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L'avocat du digital

20 octobre 2018

Bonjour !

Y'en a qui doivent en avoir marre que je traite du sujet, mais c'est quelque chose qui apparaît de plus en plus et qui de mon côté me paraît de plus en plus absurde, et c'est la discrimination qu'ont certains artistes (pour la plupart uniquement pratiquant le traditionnel) contre le dessin digital, même jusqu'à dire que le dessin digital n'est pas du dessin.

Je vais donc vous donner, aussi complet que possible, ma défense du digital, du point de vue d'une artiste en herbe.

Pour contextualiser pour les personnes qui ne me connaîtraient peut-être pas, je suis une étudiante en art dans une école d'art appliqués. J'y ai passé un an et quelque jusque-là, et l'école insiste dans sa grande majorité sur l'apprentissage traditionnelle d'abord, les rendus étant quasiment tous sur papier. J'ai 7 ans d'expérience au dessin traditionnel avec de nombreux outils, fusain, sanguine, encre, crayons de couleur, acrylique, gouache, aquarelle... En parallèle de cela j'ai presque 5 ans d'expérience au digital. Je ne suis pas la plus expérimentée des artistes, mais j'ai plus de 2000 dessins (majorité traditionnels) plus ou moins finis derrière moi au point où on en est, ce qui doit bien me qualifier comme quelqu'un qui sait un minimum de trucs en dessin.

J'ai déjà fait un chapitre de défense du digital contre l'accusation que c'est de la "triche" et "pas à la main" (la petite phrase qui m'énerve tout le temps) auparavant, mais ce n'est pas très complet, alors je compléterai ici aussi.

J'aimerais commencer par la défense du dessin digital en tant que dessin.

Encore une fois, pour clarifier : lorsque je dis "dessin digital" j'entends tout dessin, peinture, croquis, etc... réalisé en tout ou majorité sur ordinateur, portable, iPad pro, tablette graphique ou autre appareil électronique à écran qui permet de dessiner dessus. Un dessin traditionnel est un dessin réalisé en tout sur papier. J'appelle "tradigital" un dessin réalisé en majorité au traditionnel puis avec des finitions au digital.

Je vais être honnête, je ne comprends pas comment on peut penser que le dessin digital n'est pas un dessin tout en étant rationnel... Il suffit de regarder les définitions des mots :


(Petite mention que j'aime beaucoup pour les gens qui appellent le dessin digital "pas à la main" : la première définition de digital est "qui se rapporte aux doigts". Je suis on ne peut plus d'accord.)

Si on se rapporte à la définition de dessin d'après Larousse, c'est "la représentation ou suggestion des objets sur une surface à l'aide de moyens graphiques". Avec cette définition, le dessin digital est forcément du dessin, et c'est littéralement la première définition qui pop quand on fait des recherches.

(Pour les hardcore contre le digital, je mets aussi la définition de "moyen graphique")

Donc si je résume, pour que quelque chose soit un dessin, il faut que ce soit :

1) une surface
2) sur laquelle il y a une représentation/suggestion d'objet (objet ici veut dire quelque chose, ça peut être vivant aussi. C'est pour pas mettre "sujet" ce qui impliquerait qu'il y aurait un but/unisson/sens derrière)
3) fait avec quelque chose qui permet de tracer ou laisser des marques visibles

Pour faire un dessin digital de la façon la plus basique, on a :
1) un écran qui nous permet de voir le dessin
2) une surface sensible qui permet de tracer des traits
3) un outil que la surface sensible peut détecter

Selon le matériel de chacun, certains éléments peuvent être réunis : avec les tablettes graphiques à écran intégré, les téléphones et les iPad pro, la surface sensible et l'écran qui permet de voir le dessin sont les mêmes. L'outil qu'on utilise sur la surface sensible peut être le doigt dans le cas des téléphones aussi.

Enfin il y a le seul cas à qui il manque un des éléments c'est celui où on dessine à la souris où on n'a pas de surface sensible sur lequel on dessine (fin... On pourrait voir ça comme la table, mais c'est pas super sensible comme surface).

En général on a une tablette graphique. Il y a deux grands types, les version sans écran intégrée, ce qui ressemble à ça :

(Image de la Wacom Intuos Pro S depuis le site de la FNAC)

Ou la version avec écran intégrée qui ressemblent à ça :

(Image de la Wacom Cintiq 27QHD via Darty)

Dans les deux cas ces tablettes présentent une surface sensible qui est la zone de dessin, des boutons (appelés "express keys" qui sont des raccourcis pour différents actions comme retour en arrière par exemple) sur le côté, et un moyen de connexion à un ordi. Elles sont fournies avec un stylet, et doivent être connectées à un ordinateur ou au moins une unité centrale pour fonctionner.

Dans le cas de la version sans écran intégrée, la partie tactile sert d'appui, l'écran sert de papier. C'est comme si tu dessinais à l'encre invisible, et qu'en même temps l'ordi te montrait ce que ça donne sous lumière bleue. C'est plus éloigné de la version papier vu que ce que fait la main n'est pas sur le même plan que les marques qu'il fait, mais la tablette est super sensible, il détecte la pression et l'orientation du stylet. Ils sont beaucoup beaucoup plus sensibles que les écrans de téléphone. Là où les écrans de téléphone fonctionnent souvent avec un système "appuie ou n'appuye pas, aucune nuance" ce qui permet un meilleur fonctionnement de choses comme le clavier, les tablettes graphiques ont entre 1000 et 5000 niveaux de pression selon les modèles.

La version avec écran est plus simple à comprendre, elle fonctionne comme un iPad ou une tablette numérique classique, mais en beaucoup plus sensible et avec un écran d'une bien meilleure qualité, avec un affichage des couleurs et un très grand nombre de niveaux de pression.

Quand on dessine dessus, selon les modèles et nos affinités on peut avoir plus ou moins de facilités à s'habituer. Les versions sans écran proposent différentes textures de surface, chacun fait pour imiter un type de papier différent (des gros grains canson aux papier lisses bristol). Des efforts énormes sont faits pour que l'expérience soit aussi proche du tradi pour éviter des problèmes d'adaptation pour les artistes qui s'y essayeraient pour la première fois.

Bref, dans tous les cas on fait des marques sur une surface pour représenter un objet. La surface dans le cas présent est un ensemble plat de pixels colorés, mais ça reste une surface. Le dessin digital est du dessin, d'après le dictionnaire, le truc le plus objectif que j'aie pu trouver.

Ensuite l'idée que "le dessin digital est plus facile" ou "moins vrai" que le dessin traditionnel.

L'une des choses les plus critiquées dans le dessin digital pour sa facilité est la possibilité de déplacer et changer la taille des éléments sans avoir à les redessiner. Il existe en effet un outil qui permet de prendre un élément tel que, le repositionner et modifier sa taille, en tout ou en partie.

C'est vrai, cet outil est plus facile, mais dans mon école très axée sur le traditionnel pour les premières années, on l'a fait aussi. Pour trouver des compositions on fait une miniature de la composition en tout petit, ça prend 2 min, puis on prend du calque qu'on découpe, on dessine les éléments à la taille qu'on veut, puis on les déplace les uns par rapport aux autres pour trouver la compo qu'on veut. C'est la même chose sauf que ça gâche du calque (et c'est cher le calque 😅). C'est pas impossible au traditionnel, c'est juste que beaucoup de gens ont la flemme de l'utiliser.

Après je sais que cette mécanique est utilisée pour quand on a des problèmes de proportion sur le corps humain, pour changer une pose ou autre, alors quand on a dessiné la main en entier mais trop petite, c'est pratique.

Saaauuuf que le corps humain marche pas comme ça. Pour avoir une dynamique de pose, ça implique tout le corps, alors changer la pose d'un bras ou d'une jambe, ça va avoir une influence sur le reste du corps. Si on ne fait pas ça en changeant la pose, ça va être faux, et rigide. C'est pas gagner du temps parce qu'il faudra de toute façon redessiner le reste. Pour changer la taille de la main, c'est utile pour quand on débute, mais au bout d'un moment on ne s'en sert pas vu qu'on fait les détails en dernier, alors normalement toutes les erreurs de proportion seront réglées avant.

Je signale aussi que cet outil ne sert à rien quand on a passé le stade du croquis puisque la coupure est nette, alors là où ça a été modifié se voit, et ça prend tellement plus de temps de tout réparer après coup 😂 donc ouais, c'est pratique quand on l'utilise au stade de compo comme avec le calque, mais après c'est un peu... Nul quoi. C'est du bidouillage ou du rattrapage, mais ça ne servira pas à réparer un dessin moche fini.

Après j'ai vu quelqu'un dire que comme on peut recommencer les traits à l'infini, on ne peut jamais se louper.

En théorie, c'est vrai.

Sauf qu'à moins de passer 5h (aucune exagération) sur l'outil vectoriel de Photoshop (outil pas dispo sur tous les logiciels) c'est toi en tant que personne avec ta méthode plus ou moins défaillante qui fais les traits. Il y a certes cette idée du trait parfait qui arrivera forcément avec une infinité d'essais... Mais qui a le temps de faire une infinité d'essais sur chaque trait, sachant qu'un simple portrait comporte une centaine de traits. Donc oui, il y a une grande capacité de nettoyage si on a le temps, la motivation et les capacités, mais il faut les avoir quoi, et la plupart du temps 2 des 3 manquent. Si tu ne sais pas faire un encrage correct, c'est pas le digi qui va t'aider à le faire. Il y a autant d'efforts dans un encrage digital que dans un encrage traditionnel, alors dénigrer le digital là-dessus est idiot. Oui, il y a des possibilités qu'on n'a pas au tradi, mais ils apportent des difficultés supplémentaires aussi.

Ensuite on m'a parlé du fait que c'est "facile de faire des belles couleurs". Alors là, non. C'est tellement plus facile de faire des couleurs HIDEUSES au digi, alors qu'au tradi, ça peut être moche, mal fait, mais il faut vraiment y aller pour que ça pique physiquement les yeux (et encore, jusqu'à récemment je croyais que c'était pas possible de faire le même niveau de carnage coloré au tradi qu'au digital, mais j'ai vu un truc orange saturé à mort et bleu cyan à la gouache récemment, et c'était joli mais j'avais mal après quoi).

(Une version d'un de mes anciens dessins que j'avais pas publié en version finale parce que j'avais fait une meilleure version par la suite. C'est un exemple de comment on peut facilement faire des couleurs qui piquent les yeux, ici notamment le serpent et la tenue de la femme)

En gros il y a tellement de moyens supplémentaires de faire des choses dégueulasses en couleur au digi, parce qu'au tradi, c'est très rare de pouvoir faire des couleurs saturées de l'extrême. C'est pas impossible, mais c'est vraiment VRAIMENT difficile. Avec l'aquarelle et les crayons de couleur il faut superposer des dizaines de couches avec une technique particulière, avec l'acrylique et la gouache, il faut acheter des couleurs particulières, etc... Le "pire" qu'on puisse faire c'est de choisir une palette qui fonctionne vraiment pas, ou mal gérer l'ordre de ses couleurs/mal faire des mélanges. Y'a toujours des trucs qui peuvent foirer, MAIS avec le digi il y a les problématiques d'un écran mal calibré, et la tentation de faire du sursauté partout (comme j'en ai parlé plus tôt dans le livre).

Le pire c'est que la sursaturation est quasiment assurée pour un dessinateur débutant au digi, c'est tellement fréquent et galère à gérer quand on ne sait pas ce qu'on fait, surtout que souvent les ordis ont tendance à désaturer naturellement (sauf les Mac... Je ne suis pas une grande fan des mac, mais je trouve très peu de fautes à leur interface colorée).

Enfin, j'ai vu "on ne peut pas progresser en digi".

Si. Clairement on peut. Il suffit de voir la progression de personnes comme IceSaphir qui ont une pratique quasiment entièrement digital, mais qui progressent à vue d'œil.

Pourquoi alors on insiste sur l'apprentissage traditionnelle d'abord ?

Tout simplement parce que les outils mentionnés plus tôt sont mal utilisés, on s'en sert comme techniques flemme sans comprendre que ça ne marche pas comme ça. Sans ces possibilités, on apprend à s'en passer, comme ça quand on peut les utiliser, on s'en sert bien, de façon utile, sans que ça pose problème au dessin. De plus, le digital est un type de dessin avec qu'un seul outil. On peut changer de matos mais le fonctionnement est le même. À moins d'utiliser 10 000 brosses super variées on ne se met pas vraiment en "danger". Une fois qu'on est habitué à une façon de faire au digi, changer radicalement est difficile. Au tradi, changer radicalement de façon de faire, c'est "facile", il suffit de changer de médium : passer des crayons de couleur à acrylique, de la gouache à l'huile. Ça nous force à sortir des habitudes sans moyen de retour en arrière.

Est-ce que ça veut dire que progresser en dessin avec le digital c'est impossible ? Non !  Beaucoup de choses qu'on apprend peuvent être transférés du tradi au digi et vice-versa : j'ai appris la théorie des techniques speedpainting en cours, je les ai appliqués d'abord au digi, puis je les ai appliqués à la gouache pour un devoir. J'ai étudié une peinture digitale de Kekai Kotaki pour ensuite le reproduire à l'acrylique :

(Eir Stegalkin et Garm par Kekai Kotaki)

(Ma copie à l'acrylique)

En plus tout ce qui est théorie des couleurs, règles de compo, lumière, etc... Est commun à l'image en général, la photo aussi. Observer s'apprend en vrai, et s'applique partout aussi.

Pour conclure, je dirais que le digital est comme n'importe quel outil de dessin : il a ses avantages, ses inconvénients. Le seul problème c'est qu'il est nouveau. La peinture acrylique a eu des reproches similaires quand il a monté en popularité. L'acrylique est le plus jeune des peintures, inventée dans les années 30. Quand on a commencé à l'utiliser, on critiquait le fait que c'était difficile à faire soi-même (jusque-là on faisait souvent ses propres teintures en mélangeant les pigments avec le liant de son choix) et aussi à cause du rendu un peu plastique qu'il pouvait avoir, qui faisait industriel et manufacturé. Ça ne vous rappelle rien ?

Bref, passez-vous le mot. Le digital est fait à la main. Le digital est du dessin. C'est du travail, de l'apprentissage, des difficultés comme n'importe quel outil. Le prochain qui dit que ça vaut rien parce que c'est commercial, ou facile, qu'on le/la redirige vers l'histoire de l'acrylique.

À bientôt, j'espère que ça vous a plu / éduqué.

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