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Chapitre 6 - Réconciliation avec la douleur

La voiture s'arrêta devant une grande maison. Sa maison.

Rien n'avait changé depuis qu'ils étaient partis, mise à part une fine couche de poussière qui avait élu domicile dans les moindres recoins. Sur la table de la salle à manger gisait tristement une pomme pourrie depuis bien longtemps, qu'un escadron de fourmis avaient prise d'assaut.

Céleste monta quatre à quatre les marches de l'unique escalier et pénétra dans sa chambre. Les rayons du soleil auquel les nuages avaient fait place baignaient la pièce d'une douce lumière mordorée, transperçant les fins rideaux que les vents contraires entraînaient dans une valse à mille temps. La peinture bleue des murs s'écaillait, le lit était défait et les draps rongés éraillés. La fenêtre était restée ouverte et la moquette était aussi imbibée d'eau qu'une éponge.

Éric mit à son tour le pied sur le territoire de sa fille.

— Il va peut-être falloir faire quelques travaux, constata-t-il.

Céleste haussa les épaules, incapable de réprimer le sourire qui éclosait à la commissure de ses lèvres. Un rire enfla dans sa gorge et jaillit aussitôt de ses poumons. S'il fût d'abord rauque et hésitant tant cela faisait longtemps qu'elle ne lui avait pas laissé de place, elle laissa bientôt éclater vivement sa joie et son incompréhension. Cela faisait pourtant d'ors et déjà plusieurs mois qu'ils préparaient de retourner vivre au cœur de leur paisible village aveyronnais, mais la jeune fille ne parvenait toujours pas à y croire. Comment, en si peu de temps, sa vie avait-elle pu basculer du tout au tout ? Bien sûr, elle avait contourné déjà tant d'obstacles dans sa courte vie qu'elle ne pouvait s'abandonner à la naïveté et à la duperie. Elle savait que cela ne signifiait en rien la fin de tous ses problèmes. Ici comme à Paris, les élèves demeuraient les mêmes, et ses étranges capacités ioniques inchangées. Mais la présence de son père changerait bien des choses, et ces changements ne pourraient être que positifs.

Du moins, c'était ce qu'elle pensait...

    ***

Lorsque la jeune fille pénétra dans la salle de classe, ses deux amies poussèrent un petit cri et se jetèrent sur Céleste. Cette dernière enfouit son visage humide de larmes dans les cheveux roux d'Agathe, et ceux blonds de Justine. Ce ne fut qu'en cet instant qu'elle mesura réellement à quel point les deux jeunes filles lui avaient manquées.

Le professeur sourit face à cette soudaine familiarité, assez inconvenante et déplacée fût-elle en un tel lieu, mais ne dit rien. La jeune fille jeta une œillade au fond de la classe, esquissant un sourire au garçon qui y était assis. Thomas leva les yeux au ciel et soupira d'exaspération, et Céleste eut du mal à réprimer un petit rire. Le collège des environs était si peu primé qu'il ne possédait guère qu'une classe de chaque niveau, aussi ne fut-elle pas surprise d'y retrouver tant de vieilles connaissances.

***


Céleste Wonderline était aux anges. Les jours, les semaines, les mois passèrent avec une lenteur doucereuse, et bien qu'il lui était toujours difficile de trouver sa place dans ce charivari qu'est la vie, la présence de ses deux amies de toujours à ses côtés la réconfortait plus que tout. Elles parvenaient à l'éloigner des regards brûlants qui la suivaient sans cesse, à l'écarter des messes-basses qui couvraient chacun de ses gestes. L'année avait tellement mal commencé ! Jamais elle n'aurait pu songer que son quotidien prendrait un tournant si serré ! Et il fallait avouer que la toute nouvelle et si déroutante présence de son père arrangeait grandement les choses. Elle avait presque l'impression de retrouver sa vie d'antan, bien qu'un poids innommable comprimait toujours sa poitrine, et bien que la plaie béante qu'elle abritait ne semblait guère désireuse de se refermer.

Ce fût seulement ce jour-là, en début de printemps, qu'elle fit son apparition. Comme ils en avaient l'habitude, Céleste et son père partirent pour le samedi dans les Pyrénées. Ils étaient accompagnés d'Agathe, de Justine, ainsi que de leurs parents.

Alors qu'elle croquait dans un sandwich aux cornichons, le regard de Céleste fut attiré par un mouvement dans les bois. Elle se leva, les sourcils froncés.

— Céleste ? Tout va bien ?

— Oui je... Je reviens tout de suite.

Et elle s'engagea dans la pinède.

Que poursuivait-elle exactement ? Elle n'en savait rien. Mais elle avait perçu, dans les sous-bois, un éclair blanc qui avait aimanté son regard. La plume pâle qu'elle conservait toujours dans sa poche semblait lui brûler la cuisse.

Céleste ressentait le besoin indescriptible de s'éloigner, de se retrouver seule. Elle avait encore du mal à faire le point sur l'existence qu'elle menait, et, actuellement, elle se sentait perdue. Cette vision fugitive à travers les arbres avait ouvert à son trouble la porte qu'elle s'était efforcée de refermer. Elle marchait sur les aiguilles de pin, qui formaient un tapis mou sous ses pieds, sans savoir où ses pas la mèneraient. Mais elle pouvait sentir une fatigue cuisante s'abattre sur ses épaules. Cela faisait des mois que la jeune fille tentait de mettre de côté sa douleur, d'écarter l'image de sa mère et de tous les évènements étranges et inexplicables qui lui avaient succédée. De mettre un terme à ses interrogations et à son désespoir. Mais tous ses efforts venaient de partir en miettes et, aussi rapidement qu'avait disparu l'éclair blanc entraperçu, toutes les questions qu'elle se posait revinrent à la charge. Elle avait la très nette impression de vivre un rêve depuis son accident, d'être passée de l'autre côté d'une frontière invisible, dans une toute autre facette de son existence.

Soudain, alors qu'elle s'engageait sur un étroit sentier, une force mystérieuse sembla prendre possession du corps de la jeune fille, coupant court ses pensées tumultueuses, et l'entraînant hors de la forêt. Ses membres, son corps ne lui appartenaient plus. Seul son esprit demeurait sien.

Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qu'il m'arrive ? À l'aide à l'aide à l'aide !

Toujours sous l'emprise de cette puissance magique, ses pas la menèrent au bord d'une falaise. Une falaise que Céleste connaissait bien. Trop bien. Elle enjamba la barrière et se retrouva dangereusement près du gouffre. Son cœur menaçait de lâcher, et la terreur et l'incompréhension qui la tiraillaient semblaient engourdir ses pensées. Elle voulut hurler, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Au loin résonnaient les cris des parents qui la cherchaient.

« Eh bien vas-y, saute ! » Une voix féminine, froide, s'emparait de son esprit.

« Pourquoi ne sautes-tu pas ? Envoles-toi, petit oiseau, il est temps de déployer tes ailes ! »

— Je ne peux pas ! hurla rageusement Céleste, ayant retrouvé l'usage de la parole.

« Bien sûr que si, tu peux ! susurra la voix. Tu en as toujours été capable ! »

— Tu m'as dit cela il y a des années, et ça a été la plus grosse erreur de ma vie que de te croire !

« Pourquoi ? Ton pouvoir ne te plaît pas ? »

Céleste sentit un sanglot grandir au sein de sa gorge.

— Ma vie a été gâchée, par ta faute ! Tout s'arrangeait à nouveau, pourquoi ne veux-tu pas me laisser en paix ? J'ai assez souffert comme ça ! Chaque jour, je dois contrôler mon pouvoir, ne pas regarder les gens en face ! L'on profère contre moi des menaces pour que je ne répète pas des secrets que pour rien au monde je n'aurai voulu découvrir ! J'en ai assez, tu m'entends ? Assez ! Je veux redevenir une simple humaine, qui mène une simple vie !

« SAUTE ! MAINTENANT ! »

La jeune fille perdit à nouveau l'usage de ses membres. La mystérieuse force tenta de la pousser dans le vide. Mais elle résista, tint bon.

« Rhaaaaaaaaa ! »

Céleste perdait des forces. Il ne lui restait que l'énergie du désespoir. Un hurlement de terreur s'échappa de sa gorge. Au prix d'un ultime effort, elle repoussa cette étrange magie et tomba dans l'herbe, inerte.

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