaginer quand le froid et la faim me consument.

Elle était si fragile face à eux et pourtant aujourd'hui c'est elle qui me permet de tenir.

Se souvient-elle de moi ? Sait-elle que je l'ai reconnu ? Pourquoi n'a t-elle rien dit depuis ce jour ?

La porte grince puis une ombre passe à travers avant de refermer.

Sa main chaleureuse touche mon front.

- Tu vas mieux ?

Je tousse pour essayer de répondre. Elle pose son doigt sur ma bouche.

- Ne te fatigue pas tu vas simplement me serrer le doigt pour un oui et deux fois pour un non.

Elle faufile sa main dans la mienne bien que ce soit inconfortable.

On discute par des réponses courtes. Je serre ses doigts pour répondre. Elle apprend mon âge, que j'ai une sœur et deux frères, que je fais partie de la fameuse famille de mon père. Le problème c'est que je ne peux rien apprendre d'elle alors j'essaie de me casser la gorge pour dire quelques mots. Ca marche avec difficulté mais j'arrive à dire ce que je veux dire. Je découvre qu'elle est enfant unique et que ses parents pensent qu'elle est morte. J'essaie de lui demander pourquoi mais elle change de sujet.

Je me sens un peu minable, accroché au mur en bégayant et pourtant elle arrive à me faire sourire avec des blagues et du réconfort.

- Pourquoi tu pleures ? Me demande-t-elle soudain.

Je me rends compte que je pleure au même moment qu'elle.

- C'est de ma faute.

Je lui dis non. Un silence s'installe.

Je lui caresse les doigts pour qu'elle comprenne. Je vois son sourire malgré l'obscurité. Elle s'approche de moi lentement puis nos soufflent se mêlent avant que je décide de sceller nos bouches avec un baiser.

Elle ne recule pas malgré ma condition. Mon cœur bat un peu plus vite.

Elle finit par se détacher de moi.

- Je reviendrais promis.

J'essaie de la retenir sauf que mes doigts rencontrent seulement le vide.

- J'aurais mon histoire heureuse. Affirme-t-elle avant de sortir.

Je ne comprends pas bien ce qu'elle voulait dire par là pourtant j'ai le coeur qui court un marathon depuis ce baiser.

Une pensée malvenu me vint à l'esprit. Si le docteur voulait réellement me détruire psychologiquement comme il a l'air de le faire alors Constance n'est pas un ange tombé du ciel mais la personne qui causera ma perte et je crois bien que je n'ai jamais autant accepté la mort qu'aujourd'hui.

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