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Chapitre 17 - Les thermes

Mimata était une cité comme jamais Clarmonde n'en avait vue. Gouvernée par la foi de l'eau picte, les plus importantes rues étaient entièrement pavées et un mince filet d'eau courait au centre de toutes les rues, pour emporter avec lui les déchets qu'on jetait des fenêtres. Comment cette eau trouvait son chemin entre toutes ces rues d'inclinaison variable était pour la servante un mystère. À pas pressés, elle suivait Odile de Grèzes et Elisa Montejoie sur le haut du pavé. Les deux dames avaient leurs propres caméristes avec elles, mais Clarmonde avait hérité du soin des demoiselles Nérelle du Tournel et Asia de Grèzes, non parce qu'elles manquaient de servants, mais parce qu'elle s'était attiré tout particulièrement les faveurs de la jeune Asia, grâce aux présents qu'elle avait transmis de la part de ses oncles – et, elle s'en rendit vite compte, parce qu'elle venait du Tournel. Alors qu'elle levait les yeux sur les hautes bâtisses de la cité et admirait les nombreuses fontaines et sources vives, son émerveillement était sans cesse interrompu par des questions variées : la Tour Nelle était-elle si grande qu'on le disait, était-il vrai qu'on montait les étages dans l'épaisseur de son mur imprenable, et Clarmonde avait-elle déjà vu l'épieu que le troisième fils de la légende avait planté pour faire ployer la rivière ? La servante répondait avec gentillesse, heureuse au moins d'avoir en la jeune fille un sauf-conduit pour tous les lieux les plus nobles de la cité gabalitaine.

« Vous devriez voir la cité lorsque le printemps est bel et bien là, les jardins qui entourent le palais, les fontaines et les thermes sont un délice pour les yeux, qui n'a son égal nulle part, dit Elisa Montejoie.

Toute aux demoiselles qui lui tenaient la main, Clarmonde n'avait pas remarqué que la noble demoiselle avait ralenti le pas pour se trouver à sa hauteur. Après des débuts difficiles, elle avait fini par avoir sur Elisa Montejoie l'impression d'être face à quelqu'un de profondément hostile à la hiérarchie entre les gens ; du moins la noble dame l'avait-elle toujours traitée avec gentillesse, sinon égalité. Elles avaient leurs rôles respectifs dans la société, mais quand c'était pour certains une barrière infranchissable, Elisa Montejoie ne donnait pas cette impression. À bien y réfléchir, Elisa Montejoie ressemblait à un papillon, qui choisit chaque jour la fleur qu'elle butine ; au risque de choquer, au risque de butiner la même fleur que le puissant bourdon. Il n'était pas facile de cerner ses buts dans la vie, ou même de savoir si elle était gentille, bête ou calculatrice.

-Dame Elisa Montejoie, si vous dites cela, c'est que vous n'avez vu le Tournel qu'au cœur de l'hiver, où toute la campagne dort. Son jardin, je vous l'assure, est un dédale de fleurs et d'odeurs.

-Dis, dis, Clarmonde, il y a des anémones ? Mère m'a appris que séchée et en poudre, on l'utilise pour faire éternuer, et pour réduire les migraines !

-À la bonne heure, votre mère vous enseigne de belles choses ! s'étonna Elisa Montejoie

-C'est pour ça que j'aime aller en forêt avec elle ! répondit aussitôt Asia.

Au bout de son bras, Clarmonde sentit la pression excitée des doigts de la jeune Asia. Mais Nérelle grogna :

-J'aime mieux quand on parle du Tournel.

-Vous avez raison, demoiselle Nérelle : le jardin du Tournel mérite plus d'éloges ! Quand on y marche, on sent le battement des ailes des papillons contre sa joue, et l'air vibre de toutes les abeilles du rucher qui viennent y butiner. Il y a des dizaines de ruches ! Elles donnent un miel sans pareil.

Elisa Montejoie sourit.

-Nous aimons tous notre pays de préférence à tout autre, n'est-ce pas ?

-Si je peux me permettre, dame Elisa Montejoie, vous n'êtes pas plus de Mimata que je ne suis Gabale, je crois ?

-Elisa est la fille du Roi ! s'écria Asia, heureuse de pouvoir intervenir.

-C'est un peu plus compliqué, tempéra la dame, mais elle n'en dit pas davantage.

Les informations sur Elisa Montejoie étaient largement répandues et chacune contredisait la précédente. La demoiselle elle-même laissait dire et ne confirmait aucune rumeur. L'information la plus acceptée et variant peu d'une version à l'autre était qu'elle était fille d'un Roi lointain. De quel Royaume il s'agissait et des causes de sa présence au pays des Gabales et de sa position au sein de la cour du Comte de Grèzes, on ne savait rien précisément ; certains disaient qu'il s'agissait d'un arrangement entre ce lointain Roi du Nord, bien plus au nord que les Arvernes, et le Comte de Grèzes, pour aider dans la guerre en cours, et qu'à la fin, Elisa Montejoie serait mariée avantageusement ; d'autres disaient qu'elle était bâtarde et qu'on la cachait ici car elle aurait été mise à mort dans son pays, son père payant cher pour son entretien et le secret de sa survie ; une version fameuse donnait quant à elle le beau rôle aux Comtes de Grèzes : ils l'auraient enlevée au faible Roi, non pour en faire leur femme, mais pour en faire une otage et un moyen de pression ; d'autres, encore, imaginaient qu'elle était venue à la demande de Néomaye Picte, d'un Royaume pas si éloigné de cet endroit où Néomaye elle-même était née ; mais il était difficile d'accréditer cette version, car Néomaye Picte était arrivée au pays des Gabales bien avant la naissance d'Elisa Montejoie, bien avant, même, la naissance de la plupart des gens qui vivaient sur cette terre. Tout comme il fallait accorder à Elisa Montejoie une part de mystère sur son origine et ses ambitions, il fallait admettre, sans discussion, le mystère que Néomaye Picte ne vieillissait pas ; et ce mystère aidait beaucoup à la popularité du culte de l'eau picte.

-Voilà les thermes, s'écria Asia, et il était en effet difficile de les manquer.

Le groupe venait de déboucher sur une place immense, en légère pente, sur laquelle allaient et venaient des centaines de personnes, majoritairement des femmes, malgré l'heure matinale. Elles convergeaient presque toutes vers le majestueux bâtiment en haut de la place. Il faisait plusieurs étages, tout en pierre crémeuse, avec des voûtes rondes et des colonnes sur le parvis. Une corniche ouvragée en faisait le tour, dont le larmier ondulait comme une vague. Aucune tour ne surplombait l'édifice, mais au milieu d'un toit plat, un dôme rond et proéminent qui semblait toucher le ciel. Alors que tout autour de la cité, les montagnes faisaient un halo protecteur, le dôme, vu de la place, dépassait en hauteur la silhouette du Mont Mimata.

-Je suis montée là-haut une fois, avec mon père, dit Asia. Il y a sur le toit un grand bassin qui alimente les fontaines de la ville, comme ça elles jaillissent fort et font des arc-en-ciel au soleil. Il y a un aqueduc qui arrive à l'arrière des thermes et apporte l'eau du mont Mimata, quand il pleut !

Ce n'était pas le seul motif d'ébaubissement de ces thermes fantastiques : les arches voûtées étaient peintes de bleu et de vert, en des motifs ondoyants où l'eau avait partout une place de choix ; enfin, de larges ouvertures rondes donnaient l'impression que le bâtiment scrutait de dizaines d'yeux la place et la populace. Ces vastes fenêtres laissaient craindre aux plus montagnards un bâtiment froid et en proie aux courants d'air. Mais quand ils s'approchaient, ils voyaient que ces fenêtres rondes étaient closes d'une baie de verre, imperméable à toute infiltration d'air, de pluie ou d'autres impuretés.

-Splendides, n'est-ce pas ! s'exclama à leurs côtés un homme à cheval. Les dames levèrent la tête vers lui : droit sur sa selle, un embonpoint notable malgré un visage encore jeune, il avait sous sa barbe bouclée une bouche aimable, aux lèvres pleines et rosées. Son tortil était un retors de trois couleurs : blanc, vert et rouge, posé sur des cheveux bruns qui allaient dans la nuque. C'était Garin l'Affable, le Comte de Grèzes. Salès de Capio chevauchait à son côté. À sa vue, Asia trépigna d'enthousiasme et Clarmonde lui intima, d'une pression de main, de rester calme.

-Vous vous rendez aux thermes, mesdames ? demanda le Comte.

-Òc, mon frère, répondit Odile de Grèzes ; et n'oubliez pas que c'est aujourd'hui jour des femmes. Si vous voulez faire la visite à votre hôte, vous feriez mieux de revenir demain, ou vous ne pourriez voir que la première salle.

-Que Néomaye me noie ! J'avais oublié ça ! Capitaine, je crois qu'il nous faut rebrousser chemin. Et demain je rends justice, nous ne pourrons venir... Bah ! Vous êtes là trois semaines, nous trouverons un moment !

-Dame Odile, dit Salès, vous transmettrez à la Baronne douairière Blandine la Blanche les respects de son fils pour moi, s'il vous plaît. J'avais pour mission de le faire, mais je n'ai toujours pas eu l'heur de la voir. »

Odile hocha la tête en souriant et les hommes, saluant les dames, s'en furent.

Il fallait monter un grand nombre de marches pour entrer dans les thermes. À l'intérieur, tout était de pierre, et la lumière, malgré la saison encore précoce, était plus vive qu'en tout autre bâtiment, sans qu'il fallût pour cela un grand renfort de torches ou de braseros : le verre des fenêtres laissait rentrer la lumière presque intacte, sans comparaison avec les vessies, la corne ou les toiles cirées qui habillaient la plupart des fenêtres dans les fermes ou les châteaux en ce temps-là. Clarmonde était subjuguée.

Il fallait à cela ajouter que chaque pièce était parée de peintures et de mosaïques en accord avec sa destination : dans la salle des bains chauds, des colonnes de pierre rousse entouraient un vaste bassin ; dans la salle où l'on se changeait, des peintures montraient des femmes vertueuses dans un jardin de fontaines et des gentilshommes à la joute pour la gloire de Néomaye.

Les femmes se dévêtirent. Elles remirent à des servantes de Néomaye leurs effets. Odile de Grèzes remit également à Blandine la Blanche, qui servait à la direction du temple, un petit sachet que Clarmonde ne put voir, mais qui contenait probablement une offrande monétaire à Néomaye. Il fallait payer une forte somme pour aller aux bains ; malgré leur taille bien plus modeste, les thermes du Tournel demandaient aussi une offrande. En échange, une servante leur donna des linges avec lesquels se draper et des sandales de cuir.

Blandine la Blanche fit mine de ne pas reconnaître la servante du Tournel qui l'avait tant déçue, mais elle passa une main sur la joue d'Asia, sa petite fille. Ce n'était pas tout à fait un geste tendre, mais c'était plus de tendresse que jamais Clarmonde n'en avait vu, venant de la vieille Baronne.

Nues, servantes et nobles dames, jeunes filles et femmes formées reçurent chacune une petite timbale d'argent ciselé, dans laquelle de l'eau de pluie avait été versée par les prêtresses. Elles burent en communion. Alors, seulement, elles entrèrent dans les autres salles du temple. D'abord auprès d'une fontaine, sous la voûte sculptée du dôme qui gonflait le cœur du Comte de tant de fierté ; la voûte était pavée de petits tesson de verre, qui réfléchissaient la lumière et convoyaient des rayons de soleil. Au sommet de la fontaine, une plante au feuillage épanoui faisait un pied de nez à l'hiver finissant. Là, il fallait se frictionner avec de l'eau et de la poudre de saponaire ; Clarmonde s'assura que les jeunes demoiselles frottassent bien leur peau des oreilles aux orteils ; elle savonna leur dos. Les autres femmes mettaient plus de religion à cette toilette liminaire, chaque geste devant être effectué dans un certain ordre, chaque membre frictionné avec une égale attention, souvent avec l'aide d'une servante du temps aux gestes mystérieux. La façon, même, de manipuler l'aiguière pour l'emplir en la fontaine et la désemplir sur les corps était mystique.

Quand elles furent toutes purifiées, elles s'égaillèrent en différentes salles. Tandis qu'Odile de Grèzes et Elisa Montejoie allaient de leur côté, Asia et Nérelle guidèrent Clarmonde vers une salle où de petits bassins ronds, profonds de la hauteur d'un bras, permettaient à trois ou quatre femmes ensemble de s'asseoir. Elles laissèrent leurs linges et leurs sandales sur un banc de pierre et entrèrent dans l'eau. Elle était tiède comme un jour d'été.

« Comment l'eau peut-elle être chaude, alors que les servantes n'apportent pas de seaux et qu'il n'y a pas de cheminées pour...

-Il y a du feu, mais il est sous la dalle, répondit Nérelle. Et d'autres feux derrière les murs, pour qu'on ne sente pas la morsure de l'hiver.

-C'est mon père qui nous a expliqué, ajouta Asia.

-C'est étonnant... Aux thermes du Tournel, je ne crois pas qu'ils fassent ainsi. Ils chauffent des pierres et les plongent dans l'eau ensuite, ce qui réchauffe l'eau. Ils peuvent ainsi les réutiliser encore et encore.

-Tous les thermes du pays font comme ça, c'est vrai, mais pas à Mimata ! Père est très fier de ses thermes. Ça a mis beaucoup de temps à construire !

-Quand on chauffe l'eau avec des pierres, la cloche sonne pour annoncer que l'eau est chaude, et ensuite, au bout d'un moment, ça refroidit, souligna Nérelle. Mais ici, les feux sous la pierre et derrière les murs maintiennent la salle toujours tiède.

Assise dans l'eau, goûtant cette impression de légèreté qu'elle n'avait connue que lorsqu'elle s'était baignée dans des lacs en Helvie ou dans l'Out en été, Clarmonde leva le regard. Tout était de pierre, soutenu par des colonnes ; le plafond était voûté et peint comme un ciel de printemps. La douce chaleur de l'eau l'amollissait. Elle était bien.

-Je pourrais rester ici toute la journée, dit-elle finalement. Mais il y a d'autres salles, n'est-ce pas ?

-Oh, òc, òc ! Mais Nérelle et moi n'y avons pas droit, pour la plupart. Parce que les bassins sont trop profonds, on est trop petites.

-Vous ne savez pas nager ?

Asia et Nérelle secouèrent la tête de concert. Clarmonde fut frappée par leur ressemblance physique, toute entière héritée du Tournel. Elles avaient les mêmes cheveux noirs qu'Astorg ou Eufrasia, la même carnation, les mêmes moues ; seuls leurs yeux les différenciaient, Nérelle les ayant clairs quand ceux d'Asia, à la paupière plus épaisse, avaient la couleur des châtaignes.

-Mais c'est pas grave, ajouta Asia, on peut aller dans les petits bassins froids – elle pointa du doigt un autre bassin rond de peu de profondeur – ou aller dans le bain de vapeur. C'est mieux de commencer par les bains de vapeur.

Et ainsi guidée par les deux jeunes filles, Clarmonde entra dans une salle toute de brume où la lumière, moins intense, transformait leurs corps en formes fantomatiques. Les dalles sous ses pieds la brûlaient presque et à l'instar de ses jeunes guides, elle posa un linge sur le banc avant de s'y asseoir. La chaleur y était intense, mais très différente de celle qu'on trouvait dans les étouffoirs. D'autres femmes étaient là, jeunes et vieilles, en chair ou menues, et c'était à peine si la lumière caressait les contours de leur corps.

Clarmonde ne resta pas longtemps dans cette salle. Sans savoir quoi, une chose la dérangeait ; les filles sortirent docilement quand elle le leur commanda, mais non sans remarquer :

-Il faut y rester beaucoup plus, d'habitude !

-Je suis désolée, demoiselles, mais cela me donne le tournis.

-Il faut aller dans le bain froid alors, ça fera du bien !

-Et bien, demoiselle Asia, vous êtes une habituée !

-Òc, òc, nous venons souvent avec ma tante Odile de Grèzes ; il n'y a que lorsqu'elle a son sang qu'on n'a pas le droit de l'accompagner.

-Ah bon ? demanda, stupidement, la servante.

-Òc, parce qu'alors elle ne peut plus nous surveiller ici, car elle doit aller dans la salle pour les femmes qui saignent, et nous n'y allons pas. Je me demande ce qu'il s'y passe.

-Juste des bains différents, je pense. C'est sans doute seulement pour ne pas salir l'eau des autres salles. Et peut-être y a-t-il d'autres choses qui sont bonnes pour le sang...

-C'est quoi, avoir son sang, Clarmonde ? Personne ne nous a expliqué ça.

La question avait jailli de but en blanc des lèvres de Nérelle du Tournel. La servante sourit, en glissant un pied dans le bassin froid, puis son corps tout entier.

-Parce que ce n'est pas quelque chose que vous avez besoin de savoir tout de suite. Ne vous inquiétez pas, ce n'est rien de grave. C'est parfois un peu douloureux, c'est tout.

-Est-ce que les femmes du Tournel aussi, elles ont leur sang ? s'enquit Asia.

-Toutes les femmes, je vous l'assure.

-Néomaye Picte aussi ?

Clarmonde considéra un instant la question, puis dit d'un sourire malicieux :

-Voilà une chose qu'il faudra lui demander ! »

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