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Le Silence

— Miaou… Miaouu… miaouuu… miaouuuu… miaouuuuu…
— Ohhh ! Que tu es beau ! D'où viens-tu ? N'aies pas peur ! Viens là ! Viens à côté de moi petit chat. Il y a de la place pour deux sur ma balancelle.

— Cathy !
— Tu es déjà là ! Je ne t'ai pas entendu rentrer.
— Tu ne m'entendais pas t'appeler ?
— Je ne sais pas trop… il y a tellement de brouhaha ici…
— Comment ça ? Il n'y a que toi et moi.
— Le chat ronronne. Il est si beau…
— Quel chat, Cathy ?
Tout en continuant à caresser le chat, Cathy lève la tête en direction de son époux.
— Tu es si flou !
— Cathy !
— Et ta voix… pourquoi me parles-tu à travers l'eau ?
Cathy se bouche les oreilles.
— Cathy ! Regarde-moi ! Donne-moi la main !
— Ma main est si vieille… si ridée… je la regarde mais elle disparaît. Comment te donner ce que je n'arrive pas à appréhender ?
— Cathy ! S'il te plaît, ne me quitte pas !

— Bin ich schuldig ? (*)
— Hein ! Coupable de quoi ? Pourquoi de l'allemand ? Pourquoi maintenant ? Ma tête va exploser. Pourquoi ces mots ?
— À vous de me le dire : que sont ces mots que vous répétez constamment ?
— « Bin ich schuldig, wenn ich denke, dass du töricht bist, mich zu lieben ? » (*)
— Oui.
— Il s'agit de mots d'une lettre que j'ai reçue le matin de la Saint-Valentin 1992. Ils tournent en boucle dans ce qui me reste de tête. Oh si ! Il était coupable, et l'amour n'a pas grand-chose à y voir.
— Dites-m'en plus. Que s'est-il passé ce jour de la Saint Valentin ?
— Je portais ma plus belle robe. La baignoire était pleine. L'eau était tiède. Une première jambe, puis l'autre. L'eau débordait à peine. J'ai plongé mon abdomen, ma poitrine, mes épaules et ma tête. Je me suis immergée. Mon hôtesse m'a accueillie, sereine. Mes larmes s'y sont confondues. Je me suis laissée aller. Enfin. Plus aucune douleur. J'étais à nouveau moi. La vie s'en allait... tout doucement…

— Comment en êtes-vous arrivée là Catherine ?
— Cathy, s'il vous plaît.
— Cathy, dites m'en plus s'il vous plaît.
— J'étais doctorante en biologie cellulaire. Je faisais des coupes histologiques pour étudier l'encéphalopathie spongiforme. Mon directeur de thèse, Monsieur Bador, espérait beaucoup de mon travail mais n'avait de cesse de critiquer mon caractère renfrogné.
— Et comment lui répondiez-vous ?
— Je ne répondais pas.
— Pas !?
— Je me cachais pour pleurer.

— Essayez maintenant de remonter à l'origine.
— À l'université Claude Bernard, la direction cherchait un doctorant avec un bon niveau d'allemand pour une collaboration inter-universitaire : une étude d'envergure sur les désordres du vivant à l'échelle cellulaire était menée en collaboration avec la " Mathematisch-Naturwissenschaftliche Fakultät " de Bonn. Monsieur Bador m'avait inscrite aux sélections sans me consulter. Il pensait que j'étais la mieux placée. Cela devait, selon lui, ne comporter que des avantages : la chance de ma vie. J'en doutais fort. Je ne voulais pas partir. Je ne voulais pas le contrarier non plus. J'étais donc allée à l'entrevue, mais sans aucune préparation. 

— Que s'est-il passé ensuite ?
— En route pour passer l'entretien, j'ai croisé un groupe d'Allemands qui cherchaient leur chemin dans les couloirs universitaires. Je n'avais pu m'empêcher d'intervenir pour les aider. Je les ai conduits à leur salle, avant d'y entrer moi-même.
Deux heures plus tard, je suis sortie de la salle de conférence avec l'impression du "pouvais mieux faire" que je recherchais.
— Pourquoi ce "pouvais mieux faire" ?
— Je voulais rater l'entretien, mais sans en avoir l'air.
— Avez-vous réussi ?
— Je le pensais. J'ai ensuite cherché à fêter le plantage devant une bonne assiette de quenelles. Pour cela je suis allée chez Paule, et toute à l'idée du bon repas qui m'attendait, je n'ai pas remarqué la grande tablée qui me faisait face. Du bout de la table, le professeur Bador m'a fait signe de me joindre au groupe. Je me suis alors retrouvée assise entre un certain Jorge, doctorant comme moi, et Monsieur Schmutz, qu'on m'a présenté comme un éminent professeur en biologie cellulaire et recteur de la fac allemande. Me retrouver en si grande proximité avec ceux-là mêmes que je ne voulais plus croiser ne m'a pas plu. J'ai alors essayé de taire mon allemand, que j'ai mêlé à de l'anglais et même au français. Le repas s'est achevé sur un "Tschüss" de circonstance. Ça aurait pu en rester là. Ça aurait dû en rester là…

— Que s'est-il passé après cela ?
— Quelques jours plus tard, alors que j'étais rentrée pour les fêtes de fin d'année, ma poitrine m'oppressait. Je me souviens encore de cette sensation de détresse : mes pulsations ne descendaient pas sous les cent, et mes larmes étaient au bord des paupières. C'était le 24 décembre 1990, la neige recouvrait toutes les routes de la vallée de l'Arve. Impossible de sortir tellement la tempête faisait rage. Impossible de circuler. Pourtant, à quinze heures, quelqu'un est venu frapper à la porte de la maison parentale, à Scionzier. « Cathy ! » cria mon frère de dix ans mon cadet. « C'est pour toi. »
Un coursier attendait à la porte avec un pli épais à mon intention. J'ai signé, circonspecte. Le pli venait d'Allemagne.
À la maison, tout le monde voulait savoir ce qu'il contenait, sauf moi. J'avais peur. Je pressentais la fin de mon monde.
« Allez Cathy ! Te fais pas prier ! »
« Se faire prier » était l'expression favorite de maman à chaque fois que je voulais prendre le temps de la réflexion. 

— Pourquoi ?
— Contrairement à mon frère, Max, j'avais toujours été lente. Lente à grandir, lente à m'asseoir, lente à marcher et lente à manger. Mes parents désespéraient tellement de cette lenteur qu'ils s'étaient longtemps demandé si je n'avais pas un retard intellectuel. Mes débuts scolaires, aussi, s'étaient mal passés : j'avais redoublé la classe de CP. Mes parents m'avaient alors placée en pension. Soi-disant pour mon bien. C'est dur à croire, mais je n'étais pas assez bien pour eux. Je m'étais ensuite construite avec cette idée du « pas assez. » Il me manquait toujours quelque chose pour les satisfaire.

— Et comment se sont passées vos années de pension ?
— Au début, j'étais tétanisée. Je pleurais tout le temps. Puis sœur Hélène est arrivée. Elle était malgache. Elle prenait le temps pour tout. Les silences, pour elle, étaient des temps de prière. Mais elle savait déceler la détresse dans les miens. Elle me comprenait. Elle m'accompagnait dans les apprentissages. Elle m'a ainsi appris à lire et à écrire. Elle m'a aussi montré comment compter et réfléchir. Elle m'a aidée à acquérir un esprit critique, et par-dessus tout, elle m'a donné goût à la lecture. J'ai ainsi passé ma primaire puis mon collège chez les sœurs, ne rentrant chez moi que pour les vacances. Pour le brevet, j'ai eu 40/40 en maths. Mes parents ont ce jour-là découvert que je n'étais pas le cancre qu'ils s'imaginaient.

— Que s'est-il passé après le collège ?
— Pour le lycée, j'étais allée à l'Horloge, à Cluses. J'étais décalée en tout. De ma façon de parler à ma façon de me vêtir, rien ne convenait. J'entends encore les railleries de mes camarades. Je me suis alors complètement renfermée sur moi-même, surtout que je n'avais plus ma seule amie pour confidente. 
— Parlez-vous encore de sœur Hélène ?
— Oui. Avec elle, je me sentais moi. Je n'avais pas besoin de me cacher.
— J'imagine que vous vous êtes perdues de vue à la fin du collège.
— Non, pas exactement. Elle était repartie en mission. Malheureusement son couvent a été attaqué par des terroristes.
— Comment avez-vous réagi en l'apprenant ?
— Je suis devenue une vraie machine. J'apprenais pour oublier. J'apprenais pour m'émanciper. J'apprenais pour apprendre. J'apprenais pour prouver que je n'étais pas idiote et surtout pour lui dire que son temps a été le ferment qui manquait à mon épanouissement. Finalement, j'ai obtenu mon bac avec une mention très bien. 

— Comment avez-vous supporté les années suivantes ?
— À la fac, la différence devenait la norme. Mon allure ne choquait plus. J'étais une invisible parmi tant d'autres jusqu'au jour où je me suis retrouvée dans le bureau du doyen. Il avait mon ébauche d'article sur la maladie de Creutzfeldt-Jakob entre les mains : « Et si ce n'est pas viral ? » Mes conclusions sur l'éventualité de l'action d'une protéine autonome l'intriguaient. D'ailleurs, il n'était pas le seul puisque le professeur Bador avait alors sollicité la supervision de mes travaux de recherches.
— Qui est le professeur Bador pour vous ?
— Monsieur Bador était le plus jeune de tous nos professeurs. Il avait à peine quelques années de plus que moi, et être dans son équipe était un grand honneur pour moi. Cela me transportait de joie. Malheureusement, dans son équipe, je dénotais. J'étais beaucoup trop sérieuse pour l'esprit « corporate » qu'il prônait. Ce n'était pourtant pas faute d'essayer. Malgré tous mes efforts, je n'arrivais pas à travailler en groupe. Il en était consterné… et moi, j'en étais atterrée.

*****

Notes :

(*) Bin ich schuldig : suis-je coupable

(*) Bin ich schuldig, wenn ich denke, dass du töricht bist, mich zu lieben ? : Suis-je coupable de penser que tu es stupide de m'aimer ?

*****

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