Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Éveil de la Rose

— Je ne comprends pas.
— Que ne comprenez-vous pas ?
— Comment pouvez-vous avoir la lettre ?
— Qu'avez-vous fait de la lettre après l'avoir écrite ?
— Je ne sais plus. Il me semble l'avoir mise sous pli et affranchie. Je ne me souviens plus du reste mais je sais que mes larmes mouillaient tout ce que je touchais.
Puis je me suis retrouvée toute habillée dans la baignoire, pleine d'eau. Je voulais m'y noyer. Je ne voulais pas faire couler mon sang. J'ai juste mis la tête sous l'eau, et je me suis tuée. J'ai arrêté de respirer, et j'ai attendu. Mon esprit est parti ailleurs. Une impression d'être là sans y être… j'ai vagabondé...

— Que s'est-il passé ensuite ?
— J'ai entendu des bruits, des mots, comme à travers l'eau. J'ai senti des bras forts me serrer, j'ai ressenti des larmes me pleurer… puis plus rien. Après ça, je me suis réveillée à l'hôpital et on m'appelait.
— Pourriez-vous me raconter l'échange en détail ? Essayez de vous remettre en situation.
— J'entendais la voix de mon être aimé. Il m'appelait : « Cathy ! »
Et moi je balbutiais : « Monsieur B… Ba… »
Il me suppliait d'ouvrir les yeux. Je les ai ouverts et j'ai regardé autour de moi… J'avais des tuyaux de partout.
Je l'entends encore prononcer mon prénom de sa voix si chaleureuse et profonde : « Cathy ! »
Je me sentais dans un rêve. Monsieur Bador était assis devant moi. Il me souriait tendrement. Il m'a ensuite demandé l'autorisation de m'embrasser.
À cette question, mes yeux se sont embués. Il s'est approché doucement et m'a embrassée sur le bout du nez. Il s'est reculé et m'a observée avant de revenir déposer un tendre baiser sur mes lèvres. Je n'y croyais tellement pas que je n'arrivais pas à fermer les yeux. L'instant d'avant, je n'étais plus rien mais, à ce moment précis, j'étais à nouveau moi... j'étais aimée. J'en avais l'absolue certitude.

— Comment vous sentez-vous maintenant ?
— Le plus dur aujourd'hui est d'intégrer que mon inconscient a tout inventé. Je comprends mieux pourquoi je voyais mieux la femme.
— Quelle femme ?
— Une femme en blanc s'était adressée à moi au moment où je commençais à ouvrir les yeux : « Wie fühlen Sie sich ? » (*) Je ne voulais pas la regarder, toute absorbée que j'étais par la vision du sourire de l'homme que j'aimais. Je lui ai simplement répondu que tout allait bien.

— Et ensuite ?
— Ensuite, je ne sais comment je suis sortie de l'hôpital. Ensuite ma vie s'est poursuivie par bribes : des bouts de vie. Des épisodes particuliers comme dans une série dont on ne voit que des passages. Seuls, l'homme que je me suis choisie et moi. Des moments de vie délicieux.
— Pas de disputes ? 
— Non, jamais.
— Et que faites-vous en ce moment ?
— C'est le 14 février, le temps est étonnamment clément pour la saison. Je suis dans le jardin, assise sur une balancelle, il me l'a offerte pour mes cinquante ans. Je l'adore. Un livre est posé sur mes genoux. Je l'observe. C'est "Le Meilleur des Mondes" de Aldous Huxley. Je l'ai déjà lu trois fois, mais tout semble maintenant si loin dans ma mémoire. Je l'ouvre mais n'arrive pas à déchiffrer les mots. Il est là. Lui aussi est entouré de ce brouillard qui me cache à la vie. Il porte un beau bouquet de roses blanches.

— À quoi pensez-vous ?

— À un AVC ! Il faudrait que je coure me regarder dans le miroir… mais je n'y arrive pas.

— Pourquoi parlez-vous d'un AVC ?

— Tout est si flou… 

— Le chat aussi ?

— Le chat tigré ! Il est assis à côté. Il ronronne. D'où vient-il ? Il est si beau. Lui, je le vois si nettement… Pourquoi cette vision sélective ?
— Parce que Paxie ne fait pas partie de la vie dont vous rêvez.
— Paxie, le si mignon et si gentil…

Ça me revient. Toutes ces années me reviennent. Il paraît qu'on voit sa vie défiler devant ses yeux quand la mort approche… Est-ce ce qui m'arrive ?

— Cathy ! Regarde-moi !
— Je te regarde mais ne te vois pas. Ton visage s'efface peu à peu devant moi. Je vagabonde seule avec cette image de toi qui ne vieillit pas. Mes rides, quant à moi, polluent les miroirs. 
Tu n'es pas là, car si tu y étais, je sentirais ton parfum m'imprégner. 
Tu n'es pas là, car si tu y étais, tes baisers laisseraient leur goût me déstabiliser.
Tu n'es pas là car tes caresses ne font pas vibrer ma chair.
Mais où es-tu ?
Tu es un spectre prisonnier d'un monde où je vagabonde pour te garder.
Ton visage n'est déjà plus avec moi.
Tu n'es plus là et je me meurs à moi…
Je suis sur ta balancelle, je suffoque de me savoir n'être que brouillard…
La dernière sensation dont je me souvienne est mon entrée en robe de gala dans une baignoire allemande.
Tu n'es pas là, et mes larmes déferlent. Elles coulent sur mon visage. Je sens qu'on me les essuie et je ne te vois plus.

Tout est si flou…

— Cathy ! Ouvrez les yeux maintenant. Tout va bien. Vous êtes en sécurité ici.
— Qui êtes-vous ?
— Le papa de Paxie.
— Paxie ?
— Le chat à côté de vous. Comment vous sentez-vous ?
— Vous n'êtes pas flou ! 
— Non, comme Paxie, et comme tout ce qui nous entoure ici. Vous avez parlé d'un AVC, pourquoi ?
— Je me sens si bizarre…
— Comment ?
— Confuse. Et qui êtes-vous en réalité ?
— Je suis le neuropsychiatre du service de rééducation de l'hôpital de Bonn.
— Rééducation ?
— Oui Cathy. Réveillée et absente à la fois. Vous êtes ma patiente. 
— Réveillée et absente ?
— Oui, comme si votre coma durait encore. Vos facultés physiques sont ancrées dans la réalité, mais votre pensée reste ailleurs.
— Coma ! Depuis trente ans !
— Trente ans ! Quelle année pensez-vous que nous sommes ?
— 2022… Où allez-vous ?
— Ne bougez pas, je reviens ! Ein Spiegel bitte. (*)
— Un miroir !?
— Regardez-vous ! 
— Mon visage !
— Quel âge pensez-vous avoir ?
— Je ne sais pas. Mon visage est si amaigri… 
— Nous sommes encore en 92. Le 5 mai plus exactement… Dites-moi que ce sont des larmes de joie.
— La lettre, il ne l'a jamais reçue ?
— Qu'en pensez-vous ? 
— Comment pouvez-vous l'avoir ?
— À ma demande, la police me l'a transmise : j'en avais besoin pour mieux vous connaître, et vous aider.
— Est-ce la première fois que nous avons ce type de discussion ?
— Non, en effet, mais c'est la première fois que j'arrive à vous garder aussi longtemps éveillée.
— Comment ?
— Demandez à Paxie !
— Et si je repartais ?
— Le souhaitez-vous vraiment ?

— Il m'a violée, vous savez.
— Je le sais. Je sais aussi que c'est difficile à vivre. Mais si vous vous arrêtez là, vous le laissez gagner…
— Mais personne ne me croit. Il est intouchable.
— Moi je vous crois.
— Et monsieur Bador, est-il au courant ?
— Je crois savoir qu'il vous a rendu visite à l'hôpital. Mais je n'en sais pas plus.
— Pensez-vous qu'il a lu la lettre ?
— Je ne sais pas.
— Que dois-je faire selon vous ?
— Que vous dicte votre cœur ?
— Et s'il ne m'aime pas ?
— Permettez-moi de vous retourner la question : et s'il vous aime ?

*****

Notes :

(*) Wie fühlen Sie sich : Comment vous sentez-vous ?

(*) Ein Spiegel bitte : Un miroir s'il vous plaît.

*****

Merci pour votre lecture et surtout vos retours.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro