ACTE II - Scène 9
Lundi 12 Octobre, 07 : 53
<Hold On ~ Chord Overstreet>
Mon sac jeté sur une épaule, je pénètre dans l'établissement de mon lycée légèrement nerveuse. Edward m'a conseillé ce week-end de m'éloigner de Zoé un petit moment, d'arrêter de penser à elle ou de lui parler, pour faire simple : de l'ignorer. Je me sens mal à l'idée de faire subir ça à ma meilleure amie, mais je me rappelle de ce que m'a dit Edward : il est grand temps que j'apprenne à vivre par moi-même. Selon lui, je suis tellement attachée à Zoé que j'ai du mal à passer du temps sans elle ou à la voir s'éloigner de moi. Et je crois qu'il a raison. Je dois prendre mon courage à deux mains et vivre ma vie d'adolescente sans plus me reposer sur Zoé, osant aller vers les autres même quand elle n'est pas à mes côtés. Et dans quelques semaines, m'a assuré Edward, je me sentirais bien mieux, plus en concordance avec moi-même et voir Zoé se faire de nouveaux amis et avancer sans moi ne me fera plus autant mal, puisque je le ferais également.
« Beth !! T'es là ! C'est trop bien que tu sois enfin revenue. Tu m'avais trop manquée ! »
Hurg. Difficile d'essayer d'éviter ma meilleure pote si elle me saute dessus tous les matins. Comme à son habitude, Zoé crie mon nom en s'approchant de moi et encercle mon cou de ses bras, enfouissant sa chevelure châtain-roux dans ma nuque. Je dois me faire violence pour ne pas respirer l'odeur légère et cannelée de ses cheveux et la repousser doucement.
« Salut, Zoé, » J'articule en m'efforçant d'être la plus impassible possible.
Elle fronce les sourcils. Logique. C'est une des premières fois que je la repousse lors de notre câlin matinal. D'habitude, je lui hurle « Zoé ! » en retour et nous nous enlaçons comme si nous étions de vieux pépères de quatre-vingt ans retrouvant leur camarade de l'armée des années plus tard. Surtout lorsque cela fait quasiment une semaine que nous ne nous sommes pas vues, car j'étais clouée au lit, malade comme un chien (et morte de trouille à l'idée de la revoir). Nos embrassades de retrouvailles sont une sorte de tradition qui va déjà me manquer, je le sens...
« Je suis peut-être encore contagieuse, » J'explique gauchement face à son incompréhension.
Le visage de Zoé s'éclaire lorsqu'elle comprend, et le sourire dansant sur ses lèvres fines me pince douloureusement le cœur. Même si c'est pour mon bien, selon Edward, je n'ai aucune envie de ghoster mon amie. Oubliant aussitôt ce léger incident, Zoé emboîte son coude avec le mien et m'entraîne avec elle dans la cour du lycée, me bombardant de questions à propos de ma semaine où je réponds vaguement.
« Alors, t'as passé ton week-end au lit à glander, j'imagine ? Demande t-elle avec humour.
- En fait, non, je bredouille. J'ai fais une soirée avec Edward samedi. »
De nouveau, Zoé fronce ses sourcils broussailleux.
« Edward ?
- Un ami du théâtre. Je t'en parle souvent, mais tu n'écoutes jamais. »
Zoé se tétanise en entendant mon reproche tranquillement prononcé. Je ne l'ai pas dit sur un ton méchant, mais plutôt neutre, me contentant de constater la réalité : à chaque fois que je parle de théâtre avec Zoé, elle fait semblant de m'écouter avec des hochements de tête et des « hum » faussement concernés. Je sais que ce sujet ne l'intéresse pas des masses, mais, en tant que ma meilleure amie, ça me blesse légèrement qu'elle se fiche à ce point de ma plus grande passion. Zoé, pourtant, passe outre mon blâme et me fait remarquer :
« Je t'ai proposé de sortir le week-end dernier, et tu m'as répondu que tu ne pouvais pas parce que tu étais encore malade. »
C'est à mon tour de me figer face à son accusation. Ca m'était complètement sorti de l'esprit. C'est vrai que Zoé m'avait proposé de sortir, samedi, mais, comme je l'ai dit plus haut, j'étais morte de trouille à l'idée de la revoir... Je l'ai donc gentiment rembarrée en sortant la carte de la maladie.
« J'avais oublié, j'avoue en m'efforçant d'adopter un ton détaché. Désolé. »
Je sens le regard noisette de Zoé posé sur moi. Je m'applique à l'ignorer. Elle doit se demander ce que j'ai ce matin... Mais, encore une fois, elle oublie mon ton glacial pour déclarer d'un ton joyeux et taquin, me donnant un léger coup de coude dans les côtes :
« Allez, je te pardonne, va ! Mais seulement si tu me racontes tout à propos de cet Edward et de ta soirée avec lui. Il est beau gosse ? » Fait-elle en ponctuant sa question d'un clin d'œil.
Sans que je puisse le contrôler, un rire s'échappe de mes lèvres.
« Pas mal, j'admets dans un sourire. Mais il ne va jamais rien se passer avec lui. Il est gay. »
Zoé n'a pas le temps de répliquer que Clara et Emily arrivent vers nous en courant. L'une après l'autre, elles m'étreignent, et je sens le regard vexé de Zoé posé sur nous – elles, je ne les repousse pas. Alors qu'elles me demandent si je vais mieux, je pense avec tristesse qu'elles aussi, je devrais les ignorer durant les prochaines semaines. Je ne suis certes pas aussi attachée à mes copines de classe que je le suis à ma meilleure amie d'enfance, mais traîner avec elles veut forcément dire traîner avec Zoé, chose que j'éviterais le plus possible de faire dans les temps à venir.
« Et toi, lance Emily à Zoé après qu'elle et Clara aient vidées leur stock de questions à propos de ma santé. Comment ça se passe, avec Théo ? Vous flirtez toujours ? Dis-nous tout ! »
Je me statufie. Comme toujours après la mention de Théo dans nos conversations, mon cœur se serre. Alors je baisse le regard vers mes Converse pour ne pas voir le visage de Zoé s'éclairer dans un large sourire, ses yeux pétillants de joie, lorsqu'elle s'écrie :
« C'est génial. On parle tous les jours par messages, et cette fois, je suis quasiment sûre qu'il me drague. Du coup, je fais de même, et on flirte comme jamais. Et vous ne devinerez jamais le plus gros... »
La joie palpable dans la voix de ma meilleure amie me donne un haut-le-cœur. Je suis quasiment certaine de n'avoir aucune envie de découvrir ce qu'est « le plus gros ».
« Bon, commence t-elle, faisant durer le suspense. Je ne vous l'ai pas dit, mais avec Théo, depuis la semaine dernière, on s'appelle tous les soirs et on parle pendant des heures... »
La nausée monte, envahit mon corps. Ma crainte que Zoé finisse par me remplacer par Théo revient à la surface : la semaine dernière, alors qu'on ne s'est échangé que quelques textos froids, elle appelait son crush tous les soirs et flirtais des heures durant avec lui.
« Hier soir, on discutait comme d'habitude par téléphone et j'ai craqué. J'en pouvais plus qu'on se drague sans résultat. Sérieux, on était ultra taquins l'un envers l'autre, et il n'arrêtait pas de me faire des compliments, encore plus que d'habitude ! Alors, j'ai arrêté d'attendre un signe de sa part, j'ai pris mon courage à deux mains et je lui ai proposé qu'on se fasse un ciné.
- QUOI ? hurle presque Emily, frénétique. Oh mon dieu ! Je n'aurais jamais osé !
- Girl power ! S'enthousiasme Clara, ravie pour son amie, en brandissant son poing vers le ciel à la Wonder Woman. Il a répondu quoi ?
- Il a répondu oui ! S'écrie Zoé, n'y tenant plus. On a prévu un rendez-vous ce week-end, samedi après-midi, pour voir un film ensemble. Je ne sais pas comment je vais faire pour tenir jusque là ! »
Clara et Emily poussent en chœur un cri surexcité. Elles se précipitent aussitôt vers Zoé pour lui conseiller quoi porter, quoi dire, quoi faire, pour ce premier date avec Théo. Ma meilleure pote est radieuse, je le vois bien. Souriant à en avoir mal aux muscles, elle rit et fait même une petite danse de la joie, les yeux pétillants, l'air plus épanouie que jamais. Du coin de l'œil, je l'observe s'enthousiasmer et stresser pour son rendez-vous, mon cœur se brisant un peu plus chaque seconde.
La sonnerie de huit heures résonne alors dans la cour du lycée. Sauvée par le gong, je me mets à courir vers le bâtiment sous les regards interrogatifs de ma meilleure amie, de Clara et d'Emily, sans un mot gentil pour Zoé, sans la féliciter et me réjouir pour son rendez-vous avec elle. Je ne sais pas comment je me sens. Enfin si, je sais que je me sens mal, que j'ai envie de dégueuler mes tripes, que j'ai envie d'hurler ma rage, que j'ai envie de m'effondrer au sol, et je sais que je ne suis pas censée ressentir tout ça. Je devrais être heureuse pour mon amie et, à la place, mon cœur se fend rien qu'à penser à ce date, et au sourire de Zoé quand elle en parle. Je savais que ce moment allait arriver, c'était inévitable. Ils allaient bien finir par se mettre ensemble, ces deux-là. Mais, j'ignore pourquoi, je continuais d'espérer que ce ne soit rien, un simple flirt dont ma meilleure amie se lasserait rapidement.
Edward a raison. Je suis trop attachée à Zoé. Je n'arrive même pas à supporter qu'elle ait une vie amoureuse. Au lieu d'être contente pour elle, je me retrouve figée par la peur qu'elle me remplace, qu'elle m'oublie, qu'elle se lasse de moi. Je dois apprendre à vivre par moi-même, sans Zoé à mes côtés pour me guider. Ma colère, mon dégoût, ma peur et ma tristesse se rassemblent en une étrange détermination : celle d'arriver à me passer de Zoé.
***
<The Lazy Song ~ Bruno Mars>
J'arrive en classe d'histoire-géographie avec une minute de retard, et rejoins rapidement mon emplacement, sur un des bureaux du deuxième rang à côté de Mark. Je grimace : alors que ma matinée n'était déjà pas excellente, il a fallut que je me retrouve à côté de mon vieil ennemi dès huit heures du mat' ! Je pose mon sac à dos par terre et me défait de ma veste, les pensées noires, m'apprêtant à ignorer comme j'en ai l'habitude mon voisin toute l'heure du cours. Puis soudainement, les paroles d'Edward me reviennent à l'esprit, me rappelant que je dois apprendre à aller vers d'autres gens et à me faire d'autres amis. Je pousse un profond soupir, regrettant déjà ce que je m'apprête à faire, et , alors que je ne lui ai jamais adressé la parole de moi-même, je lance à mon voisin de table :
« Bonjour, Mark. »
Le rouquin se tourne vers moi, l'air stupéfait, les sourcils froncés. Je comprends sa confusion : je suis moi-même étonnée de mon action. Mais il est trop tard pour revenir en arrière à présent. La surprise passée, je regarde un sourire moqueur se dessiner sur son visage trop pâle.
« Bonjour, Béthanie. » Rétorque t-il en appuyant bien sur mon prénom.
Me retenant de taper mon crâne contre la surface dure du bureau, je me contente de lever les yeux au ciel. OK, ça va être plus compliqué que prévu. Je ne sais même pas pourquoi je m'entête à vouloir sympathiser avec cet enfoiré. Prenant sur moi, je prends une grande inspiration et reprends :
« En fait, Mark, élucidais-je, acide, en sortant mes affaires d'histoire-géo. On s'est toujours détesté – enfin, c'est plutôt moi qui t'ai toujours détesté – mais pour quoi, au final ? »
Mark lève un sourcil de façon tout à fait exaspérante.
« Heeeeu... Parce que je connais ton vrai prénom ? »
Ah, cette petite tête de con, avec ces petites tâches de rousseur. Qu'est ce que j'ai envie de la prendre et de l'exploser contre la table. Mais, vu que je suis gentille, je me retiens.
« Non mais vraiment, j'insiste – je ne sais même pas pourquoi j'insiste, sérieux. On s'est toujours haïs, lancé des piques et des insultes à tout va, juste parce que tu connais mon vrai prénom ?
- Bah, tu sais, c'était plutôt toi qui initiais tout ça...
- Ce que je veux dire, je le coupe, c'est qu'il est grand temps de passer au-dessus de ses gamineries. Sérieusement, on a seize ans, et on est toujours là à se battre pour une histoire de prénom qui date de je ne sais pas quand, la primaire ? Mark, Mark. (Je pose une main sur son épaule, et Mark la scrute avec méfiance, comme si c'était un moyen de diversion pour ensuite l'étrangler avec – ce que je commence sérieusement à envisager). On est presque adultes, à présent. Je pense qu'il faut enterrer la hache de guerre. Je te propose qu'on arrête de se chamailler pour rien et qu'on apprenne à se connaître l'un l'autre. »
Mark fronce ses sourcils aussi roux que ses cheveux. Son expression se fait plus méfiante.
« Qu'est ce que tu veux dire par là ? Tu me proposes un date ? »
J'écarquille les yeux et retire brutalement ma main de son épaule.
« Quoi ? Pas du tout ! Oh, mon dieu, je suis désolée, Mark, mais tu ne me plais pas du tout.
- Ouf ! Fait le rouquin, l'air sincèrement soulagé. Parce que toi non plus, alors...
- Genre du tout, j'insiste.
- Oui, c'est bon, j'ai compris. Tu commences à me vexer, là, » Rit-il, faussement offusqué.
Je lâche un léger rire mêlant l'amusement et la gêne. Sérieux, plus j'y pense, plus cette idée de rendez-vous me fait marrer. Mark se joint à mes rires, puis ajoute :
« Non, mais vraiment. Si ce n'est pas parce que je te plais, pourquoi est ce que tu veux faire ami-ami avec moi ? Tu prépares un mauvais coup ? C'est un prank ? Il y a des caméras cachées ? »
Je pouffe.
« Non, je te jure. Je veux juste qu'on soit amis. Je trouve ça dommage qu'on passe notre temps à s'engueuler sans raison particulière, alors je me disais qu'on pouvait peut-être essayer d'être potes. Si tu arrêtes de m'appeler Béthanie, évidemment, » Je le préviens.
Mark a un rictus moqueur. Puis, à ma grande surprise, il me tend la main.
« C'est d'accord. Amis, donc, hein ?
- Amis, » Je confirme en prenant sa main pour la serrer, comme dans un accord politique.
Nous nous sourions une dernière fois avant que le prof nous interrompe pour débuter son cours de géographie. Ca me fait étrange de me dire que Mark et moi sommes amis, désormais, mais je suis également fière de moi. Edward m'avait conseillé d'aller vers les autres, et j'ai pris sur moi pour le faire, même avec mon vieil ennemi. Et, au final, ça ne s'est pas si mal passé, et Mark semble être quelqu'un de plutôt sympa derrière sa tête d'imbécile. Durant notre conversation, Zoé, Emily et Clara sont arrivées dans la salle de classe et se sont installées à leurs places respectives, s'étonnant de me voir discuter et rire avec Mark. Mais, plongée dans ma discussion, je n'ai pas vu leurs expressions de surprise et le froncement de sourcils de la part de Zoé qui pense que mon comportement est vraiment étrange, ce matin.
« Bonjour à tous, déclare le prof d'histoire-géo en triant ses copies. Durant ce cours, nous allons faire un travail par binômes sur le thème du réchauffement de la planète et de la pollution, ses conséquences et ses solutions. Vous pourrez choisir parmi différents sujets comme la fonte des glaces, la surpêche... Durant les cours d'aujourd'hui et demain, vous devrez, par groupe de deux, préparer un exposé sur ce sujet, en vous aidant du cours, des documents que je vais vous distribuer et également Internet. Vous devrez préparez un diaporama pour illustrer vos propos et bien vous répartir le temps de texte, sachant que chaque exposé doit faire au moins cinq minutes. Vous le présenterez à la classe au cours de vendredi. »
En entendant M. Criss, je pousse un long soupir et rentre ma tête dans mes bras croisés. J'ai horreur des exposés. Et du travail. Et de l'histoire-géo en général. Mais j'ai à peine le temps de m'apitoyer davantage sur mon sort que le prof reprend, interrompant ma complainte intérieure :
« Très bien, vous avez deux minutes pour former les binômes et choisir un sujet à deux. Une fois le sujet choisi, venez me voir à mon bureau pour me dire votre nom et votre thème d'exposé, et je vous donnerais les documents correspondants. »
A peine a-t-il finit sa phrase que je réalise que je vais devoir me mettre en groupe avec quelqu'un. Et pas Zoé, si possible. Jetant des regards affolés autour de moi, je vois Clara et Emily se mettre naturellement ensemble et décider d'un sujet. Soudain, je sens une main se poser sur mon épaule, et je sursaute légèrement avant de me tourner vers ma meilleure amie.
« Hey, calmos, Beth ! Pouffe t-elle à ma réaction. Je sais que je peux faire peur à huit heures un lundi, mais quand même. On est ensemble pour l'exposé ? »
Elle ponctue sa phrase d'un large sourire qui me fait mal d'avoir à refuser.
« Bah, en fait... Je balbutie. Je suis déjà prise. »
Zoé dresse un sourcil.
« Vraiment ? Tu es en binôme avec qui ? »
Je regarde autour de moi, paniquée, pour trouver un partenaire dans les cinq secondes qui suivent. Mon regard vert percute alors celui de Mark, et je le supplie du regard. Le concerné fronce les sourcils sans comprendre. Quel imbécile. Tant pis pour lui, je ne lui demande pas son avis.
« Avec lui, » Je réponds à Zoé en plaçant ma main dans le dos du rouquin.
Ma meilleure pote croise ses bras fins, les sourcils plissés par l'incompréhension.
« Heu, Beth, je crois qu'il y a une erreur. C'est Mark que tu désignes, là.
- Hey ! Proteste le concerné, offusqué.
- Alors c'est vrai ? Vous vous êtes en binôme pour l'exposé ? S'étonne Zoé. Toi et Beth ? »
Elle s'adresse à Mark en posant cette question, comme si elle avait plus confiance en lui qu'en moi. Heureusement pour lui, après que je lui ai envoyé un regard d'alerte du genre si tu lui dis non, tous tes espoirs d'avoir un jour des enfants seront réduits à néant, mon camarade hoche la tête.
« Alors, vous êtes amis, maintenant ?
- Faux croire, » Dit Mark en haussant les épaules.
Zoé, après avoir lancé à chacun de nous un dernier regard suspect, comme si elle ne nous croyait toujours pas, retourne à sa place. Du coin de l'œil, je la regarde apostropher Théo, sûrement pour lui demander de faire l'exposé avec elle. Je le vois acquiescer et ma meilleure amie, avec un sourire plus étincelant que le soleil les journées de canicule, le serrer rapidement dans ses bras. A quelques mètres d'eux, je suis témoin de l'expression surprise, puis plus tendre de Théo, de leurs regards et sourires en coin, de leur complicité évidente lorsqu'ils s'assoient côte à côte pour choisir le thème de leur exposé de géographie. Mon cœur se serre, mais cette fois, c'est plutôt de tristesse que de dégoût.
« Heeeeu, Béthanie ? Tu comptes rester encore longtemps avec ta main dans mon dos ? »
Je serre davantage mon bras contre son dos, faisant grimacer le rouquin de douleur.
« Seulement si tu arrêtes de m'appeler Béthanie, déclaré-je tranquillement.
- OK, c'est bon, j'arrête, soupire Mark et je dégage mon bras, un sourire arrogant sur mes lèvres. Béthanie, » Ajoute t-il au dernier moment.
Je me retourne brutalement vers lui, le foudroyant du regard. Il m'arbore un de ces rictus supérieurs qui ont le don de m'exaspérer, et je roule des yeux, en ayant déjà marre de ce gamin.
« Bon, du coup, on est vraiment en groupe ou c'était juste une excuse pour fuir ta pote ?
- Un peu des deux, j'admets. De toute façon, je n'ai personne d'autre avec qui être.
- Moi non plus. Tu as une préférence pour le thème ? »
Je hausse les épaules et jette un œil en direction du tableau où sont affichés les sujets.
« Je m'en fous. Pollutions des océans, peut-être ?
- Va pour pollution des océans, alors, » Confirme Mark en notant le sujet sur une feuille de brouillon.
Nous continuons donc de bosser sur l'exposé jusqu'à la fin de l'heure.
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