Chapitre 53 🎭
Trois coups à la porte. C'est moi qui les ai entamés. Un oui sec et clair me parvient, alors j'ouvre.
Il est là, assis derrière son bureau. Son visage se creuse de deux rides sur le front lorsqu'il me sourit. Mais ce n'est pas un sourire sincère, seulement de connivence. Être ici me rappelle cette fois où j'ai été convoqué pour avoir brisé le téléphone de Junghwan.
"Qu'est-ce qui t'amène, Jungkook ?"
Je m'approche de son bureau, prudemment. L'étincelle qui m'a convaincue de venir ici est toujours brûlante dans ma poitrine. Mais elle vacille.
Lorsque je sens des pas derrière moi me suivre, pour entrer à leur tour, la flamme se stabilise. Le directeur affiche un air surpris.
"J'aimerais vous parler." je prononce, du mieux que je le peux.
"Je m'excuse, Jungkook, mais il est tard et l'établissement va fermer. Si ce que vous avez à me dire n'est pas urgent, revenez demain. Je serai là sur les temps de pause."
Ma gorge me fait mal. J'aurais pensé que m'apprêter à enfin dire ce que je renferme au fond de moi me bloquerait, et pourtant, j'ai davantage l'impression d'avoir une boule de feu dans le cou, impossible à stopper. Si je l'empêchais de passer la barrière de mes lèvres, je me consumerais.
Est-ce la présence de mes amis, derrière moi, qui me porte autant ?
Mes amis.
"Non, je veux parler maintenant. C'est important."
Les traits du directeur se figent.
Évidemment. Il n'a pas l'habitude de me voir si insistant.
Est-ce que mon silence l'a arrangé, toutes ces années ? Je me demande amèrement. Est-ce que ranger ce jeu sous le tapis l'a empêché de tâcher la réputation de son école ?
C'est évident, qu'il sait. Il a forcément eu vent de ce qu'il se passe, entre ces couloirs. De ce qui ce dit, ce qui se fait. De ceux qui s'élèvent, et ceux qui se brisent comme du verre sur le sol de son propre établissement.
"Et vous avez besoin d'être autant à rentrer dans mon bureau ?" s'exaspère-t-il.
Oh mon dieu.
Je n'ai, je crois, jamais ressenti de sentiment de colère aussi intense que celui qui s'infère dans mes veines actuellement. Mais ce n'est pas débordant, ni ingérable. C'est tout juste assez pour être intense mais contrôlable.
"Oui."
Ce n'est pas moi qui ai parlé. Taehyung l'a fait à ma place.
"D'accord, je vois... Je crois que je ne pourrais pas vous faire changer d'avis." soupire-t-il, se calant contre le dossier de son siège. "Qu'est-ce qu'il se passe ?"
Je prends une inspiration, mais celle-ci est à moitié entamée que les mots commencent déjà à couler.
"Je... J'aimerais vous informer de quelque chose qui tourne dans ce lycée depuis maintenant plusieurs années. Des intimidations qui prennent la forme d'un jeu. Le but est de me faire parler. Chaque mot que je dis est enregistré puis comptabilisé sur un compte sur les réseaux sociaux. M-mais je suis certain que vous en avez déjà eu vent. Je suis venu pour que vous y fassiez quelque chose. Un professeur a déjà été prévenu, beaucoup d'autres l'ont vu de leurs propres yeux, et je sais que la plupart des adultes sont au courant. Et pourtant, rien n'a été fait... J'estime être légitime de demander que ça change."
Le directeur ne répond pas tout de suite. Je suis incapable de déchiffrer son expression. Je me moque de ce qu'il va bien pouvoir dire pour atténuer la situation ou faire comme s'il ne savait pas. Tout ce qui m'importe, c'est de le convaincre.
Ce n'est pas si différent du théâtre.
"J'ai enduré pendant toutes ces années. J'ai... j'ai dû subir tout ça, alors que personne n'a levé le petit doigt. Si vous étiez si attentionné envers vos élèves, et si vous étiez autant à l'écoute que vous prétendez l'être, alors vous auriez déjà sanctionné les fautifs et fait en sorte que le jeu prenne fin. Alors pourquoi ? Pourquoi ne rien avoir fait... ? Pourquoi m'avoir laissé sombrer ? Parce que ce serait trop dur, de stopper quelque chose qui a pris autant d'ampleur ? Parce que ce n'est pas vos affaires ?"
Je tente de reprendre mon souffle, mais c'est de plus en plus dur.
"J-Je ne peux plus supporter un seul jour encore dans cet établissement si c'est pour que je sois traîné dans la boue. Est-ce que vous ressentez au moins une once de culpabilité en sachant que vous avez fermé les yeux sur un cas d'harcèlement aussi gros ? Est-ce que c'est dans cette ambition que vous avez voulu faire ce métier ?"
Je retiens les larmes de dévaler de nouveau mon visage. Parce que je veux qu'il comprenne.
Que je suis sérieux. Et que cette fois-ci, je suis prêt à tout.
Il ne répond toujours pas. Il y a seulement cette demi-surprise dans ses yeux qui me fout un coup de rage dans la poitrine.
Je m'avance d'un pas.
"Répondez-moi."
L'étincelle s'ancre assez, et soudain, j'ai l'impression qu'elle pourrait loger ici, au fond de mon cœur, pour toujours. Ce franc parler, cette attitude, cette confiance, elle réside ici depuis si longtemps.
Je ne savais juste pas comment l'allumer.
"Qu'est-ce qu'il vous faut de plus, pour enfin faire quelque chose, ouvrir les yeux et vous dire qu'il y a quelque chose qui cloche, et depuis bien longtemps, au sein même de votre école ? Qu'un de vos élèves soit finalement brisé et décide d'en finir ? Je ne suis sûrement pas le seul à vivre des intimidations ici."
Je vois Chaeyoung baisser la tête dans ma vision périphérique. Je sais qu'elle se fait souvent insulter dans son dos. Seulement parce qu'elle a osé être amie avec moi. C'est puérile. Et ça me fait enrager bien plus encore.
Un silence s'abat dans la pièce. Je pourrais presque entendre chaque respiration. Celles confiantes, derrière moi et à mes côtés, et celle qui vacille de plus en plus, du côté du directeur.
Je n'arrive pas à croire tout ce que je viens de déballer.
Le directeur relève la tête, prenant cet air de "je vais tout prendre en main", qu'il arbore toujours.
"J'entends vos plaintes, Jungkook. En revanche, je n'étais pas au courant qu'un tel jeu se propageait dans mon établissement."
Menteur, je veux hurler. Tout de lui m'indique le contraire.
"Je prendrai des mesures pour ça, vous pouvez en être sûr. Vous auriez dû venir m'en parler bien plus tôt."
Je m'apprête à rouvrir la bouche, indigné, mais c'est Taehyung qui fait un pas, se plaçant directement à ma hauteur.
"Nous ne voulons pas de simples paroles balancées dans le vide, monsieur. Nous voulons des actions. Si ça ne s'arrête pas, on ira directement porter plainte pour harcèlement et cyberharcèlement."
Le directeur semble déstabilisé. Je suis si fatigué que je pourrais m'effondrer.
"On veut que quelque chose soit fait contre tous ceux qui ont participé, et contre l'auteur du compte instagram." ajoute Soojin, qui s'avance un peu plus à son tour.
Je les laisse parler à ma place. Je crois avoir dit tout ce qui me tenait réellement à coeur, et malgré la fatigue qui me prend maintenant, je me sens léger.
Les mots ont un poids, je l'ai toujours dit. Garder autant au fond de soi, c'est s'accaparer d'une charge supplémentaire. Plus le temps avance, et plus j'ai l'impression de me délester de ce surplus qui me tirait vers le bas.
Après un moment de débat, le directeur finit par accéder à nos demandes.
En sortant de la salle, je n'arrive pas à savoir si j'ai envie d'éclater en sanglots d'épuisement ou de fierté.
Quand nous nous quittons aux abords du lycée, Chaeyoung m'entraîne dans une étreinte.
"J'espère vraiment que ça marchera. Tu ne méritais pas ça..." murmure-t-elle, et je ne peux rien faire d'autre que de lui rendre son étreinte.
Taehyung ne fait que me lancer des regards en biais depuis que nous avons quitté le bureau du directeur, je le sens bien. Et j'ai bien compris son message.
Il veut me voir.
Qu'on soit seuls.
C'est ce qui arrive lorsque tous les autres sont partis.
Dès qu'ils sont hors de notre vue, je suis surpris alors que Taehyung attrape ma main. Je le questionne du regard, mais je n'ai pas le temps de réfléchir plus qu'il m'entraîne avec lui et que mon dos se retrouve plaqué contre le portail d'entrée du lycée. Les barreaux fondent de chaque côté de ma colonne vertébrale. Une inspiration brusque me prend sous la surprise.
Je sens des lèvres frôler ma mâchoire, de manière si imperceptible que ça me fait trembler. Mes mains trouvent immédiatement le chemin pour agripper les pans de son manteau, dans la fraîcheur du soir.
"Hyung..." je murmure.
Ma main est toujours dans la sienne. Quand il la relève pour l'apporter à ses lèvres, je crois bien que je vais m'effondrer. Il la frôle, puis embrasse chastement le dos de celle-ci, là où les reliefs de mes griffures sont toujours présents. Il les observe un instant, calmement. Je suis certain qu'un trou s'est créé dans l'espace temps.
Lorsqu'une larme, solitaire, commence sa course le long de ma pommette, le pouce de son autre main vient immédiatement la cueillir. C'est à ce moment-là que d'autres arrivent.
Et soudain, tout est si fort, si grand, si explosif, que quelques mots me viennent en tête.
Je les réfrène, paniqué à l'idée de les avoir senti frôler le bout de mes lèvres.
Effrayé de l'ampleur de ce qu'ils pourraient enclencher.
"Je suis si fier de toi." souffle-t-il, près de moi.
Je me laisse fondre contre les barreaux. Il est tard, aucun lycéen n'est dans les parages, à cette heure. De toute façon, je n'ai même pas peur qu'on puisse nous voir. Nous entendre. J'aime bien trop la sonorité que nous formons pour en avoir quelque chose à faire.
Quand il y a trop de larmes pour qu'il puisse toutes les accueillir, ses doigts se déplacent. Son pouce atterrit sur ma joue, alors que le reste de sa main englobe le côté de ma mâchoire. Je ne peux plus baisser la tête.
"Je suis fier de toi, Kook..." répète t-il, comme une mélodie qu'on ne se lasserait jamais d'entendre.
Mes doigts tirent sur son manteau pour l'approcher de moi, encore, et plus encore.
Il me voit le lorgner avec un appétit que je ne me connaissais pas. Il en voit tout, absolument tout, mais étrangement, je n'en ai pas honte.
Et quand ses lèvres rencontrent les miennes, je le laisse guider le baiser comme bon lui semble. Une sensation agréable me parcourt de ma nuque jusqu'à mon dos. Un léger arrière goût de larmes se dépose sur ma langue en même temps qu'elle accueille celle de Taehyung.
Je ne peux pas m'empêcher d'attraper ses cheveux délicatement, et de jouer distraitement avec. Nous restons longtemps ainsi, et je ne vois plus le temps passer.
Les barreaux dans mon dos commencent à me cisailler la peau, mais je n'en suis qu'à peine conscient.
Lorsque le baiser est rompu, mes mains descendent de ses mèches pour entourer sa nuque. Taehyung, lui, s'avance pour fondre contre mon cou, dans une étreinte qui recolle un par un les morceaux de haine, d'angoisse et d'injustice que j'ai pu ressentir aujourd'hui.
Je le sens humer ma peau, ce qui fait naître un frisson dans le creux de mon cou. Son odeur, feutrée, me parvient elle aussi.
"Merci d'être là." je chuchote, parce que parler à voix haute serait trop bruyant, après autant de chaos. "Ça compte beaucoup pour moi. Je n'aurais jamais pu faire ça sans toi."
"Jungkook..."
Je ferme les yeux, me concentrant uniquement sur son toucher, sur les vibrations de sa voix.
"Quand je te vois comme ça, j'ai juste envie de te protéger." m'avoue t-il. "De te donner tout ce dont tu as manqué pendant toutes ces années. Ça ne m'est jamais arrivé, ou pas comme ça. C'est tellement intense que ça me fait peur, parfois. T'es tout le temps dans ma tête, merde... Je n'arrive jamais à penser correctement quand tu es là. J'ai envie de te découvrir comme personne ne l'a jamais fait auparavant."
Sa dernière phrase est plus basse contre mon épiderme. Mon activité cérébrale s'arrête définitivement lorsqu'il m'avoue, si bas que j'ai du mal à le percevoir :
"Je t'aime tellement."
Je crois qu'à ce moment-là, le chaos et le vide s'assemblent parfaitement.
Je ressens pour la première fois un équilibre qui me donne paradoxalement le vertige.
***
Je ne sais pas vraiment ce qui m'arrive, mais ça tourne en boucle dans mon crâne.
En boucle.
Ses lèvres contre les miennes, ses doigts qui effacent mes larmes, et puis ses mots.
Ses mots.
Je ne sais pas vraiment ce qui m'arrive, mais je me surprends à y penser, et à sourire. Dans le bus, dans ma chambre, à table, en cours. Ça ne veut pas sortir, et ça me fait ressentir une euphorie particulièrement déstabilisante.
Je t'aime tellement.
Trop perturbé, ma seule réponse a été de resserrer mon emprise autour de lui. Je n'ai pas l'habitude d'interpréter tant les mots.
Ils sont ce qu'ils sont, et ils disent ce qu'ils disent.
Pourtant, là, je n'arrive pas à former une seule pensée cohérente face à ceux-ci.
Il s'est passé une semaine environ depuis ce soir-là. Le proviseur est venu dans les classes afin de dire qu'il avait appris pour le jeu, et qu'il ordonnait que cela s'arrête immédiatement, auquel cas des mesures seraient prises à l'encontre des fautifs. Comme nous l'avions convenu dans son bureau, j'ai dû lui envoyer un mail avec tous les noms des participants les plus récurrents. Ils seront convoqués. Il a également affirmé qu'une enquête serait ouverte pour trouver la personne derrière le compte. Je crois qu'il n'en aurait pas autant fait, si Taehyung n'avait pas assuré que nous porterions plainte si ça ne prenait pas fin.
J'ai baissé la tête. Je sentais les regards sur moi, et je n'ai pas su s'ils étaient dédaigneux ou débordants de pitié.
Lorsque je suis sorti, j'ai entendu quelqu'un murmurer sur mon passage.
"Il est vraiment pas drôle, ce proviseur."
À part ça, je ne crois pas avoir été embêté depuis. Ça s'est calmé, mais je ne suis pas idiot. Je sais que ça reprendra si jamais le compte reste actif. Il faudrait tuer l'araignée par la tête, et non en arracher seulement les pattes.
Et puis, Heechul, bien qu'il ne m'approche plus pour l'instant, est frustré, je le vois bien. Il a déjà dû être convoqué, et son humeur est déplorable. Il se fait remarquer en cours, et je me demande combien de temps il faudra avant qu'il ne craque et dirige sa haine contre moi.
Dans tous les cas, je me dis que l'année n'est plus si loin de sa fin, et qu'après ça, je n'aurais plus jamais à remettre les pieds sur ce sol que j'ai tant détesté, sur lequel j'ai tant été traîné, humilié, volé.
Et puis, Chaeyoung est sans cesse à mes côtés. Les autres également, lors des pauses, le midi.
Face au miroir de la salle de bain, je passe une main dans mes cheveux, pour les discipliner. Je détends les traits de mon visage, et m'attarde sur mes mèches, toujours teintes en blond. Le brun revient progressivement sur les racines.
Il faut que je me concentre. Aujourd'hui n'est pas n'importe quel jour, merde.
Tous les élèves qui font l'option théâtre, ainsi que les figurants, sont autorisés à ne pas aller en cours de la journée. Car toute cette dernière est consacrée à la dernière répétition de la pièce.
Mon ventre se tord. J'attrape mon exemplaire de Roméo & Julian, le fourre dans mon sac. Puis je saisis mon portable, sur lequel un message s'affiche.
Yoongi : On a une activité musée d'organisée tout l'après-midi, mais après, c'est quartier libre. On arrivera juste à temps pour la pièce. La première fois que je te verrai, ce sera sur une scène, si c'est pas classe :)
Je tente de réguler mon taux de trac, qui monte doucement et vient faire courir des fourmis dans ma tête.
Yoongi est arrivé à Gwangju en début de semaine. Depuis, je ne peux m'empêcher d'avoir peur de le croiser sans l'avoir prévu, même s'il n'y a aucune chance que sa sortie scolaire l'amène dans mon quartier.
Ce soir, il sera là, accompagné de sa copine. J'ai prévenu Taehyung et les autres, qu'il participerait à notre soirée. De toute façon, eux aussi ont tous invité d'autres amis.
Mon appréhension pour ma rencontre avec Yoongi est un peu la même que celle que je ressens pour la pièce que je vais devoir jouer ; un mélange de hâte troublante et de peur intense.
Je lui réponds rapidement, avant de balancer mon sac sur mon épaule.
Putain, je n'arrive pas à croire que c'est aujourd'hui.
Lorsque je descends les escaliers, je croise le regard de ma mère. Je suis surpris alors qu'elle ne détourne pas les yeux. Ces yeux bleus, si bleus, qui me renversent toujours d'une émotion contradictoire, entre la colère et l'affection.
Quand j'enfile mes chaussures, je suis étonné de l'entendre se rapprocher de l'entrée.
Je me relève, prêt à partir, et alors j'entends enfin sa voix me parvenir.
"Bon courage, Jungkook. À ce soir."
"M-merci. À ce soir." je réponds maladroitement, un fin sourire au coin des lèvres.
Elle me sourit en retour. Enfin, ses lèvres ne bougent pas, mais j'aperçois le bleu cobalt de ses orbes pétiller un instant.
Je sors, dans la fraîcheur du matin. Le temps est dégagé. La brise carresse mon visage et dégage quelques mèches de mon front.
Je ne peux plus penser qu'à une chose.
Ce soir se tiendra la représentation finale.
**•̩̩͙✩•̩̩͙*˚ ˚*•̩̩͙✩•̩̩͙*˚*
Coucou !
Pourquoi ça sent la fin qui arrive petit à petit comme ça wtf 😰
Que pensez vous de ce chapiiitre ? De Jungkook qui se lâche enfin à dire tout ce qu'il pense au directeur ? De la scène Taekook après ? De la pièce finale qui va bientôt être jouée help 😃
(Quand j'écris le stress de Jungkook par rapport au spectacle qui arrive bientôt, j'ai l'impression de me retrouver des années en arrière, quand je faisais du théâtre et que tous les ans je pouvais pas dormir la nuit d'avant mdrrr, mais c'était un bon trac, j'aimais tellement faire du théâtre omg faudrait que je reprenne)
Hâte de vous retrouver pour la suite !
À + <3
-Elise-
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro