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ACTE I - Scène 1

Dimanche 27 septembre, 11 : 47

<dead girl in the pool. ~ girl in red>

Acte 1, scène 1.

Dimanche 27 septembre, onze heures et quarante-sept minutes. Chambre classique mais désordonnée d'une maison lyonnaise. Deux personnages sont allongés dans un lit double.

« Putain... » Je grommelle.

J'ai un mal à la tête fou, comme des milliers d'aiguilles s'enfonçant dans mon crâne, et j'ai l'impression d'avoir une enclume sur la poitrine, ou deux bras m'encerclant et m'empêchant de respirer normalement. Ma vue est floue, et non seulement à cause de la gueule de bois : j'ai eu le malheur d'être myope comme une taupe, et ceci depuis la maternelle – même si je ne l'assume pas vraiment : à part dans des urgences comme celle-ci, j'utilise la merveilleuse invention que sont les lentilles. Balançant ma main en travers de la pièce, faisant valdinguer mon téléphone au passage, j'essaye de retrouver ma précieuse paire de lunettes. Une minute et des gémissements de frustration plus tard, je pose la main sur la structure fine de mes lunettes rondes, à contour doré, et les pose sur mon nez. Le monde me semble aussitôt un peu plus clair, même si mon esprit est plus brouillon que les cours de maths de Mme Lopez et que mon haleine pourrait faire fuir un chacal.

Un nouveau grognement s'échappe de mes lèvres. Je dirige un regard incertain vers la pièce où je me trouve, et mes yeux verts rencontrent un miroir. J'ai une tête de déterrée, avec des cernes immenses qui sembleraient presque noires, contrastant avec mon visage fantomatique. Des mèches de cheveux bruns sont collées à mon front en sueur, et ma chevelure bouclée forme un trou noir de boucles emmêlées, s'étalant sur une dizaine de centimètres vers le haut et la droite, tandis que la partie gauche est complètement collée à mon crâne, témoignant du côté où ma tête reposait sur l'oreiller durant mon sommeil. Il me faut quelques instants pour réaliser que je ne suis pas dans ma chambre, celle-ci n'étant dotée d'aucun miroir de la sorte. Je commence à paniquer sans raison particulière. Dans la précipitation, je me penche pour attraper mon téléphone tombé par terre : manque de pot, je dégringole du lit deux places, et a à peine le temps de pousser un cri de surprise que je me retrouve cul vers le haut et joue plaquée contre la surface dure du parquet de la pièce où je me trouve.

Soudain, je perçois les draps du lit se froisser légèrement, et un marmonnement se fait entendre. Je me fige en réalisant que je n'étais pas seule dans ce lit. Mais avec qui, alors ? Merde ! Ne me dites pas que j'ai passé la nuit avec un inconnu ? J'essaie tant bien que mal de rassembler mes souvenirs d'hier soir, et, la peur m'aidant à dessouler, j'ai le souvenir d'une soirée arrosée chez je ne sais plus exactement qui, avec je ne sais plus qui exactement qui, où j'avais bu je ne sais plus exactement quoi avant de tomber raide endormie je ne sais plus exactement où. Comme pour confirmer mes doutes, j'aperçois des bouteilles d'alcool traînant ça et là dans la pièce, un sol collant ainsi qu'une forte odeur de vomi – peut-être le mien. Je secoue la tête en tentant de reprendre mes esprits. Peu importe les circonstances, il faut que je sorte d'ici.

Je jette un coup d'œil à ma tenue, et un soupir de soulagement franchit mes lèvres en constatant que je porte des vêtements, même si mon T-shirt est de travers, qu'il me manque une chaussure et que je suis persuadée d'être allée à la soirée un bonnet sur la tête. Je n'avais donc rien fait – sexuellement, s'entend – avec quelqu'un. J'aurais été trop déçue que ma première expérience sexuelle se soit fait à demi-consciente avec quelqu'un que je connais à peine, et que, cerise sur le gâteau, je ne m'en rappelle pas une miette. Même avec mon mal de crâne indescriptible, ma blague mentale me fait glousser. Gâteau, miette ? Vous avez compris le jeu de mot. Mais je regrette immédiatement d'avoir ri lorsque je vois la forme vaguement humaine bouger et gémir davantage sur le matelas, éclairée par les rayons du soleil matinal filtrant à travers la fenêtre de la chambre. Je dois partir d'ici avant que l'inconnu ne se lève.

Tant pis pour la chaussure ou même le bonnet, mais il faut que je trouve mon satané portable. Le plus discrètement possible, je tâte le sol avec ma main et referme les doigts sur le premier objet de circonférence rectangulaire sur lequel je tombe. Le ramenant devant mes yeux, je me pétrifie à nouveau lorsque je vois que l'écran de mon précieux téléphone est élégamment décoré de longs éclairs sur toute sa surface noire. C'est pas possible... Je tente de l'allumer, en vain : le fichu appareil reste impassiblement éteint. Je ne peux retenir les injures qui passent en flot dans ma bouche, suppliant silencieusement l'objet de montrer un signe de vie.

« Merde, merde, merde, merde. Ne me lâche pas, pas maintenant. Rallume-toi !

- Beth ? Questionne alors avec difficulté une voix légèrement rauque de par le réveil difficile, mais pourtant féminine. T'es là ? »

Je me fige en entendant mon prénom. Ou plutôt mon surnom, car je m'appelle véritablement Béthanie : bonjour le prénom merdique ! Je ne sais même pas pourquoi mes parents ont décidé de me pourrir la vie dès la naissance en me choisissant un prénom comme celui-ci. Ils voulaient très certainement me gâcher l'existence, pour que je ne me fasse jamais d'amis, que je n'ai jamais de petit ami et que toutes mes chances de gagner un job sois réduites à zéro. C'est pourquoi j'ai adopté le surnom Beth : plus court, plus cool, beaucoup moins ridicule. Seules quelques personnes autres que ma famille connaissent mon vrai prénom : il y a Mark, par exemple, un mec qui était dans ma classe en CP et qui m'a donc connu du temps où on m'appelait encore Béthanie. Les cheveux roux ébouriffés, beaucoup trop de tâches de rousseur pour un humain normal et se vantant de faire dix centimètres de plus que moi, c'est un mec exaspérant qui adore me vanner malgré le fait qu'on ne soit pas amis. Et puis il y a Zoé, évidemment. Ma meilleure amie depuis toujours. La voix reprend :

« Beth ? Je te vois, hein, ce n'est pas en restant immobile que tu vas devenir invisible. »

L'esprit embrumé, il me faut quelques secondes pour réaliser que la voix féminine appartient bel et bien à Zoé, et non pas à un inconnu dans les bras duquel je me serais endormie hier soir. Un immense soupir de soulagement – à ce niveau, on appelle ça une tornade – franchit mes lèvres. J'ai dormi dans le même lit que Zoé, chose que j'ai déjà fait des dizaines de fois, et non pas avec un mec aux intentions floues dont je ne me rappelais pas l'identité. Puis je me souviens que je viens de casser mon téléphone et que j'ignore où se trouvent certains de mes vêtements, et un vent de déception vient souffler dans mon esprit embrumé par l'alcool. Ces émotions contradictoires me procurent un mal à la tête fou, et, mettant ma chaussure disparue et mon écran en morceaux de côté, je relève la tête vers le visage mi-grimaçant mi-amusé de Zoé penchée vers moi, sur le lit.

Même au réveil et avec la gueule de bois, elle est belle. D'accord, son mascara dégoulinant sous ses yeux noisette, son haleine sentant l'ail et ses cheveux plaqués en arrière lui donnent un look de vampire démodé assez hilarant, mais dans l'ensemble, elle est superbe. Elle a la peau bronzée, des cheveux châtains tirant sur le roux lui arrivant aux épaules, parfaitement lisses – elle ne se rend pas compte la chance qu'elle a, me donner des cheveux bouclés et sûrement la pire décision que mes chromosomes ont prit dans leur vie, vu le mal que me donne à leur donner un aspect acceptable tous les matins – et des yeux marron sous des sourcils broussailleux. Sa silhouette est longue et fine, trop selon elle : être une fille de un mètre quatre-vingt, ce n'est pas facile tous les jours, bien que ça aide à se débarrasser des idiots comme Marc. Elle se plaint de ne jamais pouvoir porter de talons et de dépasser les trois quarts des garçons de notre classe, en plus d'avoir zéro forme, contrairement à moi, même si mes cuisses graisseuses, mon ventre bombé et mon gros cul ne font pas l'unanimité. Pourtant, je ne la trouve pas moins carrément magnifique, et je lui répète souvent qu'elle pourrait faire mannequin, même si elle répond toujours par un large éclat de rire, de son rire merveilleux, joyeux et franc.

Je me perds tellement dans mes pensées que je ne remarque pas que Zoé me fixe, enfin, plutôt mes cheveux. Elle pince ses lèvres fines ensemble, comme pour s'empêcher de rire, et ses yeux me dévisagent avec amusement. Je me rends alors compte qu'elle a sûrement cette réaction en voyant ma tête de zombie plongée dans une cuve d'acide. Mes doutes ne font que se confirmer lorsque ma meilleure amie explose de rire, ne parvenant plus à se retenir, et que les notes mélodieuses de son rire vrai se répandent dans la toute pièce.

« Oh putain la gueule ! Elle répète sans arrêt, le souffle court, entre deux éclats de rire, s'essuyant d'une main les larmes d'hilarité s'échappant de son œil droit.

- Ferme-la, t'as pas vu la tienne ! » Je réplique en lui balançant un oreiller au visage.

Zoé l'évite et continue de rire à s'en tenir les côtes. Je fais mine d'être encore plus vexée, mais pourtant, un sourire amusé ne peut s'empêcher de se dessiner sur mes lèvres en la voyant ainsi. Elle est radieuse, son visage ainsi éclairée par la joie, se perdant dans des hoquets de rire, jusqu'à ce que le son saccadé de ces derniers soit remplacés par un rire plus extrême, du level au-dessus : des grognements ressemblants parfaitement à ceux d'un cochon. Je me fige en même temps que Zoé, et ma meilleure amie, se rendant compte du son qu'elle vient de faire, place précipitamment ses mains sur sa bouche, et me regarde, presque choquée, ses yeux noisette écarquillés. On reste quelques secondes ainsi, avant que je ne craque la première. Je repars dans un rire de folie pure, et celui de Zoé rejoint bientôt le mien, tout en me frappant avec un oreiller en répétant que ce n'est pas drôle, chose qui ne me fait rire que plus fort. On continue un bon quart d'heure, hilares, s'envoyant des coussins, puis tombant l'une sur l'autre, nos corps secoués par des spasmes. Deux pures folles riant sans pouvoir s'arrêter. Nous.

***

<Lose somebody ~ Kygo, OneRepublic>

« Trouvé ! Jaillit ma voix d'où se trahit mon soulagement infini.

- Sérieux ? C'était où ? » Fait Zoé en relevant brusquement la tête du dessous du lit double où nous avons passé la nuit, me faisant sursauter.

J'indique vaguement un coin de la salle du menton, où une dizaine de vêtements à l'apparence pas très propres se superposent, jetés pêle-mêle. Ravie, je saisis mon bonnet rouge foncé et l'enfonce comme un casque sur mes boucles rebelles, souriant de toutes mes dents. La pièce n'est reliée à aucune salle de bain, et le propriétaire de la chambre ne possède apparemment pas de brosse à cheveux, car ça fait bien dix minutes que je retourne cette dernière dans l'espoir de mettre la main sur un objet permettant d'arranger un peu la masse brune emmêlée qu'avait formé ma chevelure. C'est donc ravie que j'ai retrouvé mon bonnet, peu après ma deuxième boot noire, m'évitant une honte mortelle durant tout le chemin du retour de cette maison jusqu'à chez moi.

Après ce fou rire monumental avec Zoé, nous avons rassemblé nos souvenirs malgré nos maux de têtes respectifs et nous nous sommes souvenues de la soirée d'hier. Elle se passait chez un gars de notre classe, Théo, du genre populaire-sympa-avec-des-amis-moins-sympas. Une trentaine d'invités, une maison typique du quartier, beaucoup d'alcool, une soirée normale, en somme. Les souvenirs de la fête en elle-même étaient flous : on avait discuté – un peu, dansé – beaucoup, bu – énormément. Puis on s'était écroulées sur un lit d'une chambre quelconque. C'était un soulagement que nous soyons restées ensemble toute la soirée.

« Bon, on y va ? Lancé-je en me relevant, prête à m'en aller.

- Deux secondes, j'envoie un message à Clara pour savoir si elle et Emily sont ici. »

Emily et Clara, c'est deux potes de notre classe. Aussi inséparables que Zoé et moi le sommes, elles sont pourtant le jour et la nuit. Clara, asiatique aux cheveux de soie noire, est souriante, sportive et pleine de motivation, le genre de personne à faire du yoga. Emily, elle, cache de beaux yeux bleus derrière une frange blonde, est super-timide et a la fâcheuse tendance de rougir tout le temps, avec ou sans bonne raison. Je la trouve adorable... Sauf quand elle est bourrée. Il faut savoir qu'Emily, après quelques verres, se lâche complètement, et passe de la petite fille réservée à une déesse de la piste de danse, se trémoussant comme une folle un verre à la main. Le pire est qu'elle ne se souvient de rien après coup, et avec les filles, on prend un malin plaisir à lui raconter tout de A à Z le lendemain, la regardant s'empourprer de plus en plus jusqu'à devenir rouge carmin. On aime la charrier là-dessus, et elle finit toujours par se joindre à nos rires.

« Alors ? J'interroge en glissant un regard à l'appareil allumé sur l'icône « Message » dans les mains de Zoé, tentant tant bien que mal de ne pas penser au mien qui refuse de reprendre vie.

- Elles sont rentrées vers minuit. Clara a appelé le grand frère d'Emily pour venir les chercher, parce qu'elle était ivre morte et à ce qu'il paraît, elle s'était mise à danser sur la table du salon et a même failli enlever son haut dans un strip-tease improvisé. Clara a eut la bonne idée de l'arrêter, et, heureusement qu'elle ne boit pas, parce qu'Emily avait du mal à tenir debout. »

Je ris malgré moi. Cela ressemble à un scénario normal d'une soirée, qui se finit souvent ainsi, avec une Clara s'efforçant de ne pas rire soutenant une Emily complètement torchée pour l'aider à avancer. Au moins, nous n'aurons pas à les chercher partout dans la maison. Après avoir vérifié une dernière fois si nous n'avons rien oublié dans la chambre, Zoé et moi descendons silencieusement les escaliers de l'étage où nous avons passé la nuit, débarquant dans le salon du lieu. Nous examinons l'espace : deux adolescents sont avachis sur le canapé, tandis qu'un autre ronfle, recroquevillé dans une position inconfortable sur un fauteuil. Dans la cuisine, deux garçons torse nu dévalisent le frigo, des chips plein la bouche (sûrement les restes d'hier soir). Je reconnais Théo, cheveux noirs et yeux clairs rieurs, parmi eux. En nous voyant, ils nous font un petit signe de la main, et tandis que je leur réponds de la même façon, je remarque que les joues de Zoé sont légèrement roses. Je dresse un sourcil, mais ne relève pas, et ouvre la porte de la maison afin de me faufiler à l'extérieur, suivie par ma meilleure amie. Une fois sur le perron, je lui donne un léger coup de coude.

« C'était quoi, ça ? Je demande, un rictus moqueur sur mes lèvres.

- Ca quoi ? Questionne Zoé en retour, mais sa voix qui a grimpée d'un octave et la rougeur réapparaissant sur son visage m'assurent qu'elle a bien compris de quoi je voulais parler.

- Arrête de faire semblant. Avec Théo ! Dès qu'il nous a fait signe, t'as tourné pivoine en mode Emily. Et puis, j'imagine que le voir torse nu n'a pas dû te laisser indifférente... »

Je lui adresse un sourire clairement pervers et effectue un jeu de sourcil maîtrisé pour insister sur mon sous-entendu. Zoé m'inflige d'un violent coup dans les côtes, écarlate.

« Ta gueule, Beth, me dit-elle, un sourire se trahissant dans sa voix. Y'a rien. »

Je ne peux pas m'empêcher d'éclater de rire, et elle me flanque un nouveau coup de coude. Je réponds en la poussant en arrière, et nous continuons ainsi, nous tapant et nous narguant l'une l'autre, se moquant notre meilleure amie, pour finir par rire comme des baleines, de larges sourires éclairant nos visages. Je n'habite qu'à un vingt minutes environ, et, ne voulant pas déranger mes parents qui dorment sûrement encore (comprenez-les, un dimanche à midi), nous décidons de nous rendre à pied chez moi. Je reprends mon attaque :

« Oh, aller, je ne t'en veux pas d'avoir maté. C'est vrai qu'il était plutôt pas mal, Théo, avec ses muscles et son grand sourire, même un lendemain de soirée. Toi, par contre, je ne pourrais pas dire la même chose de ta face, je pique. Tes cernes faisaient au moins la distance Paris-New York, minimum. Et je ne te parle pas de tout ton maquillage qui a coulé... »

Zoé écarquille les yeux avant de me retourner l'offensive :

« Ah ouais ? Et toi, avec tes cheveux en mode Tarzan après vingt ans dans la jungle et ton haleine sûrement plus efficace que le gaz pendant la seconde guerre mondiale, on en parle ?

- Je m'en contrefous de mon look de gueule de bois, je n'ai pas de garçon à impressionner, moi.

- Je ne veux pas impressionner Théo ! De toute manière, ce n'est pas comme si il me regardait.

- Ah ! Donc tu admets bien qu'il te plaît !

- J'ai jamais dis ça ! » Proteste une nouvelle fois ma meilleure amie, rouge pivoine.

Je me marre. J'adore la taquiner. Pour une fois que je peux le faire, je m'en donne à cœur joie ! D'habitude, Zoé est toujours en mode rien-ne-m'atteint, et je dois avouer que de temps à autres ça devient un petit peu agaçant. Même les piques ne la touchent pas, et elle rétorque toujours de façon acérée, car elle n'a rien à se reprocher. Ca faisait un bail que Zoé ne s'était pas intéressé à quelqu'un. Elle était sortie avec un garçon, Josh, il y a deux ans, quand elle avait quatorze ans, mais il a fini par la quitter par message comme le dernier des connards. Zoé se sentait très mal suite à cela, et durant presque six mois, elle était quasiment hypersensible et je la consolais du mieux que je pouvais. Je dois avouer que j'ai bien aimé cette période, car elle a renforcé notre amitié : Zoé venait chez moi tous les week-ends, et nous regardions n'importe quel film ou série, assises côte à côte sur mon lit, l'ordinateur sur nos genoux, en se gavant de pizza. Elle se livrait à moi, allant jusqu'à fondre en larmes, et j'étais toujours à ses côtés pour la prendre dans mes bras et lui répéter que le mec en question était le dernier des imbéciles. Quand elle s'est remise de lui, notre amitié était à son apogée. Je n'ai jamais pardonné à Josh d'avoir brisé ainsi le cœur de mon unique meilleure amie, et je lui lance toujours des regards féroces quand je le croise dans les couloirs.

Je suis heureuse pour Zoé qu'elle s'intéresse à Théo, car cela veut dire qu'elle est définitivement passée au-dessus de Josh. Mais quelque part, même si j'en profite pour la taquiner, cette nouvelle me fait éprouver un pincement dans la poitrine. Pendant les quatre mois où elle est sortie avec Josh, Zoé s'était complètement éloignée de moi, et cela m'avait blessé plus que je ne pourrais l'avouer. Je n'oserais jamais lui dire, mais j'étais presque soulagée que ce soit fini entre eux. Je crains que la même chose se passe avec Théo, que Zoé m'abandonne avant de venir pleurer dans mes bras. Je ne pourrais pas supporter qu'un garçon fasse encore du mal à ma meilleure amie, et je ne pourrais pas supporter qu'elle s'éloigne de moi encore une fois.

***

<Backyard boy ~ Claire Rosinkranz>

Nous avons continué le trajet tout en riant, l'ambiance légèrement calmée. Une fois devant chez moi, nous grimpons les marches de mon immeuble jusqu'à mon étage, entrons dans l'appartement et retirons silencieusement nos chaussures avant d'entrer dans ma chambre. C'est un peu notre repère, car celle de Zoé était bien plus petite et biscornue. Heureusement, ma petite sœur, une gamine de treize ans, dort encore profondément, ainsi que mes parents (le sommeil le dimanche matin, dans la famille, c'est sacré). Zoé s'écrase sur mon lit double à peine rentrée, et fait l'ange comme dans de la neige, défaisant complètement ma couette. Je pouffe doucement avant de lui demander :

« Tu prends la salle de bain en premier ou c'est moi ?

- Toi, réponds sans hésiter ma meilleure amie. Ton haleine pourrait se sentir jusqu'au Canada.

- Toujours le mot qui fait plaisir, » Je grimace, attrapant ma serviette de bain ainsi que des vêtements de rechange propres n'empestant pas le vomi, puis me dirigeant vers la salle de bain.

Prendre une douche me fait un bien fou. Si je n'étais pas encore complètement dessoulée, cette douche m'achève. Je me mets le jet d'eau à fond, brûlant sur ma peau. C'est limite si mon corps fume après : mes pieds sont aussi rouges que les joues d'Emily le seront lundi, quand on lui racontera ce qui s'est passé. Avec un soupir d'aise, je reste encore longtemps sous la douche avant de me savonner le corps et de passer à mes boucles brunes, les massant et les shampooinant du mieux que me permettent les nœuds importants parcourant ma chevelure. Après m'être rincée, je sors de la douche, enroulée dans une serviette jaune affublée d'une ravissante girafe sur le côté (cela fait bien dix ans que je n'ai pas changée de serviette de bain) et prend l'excellente décision de me laver les dents. La sensation du goût mentholé du dentifrice dans ma bouche me fait sentir tout de suite beaucoup plus propre. Mes boucles rebelles toujours entortillées dans ma serviette girafienne, je crache dans le lavabo, me rince la bouche et enfile un vieux jogging gris ainsi qu'un débardeur blanc Hello Kitty avant de sortir de la salle de bain. Zoé, qui m'attend sur le lit tout en vérifiant si personne n'a posté la vidéo de Emily danser sur la table du salon dans sa story sur Instagram, relève ses yeux vers moi. Un rictus se forme sur son visage.

« Hello Kitty ? Sérieusement ? Demande t-elle tout en posant son téléphone sur le lit double.

- Bah quoi ? Ris-je en haussant les épaules, gratifiant ma meilleure amie d'un coup de coude dans les côtes bien mérité. Juge pas, tu regardais Dora L'exploratrice jusqu'à tes onze ans.

- On avait dit que ça restais entre nous ! Proteste la châtaine.

- Il y a l'air d'avoir des caméras cachées ? » Je réplique, amusée.

Zoé marmonne des propos incompréhensibles, admettant que j'ai gagné pour cette fois, avant de se lever du lit pour se diriger vers la salle de bain.

« T'as pas des vêtements de rechange ? Je n'ai rien sur moi. »

Je jette un coup d'œil à ses cuisses et chevilles élancées, puis lance le même regard à mes jambes grassouillettes, avec ma peau qui semble sauter et danser à chacun de mes pas. Zoé et moi ne faisons pas vraiment la même taille.

« J'ai peut-être un short au fond de mon armoire que je mettais au collège. Sers-toi. »

Elle farfouille dans le placard de bois de ma chambre et sort, victorieuse, un vieux short que j'ai dû mettre pour la dernière fois en troisième, et pour lequel le port, à cette époque-là, m'avais probablement coûté un avertissement de la part des surveillants de mon collège et l'obligation de porter un affreux jogging puant le reste de la journée. Je pense que c'est vers cette période où Zoé et moi, indignées, nous sommes bien plus impliquées dans le féminisme que nous ne l'avions jamais été. Malgré cela, à cause de cet incident, je suis toujours un peu inconfortable lorsque j'enfile un short ou une jupe en été, même si Zoé m'assure que je suis canon. A moins que mes cuisses un peu trop larges aient un rapport avec tout cela.

Zoé, après avoir emprunté également un large T-shirt à l'effigie du groupe Queen dans mon armoire, part s'enfermer dans la salle de bain pour prendre sa douche. En attendant son retour, je prépare notre après-midi chill-épuisées-après-une-soirée-bien-trop-arrosée, qui se fait un peu près un dimanche par mois, lorsque nous revenons de soirée. La recette : une meilleure amie (Check !), des pyjamas confortables (Check !), un lit bien moelleux avec des plaids et des oreillers (Check !), une bonne série lancée sur un ordinateur (J'ai l'ordinateur posé sur mon bureau, n'attendant plus que nous pour lancer Netflix) et bien évidemment suffisamment de nourriture pour passer une semaine dans une base souterraine en cas d'apocalypse mondiale. Je me glisse sur la pointe des pieds hors de ma chambre pour atteindre la cuisine, de peur que mes parents se réveillent et nous réprimandent sur la malbouffe que je leur pique derrière leur dos. Heureusement, je n'entends pas un bruit, la maison étant plongée dans le silence. Dans la cuisine, j'attrape un sachet de chips saveur barbecue, deux paquets de cookies plus une bouteille de limonade. Notre après-midi glandage est prête.

En remontant, je pose le butin sur ma table de chevet et prend mon ordinateur portable pour lancer Netflix. Après réflexion, je décide de débuter notre après-midi par quelques épisodes de Friends, notre série fétiche avec Zoé. Alors que j'allais lancer un quelconque épisode de la saison deux, ma meilleure pote sort de la salle de bain. Je tourne instinctivement la tête vers elle. Après sa douche, son teint s'est un peu rafraîchi et ses cernes sont moins voyantes. Son sourire se fait plus grand, ses yeux désormais dépourvus de traces de mascara pétillant de joie en me voyant – ou plutôt en voyant les paquets de cookies près du lit (les cookies sont le péché mignon de Zoé : si elle pouvait, elle en mangerait tous les jours. Moi, je ne suis pas aussi fan qu'elle, mais j'en garde toujours spécialement dans les placards de la cuisine au cas où Zoé passe à l'improviste, ce qu'elle fait souvent). Ses cheveux raides et mouillés tombent joliment autour de son visage encore humide, foncés par l'eau, leur nuance habituellement caramel se rapprochant plus du chocolat au lait. Elle est magnifique, comme d'habitude. Mon regard est attiré sans que je puisse m'en empêché par ses longues jambes fines et bronzées dépassant de mon T-shirt Queen, et, me rendant compte que je m'y attarde un peu trop, je détourne rapidement le visage en sentant mes joues chauffer. C'est juste les jambes de Zoé. Je les aies vu des centaines de fois.

Je sens le matelas bouger et les draps de mon lit se froisser lorsque cette dernière prend place à mes côtés, attrapant sans manières un des deux paquets de cookies. Je la regarde stabiliser un oreiller derrière son dos, ses yeux fixés vers l'écran de mon ordinateur, tandis qu'elle me lance :

« On se refait l'intégrale de la saison deux, capitaine ?

- On dirait bien, moussaillon ! Je ris légèrement, oubliant presque aussitôt mon blocage de tout à l'heure sur les jambes de Zoé.

- C'est parti ! » S'écrie t-elle en lançant son bras droit en avant en mode Superman.

Pouffant de nouveau face à l'attitude joueuse de mon amie, je lance le premier épisode de la saison deux de Friends et vient me caler contre le mur, en face de l'ordinateur. Je place un plaid sur nos genoux et me décale légèrement pour me serrer davantage contre Zoé, jusqu'à ce que nos hanches soient collées l'une à l'autre et que nos côtes se frôlent. Ce contact est familier, pourtant, je ne peux m'empêcher de sourire de façon attendrie face à ce genre de petites choses que nous reproduisons chaque jour. Ca fait parti du quotidien, mais je ne m'en lasserais jamais, ça continuera toujours à me faire sourire. J'ouvre le sachet de chips barbecue et en fourre une ou deux dans ma bouche tout en fixant l'écran. Avec Zoé, on reregarde sans se lasser les mêmes scènes qu'on a déjà vues mille fois, on se marre en même temps que le public, on imite grossièrement des personnages, on clame les répliques qu'on connait par cœur en même temps que Joey ou Phoebe, tout en attrapant de temps à autres un cookie, une chips ou bien buvant une gorgée de limonade, dont le liquide frais, sucré et pétillant vient calmer la sécheresse de nos gorges en feu à force d'avoir tant mangé et ri. Au bout d'un ou deux épisodes, nous nous calmons peu à peu, et je sens mes paupières devenir plus lourdes. Sans réfléchir, je laisse tomber ma tête contre l'épaule de Zoé, comme je l'ai fait des milliers de fois. Et comme elle l'a fait des milliers de fois, elle fait de même en posant sa tête sur la mienne. Nous nous endormons ainsi, l'une sur l'autre, épuisées et le ventre rempli, dans la position la plus agréable du monde.

***

Et voilà comme promis le premier chapitre de cette histoire ! :D Comme je vous avais prévenu, il est plutôt long. J'espère que appréciez ce début du roman, si c'est le cas, n'hésitez pas à le dire en commentaire ou à voter ce chapitre <3 <3
Comme précisé dans l'introduction, les chapitres sortent une fois par semaine tous les mercredis, alors... à la semaine prochaine !

Gros bisous, je vous aime tous !

Deamignis...

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