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Chapitre 13 - Pupilles

— Céleste !

La jeune fille émergea lentement des eaux troubles du sommeil, la tête et les paupières affreusement lourdes. Hébétée, elle se redressa en position assise sur son lit sans parvenir à définir le lieu où elle se trouvait. Avec lenteur, la mémoire lui revint, et toutes les révélations de la veille lui assénèrent une gifle magistrale. Elle s'était endormie sur ses édredons, épuisée, et entièrement habillée.

Levant les yeux sur Lisæ, Céleste s'écarta en repoussant avec dégoût la main conciliante qu'elle lui tendait. Replongeant tête la première dans son oreiller, elle se saisit du polochon bleu nuit qui parcourait sa tête de lit pour s'en couvrir le visage. Mordant à s'en briser la mâchoire dans la taie d'oreiller, elle retint de justesse un hurlement de douleur et de frustration. L'adolescente avait secrètement espéré qu'elle se réveillerait chez elle, dans sa petite maisonnette bien paisible aux abords de la forêt, riant de la singularité toujours présente de ses songes. Et pourtant, elle se retrouvait désormais acculée dans ce cauchemar sans fin, forcée d'admettre que tout ce qui l'entourait était bien réel.

— Laisse-moi tranquille ! gémit-elle plus qu'elle n'implora. Je veux rentrer chez moi ! Je veux juste rentrer chez moi !

Un long soupir lui répondit, déformé par les couches de tissus qui recouvraient ses tympans. Un soupir teinté d'amertume et d'une pointe de désespoir.

— Écoute... Je suis désolée... Je suis sincèrement désolée, Céleste. Je... Je n'aurais pas dû ainsi te brusquer, c'est entièrement ma faute, je n'ai pas suffisamment pris en compte le fait que tu ne te soies pas encore familiarisée avec la Nuit. Pardonne-moi... Je n'en reparlerais plus, si c'est ce que tu souhaites. Je te le promets.

Dans sa voix perçait un tel tremblement implorant, à la limite du gémissement éperdu d'espoir, que la jeune fille n'eut pas la force de lutter. Et puis, après tout, elle-même n'aspirait qu'à se réconcilier avec celle qui lui avait tant manquée durant ces quatre interminables années.

D'un geste hésitant, elle repoussa oreillers et édredons, et permit enfin à un faible sourire d'être entraperçu aux commissures de ses lèvres, illuminant prestement d'une lueur d'espoir éphémère, son visage perdu dans les ténèbres.

Lise lui répondit par un sourire éclatant, ses muscles tendus trahissant son envie contenue de prendre sa fille dans ses bras.

Afin d'éviter que ne se prolonge son malaise, Céleste sauta du lit avec entrain et, frappant dans ses mains, dit avec un enjouement légèrement exagéré :

— Bon, c'est pas tout ça, mais j'ai une longue cession d'apprentissage qui s'apprête à commencer, il me semble !

Elle planta là une Lisæ Wonderline qui semblait passablement rassurée, et, alors qu'elle passait son corps mince par l'embrasure de la porte de bois, se dirigeant en direction de la salle de bain, elle eut juste le temps d'apercevoir un éclat fugace d'appréhension traverser les prunelles de sa génitrice.

***

Fermant les yeux, Céleste inspira profondément, puis, expirant lentement, elle pénétra dans le hall bondé des Archives du Monde, où un capharnaüm extravagant régnait en maître parmi cet océan d'uniformes blancs et gris. L'estomac noué, elle se tenait sur le seuil, son regard passant d'un élève à un autre, appréhendant, comme toujours, d'être forcée de se tenir au cœur d'un ensemble bien assorti d'enfants nés en ce pays, tandis qu'elle-même demeurait ignorante, perdue dans les limbes floues de son devenir incertain.

— Allons, Céleste, la poussa légèrement Lise, ne reste pas plantée là ! Tu bloques tout le monde !

Et en effet, elle provoquait d'ors et déjà un bouchon d'élèves bruyants protestant et l'aspirant à l'intérieur du bâtiment. Elle s'écarta précipitamment et, trop tendue pour penser à adresser un au revoir silencieux à sa mère, se mit en retrait. L'adolescente se laissa glisser le long d'un pilier de marbre, refoulant ses larmes, furieuse de sentir ainsi un abattement cuisant la gagner.

— Euh... Salut ? Tu es nouvelle ?

La jeune fille releva la tête, dents serrés, muscles tendus, une réplique bien sentie au coin des lèvres, s'apprêtant à endosser n'importe quelle remarque désobligeante. Mais elle fut frappée d'une surprise inattendue et se sentit déséquilibrée lorsque son regard rencontra celui de son interlocutrice. La jeune fille qui lui faisait face la fixait de ses yeux mordorés, dans lesquels luisait la même apparence éperdue et méconnue, quoique son sourire joyeux soutenant un nez aquilin recouvert de taches de rousseurs confirmait la certitude qu'elle était relativement sûre d'elle, et qu'aucun malaise malvenu n'entachait ses traits fins et ciselés. Pour clôturer ce tableau surprenant, son visage était encadré de boucles blondes, l'entichant d'une ressemblance frappante avec Candy, et, malgré sa physionomie condescendante, elle paraissait relativement bienveillante.

Et, plus que tout, Céleste avait besoin de bienveillance.

Sursautant à nouveau, cette dernière sortit de son état de transe, alors que Miss Boucles d'Or se trouvait visiblement en l'attente d'une réponse.

— Je... Eh bien..., balbutia-t-elle, prise de court. En fait, je... Hum... Oui...

Le sourire de son interlocutrice s'accentua d'avantage alors qu'elle lui tendait une main chaleureuse.

— Tant mieux, moi aussi ! claironna-t-elle. Lætitia Frewen, enchantée ! J'espère que l'on pourra faire de plus amples connaissances, je ne connais personne ici et j'espérais grandement pouvoir me faire quelques amis.

Céleste se releva maladroitement et serra timidement la main qu'on lui tendait, alors que cette dénommée Lætitia reprenait son souffle après sa tirade qu'elle avait débitée à toute vitesse et d'une seule traite.

— Céleste Wonderline... J'en serais également ravie !

Elle hésita quelque seconde.

— Mais... Hum... As-tu une idée de ce que nous attendons ? À vrai dire, je suis totalement perdue..., avoua la jeune fille, penaude.

— Alors... Je ne suis pas beaucoup plus au courant que toi, mais il me semble que nous allons être répartis parmi différents niveaux en fonction de la puissance de nos capacités. Ainsi, une fois la premier cession d'apprentissage achevée, nous pourrons être répartis à nos tâches futures en fonction de nos compétences.

— Je... Comment peuvent-ils connaître notre... Euh... "puissance" ? s'affola Céleste en balayant d'un regard inquisiteur les élèves qui l'entouraient, guettant le moindre geste qui trahirait leur panique ou leur inquiétude.

Elle désirait à tout prix ne pas être la seule éperdue de désarroi !

— Eh ! Du calme ! s'amusa la blonde. Ne t'inquiète pas : normalement, ils appelleront les nouveaux venus n'ayant pas encore registré le numéro de leurs Pupilles...

L'adolescente ferma les yeux quelques secondes.

— Désolée, mais je n'ai quasiment rien compris à ce que tu viens de dire... "Numéro" ? "Pupilles" ?

Lætitia secoua la tête, un soupir chargé d'un rire à l'accent peu moqueur agitant sa poitrine.

— Tu n'es pas d'ici, toi ! constata-t-elle.

— Tu n'as pas idée..., grommela la brune à mi-voix.

— Bon, tu sais au moins pourquoi tu es ici ?

— Plus ou moins...

— Bah c'est déjà ça ! Pour faire simple, chacune des personnes se trouvant en cette salle aujourd'hui est un Archiviste, ou futur Archiviste. Nous possédons tous donc des Pupilles – avec un grand P, s'il-te-plaît – pour le moins... particulières. Mais tous les Archivistes ne possèdent pas une puissance égale. Certains détiennent des Pupilles au pouvoir assez faible, et donc aux capacités inférieures. Cette compétence s'évalue sur une échelle entre un et cent. Des Pupilles de niveau 1 sont tellement faibles que leur pouvoir est quasiment inexistant, tandis que des Pupilles de niveau 100 sont extrêmement puissantes... Mais c'est incroyablement rare... La seule personne ayant été le détenteur d'un tel pouvoir se nommait Aræbelis Coper... Je le sais car elle est morte l'année dernière. Ça a remué tout le pays ! Enfin bref... Tout ça pour dire que tu n'as absolument aucune inquiétude à te faire, tout te sera expliqué en temps et en heure. Et tu sauras sûrement bientôt le niveau de tes Pupilles... Les miennes sont à soixante-seize, ajouta-t-elle avec une pointe de fierté. À mon avis, tu vas passer une sorte de... test, afin de les définir.

Loin d'être rassurée, l'adolescente s'efforçait de calmer son cœur qui avait entamé une valse effrénée dans sa poitrine, réfrénant tant bien que mal la panique qui l'étreignait.

— Un test ? Quel genre de test ? demanda-t-elle d'un ton qu'elle espérait posé.

Lætitia Frewen haussa les épaules, alors qu'un appel dans les haut-parleurs prenait Céleste de court.

L'ensemble des adolescents présents dans la vaste salle se dirigea vers l'origine de cette interpellation en une seule et même vague mouvante, pour se rassembler au pied d'une estrade éphémère installée là pour l'occasion. Céleste y reconnut Ovicham, les mains croisées dans son dos, arborant son habituel regard hargneux et hautain. Sans même prendre la peine de saluer son auditoire, il déploya devant lui une longue et interminable liste dont il énuméra les noms un par un. Les apprentis interpellés disparaissaient aussitôt par une porte dérobée à l'arrière de la scène.

— Cælestis Wonderline !

La jeune fille sursauta et jeta un regard alentour, paniquée. Lætitia leva son pouce en lui souriant avec encouragement, et la brune s'avança de ses jambes tremblantes jusqu'à l'estrade. Elle la contourna, son cœur battant à tout rompre sous le regard poignant de l'Intendant, et poussa d'un geste faible et incertain le panneau de bois.

La pièce dans laquelle elle déboucha était aussi exiguë qu'un placard, et une pénombre pesante y régnait, uniquement troublée par une faible lueur bleutée qui semblait émaner d'un petit secrétaire de bois.   

— Enfin la dernière !

Céleste fit un bond en arrière et se heurta violemment à la paroi. Tætus, le jeune homme responsable de son "enlèvement", se tenait adossé au mur, les traits du visage brouillés par l'obscurité.

Il se redressa et lui fit signe d'avancer, et la jeune fille obéit docilement. Elle remarqua alors une fine plaque de verre déposée sur le bureau.

— Place ta main sur le compteur, ordonna l'homme en désignant du menton le singulier objet.

Céleste effectua sa demande sans mot dire. Une voix robotique s'éleva alors dans l'air saturé d'électricité statique.

Bonjour, Pupille n°9876549 !

— Tu peux retirer ta main ! lui dit prestement Tætus. Mais dépêche-toi, enfin !

Un clignotement rouge fit écho à ses paroles, avant de disparaître subitement. La plaque de verre fut soudainement parcourue de faibles ondulations, comme à la surface d'une eau claire et trouble. Une tige de métal parut alors s'extraire du compteur pour s'arrêter à la hauteur du visage de la jeune fille.

Une lumière accrue se déclencha à nouveau à l'extrémité de la tige, à la manière d'un flash d'appareil photo, éblouissant l'adolescente.

— Aïe ! gémit-elle.

— Ne bouge pas ! tonna son interlocuteur.

La tige de métal se replia sur elle-même et se perdit à nouveau dans la glace surnaturelle de l'objet.

Pupille à 94,999 ! énonça le compteur de sa voix désincarnée et artificielle.

Céleste ne put retenir un faible soupir de soulagement. Ce n'était pas si terrible, finalement !

— Bon sang ! souffla le jeune homme dans son dos, arrachant à l'adolescente une grimace mécontente.

Secouant la tête pour chasser les flashs lumineux qui luisaient toujours sous sa boîte crânienne, elle se retourna vers
son "ravisseur", une réplique bien sentie au bord des lèvres, prête à lui arracher coûte que coûte des explications quant à sa remarque ahurie, mais s'exempta de prononcer le moindre mot lorsque son regard rencontra le sien.

Tætus était figé dans une position inconfortable, appuyé sur son bras gauche plaqué à la paroi, le corps parcouru de soubresauts, les lèvres légèrement entrouvertes, et l'incompréhension, l'étonnement et l'ahurissement ayant atteint leur paroxysme au sein de ses iris fauves.

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