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La Lettre

La lettre

*

"Bonn, le 14 février 1992

À l'attention de Monsieur Sébastien Bador,
UCBL, unité de biologie cellulaire

Monsieur Bador,

Je vous écris ces quelques mots sans savoir comment vous allez les recevoir. Je ne souhaite pas vous importuner, mais je n'ai plus le temps de l'hésitation...

Dans ce monde, deux personnes ont cru en moi : sœur Hélène et vous. Je sais qu'elle veille sur moi de là où elle est. J'espère qu'elle arrivera à Le convaincre que j'ai aussi ma place au Paradis malgré ce que je m'apprête à faire.

Pour ce qui est de vous, je n'ai jamais su ce que vous pensiez réellement de moi. Quand vous recevrez ce courrier, venez poser une rose blanche sur ma tombe, et je comprendrai. Soufflez dans le vent quelques mots, et je les entendrai. Car même si mon corps s'en va nourrir les bêtes, mon cœur sera toujours là où il a toujours été : auprès de vous.

Au premier regard, dès le premier jour de la première année, quand vous n'étiez encore que le président du bureau des étudiants, je vous ai admiré. Je me cachais pour vous regarder. J'ai rejoint le bureau dès ma deuxième année à la fac pour que vous me remarquiez, mais vous n'y étiez plus. Vous êtes parti faire votre service militaire, et vous avez, au retour, soutenu votre thèse. J'étais présente. J'ai bu chacune de vos paroles, et j'ai alors décidé de me spécialiser en biologie cellulaire, comme vous. J'aurais tant aimé vous dire mon inclination à ce moment-là... mais votre annonce à la fin de votre pot de thèse m'a stoppée net. Vous êtes devenu Monsieur Bador, le plus jeune professeur-chercheur titularisé à l'UCBL. Je vous ai admiré au point que je n'en dormais plus.

J'ai assisté à toutes vos conférences sans exception jusqu'au jour où vous m'avez surprise à vous observer. J'ai eu très peur, ce jour-là, que vous pensiez que je vous harcelais. Ma réserve ne me permettait pas d'affronter votre regard. Alors j'ai arrêté de suivre vos cours. Je me suis enfermée dans ma chambre pour réfléchir, et j'ai eu l'idée de travailler sur la maladie de Creutzfeldt-Jakob.

Ça m'a réussi, puisque, peu de temps après, le doyen m'a annoncé mon recrutement par votre petite équipe. Ma joie, ce jour, n'eût d'égale que ma déception à l'instant où j'ai compris que vous vouliez m'envoyer en Allemagne. Ma présence ne vous était pas aussi indispensable que je l'espérais. J'ai obéi comme le parfait soldat que j'étais.

En Allemagne, j'ai passé une année. J'y ai appris à devenir un automate au service d'une équipe. Ils ne me connaissaient pas mais ont vite reconnu mes qualités intuitives et d'analyse.

En Allemagne, j'ai aussi été forcée de grandir. J'ai cru qu'en acceptant ses avances, je réussirais à vous oublier. Mais il n'en a rien été. Il m'a violée. Je ne l'ai pas compris de suite. La police n'a rien voulu faire quand j'ai voulu porter plainte. Je n'avais aucune preuve. Ça aurait été sa parole contre la mienne. Ils m'ont conseillé d'oublier. Mais comment oublier cette impression de vide, cette déchirure de l'âme ? Comment oublier qu'on n'est plus rien, qu'on est mort pour soi ? Moi, je n'y suis pas arrivée. J'ai ressassé. J'ai cherché à le lui faire payer. J'ai tagué sur le mur de la fac "Jorge is a rapist"(*). J'ai aussitôt été convoquée par Monsieur Schmutz : il m'a demandé de lui faire des excuses publiques. J'ai refusé. Je suis sortie du bureau en claquant la porte et en criant "yet he raped me", "Ich habe nichts erfunden". (*)

J'ai alors écrit à Jorge pour lui demander pourquoi. Pour seule réponse, il s'est moqué de moi. Il m'a traitée d'insensée d'avoir pu croire qu'il pouvait m'aimer.

Jorge m'a violée, professeur, et j'ai été insensée, non d'avoir pu croire en son amour pour moi, mais d'avoir cru pouvoir vous oublier dans ses bras. Mon amour pour vous est inaltérable. C'est plus fort que tout ce que je suis. Je le sais aujourd'hui.

Si j'ai été coupable d'une chose ici, c'est de vous avoir aimé toutes ces années sans oser vous l'avouer. Et si vous m'aimez ne serait-ce qu'un peu, ne m'en veuillez pas. De toute ma vie, je n'ai fait que vous aimer en silence, sans rien demander.

Ich bin nur schuldig, weil ich Sie liebe.(*)

Votre toujours dévouée Cathy"

*****

Notes :

(*) Jorge is a rapist : Jorge est un violeur.

(*) "yet he raped me" : pourtant il m'a violée.

(*) "Ich habe nichts erfunden" : je n'ai rien inventé.

(*) Ich bin nur schuldig, weil ich Sie liebe : Je ne suis coupable que de vous aimer.

*****

Merci pour votre lecture et surtout vos retours.

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