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Chapitre 24 🎭

« The moment you say words from your mouth, the moment our focus becomes irregular, at the moment where everything is dangerous,
"I won't cry, i won't tear it up"
I can't say those kinds of words. » Tear - BTS

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Il n'y a plus rien en moi qui ne soit autre que destructeur. Je ne sais pas vraiment, c'est flou, mais j'ai l'impression d'en vouloir au monde entier. J'ai envie de faire mal, de percer, de creuser pour dérober tout ce qu'il y a de mauvais. En les autres, en moi même.

Il n'y a plus rien en moi qui ne soit autre qu'explosion. Je veux tout voir voler en éclat. Là, maintenant, c'est ce que je veux, c'est ce qui m'incinère les tripes. Pourtant, je sais qu'habituellement je ne le voudrais pas. Habituellement, je suis bon. Ou peut-être que je ne le suis pas.

Qu'est-ce qui est bon ou mauvais ?

J'ai soudain peur. J'ai peur parce que je ne suis même plus capable de répondre à cette question, de faire le tri dans ma tête. Tout se mélange. C'est déstabilisant, c'est flou, et surtout, c'est plein de hargne.

Dans la hargne, j'y suis enfoncé jusqu'au cou. C'est comme être dans du sable mouvant parce que j'ai l'impression que ça pourrait m'engloutir. Je sais que mes pensées ne sont actuellement ni saines, ni calmes, ni posées, ni réfléchies, ni cohérentes, ni rien du tout.

Et je veux tout faire exploser autour de moi.

Le calme, le calme, et le calme encore, il me rend fou soudainement. Il me brûle, je crève de chaud, et je meurs d'envie de me refroidir. Pour ça, il faut passer par l'extrême, alors c'est ce que je vais faire.

C'est cette sensation qui me démange, ce monstre dans mon ventre qui me gène, et c'est toute cette pression que je me mets sans cesse sur les épaules. Je prends toujours la responsabilité de tous mes actes, de chacun de mes mots, dans le sens où je les mesure, étudie leur valeur, j'ai tendance à ne rien faire par instinct mais plutôt par réflexion. Je pense trop. L'énergie dépensée à la fermer me pèse aussi lourd qu'une enclume écrasée sur la tête. Je vais finir déformé. Est-ce déjà le cas ?

Ça me fait mal, infiniment mal. Ce n'est pas qu'une trahison, ce sont tous les efforts accumulés avec lui qui s'effritent, qui disparaissent comme s'ils n'avaient jamais existé.

Connard.

Je regarde mes mains, juste pour m'assurer qu'elles existent bel et bien, que je ne délire pas. Elles sont là, elles bougent aux commandes de mon cerveau. Bien. D'accord, et maintenant ?

Connard.

Se lancer, oser sans penser, c'est ça, hein ? J'en veux au monde entier, j'en veux à Taehyung. Mais étrangement, j'en veux à moi même le plus. Moi, je suis l'objet de ma haine. Ça me rend fou, je devrais vouloir le faire disparaître, pas me faire disparaître. Pourquoi je remets tout sans cesse sur mes épaules ? Pourquoi il faut que la culpabilité me mange dès que j'émets un signe de vie, comme si je n'en avais pas le droit ?

Je plonge mon téléphone dans ma poche arrière à l'aveugle, serre mes poings jusqu'à sentir la kératine de mes ongles me piquoter les nerfs. Des nerfs qui sont à vif, qui me rongent l'esprit.

J'aimerais juste extérioriser, par pitié. Il y a trop de choses à l'intérieur de moi. Trop, trop, trop.

Je rentre dans les coulisses en trombe. Je ne fais pas attention à Mina et Jackson. Je trace ma route. Ce n'est pas à eux que je veux faire du mal. Leurs yeux s'arrondissent, ils comprennent que j'ai entendu, et une sorte de culpabilité s'invite sur leur visage. Ils comprennent qu'ils ont mal fait, mais putain, c'est trop tard. C'est toujours trop tard.

Je les ignore, je vois presque flou, et je ne sais pas si c'est la rage qui place ce filtre sur mes pupilles ou juste des larmes en formation. Ce n'est pas important.

Il faut que je vois Taehyung de mes propres yeux. Que je vois son visage, ses orbes profondes qui me retournent l'estomac, et que je fasse de lui le monstre qu'il est. Il faut que l'image colle à lui physiquement, parce que pour l'instant, je n'y arrive pas.

Pourquoi reste t-il le même dans ma tête ?

Celui qui m'a aidé, celui qui m'a écrit cette lettre dans mon casier, celui qui m'a proposé des cours particuliers, celui qui m'a recommandé Les Étoiles, celui qui voit en moi ce que j'ai du mal à décrypter ?

Ce serait douloureux de changer cette image idéalisée et de la remplacer par celle de la trahison. Alors il faut que je le vois pour la lui plaquer à la figure.

Je sors des coulisses en laissant le rideau noir trembloter après mon passage, et m'engage sur scène. Je fais le tour visuellement. Je repère rapidement Taehyung au même endroit qu'avant. Il est là, au milieu du premier rang face à la scène, assis confortablement, les doigts sur le menton comme un penseur. Jimin et Hoseok, sur scène, s'arrêtent de jouer, me dévisagent avec inquiétude.

Il y a un temps de latence. Taehyung m'a vu, il a le regard ancré dans le mien. Je le soutiens en sentant la hargne devenir plus que ça, parce qu'elle se mélange avec l'injustice. L'interrogation apparaît dans l'expression de ses traits alors que je m'avance, descends les escaliers de la scène avec fureur, et arrive à sa hauteur.

Je n'aime pas cette sensation. La trahison, la haine, l'injustice, dans un même bol, broyées ensemble, ça ne m'a jamais mené très loin. C'est assez proche de ce que j'ai ressenti quand j'ai appris il y a deux ans que Heechul se foutait de ma gueule et n'était pas sincère avec moi, où alors de quand j'ai brisé le téléphone de Junghwan.

Mais là, c'est multiplié.

"Jungkook, qu'est-ce que tu-"

"Connard." je claque froidement, en sentant une part de ma haine s'envoler à ce mot.

Mais ce n'est pas suffisant.

Taehyung se lève, alerté, et s'approche.

"Jungkook, ça va ? Viens avec moi, on va sortir, tu n-"

Je recule.

"Je vais me débrouiller seul." je crache, en enfonçant mes ongles toujours plus loin, parce que les mots ne suffisent pas, ils ne suffisent jamais, je les déteste.

Alors il ne me reste que les gestes.

Sans réfléchir, je saisis fermement le tissu de son t-shirt et le pousse de toutes mes forces sur le côté. Mon geste est si brusque qu'il en tombe à la renverse. Sa silhouette s'écrase au sol, et le bruit que son corps créer sur le parquet me fait fermer les yeux. Je les réouvre qu'après une poignée de secondes. Sur le dos, il se redresse à l'aide de ses avants bras en reculant, ses yeux dans les miens. Il semble effaré, apeuré.

C'est ça, joue la victime.

"Je vais me débrouiller seul comme je l'ai toujours fait ! Comme je le faisais très bien avant !" je crie, hors de moi. Les mots qui sortent me raclent la gorge.

J'ai envie de lui foutre mon pied dans la tête. Pour qu'il arrête de me regarder avec ces yeux là.

"Jungkook !"

J'identifie Chaeyoung, son cri et ses pas se précipitent vers moi. Mais je ne quitte pas Taehyung des yeux. Et soudain la voix ne me dit plus Jungkook, ferme là. Elle me pousse au bord du précipice, et elle hurle Jungkook, ouvre là.

"T'es qu'un putain de connard ! T'es comme tous les autres, t'es aussi mauvais que les autres ! Y a rien de bon en toi ! Je comprends pourquoi Junghyun semblait te détester ! Parce que t'es pitoyable, t'es... tu me dégoutes !"

Plus je déballe, plus Taehyung semble perdre sa capacité à répondre à mes piques. Son regard se voile. Pourtant, je veux qu'il réagisse. Pourquoi paraît-il si faible ? Pourquoi ai-je pitié, alors qu'il est le coupable ?

Pourquoi est-ce que j'ai l'impression d'être en train de le détruire ?

"T'aurais pu être honnête avec moi depuis le début ! Je te faisais confiance, je t'ai donné ma confiance, merde ! Je te déteste... je- je vous déteste tous !"

Je vois rouge. Ou blanc. Je ne sais pas. En fait, je ne vois plus trop, en réalité. Les larmes me bloquent la vue.

"Jungkook..." j'entends Taehyung murmurer.

Chaeyoung tire mon poignet, dans le but de m'éloigner, mais je force pour rester bien ancré là où je suis. L'ensemble de mes sentiments s'effondrent sur eux mêmes, formant une boule minuscule mais infiniment compacte, comme la singularité d'un trou noir. Peut-être que ça va exploser. Il existe une théorie selon laquelle la singularité peut être tant compressée, la matière si dense que cela créer une explosion inquantifiable. C'est une des théories qui expliquerait la naissance de notre univers. On viendrait tous de l'autre côté d'un trou noir.

Les choses naissent des explosions.

Et de la mienne, qu'est-ce qui en ressortira ?

Chaeyoung me murmure des choses à l'oreille, je crois qu'elle veut qu'on sorte pour que je me calme, mais je ne l'écoute pas. Les autres nous ont rejoints, aident Taehyung à se relever. Ce dernier se tient le poignet avec une grimace de douleur. Je l'ai blessé...?

Peu importe.

Jimin, Hoseok, Soojin, Namjoon, Mina et Jackson l'aident, me regardent avec de drôles de yeux. J'ai envie de fondre en larmes.

D'un mouvement rapide, je me libère de l'emprise de Chaeyoung, et mes pas me mènent jusqu'à lui. Je m'approche, encore et encore, sous les orbes méfiantes des autres. Les larmes dévalent mes joues sans honte, parce que la honte est un concept ridicule dans la douleur.

Taehyung est consterné, ses cernes sont d'autant plus visibles maintenant que son regard s'est éteind.

"À mes yeux, tu es un monstre."

Je sens ma voix tréssauter. La dernière chose que je vois, c'est l'impact de mes mots dans ses pupilles.

Je me retourne et passe ma manche sous mes yeux rageusement. Je me dépêche de rejoindre la porte, de l'ouvrir à la volée et de sortir. Je sens Chaeyoung me suivre. Je trace le couloir, avec l'envie de m'éloigner le plus possible de cette salle, de lui.

"Jungkook... attends moi !"

Je ralentis le pas. J'essaie de respirer, de me calmer, de taire les vagues pour revenir à ce Jungkook qui n'a pas le droit d'agir ni d'avoir d'états d'âme. Et puis, Chaeyoung ne mérite pas ma colère.

Elle arrive à ma hauteur. Aussitôt, elle se place devant moi pour stopper ma marche. Elle plante son visage face au mien, pour me forcer à la regarder. Mais je n'ose pas l'affronter.

"Jungkook, qu'est-ce qui s'est passé ? Tu veux qu'on sorte, qu'on aille dans un café pour en parler ? Ou non, un café, il y a beaucoup de monde... Tu veux venir chez moi ?"

Je ne pense plus, épuisé, j'acquiesce.

"D'accord." souffle t-elle calmement, comme si un seul geste de travers pourrait me faire devenir violent.

J'ai du mal à m'y faire. Je déteste ça.

Nous nous engageons à sortir du lycée, et je la suis. Elle n'habite pas très loin, et vient en cours à pied tous les jours. Ce n'est pas plus mal, j'aurais eu du mal à supporter le bus dans cet état.

Après coup, maintenant, je me sens vide. Je sens le vent carresser mon visage et le soleil froid de fin d'après midi glacer mes pommettes, mais ça ne fait rien à mon coeur, j'y suis indifférent.

"Pourquoi m'offrir ton aide ?" je finis par demander, monotone. "Pourquoi ne pas être restée avec les autres ? Tu l'as bien vu, que j'étais mauvais. Que j'étais violent, stupide."

"Mais enfin Jungkook qu'est-ce que tu racontes ?" s'insurge t-elle, la voix basse, comme si cela la blessait que je parle de moi ainsi.

Mon dieu Chaeyoung, j'ai de la chance de t'avoir.

"Tu es toujours là pour moi." je commence, la voix tremblante. "Tu es toujours là pour croire en moi, pour rester avec moi, pour t'intéresser à moi. Et moi... je suis désolé d'être si complexe. Je suis désolé, parce que tu m'aides toujours, et que moi au fond je ne sais même pas grand chose de toi. De ce qui te fait souffrir, ou de ce qui te fait pleurer parfois. Taehyung m'a dit un jour que-"

Je me stoppe. Le comble, de se faire couper la parole par sa propre douleur. Son nom me fait mal.

"Enfin... il m'a dit que je n'étais pas le seul dans le noir. Et c'est vrai, tout le monde a sa part d'ombre. Et j'ai souvent l'impression que la mienne prend trop de place. Partout. Même dans notre amitié... et je-"

"Jungkook." me coupe t-elle.

Son ton est devenu sérieux, plus grave.

"On va remédier à tout ça, ok ? Arrête de te torturer, je prends les commandes. Déjà on va se poser chez moi, je vais nous faire un chocolat chaud, je t'enroule dans un plaid et tu me racontes tout. Interdiction de refuser." Son bras passe autour de mes épaules, ce qui affaise un peu mon corps et me fait maladroitement sourire. "Et ne néglige pas l'étape du plaid ! Elle est très importante."

J'affaisse mes épaules, effaçant quelques larmes restantes.

"D'accord..." je souffle, plus apaisé, bien que la coupure soit encore vive.

Le château de cartes est toujours effondré au sol. Je ne suis même pas sûr d'en distinguer clairement les formes et les couleurs.

"Merci Chae... vraiment."

***

"Tiens, fais gaffe c'est brûlant."

Chaeyoung me tend une tasse pleine à rabord. Je la soupçonne d'avoir mis plus de chocolat que nécessaire en observant la couleur marron foncé dans mon mug.

Dès que nous sommes arrivés, elle m'a installé sur le canapé sans me demander mon avis, avant de partir préparer les boissons. Ses parents rentrent tard, j'ai appris qu'elle mangeait et s'occupait souvent seule le soir.

Pendant qu'elle s'activait à la cuisine, j'ai observé l'appartement. Il y a un hamac dans le salon, et des plantes dans chaque recoin. Ça sent bon, ça sent la chlorophylle et le café froid.

Elle s'assoit à mes côtés sur le canapé, et prend une part de la couverture pour elle. J'apporte la tasse à mes lèvres, encaisse une gorgée bouillante qui a du mal à passer.

Je sens qu'elle va me poser une question, alors je la devance, et prends la parole en premier.

"Taehyung participe au jeu." je lâche.

Mes doigts se resserrent autour de ma boisson. La céramique bouillante me brûle la peau, mais j'en ai besoin pour somatiser. Chaeyoung s'agite à mes côtés.

"Pardon ? Comment ça ?"

Je prends une longue inspiration.

"Il y a son nom, Chaeyoung... Il y a son nom dans les scores sur Instagram. Il est deuxième."

Mes yeux me piquent à nouveau. C'est imprimé en moi, aussi clairement que le nombre 745. Il m'a volé 745 mots. Arraché toutes ces lettres. Est-ce qu'il a aussi envoyé l'audio de notre baiser ? Cette pensée me donne le vertige.

"Je peux pas te croire... tu es sûr ? Taehyung ? Enfin, je veux pas le défendre, mais Taehyung... c'est Taehyung, quoi. C'est incohérent. Pourquoi ferait-il une chose pareille ?"

Mon cerveau a le soudain réflexe de vouloir vérifier si Chaeyoung m'enregistre. Ça me fout les jetons, parce que je ne me méfie pas un iota d'elle. Stupide cerveau et ses manies automatiques effrayantes.

"J'en sais rien. Mais..."

Je reviens au silence, sentant mes orbes se brouiller. Mon coeur m'élance, comme un pincement acerbe et aiguisé. Mes barrières se fendent.

"... mais ça fait m-mal. J'ai l'impression d-d'avoir un trou dans le coeur, et ça me fait p-peur..."

"Kook..."

Chaeyoung prend ma tasse et la pose sur la table basse avec la sienne, avant de me prendre dans ses bras. C'est drôlement rassurant. Ma tête repose sur son épaule, et je ferme les yeux intensément comme pour m'éloigner de la réalité. Sa main droite caresse mon dos en continue, et moi je n'arrive pas à me calmer.

Je ne me suis jamais senti autant à découvert, vulnérable. J'ai l'impression de refléter l'image d'un enfant blessé.

Et peut-être que c'est ça, le problème. Je n'ai jamais pu grandir dans un environnement sain.

"Respire, ça va aller. Pleure autant que tu veux, t'en as le droit."

Ses mots me touchent, et je me laisse aller contre elle. Je garde les yeux fermés, sentant quand même les larmes dévaler mes joues.

"Si Taehyung a fait ça, c'est vraiment un connard." commence t-elle à voix basse, et j'apprécie son effort pour ne pas martyriser mes tympans déjà bien abimés par cette journée. "Mais quelque chose cloche... je pourrais aller lui en parler, si tu veux."

Je renifle, et secoue la tête bien qu'elle ne puisse pas le voir dans notre position.

"Non. Je vais faire comme avec Heechul. J-je vais l'ignorer."

"Fais ce qui est d'abord bon pour toi, kook. Fais attention à ne pas te détruire encore plus. Et tu pourras toujours compter sur moi."

Nous restons l'un contre l'autre un long moment. J'aurais presque envie de m'endormir. Mes paupières sont lourdes comme des éponges pleines d'eau, et ma respiration plus sereine. Mes phalanges se détendent et mes poings se détendent. Avec Chaeyoung, il y a souvent cette atmosphère d'un autre monde, dans lequel tout est doux, et tout est permis.

Je finis par briser le calme ambiant.

"Et toi, tu me parles jamais trop de toi. De tes blessures."

"Tu penses que j'ai des blessures ?" demande t-elle.

"On en a tous, non ?"

Naturellement, on se délie l'un de l'autre. Chaeyoung reprend nos tasses. Elles ont perdu de leur chaleur.

"T'as raison."

Un temps s'installe, où elle semble réfléchir. Nous buvons nos boissons respectivement, et cette soirée est à la fois la plus déchirante et la plus rassurante que j'ai vécu.

"Je peux te parler d'un aspect de Séoul que je ne t'ai jamais raconté..."

J'attends, curieux mais surtout heureux de pouvoir être là pour elle à mon tour.

"En fait, c'était le plus bel aspect de tous."

Elle passe une mèche de cheveux blonds derrière son oreille, révélant un bijou à l'effigie d'une pâquerette sur celle ci.

"Là bas, il y avait quelqu'un que j'appréciais beaucoup. Et j'étais en quelque sorte... amoureuse. Et cette personne aussi. On était inséparables. On se voyait sans cesse, on ne se lâchait pas, on se levait une heure plus tôt le matin avant les cours pour pouvoir profiter du temps passé ensemble à rire et à partager des discussions prodondes, puis le soir on se rejoignait, et on dormait chez l'un ou l'autre. Alors on parlait du futur, on parlait de l'avenir jusqu'à très tard le soir. Je crois que la chose la plus douce que j'ai vécu était de dormir avec sa main dans la mienne."

Elle fait une pause. Je vois que ça la pèse. Je lui laisse le temps.

"Le plus triste, c'est qu'on ne s'est jamais avoué qu'on s'aimait. En fait, on se considérait comme des potes, parce qu'on ne savait pas que cela était possible qu'on soit plus. Pourtant on l'était, mais c'était juste naturel. Il n'y avait rien d'autre que nous. Je me souviens encore de la douceur de ses mains, de ses yeux pétillants, et de... de sa voix délicate, la sensation de ses lèvres, ses cheveux longs entre mes doigts..."

J'écoute attentivement, l'encourage à continuer.

"Cette personne... en fait c'était une fille. Elle s'appelle Yeon-Hee."

Je ne réagis pas vraiment, ne sachant que dire. Maladroitement, je saisis sa main pour la serrer dans la mienne. Si j'ai du mal avec les mots, je peux au moins essayer de faire ça pour elle.

"La vie est mal faite." continue t-elle, la voix incrustée de petites intonations discrètes qui trahissent sa peine. "C'est injuste. Il y a souvent des éloignements qui ne s'expliquent pas trop. Le temps avançait et plus il le faisait, moins il y avait de place pour ce nous. On évoluait, on changeait ensemble. Cette personne avait du mal avec l'école, enfin... elle était effrayée par les gens, les foules, la pression, les notes... Alors elle a arrêté de venir en cours. Je la voyais moins. Elle allait mal. Et moi, je ne savais pas comment réagir. Je voulais encore prendre sa main dans la mienne, mais il y avait de plus en plus une sorte de malaise entre nous. On ne s'embrassait plus, et ça me manquait à en crever. Elle est entrée dans un nouvel établissement, différent du mien. Un nouveau départ pour elle. Elle rencontrait des gens là bas, qui semblaient la rendre plus heureuse. On essayait de se voir, mais nos emplois du temps ne correspondaient jamais. Et quand on finissait par le faire, ce n'était plus comme avant. Elle avançait dans la vie, alors que moi, je voulais toujours tenir sa main pour m'endormir."

Sa voix se meurt dans l'appartement. Je serre sa main un peu plus fort.

"Maintenant, j'ai déménagé. Je vois sur les réseaux comme elle s'entend bien avec ses nouveaux amis. Et j'ai l'impression que tout ce qu'on a vécu n'a jamais existé, que c'était une bulle idéale que j'ai inventé de toute pièce. Je ne sais pas pourquoi le fait de tenir sa main m'obsède tant, mais je crois que c'était la chose que je préférais avec elle. Parce que quand nos doigts s'entrelaçaient, ça voulait dire qu'on ne se lâchait pas, on se promettait qu'on serait toujours là, et c'est drôle de me dire que je n'ai jamais connu quelque chose de plus doux que la paume de sa main."

Sa tête se repose sur mon épaule.

"J'aurais dû me déclarer peut-être. Mais elle s'éloignait toujours plus, j'essayais de l'atteindre mais elle devenait de plus en plus inatteignable. Et j'avais peur aussi. Peur d'aimer une fille. Ou de détruire notre amitié. Ou alors c'est seulement que le temps nous avait changé, mais que je n'arrivais pas à l'accepter. Je ne sais pas. Mais un jour je ne souffrirai plus quand je penserai à elle. Toi aussi Jungkook, un jour, tu ne souffriras plus. On peut se faire cette promesse ?"

Toute son histoire m'ébranle, et sa proposition bien plus encore. Je ne peux m'empêcher de sourire, d'espérer aussi. De me dire qu'il est peut-être possible de me construire en dehors de Taehyung.

Je tends mon petit doigt de ma main libre.

"On peut." j'affirme.

Son petit doigt à elle vient alors se lier au mien.

C'est plus facile d'affronter, quand on est deux.

***

Je suis rentré tard, si bien que dès que j'ai passé la porte, ma famille s'apprêtait à manger. Nous avons fixé nos assiettes comme d'habitude, avec ce poids au dessus de nos têtes comme la sentence de quelque chose qui m'échappe, me file entre les doigts.

Puis je suis monté dans ma chambre, et je suis maintenant écroulé sur mon lit.

J'ai plusieurs messages.

Yoon : On joue ce soir ? Ça fait longtemps

Chaechae_y : T'es bien rentré ? Courage, on se voit demain !

Kim_Taehyung : Jungkook, s'il te plaît explique moi.

Kim_Taehyung : Tu ne peux pas partir comme ça, réponds moi

Kim_Taehyung : Vraiment Jungkook, réponds, qu'est-ce que j'ai fait ?! T'es fou de m'avoir poussé comme ça !?

J'ai le coeur comprimé.

Kim_Taehyung : Jungkook... s'il te plaît, je t'en supplie, ne m'abandonne pas...

Je suis le vide, le trou noir, qui absorbe tout en son centre. Et la singularité n'arrête pas de me démanger.





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Vous affolez pas, le Taekook est central, et il revient très bientôt, vous comprendrez tout

Je ne sais pas si vous le sentez mais Jungkook avance beaucoup dans ce chapitre, bien que ce soit assez triste 😭 (et c'est vrai qu'il faut qu'il apprenne à se construire aussi en dehors de Tae parce que si c'est son seul appuie leur relation serait moins saine, mais pas sans lui tout de même aaah écrire ces scènes ça m'a déchirée, vivement la suite)

L'histoire de Chaeyoung était très importante à développer pour moi

Soyez plein d'espoir les gens, tout ira mieux, vous êtes là et l'univers est tellement grand <3

-Elise-

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