Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 20 - La joute des femmes

Lors du banquet, le Comte déplora l'absence de son épouse ; il était allé la chercher personnellement dans leur chambre, mais n'avait trouvé que Rafèla, la nourrice, aux soins de la petite Dulcia. Il avait rejoint la grande salle avec retard. Il offrit à Salès un sourire forcé et, gardant sous le boisseau son courroux, il proclama les prochaines noces de sa sœur et d'Astorg du Tournel. L'annonce du Comte fut succincte, minimale, mais causa un grand tumulte de joie parmi les petits seigneurs qui étaient présents ; les femmes applaudirent de bon cœur – , ainsi que le Baron Béraud de Sénaret, qui était venu à la foire de ses terres tout proches.

« Un beau morceau sur quoi mon neveu met la main, hé, Salès !

Le capitaine se contenta d'un hochement de tête. Béraud de Sénaret était déjà fort en âge et sa goujaterie envers les femmes était proverbiale ; pour cette raison, Salès savait que le vieux Baron ne commentait pas la dot d'Odile de Grèzes, mais ses autres aimables qualités. Le propos lui parut d'autant plus déplacé que Béraud était, comme il le rappelait, l'oncle d'Astorg du Tournel, qui était né de Blanche de Sénaret ; qu'une femme aussi saine et dévote pût être la sœur d'un tel mufle dépassait l'entendement du capitaine – et c'était sans compter que la fratrie ne se bornait pas à eux deux, et que leur sœur Manon de Sénaret était aussi au service de l'eau picte. Béraud était le mouton noir de la portée, mais il était, aussi, le premier fils ; en cette lignée, la primogéniture mâle montrait ses limites.

-En parlant de bonnes nouvelles, tiens ! Mon fils Gustau vient d'être père, deux fois ! Au début de l'hiver, d'une petite Aline, pas plus grosse que mon bras ! Et à la fin de l'hiver, d'un petit Illì.

C'était soit un mystère médical, soit la preuve trop évidente que le fils tenait du père ; Salès avança prudemment :

-Comment se porte la mère ?

-La petite Brilhèta, comme un charme !

Brilhèta de Sénaret était l'épouse de Gustau, Salès le savait ; les époux étaient également cousins au premier degré, mais ce que les Sénaret faisaient dans leur coin ne le regardait guère. Béraud continua :

-C'est l'autre, Alionor Volpilhac, qu'est dans une position un peu moins confortable. Bah, ils s'arrangeront ! Faut bien se tenir chaud en hiver ! Et puis dans cinq ou six ans je trouverai un vassal à qui fourguer le petit Illì Cardabelle comme page et on n'en parlera plus.

-On parlera toujours des petits Cardabelle, remarqua Salès en piquant du couteau une côtelette aux herbes.

-Bah ! On peut pas sauver tous les bâtards de la terre, hé !

-Le seigneur de Capio pense qu'il le faudrait, glissa Néomaye Picte qui passait derrière eux ; mais elle ne s'arrêta pas pour écouter la réponse.

De ses pieds toujours nus, elle rejoignit la « joute des femmes », qui était en réalité une danse exécutée par les jeunes femmes de la cour, qu'elles fussent nobles ou servantes, jeunes ou vieilles, tant qu'elles n'avaient pas d'époux ; et elles étaient nombreuses, par la force de la guerre qui fauchait plus de mâles que de femmes. Au milieu de cette danse, chaque faux pas était jugé, chaque défaut de grâce attirait la sanction. Les fautives devaient quitter le cercle, dont la beauté et l'harmonie croissaient ainsi à mesure que sa taille décroissait. Avec des couronnes de fleurs et des rameaux bourgeonnants, les femmes évoluaient ensemble, au rythme d'un tambourin et d'une flûte que les jongleurs jouaient au bord de la piste. Les petites Asia et Nérelle s'y trouvaient, mais aussi Odile de Grèzes et Elisa Montejoie, dont la robe encombrante causa bien des fautes aux concurrentes ; mais le juge impartial, c'était Néomaye Picte, et bientôt Elisa Montejoie dut se mettre en retrait, au côté de vieilles femmes et de jeunes étourdies, au nombre desquelles la petite Asia. En revanche, Salès fut heureux de découvrir la grâce et l'application de Nérelle du Tournel à cette danse. La fille d'Arturus du Tournel semblait s'être faite, dès son jeune âge, une réputation admirable à la cour de Mimata.

Alors que les danseuses se faisaient moins nombreuses et le rythme plus soutenu, la beauté d'Odile de Grèzes dansant couronnée de fleurs frappa Salès comme une évidence. Pour la première fois, il comprit qu'on pût être amoureux de cette femme. Tous, dans cette salle, étaient amoureux d'elle, en cette heure, en ce lieu ; ce n'étaient pas les musiciens qui lui imposaient rythme et ton ; c'était elle qui dictait la suite de la danse. Bientôt, elle ne furent que trois, Nérelle du Tournel, Odile de Grèzes et une étonnante jeune fille, camériste inconnue ; mais Odile n'avait pas son égale. Nérelle perdit en grâce quand le rythme devint trop soutenu ; et la servante en fin de compte s'arrêta d'elle-même, essoufflée.

Ne restait qu'elle ; Odile de Grèzes, la fiancée du Baron du Tournel, la rousse beauté, la cavalière des tourmentes, la danseuse effrénée. Elle portait une robe fine, d'une teinte d'un vert si pâle qu'on le confondait avec du blanc, à la lueur des torches de la fête, brodée au col de fleurs roses et de lianes virides. À la lueur des torches, on voyait ses joues roses à cause de l'exercice et ses yeux animés d'une flamme. Essoufflée, ravie, elle souriait de sa victoire. C'était une fraîche et saine jeune femme qui porterait de beaux enfants, songea Salès ; c'était, en vérité, tout ce qu'il fallait au Tournel ; il leur manquait une baronne depuis trop longtemps.

Néomaye Picte s'approcha d'Odile de Grèzes avec un voile d'une blancheur translucide, dont elle drapa la toison tressée de la jeune femme. Le voile caressait le sol comme des ailes célestes. La prêtresse ajouta sur le dessus une couronne de fleurs d'une opulence supérieure à toute autre dans l'assistance, et la foule applaudit le sacre de la vainqueresse. Salès aussi.

Ce qu'il se passa ensuite ne relevait pas du cérémoniel habituel de la joute des femmes ; ou alors le pratiquait-on très différemment à Mimata que dans le reste du pays ! En effet, Odile s'était agenouillée devant Néomaye Picte et lui avait remis ses mains. De profil par rapport à la table haute, elles offraient un spectacle étonnant de dévote soumission. Après quelques murmures, l'assistance entière retenait son souffle et guettait la suite ; aucun ne semblait surpris ou inquiet, mais plutôt curieux et avides.

-Que se passe-t-il ? finit par demander Salès à son voisin Béraud de Sénaret.

-Ah ! C'est un oracle de la prêtresse. Elle le prodigue parfois à la fête du printemps, mais on n'sait jamais quand. Regardez plutôt.

De l'eau semblait s'écouler de Néomaye Picte, de ses yeux, bien sûr, mais aussi de son nez, de sa bouche, de la courbure de ses reins et de sa gorge même. Lentement, sa toge blanche but cette eau et perdit son opacité. Le corps ténébreux de la prêtresse, en dessous, n'avait aucune couleur, ni aucune toison où il s'en trouve d'ordinaire chez les femmes. Sans lui lâcher les mains, la prêtresse s'agenouilla à son tour face à Odile de Grèzes. Elles se trouvaient face à face, nez contre nez. Alors la prêtresse leva les mains d'Odile vers ses yeux qui pleuraient et posa les doigts blancs de la jeune femme au bord de ses propres paupières. Puis elle lâcha les mains d'Odile et il sembla qu'elle perdait toute substance ; seuls la maintenaient droite les doigts sur son visage.

Odile, dignifiée, soutint ainsi la prêtresse pendant quelques minutes. Salès, en dépit des choses extraordinaires qui se passaient devant lui, était gêné. Prude, peut-être, il n'approuvait pas qu'une femme s'exposât de la sorte, pour ainsi dire nue. Que cette femme fût l'emblème d'une religion qui prônait l'abstinence, la pureté et la retenue mettait à mal sa patience. Sa notion de la prêtrise était de s'effacer devant la foi ; c'était ainsi qu'il avait servi avec égards et considération la Baronne Blandine la Blanche qui, malgré leur différend religieux, avait toujours su inspirer son respect par sa décence et sa discrétion.

La scène prit fin quand Néomaye Picte poussa un grand cri, comme celui d'un homme qui, longtemps plongé dans l'eau, avale soudain de l'air comme si sa vie en dépendait. Elle s'effondra sur le pavé et Odile s'empressa de la soutenir. Elles se relevèrent toutes deux et Néomaye, face à la jeune femme, dit alors :

-L'homme qui t'attend est un homme de parole ; pour toi il prendra les armes et pour toi, avant l'été, il franchira l'infranchissable et tombera sur nos ennemis comme la cascade sur un lit de fleurs fraîches. Tu peux être fière de l'homme qui t'aime, car il sera pour toujours enchaîné à tes yeux.

Ce fut tout. La prêtresse quitta la salle, sans que personne ne la retînt, et pendant un bref instant chacun mûrit en lui les mots qui venaient de résonner. Alors la salle explosa de vivats. Salès remarqua les joues roses d'Odile de Grèzes et, au fond de ses yeux, l'humidité de l'émotion.

-Sieur Béraud, laissez-moi votre siège.

C'était le Comte Garin. Le Baron de Sénaret se leva et trouva vite une nouvelle place auprès d'Elisa Montejoie. Entière dans toutes ses humeurs, la jeune femme ne cacha pas son dégoût à sa vue.

-Sieur Salès, commença le Comte. Vous avez entendu comme moi. Les mots de Néomaye Picte sont saints ; je les veux vrais.

Le capitaine cacha ses réserves, car, pour une fois, la prêtresse servait ses desseins. Il hocha poliment la tête.

-Voilà ce que je vous propose : si Astorg le Jeune finit ma guerre avant l'été, il aura ma sœur pour toutes les clauses de dot ou de douaire convenues, et pas un jour de service en plus.

C'était encore plus favorable que ce qui était convenu ; le Comte, assurément, buvait comme du petit lait les propos de la prêtresse. Mais la clause n'était pas mince, pour le plus sceptique capitaine.

-Sire Garin, pouvez-vous préciser à quel moment vous considérerez votre guerre gagnée ?

-Disons, sieur Salès, si les forces des Arvernes sont si réduites qu'ils ne peuvent refuser une négociation. L'issue de cette négociation n'incomberait pas à votre seigneur.

-Mon seigneur ne serait pas non plus tenu pour responsable d'autres infortunes, si les Vellaves, par exemple, venaient à quitter leur neutralité et rejoindre les rangs des Arvernes contre nous ?

-Aucunement.

-Et en cette campagne décisive, faut-il que seuls des hommes du Tournel combattent ?

-Mais non, bien sûr : tout homme désireux de se joindre à l'expédition ne peut en amoindrir la force ; qu'il se trouve des alliés ne diminuera en rien le triomphe de votre seigneur. Sieur Salès, mon ambition est de gagner cette guerre ; que m'importe que pour ce faire votre frère s'aliène une troupe d'Helviens grâce à sa belle-sœur, ou une cohorte de cousins bâtards, ou que sais-je !

-Alors j'ai votre parole ?

-Vous l'avez. »

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro