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ACTE III - Scène 14

Mercredi 28 Octobre, 15 : 07

<Lights up ~ Harry Styles>

Je close mes paupières et inspire un bon coup. L'air frais s'engouffre en moi par la bouche, le nez, les pores de ma peau, rafraîchissant tout mon corps et me donnant l'impression de véritablement respirer pour la première fois. Je rouvre brutalement les yeux. Une explosion de couleurs et de formes agresse aussitôt mon regard. Je les cligne plusieurs fois pour les habituer à la lumière aveuglante du soleil, et, une main placée en paravent au niveau de mon arcade sourcilière, je parviens mieux à distinguer le paysage s'offrant à moi. Un ciel d'un bleu presque trop vif pour ce mois d'octobre, des montagnes à perte de vue peintes de vert, de gris, de brun, d'orange, de rouge, d'or... Les couleurs s'entremêlent dans les vallées, dessinent les ombres, les arbres et les roches. J'admire encore quelques instants la vue, goûtant au plaisir simple de l'observation d'un paysage. Je me sens apaisée, de l'air frais dans les poumons, mille couleurs dans le regard, loin de tout. En paix avec moi-même.

« Tu viens, Beth ? »

La voix de Yun me tire de mes pensées. Je me retourne vers lui et sourit.

« Ouais, j'arrive ! »

Je me reprends ma marche sur le chemin de randonnée que nous empruntons. Mes parents ont d'abord été sceptiques lorsque je les ais supplié d'accepter que j'aille camper avec mes camarades du théâtre, mais ils ont finit par accepter. La raison ? J'ai sorti la carte « Yun », le seul membre majeur de la troupe. J'ai assuré qu'il serait là, qu'il serait responsable de nous et qu'il connaîtrait la procédure si le moindre problème viendrait à survenir. Ce n'est pas totalement vrai, bien sûr, ce n'est pas parce que Yun est majeur depuis trois mois que son sens des responsabilités est infiniment plus développé que celui du reste de notre groupe de théâtre. Mais la présence d'un adulte lors de l'expédition de la petite troupe a rassuré mes parents, et m'a permis de venir.

Il y a dix jours, nous avons fêté l'arrivée d'Iris dans le club avec une nuit d'intégration qui s'est bien déroulée... dans l'ensemble. Je suis redescendue dans le bar une dizaine de minutes après le départ d'Edward, et moi et mes amis avons joué à des jeux d'alcool stupides comme « Action ou Vérité », le jeu de la bouteille ou alors « Je n'ai jamais » jusqu'à tôt dans la matinée, jusqu'à ce que nous soyons trop fatigués pour continuer la nuit sur ce rythme. Nous avons donc rassemblés nos affaires, sacs de couchage et matelas gonflables, et avons tous grimpé sur le toit pour nous coucher. Le sol de béton était dur et la nuit froide, mais nous avons tout de même passé un bon moment, bien que je sois un peu ailleurs toute la soirée. Mes amis n'arrêtaient pas de me lancer des œillades plein d'inquiétude sans pour autant oser venir me parler, Iris en particulier, qui était clairement inconfortable. Elle se mordait la lèvre inférieure et jouait avec ses doigts ou ses tresses en me gratifiant de regards à la dérobée. Je ne l'ai pas aidée pour autant et l'ai ignoré tout le reste de la soirée, prétendant de ne pas voir ses coups d'œil à répétition. Je ne pensais pas vouloir lui parler à nouveau cette nuit : j'étais trop perdue dans mes propres pensées et sentiments pour bavarder avec les autres comme si tout allait bien – et elle en particulier. Car je dois confesser que ce que j'ai découvert vers la fin de la fête m'a perturbé davantage que je ne l'avouerais jamais.

Le dimanche matin, nous avons tout rangé avant que le propriétaire du pub ne revienne et nous nous sommes séparés pour rentrer chez nous. Comme j'avais dormi peu, ayant passé les quelques heures où les autres roupillaient à me torturer l'esprit, lorsque je rentrai chez moi, je m'écroulai sur mon lit et m'assoupis pour huit heures d'affilée.

La première semaine des vacances, je ne suis pas beaucoup sortie. Je n'ai vu aucun de mes amis et ai à peine communiqué avec eux via notre groupe WhatsApp. A la place, je suis restée chez moi et ait jouis de ma solitude, profitant de ma maison et de ma famille. Je me suis plongée dans le travail et dans les révisions pour la rentrée pour éviter de penser trop à mon crush sur Iris et au fait que j'étais peut-être attirée par les filles, finalement, et ait multiplié les sorties en famille, goûtant aux plaisirs simples d'une sortie au cinéma accompagnée de ma petite sœur ou d'un jeu de société avec mes parents. J'ai revu des classiques de comédies musicales avec ma mère, comme Les demoiselles de Rochefort, Un américain à Paris ou Chantons sous la pluie. J'ai dansé avec mon père sur des vieux tubes de disco des années 80 en riant à chaque fois qu'il effectuait un mouvement de danse des plus ridicules. J'ai pris toute une après-midi à confectionner des rouleaux de printemps avec Pogno en suivant avec attention la recette, pour au final trop cuire le riz, oublier les crevettes, rater complètement la construction des rouleaux et mal calculer les quantités, ce qui fait que nous nous sommes retrouvés à partager cinq maigres rouleaux ratés pour quatre. Au final, nous avons complété le repas avec des coquillettes au beurre, foncièrement restés sur notre faim.

Au bout de la semaine, je me sentais beaucoup mieux, plus calme et en paix avec moi-même. Je m'étais reconnectée avec ma famille et avait passé un peu de temps loin de mes amis et des drames qui se jouaient dans mon esprit, oubliant mes problèmes pour me recentrer sur moi-même. J'ai accepté mon attirance pour une fille et j'ai réalisé que ce n'était pas grave de ressentir ce que je ressentais. Alors, lorsque j'ai vu sur le groupe WhatsApp du théâtre qu'ils allaient organiser une nuit en bivouac dans des montagnes près de Lyon la nuit de mercredi à jeudi, je n'ai pas hésité longtemps.

C'est Lilly qui a lancé l'idée – évidemment : la rouquine adore la nature, le sport et la perspective de nouvelles aventures, alors la proposition d'une randonnée entre amis ne pouvait être que d'elle. Quatre ont répondu à l'appel : Edward, Iris, Yun et moi (Léo, Fatouma et Willow partaient tous en vacances durant la semaine). Bien vite, nous avons fixé la date et nous sommes occupés de l'organisation : c'est Yun qui nous emmènerait dans sa voiture dans les monts du Lyonnais. A partir de là, nous suivrons un itinéraire GR (Grande Randonnée) d'une quinzaine de kilomètres environ que Lilly a méticuleusement tracé sur une carte, jusqu'à un endroit où nous pourrions bivouaquer durant la nuit, dans une forêt où nous planterons la tente pour six qu'Iris fournirait. Le lendemain, nous repartirons sur un autre chemin de randonnée GR qui nous mènerait jusqu'au parking où la voiture de Yun sera restée garée, et ce dernier nous raccompagnerons à Lyon le soir. Nous avons tout préparé, rassemblant le matériel, la nourriture et l'eau nécessaire. Le mercredi matin, nous nous sommes retrouvés à neuf heures devant chez Yun et sommes montés à cinq dans son véhicule, Lilly sur le siège passager et Edward, Iris et moi derrière. Une heure de route plus tard, nous sommes arrivés au parking où démarrait la rando et, un énorme sac sur le dos de chacun, nous avons débuté le parcours vers dix heures et demie.

Je dois l'avouer, je ne suis pas le genre de personne à faire beaucoup de rando, contrairement à Lilly. La route est épuisante, même si la rouquine a choisi un chemin plutôt court, les montées sont longues et dures, mon sac trop lourd. Je traîne à l'arrière de la troupe, me plaint souvent du poids de mon sac et réclame des pauses toutes les cinq minutes, au plus grand daim de mes amis plus athlétiques. Heureusement que le chemin que nous suivons longe une rivière, car je crois avoir bu bien la moitié de l'ensemble des gourdes d'eau prises pour la route. Mais je dois avouer que la randonnée me fait également beaucoup de bien : l'air frais sans la moindre trace de pollution, le vent vif, le ciel resplendissant et les splendides paysages sont à tomber. Même marcher devient plaisant lorsqu'on est à fond dans l'adrénaline de la rando, avec un groupe de potes toujours prêts à rigoler et une vue à en couper le souffle. J'ignorais qu'on pouvait voir autant de paysages différents en un si court lapsus de temps : depuis le début du chemin, nous avons marché sur le bord d'une falaise, dans des plaines, dans la forêt, le long d'un torrent... A cet instant, nous pouvons voir une immense vue sur les montagnes et vallées alentours, mais dans une dizaine de minutes, nous seront plongés dans l'obscurité, cachés du monde par d'immenses arbres repliés sur nous. Je trouve ça fascinant. Peut-être que cette expédition me donnera envie de recommencer à faire des randonnées et du bivouac...

« On fait une pause ? Propose alors Lilly depuis la tête de la troupe. Il y a la rivière juste à côté, et peut-être qu'on pourra trouver un coin sympa pour se baigner. »

Je m'étonne de sa suggestion : je n'avais pas réalisé que cela faisait bien une heure que nous marchions sans interruption. Peut-être que je commence à prendre goût à la randonnée, finalement.

« Et goûter ! » Ajoute Yun avec enthousiasme.

Lilly acquiesce alors que nous éclatons tous de rire. Je suis surprise que ce soit l'adolescente qui vienne avec l'idée de s'arrêter (d'habitude, c'est plutôt nous qui la supplions) mais je ne dis pas non. De plus, malgré le fait que nous soyons à la fin du mois d'octobre, le soleil brille et il fait étonnement chaud, alors l'idée d'une petite baignade ne m'est pas désagréable. A moins que ce soit mon corps couvert de sueur qui parle pour moi.

« ll reste cinq kilomètres, un peu près, constate Edward en brandissant la carte. Si on fait une pause baignade d'une heure, on pourra repartir vers seize heures et quelques et arriver avant dix-huit heures à l'endroit du campement. »

Tout le monde approuve. Nous continuons encore de marcher le long de la rivière sur une centaine de mètres avant qu'un endroit se détache des autres à nos yeux : une mince plage de galets qui précède un bassin, comme un trou d'eau dans le torrent, dépourvu de rochers et d'au moins deux mètres de profondeurs en son centre. Nous posons aussitôt nos lourds sacs sur la plage de galets et nous déshabillons rapidement. Comme les autres, j'ai enfilé mon maillot de bain bleu nuit une pièce en dessous de mes vêtements pour éviter de perdre du temps à me changer, mais, au moment où je vois Iris, Lilly et Yun entrer dans l'eau, j'hésite, mes doigts tenant le bas de mon T-shirt sans savoir quoi faire. Je les observe un petit instant jouer dans l'eau, riant à gorges déployées, nageant et s'arrosant. Lilly avec ses muscles fermes et finement dessinées, Yun avec ses épaules larges et sa carrure baraquée... Iris, dont je me perds un peu plus longtemps que les autres dans sa contemplation, avec sa taille fine et ses longues jambes mises en valeur par un bikini écarlate. Je l'admire parce qu'elle est belle, bien sûr, avec sa peau sombre découverte au soleil qui semble si douce au toucher et les courbes dansantes de son corps, mais aussi car un sentiment envieux viens enserrer mon cœur. Je déglutis, ne pouvant pas m'empêcher de comparer sa silhouette à la mienne. Elle est si fine et élancée, à côté d'elle, j'ai l'air d'une patate informe, avec mes kilos en trop et ma petite taille. L'excitation à l'idée de se baigner maintenant redescendue, mes mains lâchent les pans de mon T-shirt et redescendent mollement le long de mon corps.

Puis je remarque Edward, qui est assis sur les galets en regardant les trois autres s'amuser. Même s'il essaye de le cacher, une certaine mélancolie teinte son regard. Je me rends compte que sa situation est bien pire que la mienne : alors que je n'ose pas exhiber mon corps car j'ai honte de mes formes, Edward ne veut pas le montrer car ce corps n'est pas le sien, littéralement. Je prends une grande inspiration. Aujourd'hui, je dois être courageuse pour nous deux. Alors je retire mon haut, restant en maillot de bain, et m'approche d'Edward pour lui tendre ma main.

« On va se baigner ?

- Je n'en ai pas envie. Vas-y, toi. »

Menteur. Je vois très bien dans l'expression de son visage et de son corps qu'il meurt d'envie de sauter à l'eau. Si je ne peux pas mentir à Edward, il ne peut pas me mentir non plus.

« Te fous pas de moi. Ca crève les yeux que tu veux les rejoindre.

- Non ! Proteste t-il faiblement avant de se tourner vers moi, affrontant mon regard sceptique. Bon, d'accord, peut-être que je ne suis pas fermé à l'idée de me baigner. Mais je n'irais pas.

- Écoute, je reprends doucement. Je sais que tu es inconfortable à l'idée de montrer ton corps, mais je ne veux pas que tu laisses ça te gâcher la vie. Si tu as envie de te baigner, baigne-toi. On est tous tes amis ici, personne ne te jugera. »

Je vois une bataille intérieure se jouer dans ses iris, mais je ne cille pas, ma main toujours tendue vers lui. Finalement, un mince sourire naît sur ses lèvres.

« T'as gagné, je viens. Mais je garde mon T-shirt.

- Mais tu gardes ton T-shirt, » Je répète, souriant largement de manière incontrôlée (Victoire !).

Edward attrape ma main, et, nos doigts enlacés, nous nous dirigeons vers le bassin pour plonger dans un même mouvement dans l'eau glaciale.

***

<Paradise ~ Coldplay>

Nous arrivons finalement vers l'endroit où Lilly a prévu de camper. Comme le ciel commence déjà à s'assombrir, nous décidons de nous arrêter pour la nuit malgré les maintes protestations de Lilly qui répétait que nous pouvions faire quelques kilomètres de plus. Très peu pour moi : je suis en sueur, j'ai des ampoules plein les pieds et je suis si épuisée que je pense pouvoir m'effondrer sur place maintenant pour ne me réveiller que la semaine prochaine. Tout à l'heure, dans la rivière, nous nous sommes tous baignés bien une demi-heure dans les eaux froides et tumultueuses du torrent, puis, frigorifiés, nous nous sommes ramenés vers la berge. Entourée par ma célèbre serviette jaune ornée d'un dessin de girafe que j'avais emmenée pour l'occasion, j'ai dévoré la moitié des biscuits que Yun avait soigneusement préparés et emballés pour le goûter (à retenir : l'eau, ça creuse). Nous avons mangé en jouant à divers jeux de cartes avec le paquet qu'Edward avait apporté, comme le Président, le Tas de Merde, l'Ascenseur ou le Tarot. J'ignorais qu'on pouvait s'amuser autant avec cinquante-quatre cartes et quelques idées. Je ne suis pas une lumière et j'arrivais en dernière pour la plupart d'entre eux, mais je ne peux pas nier que j'ai trouvé amusant de jouer simplement entre amis. Nous avons passé un bon moment à goûter les biscuits de Yun tout en enchaînant les jeux des plus basiques aux plus compliqués, jusqu'à seize heures trente environ, où Edward a fait remarquer qu'il était peut-être temps de se remettre en route. Les pieds engourdis et le ventre plein, nous avons rechaussé nos baskets de marche, enfilé nos lourds sacs à dos et nous sommes remis en route.

Finalement arriver au lieu de bivouac est un soulagement. C'est un endroit assez plat dans une forêt, complètement entouré de grands arbres sombres qui imposent leurs troncs noueux et étendent leurs branches biscornues, tels des géants. Le lieu est à une douzaine de mètres du chemin environ, suffisamment grand pour planter une tente pour six et avoir un espace où s'asseoir et dîner à côté. Je rêve de me poser contre un arbre et de m'endormir, mais Lilly a prévu les choses autrement. Dès l'instant où son sac touche le sol, elle prend les directives et nous envoie remplir des tâches. Pendant qu'elle, Yun et Iris monteront la tente, Edward et moi devront aller chercher du bois pour le feu pour faire griller les saucisses achetées pour l'occasion ainsi que de l'eau à la rivière en contrebas « au cas où » (Au début, je me suis plains à Lilly que l'eau ne servirait à rien, puisque nous ne feront rien cuire à l'eau pour le dîner et que nous gourdes étaient suffisamment pleines pour le soir et le lendemain matin. Elle me demanda si je préférais brûler vive dans cette forêt. Immédiatement, malgré mes muscles endoloris, je fus beaucoup plus motivée pour transporter un sceau de plusieurs litres sur la centaine de mètres qui nous séparais de la rivière).

Nous nous dispersons donc. Vers dix-huit heures trente, Edward et moi revenons les bras chargés de petit bois, de branches et de pierres pour lui, de sceaux d'eau pour moi. La tente est fièrement dressée vers le ciel. Pourtant, les corvées ne sont pas terminées, loin de là. Edward et moi, les moins expérimentés en matière de camping du groupe, sont chargés d'installer tous les sacs à dos, matelas et duvets à l'intérieur de la tente. A l'extérieur, Iris, Yun et Lilly galèrent à faire un feu, avec un cercle de pierres et une espèce de pyramide de branches et de bois. Je ne sais pas comment ils ont fait, mais alors que je plisse le sac de couchage orange vif du Coréen sur le côté de la tente, j'entends un craquement suivit d'un cri de joie.

« Ca a marché ! » Glapit Lilly, tenant fièrement son briquet dans sa main.

Après avoir fini de disposer les derniers duvets, Edward et moi sortons pour applaudir la jeune rousse, qui sautille sur place, un grand sourire s'étalant sur son visage. Le feu est encore maigre, mais à force de souffler dessus, il grandit et finit par flamboyer avec transcendance parmi les bois. Heureusement, le temps est sec et les arbres penchés sur nous le protège du vent, alors nous pouvons admirer les flammes jaunes et orangées sans crainte. La nuit est complètement tombée à présent, alors un peu de lumière et de chaleur nous fait du bien. Pourtant, au bout de quelques minutes à contempler dans un silence presque religieux le feu de camp que Lilly appelle déjà « son bébé », une question me traverse. Je me tourne vers l'adolescente.

« Lilly, tu es déjà allée camper dans ces bois, non ? Tu nous as dit être 100% sûre que le bivouac est autorisé ici. Alors tu dois connaître toutes les autres règles et restrictions du coin ? »

Elle approuve, son regard noisette toujours fixé sur les flammes, sans me regarder. Je ne peux pas m'empêcher de trouver ça louche.

« Donc tu dois savoir si les feux de camp sont autorisés ? J'insiste.

- Évidemment. Et si on se mettait en pyjama et qu'on dinait maintenant ? Je meurs de faim ! »

Elle a parlé trop vite, toujours en me fuyant du regard. Ma théorie se confirme.

« Lilly, est ce qu'on a le droit de faire des feux de camp ?

- Bah, techniquement non, mais...

- Lilly ! » Je m'offusque devant son air coupable.

Aux expressions ahuries d'Iris et de Yun, elle n'a prévenu personne. Edward, lui, lève son pouce vers elle, un sourire rempli de fierté sur son visage.

« Désolé ! Mais il ne va rien se passer, je vous assure. C'est pour ça que j'ai prévu un sceau d'eau. Et puis on va l'éteindre dès qu'on va se coucher, tout ça tout ça, promis juré craché ! Mais ne l'éteignez pas, steuplé ! »

Elle a un air suppliant, sa lèvre inférieure tremblotant et ses grands iris marron clair brillants comme si elle allait se mettre à pleurer. Je roule les yeux, exaspérée, et me tourne vers Yun. A mon plus grand désarroi, ce dernier hausse les épaules. En même temps, je dois avouer que la perspective de passer une soirée dans le froid à la lumière crue de nos lampes torches ne m'enchante pas, et que ce serait un crime d'étouffer les flammes dorées et ronronnantes dansant devant mes yeux...

« Allez, ce n'est pas si grave, Beth. T'as jamais rien fait d'illégal dans ta vie ? Me taquine Edward.

- Si, regarder une série 16+ à quatorze ans, » Je soupire.

Mes camarades du théâtre éclatent de rire. Le pire, c'est que c'est vrai : je n'ai jamais regardé des films en streaming parce que l'idée que mes parents le découvrent me terrifiait, et la seule fois où j'ai tenté de voler une sucette dans une boulangerie à l'âge de sept ans, j'ai finis par la remettre à sa place, mortifiée par la honte, alors que la boulangère ne m'avait même pas remarqué. Et puis, techniquement, si l'achat d'alcool était interdit pour les mineurs, la consommation ne l'était pas, non ? Et aux soirées que j'avais faites, c'était toujours les autres qui ramenaient les bouteilles...

Finalement, j'accepte de laisser en place le de camp, et Lilly me remercie mille fois (c'est limite si elle ne se jette pas au sol). Affamés, nous décidons de nous changer et de faire griller les saucisses sur les cinq branches fines qu'Edward a ramenées et que nous n'avons pas jetées dans le feu. J'enfile mon vieux jogging gris me servant de pantalon de pyjama, des chaussettes épaisses et un sweat-shirt noir sur mon T-shirt Hello Kitty. Une fois que tout le monde fut en pyjama et emmitouflés dans des énormes sweats ou pulls, nous nous rassemblons en cercle autour des flammes rassurantes. Il a suffisamment rétréci à présent pour nous permettre de nous voir au-dessus de lui. Lilly ouvre un paquet de douze saucisses et nous en distribue une chacun, prenant sa propre saucisse aux lentilles et aux oignons achetée à part (Lilly est végétarienne). Je plante la mienne au bout de ma branche et tient celle-ci au-dessus des flammes dansantes qui viennent lécher la viande avec gourmandise. Prudente, je regarde la chair rosâtre se teinter de brun et de noir. Au bout de quelques minutes, jugeant la viande suffisamment cuite à l'odeur forte qui s'en échappe, je la retire du feu et mord dedans. Trop tôt. Mon palais et ma langue me brûlent instantanément, et je dois ouvrir la bouche avec un air de poisson hors de l'eau pour radoucir ma torture. Mes amis se moquent de moi ouvertement, imitant mon expression peu charismatique, et je les foudroie du regard. Rira bien qui rira le dernier. L'heure de ma vengeance sonne à peine trente secondes plus tard. Edward, qui n'avait cessé de se foutre de ma gueule, se prend soudainement toute la fumée du feu de camp au visage, alors que jusque là elle montait tranquillement parmi les arbres sans nous déranger. Un rictus amusé tord mes lèvres. J'aimerais prétendre un miracle, un coup du destin ou des super pouvoirs élémentaires que je posséderais sans le savoir et qui se seraient manifesté pour la première fois de façon soudaine et mystique, mais je crois qu'il s'agit d'un simple hasard : le vent a tourné. Néanmoins, l'image d'Edward galérant pour chasser la fumée de devant ses yeux n'en est pas moins hilarante, et cruellement satisfaisante.

Je finis par mâcher ma saucisse refroidie. Elle est cramée à l'extérieur, brune comme les écorces des arbres nous entourant, et pas assez cuite au centre. Au final, elle n'est même pas si bonne que ça. Mais ce n'est pas le goût de la viande qui apporte la magie du moment : c'est le fait d'être réunie dans ces bois avec quatre de mes meilleurs amis, en cercle autour d'un feu flamboyant d'or, à rire et à se raconter des histoires en dînant.

***

<I Wanna Be Your Girlfriend ~ girl in red>

Au bout d'un moment, toutes les saucisses ont été mangées et Yun sort fièrement deux paquets de marshmallows qu'il a acheté. Nous battons des mains, impatients. C'est à présent au tour des guimauves blanc ou rose pâle d'être glissés le long de nos minces bouts de bois et d'être suspendus au dessus des flammes.

« Bon, fait Lilly en croquant avec bonne volonté dans son premier marshmallow teinté de brun. On s'ennuie, là. Vous n'avez pas des histoires à raconter ?

- Des histoires d'horreur ? » Propose Edward sans comprendre.

L'expéditrice hausse les épaules.

« Pas vraiment. Je pensais plutôt à des histoires de vos vies, le lycée, la famille, les amours, tout ça tout ça, » Déclare t-elle, les yeux brillants, en prenant une seconde bouchée de guimauve grillée.

A l'instant où elle prononce le mot « amours », mes yeux verts se lèvent inconsciemment de ma friandise et rencontrent ceux d'Iris. Ce simple contact ne dure qu'une demi-seconde, mais pourtant, je me sens rougir et baisse précipitamment mon regard sur mes genoux. La couleur de mes joues rivalise avec celle des braises qui étincèlent dans notre feu de camp.

« Tu dis ça, mais en vrai, tu t'en fiches pas mal de notre vie familiale ou lycéenne, la taquine Edward. Tout ce qui t'intéresse, c'est de commérer à propos de notre vie amoureuse.

- J'avoue avoir un certain penchant pour ce domaine, admet Lilly sans se départir de son large sourire amusé, presque gourmand (de se nourrir de nos potins ? de nos histoires ? Peu importe, il fait plutôt flipper). Alors ? Je suis sûre qu'il se passe des tas de choses dans vos vies. Racontez ! »

Son ton autoritaire ressemble davantage à un ordre qu'à une demande. Du coin de l'œil, je vois Yun hésiter, passant une main dans ses cheveux noirs coupés court. Et apparemment, je ne suis pas la seule à avoir remarqué cette réaction qui n'a rien de naturel : Lilly se tourne aussitôt vers le Coréen, intéressée.

« Sois pas timide, Yun ! Dis-nous tout ! »

Encore une fois, son discours tient davantage du général militaire que de l'amie un peu trop curieuse. Le seul majeur du groupe se mord la lèvre de façon adorable. Malgré son allure baraquée, j'oublie toujours qu'il est un grand nounours au cœur d'or à l'intérieur, geek, réservé et protecteur.

« Bon, il se peut que... J'ai une copine, » Craque t-il.

J'écarquille les yeux, oubliant aussitôt mon échange de regards plutôt gênant avec Iris de tout à l'heure. La rouquine du groupe pose sa tête dans sa main et son coude sur son genou.

« Je veux tous les détails, dit-elle, penchée vers le pauvre Yun agressé de toutes parts.

- Je l'ai rencontré à mon école d'ingénieur, elle est dans ma classe. (Au fur et à mesure qu'il parle, le sourire de Yun s'agrandit et ses yeux noirs brillent d'une tendresse insoupçonnée. C'est beaucoup trop mignon. Il n'y a rien de plus adorable que d'entendre se confier un ami amoureux.) On s'est mis ensemble juste avant les vacances, il y a deux semaines. Elle est géniale.

- Prénom ? Physique ? Personnalité ? Déclame Lilly, prétendant prendre des notes telle une psy avérée, puis baissant sur son nez une paire de lunettes invisible : Je les appelle les trois P. »

On éclate de rire. Les joues roses, Yun avoue :

« Elle s'appelle Rachel. »

Mes lèvres s'entrouvrent de surprise. Aussitôt, l'épisode de ma soirée pyjama avec Edward se rejoue dans mon esprit, et de la ravissante livreuse de pizzas, Rachel, qui faisait ses études en école d'ingénieurs. Je tourne la tête vers Edward à ma gauche : à son air mi-amusé, mi-ébahi, il a l'air de penser à la même chose que moi. J'ancre mon regard vert feuille dans le sien, essayant de lui faire passer ce message silencieux : Est-ce que tu as entendu ce que j'ai entendu ?

« Heu, Yun, t'as pas une photo de ta copine ? » Je quémande.

Le concerné fronce les sourcils, mais ne dit rien, sortant son téléphone de sa poche pour faire défiler ses photos. Finalement, il semble trouver ce qu'il cherche et nous tend l'appareil, où Edward, Lilly, Iris et moi nous penchons comme des médecins s'apprêtant à réaliser une autopsie. La théorie se confirme rapidement : sur l'écran est affichée le cliché d'une jeune fille blonde, tout sourire, aux doux yeux marron et aux joues rebondies. Alors que Lilly et Iris ne tarissent pas de compliments à propos de cette fille dont elles ont appris l'existence il y a trente secondes, Edward et moi échangeons un long regard, terrifié pour moi, rieur pour lui. Puis, finalement, nous explosons de rire en chœur, nos halètements de joie se mêlant dans le silence de la nuit. Les trois autres, mi-étonnés, mi-vexés, nous foudroient du regard.

« Désolé, glousse Edward, sa poitrine tressautant sans pouvoir s'arrêter.

- Elle est très jolie, et elle a l'air super sympa, je tente de me rattraper en essuyant une larme de rire s'écoulant de mon œil. Juste, ne lui dis pas que tu as une amie qui s'appelle Beth, d'accord ? »

Edward et moi éclatons de rire à nouveau, se gaussant les regards emplis d'incompréhension de nos amis.

« Riez, c'est ça, nous lance Lilly. Et vous, personne en vue ? Même pas des simples crushs ? »

Encore une fois, je sens mon visage s'empourprer jusqu'aux oreilles, et j'arrête de glousser immédiatement. Mais à ma grande surprise, l'attention de Lilly ne se porte pas sur moi, mais plutôt vers mon ami aux cheveux de neige, dont les lèvres se sont incurvées en un sourire mesquin. Je me tourne vers lui, stupéfaite. Il prend la parole :

« Pour tout avouer, j'ai un mec dans mon lycée avec qui je discute beaucoup en ce moment, exprime t-il. Et des fois, j'ai l'impression que nos conversations sont teintées de flirt, mais je n'en suis pas encore sûr... »

Je suis choquée. Ma mâchoire s'est décrochée et mes yeux sont grands ouverts, ma main droite me tenant théâtralement le cœur. Quoi ? Un garçon lui plaît et il ne m'a rien dit ? Je sais que ce n'est pas de bonne foi de me vexer pour ne pas avoir été la première au courant, mais je n'y peux rien, ça me blesse. Offusquée, je lui reproche :

« Comment ? Tu flirtes avec un gars et tu ne me l'avais même pas dit ? Trahison ! »

Bon, d'accord, peut-être que je surréagis un peu trop – juste un peu. Mais parfois, je ne peux pas m'empêcher d'être dramatique : c'est mon côté comédienne qui fait refait surface.

« Il s'appelle Hamid, » Poursuit Edward en ignorant superbement ma complainte.

Puis soudain, je vois son expression s'assombrir légèrement, se teintant de mélancolie. Inquiète pour mon ami, j'oublie aussitôt ma colère et pose une main rassurante sur son genou.

« Qu'est ce qu'il y a ?

- Il ne sait pas que je suis trans, grimace t-il. Et j'ai peur que ça le braque s'il l'apprend. Ou pire, qu'il se mette à me détester et ne veuille plus jamais entendre parler de moi. »

Les sourires d'Iris, de Yun et de Lilly retombent, compatissants.

« Hey, je fais doucement. S'il t'apprécie comme tu es, il n'y a aucune raison qu'il soit buté par le fait que tu es transgenre. Et s'il le fait quand même, sache que c'est un connard infini et qu'il ne te mérite pas. Tu peux trouver beaucoup mieux qu'un imbécile de transphobe.

- Et s'il n'est pas content, on ira faire sa peau ! » S'écrie Lilly en frappant son poing droit contre sa paume, un sourire sadique étirant ses lèvres.

Edward lâche un léger rire, et très vite, nous reprenons notre discussion, Lilly oubliant – heureusement – de nous interroger Iris et moi sur nos vies amoureuses. Pour nous changer les idées, nous décidons de passer aux histoires d'horreur, et pendant près d'une heure, nous nous régalons de guimauves roses ou blanches brunies tout en se racontant les histoires les plus horribles jamais inventées – ou vécues, selon certains – teintées de rires nerveux pour cacher son propre effroi. Et il n'y a pas pire qu'une forêt sombre aux grands arbres tordus et au ciel d'encre pour se faire peur, croyez-moi...

Plus tard dans la nuit, vers vingt-deux heures, terrifiés et crevés par la journée, nous décidons d'éteindre le feu et d'aller nous coucher. Iris et Lilly balancent le sceau d'eau sur le feu de camp, et j'observe un instant l'eau glaciale tournoyer au-dessus du sol avant de s'écraser en plein sur les flammes dorées. Aussitôt, une épaisse fumée grise naît des cendres encore incandescentes et se diffuse dans l'air, nous enveloppant comme un brouillard, me faisant tousser et piquer des yeux sous les rires amusés des autres. Nous laissons les cendres blanches encore fumantes et ouvrons la tente pour se glisser dans nos duvets délicieusement douillets pour une douce nuit en camping. Je réalise, un nœud dans le ventre, que c'est la première fois que je fais du bivouac – et certainement pas la dernière : malgré la partie randonnée qui a réduit mes jambes en bouillie et libéré plus de transpiration de mon corps que je le soupçonnais contenir, la vue et la soirée étaient plutôt sympas, et je pense vouloir faire ça à nouveau avec mes amis.

En me confortant dans mon sac de couchage, je me tourne sur moi-même et mes yeux verts s'ancrent soudainement dans ceux d'Iris. Je pousse un petit cri de surprise et fait un bond en arrière, écrasant Edward au passage, qui pousse un grognement de mécontentement :

« Putain, Beth ! J'essaye de dormir, là ! »

Iris éclate de rire. Gênée au possible, je me remets correctement à ma place, en remerciant silencieusement le ciel que l'obscurité camoufle mes joues écarlates. Je me mets sur le dos et reste immobile, droite comme un piquet. Je ne m'étais pas rendue compte lorsque j'avais installé les matelas qu'Iris et moi étions côte à côte dans la petite tente. Après réflexion, je me suis occupée du côté gauche du tapis de sol, alors qu'Edward s'était chargé du côté droit... Et donc le côté où Iris et moi sommes allongés. Je serre les dents, mes ongles venant s'enfoncer dans mes paumes. Putain, Edward... J'aurais dû m'en douter. J'imagine parfaitement son petit sourire pervers au moment où il a placé nos matelas et duvets, rictus qu'il doit afficher à cet instant. A quelques centimètres de moi, j'entends Iris se déplacer pour s'allonger de façon plus confortable, bougeant ses jambes et sa tête. Je sens ses hanches et ses bras me toucher à travers nos sacs de couchage, et je me fige, n'osant bouger aucun membre de mon corps. La sentir si proche de moi est très troublant, presque dérangeant, et j'ignore si c'est agréable ou non. Tout ce que je peux affirmer, c'est que sa présence à mes côtés fait battre mon cœur un peu plus fort, faisant naître une douce chaleur dans mon ventre qui se diffuse dans tout mon être. Mais je suis également mortifiée : l'estomac noué et le teint rouge vif, je sue à grosses gouttes, terrifiée par la simple idée de l'effleurer, même accidentellement.

« Hey. »

Je me fige. Tournant lentement ma tête vers la droite, je trouve Iris tournée vers moi, ses grands yeux sombres semblant briller dans le noir. Elle est très proche, trop proche. Sa respiration régulière s'échoue sur ma nuque, me provoquant un long frisson que je m'efforce d'ignorer.

« Hey, je réponds.

- Je voulais te demander, est-ce que tu as quelque chose de prévu pour Halloween ? »

Je déglutis. Le son de ces paroles soufflées dans le noir est plutôt néfaste à ma concentration, alors il me faut quelques secondes pour comprendre ce qu'Iris a dit.

« Non, je ne crois pas, je chuchote en retour. Pourquoi ?

- Je vais à cette fête déguisée organisée par un gars de ma classe, il y aura plein de monde, et puisque tu es au lycée aussi, je me disais que tu pourrais m'accompagner... » Murmure t-elle.

Elle a l'air hésitant, un peu embarrassée. Je me demande si elle rougit dans l'obscurité : moi, c'est mon cas. Qu'est ce qu'elle veut dire par l'accompagner ? Genre, comme un rendez-vous ? Juste nous deux ? Ou alors je me fais des films ? J'avale ma salive non sans difficultés.

« Il y aura aussi Dan et Louise, elle ajoute rapidement. Alors, tu viendras ? »

Je sens la déception envahir mon corps, et, aussitôt après, je regrette ce sentiment. Pourquoi serais-je déçue ? C'est parfaitement logique, Dan et Louise sont comme ses meilleurs amis, bien sûr qu'ils viennent avec elle à la soirée d'Halloween. J'aurais dû y penser.

« Je viendrais, confirmé-je dans un murmure.

- Cool ! (Je ne peux pas la voir, mais j'imagine Iris sourire dans l'obscurité.) Je t'enverrais les infos et l'adresse par messages. J'ai hâte !

- Moi aussi... »

Alors qu'Iris se retourne une ultime fois dans sa quête pour trouver le sommeil, je sens un sourire incontrôlable étirer mes lèvres. Je suis invitée à une soirée d'Halloween avec Iris. Ca va être génial. Alors que l'impatience et l'excitation se diffusent dans mes membres et que mon sourire béat n'en finit plus de grandir, je suis confrontée a une dure réalisation : je ne sais absolument pas en quoi me déguiser pour la fête. Je n'ai aucun costume chez moi, à part une robe de princesse que j'ai dû mettre pour la dernière fois à six ans, des ailes de fée et un bandeau de pirate (tous datant de ma tendre enfance : Pogno a horreur des déguisements, pour une raison inconnue qui ne m'a jamais plus dérangé qu'à cet instant). Mon sourire se fane, tout comme ma hâte, mes plans désormais ruinés. Poussant un profond soupir, je laisse ma tête retomber contre mon oreiller gonflable, tentant de trouver le sommeil pour éviter de me pencher trop sur mes soucis.

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