Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 25 - Tous dans la mêlée

Dans la pluie de flèches et de pierres, dans le cliquetis des armes et les claquements réguliers des marteaux sur les broches des onagres, un cor grave résonna dans le vallon. Enimie redressa la tête, mais une bâtisse lui bouchait la vue. Avec un sursaut de rage, elle envoya à terre un soldat ennemi et sauta par dessus avec sa monture. Elle se fraya un chemin entre les fantassins et parvint à l'entrée du hameau. Là, elle vit les cinq cents cavaliers du Tournel et d'Hacher qui chargeaient, sur un replat, les troupes ennemies. Il y eut une clameur chez les Arvernes, qui tâchèrent de se réorganiser, mais les pierres continuaient de pleuvoir sur eux. Alors le cor grave résonna derechef et la terre trembla.

« Cessez les jets de pierre, cria la guerrière, et les onagres arrêtèrent de ruer. Archers, sur les fuyards !

Tandis que les Arvernes répondaient aux plaintes des cors aigus de leurs chefs et reformaient leurs rangs, les archers abattirent ceux qui tournaient le dos au village.

Le grondement s'étouffa ; les deux groupes de cavaliers s'étaient rencontrés et luttaient désormais au corps à corps. Ils avaient tous un brassard rouge et blanc, des couleurs de leur commandant. Mais c'était, malgré tout, une belle pagaille.

-Reformez les rangs ! cria Enimie la Jeune à ses soldats à pied qui vérifiaient que les derniers Arvernes encore présents dans le hameau étaient bel et bien morts. En ligne, avec vos haches à boucliers. Tenez le rang ! Soyez immuables, comme le chêne ! »

Elle formait de ses hommes et femmes une ligne de lances et de boucliers coupant tout repli aux Arvernes ; ensuite, il ne restait qu'à attendre. Retenant son souffle, elle guettait les râles et les fracas d'armes du combat devant eux. Les flèches de ses archers continuaient de s'abattre sur l'arrière-garde ennemie.

Alors, Enimie vit, par dessus les casques et les pieux, le tortil rouge et blanc du Baron du Tournel, sur un casque où frémissait un panache de plumes blanches.

Quand Astorg du Tournel, Arturus du Tournel, Martì et les autres chargèrent les Arvernes, ceux-là n'avaient pas eu assez de temps pour organiser leur ligne de défense. Les chevaux ruèrent dans les boucliers et bondirent sur la ligne vacillante des lances des Arvernes. Bientôt, les épées virevoltèrent et les cavalières d'Hacher lâchèrent leurs cors terribles pour faire danser leurs haches.

Il y avait des cris quand le fer rencontrait la chair, et chaque cavalier qui chutait risquait d'être piétiné par la mêlée de sabots. Le soleil était haut et dardait de ses rayons le verger en fleurs sous lequel les deux troupes se rencontraient.

L'éclat le plus ardent de la bataille, c'était Astorg le Jeune. Personne ne parvenait à ébranler son assiette. Bien qu'il n'eût aucune cape à épingler, sous le soleil annonciateur de l'été, il avait accroché à sa poitrine la fibule d'or qu'Odile lui avait confiée, l'épi de blé, symbole des Grèzes mais, surtout, de son amour. À chaque mouvement, le soleil faisait étinceler l'épi, comme s'il était chargé d'une force éclatante, irradiant tout autour. Le Baron, pour sûr, était animé d'une force qu'on ne lui avait jamais connue. Pour la première fois, il ne faisait pas la guerre d'un autre : il se battait pour sa propre cause ; pour celle qu'il aimait de tout son cœur, de tout son souffle. Dans la mêlée, Astorg du Tournel et son écuyer Martì combattaient flanc contre flanc, leurs montures têtes bêches, ayant chacun à sa gauche l'autre pour se protéger. Arturus du Tournel faisait de même avec son écuyer. Les guerrières d'Hacher, en revanche, plongeaient au milieu de l'ennemi avec de grands moulinets de haches, comptant entièrement sur leur bouclier pour les garder ; mais elles étaient habiles à son maniement.

Derrière sa ligne de boucliers et de lances immobiles, Enimie la Jeune s'impatientait. Elle sentait le soleil brûler ses joues. Il lui donnait chaud. Elle transpirait et des mèches de cheveux, sous son casque, collaient à ses joues et sa nuque. Elle n'avait d'autre rôle que d'attendre la fin de la bataille, et cela correspondait mal à son caractère. Consciente des bienfaits de la discipline pour ses hommes, elle-même brûlait de rompre la ligne pour joindre la mêlée. Elle avait fait le tour du village, ramassé toutes les francisques qu'elle avait trouvées, posté quelques gardes à l'arrière du village qui préviendraient s'ils se faisaient prendre à revers par une autre troupe, et désormais... Elle était désœuvrée.

« Que faites-vous, dame Enimie ? s'exclama une guerrière d'Hacher, une des expertes manieuses d'onagres qui, comme la jeune femme, n'avait plus rien d'autre à faire qu'attendre au soleil.

-Estèla, tu commandes, désormais ! Ne rompez la ligne que si le Baron du Tournel l'ordonne, les cors sonneront trois coups brefs, comme tu sais.

-Mais... »

Enimie la Jeune fit caracoler sa jument et quitta le village par un côté, pour contourner ses archers et gagner le cœur de la bataille ; un instant, ses soldats, qui lui avaient tourné le dos et ignoraient son arrivée, la mirent en joue comme si elle était une Arverne les débordant par l'arrière ; mais Estèla cria un ordre et ils lâchèrent leurs flèches dans une autre direction – celle d'une grappe d'Arvernes qui grimpaient les pentes des collines de part et d'autre de la bataille dans l'espoir de fuir.

Au mépris de toute prudence, Enimie la Jeune avait abandonné son casque et le tortil qu'elle usurpait. Elle arrivait du bon côté de la mêlée, celui où se trouvaient surtout des Arvernes, et elle lança des francisques dans toutes les directions, peu inquiète de toucher par erreur des alliés, car il n'y en avait pas de ce côté de la bataille ; c'était un beau carnage. À chaque mort, elle se rapprochait du cœur du combat, car rien ne l'attirait tant que combattre aux côtés d'Astorg le Jeune en ce jour où il serait héros. Sa toison dorée volait autour d'elle. Son regard clair était terrible ; sa hache était partout. Elle était enivrée par le feu de sa première grande bataille. Elle savait qu'on la chanterait pendant des années ; elle voulait son couplet.

Le combat dura sans doute une heure. Les Gabales dépassaient leurs ennemis en nombre et en position. Il fallut reconnaître aux Arvernes qu'ils se battaient bien et persévérèrent jusqu'au bout. Après la percée d'Enimie, ils se prémunirent des archers en organisant un mur de boucliers du côté du hameau, sans cesser de lutter contre la marée des cavaliers menés par Astorg. Quelques grands soldats furent mis en difficulté ; ainsi Martì se retrouva-t-il sans cheval, mais continua de se battre avec d'autant plus de vigueur. Il avait encore assez de souffle pour s'exclamer face aux guerrières d'Hacher :

« Quel dommage que ces vaillantes ne portent pas de jupes, je suis juste où il faut pour regarder dessous !

-Martì ! » le corrigea Astorg, mais il savait que jamais il ne changerait son écuyer ; c'était un homme d'Helvie, et les Helviens étaient des rustres ; tout le monde le savait.

Arturus du Tournel faisait un beau carnage parmi les soldats ennemis ; lui aussi se retrouva à terre, son cheval transpercé d'une lance. Il n'y resta pas deux minutes : un cavalier arverne fondit sur lui, auquel il fit vider les étriers. Aussitôt, il grimpa en selle, puis décapita l'Arverne pour faire bonne mesure. La sueur et le sang perlaient à parts égales sur ses temps et ses bras.

Enimie la Jeune faillit regretter d'avoir ôté son casque, car sa tête était exposée aux coups, et une lame la toucha en travers de la joue, mais sans s'enfoncer, que le coup ne fût pas porté comme il fallait ou que la lame fût mal aiguisée. Son visage, tuméfié, ne ralentit à aucun moment le rythme avec lequel elle mouvait sa hache.

Il vint un moment où les Arvernes comprirent leur cause perdue ; et, ou qu'ils tinssent trop à la vie, ou qu'ils considérassent que cela amoindrirait l'éclat de la victoire des Gabales, ils se rendirent plutôt que tous mourir. Un par un, à commencer par leur chef, ils lâchèrent leurs armes et mirent leurs mains derrière la tête. Ceux qui étaient à pied tombèrent à genoux ; ceux qui étaient à cheval sortirent les pieds des étriers et laissèrent leurs jambes ballantes.

« Victoire aux Gabales ! cria Astorg de toute la force de sa voix, son épée dressée vers le ciel.

-Victoire ! Victoire ! reprirent tous ses soldats.

-Par Néomaye Picte, la haute prêtresse de l'eau, par son oracle et par la terre d'où naissent toutes les sources, victoire !

Astorg savait que l'évocation de l'oracle était indispensable pour renforcer l'éclat de ce jour. Les soldats reprirent tous :

-Victoire ! Victoire ! Victoire !

-Et pour Astorg le Jeune... Que dis-je ! Astorg l'Intrépide ! Hourra ! Hourra ! s'écria Arturus, qui était venu à son côté et l'avait forcé à lever son autre bras.

-L'Intrépide ! L'Intrépide ! L'Intrépide ! » scandèrent les soldats. »

Il était fini le temps d'Astorg le Jeune, nommé par comparaison avec son père du même nom. Il venait de se faire un nom propre, bien que n'ayant rien fait de bien supérieur à ce que faisaient les troupes gabalitaines depuis des années. Mais cette fois, il avait dirigé les troupes, pour la première fois en tant que Baron du Tournel, et avec la bénédiction de la prêtresse. Ce genre de circonstances valait bien qu'on le rebaptisât.

Le temps qu'on passa à nettoyer le champ de la bataille fut plus important que ce qu'elle avait duré. Il y avait des pertes côté gabalitain, mais sans commune mesure avec les pertes arvernes. Les deux bords avaient perdu quelques cent-cinquante hommes, mais cela représentait la moitié des combattants arvernes contre un dixième seulement de l'armée gabalitaine.

Les guerrières d'Hacher ligotèrent les vaincus un par un et dirent des prières pour les morts. Puis elles transportèrent les blessés dans les bâtisses du hameau et lavèrent leurs blessures, en commençant par les Gabales. Les hommes du Tournel achevèrent les chevaux blessés et les dépecèrent soigneusement. Ils cuisirent la viande aussitôt et nourrirent les soldats. Ils rassemblèrent les montures indemnes et les répartirent parmi les soldats qui avaient perdu la leur. On ramassa les armes tombées au sol, on les tria et on les redistribua entre les vainqueurs. Comme il y en avait moins que de soldats, il fallut attribuer publiquement des mérites et des blâmes, et tirer à la courte paille entre ceux qui restaient. On se répartit également les bottes, les ceintures, les anneaux des ennemis, en somme, tout ce qui avait quelque valeur.

Sur la fin de la journée, Salès reparut avec ses deux gardes et confirma à Astorg qu'il n'avait vu aucune troupe sur leurs arrières, ayant pourtant chevauché presque jusqu'au château d'Hélodie. Il félicita Astorg l'Intrépide pour sa victoire.

« Je sais que tu aurais voulu combattre à mes côtés, Salès, mon ami. Nous aurons d'autres occasions.

-Plaise au souffle que non ! sourit le vieux capitaine.

-Qu'allons-nous faire, maintenant ? demanda Enimie la Jeune.

-Il faut partir avant d'être découverts. La garnison d'Hélodie va attendre des nouvelles de ses troupes, ils ne tarderont pas à envoyer des éclaireurs, ou pire, une seconde armée. Ils sont encore au moins sept-cents terrés dans le château ! Nous laissons les blessés ennemis ici ; le souffle choisira s'il les quitte. Nous ramenons les nôtres, morts ou vifs, et tous les Arvernes qui peuvent marcher.

-Des otages de valeur, approuva Arturus.

Mais Astorg avait pour eux d'autres projets.

Ils furent bientôt prêts au départ. Les prisonniers furent placés à la fin du cortège, attachés deux par deux aux mains, au cou et aux pieds. Les blessés furent mis sur le dos des chevaux et les défunts empilés dans deux charrettes volées aux résidents du hameau. En fin d'après-midi, Astorg caracola sur les hauteurs de la vallée, d'où il harangua l'armée :

-Soldats ! Aujourd'hui est un grand jour ! Pour la première grande bataille de l'année, la victoire est nôtre ! Pour un Gabaldan libre ! Pour la fin du clientélisme arverne ! Aujourd'hui, les Arvernes sont tombés !

L'armée répondit par des cris rauques qu'elle scanda par trois fois ; alors leur commandant reprit, à s'en rompre la voix :

-Marchons jusqu'au matin, retournons à notre chère terre, à nos monts et nos troupeaux ! Bénissons la lune qui cette nuit éclairera nos pas ! Demain sera le jour le plus long de l'année ! Demain, vous n'aurez pas à tirer vos armes, car demain, nous rendrons grâce pour cette victoire ! Les moutons rôtiront et chaque homme, chaque femme ici présent aura son tonneau de vin ! À la tombée du jour, le souffle-esprit et l'eau picte accompagneront nos morts et nous danseront pour eux devant les feux de l'été ! Réjouissez-vous !

L'armée répondit à nouveau par ses cris ; mais Arturus vint derechef au côté de son frère et initia à nouveau des vivats pour Astorg l'Intrépide. Quand enfin le triomphe prit fin, ils se mirent en marche. Astorg rejoignit Enimie la Jeune. Sa joue enflée et violacée rompait la symétrie de son sourire, mais la plaie avait été nettoyée et ne suintait pas. À aucun moment elle ne s'était plainte de son malheur et à aucun moment Astorg ne lui avait reproché d'avoir enfreint les ordres. Ils avaient gagné, cela suffisait.

-Vous avez bien fait les nœuds ? demanda-t-il.

-Exactement comme il le faut, je m'en suis chargée moi-même, répondit-elle. Sur les deux les moins bestious, à ce qu'il m'a semblé, en bout de file. Ce sont mes sœurs qui les gardent.

Quand elle disait « ses sœurs », elle désignait ses sœurs en guerre, les redoutables guerrières d'Hacher. En effet, la file des prisonniers marchait juste avant les machines de guerre, tirées par des chevaux et guidées par les filles à la hache.

-Vous pensez qu'ils s'échapperont ?

-Il faut l'espérer. Toute votre combine repose là-dessus, n'est-ce pas ?

-Quand vous dites « combine », je sens que vous désapprouvez.

-Je ne peux pas désapprouver un coup de maître qui anéantira probablement nos ennemis à jamais. Mais...

Elle hésita, et malgré la clarté du début de soirée, Astorg vit dans ses yeux passer une ombre.

-Mais ?

-Mais je suis fille de l'eau picte. Je ne fais pas confiance au feu. »

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro