Mes yeux ne se rouvrirent que plus tard, en fin d'après-midi.

J'avais faim, n'ayant rien mangé aujourd'hui.

Aucun mot sur ma table de nuit.

I'm fine.

J'allumai la télé et regardai un drama d'action, mais je ne suivais pas. Mon regard se posait de temps en temps sur l'écran.

Mais je pensais à autre chose.

Si cet accident n'avait jamais eu lieu.

Le soir, un diner me fut apporté très rapidement, j'eus à peine le temps d'avoir mal à la tête.
Je mangeais en silence mon riz en m'aidant de mes baguettes.

Je repensais à mes parents et à mon frère.
Celui-ci devait être malade de me voir cloué à un lit. Il m'a toujours respecté et je n'en demande pas plus, mais il essaie toujours de me protéger comme si j'avais encore 12 ans et lui 18.

Sauf que j'en aurai bientôt 18 et lui 23. Il doit se trouver impuissant de ne pas pouvoir m'aider alors que j'en ai besoin.
Mais. Non.

Je refuse de voir quiconque.

Mon père lui, j'en suis sûr, s'en fout royalement et doit avoir honte de moi, comme toujours. Il nous méprise, moi et mon frère, c'est pour ça qu'on s'est toujours soutenu.

Quand à ma mère, c'est une femme coréenne très ordinaire, qui nous aime de tout son coeur, nous protège à chaque fois et fait toujours de son mieux. Et elle adore les kimchis !!

Et moi, j'suis le p'tit dernier qui passe ses journées à écrire des paroles de rap pour ensuite aller rapper dans les rues de Busan sous le nom de Suga, partir en moto ou alors prendre des photos.

Me voilà aujourd'hui dans l'hôpital de Busan suite à un accident débile.

Je regrette tellement...

J'allais passer ma vie dans cet hôpital à voir personne...

Je m'endormis rapidement, pressé de finir cette journée éprouvante. Je ne fis aucun rêve.

Quand je me réveillai, un mot était posé sur ma table de nuit, à côté de mon petit-déjeuner.
Je le lus à voix haute, surpris :

" Salut,
Je suis la personne qui était censé être dans la même chambre que toi, mais je me suis vite aperçu que ce serait impossible.
C'est pour ça que j'ai décidé qu'aujourd'hui, j'allais te rendre une petite visite. Je viendrai cet après-midi. Les infirmières ne sont pas au courant, alors s'il te plaît, ne dis rien... J'aimerais beaucoup te voir...
Je t'ai déjà vu rapper... Tu es génial !
A plus !"

J'allais encore m'évanouir, j'en étais sûr.
Encore une fan amoureuse qui ne me connait pas et craque pour moi. Mais c'est la première fois qu'une veut me rencontrer.

La matinée passa très vite, je n'eus le temps de ne rien faire, m'étant levé à 11h.

Mon déjeuner arriva et je ne mangeais quasiment rien. J'étais trop angoissé à l'idée de devoir supporter la présence de quelqu'un.

Je me levai de mon lit au milieu de l'après-midi et allai à la fenêtre. Busan est vraiment une ville magnifique !

Quelque chose m'effleura la jambe.
C'était un chat.
Un mot était noué autour de son cou, je le lus :

"Salut, encore moi ! Je t'ai envoyé ce chat car j'aime beaucoup les chats et pour te dire que je n'ai pas pu venir parce que je me suis fait pendre par l'infirmière.
J'espère que ce n'est pas toi qui leur a dit.
J'essaierai de repasser plus tard.
A plus !"

Cette fille commencait sérieusement à m'énerver.
Je lui répondit gentiment :

"Salut,
Je suis bien SUGA sous mon nom de scène, mais en vrai, je m'appelle Yoongi.
Arrète de m'écrire comme ça, ça me donne une migraine abominable dans l'attente de te voir.
Mes fans amoureuses m'énervent quand elles insistent pour me voir alors qu'elles ne me connaissent pas.
Je n'en demande pas plus.
Adieu
PS : J'aime énormément mes fans mais pas de cette façon et je les remercie et les respecte beaucoup"

J'esperai ainsi qu'elle ne m'en renverrai plus.
J'avais envoyé le chat quelques minutes plus tôt qu'il revenait déjà.
Avec un mot.
Je n'avais pas envie de le regarder mais je ne pus m'en empêcher.

"Pardonne moi"

Elle avait pourtant l'air gentille, la pauvre.
Je m'assis sur mon lit, pris le chat sur mes genoux et le caressai. Il se mit à ronronner. Je n'ai jamais trop aimé les chats mais ils sont de nature solitaire et j'aime ça.

Sauf que moi, j'ai besoin de mes fans pour vivre.

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En fin de soirée, la porte s'ouvrit sur plusieurs personnes.
Je pris peur.
J'étais à la fenêtre et balbutiai :

" Ne m'approchez pas... vous pourriez devenir comme moi...je suis maudit...bon à rien...vous allez mourir si vous me touchez..."

Et le noir

Je m'éveillai dans ma chambre le lendemain après-midi.
J'avais beaucoup dormi.
Plus que d'habitude.

J'avais besoin de me défouler, de rapper, de danser.
Ça me fit rire, je ne savais même pas pourquoi.
Pourtant, j'allais juste à la fenêtre, voir Busan.
J'avais une superbe vue en hauteur de cette magnifique ville.

Ça me donnait une autre envie aussi.
J'étais au 30ème étage de l'hôpital et cette fenêtre n'avait pas de barreaux.
J'essayai de l'ouvrir mais elle se bloqua à 10cm d'ouverture.
Je pris la petite cuillère sur mon plateau et cassai ce qui bloquait la fenêtre.

Je l'ai ouverte.

Me suis penché.

Vers le vide.

Vers Busan.

Vers les feux de circulations.

Vers les voitures.

Vers le vide.