PROLOGUE | Trahison
La chose la plus triste à propos des trahisons, c'est qu'elles ne viennent jamais de nos ennemis.
Le dos contre le mur, les jambes repliées, le menton sur les genoux et les bras croisés.
Jimin pleurait, seul, dans un coin.
Le clair de lune illuminait la pièce. Une odeur de peur, de vengeance et de regrets flottait dans la tendre brise du soir.
Le t-shirt blanc qu'il lui avait offert pour son anniversaire, était maintenant recouvert de son sang.
Lui.
Celui qui avait un radieux sourire sur toutes les photos autour d'eux. Sur la commode, sur la table de nuit, et même à l'intérieur du placard.
Celui qui, il n'y a même pas un jour de cela, était son tout.
Jimin regarda ses mains. Elles n'étaient plus aussi pures et aussi propres qu'avant. Il les fixait comme si elles ne lui appartenaient pas. Comme si quelqu'un les avaient remplacées avec de nouvelles mains. Elles étaient sales et couvertes de sang, leur sang.
Eux.
Les deux personnes qui signifiaient le monde pour lui.
Ses larmes coulèrent aussi lentement et aussi abondamment qu'une fontaine dont l'eau brille à la lumière du soir.
Ses yeux étaient bouffis, son visage était tout collant et ses lèvres gercées goûtaient au goût salé de ses larmes. Des larmes de colère, de déception... de vide.
« Pourquoi ?... » chuchota-t-il, à bout de souffle. Ses yeux sur leurs photos, leurs sourires, leur bonheur, leur amour.
« Y avait-il une once de sincérité dans tout ça...? » dit-il en se rappelant de sa vérité d'hier. « Tout n'était qu'un mensonge. » il rit en essuyant ses larmes. Peu lui importait de tâcher son visage de sang. Il était déjà salit, son âme était sale.
« Faux. » murmura-t-il. Ses yeux étaient posés sur une photo récente d'eux, elle avait été prise il y a quelques semaines lors de son anniversaire. Ses bras étaient autour de ses épaules alors qu'il tenait son gâteau d'anniversaire qu'ils avaient fait ensemble, une forêt noire. « Tout était faux... » sa voix craqua encore une fois pendant que des larmes coulèrent de plus belle sur ses joues. « Juste un amour factice. »
Le clair de lune se dissipa et laissa place à des fortes lumières bleus et rouges.
Le son des sirènes n'étaient qu'un bruit de fond pour Jimin, un grand bip jouait dans sa tête, il ne pouvait plus rien entendre ni voir. Il resta immobile, sur place, dans son coin pendant un petit moment jusqu'à ce qu'il entendit un grand coup à sa porte qui le sortit de sa transe.
« Park Jimin ! Ouvre cette porte ! »
Ses battements de cœur semblaient alors plus forts à ses oreilles. Ses bras et ses jambes commencèrent à trembler, il ne pouvait pas respirer correctement.
« Nous savons que tu es là ! Ouvre cette porte ! »
Il voulait se lever mais son propre corps ne lui obéissait plus, il ne pouvait plus bouger. Il sentait son cœur exploser à l'intérieur de sa poitrine à chaque coup que la police donnait à sa porte. Il s'appuya sur sa table de nuit près de lui pour se remettre sur pieds.
Il s'approcha de la fenêtre et se cacha derrière ses rideaux pour discrètement voir ce qu'il se passait dehors.
Au moins deux ou trois voitures se trouvaient devant chez lui. Une douzaine d'officiers l'attendaient, armes à feu en mains, prêt à tirer.
Il paniqua, il ne savait pas quoi faire. Il inspira profondément et regarda à travers la salle, en cherchant quelque chose. Il ouvrit son tiroir et pris un cadre photo. C'était une photo de sa mère et de lui lorsqu'il n'avait que dix-sept ans. Il la sorti du cadre, la plia et la mit dans sa poche. Il descendit les escaliers en courant et vit deux silhouettes d'officiers de polices derrière la porte en verre. Il faisait noir dans le hall et il ne fut pas remarqué par les officiers. Il se dirigea vers la cuisine et pris une bouteille d'eau du frigo. Il n'avait rien bu ni mangé depuis la nuit dernière, sa gorge était sèche et son estomac n'arrêtait pas de grogner.
Lorsqu'il s'apprêta à boire, un grand bruit le surprit. Des fracas de verre...ils étaient entrés.
Il couvrit sa bouche, en ne sachant plus quoi faire. Il devint immobile, ne voulant pas risquer de faire ne serait-ce qu'un seul bruit. Mais est-ce que ça l'aiderait de rester bloqué là ? Bien sûr que non !
Il vit la porte qui menait vers la terrasse. Il serra ses dents, en se rappelant où il avait mis les clés.
Les officiers approchaient, il pouvait entendre des bruits de pas.
La clé était au dessus du frigo, il ne pouvait rien y voir. Il passa simplement sa main dessus et commença à chercher aussi silencieusement que possible. Il n'était pas très grand, alors il s'était mis sur la pointe des pieds pour l'atteindre.
Il n'avait plus de temps.
Il posa la bouteille d'eau et inséra la clé dans la serrure. Il mordit fortement sa lèvre inférieure. En essayant de faire le moins de bruit possible. Heureusement que c'était un homme discret en général, il réussissait toujours à ne jamais se faire remarquer.
La porte s'ouvrit, il prit la bouteille d'eau et sortit.
Les lumières des phares étaient aveuglantes, le rouge et bleu régnaient sur sa maison. Les voisins se tenaient derrière les policiers, en chuchotant et en se demandant ce qu'il se passait.
La terrasse se situait derrière la maison, donc il pouvait toujours s'échapper. Il se pencha et se faufila derrière des arbres pour disparaître complètement.
Il mit sa capuche noire et courut dans les rues étroites et désertes de Séoul.
Son cœur bondit hors de sa poitrine à chaque fois qu'il heurtait quelqu'un dans les rues. Il avait l'impression que tout le monde le connaissait, que tout le monde voulait l'arrêter, que tout le monde était au courant qu'il avait commis un crime.
Il entra dans une supérette et acheta un bol de ramen. Il le mit sur une plaque chauffante à l'intérieur, paya le caissier et partit aussi vite qu'il le put.
Il entendit trois hommes parler d'un étudiant universitaire qui avait tué deux personnes le jour d'avant. Il déglutit, les nouvelles se répandaient plus vite qu'il ne l'avait pensé.
Il cacha son visage et sortit dans la rue. Il aperçut un bus arriver à son arrêt. Il courut, le bol dans une main et sa bouteille d'eau dans l'autre. Il arriva à l'intérieur du véhicule. Il paya avec le peu d'argent qu'il lui restait et s'assit à l'arrière.
Il était tellement affamé qu'il n'hésita pas à manger son bol de ramen chaud malgré les interdictions du bus.
Le trajet était long, il regardait les passagers sortir un à un du bus, pour rentrer chez eux ou aller au travail... ou ceux qui étaient comme lui, ceux qui n'avaient nul part où aller.
Il aperçut le grand boulevard de la capitale depuis sa fenêtre. Il se rappela de leur longues promenades à la nuit tombée après leurs cours. Ils y marchaient main dans la main, en parlant de tout et de rien, en rigolant et en planifiant leur futur. Ô comme il aimait être à ses côtés, comme il aimait entendre sa voix et sentir son corps contre le sien.
« Traître... » murmura-t-il, la tête collée contre la vitre.
Il regardait son bracelet en argent autour de son poignet avec J + J gravés dessus. Il rigola. « Quelle promesse... » murmura-t-il. Ce cadeau qu'il avait reçu de sa part, il y a trois ans avec une promesse qu'il lui avait faite. Il lui avait dit qu'après leurs études, il leur achèterait une maison à Busan et qu'ils y vivraient ensemble pour toujours. « Menteur ! »
« Jeune homme. » le chauffeur interrompit ses pensées. Il releva la tête et vit qu'il était seul dans le bus. Il ne s'était même pas rendu compte que le bus s'était arrêté. « C'est le dernier arrêt. » dit l'homme d'un air fatigué.
« Oh... » Jimin passa sa main nerveusement sur sa nuque. « Je suis désolé, merci. » il sortit du véhicule et se retrouva en face d'une rivière.
Personne ne se promenait au bord de la rivière si tard le soir. Le vent était plus fort dans cette partie de la ville.
Il jeta son bol dans une poubelle et commença à marcher, ses yeux posés sur la réflexion de la lune qui apparaissait sur la rivière. Elle avait l'air si paisible et si belle qu'il se demandait ce qu'il ressentirait s'il finissait ses jours sous ces eaux.
Il s'arrêta, ferma ses yeux et prit une inspiration profonde. Pendant un moment il oublia que la police était à ses trousses, que deux familles étaient dévastées à cause de lui, que sa pauvre mère était déçue de lui. Il rouvrit ses yeux pour faire face à la réalité. Sa cruelle réalité.
Il avait ruiné sa vie et celle d'autres personnes en une fraction de seconde. Tous ses projets, ses accomplissements, son amitié, sa vie étaient finis.
Il n'y avait pas de retour en arrière, il ne pouvait plus corriger ses erreurs.
Il se mit sur les barres d'acier, ses cheveux dansant avec la brise du soir, il ouvrit grand ses bras et se mit face à la rivière. Il ne pouvait plus rien entendre sauf le silence sourd qui régnait sur lui et sa respiration profonde.
Il regarda à ses pieds. Tout était noir, profond et effrayant. Rien à voir avec ce qu'il avait vu plus tôt à l'horizon.
C'est à ce moment là que la réalité le frappa.
Il était sur le point de prendre sa propre vie, lui qui s'était toujours aimé et qui rendait tout les gens autour de lui heureux. Il était sur le point de tuer la personne que sa mère avait travaillé si dur pour nourrir et élever, celui qui avait passé toute son adolescence à étudier comme un fou pour entrer dans la meilleure université et pour avoir le boulot de ses rêves, celui qui était respecté par tous ceux qui l'entouraient, celui que les autres prenaient comme exemple, il était sur le point de tuer Park Jimin.
Ses larmes coulèrent à flot, il était stupéfait de voir à quel point la vie de quelqu'un pouvait changer en une seule nuit.
« T-tu m'as trahi ! » il éclata en sanglot et sentit son bracelet le brûler. « Pourquoooiii ??!!! » il cria tellement fort qu'il en perdit presque sa voix. « Pourquoi devais-tu me trahir... »
Il fixa la rivière en s'imaginant ce qu'il lui arriverait une fois qu'il aurait sauté. Il mourrait sous l'eau et les policiers trouveraient son cadavre au petit matin, il serait enterré en tant qu'un criminel qui avait mit fin à ses jours parce qu'il avait trop peur d'affronter le monde.
Il secoua la tête. Non, il ne voulait pas finir ainsi. Il ne voulait pas que les gens se souviennent de lui ainsi.
Il se rappela d'eux encore une fois. Leurs regards remplis de peur, leurs mains tremblantes, leurs petits pleurs...
Il secoua de nouveau la tête, plus vigoureusement cette fois ci.
« Pourquoi ?... » il pleura.
Il prit une profonde inspiration, et sauta.
Pas dans l'eau, mais de l'autre côté du pont.
« Je ne vais pas tuer quelqu'un d'autre. » murmura-t-il en essuyant ses larmes.
Il décida que s'il devait mourir, ce serait dans l'honneur. Il allait se rendre à la police.
Il s'éloigna de la rivière, il était en train de traverser la route lorsqu'une puissante lumière l'aveugla et il entendit un bruit de frein. Quelqu'un allait lui rouler dessus avec une moto.
Il resta sur place au milieu du passage piéton, ses yeux grands ouverts en regardant la silhouette qui approchait.
Il était grand et maigre, Jimin l'enviait pour ses longues jambes. Il enleva son casque pour révéler une chevelure brune foncée un peu en pagaille mais d'une façon attrayante.
Il était vêtu d'une veste en cuir noir avec des détails en couleur, un jean noir, et des bottes noires. Ses habits avaient l'air très coûteux ainsi que sa moto. « Park Jimin. » dit-il d'une voix grave qui surprit ce dernier.
« Comment connais-tu mon nom ? » demanda Jimin en écarquillant ses yeux.
« Ne fais pas quelque chose que tu regretteras plus tard. » l'inconnu ignora sa question.
Jimin le regarda d'un air confus. « C'est trop tard, c'est déjà fait. »
L'autre ne répondit rien, il le fixait simplement.
« Qui es-tu ? Es-tu... un flic ? » demanda Jimin d'une voix grave, en essayant de ne pas montrer qu'il avait peur.
« Ai-je l'air d'en être un ? » l'inconnu sourit en coin et s'approcha. « Tu sais ce qu'il va t'arriver si tu te rends à la police ? Tu passeras le reste de ta vie en prison. »
Jimin déglutit. Il se demandait comment est-ce qu'un inconnu pouvait savoir ce qu'il s'apprêtait à faire. « Qui es-tu ?! » s'écria-t-il.
« Tu peux le faire bien sûr, mais est-ce vraiment ce que tu veux ? »
Bonne question. Pensa Jimin.
« Passer le reste de ta vie dans une cellule, à regarder les mêmes murs, en mangeant la même nourriture et en vivant avec le même stupide espoir que ta vie redeviendra normale ? » l'homme se moqua. « Est-ce vraiment ce que tu veux ? »
Jimin grimaça. Il lui lança un regard noir. « Si tu es aussi inquiet à mon sujet, tu aurais dû me rouler dessus ! Pourquoi ne l'as-tu toujours pas fait ? » cria-t-il.
« Et aller en prison à ta place ? Non merci. » rit l'homme de grande taille.
Jimin passa sa main à travers ses cheveux et dit d'un ton plus calme : « Maintenant dis moi qui tu es et ce que tu veux de moi ? »
L'inconnu soupira. « Ce n'est toujours pas le bon moment pour te révéler cela. La seule chose que je peux te dire pour l'instant, c'est que tu as deux choix. Tu peux passer le reste de ta vie en prison ou en commencer une nouvelle. »
« En commencer nouvelle ? » Jimin demanda d'un air confus. « Que veux-tu dire ? »
Le brun l'approcha jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'un centimètre entre eux. « Tu détestes les traîtres, n'est-ce pas ? »
Jimin déglutit.
Combien de choses connaît-il à mon sujet ? Pensa-t-il.
« Si tu viens avec moi, tu auras la chance de te débarrasser de tous les traîtres en ce monde. » continua l'inconnu. « Tu sais à quel point la vie sera plus belle sans eux, n'est-ce pas ? » dit-il.
Jimin continua de le fixer. Il attendait qu'il lui dise que tout cela n'était qu'une blague, mais l'homme avait l'air très sérieux. « Comment...comment puis-je te faire confiance ? » demanda-t-il.
L'homme se remit sur sa moto. Il fixa Jimin et sourit. « Le choix t'appartient, mon joli. »
Jimin mordit ses lèvres. Il savait que s'il se rendait à la police, sa vie serait intentionnellement écourtée. Il regarda l'inconnu, sa peau brillait sous les lumières des lampadaires. Sa boucle d'oreille scintillait ainsi que les paillettes sur sa veste. Quelque chose à propos de son regard profond lui disait qu'il pouvait lui faire confiance.
Ne fais pas quelque chose que tu regretteras plus tard. Il se rappela de ses mots.
Qu'est-ce qu'il regretterait ? De lui avoir fait confiance et de commencer une nouvelle vie ? Ou d'aller en prison ?
Il gratta sa nuque et soupira profondément. « Et merde ! » murmura-t-il avant de marcher en direction de l'homme et de s'asseoir derrière lui.
L'inconnu lui donna un casque. Il se retourna et lui sourit. « Bon choix, mon petit. » murmura-t-il avant de démarrer sa moto.
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