Monna est seule, debout, au milieu d'un prés. 

On entend le chant des grillons. 

Monna - Il était une fois une enfant qui aimait raconter des histoires. Elle s'inventait des mondes, d'une beauté infinie, emplis de trésors d'une rareté incroyable, et de dangers tapis dans de sombres forêts où de talentueux magiciens s'entrainaient à converser avec la nature. Elle s'imaginait d'immenses champs où couraient des étalons au pelage nocturne, des lacs où brillaient, comme sur la surface d'un miroir, l'astre du jour et celui de la nuit, en une même valse de lumière. Elle mêlait à ces rêve, un peu d'elle même, pour s'échapper discrètement de sa vie si morne. 

Silence. 

Monna - Mais personne ne l'écoutais. Alors elle parlait seule. Pour ne pas gâcher ses merveilleux contes, elle parlait de rien. Pour rien. Lentement, bercée par sa solitude et la futilité de ses rêves, elle perdue l'envie de parler, de raconter, pour s'enfermer dans une absence enivrante qui la rongeait de l'intérieur, sans même qu'elle ne s'en rende compte. Elle se tut, espérant que se soit à jamais. Elle se tut, et se mis à écrire. 

Silence.

Monna - Elle écrivit tout le jour, toute la nuit. La moindre parcelle de son temps devait être utile à raconter sur ses feuilles de papier jaunis, ses histoires. Elle se fondit dans ses personnages et partit vivre avec eux, dans cet autre monde qu'elle avait créé de toutes pièces. Elle se plongeait au fin fond de son esprit, pour se glisser entre ses mots, entre les lignes de ses récits. Et lorsqu'une histoire prenait fin, elle en commençait une autre. Elle écrivit à en perdre la tête, peu importait ses raisons, elle ne s'arrêterai que lorsqu'elle aurait terminé. Cependant, elle n'en avait jamais assez.

Silence. 

Monna - Lorsque sa tête fut vide, qu'elle n'eut plus rien à raconter, elle voulut continuer à écrire. Il fallait qu'elle continue, encore et toujours, que jamais elle ne quitte ses mondes, qui la faisaient vivre. Alors, résignée, poussée par le besoin d'agiter sa plume, elle écrivit sa vie. Emportée par un tourbillon de souvenir, elle écrivit le silence, la solitude et l'absence. Elle forgea ses mots dans le fer brûlant de la honte. Sa vie n'avait été que vide, et mensonge. Car ses contes n'étaient finalement que des rêves inventés où elle s'était cru vivre. Une réalité en or plaqué dans laquelle elle s'était réfugiée. Si "être où ne pas être" avait été la question, elle savait qu'elle n'avait jamais été. 

Silence. 

Monna disparaît lentement.