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.Prologue

Les lys rouges qui bordaient la route frémirent sous la brise. Le professeur Ashigaka, à l'instar de ces fleurs d'un éclat sanglant, même dans la nuit, se sentit lui aussi parcouru d'un frisson. Finalement, cette expédition n'était peut-être pas une idée si enthousiasmante que ça. L'averse du matin avait détrempé la mousse recouvrant le chemin de ciment. Ses chaussures de randonnée, alourdies par la boue, ne cessaient de glisser sur le sol humide. À chaque pas, les gourdes dans son sac dos s'entrechoquaient avec un son de cloche. Hormis les respirations hiératiques des marcheurs, c'était le seul bruit qui rythmait l'ascension du groupe à travers la forêt. Le professeur leva la tête vers le ciel étoilé dévoilé à travers les branches nues des arbres fins bordant la route... avant de se retourner vers ses quatre élèves. Leur forme physique n'était pas meilleure que la sienne.

Un tourbillon d'air balaya le carré corbeau de la jeune Hamanaki Yuriko, qui fermait la marche. Kushiyoko Hinori, aussi galant que d'habitude, tendit à la jeune femme sa propre réserve d'eau. Des deux mains, Hamanaki refusa poliment. Ses paumes chutèrent sur ses genoux pliés et elle s'arrêta pour reprendre son souffle.

« Tu veux monter sur mon dos, Yuriko ? Tadashi peut porter mon sac. »

Ce dernier, les poings sur les hanches, s'indigna, mais, le souffle court, il n'insista pas. Son épaisse chevelure lui collait à la peau. Aucun cheveu ne bougea de la coiffure à la mode lorsqu'il s'avança vers le professeur.

« Dites-nous qu'on est presque arrivés, sensei. S'il vous plaît. »

M. Ashikaga remonta ses lunettes sur un nez luisant de sueur.

« Tu préfères la vérité ou un mensonge pour raviver ta détermination, mon cher Fushigui ? »

Tadashi Fushigi ouvrit la bouche dont ne s'échappa qu'une énième plainte. Il fut rejoint par Hamanaka et son chevalier servant, Kushiyoko. Ce petit gars, avec son visage rond et sa coupe au bol, tenait sans pudeur la main de sa compagne pour l'aider dans son ascension.

« Nous allons faire une pause au sanctuaire, d'accord ? C'est juste en haut des marches. »

Les trois jeunes gens jugèrent le minuscule sandō en béton agrémenté de franges de papier. La porte ouvrait la voie vers des marches qui sillonnaient une bute abrupte et dégoulinante de boue. Fushigi envoya pour la énième fois sa frange d'un côté de son visage d'un geste impatient de la tête. Dans un soupir, il dépassa le groupe.

« Vous vous êtes tous portés volontaires, jeunes gens, ne l'oubliez pas !

— Oui, sensei », marmonnèrent les étudiants qui regrettaient certainement la ferveur avec laquelle ils avaient accueilli la nouvelle d'une excursion archéologique avec leur professeur. On leur avait promis un site de fouille exceptionnellement ouvert aux visiteurs, mais leur directeur de recherche s'était bien gardé de leur préciser qu'il était perdu au fin fond du mont Ōeyama.

Leur seul repère était un point sur un GPS. L'appareil se révélait, après plusieurs expéditions du genre organisées au cours de leurs années d'études, aussi fiable que le sens de l'orientation de son propriétaire, M. Ashigaka. Était-ce utile de préciser que le professeur se perdait encore dans les couloirs de l'Université après vingt ans d'enseignement ?

« Sensei, il faut vraiment qu'on passe par là ? questionna une Hamanaki qui, déjà peu rassurée par l'obscurité, se collait au bras de son petit ami. Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée. »

Sans attendre la réponse de leur professeur, Fushigui entama sa montée. Ses pas résonnèrent aussi clairement sur le béton que des getas sur un parquet au milieu de cette végétation endormie.

« Il n'y a rien à craindre, le rassura son compagnon qui saisit l'occasion pour la prendre par la taille. Et puis, on y est presque. Pas vrai, sensei ?

— Mmh ? Oui, oui. »

Le sanctuaire était construit entièrement en bois, si petit que le toit ne devait protéger qu'un seul mètre carré de honden, où était abrité, selon la légende, le dieu protecteur du lieu. Le tout était clôturé de tamagaki, comme le voulait la tradition. Le sol, tapissé de feuilles mortes et humides, rafraîchissait l'air et amortissait les pas. On n'entendait plus que les gourdes du professeur Ashigaka qui s'entrechoquaient, jusqu'à ce que Fushigui marche sur une branche qui se cassa d'un coup sec. Hamanaki hurla. Le groupe entier se figea.

« Bon sang, il faut vraiment que tu te calmes, Yuriko ! Tu fiches la frousse à tout le monde.

— C'est cet endroit ! s'emporta la jeune femme. Depuis qu'on a traversé le cimetière, je sens comme une présence !

— N'importe quoi ! Arrête de regarder des films d'horreur, si ça te met dans des états pareils. Tu nous as fait le même cinéma la dernière fois qu'on est allé faire des recherches à Nagoya.

— Eh ! Ne lui crie pas dessus, Fushigui ! Tu vois bien qu'elle ne se sent pas bien !

— O.K, les jeunes, on va tous se calmer, intervint le professeur. Hamanaki, crois-tu que je vous emmènerais dans des endroits dangereux ?

— Non. Non, mais... »

La pauvre jeune fille était en proie à une réelle crise de nerfs. M. Ashigaka se demanda si la pression latente du mémoire de fin d'année n'avait pas quelque rapport avec son état.

Le professeur s'agenouilla en face de Hamanaki, qui s'était écroulée sur le derrière. Ses jambes recouvertes d'un épais collant rose étaient repliées contre sa poitrine.

« Nous ne sommes plus très loin. Et c'est la vérité. Encore cinq kilomètres. Il faut y arriver avant minuit, ou nous n'aurons pas le temps nécessaire pour faire un repérage digne de ce nom. Par chance, j'ai obtenu cette autorisation, c'est une occasion en or pour la suite de votre carrière. Tu comprends, Hamanaki ? »

Elle opina et renifla bruyamment. Son petit ami l'aida à se remettre debout, et le groupe reprit sa progression. Lorsqu'ils arrivèrent dans les environs des ruines du château de Kutsukake, dont la grande étendue touristique s'étirait sous leurs yeux alors qu'ils prenaient de la hauteur, il était minuit passé. L'astre lunaire éclairait le chemin maintenant que la végétation se tassait. Le long du sentier était parsemé par une ribambelle de hokoras, ces temples miniatures où résidaient les kamis mineurs du folklore shintoïste. Des vestiges de la floraison des premiers cosmos de l'année subsistaient encore entre les feuilles mortes qui recouvraient le sol. Leur couleur pastel était délavée, mais elles n'en restaient pas moins gracieuses.

« C'est là », s'écria Fushigui qui était resté en tête tout au long de leur marche.

Il écarta sa frange et bondit en claquant les semelles de ses baskets l'une contre l'autre, Kushiyoko à sa suite. Hamanaki rejoignit tant bien que mal le professeur et ses yeux s'illuminèrent. Une cavité était creusée à même la roche, qui semblait pourtant friable et crayeuse. Une lourde porte en pierre recouverte de mousse gisait sur le sol poussiéreux du plateau, au pied de l'entrée. La jeune femme se précipita à l'intérieur, suivie de ses collègues, toute fatigue envolée.

M. Ashigaka les rejoignit, ses gourdes s'entrechoquant dans son sac. Il écrasa sous sa chaussure un bout de papier dont le froissement attira son attention. La feuille, jaunie et moisie, nettement coupée en deux, comportait des symboles en japonais ancien, lui semblait-il, mais l'encre était trop pâle pour être déchiffrable. Avec des gants, il ramassa les morceaux. Le talisman entre ses doigts, il déboucha sur une salle d'abord triangulaire, puis ronde au fond et basse de plafonds. Les lampes torches de ses étudiants éclairaient par alternance la grotte, révélant les escaliers en pierre qui menaient à une estrade où reposait une simple boîte en bois. La lumière envahit l'espace lorsque Kushiyoko alluma la lampe à gaz. L'éclairage permit à Hamanaki de déposer les outils de fouille sur la table de camping qu'elle avait préalablement dépliée. Le flash de l'appareil photo de Fushigui aveugla un instant le professeur.

« Ça valait le coup de monter jusqu'ici, vous ne trouvez pas ?

— Ouais ! s'enthousiasma le jeune homme, le nez froncé. Mais ça sent vraiment la mort, ici.

— C'est normal, idiot. La grotte devait être scellée avant qu'on arrive. C'est vraiment incroyable qu'on ait la chance d'en voir l'intérieur de nos propres yeux. »

Kushiyoko effleura les murs de roche brute et avisa l'estrade. M. Ashigaka suivit son regard.

« Voilà qui est bien étrange... La forme de la grotte ne vous rappelle rien ? »

Les trois étudiants relevèrent la tête de leur travail pour se regrouper au centre du lieu. L'un d'eux renifla, la température avait chuté par rapport à l'extérieur.

Fushigui claqua sa langue contre son palais.

« Ça a la forme d'un trou de serrure, comme un kofun.

— Oui, exactement, Fushigui, mais le travail est grossier et bien plus petit que ce qu'on peut observer à Nara, par exemple. Et aucun empereur n'est enterré aux alentours d'Ōeyama.

— Pourtant, ça ressemble à une sorte de tombeau, mais il n'y a ni corps ni haniwa pour garder l'endroit, murmura Kushiyoko. Ça date de quand, vous pensez ?

— Oh ! Professeur, faites-moi voir ce talisman. » Hamanaki enfila ses gants dans un claquement élastique et déposa la feuille décapitée sur la table, sur un support propre. L'appareil photo de Fushigui mitrailla l'objet. « Ere Eikan si on en croit l'écriture sur le talisman et la typographie, mais ça ne correspondrait pas à l'époque des kofuns... »

« Un tombeau dissimulé des regards et encore jamais fouillé, marmonna le professeur alors qu'il déposait son sac à dos à terre dans un entrechoquement métallique. C'est fascinant. »

Kushiyoko, lampe torche à la main, monta les marches et s'approcha de l'écrin en bois.

« Il y a un talisman ici aussi, mais je n'arrive pas à le lire. Quelqu'un peut me donner des gants ? »

Fushigui, muni de son appareil dans une main, et d'une paire de gants dans l'autre, allait franchir la deuxième marche quand son pied rata la pierre. Ce fut sa main gauche, celle qui tenait les gants, qui le sauva d'une chute douloureuse.

« Ah mince, ils sont un peu déchirés sur le côté.

— Pas grave, je vais faire attention. Dépêche-toi. »

Le groupe se rassembla au-dessus de la boîte alors que le jeune homme l'ouvrait précautionneusement. Hamanaki s'empara du papier et de l'anneau de corde de riz qui encerclaient l'écrin. Elle s'empressa de les exposer aux côtés de la relique trouvée à l'entrée de la grotte et les examina à la lumière vive de sa lampe torche.

« Professeur ? J'ai besoin de votre avis. »

M. Ashigaka se détourna à contrecœur de l'ouverture de la boîte pour se consacrer à son étudiante. Les deux talismans confirmèrent, à première vue, le dixième siècle.

« Ouah ! Venez voir ! Bon sang, mais comment ça a pu se conserver aussi bien ? Eh, fais attention ! »

Le professeur avisa un Fushigui fasciné, qui en oublia de photographier son collègue en train d'examiner l'intérieur de l'écrin. Le jeune Kushiyoko, dont les mains avaient disparu derrière les pans de bois de l'objet, se crispa pendant de longues secondes. Fushigui leva les yeux de l'écran de son appareil qui n'avait toujours pas pris un seul cliché.

« Ben alors, qu'est-ce que tu fais ? Reste pas planté là, il faut vite mettre ce truc à l'abri de l'air.

— Ça sent le sang, marmonna Kushiyoko d'un timbre bien plus grave qu'à l'accoutumée.

— Qu'est-ce que tu racontes ? À part le renfermé, je ne sens rien du tout, moi. »

Les mains toujours dans la boîte, la tête de Kushiyoko se renversa vers l'arrière et ses narines frémirent. Son cou pivota et, l'oreille collée à son épaule, il fixa, les yeux grands ouverts, le professeur.

« Ça empeste le sang des traîtres », répéta-t-il, plus bas encore.

M. Ashigaka se figea, ses mains lâchèrent la truelle qu'il avait saisi un instant plus tôt. Les yeux qui le fixaient lui donnaient la chair de poule.

« Ce n'est pas drôle, Tadashi. Dis-nous plutôt ce que vous avez trouvé. »

Hamanaki s'avança vers l'estrade, et hurla à la mort.

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sensei : terme japonais désignant le maître (ou professeur, ou ainé) qui donne son enseignement à un élève.

sandō : chemin menant à un sanctuaire shinto ou à un temple bouddhiste.

getas : chaussures traditionnelles japonaises.

honden : bâtiment le plus sacré d'un sanctuaire shinto, exclusivement réservé à l'usage de la divinité vénérée par le sanctuaire.

tamagaki : barrières faites traditionnelles d'arbres et de broussailles entourant un sanctuaire shinto japonais, un espace sacré ou un palais impérial.

kofun : tertre ou tumuli funéraire construits pour la classe dirigeante entre le IIIème et le IVème siècle au Japon.

haniwa : terre cuite funéraire japonaise de la période Kofun.





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