Chapitre 47 🎭
"Hyung, on ne peut pas faire ça !" je tente de le raisonner. "Et puis, avec autant de monde autour, on va forcément se faire prendre."
Taehyung n'a de cesse de sourire. Au fond de ses yeux brille une lueur si entraînante, si pétillante, qu'il est de plus en plus dur pour moi de lui tenir tête. C'est étrangement contagieux. Je ne sais pas d'où me vient cette idée de... de le suivre, de prendre des risques, de m'élancer dans l'inconnu, m'enfoncer dans l'interdit.
Mon silence préfère la sécurité, la routine et les habitudes, pourtant.
Mais avec Taehyung, j'ai toujours fait plus de bruit.
"Ne t'inquiète pas, j'ai un plan." s'explique t-il, alors que nous sortons enfin de la masse de gens à contresens de nous. "Et j'ai appris avec le temps que plus c'est gros, plus ça passe."
Les yeux écarquillés, je m'apprête à le réprimander, mais rien ne sort. Instinctivement, je m'accroche à la manche de son pull, un peu en retrait derrière lui.
La scène n'est maintenant plus très loin. Je tâte le terrain, analyse l'entrée, qui se fait de chaque côté par de petits escaliers. Ces derniers se fondent derrière de grands rideaux noirs, qui séparent les coulisses de la plateforme.
Taehyung perçoit ma main sur le tissu de son pull, et s'arrête un instant.
"Si tu ne veux vraiment pas, on fait demi-tour, Kook."
Il semble jauger ma réaction, chercher au plus profond de moi-même mon taux d'angoisse. Immédiatement, cette attention me fait fondre, et c'est peut-être elle qui me fait céder. Elle liquéfie toutes mes barrières et me laisse voguer au large comme je le souhaite. Mon accord sort d'entre mes lèvres avant même que je n'aie pu contrôler quoi que ce soit.
"S-si, je te suis."
Taehyung acquiesce avec toute la diligence dont il est capable, puis reprend sa marche. Je suis ses pas. Ma main agrippe toujours sa manche, de manière plus discrète.
"Je veux te montrer comment c'est, dans une salle comme celle-ci. Comment ça se passe, en dehors de la simple représentation, et tout ce qu'il y a autour."
Taehyung a du mal à le réprimer, mais quelques détails me révèlent à quel point il ne tient pas en place, à quel point seule la passion le guide en cet instant. C'est si présent, si grand et débordant que ça m'éclate aux yeux comme un feu d'artifice qui naîtrait en son centre. J'en suis fasciné, si bien que mon attention est braquée sur lui.
Nous n'avons pas de mal à franchir les escaliers ; personne n'est là pour vérifier si des gens entrent ou non, puisqu'il faudrait être fou pour penser que quelqu'un veuille s'introduire.
Mais voilà, Taehyung doit-être fou, alors.
Et ça me fait bien trop vibrer.
Nous passons le rideau qui camoufle les coulisses. Une fois à l'intérieur, mes yeux s'ouvrent grand pour capter chaque recoin qui s'offre à ma vision. Ces coulisses sont bien plus épaisses que celles du lycée, mais ce qui me perturbe, c'est l'activité qui y règne. Ça grouille de partout. C'est vivant. Des gens parlent entre eux, circulent, rangent, se bousculent. Soudain, un homme vient à notre rencontre.
"Eh, vous ! Je vous ai vu monter, qu'est-ce que vous faites là ?" nous demande-t-il.
On est foutu, je ne peux m'empêcher de penser. Ma poigne se resserre sur le bras de Taehyung. Je me demande ce qui m'a pris d'accepter.
"Bonjour, mon père travaille ici et nous a dit de le rejoindre après le spectacle !" expose Taehyung, très calmement, comme s'il se retrouvait dans ce genre de situation tous les week-ends. "Il devait nous attendre ici, mais il a encore dû être aspiré par une discussion avec un collègue..." soupire t-il.
Son ton de voix est si convaincant que je me dis que nous avons une chance de nous en sortir.
L'homme face à nous fronce les sourcils. Il porte des sortes de tissus dans ses mains ; peut-être des costumes. Les différents morceaux de vêtements s'écoulent de ses bras comme une cascade figée.
"Comment s'appelle-t-il, ton père ?"
"Kim Hong-Jong !" répond Taehyung, du tac au tac. "Il est dans la régie. Vous le connaissez ?"
L'homme rattrape de justesse un tissu qui allait plonger droit sur le sol. Déstabilisé par l'assurance de Taehyung, il commence à céder, à faiblir. C'est léger, mais je peux le voir à sa manière de décontracter les muscles de sa nuque. Taehyung a réussi, en simplement quelques mots, à gommer la méfiance dans son regard. Un de ses collègues l'appelle, et il finit par se désintéresser, dans un dernier regard qui a l'air de dire "bon, c'est bon, allez-y."
Mon souffle se relâche enfin. Je réalise que je me suis tant fondu derrière Taehyung que l'homme n'a pas relevé ma présence plus que ça. Ma manie au silence a au moins le mérite de servir à quelque chose.
Taehyung s'avance dans les coulisses, afin d'aller explorer plus loin.
"Comment tu sais qu'un Kim Hong-Jong travaille ici ?" je demande, regardant partout autour de moi, encore peureux que l'on puisse nous prendre pour des étrangers.
Maintenant que nous avons passé l'étape de l'entrée, je sais qu'il y a moins de chance. Nous nous fondons bien entre les comédiens et toute l'équipe qui travaille ici, mais une peur minime résiste et court encore dans mes veines.
Taehyung éclate de rire. Ses dents sont visibles et je fixe ses orbes se plisser d'éclats.
"J'en sais rien. J'ai dit un nom au pif !"
Surpris, je ris à mon tour. Puis je me fais entraîner. Taehyung m'amène au bord des coulisses, sortant sa tête entre deux pans de rideaux pour observer la scène au derrière, cachée du public à présent. Il me demande de m'approcher. C'est ce que je fais, et quand je le vois lever la tête en l'air, je suis le mouvement.
Je réalise, en fixant le plafond, la hauteur vertigineuse à laquelle il se trouve.
"Wow." je laisse alors échapper, observant le décor de la pièce que nous venons de voir, suspendu dans les airs par d'épaisses cordes, qui n'attend que d'être descendu lors d'une prochaine représentation. Je ne savais pas que les décors pouvaient être stockés ici, au-dessus des têtes des acteurs, si haut que le public ne peut pas l'apercevoir.
"Il y a de grosses cordes sur tous les murs extérieurs dans les coulisses. Elles remontent jusqu'au plafond et permettent de faire monter et descendre les gros décors plus facilement, par un système de traction. C'est pas la première fois que j'observe ça en vrai, mais ça me fascine toujours." fait-il.
Nous sortons nos têtes d'entre le rideau noir pour retourner au sein des coulisses. Et effectivement, dans une grande vitrine en verre, de longues cordes contre le mur montent jusqu'au plafond. J'en ai plein les yeux, si bien que j'en oublie presque de suivre Taehyung lorsqu'il s'éloigne à nouveau. Je le rattrape, le souffle court.
"On va où, maintenant ?" je le questionne.
Son sourire s'élargit encore un peu plus. J'observe ses lèvres s'étirer pour laisser apparaître ses dents, et de légères fossettes, à peine visibles, se forger aux coins de ses lèvres. Inconsciemment, les battements de mon cœur n'en font qu'à leur tête.
"Sous la scène."
"On peut aller sous la scène ?" je demande, effaré.
"Évidemment." répond-il.
Et alors, comme s'il connaissait l'endroit par cœur -après tout, c'est peut-être le cas, peut-être y a-t-il déjà joué-, sa main prend la mienne pour nous diriger vers une grande porte, au fond des coulisses. Cette dernière débouche sur un couloir, où le monde afflue moins. Taehyung m'emmène devant une autre porte, derrière laquelle des escaliers descendent.
Lorsque nous ouvrons, quelqu'un est en train de les remonter. Je reconnais immédiatement Lee Ji-hoon, le metteur en scène et l'acteur de Louis. Il ne porte plus son costume, ni son maquillage, et affiche une expression nonchalante. Il semble préoccupé par un appel téléphonique important, si bien que nous passons totalement inaperçus en croisant son chemin. La main de Taehyung commence à serrer la mienne si fort que ma peau se plisse sous son accroche.
Dès que Lee Ji-hoon est hors de notre vue, Taehyung se penche vers moi.
"Putain, tu l'as vu ? C'était lui, Lee Ji-hoon !" s'exclame-t-il, et ça m'amuse de le voir avec cet air d'admiration sur le visage. "Je ne l'ai jamais vu d'aussi près, waw..." souffle t-il.
"Il dégage quelque chose d'impressionnant." je ne peux m'empêcher de répliquer.
Taehyung ouvre la porte en bas des escaliers, sur laquelle est écrit ; accès réservé au personnel. Il hausse un sourcil tout en me fixant.
"Plus que moi ?"
Je souris. Sa réaction me plaît. Tout de ce qu'il entreprend me plaît, me laisse toujours sur un chemin entre l'embarras et l'amusement que je trouve exquis. C'est un entre deux enivrant, qui me donne envie de plonger avec lui, peu importe où il aimerait m'emmener.
"Pas plus que toi..." je réponds, mordant ma lèvre inférieure pour ne pas afficher un sourire trop béat.
Je n'ai pas le temps d'ajouter quoi que ce soit d'autre que nous arrivons sous la scène. Je voudrais avoir plusieurs paires de yeux pour tout absorber, contempler le moindre détail.
Des poteaux s'élèvent pour tenir la plateforme, alors que le reste de l'espace est praticable. Je réalise que la scène est faite d'un grand nombre d'imposants carrés les uns à côté des autres, des sortes de trappes qui peuvent se détacher et faire des trous dans la scène là où on le veut.
Soudain, beaucoup des spectacles de magie que j'ai pu voir sur internet s'expliquent dans ma tête.
Sur un des murs, une pancarte porte l'inscription: "Pas de vert, pas de misère."
Je montre du doigt le panneau à Taehyung.
"C'est mal vu de porter du vert, au théâtre." m'explique t-il.
"Pourquoi ?"
"C'est vieux comme le monde. Avant, le vert était fait avec des pigments toxiques, alors c'était considéré comme dangereux d'en porter. C'était un signe de malchance. Molière lui-même portait du vert quand il est mort sur scène, alors j'imagine que ça a encore plus répandu une sorte de légende de malédiction du vert."
Je l'écoute attentivement.
Nous déambulons entre les poteaux. Toutes sortes d'objets sont stockés ici. Il y a une table et des chaises, repliées contre un mur, qui doivent servir de décor parfois, un escabeau, un treuil, des câbles au sol, sur les murs, beaucoup de câbles. Dans un coin se trouve une machine cylindrique en bois, sur laquelle est accroché tout autour un vieux papier, jauni par le temps.
Taehyung voit où porte mon regard, et m'éclaircit aussitôt.
"C'est une machine à vent. Depuis les nouvelles techniques modernes, on en utilise plus vraiment, mais ça servait à reproduire manuellement le son du vent quand il y en avait besoin. Là, tu tournes la manivelle." Il me la montre du doigt. "Puis le bois frotte contre le papier. Le son que ça produit est très réaliste, n'empêche."
Notre visite s'étire en longueur. Il y a sous la scène une autre porte qui mène vers des salles de stockage, dans lesquelles sont alignés au moins une cinquantaine de projecteurs aux capacités différentes, en fonction des besoins des spectacles. Il y a aussi des enceintes puissantes, ainsi que des sortes de rectangles faits de barres en fer, qui s'emboîtent les uns sur les autres, et qui, je le comprends, servent de support pour donner une forme à des décors simples.
C'est passionant, de voir tout ce qu'il se passe en dehors du spectacle en lui-même, tout ce que le public ne verra jamais.
Nous retraversons le dessous de scène pour remonter. Le couloir dans lequel nous passons cette fois ci est fait de différentes portes qui mènent à des loges, comme au lycée, sauf que là, les loges sont bien plus imposantes. De grands miroirs couvrent l'intérieur, entourés de spots de lumière. De longs portants sont couverts de toutes sortes de vêtements et de costumes. Des comédiens sont en train de se démaquiller devant les glaces, d'autres de discuter sur les canapés.
"Voilà, je crois que je t'ai tout fait visiter." annonce Taehyung. "J'espère que ça valait le coup."
"Si ça valait le coup ?" je lance, encore complètement retourné de cette infiltration. "C'était génial. J'aurais pas pu rêver meilleur cours particulier."
Taehyung semble satisfait, soulagé de ma réponse.
Lorsque nous sortons dehors, par un accès réservé au personnel, la nuit est déjà tombée. Les rues sont sombres et les étoiles hautes dans le ciel, bien que de gros nuages viennent en cacher une grande partie. L'air est lourd d'orage. Je me sens compressé dans une bouffée de vent chaud. Ce n'est pas désagréable.
La sortie par l'arrière du bâtiment débouche sur une place différente de la rue dans laquelle nous sommes arrivés en vélo. Il y a des bars un peu partout, avec des terrasses nocturnes et intimistes. Des pavés recouvrent le sol, et des lumières jaunes et orangés s'échappent des commerces encore ouverts à cette heure.
Devant nous se dresse également un caroussel imposant, dans des tons rouges et or, qui s'élève et fait tourner ses chevaux, ses carosses et ses animaux féériques.
Il y a de larges marches en pierre là où ne venons de sortir. Taehyung se laisse tomber dessus, contemplant l'agitation nocturne en plein centre de la ville.
Les éclats de lumière dansent dans ses pupilles, comme le reflet d'un feu tremblant. L'atmosphère lui donne une peau plus douce, plus orangée, presque dorée, tout comme ses mèches récemment refaites qui encadrent son visage.
Quand il se tourne vers moi, que son regard plonge dans le mien, et qu'un infime sourire taquine ses lèvres, je pense réellement que mes jambes vont céder sous la sensation qui m'assaille. Mais elles ne le font pas, et je le rejoins tranquillement pour m'assoir à ses côtés.
Nos genoux se touchent. Nos coudes se frôlent. Nos âmes s'entrechoquent.
"J'ai quelque chose pour toi..." je commence, maladroit.
Son regard brûle mon profil. Je me demande si mes yeux aussi brillent sous la lumière. S'il prend autant de plaisir que moi à les contempler.
"Ce n'est pas grand chose, mais je ne pouvais pas rester sans rien faire." je continue, ouvrant la fermeture éclair de mon sac à dos.
J'en sors un carnet, au pigment excessivement noir et à la reliure dorée, puis un stylo plume dans les mêmes tons, qui paise lourd entre mes doigts.
"C'est pour écrire ta pièce." je lui explique face à son incompréhension. "Pour la réécrire, encore meilleure que ce qu'elle a déjà pu être avant... avant qu'elle ne soit détruite. Je sais que tu n'es pas du genre à abandonner. Alors même si c'est dur de reprendre le travail de quelque chose qui a été souillé, je me suis dit que ça pourrait un peu... t'aider."
Une fois mon explication close, je n'ose pas me tourner pour pleinement jauger sa réaction. Je sens le carnet et le stylo glisser de mes mains aux siennes. Il s'écoule bien dix secondes, avant que je ne sente un bras passer derrière moi, et se poser sur mon épaule de l'autre côté. Des cheveux me chatouillent la nuque lorsqu'il dépose sa tête dans le creux de mon cou.
Je souffle de soulagement. Je sais qu'il peut sentir comme mon corps se détend sous son étreinte.
"Merci beaucoup, Jungkook. Tu peux pas savoir comme ton geste compte pour moi."
Automatiquement, mes doigts viennent retrouver ses cheveux pour en cajoler certaines mèches. C'est une habitude que j'aime bien prendre, qui me rend ivre de douceur à chaque fois. C'est un geste si minime, qui pourtant créer une explosion sans nom au creux de ma poitrine. Une explosion qui me rend tellement vivant que ça m'en donne des vertiges, parfois.
Nous restons bien dix minutes ainsi. Le caroussel ferme ses portes, ses lumières s'éteignent, et alors nous décidons de nous relever pour partir.
Dans un silence apaisant, lénifiant, nous faisons le trajet pour récupérer le vélo de Taehyung. Je m'assois à l'arrière, et n'hésite pas cette fois ci à enrouler mes bras autour de son ventre, fondant complètement ma tête contre son dos. J'ai presque l'impression de pouvoir percevoir les battements de son coeur à travers ses vêtements.
Je suis déçu lorsque ma rue entre dans mon champ de vision.
Je ne veux pas partir.
Pourtant, il le faut bien.
Je descends, et Taehyung m'accompagne jusqu'à l'allée qui mène à la porte d'entrée de ma maison.
"On se revoit au prochain cours de théâtre ?"
J'acquiesce.
Il y a ce silence, entre nous, à ce moment là, qui me rend pantelant sans que je ne comprenne pourquoi.
Je finis par lui adresser un salut, avant de me retourner pour rentrer chez moi.
Au bout de deux pas, mon oeil droit cligne par réflexe alors qu'une goutte d'eau s'écrase sur le bout de mon nez.
L'orage a fini par éclater. Je me demande si Taehyung, derrière moi, l'a senti, lui aussi.
Peu importe.
Je m'apprête à toucher la poignée, mais soudain, tout dans mon corps me démange, m'est étrangement peu naturel. Je sens le regard de Taehyung être insistant dans mon dos, comme s'il attendait quelque chose de ma part.
Pourquoi ne part-il pas ?
Pourquoi je ne pars pas ?
Je me retourne lentement. Dans la pénombre, Taehyung n'a pas bougé d'un centimètre. De la même place, il observe chacun de mes mouvements. Un creux se forme dans mon estomac, un vide que j'aimerais combler.
Il me manque quelque chose.
Je redescends les marches avant même que mon cerveau ne m'en donne l'information. Taehyung a ce sourire en coin, celui qu'il a toujours dans ce genre de situation, celui qui n'a de cesse de me faire flancher, toujours plus, toujours plus loin.
"Qu'est-ce qu'il y a, Jungkook ?" s'amuse t-il.
Je m'approche encore. Lui reste parfaitement immobile. Et si je m'attends à ce qu'il prenne les devants à présent, ce n'est pas le cas.
Pour une fois, rien.
Il ne fait que me contempler. La pluie tombe de plus en plus ardemment, s'écroulant finement contre la peau de son visage. Son regard perce le mien, mais aucun geste de sa part ne me pousse à agir d'une manière ou d'une autre.
C'est perturbant. Mais je finis par m'y faire. Puis je réalise.
Il attend que ça vienne de moi.
Timidement, je lève un bras pour englober sa joue de ma paume. Cette dernière tremble un peu. Maintenant qu'il fait nuit noire et que la pluie d'orage a éclaté, les brises sont froides. Le vent s'infiltre sous mes vêtements et fait frissonner ma peau.
La lueur des pupilles de Taehyung m'attire inévitablement. Je ne résiste pas plus longtemps avant de m'avancer au point où je respire contre sa bouche. Ses lèvres s'entrouvrent dans un demi-sourire qui me retourne l'estomac.
Un sourire de lune.
Ou d'étoile.
Un instant, je reste dans cette position, ma main sur sa joue, douce au toucher, mon souffle se mélangeant au sien. Je sens ses expirations contre ma peau.
Je franchis la dernière limite et nos lèvres s'accrochent.
Voilà ce qu'il me manquait.
Taehyung abandonne sa position immobile et vient immédiatement saisir ma nuque entre ses doigts, qui remontent lentement entre mes mèches de cheveux. Un soupir lui échappe, ce qui me rend complètement dingue.
C'est lent, si lent. Ses lèvres se meuvent contre les miennes avec minutie. Ma main sur sa joue ne le quitte pas. J'aime sentir sa mâchoire bouger sous mes doigts, et le minuscule reflet d'un grain de beauté sous mon pouce.
Ce baiser est différent de tout ceux que nous avons pu échangé. Bien qu'il soit plus doux, il est moins retenu. Bien qu'il soit plus lent, il est moins calme. Il réveille chacun de mes sens.
Taehyung passe une main dans mon dos. Celle ci trace son chemin sur mes omoplates alors que sa langue s'enroule autour de la mienne. C'est la première fois que je peux entièrement percevoir chaque mouvement qu'il entreprend, tout simplement parce que ses gestes sont si lents que même mon cerveau accéleré par l'excitation parvient à en saisir chaque détail.
Sa main descend derrière moi, descend, et descend encore. Mon souffle s'accélère, et lorsque ses doigts viennent se nicher dans le creux de mon dos, tout en bas, mon bassin s'avance et je me cambre légèrement.
"Kook." souffle t-il contre mon visage, attaquant de nouveau mes lèvres après sa plainte.
Oh mon dieu.
C'est bien meilleur que tout ce que nous avons pu partagé. Bien plus intense. Bien plus intime. Il y a comme des mots qui flottent entre nos actions, des mots puissants, porteurs de tant de douceur l'un envers l'autre que je suis transporté avec lui dans un monde de désirs qui me fait frémir.
Nous sommes si proches que j'ai la sensation de fondre en lui. Et soudain, je me surprends à découvrir une part de mon imagination que je n'ai pas tant l'habitude de parcourir. Dans un coin de mon esprit, des images naissent, fleurissent et prennent toute la place, se cognant aux parois de mon crâne.
Il y a lui, il y a moi. Il y a nous, et il y a bien plus que tout ce que nous avons déjà pu faire. Bien plus.
Je tremble entre ses bras alors que ses lèvres sur les miennes y mettent plus de ferveur maintenant. L'ardeur avec laquelle sa langue taquine la mienne me pousse au point où mes pieds butent sur un muret derrière moi. Celui qui fait le tour du jardin devant ma maison.
"Hyung..."
Dans la mouvement, nos lèvres se détachent et je tombe assis sur le siège de pierre.
Taehyung, debout, m'étudie avec cet éclat qui me fait frissonner si lourdement que je dois contracter mes muscles pour ne pas faire trembler mon corps.
Cette position, ses yeux plongeant sur moi, sur mon visage, mes lèvres, mon corps tout entier, m'enflamme et m'emplit d'images toutes plus audacieuses les unes que les autres, dans lesquels il me regarde également de haut ainsi.
Mon coeur s'accélère, mon horloge se dérègle, et la pluie sur ses cheveux mouillés me rend encore plus extatique de les attraper, de les tenir entre mes doigts, de les saisir alors qu'il serait-
"À quoi tu penses ?" s'agite t-il, essoufflé lui aussi.
"R-rien." je m'empresse de répondre.
Taehyung s'avance. Son buste descend jusqu'à ce que son visage rejoigne le mien. Ses deux mains viennent entourer mes joues comme un trophée. Il ne sourit plus du tout.
"Alors pourquoi ces joues rouges... ?"
Mes poings se serrent sur eux mêmes. Une goutte d'eau tombe de mes cheveux, s'écoule contre mon front et descend jusqu'à s'échouer entre mes lèvres. Je ne le quitte pas des yeux. Pas même une seconde.
"Tu le sais très bien..."
Taehyung replace une mèche trempée derrière mon oreille, faisant couler une autre goutte jusque dans ma nuque.
"Je devrais te laisser partir." fait-il dans un sourire, laissant une dernière caresse contre mes joues, ses pouces frôlant mes lèvres. "Avant que je n'y arrive plus."
Sa remarque fait gonfler et éclater mon coeur dans ma cage thoracique. Avec Taehyung, c'est toujours comme une implosion permanente.
C'est ainsi que cette fois-ci, je me relève, et m'engage dans l'allée. Je ne me retourne qu'une seule fois. Taehyung s'apprête à remonter son vélo, sous l'averse de plus en plus abondante.
Le carnet que je lui ai offert est caché sous son pull afin de ne pas l'abîmer. Je lui offre un dernier sourire avant de passer la porte que j'ai toujours eu peur de franchir. Surtout à une heure si tardive. Pourtant, le souvenir du baiser que je viens de partager avec Taehyung est si présent dans ma tête que je n'ai plus la place de laisser le silence me gâcher la vie.
Lorsque je referme derrière moi, je ne peux m'empêcher d'afficher ce sourire intarissable sur mes lèvres.
J'aime le fait qu'il y ait toutes ces choses entre Taehyung et moi. Toutes ces choses qui planent au dessus de nos têtes, ces désirs qui restent en suspension sans jamais être dans le besoin brut de les réaliser.
Ils sont là, et je sais qu'ils retomberont, se concrétiseront, mais jamais dans l'empressement.
Il y a ce rassurement à savoir que c'est là, que ça ne part pas, et que ça continue de flotter délicieusement autour de nous dès que nous sommes réunis.
Il y a ce rassurement à savoir que nous avons le temps.
Le temps pour lui de s'adapter à mon silence, le temps pour moi de m'adapter à son bruit, et le temps pour nous de nous adapter à la vie, qui n'a pas toujours les sonorités qu'on aimerait lui donner.
**•̩̩͙✩•̩̩͙*˚ ˚*•̩̩͙✩•̩̩͙*˚*
COUCOUUU
Toujours ils ont faim mais toujours on les arrête 🤨 (laissez moi tranquille j'aime trop quand ça slow burn bien 😔)
Qu'avez vous pensé de ce "cours particulier", qui s'est étalé sur deux chapitres ?
J'espère que c'était à la hauteur, j'aime écrire leur relation qui se développe et devient de plus en plus un couple 😔<3
Merci pour les 36k 😱 (C'EST ÉNORME, j'pense je réaliserai jamais lol)
J'ai fait un plan et il reste environ une quinzaine de chapitres à SDTM (wtf on se rapproche de ouf de la fin là), je veux pas finir cette histoire 😔, merci à tout ceux qui me suivront jusqu'à la fin de cette aventure <3 Je pensais pas que SDTM ferait autant de chapitres par contre eh j'espère que c'est pas trop long pour vous 😭
J'aime tellement le Jungkook de cette fanfiction, pitié je veux jamais le quitter :(
À ++ <333
-Elise-
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