Les bras croisés sur le bureau et la tête écrasée contre ceux ci, je me perds dans la contemplation d'un ciel pâle et orangé, presque étoilé. À travers la fenêtre, le crépuscule et la nuit se confondent dans un mélange de couleurs douces et sombres. On pourrait croire que la terre s'embrase, avant de s'éteindre.

Les points de lumière qui percent la voûte céleste me renvoient automatiquement à quelqu'un qui a tout d'un brasier. Je me demande quel genre d'étoile il est.

Devrais-je lui envoyer un message ? M'excuser, lui dire que ce n'était rien ? Sauf que c'était tout. Il y a encore l'empreinte de ses lèvres sur les miennes, et je n'ai aucune nouvelle. Le simple souvenir fait surgir le rouge à mes joues, et embarque l'agitement dans mon estomac. Je ne tiens pas en place, et putain, je ne fais qu'y penser

Mais depuis mon entrevue avec le proviseur, il y a autre chose qui me vient à l'esprit lorsque je contemple l'infiniment grand.

Mon carnet rouge.

Je ne l'ouvre qu'à de rares occasions, et je finis souvent englouti par une émotion dévorante. Mais cette fois ci, il y a un détail, une page que je veux lire, et relire. Je dois bien avoir oublié les trois quarts de ce que j'ai écrit là dedans, mais cette page me survient comme une vision compacte, concrète et indélébile. Il n'y a aucun moyen d'y échapper.

J'ai besoin de savoir.

Savoir si ma mémoire ne me joue pas des tours. Peut-être que mes souvenirs ne sont qu'illusion, alors j'ai besoin de m'y replonger. Mais cette écriture enfantine, là dedans, elle a un impact qui me plombe au plus profond de moi. De ces mots se dégage une innocence, une nonchalance qui contraste douloureusement avec la solitude et la souffrance qu'ils disent.

Il n'y a rien de plus déchirant que les mots d'un enfant triste. Seul aussi. Parce qu'il explore, il ose dire ce qui se passe au plus profond de lui, même sans le comprendre. Alors c'est la vérité qui en ressort, et la vérité, elle est souvent douloureuse.

Sans m'en rendre compte, j'ai déjà quitté les étoiles, portant mon attention sur ma pile de livres. Elle contient maintenant Les Étoiles à son extrêmité, me faisant arborer un sourire. Puis celui ci se délie lorsque je noie mon regard en cette couverture rouge et sanguinaire.

Je saisis le carnet par sa reliure, fais attention à l'ouvrir délicatement pour ne pas faire glisser la photo plastifiée à l'intérieur. Mon ancienne écriture brouillonne me fait bouillonner, un relent inconfortable.

Je feuillette, cherche. Puis des mots familiers se calquent sur ma vision. Je fixe la date.

3 avril 2014, 17h26

Je devais avoir dix ans.

J'ai pas trop envie d'écrire, j'ai mal au poignet après l'école parce que on devait beaucoup copier, mais j'ai peur d'oublier. (Je sais que je n'oublie jamais, alors en vrai je ne sais pas pourquoi j'écris)
Aujourd'hui Haeun m'a dit à la récré qu'il voulait plus être mon ami parce que j'étais trop silencieux et ennuyant, y avait tous nos autres copains à côté de lui et on aurait dit un barrage contre moi
Je l'aimais beaucoup beaucoup Haeun, il y a même des copains qui disaient qu'on avait l'air d'amoureux. Mais c'est n'importe quoi ! Je suis pas amoureux des garçons
Mais maintenant à la récréation je suis tout seul, et j'ai un peu froid sur les bancs
La maîtresse a dit qu'on avait besoin d'une ardoise pour demain. Alors je suis descendu en bas sur la pointe des pieds (ça non plus je sais pas pourquoi, peut-être parce que j'ai remarqué qu'on devait se faire discret ici), mais en arrivant en bas papa et noona parlaient
Ils m'ont pas vu et je sais pas pourquoi j'avais l'impression de pas avoir le droit d'être là, ni même juste d'aller chercher une ardoise dans le salon
J'ai toujours un peu peur de sortir de ma chambre
Ils étaient prêts de la table à manger, moi je me suis réfugié derrière le canapé pour pas qu'ils me voient
En fait, euh... je me suis caché surtout parce que noona pleurait et que je voulais pas qu'elle me voit la voir.
Mais du coup je suis resté là.
Et ils ont dit des trucs super bizarres. Alors que d'habitude je les entends jamais discuter entre eux. Même si c'était bref, parce que ici tout est bref.
Papa a dit un truc du genre "je suis désolé Sana, sans elle c'est si vide" et je savais pas de qui il parlait
Sana pleurait encore plus et je comprenais rien à ce qu'elle racontait
Puis papa lui a donné des photos et derrière le canapé je pouvais pas voir mais j'entendais. Il a dit que c'était des photos pour que les souvenirs ne partent pas
Ensuite quand je suis remonté dans ma chambre, j'ai un peu pleuré
Parce que j'avais l'impression que quelqu'un était mort

Sans que je n'en comprenne réellement la raison, une larme s'échappe et dévale ma pomette.

Pour la première fois dans mon existence, j'ai envie de me prendre dans mes bras.

***

Chaeyoung et moi traversons les couloirs en direction de notre coin habituel pour manger. La matinée avec elle a été douce, son sourire et sa spontanéité m'avaient manqué. Ils ont ordonné le bazar dans mon cerveau, et calmé l'incertitude dans mon ventre. Pour la première fois de ma vie, je me suis fait réprimander par un professeur car je me laissais trop déconcentrer par ma conversation avec elle au fond de la classe.

Après ça, Heechul m'a fixé avec dédain. Il fixait aussi mon amie. Je crois que ça l'énerve de me voir heureux.

J'écoute Chaeyoung me raconter une anecdote sur ses amis de Séoul.

"Un jour, je t'y emmènerai. C'est différent de Gwangju, c'est sûr. C'est plus vivant."

Mon coeur tréssaute.

"Vraiment... ?" je la questionne.

"Oui, vraiment. C'est beaucoup plus agité, il y a ces rues bondées, les lumières qui aveuglent, les gens qui longent le fleuve Han, les odeurs de nourriture à tous les coins dans le centre..."

"Non, je voulais dire, tu m'y emmenerais ?"

Elle me dévisage.

"Évidemment. Un jour... si tu le veux, bien sûr."

"J'adorerais." je réponds en sentant mon corps sourire et se prendre d'allègresse.

Avoir une amie, c'est la chose la plus douce que j'ai pu connaître jusqu'ici. Je me demande souvent si ceux qui s'en font avec une facilité déconcertante se rendent compte du poids de ceux ci. L'importance immense de cette notion ; l'amitié.

Mes réflexions se brisent à l'entente de mon prénom, crié dans le couloir. C'est lointain et pressé. J'en cherche la source et aperçois Jimin à quelques mètres de nous. Il tente de se frayer un chemin en contre sens entre les étudiants. Les traits de son visage forment une moue inquiète. Une fois arrivé à notre hauteur, son attention se porte entièrement sur moi.

"Jungkook ! Est-ce que tu peux venir ?"

Arrêtés au milieu du couloir, nous nous faisons bousculés par le flux des élèves.

"Comment ça... ?" je demande, dans l'incompréhension, écrasant la lanière de mon sac sur mon épaule pour qu'il ne se fasse pas emporter.

"C'est le bordel ici, sortons dehors. Il faut que je te parle, tu es disponible pour aller manger en ville ?"

Je jette un coup d'oeil à Chaeyoung, qui hausse les épaules.

"Je vais vous laisser." annonce t-elle. "Je mangerai avec les autres au self."

Je n'ai pas le temps de lui répondre que Jimin me tire hors de la foule, prenant un couloir adjacent, moins fréquenté. Nous déambulons dans celui ci, jusqu'à déboucher sur des escaliers. Nous descendons, sortons du bâtiment, et je me pose une infinité de questions. Elles rebondissent partout en moi comme de petites balles de ping pong.

Je prends sur moi cette soudaine intrusion.

Jimin marche devant. Je le suis, un peu réticent. Alors il se retourne, attend que j'arrive à sa hauteur.

"Je suis désolé, c'est soudain je sais. Je ne t'ai même pas dit bonjour. Tu vas bien ?"

Démuni, j'acquiesce.

La peur me noue le ventre. Est-ce que j'aurais mal agi ? Fait quelque chose de travers ? Et puis la peur fait pire que ça. Est-ce que c'est Taehyung ? Il s'est passé quelque chose après que je sois parti ? Il va bien ?

"On peut d'abord s'installer quelque part. Mais ne t'inquiète pas trop, j'aimerais juste te poser des questions, rien de plus."

Jimin sourit. Il n'a pas perdu sa bonne humeur habituelle, signe que ça ne doit pas être si grave que ça. Pourtant, je m'inquiète à n'en plus finir.

"D'accord. Euh... je connais une brasserie pas loin, si ça te va..."

"Tout me va !" s'exclame t-il. "J'ai trop faim, j'espère qu'ils font des burgers."

"Ils en font."

Ses yeux se mettent à briller. Je souris maladroitement. Il me prend de court, je n'étais pas préparé à sortir en ville avec lui, comme ça, maintenant. Je comprends que Jimin est du genre impulsif.

Très impulsif. Il dit et fait ce qui lui passe par la tête.

"Vraiment ? Oh mon dieu, je le savais que toi et moi on allait bien s'entendre."

Un rire m'échappe.

"Soojin déteste les burgers, elle." ajoute t-il. "Franchement, je pense que c'est principalement pour cette atteinte scandaleuse au meilleur plat du monde qu'on ne peut pas s'entendre."

Je tente de chasser l'image de ces deux là qui s'embrassent passionnément. Mais je suis incapable de me taire, à ma grande surprise. Une main sur la lanière de mon sac, l'autre dans la poche de mon sweet, la parole se délie avec facilité.

"Pourtant vous avez pas l'air de vous détester tant que ça."

Mon ton essayait de se faire amusé. Du coin de l'oeil, je peux voir Jimin rougir de manière visible.

"Eh !" il me tappe gentilement l'épaule. "T'y mets pas toi aussi ! Hoseok me harcèle déjà avec ça..."

Il prend soudain un air plus petit, comme lorsqu'on s'apprête à révéler un secret.

"Tu le penses vraiment...? Je veux dire... qu'on a pas l'air de se détester ?"

"Carrément."

Ses yeux s'ouvrent grand. Ses réactions m'amusent. Elles sont authentiques.

La discussion tourne ensuite autour des concours que Jimin et Hoseok doivent préparer pour entrer l'année prochaine dans de grandes écoles de danse, puis du théâtre, puis d'autres choses futiles.

Jimin est tant impulsif que c'en est agréable. Quand je ne sais pas quoi répondre, quand le silence prend possession de mon corps pour le bloquer, il parade seul, et quand j'y arrive à nouveau, il me fait parler en posant des questions. Je réalise que c'est intuitif chez lui, de s'adapter aux autres, d'équilibrer la conversation dans n'importe quelle situation. C'est sûrement pour cela qu'il s'entend avec une majorité du lycée.

Nous nous installons au fond de la brasserie, là où la lumière est plus tamisée, et les vrombissements de la rue au dehors moins préoccupants.

Je ne suis pas si calme.

Nous commandons.

Et je ne tiens plus.

"Pourquoi tu voulais me parler ?"

C'est fugace, mais Jimin se ferme légèrement. Les minuscules rides au bord de ses yeux deviennent moins éclatantes, ses épaules un peu plus tassées.

"Tu n'as pas à t'inquiéter pour toi. Je ne veux pas te faire de reproche ni rien. En fait, c'est par rapport à Taehyung."

Il mord sa lèvre inférieure en réflechissant. Et moi, je bouillonne. Je me sens remuer.

"Il va bien ?" je m'empresse.

Il détourne le regard, mais garde un semblant de sourire, comme un vêtement confortable qu'il ne quitte jamais. Avec Jimin, je comprends qu'il faudra lire ailleurs que dans ce sourire.

"Je ne vais pas te mentir, Jungkook, je ne peux pas répondre à cette question. Mais je m'inquiète juste, car il m'a envoyé un message ce matin..."

Quelque chose se sert violemment en moi. Comme un étau, qu'on presserait et presserait. Jimin sort son téléphone de sa poche, le déverouille. Pendant ce temps, je m'accroche à mon collier. Mon vis à vis retourne l'écran vers moi, et je peux voir une conversation instagram ouverte.

Je la lis, soucieux.

Kim_Taehyung : Coucou Jimin ! Je ne serai pas là en cours aujourd'hui (tu peux prendre pour moi stppppp ?) Ne t'en fais pas, tout va bien, j'ai juste deux trois trucs à régler. Dis aux autres que je pourrai pas donner le cours de théâtre ce soir, je suis vraiment désolé... On se voit demain Jiminie <3

P4rkJ1min : Taehyung.... -_- Je te connais, idiot. Tu es sûr que ça va ? Pourquoi tu viens pas ? (Ok je ferai ça :3)

P4rkJ1min : Pourquoi tu réponds pas ? Eh Tae, je m'inquiète...

P4rkJ1min : Taetae ? :(

Je me recule, indiquant à Jimin que j'ai finis de lire. Pendant un moment, il n'y a plus un mot. Un serveur arrive, dépose nos assiettes. Il repart, et je prends mes baguettes entre mes doigts. Pourtant, je n'ai pas faim. Jimin, lui, entame son burger après avoir vérouillé son téléphone. J'évite son regard.

Il reprends enfin la parole.

"En fait, la dernière fois que j'ai eu de ses nouvelles avant de recevoir ça, c'était pour me dire qu'il avait rendez vous avec toi, chez lui."

Je reste sans voix, alors que Jimin semble chercher quelque chose sur mon visage. Dévisagé ainsi, je me sens rougir.

"Je me demande s'il ne se serait pas passé quelque chose." termine t-il, en prenant une nouvelle bouchée de son burger.

Je ne fais que grignoter mes morceaux de viande marinée.

"Je ne te reproche rien du tout, hein ! C'est juste que... parfois, il est comme ça, Taehyung. Il se renferme comme une coquille d'un coup et on peut plus l'approcher. Et ça a souvent un rapport avec-"

Jimin se tait, laisse son burger en suspension entre son assiette et ses lèvres. Il secoue la tête, comme pour balayer une information insignifiante.

"Enfin, je voulais juste savoir s'il s'était passé quelque chose quand tu étais avec lui. Pour que ce soit plus clair."

Il a le droit de demander, et même sûrement le droit de tout savoir. Mais pourtant, j'ai les joues qui brûlent rien qu'en pensant lui avouer ce qu'il s'est réellement passé cet après midi là. Alors je me contente d'être vague, pour commencer. Parce que Jimin est digne de confiance, que je lui fais confiance, que je ne veux pas lui mentir, et que...

Et que je crois que c'est mon ami.

"On devait se voir pour répéter la pièce. Et c'est... c'est ce qu'on a fait. Puis il y a eu un moment où- je ne sais pas trop, mais son frère, Junghyun, est arrivé et ils se sont disputés, alors j'ai été obligé de partir."

Jimin affiche une mine d'ailleurs, de celle qui se perd dans un amas de pensées étrangères. L'endroit précis dans notre esprit où pas même nos amis les plus proches ne peuvent s'aventurer.

"Une dispute, tu dis ? Une dispute à propos de quoi ?"

Je m'en veux de lui cacher la partie où Taehyung m'a embrassé. Mais je suis bien trop embarrassé, et je ne sais pas si Taehyung serait d'accord pour que je le lui raconte. Je me vois mal détailler son regard, ses mains et sa langue contre la mienne. J'ai envie de tout enfermer dans une petite boîte en argent, et de les garder rien que pour moi.

Comme un trésor.

"Junghyun ne semblait pas content que je sois là, mais j'ignore pourquoi... Il a dit à Taehyung qu'il fallait qu'ils parlent, et le ton est monté."

"Juste comme ça ?" s'étonne Jimin. "Il a débarqué et lui a balancé ça sans raison ?"

"Non, enfin... Je- Taehyung et moi, on répétait nos rôles, et on... enfin, on était dans une position un peu compromettante, alors il-"

"Oh..." laisse échapper Jimin. "Je vois."

Je me concentre sur mes légumes, la tête baissée. Je n'ose pas la relever.

"T'es tout rouge." remarque Jimin.

Je manque de m'étouffer.

"Hein ? C'est- c'est la viande qui est brûlante."

Jimin éclate de rire, et prend ses baguettes. D'un geste habile, il pique un morceau dans mon plat, et l'enfourne dans sa bouche. Il mache, je reste silencieux. Il me regarde. Je le regarde.

Il sourit, victorieux.

"Non non. Tu étais bien tout rouge pour ce que je pense."

Bon, tout compte fait, je n'aurais pas du le taquiner avec Soojin. Maintenant je comprends ce que ça fait.

***

Jjk_1 : Salut hyung. Tu as annulé le cours de théâtre, alors je me demandais juste si tu allais bien ?

J'ai failli suprimer le message.

J'ai failli. Mais je ne l'ai pas fait.

C'est la première fois que je le contacte depuis ce fameux samedi. J'ai la boule au ventre.

Je suis surpris de voir une réponse arriver aussi rapidement. Mais celle ci me fige de stupeur.

Kim_Taehyung : Salut Jungkook ! Oui, j'étais un peu malade aujourd'hui, une grosse migraine, désolé... je reviendrai en forme pour le cours de jeudi :)

Je soupire.

Et soudain, c'est plus fort que moi.

Jjk_1 : Pourquoi tu me mens ?

Je ne sais plus combien de temps je fixe le petit vu, sans qu'aucun message n'apparaisse. Je me lasse, rejette mon corps en arrière sur mon matelas.

Je ferme les yeux.

Je ferme les yeux, et je visualise le plafond. L'ampoule fatiguée, les traces noires minimes dans les coins, le reste d'un morceau de scotch qui accrochait je ne sais quoi auparavant. Taehyung s'immisce inéxorablement dans mon esprit, et soudain j'inhale toutes ses senteurs. Les ombres prennent forment à travers mes paupières closes. Bientôt, le plafond est recouvert par quelqu'un au dessus de moi, son visage toujours plus proche, cette lueur dans ses yeux qui me fait perdre la tête, ses cheveux en bataille. Puis ses lèvres...

Je rouvre les yeux, perturbé.

J'ai reçu un message.

Kim_Taehyung : Pardonne moi

＊*•̩̩͙✩•̩̩͙*˚　˚*•̩̩͙✩•̩̩͙*˚＊

Jsais pas vous mais je pense que jk commence à vachement être piqué 😗

J'aime bien écrire les moments avec Jimin ou avec Chaeyoung, je les considère vraiment comme des persos trop safe

Des théories sur la raison de l'absence de Taehyung ? La page du carnet de Jungkook ?

-Elise-